Chapter 13 :: comportement étrange

Published: 16-10-03 - Last update: 16-10-03

Comments: Voici le chapitre 13….au départ il ne devait faire qu’un tout avec le chapitre 14..mais par manque de temps (je soutenais), je n’ai pas pu rédiger le chapitre suivant en entier. Mais ça m’embêtait aussi de ne pas mettre la suite de mon histoire. Vous avez peut-être l’impression que l’histoire avance lentement…et sans doute est ce vrai, mais pourtant tout à une raison d’être là…Quand à mes longues parties sur les sentiments de mes personnages..Hé bien, c’est l’avantage du texte et en plus, cela me les rends plus réels, plus humains (qu’en pensez vous ? ?) Pour tous les autres auteurs, merci pour les MAJ…on s’absente un WE et, au retour, on trouve plein de nouveaux chapitres, voire même des histoires complètes….c’est presque Noel… Pour ceux qui me lisent (j'espère qu'il y en a), merci tout simplement...

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Tokyo faisait grise mine. La pluie ne renonçait pas à tenter de s'insinuer dans les chauds manteaux des habitants.  

Deux semaines s'étaient passées depuis cette soirée si mémorable pour la plupart de nos protagonistes.  

Saeko avait redécouvert l'amour sans manipulation, la confiance offerte et le bonheur de se sentir aimer pour ce qu'elle était.  

Miki avait réussi a sortir Falcon de son café pour aller au restaurant (une victoire dont elle était très fière…cela faisait parti des éléments pour une vie normale)  

Quand à Ryô et Kaori… Si la soirée avait été mémorable, c'était dans le sens où la rupture avait été très proche de se produire. Certes, la jeune femme avait immédiatement été honteuse par la violence de ses propos et surtout par la partie mensongère qu'elle avait dit à Ryô. Oser lui sous entendre qu'il n'avait pas été là pour elle pendant ces neuf ans, c'était la pire contrevérité qu'elle ne lui avait jamais dite. Il n'avait pas remplacé son frère, c'était exact. On ne remplace pas une personne aimée par une autre, c'est impossible et surtout injuste pour la nouvelle personne. Mais le cœur de Kaori était assez vaste pour y placer un autre amour et c'était Ryô. Elle ne l'aimait pas moins ou plus qu'Hideyuki, elle l'aimait différemment. L'un était un frère attentif, protecteur, confident, trop vite enlevé à son affection, l'autre était son premier et unique amour….et un imbécile complet.  

Elle aurait du, ce soir là, retourner dans la cuisine et lui dire tout ça, lui faire comprendre que toutes ces paroles précédentes étaient alors destinées à l'atteindre, par n'importe quel moyen.  

Par contre, elle ne reniait en rien son discours sur l'amitié et l'amour que l'on doit offrir, le premier pas. Sans s'en rendre compte, c'était une façon d'appeler Ryô à son secours, de lui dire de parler, de bouger, de réagir.  

Mais elle était restée dans sa chambre. Trop fière ou trop mal à l'aise pour reparaître devant son partenaire. Un instant, sa main s'était posée sur la poignée de sa porte, elle avait regardé la photo de son frère et avait murmuré "donne moi le courage". Elle avait repris son souffle….et avait entendu la porte se refermer sur Ryô.  

Plutôt triste que soulagée d'avoir évité ce face à face, elle alla se coucher et s'endormit en s'interrogeant sur la meilleure méthode de désamorcer le conflit sans reconnaître ces torts et surtout sans faire souffrir Ryô ou le pousser à prendre une décision. Car elle craignait toujours les décisions de l'homme. Quelquefois, elle croyait pouvoir lire dans ses yeux le dilemme qui ne l'avait jamais vraiment quitté depuis qu'elle était devenue sa partenaire. Un mélange de parole donnée, de désir, de souffrance, d'espoir et peut-être, espérait-elle, d'amour. Trop d'émotions contradictoires….aucun moyen de savoir vers lesquels il penchait…  

Elle avait retenu et suivi la méthode la plus lâche, elle avait fait comme si de rien n’était (encore une fois)  

Mais revenons à ce jour, froid et pluvieux.  

Nous retrouvons deux silhouettes bien connues. Deux jeunes femmes en train de se réchauffer devant un chocolat, après une journée éreintante de courses.  

Kaori et Miki (puisqu'il s'agit d'elles) regardaient à travers la vitre ce jour grisâtre, caractéristique de l'automne (je ne sais toujours pas le temps à Tokyo). Elles n'étaient pas au Cat's Eye et elles avaient décidé de passé une journée entre filles. Le jour précédent, elles avaient demandé à Eriko et Kazue de se joindre à elles, mais la première préparait son nouveau défilé et la seconde avait des préparations médicinales à établir pour le docteur. Bref, elles avaient fini que toutes les deux.  

Certes, Ryô avait persiflé en disant que s'il n'y avait que Kaori et Miki ce n'était pas vraiment une journée entre filles mais presque un rendez-vous galant, étant donnée l'allure masculine de sa partenaire, et il avait alors proposé à Miki de remplacer Kaori pour une journée avec un homme, un vrai, pas un ersatz ….et il s'était retrouvé avec une massue lui défonçant le crâne et une Kaori vitupérant sur les sous entendus obscènes qu'il faisait.  

"- Passe encore que tu ne puisses contrôler ta libido, mais oses encore dire une fois que je ressemble à un garçon et, je te promets, une correction qui te feras rester au lit pendant au moins trois semaines….et je ne t'apporterais que des soupes aux épinards…"  

L'idée de devoir manger des soupes aux épinards faisait plus souffrir Ryô que la massue, il prit un air dégoûté et malheureux…  

"- Non, tout mais pas de soupe aux épinards, s'il te plait….je ne le recommencerais plus. Tu ne ressembles pas du tout à un garçon, seulement à un transsexuel-qui-ne-sait-pas-de-quel-coté-il-penche…"finit-il dans un souffle, en s'enfuyant par la porte, toujours avec sa massue sur la tête, pour éviter une deuxième correction.  

Kaori avait été rouge de colère. Si Miki ne l'avait pas empêchée elle l'aurait poursuivi pour mettre sa menace a exécution.  

« - Laisses tomber, Kaori » lui avait conseillé son amie en la retenant par le bras. « Il n’en vaut pas la peine, et il n’attend que ça de toute façon. C’est toujours d’accord pour demain ? »  

Tellement d’accord, que leurs chocolats chauds refroidissaient lentement devant elles maintenant.  

« - Dis moi Kaori, comment ca se passe entre Hirochi et Ryô »  

L’interpellée sortit de sa rêverie. Elle avait bien évidemment raconté la soirée catastrophique qu’elle avait passée avec les deux hommes, en passant sous silence son altercation avec Ryô, bien entendu.  

« - J’ai vraiment cru que ce serait impossible de les faire se rencontrer de nouveau, tu sais. Et surtout je n’avais pas envie de revivre une telle soirée. Mais Hiroshi ne m’a pas lâché tant que je ne lui ai pas promis de retenter le coup. Il m’a dit que ce n’était pas seulement important pour lui, mais presque vital. La première fois c’était mal passé mais il était persuadé que la deuxième se déroulerait beaucoup mieux. Que pouvais-je faire ? »  

Souriant devant la gentillesse de son amie, Miki répondit.  

« - Organiser un autre repas… »  

Kaori acquiesça.  

« -Et ?… » Miki trouvait cette histoire tellement étrange. Déjà rien que la rencontre avec le sosie du frère de Kaori, mais également les réactions croisés de Ryô et Kaori. Elle aurait aimé les voir…évoluer. C’était exactement le terme...évoluer...  

« - Et bien, tiens toi bien. La soirée s’est extrêmement bien passée. Je redoutais le comportement de Ryô, mais il s’est parfaitement bien conduit. A la fin du repas, je croyais que lui et Hiroshi était des vieux copains…C’était incroyable…comme si…. »  

Les joues de Kaori s’étaient empourprées. Elle n’osait même pas dire ce qu’elle pensait. Mais, là encore, Miki lui vint en aide :  

« - Comme si Ryô cherchait à te faire plaisir en essayant d’être ami avec un des tiens ? » (challenge, challenge)  

Les deux amies se dévisagèrent un instant et éclatèrent de rire…comme si un Ryô essayant de faire plaisir à Kaori était possible. Non, il devait avoir une raison cachée…une raison qui traiterait de jolies femmes à n’en pas douter.  

Revenues de leur hilarité, la conversation dévia sur d’autres sujets : Le bonheur de Miki d’être marié à Falcon, l’étrange comportement de Saeko, le travail de Mick avec la police, Eriko et sa collection, et pleins d’autres sujets qui sont communs (ou pas) à une conversations entre amies.  

Mais, vers la fin, Ryô et Hiroshi réapparurent dans la conversation.  

« - Je m’inquiète un peu pour Hiroshi tout de même….Ryô l’entraîne dans pas mal de ces soirées coquines dans les bars. Il dit que c’est pour lui faire découvrir Tokyo by night...mais je me méfie des conséquences… »  

« - Tu crois que le comportement de Ryô va d’éteindre sur Hiroshi ? »  

« - Non, mais ça m’embête de les laisser seuls ensemble. Je ne sais pas pourquoi mais j’ai encore l’impression qu’il y a une sorte de tension entre eux quelquefois. »  

« - Tu dois te faire des idées. Pour que Ryô prenne en charge une homme, c’est qu’il doit l’apprécier….Nous savons comme il les fuit normalement. »  

« - Tu as raison….mais quand même… Je me demande si son empressement à sortir avec Hiroshi n’est pas lié à mon attitude quand ils sont ensemble. »  

Miki l’interrogea du regard. Kaori continua  

« - Oui, tu vois Hiroshi ressemble si parfaitement à Hideyuki que je lui fais confiance comme à mon grand frère. J’ai l’impression qu’avec lui à mes cotés, Ryô se tiendra mieux, sera plus sérieux. Alors je les laisse sortir sans problème…quoique je me fais peut-être du souci pour rien étant donné le comportement de Ryô… »  

Elle laissa sa phrase en suspens, perdue dans ses pensées.  

« Je te comprends. Tu retrouves ton frère dans Hiroshi, tu te comportes avec lui comme avec Hideyuki ». Tout d’un coup, la fin du propos de Kaori fit tilt dans la tête de Miki.  

« - Attend, attend voir… Quel comportement de Ryô ? Que s’est- il passé que j’ignore ? »  

Miki avait beau être une ancienne mercenaire, avoir vu plus de morts que beaucoup d’autres êtres humains, avoir connu la guerre, son existence présente l’avait transformée. Elle restait capable d’organiser des opérations commandos mais, maintenant, elle s’intéressait également, aux histoires de ces amis. Et celle entre Kaori et Ryô la passionnait. Elle n’osait pas (trop) intervenir dans leur relation mais elle partageait la peine de Kaori qui attendait un mot, un geste d’un homme dont Miki savait qu’il l’aimait.  

Si l’ancienne mercenaire n’intervenait pas, elle suivait tout de même le jeu entre les deux partenaires. Kaori se confiait à elle, seule femme proche de son entourage, seule amie qui pouvait vraiment comprendre ses tourments. Miki essayait de lui donner des conseils, c’était toujours mieux que rien. Donc si un fait nouveau était apparu entre ces amoureux maudits, Miki tenait à être mise au courant…  

Kaori se rendit compte qu’elle avait trop parlé. Elle savait aussi que Miki ne la lâcherait pas tant qu’elle ne saurait pas le fin mot de l’histoire. Une rougeur apparue sur ses joues.  

« - Allons, tu en as trop dit ou pas assez, mais tu ne peux pas t’arrêter là….J’attends… »  

Kaori devint encore plus rouge.  

« - Il ne s’est rien passé. » Elle haussa les épaules pour faire croire à son indifférence.  

« - Enfin, presque rien…Ce matin, en partant, il est revenu dans l’appartement et…il m’a enlacée… »  

A l’embarras de Kaori, Miki pensa qu’il y avait autre chose…  

« - Et ? ? ?  

« - Et rien, nous sommes restés quelques instants comme ça et il est partit. »  

Kaori avait pris sa serviette et la tordait dans tous les sens. Ses yeux étaient braqués sur sa tasse et elle ne regardait pas son amie.  

« - Il t’a simplement…enlacée ? »  

« - Oui, tu vois ce n’est rien du tout. ». Puis tout d’un coup la timidité fit place à une triste colère.  

« - Voilà ce que me fait le pervers numéro 1 du Japon, l’homme à femmes, l’éternel dragueur….il m’enlace comme un lycéen enlace une lycéenne avant d’oser leur premier baiser. Il est censé être un fin connaisseur en matière de femmes et d’approche amoureuse…et tout ce qui fait c’est qu’il m’enlace, me tient dans ses bras…et c’est tout. »  

Miki regarda son amie….Ce qu’elle lut sans son regard l’amusa et la peina en même temps.  

« - Ok, il n’a fait que t’enlacer...mais après qu’as tu fait ?… »  

« - ……. »  

Miki souria imperceptiblement.  

« - Je suis sur que tu est restée dans la pièce, sans savoir vraiment comment réagir…Je me trompe ? »  

Kaori hocha la tête. Oui, elle était restée là, essayant vainement de calmer le rythme de son cœur. Avoir été là, dans les bras de Ryô lui avait fait plus d’effet qu’elle ne l’aurait imaginé. Pendant un court instant, elle s’était sentie entière, heureuse. Comme si toute sa vie n’avait eu que pour unique but de trouver cette place là et d’y rester. Aussi brève que fut l’étreinte ce qu’elle avait ressenti avait été intense et la perte, une fois leur deux corps séparés, profonde.  

Rien qu’à y repenser, elle devint encore plus rouge.  

Miki pensa que son amie n’était encore bien ignorante des choses.  

« - Tu est bien innocente… »  

« - Je ne suis pas innocente. Je ne suis plus une gamine, je sais ce que je veux, je connais la vie…Seulement, ce genre de comportement de la part de Ryô est si inhabituel…Je ne sais pas comment l’interpréter. Veut- il se rapprocher de moi sans me brusquer ? Si c’est oui, nous serons tous les deux des vieillards quand il osera m’embrasser. Ou est-ce simplement de l’amitié ? Avec Ryô, quand il s’agit de sentiments, je n’y comprends plus rien… »  

Miki se souvint de sa conversation avec Falcon, de son analyse sur le comportement de Ryô et sur la difficulté si souvent insurmontable du premier pas…  

« - Peut-être qu’il serait temps pour vous de parler ? », osa –t-elle conseiller.  

« - Pour qu’il me dise que je me fais des illusions ? Qu’il me renvoi à la figure mon manque de féminité ? Qu’il me dise que je représente beaucoup à ses yeux parce que je suis la sœur de son ancien partenaire ? Pas question…Jamais je ne lui avouerais mes sentiments tant que je ne serais pas sur des siens. »  

La froide détermination de Kaori contrastait fortement avec la rougeur de ses joues, toujours bien présente.  

Miki n’insista pas. Elle comprenait la fierté de Kaori et voyait surtout sa peur. Sa peur d’être rejetée par sa raison de vivre. Ryô avait essayé, a sa manière maladroite de faire un pas vers la femme qu’il aimait…mais, une fois encore, son comportement habituel de pervers, si différent du Ryô qu’il pouvait être quelquefois en présence de Kaori l’avait desservi.  

Miki ne comprenait pas comment deux être aussi proches pouvait être sur des longueurs d’onde si différentes. C’était un paradoxe qui ne cessait de l’interroger. Elle espérait qu’ils arriverait un jour à communiquer véritablement.  

Elle voyait qu’elle n’arriverait pas à faire changer Kaori d’avis. Ryô allait devoir faire encore plus d’effort. Elle fut à deux doigts de le plaindre. Pour une fois qu’il essayait ! Mais, elle se reprit vite. C’était lui qui c’était mis dans sa position. A quelle réaction s’attendait-il de la part de Kaori, à la vue de son attitude depuis 8 ans ?  

Miki décida donc d’éviter de continuer sur le sujet.  

« - Et Hiroshi apprécie-t-il ses sorties entre hommes ? »  

Kaori fut mentalement reconnaissance à Miki de ne pas insister. Elle même ne savait pas trop ce qu’elle attendait de Ryô et préférait ne pas s’arrêter trop longtemps sur ce chapitre.  

« - Il me dit que oui…enfin si ce n’est pas tous les jours. Il affirme qu’ainsi il peut mieux connaître Ryô. Je ne suis pas sur que voir un être en train de baver devant toutes les serveuses soit vraiment positif…mais si ca peut les rapprocher… »  

Miki comprenait maintenant le besoin de son amie. Certes, Miki n’avait pas connu Hideyuki, mais elle en avait tellement entendu parler qu’elle voyait l’attachement de Kaori pour Hiroshi comme un moyen de faire un peu revivre son frère.  

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