Chapter 18 :: Fantôme

Published: 29-10-03 - Last update: 29-10-03

Comments: Bien que, de mon avis, l’histoire de Saeko ne regarde plus qu’elle…(je lui ai fait rencontrer un jeune homme très bien qui, s’il n’est pas le grand amour lui procure quand même pas mal de plaisir, maintenant c’est à elle de gérer le quotidien (le plus difficile) de sa relation), il y a encore des choses à régler….et au moins une que je dois faire maintenant…. Merci pour ceux et celles qui m’encouragent….vous vous doutez sans doute de la joie que j’ai de vous lire (oui, oui, la joie…) et aussi que ça me pousse à continuer…et à essayer de faire quelque chose qui vous intéresse….Continuez s’il vous plaît et n’hésitez pas à me dire si je traîne en longueur ou si certains faits mériteraient d’autre optiques…. J’espère que je ne me suis pas trop égarée sur le caractère de Saeko dans ce chapitre. Peut-être suis-je stupide de pensée que Saeko se comporterait comme ça… (cf j’ai lu la MAJ de Kairi) mais 1) je suis persuadée que son attachement à Ryô et à Kaori est plus profond qu’elle ne laisse le croire, 2) son lien avec Hideyuki était très fort et 3) elle est sensée être amoureuse.. J’espère ne pas avoir été trop poussive dans mes conversations.

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Saeko s’apprêtait à franchir la porte d’entrée du Cats Eye. Cela faisait un petit moment qu’elle n’y avait pas remis les pieds. Cette attitude n’était pas nouvelle. Quand elle était sur une affaire et qu’elle n’avait pas besoin des « talents » particuliers de Ryô, il lui arrivait de déserter la place de longues semaines.  

De toute façon, elle savait qu’elle n’y était pas la bienvenue. Miki croyait dur comme fer qu’elle était une des raisons pour lesquels Ryô se conduisait si mal avec Kaori. Saeko haussa les épaules. Il leur était, à tous, plus facile de tout lui mettre sur le dos. Bien sûr qu’elle utilisait son charme pour amener Ryô là où elle voulait l’emmener. Evidemment qu’elle adorait le voir baver devant elle. Elle reconnaissait qu’elle était ravie de continuer à avoir un ascendant sur lui.  

Mais elle le connaissait tellement bien. Peut-être mieux que Kaori elle-même. Ils se ressemblaient tous les deux… Enfin, ils s’étaient ressemblés. C’était d’ailleurs ça qui les avait attirés l’un vers l’autre. Cette solitude. Ce besoin de chaleur humaine sans sentiments. Cette carapace qui leur permettait de tenir, envers et contre tous. Mais maintenant c’était du passé. Cette armure avait été détruire par le sourire enchanteur d’un adulte rêveur, d’un prof de physique qui la regardait avec un amour qu’elle croyait impossible pour elle….Un Toshio….En un souffle, en un instant, Saeko était redevenue… « humaine »…Ce sentiment que seul Hideyuki avait réussi à réveiller. A sa mort elle l’avait enfoui au plus profond d’elle-même, elle avait cru que faire de nouveau confiance à un homme aurait été une trahison envers la mémoire de leur amour. Et, après sa première nuit dans les bras de Toshio, elle avait compris qu’elle s’était mentie. Tout n’avait été que prétexte pour fuir, pour éviter de souffrir, de perdre.  

Hideyuki aurait voulu la voir heureuse…C’était sans doute vrai...mais le plus important était qu’aujourd’hui, elle voulait être heureuse, pour elle, pour lui, pour Toshio…  

Quand à Ryô…il n’avait jamais eu besoin de lui dire quoi que ce soit. Sa carapace à lui s’était craquelée jour après jour, année après année simplement par la présence d’une jeune femme aux cheveux courts et aux colères un peu trop violentes. S’il ne faisait rien pour l’admettre véritablement, elle n’y pouvait rien. Mais ce qui hier l’aurait laissée indifférente (chacun ses problèmes), aujourd’hui la chagrinait. Elle souhaitait à Ryô de rencontrer ce qu’elle avait rencontré avec Toshio. Elle restait lucide sur le fait que rien n’était gagné. Qu’apprendre à aimer et à vivre avec quelqu’un, avec ses défauts et ses qualités était un défi de tous les jours, mais elle se sentait prête à le relever avec lui, pour un jour ou pour une vie. Advienne que pourra…mais sans regrets.  

Elle avait donné rendez vous à Toshio au Cats Eye. Deux raisons lui avaient fait choisir le café pour cette rencontre. D’une part, parce qu’il était à mi chemin entre le commissariat et le lycée de Toshio et qu’il faisait maintenant trop froid pour attendre devant la porte du lycée. D’autre part, et c’était la raison cachée, parce qu’elle voulait le présenter aux autres. Ce n’était pas sa famille….et de toute façon, elle se moquait de l’opinion de son père…Sans être des amis, Ryô, Kaori surtout, mais aussi Kazue, Falcon, Mick et Miki étaient ce qu’elle rapprochait le plus de compagnons. Inconsciemment, elle voulait l’aval de Kaori et de Ryô sur sa relation. Pas un « il est parfait, tu as ma bénédiction », mais un simple « il est sympa ce type ». Surtout de Kaori…Si cette dernière acceptait Toshio, alors c’était comme si Hideyuki l’acceptait aussi. Ainsi, les derniers doutes s’envoleraient…Il ne resterait plus qu’elle et Toshio, sans aucune ombre. Certes, elle était assez indépendante pour pouvoir se passer de leur accord, mais…quelques fois…  

Elle n’était pas sûre de trouver Kaori au café ce soir…Elle espérait sans se l’avouer.  

Aussi quand la porte s’effaça devant elle et qu’elle découvrit le dos de la partenaire de City Hunter au comptoir, elle se sentit plus légère, comme si c’était un signe que tout se passerait bien.  

« - Hello, tout le monde ! ! ! » s’exclama-t-elle…en regrettant aussitôt son ton trop enthousiasme.  

Miki leva la tête et Kaori se retourna.  

« - Tiens, tiens, mais c’est Mademoiselle l’inspectrice que voilà… » Le ton de Miki était narquois mais également un peu énervé, comme d’habitude.  

Par contre, quand Saeko regarda Kaori, elle comprit tout de suite que cette dernière était plus épanouie que d’habitude. Elle souriait franchement. « Ryô aurait-il enfin fait quelque chose ? songea Saeko. C’est à vérifier… »  

« - Bonjour Saeko, comment vas-tu ? »  

L’interpellée vint s’asseoir à coté de la jeune femme brune et commanda un expresso très serré.  

« - Très bien, et vous ? »  

Falcon sortit de la pièce de derrière.  

« - Bonjour Saeko, ca faisait un bail que tu n’étais pas venue dans le coin ? »  

« - Bonjour Falcon. En effet, j’avais des…affaires à régler. »  

« - Quoi, tu n’as pas encore réussi à mettre tous les malfrats derrière les barreaux ? » Kaori rentrait dans la conversation.  

Saeko se retourna vers la jeune femme, estomaquée. C’était assez rare de voir Kaori faire de l’humour. Normalement, ce comportement était réservé aux personnes avec qui elle s’entendait parfaitement…c’est à dire Ryô. Normalement avec Saeko c’était suspicion et compagnie.  

Cette attitude de Kaori prouvait vraiment que quelque chose de bien s’était produit dans sa vie…Elle semblait plus libérée. Analysant rapidement la situation, Saeko estima que ce changement était vraiment de bon augure et décida de jouer le jeu.  

« - Ne m’en parles pas…on a l’impression qu’il y a toujours un nouveau groupe qui apparaît pour prendre la place de l’ancien…Chacun s’estime plus intelligent que le précédent, mais ils sont tous aussi lamentables les uns que les autres. »  

« - Et ces affaires sur lesquelles tu étais, c’était du sérieux ? » Miki s’était radoucie en voyant le comportement de Kaori. Elle n’appréciait pas Saeko, mais, si même Kaori avait décidé d’être diplomate…  

« - Oui, ça a à voir avec l’affaire des baskets ? (cf chapitre10) » renchérit Kaori.  

« - Exact, d’ailleurs je te remercie encore de me les avoir prêter. »  

« - Pas de problème. »  

On ne pouvait pas dire que les trois femmes étaient vraiment des amies. Leur discussion tournait presque exclusivement autour du travail…seul véritable lien qui les unissait, si on exceptait Ryô.  

Mais Saeko était là pour tenter de changer la donne…au moins une fois. L’absence de Ryô ne pouvait d’ailleurs que l’aider. Sinon, elle aurait du, en plus, calmer ses ardeurs. Elle se demandait comment elle allait pouvoir aborder un sujet plus personnel... sujet qu’elle ne souhaitait pas vraiment aborder, du moins consciemment et dont elle craignait les réactions de Kaori et Miki. Ce fut Falcon qui, bizarrement, entama la conversation.  

« - Bizarre Saeko…Tu as eu une promotion ? Il y a dans ta voix, un son nouveau, comme de la joie ! »  

Pour la première fois et peut être unique de sa vie, Saeko rougit. Cette légère coloration n’échappa pas à Miki, ni à Kaori qui en furent surprises et intéressées. Falcon, sans le savoir, avait permis de rentrer dans le vif du sujet, et Saeko sauta sur l’occasion.  

« - Non, je n’ai pas eu de promotion….Simplement une nouveauté dans ma vie, une affaire bien plus complexe que prévue, mais beaucoup plus intéressante. »  

Chassez le naturel, il revient au galop. Cette façon équivoque de présenter sa relation avec Toshio fit, évidemment, bondir Kaori.  

« - Quoi, tu as une nouvelle affaire ? Ne me dis pas que tu es venu ici pour demander de l’aide à Ryô, encore une fois. Je te préviens que je ne te laisserais pas faire. Tu vas encore l’aguicher et l’idiot va tomber dans tes filets comme d’habitude. Cet obsédé ne sait toujours pas résister à un jupon… »  

Puis, aussi rapidement que la colère avait explosée elle se calma et finit :  

« Enfin, tu n’as qu’à lui demander…Si cet imbécile te répond mal, il tâtera de la massue anti-’’payement en nature..’’ »  

Saeko ne comprit pas tout. Depuis quand Kaori faisait-elle confiance, ne serait-ce qu’un peu, à Ryô pour les affaires de ce type-là ? Non, il y avait vraiment quelque chose de pas clair dans cette histoire. Mais chaque chose en son temps. Pour l’instant on déviait de la raison de sa visite. En plus, elle devait en parler avant l’arrivée de Toshio. Elle ne voulait pas le voir rentrer et venir l’embrasser sous le regard de tous les autres. Elle se serait sentit trop mal à l’aise, du genre « Regardez, je vous ai amené mon copain, tralalala… »  

« - Non, ca n’a rien à voir…Je me suis mal exprimée. Le boulot, ca va ; comme d’habitude. Je n’ai pas toujours besoin de Ryô pour mener à bien mes enquêtes, crois le ou pas. Non, si je n’étais pas là pendant quelques temps et si j’ai dans ma voix, comme dirait Falcon, de la joie, c’est pour une autre raison. »  

Elle n’arrivait pas à le dire. Elle se sentait stupide d’être là, de venir parler de sa relation avec Tosh, de réclamer, d’une certaine façon, l’approbation des gens qui étaient dans cette salle. Mon dieu, où étaient les malfrats quand on en avait besoin ? Une séance de course poursuite, voilà ce dont elle avait besoin immédiatement. Qu’un bandit pénètre dans le café et qu’elle soit obligée de jouer du couteau pour l’arrêter. N’importe quoi, plutôt que d’être là, à bafouiller comme une lycéenne qu’elle avait jamais été…C’était stupide, ce n’était pas elle.  

Elle était en train de réfléchir sur l’opportunité de tout laisser tomber et d’attendre Toshio dehors, quand la clochette de la porte retentit.  

« - Saeko ! ! ! Ma toute douce…Tu t’es rendue compte que j’étais la seule personne capable de combler tous tes désirs sexuels. Parfait. J’arrive. »  

Ryô venait de franchir, en vol plané, les quelques mètres de séparation entre la porte et le tabouret où était assis Saeko. Sa trajectoire aurait du l’amener exactement sur la poitrine de la jeune femme qui s’était retournée en entendant cette voix bien connue.  

Malheureusement, c’était sans compter la rapidité de réaction de Kaori.  

La jeune femme avait sortit une massue sans aucune inscription autre que « tu rêves » et cette dernière avait arrêté Ryô dans son élan et l’avait projeté contre le mur.  

Cette scène si habituelle, et surtout qui avait eu l’énorme avantage de détourner tout le monde de ce qu’elle avait à dire, fit sourire Saeko.  

Mais son sourire se figea sur son visage.  

Ryô n’était pas arrivé tout seul. Une personne était encore à la porte, regardant Ryô qui essayait de se relever.  

Le souffle de Saeko s’arrêta quelques instants. Ce n’était pas possible. Elle rêvait. Il était mort, elle le savait. Elle était victime d’une mauvaise plaisanterie. Ou alors c’était Hirotaka Kitao. Mais s’il était revenu au Japon, il l’aurait prévenu. Non, elle devait rêver. Dans cinq minutes, elle se réveillerait.  

Hideyuki était en face d’elle.  

Kaori qui ne s’intéressait déjà plus à son idiot de partenaire, surprit le regard de Saeko. Elle le suivit et vit Hiroshi. Alors, elle se maudit pour son manque de perspicacité. Personne n’avait prévenu Saeko de la présence d’Hiroshi avec eux. Kaori avait appris le lien qui avait uni son frère et Saeko. Quoiqu’elle puisse, par ailleurs reprocher à l’inspectrice, elle comprenait parfaitement le choc que devait ressentir cette dernière. Elle se sentit coupable. Coupable de la douleur qu’elle infligeait sans le vouloir.  

Désemparée, elle jeta un coup d’œil à Ryô. Immédiatement, elle vit que lui aussi avait comprit. Lui, qui, une seconde avant, était à moitié assommé, se releva prestement et s’approcha d’Hiroshi.  

« - Hiroshi, je te présente Saeko Nogami. Une de mes plus belles conquêtes…Je lui rends de temps en temps de petits services et elle me supplie de la laisser payer en nature. Je sais, je la laisse faire, mais que veux-tu je suis trop bon… Enfin, comment en vouloir à une femme de « pratiquer » l’étalon de Shinjuku ? »  

S’il croyait que cette minable façon de provoquer Saeko et Kaori aurait permis une réaction, il se trompait amèrement. Saeko ne l’entendait même pas. Elle ne pouvait pas détacher son regard d’Hiroshi.  

Tout ce qu’elle pensait, c’était : « Non, pas lui...pas maintenant…Et moi ? Et Toshio ? »  

Kaori avait très bien entendu, mais elle savait pourquoi Ryô avait poussé à la provoc. Elle voyait que cette méthode ne donnait pas l’effet escompté et donc décida d’utiliser une façon bien plus simple.  

Elle se leva de son tabouret. Se faisant, elle donna un léger coup sur la main de Saeko, ce qui eu l’effet de la sortit de sa léthargie. Kaori s’approcha d’Hiroshi et regarda Saeko.  

« - Saeko, je te présente Hiroshi Narubo, Hiroshi, je te présente Saeko Nogami, une de nos amies inspectrice de police. »  

Mieux valait tout de suite rompre l’abcès.  

« - Saeko, tu ne trouves pas qu’il ressemble comme deux gouttes d’eau à Hideyuki ? C’est incroyable cette ressemblance, non ? Et encore, tu ne connais pas toute l’histoire. »  

Cette fois-ci, Saeko retrouva sa couleur naturelle, bien qu’elle resta un peu pâle. Le moment de choc était passé. Kaori avait tout expliqué en trois phrases. Ce n’était pas Hideyuki, même s’il lui ressemblait. Ce n’était pas son fantôme qui venait dire à Saeko qu’elle avait trahi sa mémoire. Ce n’était qu’un individu qui lui ressemblait…c’était tout…  

L’inspectrice avait retrouvé tous ses moyens quand elle se leva pour aller saluer ce nouvel arrivant. En effet, sa démarche avait repris son élasticité féline.  

« - Enchanté de vous connaître. Désolée de vous avoir ainsi dévisagé. Voyez vous, Hideyuki Makimura était mon ancien coéquipier. Et vos traits sont exactement les mêmes. »  

Hiroshi semblait complètement déstabilisé par la présence sensuelle de Saeko. Sans doute pensait-il que toutes les femmes qui entouraient Ryô avaient un charme très particulier. Il serra la main que lui tendait Saeko.  

« - Oui, je sais…C’est incroyable, non ? Mais, je ne vous en veux pas du tout… Une si belle femme qui me regarde ne peut que me faire plaisir. »  

Le charme de revoir Hideyuki venait de s’envoler. C’était indéfinissable mais Saeko sentait que cet homme n’était pas clair. Dans d’autres circonstances, elle aurait pu se laisser abuser, comme Kaori l’avait été. Elle aurait pu trouver du plaisir à revoir Hideyuki, voire à le fréquenter. Mais plus maintenant, plus après sa rencontre avec Toshio. Sans le savoir, elle n’avait plus besoin de se raccrocher au souvenir d’Hideyuki. Aussi sentit-elle la menace qui émanait de cet homme. Elle se promit de faire une enquête plus approfondie sur cet homme qui semblait avoir subjugué Kaori et réclamait l’amitié de Ryô.  

Elle lui décrocha tout de même son plus magnifique sourire.  

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