Hojo Fan City

 

 

 

Data File

Rated G - Prose

 

Author: Mercury80

Status: Completed

Series: City Hunter

 

Total: 40 chapters

Published: 08-08-20

Last update: 16-09-20

 

Comments: 67 reviews

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GeneralAction

 

Summary: Une nouvelle menace, une nouvelle mission, une nouvelle ère pour City Hunter?

 

Disclaimer: Les personnages de "Bring on the night" sont la propriété exclusive de Tsukasa Hojo.

 

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What does HFC mean?

 

It's the name of the web site. HFC = Hojo Fan City.

 

 

   Fanfiction :: Bring on the night

 

Chapter 26 :: chapitre 26

Published: 02-09-20 - Last update: 02-09-20

Comments: Bonjour, voici la suite de l'histoire. Tout doucement les CH avance dans le démembrement de la bête. Prochaine étape? Bonne lecture et merci pour vos commentaires^^

 


Chapter: 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24 25 26 27 28 29 30 31 32 33 34 35 36 37 38 39 40


 

Chapitre 26  

 

Assise près de l’épicerie, une casquette vissée sur la tête, Kaori mendiait… comme tous les jours depuis quatre jours. Elle s’était recroquevillée au maximum pour échapper à la pluie qui tombait sans arrêt depuis le matin. Elle était trempée, elle avait froid et elle en avait marre de cette position. Elle rêvait de se lever et de s’en aller mais elle ne pouvait pas. C’était le quartier idéal, celui où plusieurs femmes sans domicile avaient été enlevées et elle jouait les appâts. Ils avaient appris que c’était la Mante Verte qui était de nouveau derrière ces enlèvements. Ils avaient fait en sorte que les bunnies du Kabuki Co soient hors d’atteinte tout comme les prostituées. Toutes étaient étroitement surveillées par les clans qu’elles en fassent partie ou non. Pour le coup, une réelle coopération s’était établie pour rendre la tâche compliquée à celle qui voulait vampiriser toutes les activités illégales de Tokyo.  

 

Ils avaient fait en sorte qu’il n’y ait plus qu’une solution facile pour eux, les sans domiciles. L’autre solution qui attirerait beaucoup plus l’attention, c’était l’enlèvement de passantes. Ils y viendraient certainement mais, pour le moment, ils avaient choisi la facilité et, pour les City Hunter, il était hors de question de leur laisser le temps d’en arriver à l’autre phase, d’où ce plan qui déplaisait à Ryo mais pour lequel il n’avait trouvé aucune autre alternative. Il se trouvait ainsi depuis quatre jours à veiller sa partenaire de loin, prêt à bondir sur la moto qu’il avait réussi à récupérer dans son garage malgré la surveillance qui continuait. C’était fou ce qu’un décolleté et une paire de jambes dénudées pouvaient faire comme effet. Kaori en avait été la première surprise apparemment.  

 

- Merci, Monsieur., répondit Kaori à l’homme qui venait de lui laisser une pièce.  

 

Elle n’aimait pas cette situation. Elle n’avait jamais pensé qu’un jour elle en arriverait là. Elle entendait certaines personnes avoir des commentaires désagréables, d’autres apitoyés, d’autres faire comme si elle n’existait même pas… Elle n’arrivait pas à imaginer ce que ça devait être au quotidien pour ces hommes et femmes que la vie n’avait pas épargnés. Dire bonjour ce n’était pourtant pas grand-chose, ça ne coûtait même rien et, pourtant, depuis les quelques jours où elle était là, chaque bonjour qu’elle avait entendu lui avait donné le sourire, tellement ils étaient rares.  

 

- Tu es surveillée., lui fit savoir Ryo en entrant dans l’épicerie et lui jetant une pièce négligemment.  

- Merci Monsieur., répondit-elle, levant un pouce discrètement, signe qu’elle l’avait senti également.  

 

Depuis quelques heures maintenant, cet homme la surveillait attentivement. Comme pour lui confirmer ses pensées, lui faire comprendre qu’il était sur la bonne marchandise – elle grimaça rien qu’en ayant cette pensée -, elle retira sa casquette et passa une main dans ses cheveux. Il pouvait ainsi voir son visage aux traits fins, ses cheveux coupés courts certes mais qui ne gâchaient en rien sa féminité. Cela fait, elle remit sa casquette en maugréant contre la pluie et attendit de nouveau patiemment, voyant les chaussures de Ryo passer dans son champ de vision et s’éloigner. Elle soupira : elle aurait tant aimé se lever et le suivre, pouvoir retrouver le confort et la sécurité de ses bras pour dormir plutôt que la froideur de son carton, croiser son regard et se sentir aimée, rassurée.  

 

Le soir tombant, elle se releva et s’éloigna de l’épicerie, gagnant l’ombre d’une ruelle non loin. Elle savait que Ryo se déplaçait en même temps qu’elle et qu’il serait non loin lorsqu’elle fermerait les yeux. Il l’avait déjà démontré deux nuits auparavant lorsqu’un petit voyou avait tenté de prendre place sous son carton avec des pensées peu honnêtes. Elle frémit à l’horreur de ce qui aurait pu arriver. Il avait surgi de nul part et délogé l’indésirable, lui faisant comprendre de ne plus remettre les pieds dans le quartier. Il avait détalé sans demander son reste.  

 

Arrivé dans son coin, elle changea sa veste pour une sèche qu’elle avait planquée soigneusement dans un sac, appréciant de retrouver un peu de chaleur et se glissa dans un vieux sac de couchage sur lequel elle glissa plusieurs cartons. Ca la protégerait un peu. Elle entendit son ventre émettre un horrible gargouillis tellement elle avait faim et grogna de dépit. Elle se tassa sur elle-même et ferma les yeux, pensant à des choses agréables. Elle se laissa aller, regagnant mentalement l’appartement. Elle s’imagina cuisinant, chantonnant gaiement en faisant bouillir de l’eau, éminçant des légumes, faisant revenir la viande. Elle déposait tout un assortiment de plats sur la grande table du séjour et Ryo et elle s’attablaient et se régalaient de plats chauds et savoureux, composés de produits frais, de choses qu’ils aimaient. Ils discutaient de tout et de rien, profitant de ce moment passé à deux.  

 

- J’espère que tu rêves de moi., entendit-elle soudain.  

 

Elle sursauta, sentant sa main se poser sur sa bouche, étouffant le cri de surprise qu’elle lâcha. Elle ouvrit les yeux et croisa le regard de son partenaire, s’apaisant de suite.  

 

- Pardon, je ne voulais pas te faire peur., s’excusa-t-il, enlevant sa main.  

- Je ne m’attendais pas à te voir. On avait dit silence radio., se défendit-elle, les battements de son cœur ne ralentissant pas mais pour une toute autre raison.  

- Oui, c’est vrai…, admit-il.  

 

Il détourna les yeux un instant. Il avait agi par impulsion. La savoir non loin mais sans pouvoir l’approcher depuis quatre jours était une torture et il avait eu besoin de l’entendre, de sentir sa présence juste un moment.  

 

- Tu avais quelque chose à me dire ?, lui demanda-t-elle, sa présence lui faisant du bien.  

- Oui, bien évidemment., répliqua-t-il, cherchant ce qu’il pouvait bien lui dire.  

- Il a beaucoup plu aujourd’hui., déclara-t-il, se frappant mentalement.  

 

Elle tomba à la renverse brusquement et se redressa quelques instants plus tard.  

 

- Oui… et en quoi ça concerne notre affaire ?, l’interrogea-t-elle,  

- Euh en rien en fait. C’était juste pour faire la conversation., répondit-il, prenant un air idiot.  

 

Et il se sentait effectivement idiot d’avoir cédé à une pulsion soudaine, lui qui d’habitude était maître de son corps et de ses pensées… sauf en ce qui la concernait…  

 

Kaori le regarda attentivement, levant un sourcil en attendant qu’il se décide à parler, puis un sourire se dessina sur ses lèvres.  

 

- Tu me manques., murmura-t-elle, posant une main sur sa joue.  

 

Il aurait dû se douter qu’elle comprendrait. Ca faisait un moment qu’il était transparent à ses yeux. Il ne pouvait rien lui cacher… et il n’en avait même plus vraiment envie.  

 

- Moi aussi, je me fais cet effet-là…, répliqua-t-il avec un sourire moqueur.  

- Idiot…, chuchota-t-elle, le regard pétillant.  

- Tu me prendrais dans tes bras quelques minutes ?, l’interrogea-t-elle.  

- J’suis pas sûr. Ca fait quand même quatre jours que tu ne t’es pas lavée ni changée…, lui opposa-t-il, faisant une grimace de dégoût.  

- Et moi alors ? Tu crois que tu sens la rose quand je te ramasse dans les poubelles ivre mort ?, lui reprocha-t-elle, vexée.  

 

Elle sentit deux bras l’entourer et les soubresauts de son torse alors qu’il riait silencieusement. Elle se détendit et se laissa aller contre lui un moment. Ils profitèrent de ces quelques minutes volées à l’action, quelques minutes précieuses qui renforçaient leur envie de se battre et de vaincre l’insecte.  

 

- Tu sais quoi ?, murmura-t-il à son oreille.  

 

Elle leva les yeux vers lui, interrogative.  

 

- Quand on rentrera, on prendra un bain, un bain chaud avec plein de mousse… tous les deux. On s’y prélassera ensemble pour chasser tout ce froid qui nous a entourés. Tu pourras même y mettre toutes les huiles parfumées que tu voudras. Ca ne me déplairait pas d’avoir ton odeur collée sur moi., lui chuchota-t-il.  

- Moi, ce n’est pas que ton odeur que je voudrais collée sur moi., lui répondit-elle sans aucune honte.  

 

Elle le fixa intensément et s’approcha de lui. Il sentit son cœur accélérer en pensant à ses jolies lèvres pulpeuses qui allaient bientôt frôler les siennes, leurs bouches qui allaient se rencontrer, leurs souffles se mêler puis leurs langues. Ils allaient ouvrir la boîte de Pandore et il s’en foutait. Il en avait envie et ils avaient été plus que patients.  

 

Kaori glissa les doigts dans ses cheveux et se demandait comment elle arrivait encore à respirer alors que son cœur semblait battre tellement vite et prendre le pas sur tout le reste. Soudain, une voiture passa dans la rue principale, faisant claquer une plaque d’égout, ce qui les ramena à la réalité. Se rendant compte de ce qu’elle s’apprêtait à faire, de ce qu’elle avait dit, elle se mit à rougir et baissa les yeux, posant son front sur le torse de Ryo.  

 

- Désolée, je ne sais pas pourquoi j’ai fait ça., murmura-t-elle.  

- Moi, je le sais parce que j’en avais envie aussi., lui dit-il, glissant à son tour les doigts dans ses cheveux.  

- C’est parfois dur d’être patient., soupira-t-il.  

- Le moment venu, ça n’en sera que meilleur, non ? Comme pour les cadeaux de Noël., suggéra-t-elle.  

- Certainement. Je vais te laisser. J’ai assez tenté le diable pour ce soir., lui dit-il.  

 

Elle s’écarta à contrecoeur et releva le visage, lui offrant un sourire chaud et courageux. Il n’avait pas besoin de ses regrets. Ils en avaient déjà assez avec la Mante Verte, leurs amis au loin ou prisonnier sous leur propre toit, leur ville en danger. Avec un léger sourire, il saisit son menton entre deux doigts, fixa ses lèvres et, après un léger soupir, posa les lèvres sur son front.  

 

- Bientôt., lui promit-il.  

- Je sais., murmura-t-elle.  

 

Il lui sourit, caressa ses lèvres du pouce puis, se forçant, se leva et s’éloigna. Elle le vit disparaître derrière un container à poubelles et se recoucha en soupirant. Elle eut du mal à s’endormir mais ses rêves furent peuplés de regards gris nuit et de baisers ardents. Quand elle se réveilla le lendemain matin, elle se sentit toute chose, les joues rouges et affichait un sourire béat. Est-ce que ce serait aussi bien dans la réalité ? Est-ce qu’elle se sentirait transportée comme dans ses rêves ? Elle se mit à rire, d’un rire léger et joyeux comme elle n’en avait pas eu depuis un petit moment maintenant.  

 

La réalité se rappela cependant brusquement à elle quand deux clochards vinrent dans la ruelle et commencèrent à se disputer puis se battre. Elle se leva, anxieuse, ramassa ses affaires qu’elle planqua discrètement puis fila à l’anglaise, s’éloignant du danger immédiat. Elle déboucha sur la rue et se dirigea vers la gare, un sac à dos sur l’épaule. Se mêlant à la foule, elle pénétra dans les toilettes publics, vides à son plus grand soulagement, et fit un brin de toilette. Ce n’était pas terrible mais c’était mieux que rien. Quand elle ressortit de là une dizaine de minutes plus tard, elle repartit vers l’épicerie et prit son poste. Elle ne mit pas longtemps à trouver l’homme qui la surveillait mais ne le fixa pas. Il ne devait pas avoir l’impression d’avoir été repéré.  

 

Deux heures passèrent normalement avec toujours cette même impression d’être une petite fourmi invisible. Au moins, ce jour-là, il ne pleuvait pas, se réjouit-elle. Soudain, deux chaussures noires firent leur apparition dans son champ de vision. Kaori les ignora.  

 

- Vous me cachez le soleil., grogna-t-elle.  

 

Seul un léger rire lui répondit et elle releva les yeux, mettant sa main pour atténuer l’éblouissement.  

 

- Désolé de gâcher ce moment de chaleur sous un soleil de fin février., ironisa-t-il.  

- Puis-je vous offrir un café pour me faire excuser de ma grossièreté ?, lui proposa-t-il.  

- Pourquoi vous offririez un café à une pauvre SDF sale et rebutante ?, répliqua-t-elle, notant son accent étranger.  

- Ca doit être mon côté Frenchy…, plaisanta-t-il, s’accroupissant pour être à sa hauteur.  

 

Malgré le choc de voir Antoine Marchand face à elle alors qu’elle ne l’avait vu qu’en photo, Kaori se contenta de lever un sourcil, semblant blasée.  

 

- La galanterie et le savoir-vivre, tout ça, tout ça…, insista-t-il.  

- Allez, dites oui. Sinon ce sera la première fois qu’une femme décline une de mes invitations. Juste un café., plaida-t-il.  

- Juste un café ? Pas intéressée…, fit-elle en haussant les épaules.  

- Une part de gâteau ?, répondit-il, un sourire aux lèvres.  

- D’accord., finit-elle par concéder.  

 

Elle ramassa ses affaires et se leva, étirant sa longue silhouette sous les yeux du français. Sans en avoir l’air, il détailla la jeune femme et apprécia. Ce serait une bonne recrue, se dit-il.  

 

De loin, Ryo le regarda faire. Il avait été étonné de voir Marchand en personne venir accoster Kaori mais ça pouvait être une tactique pour pousser les filles à le suivre sans poser de souci. Il connaissait ce regard de prédateur. Il évaluait les possibilités de sa proie. Marchand emmena Kaori dans un café non loin. Bien que la connaissant, le gérant ne dit rien et se contenta de les servir. En souriant, il vit sa partenaire se jeter sur sa part de gâteau. Elle devait mourir de faim, la pauvre. Elle n’avait pas voulu qu’il lui ramène de quoi manger à tous les repas de peur de se faire pincer ou de ne pas réussir à tromper son monde. Il lui laissait en général un paquet non loin le matin et c’était tout et, ce matin, il n’avait pas pu à cause des deux imbéciles qui étaient venus se battre dans sa ruelle. Alors il la regardait manger… s’empiffrer serait plus juste, pensa-t-il amusé, sous le regard calculateur de l’homme.  

 

- Encore une part de gâteau ?, demanda Marchand, indulgent.  

 

Kaori avala le dernier morceau et se mit à rougir. Elle avait mangé comme un ogre, affamée comme elle était. Elle n’était pas un modèle en terme de grâce et de délicatesse.  

 

- Non… Non merci. Je suis désolée. Je me suis montrée grossière. Vous devez être dégoûté., s’excusa-t-elle, s’essuyant la bouche avec une serviette en papier.  

 

Elle sentit le regard de Marchand sur elle et fit comme si de rien n’était.  

 

- Non, je peux comprendre que vous ayez faim alors que vous vivez dans la rue. Vous ne devez pas manger comme vous en avez besoin., écarta-t-il poliment.  

- Un autre thé peut-être ?, lui proposa-t-il.  

- Oui, s’il vous plaît. Ca fait du bien., accepta-t-elle, ouvrant sa veste et écartant les pans.  

 

Elle s’était enfin un peu réchauffée et en profita. Ce fut sans surprise que Marchand la détailla un peu plus sans en avoir l’air.  

 

- Comment vous appelez-vous ?, lui demanda-t-il.  

- Naori. Et vous ?, répondit-elle par politesse.  

- Antoine. Vous avez de très jolis yeux, Naori., la complimenta-t-il.  

- Merci, Antoine., balbutia-t-elle.  

- Comment vous en êtes arrivée à vivre dans la rue ?, l’interrogea-t-il.  

- Une histoire banale. Je suis arrivée ici avec mon fiancé. On vivait ensemble. Il travaillait, j’étudiais. Il a rencontré une jolie fille qui lui plaisait et il m’a jetée à la rue sans rien et voilà…, murmura-t-elle, entourant la tasse de ses mains.  

- Je peux vous offrir une nouvelle vie., lui proposa le français.  

 

Kaori le regarda, surprise, enfin pas vraiment. Elle s’attendait à se faire enlever brutalement mais il était plus subtil. Pourquoi ? Eviter les cris ? S’assurer d’une certaine obéissance, gratitude ? Elle ne savait pas trop et c’était un peu déstabilisant. Elle ne savait pas si elle devait accepter ou non.  

 

- Comment ?, l’interrogea-t-elle.  

- Je cherche des mannequins et des hôtesses pour de l’événementiel., lui expliqua-t-il.  

- Je… C’est très gentil à vous mais non. Je n’aime pas la charité., lui répondit-elle assez durement.  

- Ce n’est pas de la charité, Naori. Juste… un échange de bon procédé. Ca me donnera l’occasion de vous connaître. Vous êtes ravissante…, la cajola-t-il, prenant sa main.  

- Je suis sale et je pue., rétorqua-t-elle, retirant sa main.  

- Je vous remercie de votre générosité mais je ne veux pas jouer les morceaux de viande pour des regards dégradants. Je suis peut-être à la rue mais j’ai encore ma fierté., ajouta-t-elle.  

 

Elle se leva, furieuse, referma sa veste et sortit du café au pas de charge. Marchand la regarda partir, un peu contrarié mais en même temps intéressé. Un élément un peu sauvage ne serait pas superflu dans son panier. Certains clients appréciaient le répondant et surtout le plaisir de dompter une tigresse, de la soumettre dans les cris et la douleur. Ils ne cracheraient pas non plus sur le joli morceau qu’il leur offrirait parce que la demoiselle était mignonne et drôlement bien foutue. Satisfait de cette entrevue même si elle ne se finissait pas forcément comme il l’aurait voulu, il paya leurs consommations et sortit de là. Il s’arrêta au coin d’une ruelle.  

 

- Vous ne la quittez pas des yeux. Ce soir., dit-il à l’homme en noir qui surveillait Kaori avant de s’en aller.  

- Bien, Monsieur., acquiesça son subordonné.  

 

Ryo fut tenté de suivre Marchand, de le coincer dans une ruelle sombre et de lui tirer les vers du nez. Il résista cependant. Il ne pouvait pas la quitter, la laisser seule au risque qu’elle soit enlevée et qu’il n’arrive pas à temps pour lui épargner une épreuve douloureuse et ça, il ne pouvait se le permettre. Ils en avaient déjà assez bavé. Il resta donc en planque et suivit l’homme en noir qui suivait Kaori quand elle quitta sa place près de l’épicerie. Il resta à distance quand il s’arrêta dans la ruelle en face de la sienne. C’était le grand soir. Il sentit la tension monter et laissa le professionnel prendre le dessus. Le calme se fit et il attendit, patiemment, à l’affût, prêt à courir jusqu’à sa moto et l’enfourcher pour la suivre.  

 

Comme depuis cinq jours maintenant, Kaori sortit son sac de couchage, l’étala par terre et s’engouffra dedans. Elle savait que l’homme l’avait suivie et, elle ne savait pourquoi, elle avait senti la tension monter après son départ du café. Ils allaient passer à l’action vite, très vite… Elle continua à jouer le jeu et remonta les cartons sur elle. Elle soupira en sentant les premières gouttes de pluie tomber, se renfonçant un peu plus dans le sac. Ce serait au moins un avantage s’ils l’enlevaient : elle aurait un toit au dessus de sa tête, pensa-t-elle nerveusement. Elle ferma les yeux et resta ainsi même sans dormir pendant longtemps. Elle entendit vaguement quelqu’un dire qu’il était minuit et le temps passa encore. Elle finit par tomber d’épuisement et s’endormit.  

 

Il était près de deux heures du matin lorsque Ryo vit arriver une voiture qui s’arrêta à l’entrée de la ruelle de Kaori, éteignant le moteur peu avant et se laissant glisser. Deux hommes en sortirent et l’homme qui surveillait les rejoignit. Ils entrèrent tous trois dans la voie et Ryo enfila son casque avant de rapprocher la moto de l’entrée de la ruelle où il était.  

 

- Non, laissez-moi !, entendit-il crier.  

 

Il dut lutter pour ne pas se précipiter à son secours. C’était dur de la laisser faire mais c’était nécessaire et il était là.  

 

- Lâchez…, entendit-il encore, la voix diminuant de volume.  

 

Elle devait être inconsciente. Il se risqua à jeter un œil et vit deux hommes transporter sa partenaire et la mettre sur le siège arrière de la voiture, visiblement endormie. Les trois hommes grimpèrent et le véhicule s’éloigna rapidement. Ryo brancha le récepteur installé sur sa moto et se mit en route quand ils bifurquèrent. Il roulait tous feux éteints profitant de l’obscurité relative pour ne pas être aperçu. Ils roulèrent pendant plus d’une demi-heure, faisant plusieurs détours pour s’assurer de ne pas être suivis, accélérant, ralentissant. Le nettoyeur se laissa distancé par moments, les rattrapant à d’autres, suivant le signal.. enfin, les signaux.  

 

Ils arrivèrent face à un immeuble de cinq étages. Ryo remarqua que, malgré l’heure tardive, la plupart des fenêtres des premier au troisième étages étaient faiblement illuminées.  

 

- Un bordel…, murmura-t-il.  

 

Ils ne se contentaient pas de mettre les filles dans la rue. Ils les prostituaient dans cette bâtisse, les servaient en pâture à des hommes, à ces hommes qui allaient et venaient sur le parking sans crainte.  

 

- Le temps de l’insouciance est fini, messieurs. Allez-y rentrer, faites-vous plaisir., les incita-t-il sombrement.  

 

Il vit les trois hommes se garer sur le côté et sortir Kaori de la voiture, l’emmenant dans le bâtiment. Elle était encore inconsciente mais elle ne tarderait pas à se réveiller. Il descendit de sa moto, souleva le siège pour récupérer un sac avant de se diriger vers le bâtiment.  

 

Kaori revint à elle avec un léger mal de crâne, la bouche pâteuse et groggy. Elle mit quelques secondes à se rappeler ce qui s’était passé. Elle avait été surprise dans son sommeil par deux hommes qui l’avaient clouée au sol. Elle n’avait rien pu faire contre le troisième quand il avait sorti un mouchoir sur lequel il avait versé du chloroforme, en déduisit-elle en sentant l’odeur contre son nez. Elle avait crié et s’était débattue mais le sac de couchage et les deux hommes sur elle entravaient ses mouvements. Elle avait senti l’inconscience venir, son esprit s’embrouiller, la sensation de suffoquer… Elle avait juste été sûre d’une chose : Ryo était là.  

 

Elle ouvrit les yeux et se rendit compte qu’elle était dans une grande pièce sombre. Elle tourna la tête vers les fenêtres et vit les grilles qui étaient scellées. Elle s’appuya sur les mains et se redressa, observant les alentours. Ses yeux s’écarquillèrent de surprise. 

 


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