Hojo Fan City

 

 

 

Data File

Rated G - Prose

 

Author: Mercury80

Status: Completed

Series: City Hunter

 

Total: 40 chapters

Published: 08-08-20

Last update: 16-09-20

 

Comments: 67 reviews

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GeneralAction

 

Summary: Une nouvelle menace, une nouvelle mission, une nouvelle ère pour City Hunter?

 

Disclaimer: Les personnages de "Bring on the night" sont la propriété exclusive de Tsukasa Hojo.

 

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   Fanfiction :: Bring on the night

 

Chapter 10 :: Chapitre 10

Published: 17-08-20 - Last update: 17-08-20

Comments: Bonjour, voici la suite de l'histoire. Un chapitre tout en réflexion de la part de nos différents personnages. J4espère qu'il vous plaira tout autant. Bonne lecture et merci pour vos commentaires^^

 


Chapter: 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24 25 26 27 28 29 30 31 32 33 34 35 36 37 38 39 40


 

Chapitre 10  

 

Patience.  

 

C’était un maître mot que Ryo avait appris pendant sa jeunesse, à l’âge où on agit plus sur ses impulsions que par réflexion. Rester immobile, sans un mot, sans un geste, sans un regard, sans aucun contact pendant de longues, très longues heures, devenir un élément du décor, une branche d’un arbre, une paroi d’un rocher, un poisson dans un cours d’eau, se fondre dans les éléments, devenir invisible, être invisible. Supporter le froid, le chaud, la pluie diluvienne ou le soleil brûlant, ne pas bouger alors qu’une colonie de fourmis se fraye un chemin sous ses vêtements, alors qu’un essaim d’abeilles s’approche de soi, se pose sur soi pendant quelques minutes, sentir un serpent glisser le long de sa cuisse, une mygale se poser sur son épaule, remonter le long de sa nuque avant de la chasser brusquement.  

 

Toutes ces années d’expérience lui étaient utiles pour la plupart des surveillances qu’il effectuait, pour toutes les recherches qu’il devait entreprendre avec peu d’indices, pour trouver un homme parmi des millions. Cela faisait maintenant deux semaines qu’il arpentait les rues de Setagaya à la recherche de l’homme qui lui avait filé entre les doigts. Certains jours, il était accompagné de Kaori et de Livia mais la plupart du temps, il réussissait à persuader leur cliente d’attendre qu’il décèle un indice pour ne pas rester dans la rue trop longtemps. Il n’avait pas vraiment envie qu’on lui tire dessus à nouveau.  

 

Confiance.  

 

Il n’avait jamais douté de ses capacités. Il s’était entraîné durement pour les acquérir et, malgré son air débonnaire, il les entretenait régulièrement. Les séances de tir, la musculation étaient des exercices visibles, d’autres se faisaient sous couvert. Un sourire ironique fendit son visage. Il imaginait bien la tête de sa partenaire s’il lui disait que découvrir la couleur et la matière d’une petite culotte faisait partie de son entraînement. Il fallait tout de même un sacré sens de l’observation pour avoir appris à reconnaître les matières en fonction du frottement sur le tissu du vêtement, la légère nuance qui teintait un tissu en fonction de la couleur du dessous. En quelque sorte, il joignait l’utile à l’agréable mais il était persuadé que, s’il lui disait cela, il joindrait le désagréable à l’équation et, en ce moment, ce n’était pas dans ses priorités.  

 

Depuis quelques semaines, il avait senti le doute arriver. Par deux fois, sa cliente avait été la cible de tirs et il n’avait rien senti. Elle aurait pu mourir et, quelque part, il s’estimait chanceux que ce n’aient été que des tirs d’avertissement… ou alors que le tireur ait été vraiment mauvais, ce dont il doutait fortement. Il se demandait par moments si c’était lié au fait qu’il avait baissé la garde avec Kaori, si c’était le fait qu’il effleurait l’idée de faire bouger les choses qui le rendait moins alerte. Il ne voulait pas y croire. Il voulait penser qu’évoluer sur ce plan-là le libérerait certainement d’un poids mais il doutait malgré tout. Pour lui qui avait toujours été sûr de ses faits et gestes, ce passage était difficile. Il n’avait pas le droit de douter. Le doute pouvait le mener à la mort, pouvait les mener à la mort et il ne le voulait pas.  

 

Soupirant, n’ayant rien trouvé de la journée, il fit demi-tour et regagna la mini. L’ironie voulait qu’au moment même où il tournait au coin de la rue, l’homme qu’il recherchait sortait de sa cachette, ignorant du fait qu’il s’était trouvé si près de celui qui voulait le débusquer.  

 

Abnégation.  

 

Retirant ses lunettes, le vieil homme les essuya patiemment. Le cœur lourd, il repensa à son ancien chez lui, ce vieux bâtiment qu’il avait retapé en revenant dans son pays natal après des années passées comme médecin sur des champs de bataille en Amérique Centrale. Que de morts avait-il vus là-bas… Combien de blessés qu’il aurait pu sauver en ayant juste un minimum de matériel : des antiseptiques, des vaccins, des compresses stériles même… Il avait connu la médecin de guerre, les heures passées à ne rien faire où à soigner des petits bobos soudain brisées par un afflux massif de patients critiques, décider qui serait soigné en premier au détriment d’un autre, réussir à sauver tous les blessés ou aucun, les heures euphoriques du succès et celles sombres de la perte, les heures à veiller des malades, les entendre gémir, appeler un être cher, regretter ce qu’ils avaient manqué ou à les regarder observer silencieusement le toit d’une tente sur laquelle battait une pluie diluvienne en attendant que la faucheuse daigne leur rendre visite et les emmener loin de ce bourbier…  

 

En rentrant au pays, il avait d’abord trouvé une place à l’hôpital central de Tokyo. On lui avait fait une offre tout à fait honorable et il l’avait acceptée juste pour le plaisir de continuer d’exercer son métier dans de meilleures conditions. Il avait tenu deux ans. Deux ans à écouter les jérémiades de certains patients impatients, de personnes qui n’avaient pas connu la misère médicale, ni la misère tout court d’ailleurs, des personnes qui auraient dû s’estimer heureuses d’avoir un système médical évolué et efficace. Il s’était tourné vers le bénévolat envers les plus défavorisés, beaucoup plus reconnaissants, même si ce n’était pas ce qu’il cherchait, mais, à eux, il avait le sentiment de leur apporter quelque chose. C’était ainsi qu’il avait soigné un premier yakuza.  

 

Hasard.  

 

Il l’avait trouvé dans la rue en soignant un sans-domicile fixe. Pas un mot, pas un regard de travers. Juste une inclination de tête à la fin et il était parti… avant de lui ramener un autre client quelques jours plus tard. La nouvelle avait circulé et bientôt quand il rentrait le soir, il trouvait quelques personnes l’attendant, de plus en plus nombreuses. Lorsque deux hommes de deux clans rivaux s’étaient retrouvés devant chez lui et avaient commencé à se battre, il avait tapé de la canne sur le perron. Quiconque venait chez lui oubliait de quelle famille il faisait partie. Il était le médecin de tous sans préjugés ni parti pris. Il ne leur demandait rien mis à part ce qui pouvait influer sur leur santé. Parfois, un homme se présentait et déposait un don juste avant de repartir. Il ne demandait pas de qui cela venait ni combien il y avait. Ces fonds servaient pour les médicaments et le matériel médical. Personnellement, il n’y touchait pas. Il avait tout l’argent dont il avait besoin et il avait quitté l’hôpital pour s’occuper de ces patients silencieux.  

 

C’était le même hasard qui avait mis sur son chemin son protégé. Japonais, comme lui, empêtré dans cette guerre par principes, lui humaniste, Ryo par loyauté filiale, ils n’avaient pu qu’affronter la folie des hommes. Aujourd’hui, c’était une autre folie qu’ils affrontaient et les rôles étaient inversés. C’était Ryo qui le protégeait désormais car son statut dans la communauté avait été bafoué. On l’avait inclus dans une entreprise de déstabilisation alors qu’il ne représentait aucun danger.  

 

Ironie.  

 

Umibozu était planté au milieu de son café, vide comme lorsqu’il avait commencé à y travailler. Progressivement, la clientèle avait de nouveau franchi la porte même si beaucoup lui adressait un regard surpris et un peu inquiet. Certains étaient devenus des habitués et le saluaient désormais en entrant. Le solitaire qu’il était, l’homme un peu bourru, le taiseux s’était intégré et fait une place dans le monde du commerce, un monde fait de bavardages superficiels, de conversations inopinées sur tout et rien. Il n’était pas le causant mais l’écoutant. Certains avaient trouvé en lui la personne de confiance à qui confier ses tourments et questionnements, peut-être justement à cause de son apparent détachement.  

 

Voir le café vide l’ennuyait. S’il voulait même y mettre le mot correct, ça lui faisait mal parce qu’il s’était habitué à ce job qu’il avait longtemps qualifié de provisoire, ce travail qui lui avait donné un semblant de normalité, qu’il effectuait avec celle qu’il aimait au départ pour lui faire plaisir et maintenant par plaisir. Sentir les clients s’arrêter devant la porte certainement pour lire le message de fermeture qu’ils avaient été obligés d’afficher, les entendre murmurer puis s’éloigner annonçaient de durs jours à venir. Ne plus entendre la clochette tinter, le bruit du percolateur, les disputes de leurs amis, tout ce silence en fait était assourdissant aussi absurde que cela pouvait paraître.  

 

Stratégie.  

 

Ils s’étaient tous éloignés les uns des autres… en apparence tout du moins. Depuis qu’ils avaient trouvé des micros dans le café, le message avait été passé : le Cat’s n’était plus un endroit pour se retrouver. Les liaisons se faisaient autrement. Chacun connaissait des planques relativement sûres, des planques auxquelles ils avaient attribuées des noms de code et chaque fois ils se fixaient rendez-vous dans un endroit différent. Mick et Ryo continuaient de se rencontrer dans les cabarets et bars quelques fois par semaine pour laisser penser que tout allait bien, que la situation ne les affectait pas autant qu’ils pouvaient le penser.  

 

Il savait pourtant et il le vivait. Le doute… Il l’avait senti chez Mick depuis que la clinique avait été attaquée, depuis que Kazue avait été blessée. L’américain n’était pas fragile mais, d’eux trois, il était celui qui était le plus en proie au doute depuis qu’il avait perdu le plein usage de ses mains. Il fanfaronnait, faisait le guignol mais il sentait cette inquiétude latente concernant sa capacité à protéger celle qu’il aimait. Lui-même n’était pas à l’aise avec ce nouvel ennemi qui s’attaquait à eux lâchement. Il avait connu la guérilla et ses combats sanglants. Il avait connu l’horreur des massacres dont celui qui lui avait valu cette plaie à l’oeil qui finalement lui avait coûté la vue. Les guérilleros cherchaient les meilleures opportunités pour vaincre leurs ennemis mais ces hommes étaient sans foi ni loi, s’en prenant aux plus faibles, à ce qui était intouchable. Il ne disait pas que les guérilleros étaient tous des saints, certains avaient commis des exactions, mais ces hommes étaient tous des salauds. Le plus déstabilisant, c’était de sentir que Ryo doutait également.  

 

Abandon.  

 

Miki poussa la porte du café et fit face à son mari. Elle sentit les larmes lui monter aux yeux et se retint de hurler. Comment continuer ? Elle en avait vu des choses depuis son plus jeune âge et elle avait enfin atteint son rêve de jeune fille : ouvrir son café et le tenir avec celui qu’elle aimait, un homme qu’elle pouvait même appeler son mari. Elle avait traversé un océan pour le retrouver, pour construire cette vie qui lui plaisait, dans laquelle elle s’était épanouie, trouvant beaucoup plus que l’amour. Elle avait trouvé une grande famille.  

 

Elle observa les lieux et avança vers Umi qui la prit dans ses bras sentant sa détresse. Le banquier l’avait enjoint de rembourser le prêt pour l’achat du café sous trois mois. Elle allait perdre son café. Elle n’arrivait pas à y croire. Elle allait perdre une partie de son rêve et elle trouvait cela injuste après tout le temps qu’elle en avait rêvé et qu’elle y avait consacré. Ce n’était pas juste. Et que dire du regard de l’homme en costume cravate qui, assis derrière son bureau, s’était permis de la juger. Elle n’avait jamais eu une échéance de retard. Elle avait assuré tous les paiements sans le moindre défaut et lui la regardait comme une femme malhonnête et elle ne pouvait que lui opposer sa bonne foi… pour le moment.  

 

 

Rage.  

Elle était en colère, une colère noire et difficilement contrôlable. Sa famille était en danger et elle devait avouer qu’elle ne savait pas quoi faire pour les aider. Son heure viendrait quand ils passeraient à l’attaque. Là, elle aurait son rôle à jouer et elle leur ferait payer pour chaque souci qu’ils leur avaient causé. Pour le moment, elle n’avait ni réseau d’indics à secouer ni les éléments pour affronter cette organisation. Elle pouvait tenter d’aller se battre mais elle était consciente de la futilité de la chose et de son inutilité. Seule, elle mourrait. Tous ensemble, ils auraient de meilleures chances. Peut-être mourrait-elle alors mais au moins elle aurait l’espoir qu’une victoire était au bout du chemin.  

 

Il fallait donc apprendre à contrôler cette rage qui grossissait en elle et la mettre à profit pour de meilleures occasions. Elle s’écarta de son mari et se rendit derrière le comptoir. Sans attendre, elle fit couler de l’eau chaude dans l’évier et se mit à laver les couverts, verres et assiettes. Umi la rejoignit et prit sa place habituelle. Torchon en main, il essuya méticuleusement tout ce qu’elle lava et le rangea dans les cartons prévus à cet effet. Lorsque les étagères furent vides, le comptoir désempli, les bouteilles rangées, ils briquèrent chaque étagère, chaque surface dans les moindres recoins. Le soir était tombé quand ils eurent terminé et qu’ils fermèrent les lumières pour se rendre dans leur appartement. Dès qu’ils le pourraient, le café serait prêt à rouvrir.  

 

Appréhension.  

 

Chaque matin quand elle se levait, Kazue se demandait si elle se coucherait de nouveau dans ce lit le soir qui suivrait. Chaque fois qu’elle sortait de la chambre, elle posait les yeux sur les sacs qui occupaient l’entrée depuis deux semaines maintenant, ne se demandant pas quand elle les déferait mais quand ils serviraient. Elle n’était pas dans le métier. Mick ne lui avait pas dit tout ce qu’il savait mais lui avait fait comprendre la gravité de la situation. Elle ne lui en voulait pas de ne pas tout lui dévoiler. Elle en savait suffisamment pour savoir que c’était atroce, elle en savait suffisamment pour avoir peur et savoir qu’elle ne déferait probablement pas ces sacs mais qu’ils serviraient tôt ou tard.  

 

Elle avait ce sentiment latent qui la faisait sursauter à chaque fois qu’on frappait à la porte, que le téléphone sonnait ou que Mick rentrait, que sa vie pouvait basculer sans prévenir. Enfin, elle était prévenue mais elle n’avait pas d’échéance, ce qui revenait au même, non ?, philosopha-t-elle. Elle avait les nerfs à vif et elle se sentait coupable de faire ressentir à son compagnon son appréhension alors que lui faisait tout son possible pour la détendre et l’épargner. En quinze jours, elle n’avait pas sorti une seule massue. Cela relevait du miracle. Peut-être finalement que c’était cela qui lui manquait, un retour à la normale. Peut-être devait-elle lui dire de cesser de la protéger : il reprendrait ses attitudes de pervers et elle aurait une bonne occasion de se défouler. Elle se mit à rire de sa propre bêtise.  

 

Normalité.  

 

Quand sa vie avait-elle pris un tournant aussi incongru ? La doctoresse réfléchit et retraça l’origine à la mort de son premier fiancé. La douleur lui avait fait pousser des ailes et elle avait décidé d’affronter les assassins et de détruire leur arme. Seule. Sans aide. Sans expérience. Elle l’avait fait mais pas toute seule. Ryo et Kaori l’avaient aidée et ils lui avaient montré que la vie valait la peine d’être vécue. Elle avait même senti son cœur battre de nouveau au bout de quelques temps pour le nettoyeur. Son amie de maintenant était alors sa rivale pour le cœur de l’homme jusqu’à ce qu’elle se rende compte qu’elle n’avait aucune chance. Il était pris même s’il le niait. Kaori avait de nouveau été sa rivale, passive cette fois, quand Mick était entré dans sa vie. Elle avait vite compris qu’il aimait profondément la partenaire de Ryo bien qu’il ait abandonné mais il avait su lui donner sa place et elle avait compris qu’elle représentait plus pour lui, qu’elle était sa réalité et non sa chimère.  

 

Si on lui avait demandé, elle aurait qualifié sa vie de normale. Mick et elle formaient un couple classique et heureux en ménage malgré ses défauts. Il y avait bien les à-côtés, les fois où il aidait Ryo mais c’était rare et elle avait confiance en eux deux pour retrouver son compagnon en plus ou moins bon état. La plupart du temps, elle oubliait ses intermèdes et rêvait de l’évolution normale de leur couple, un mariage, un enfant… Ils n’en avaient pas encore parlé mais elle était patiente et Mick était plutôt novice dans les relations sérieuses. Par-dessus tout, il s’adaptait encore à cette nouvelle vie au Japon et ce n’était pas une mince affaire. Aujourd’hui, la réalité se rappelait à elle douloureusement : leur vie était loin d’être normale. Mick était un ancien nettoyeur, elle travaillait pour un médecin hacker qui soignait des patients illégaux, elle côtoyait deux anciens mercenaires, un autre nettoyeur hors-pair, une flic qui frayait avec le milieu et une jeune femme qui n’aurait jamais dû mettre les pieds dans ce monde… comme elle. Le danger était autour d’elle et, si elle voulait continuer à vivre auprès de ceux qu’elle aimait, elle devait relever la tête, ce qu’elle fit en se jurant de faire ce qu’elle pourrait pour être à la hauteur de leurs amis.  

 

Fierté.  

 

Mick observa sa compagne immobile sur le seuil de la porte de leur chambre. Cela faisait au moins dix minutes qu’elle n’avait pas bougé et qu’elle contemplait les deux sacs posés près de la porte d’entrée… comme tous les matins depuis qu’il lui avait demandé de les préparer. Il avait senti la tension monter de plusieurs crans et il s’était attendu à la voir craquer mais non, elle était toujours là malgré son anxiété palpable. Elle n’avait plus rien pour se distraire maintenant que la clinique était détruite. Elle passait ses journées à l’appartement avec lui, sortant parfois à deux pour prendre l’air. Il ne la laissait que rarement seule, lorsqu’il devait rencontrer Umi et Ryo et il n’était alors jamais tranquille jusqu’à ce qu’il soit de nouveau avec elle.  

 

Doucement, il approcha d’elle et posa ses mains gantées sur ses joues, attirant son attention, avant de les faire glisser sur ses épaules et dans son dos l’attirant à lui. Cette femme n’avait pas fait que soigner ses mains. Si Kaori avait ouvert son cœur, Kazue avait guéri ses blessures d’âme en grande partie. Elle lui avait redonné une fierté alors qu’il ne se sentait plus digne de rien, qu’il se sentait inutile et ne trouvait plus sa place. Elle lui avait montré qu’il comptait pour elle, pour leurs amis et doucement, il avait appris à se créer une nouvelle vie… et à l’apprécier.  

 

Choix.  

 

Décisif avait été le choix qu’il avait fait en apprenant à Ryo le nom de son commanditaire en voulant quitter le Japon. Ce choix avait conditionné le reste de sa vie. Présumé mort aux Etats-Unis, seul rescapé de l’explosion de l’avion qui devait le ramener chez lui, rescapé mort-vivant qui plus est, il n’aurait jamais parié un yen sur sa propre vie, sur son futur, encore moins. Le deuxième choix qu’il avait fait, non en fait affirmé après cela, avait été de laisser partir Kaori et de laisser entrer Kazue dans son cœur. Au même moment, il abandonnait définitivement son rôle de nettoyeur et se tourner vers un futur moins dangereux. Chasser la nature, elle revient au galop, dit-on et c’était vrai qu’il ne dédaignait pas aider Ryo de temps à autre mais il savait que son ami ne lui ferait pas prendre de risque démesuré si tant est que le mot mesure faisait partie de leur vocabulaire, pensa-t-il.  

 

Aujourd’hui, il faisait le choix de fuir avec sa compagne si cela s’imposait. Ce n’était pas de la lâcheté, loin de là. C’était de la prudence pour Kazue puis pour ses amis qui feraient certainement tout ce qu’ils pourraient pour le libérer ou le secourir si quelque chose arrivait mais, là, c’était gros. Non, se corrigea-t-il, c’était énorme et parfois, il fallait savoir reculer pour mieux sauter. Alors s’il le fallait, il fuirait avec Kazue mais, dès qu’ils auraient besoin de lui, il reviendrait. Il avait ses faiblesses, pensa-t-il en regardant ses mains, mais il avait encore plus de force dont la principale était lovée entre ses bras. Il savait quand se retirer et quand monter au créneau. Pour le moment, son intuition lui disait de se préparer à s’éloigner. Ca le faisait grincer des dents mais, dans son intérêt à elle, dans leur intérêt à tous, il écouterait la voix de la sagesse.  

 

Finesse.  

 

Saeko referma le dossier qu’elle étudiait et se tourna vers la fenêtre. Elle fixa le ciel sans voir les nuages défiler. Elle réfléchissait à sa manière, engagée dans une conversation silencieuse avec son plus sûr coéquipier, celui qui lui avait tout appris et surtout à tempérer ses ardeurs. Makimura l’avait connue à ses débuts et elle l’avait détesté. Bon sang comme elle l’avait détesté cet homme placide, mal fringué, qui ne s’imposait pas. Il avait l’air si peu fiable, si peu vif, si peu… de choses en fait. Elle sortait de l’école de police, tête de promo, grande fierté de son père fraîchement nommé Préfet de Police de Tokyo. Elle était habituée aux cris, aux scènes, aux confrontations, aux caractères bien trempés et elle se retrouvait face à un… un… en fait, elle n’arrivait pas à le qualifier et ça l’avait horripilée. A sa première arrestation, il l’avait laissée mener l’interrogatoire et en bonne Nogami, elle avait joué de ses charmes mais aussi de sa grande gueule… ce qui lui avait valu de rater son interrogatoire, le suspect se repliant sur lui-même.  

 

Elle se rappela sa colère quand il lui avait dit qu’elle avait beau être intelligente et douée, elle manquait de finesse pour faire un excellent policier. Elle était juste bonne. Juste bonne… quel affront pour elle alors ! Elle avait tourné les talons et était partie de là, vexée. Néanmoins, à tête reposée, elle avait eu le temps d’y réfléchir et de comprendre son point de vue. Les mois de collaboration qui suivirent changèrent progressivement son point de vue sur l’homme et des liens étroits se tissèrent, des liens qui auraient pu se concrétiser si elle n’avait pas laissé son attirance pour Ryo la distraire de son problème plus profond : sa peur de l’engagement.  

 

Engagement.  

 

Finalement, cela avait pris une forme différente qui s’était affirmée après la mort d’Hide. Sa disparition avait resserré et redéfini certains liens. Elle manipulait Ryo pour arriver à ses fins, ou se plaisait à le croire car il n’était pas si manipulable que cela, surtout depuis que Kaori était entrée dans l’équation, et, en retour, il lui demandait des petits services. Elle savait qu’elle jouait un jeu dangereux, un jeu qui pouvait lui coûter sa place, voire l’envoyer rejoindre quelques-uns des malfrats qu’elle avait arrêtés derrière les barreaux. Elle ne s’en fichait pas mais le jeu en valait la chandelle. En quelques années, ils avaient permis de rendre beaucoup plus sûre la ville et, ça, Hide aurait apprécié. Son engagement était tourné vers la justice, la quête de son amour défunt.  

 

Il était également tourné vers ses deux familles de cœur et de sang. Elle savait que, si son père apprenait un jour les libertés qu’elle avait prises avec la loi, il serait extrêmement déçu mais elle savait aussi que toutes les personnes qui avaient intégré son entourage ces dernières années feraient tout pour elle comme elle ferait tout pour eux, même si les apparences pouvaient paraître trompeuses. Elle devait les protéger toutes les deux, d’autant plus aujourd’hui avec le danger qui rôdait. Les voies légales ne viendraient pas à bout de ce monstre tentaculaire. Au nom de ses deux familles, elle ferait tout ce qu’elle pourrait, quitte à en perdre son job.  

 

Réalisme.  

 

Kaori n’était pas du genre défaitiste. Elle était plutôt enjouée, optimiste. Elle avouait cependant que la situation dans laquelle ils étaient était certainement la plus déstabilisante qu’ils aient affrontée jusque-là. L’ennemi louvoyait autour d’eux sans vraiment les attaquer. Il s’en prenait aux plus faibles, mettait le feu à la ville en relançant la guerre des clans. Il semblait tellement énorme qu’elle se demandait comment ils s’en sortiraient et, pour la première fois depuis sa collaboration avec Ryo, elle se demandait même s’ils réussiraient à le vaincre. Elle avait confiance en lui mais elle ne voulait pas se montrer aveugle non plus. Elle devait être réaliste et envisager que ce serait peut-être leur dernière mission.  

 

Elle regarda par la fenêtre et vit la mini arriver. Elle devait admettre que l’attitude de Ryo la confortait dans ses pensées. Il ne bougeait que dans les grands moments, ceux où tout pouvait basculer. Elle n’était pas grand clerc mais elle savait que c’était un de ces moments et l’ampleur des gestes, leur fréquence… Elle réprima la boule d’angoisse qui obstruait sa trachée. Elle ne voulait pas envisager que c’était la fin. Elle avait besoin de temps, d’encore plus de temps avec lui. Elle entendit la porte se refermer et sentit sa présence derrière elle peu après.  

 

Espoir.  

 

Deux bras l’entourèrent. Il lui chuchota quelques mots d’encouragement à l’oreille comme s’il avait senti son mal-être et elle retrouva le sourire. Encore une de ces histoires où il ne pouvait laisser autant de miss Mokkori sans leur étalon, une façon de lui dire qu’il n’était pas prêt de passer l’arme à gauche, qu’ils allaient vaincre encore une fois. Le mot idiot franchit ses lèvres suivi d’une phrase murmurée d’un ton grave amusé lui indiquant qu’il préférait la tenir dans ses bras plutôt qu’embrasser la massue qui s’était matérialisée dans ses mains. Ledit objet disparut d’un coup d’un seul.  

 

Elle osa se retourner dans ses bras malgré sa timidité manifeste à la rougeur de ses joues. Elle plongea dans son regard et il ne se défila pas, s’apaisant à son contact. Elle avait ce pouvoir-là. Un « tu penses qu’un jour tu m’embrasseras en vrai ? » sortit de sa bouche spontanément, les surprenant tous deux. Après quelques secondes, il sourit et l’embrassa sur le front. C’était loin d’être un vrai baiser, lui fit-elle remarquer. C’était le mieux qu’il pouvait faire… pour le moment, répliqua-t-il. L’espoir était permis…, rétorqua-t-elle alors… Il ne nia pas. 

 


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