Hojo Fan City

 

 

 

Data File

Rated PG-13 - Prose

 

Author: Tamia62

Status: Completed

Series: City Hunter

 

Total: 39 chapters

Published: 05-06-04

Last update: 25-08-04

 

Comments: 176 reviews

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ActionRomance

 

Summary: J'ai planté le décor dans le prologue. Il faut le lire pour décider si ça vaut le coup de me lire...

 

Disclaimer: Les personnages de "Aussi pur que le crystal" sont la propriété exclusive de Tsukasa Hojo.

 

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   Fanfiction :: Aussi pur que le crystal...

 

Chapter 38 :: Rage, Haine et Destruction...

Published: 25-08-04 - Last update: 25-08-04

Comments: Voilà l'avant dernier chapitre. Un de ceux que vous attendiez impatiemment, je le sais. J'espère que vous en serez comblés d'autant que j'ai décidé de poster aussi le dernier chapitre ! Ce chapitre est assez dur. Et je ne sais pas si je suis parvenue à bien restitué les sentiments de chacun. J'espère que ce sera bien. Bonne lecture

 


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Reika avait finalement réussi à coincer Ryô dans un coin et tapait furieusement dessus. Les clients du Cat’s, après le premier moment de surprise, s’étaient également mis à rire ce qui n’avait vraiment pas plus à notre brave inspectrice qui se trouvait toujours dans un état de honte avancée ! Elle n’aurait jamais imaginé qu’il lui jouerait un tour pareil ! Elle avait du le mettre dans un sacré embarras pour qu’il se venge ainsi ! Elle voulait savoir pourquoi il avait fait ça alors, elle lui demanda à l’oreille :  

« _Pourquoi tu m’as joué un tour pareil ?  

_A cause de toi, Kaori a reçu les revues sur les pieds le jour même où je me suis installé chez elle ! Imagine un peu la réaction qu’elle a eu ! C’était très humiliant pour moi Reika ! Donnant donnant ! Nous sommes quittes aujourd’hui !  

_D’accord ! Pour cette fois !… »  

Et elle le lâcha.  

 

Kaori ne savait plus quoi penser. Elle se sentait bête d’être là parmi eux. Elle buvait la limonade que Miki lui avait servie mais le cœur n’y était pas. Elle se sentait affreusement seule ce soir. C’est à peine si Ryô s’occupait d’elle. Il était totalement différent de l’homme qui avait partagé sa vie durant un mois. Il venait d’ériger une barrière entre eux. Non, il ne fallait pas qu’il se referme sur lui. Mais comment faire pour voir en lui ?… Elle soupira.  

« _Qu’est-ce qui ne va pas, demanda Miki.  

_Rien, je suis fatiguée, je suppose. Quelques jours de repos et tout rentrera dans l’ordre. »  

Les autres riaient encore de la blague de Ryô.  

« _Ce n’est pas drôle, s’insurgea Reika.  

_Oh mais si c’est drôle, s’exclama Falcon, si réservé d’habitude. Dommage que je sois aveugle ! J’aurais bien voulu voir ta tête ! Quoique, la fureur que tu dégageais, je l’ai bien sentie ! Pas besoin de mes yeux pour ça ! Ah Ah Ah !!!! »  

Kaori en resta stupéfaite :  

« _Vous êtes aveugle, demanda t-elle à brûle-point ! Je n’avais pas remarqué ! C’est incroyable ! Comment faîtes-vous pour faire tout ce que vous faîtes ? Je peux vous demander comment c’est arrivé ? Enfin, si ce n’est pas trop indiscret… »  

 

Un silence de mort s’abattit dans l’enceinte du café et tous les regards se posèrent sur Kaori qui devint toute rouge face à toutes ces mines blêmes. Mais qu’avait-elle dit de bizarre ? Pourquoi la regardaient-ils tous comme ça ? Les visages de l’assemblée s’étaient fermés. Hideyuki fixait sa sœur, paniqué. Falcon avait une expression des plus lointaine. Elle fit face à Ryô qui semblait passionné par la contemplation de son café.  

« _Je suis désolée, je ne voulais pas briser l’ambiance… Mais, cessez de me regarder ainsi, s’il vous plait, ça me met vraiment mal à l’aise… »  

Elle regardait toujours Ryô. Mais comme il ne semblait pas décidé à la regarder, elle se tourna vers l’éléphant.  

Pour faire une tête pareille, il avait du perdre la vue sur un champ de bataille ou quelque chose de ce genre-là. Elle voulait juste mieux les connaître, elle ne voulait pas briser leur intimité. C’est alors qu’elle vit Umi glisser « un regard » vers Ryô. Pourquoi ?  

« _J’ai besoin d’une réponse. Votre réaction à tous me fait craindre le pire. Je ne voulais pas mais… Expliquez-moi Falcon.  

_Il n’y a rien à expliquer, intervint Hide. C’est le passé tout ça. Il vaut mieux éviter de rouvrir de vieilles blessures ! Tu n’as pas été très fine sur ce coup là !  

_Au contraire ! Je vois très bien que la cécité de Falcon ne le gêne pas ! La preuve : je ne m’étais même pas rendue compte qu’il était aveugle avant ce soir ! Je ne vois pas ce qu’il y a de bizarre à vouloir apprendre à vous connaître ? A moins que vous ne vouliez pas que je devienne véritablement votre amie. Je ne veux pas être seulement tolérée, je veux faire partie de votre groupe. Maintenant que je vous connais, je ne peux pas faire l’impasse sur vous, c’est impossible. Alors, pourquoi tant de mystère ?… »  

Elle se tut. Falcon la regardait. Que devait-il faire ? Il savait que Ryô avait les mâchoires crispées, qu’il ne voulait pas qu’elle connaisse certaines parties de sa vie dont celle-ci. Il ne pouvait pas trahir son ami. Mais, d’un autre côté, il ne pourrait pas constamment se cacher. Umi savait parfaitement ce qu’il ressentait pour cette femme. Mais était-ce à lui de parler ?…  

 

Kaori attendait. Mais le silence était tellement lourd qu’elle doutait qu’il soit brisé. Cette bande de tueur était liée par de lourds secrets qu’ils ne souhaitaient pas partager. Ni avec elle ni avec personne d’autre. Elle avait naïvement cru que ce serait différent avec elle. Elle soupira et fit glisser une dernière fois ses yeux sur les personnes qui l’entouraient. Elle termina son tour d’horizon par Ryô qui gardait obstinément la tête penchée sur le comptoir. Il savait que s’il la regardait, il était perdu. Hideyuki ne savait pas quoi faire. Elle ignorait tant de chose à propos de Ryô… Elle se leva de son tabouret et amorça un mouvement pour sortir de l’établissement. C’est alors que la bouilloire électrique de Miki qui chauffait sur le plan de travail émis un son sourd puis explosa. Elle avait oublié de la débrancher…  

Ce son résonna en Kaori. Le temps se suspendit. Ses prunelles devinrent métalliques…  

 

Elle entendit une formidable explosion. C’était le chaos dehors ! On pouvait entendre les coups de feu. La bataille faisait rage plusieurs kilomètres au loin. Bientôt, ce serait à leur tour d’entrer en action. Umibozu avait tout prévu. Sa faction était prête pour le combat ! Rien ni personne ne pourrait jamais les arrêter. Pas cette fois ! Peu importe ce que ferait Kaibara ! Ca ne marcherait pas ! Kaori marchait dans le campement de Falcon et voyait tout ce qui avait été préparé pour la bataille finale. Elle n’en revenait pas de tout ce qu’elle voyait : il était visiblement un expert en pièges en tout genre… Mais pourquoi était-elle là ? C’était sans doute lors de cette bataille qu’il avait perdu la vue… Il faisait froid… cette nuit était glaciale. Comment faisaient-ils tous pour supporter cette atmosphère humide et poisseuse ?…  

 

Ryô s’était levé, le regard horrifié. Non, elle ne devait pas voir, elle ne devait pas savoir… Il n’avait pas fourni tous ces efforts pour qu’elle puisse voir à travers Falcon… Mais il ne pouvait rien faire… Il ne pouvait rien faire… Il ne s’apercevait même pas que Makimura l’observait, qu’il était désolé pour lui mais également désolé pour sa sœur. Parce qu’elle allait, une fois de plus, être témoin d’une incroyable violence, une violence telle qu’elle ne l’imaginait même pas…  

 

La nuit tomba rapidement. Il n’y avait plus de bruit. Pourtant, il savait qu’ils passeraient à l’attaque alors comment se faisait-il qu’il ne se passait rien ?… Ce n’était pas normal, quelque chose clochait… C’est alors qu’un hurlement déchira la nuit et la quiétude du campement. Tous les soldats furent immédiatement en état d’alerte. Mais qu’est-ce qu’il se passait ? Il n’y avait aucun coup de feu juste des cris de terreur. Et Umi perçut la présence d’un seul homme. Très vite, il ne fut plus que le seul survivant de sa faction. Il guettait pour avoir son ennemi. Mais ce dernier sortit de l’ombre et se jeta sur Falcon, couteau au poing, prêt à l’abattre sur son ennemi. Cet homme n’était pas un humain ! C’était une bête féroce guidait par l’appel du sang ! Umi croisa son regard : il était vide et inexpressif comme si toute vie avait déserté cet homme ! Et c’était cela en fait ! Il n’avait jamais vu qu’une seule chose être capable de mettre un homme dans un tel état : la poussière d’ange… Falcon se battait comme un diable mais il ne pouvait pas faire grand chose contre cette machine de guerre. Mais qui était ce type ?… Et un éclair de lune illumina quelques secondes le visage de son assaillant… Ryô, c’était Ryô… Enfin, quelqu’un qui ressemblait à Ryô mais qui était en même temps si différent… Un monstre rempli de rage, de haine et de destruction… Une seule chose comptait : anéantir cette faction…D’ailleurs, ils étaient tous morts… Il ne restait plus qu’à massacrer le grand chauve… L’éléphant devait mourir…Il s’ensuivit un corps à corps d’une telle violence… Mais Falcon ne pouvait pas avoir le dessus sur la poussière d’ange… C’était perdu d’avance. Plusieurs mauvais coups retentirent et Umi s’effondra, la vie s’échappait de lui. Un dernier coup sur le crâne, celui là même qui fut fatal à sa vue… Et Ryô s’en alla comme il était venu…  

 

Kaori se tenait debout grâce au bar. Non, elle n’arrivait pas à croire à ce qu’elle venait de voir… Elle qui avait cru voir le plus mauvais visage de Ryô lorsqu’il s’était acharné sur Alejandro, elle avait eu tort ! Elle venait de voir son pire visage… Ce n’était même plus un visage, il n’y avait rien dans ce visage : aucune expression, aucune vie, rien… Ryô, son Ryô était un drogué. Parce que même si on s’en sort, on demeure un drogué… Elle avait du mal à croire qu’il était un junky ! Il n’était pas du style à se jeter dans la drogue, il était bien trop fort pour ça… C’était un cauchemar. Et lui revint en mémoire une chose qu’il lui avait dite : « Je ne suis pas un homme à qui il faut s’intéresser… » Elle comprenait mieux à présent pourquoi il pensait cela… C’était lui qui avait rendu Falcon aveugle… Il était le responsable de la cécité de son ami… Mais au fait, comment se pouvait-il qu’ils soient amis ? Ils avaient été ennemis. Falcon était l’ennemi du père de Ryô… Pourtant, aujourd’hui ils sont amis ?…  

 

Elle leur fit face. Tour à tour elle posa ses yeux sur Falcon puis sur Ryô. Toute couleur avait déserté du visage de ce dernier. Il fixait Kaori. Il ne savait pas quoi dire ni quoi faire. Elle n’avait même pas vu que Saeko avait prié les clients de sortir du café. Une fois de plus, ils étaient déçus de ne pouvoir assister à la suite mais valait mieux pas discuter avec eux…  

 

« _Je ne comprends… Si… Si c’est lui qui vous a fait cela, pourquoi… Comment pouvez-vous être amis ?… Hideyuki, je… Je ne comprends rien…  

_Vous n’avez pas toutes les cartes en main pour comprendre, finit par dire Falcon. Vous n’avez vu qu’une partie de la vérité. L’histoire est bien plus longue et complexe…  

_Alors, expliquez-moi…  

_Non ! »  

Ce non avait claqué comme un coup de fouet. Ryô fit un pas dans la direction de son Ange.  

« _Je te l’ai dit Kaori. Je ne veux pas que tu te serves de tes capacités pour fouiller ma vie ! Je suis le seul à avoir le droit de te raconter ma vie. Ce qui s’est passé ne regarde que Falcon et moi ! Il n’y a rien d’autre que tu aies besoin de savoir ! »  

Ils s’affrontèrent. Ah non, il n’allait pas s’en tirer ainsi ! Elle n’en avait rien à faire qu’il ne veuille pas qu’elle fouille dans sa vie ! Elle allait le faire quand même !  

« _Ca te plait donc que je crois que tu es un junky, Ryô ? C’est cette image que tu veux que j’ai de toi ? »  

Un éclair de rage dansa dans ses yeux. C’est tout ce dont elle avait besoin pour se reconnecter à lui…  

 

Cette fois ci elle se trouvait dans le campement de Ryô. Elle voyait son père qui lui expliquait ses plans pour combattre l’ennemi. Kaibara était complètement fou ! Il voulait détruire ! Seul comptait pour lui de détruire. Pour pouvoir s’imposer sur le marché… Le marché de quoi ?… De la drogue… La faction de Ryô était trafiquante de drogue… Union Toepe…  

« _Vas te reposer mon fils ! Demain sera une longue journée pour nous tous mais surtout pour toi. Tu sais que mon plan repose en grande partie sur tes épaules.  

_Je sais père, je n’oublie pas…  

_Tiens, bois ça avant de te coucher. Ca te fera du bien.  

_Qu’est-ce que c’est ?  

_Un petit tonic… »  

Ryô le prit et le but d’une traite. Puis il se dirigea vers sa cabane. Mais il commença à se sentir mal. Ses pas se firent moins sûrs, il chancelait…Mais, qu’est-ce qui lui arrivait ?… Et il entendit le rire de son père. Pourquoi ? Que lui avait-il fait ?…Il tomba à genoux  

« _Tu seras un des premiers à goûter à la poussière d’ange… Toi que j’ai élevé comme mon propre fils, toi à qui j’ai tout appris… Tu seras le bras de ma victoire… A jamais tu n’obéiras qu’à moi… Je serai ton maître… »  

Et le rire résonna machiavélique.  

« _Pourquoi père, demanda péniblement Ryô, j’aurais fait n’importe quoi pour vous…  

_La poussière d’ange décuplera tes forces… »  

 

Ainsi, il ne s’était pas drogué délibérément. C’était son père, cette petite ordure qui avait osé lui faire subir ça… Comment un père pouvait-il se conduire de la sorte ?… Alors voilà pourquoi Falcon lui avait pardonné : parce qu’il n’était pas responsable. Non, c’était Kaibara… L’ordure… Il ne lui avait appris que la rage, la haine et la destruction…  

 

Ryô était furieux.  

« _J’en ai assez ! Tu ne peux pas faire constamment ce que tu fais ! Je m’en vais ! On se voit plus tard Maki, j’aurais à te parler ! »  

Et il quitta le bar devant une Kaori toute retournée par ses visions. Mais au fait, qu’avait dit Kaibara ? Qu’il l’avait élevé comme un fils ? Comme… Alors, ce n’était pas vraiment son père ?…  

 

Elle s’élança à la poursuite de C.H  

« _Attends Ryô !… »  

 

Hideyuki, dans un sursaut protecteur tenta de l’empêcher de partir mais Mick stoppa son geste.  

« _Non, il faut que tu les laisses s’expliquer, Maki.  

_Mick…  

_Laisses-les… Ils en ont besoin, tous les deux… Peu importe ce qui se passera ensuite… »  

 

Dix secondes à peine s’étaient écoulées mais il avait déjà disparu. Il ne pouvait pas s’être volatilisé ! Il était très fort, mais tout de même ! Non, cela signifiait qu’il ne devait pas habiter loin. Elle observa les alentours et ses pas la dirigèrent vers la droite. Elle marcha 5 petites minutes puis stoppa devant un immeuble en briques. C’était cet immeuble ! Elle le savait ! Comment, elle l’ignorait mais c’était son immeuble. Elle y pénétra. Tout était calme. Trop calme comme si personne ne vivait là. Elle commença à gravir l’escalier. Elle arriva au dernier étage. C’était son appartement. Elle ne partirait pas d’ici tant qu’elle ne saurait pas tout ce qu’il y avait à savoir de lui ! Elle en avait besoin. Il était entré dans sa vie comme un boulet de canon. Elle ne pouvait plus faire sans lui. Il occupait toutes ses pensées. Elle se sentait tellement étrange près de lui. Tellement bien… Quoique, pour le moment, elle ne sentait que ce malaise grandissant. Il fallait crever l’abcès. Elle poussa doucement la porte…  

 

Il regardait par la fenêtre, les mains dans les poches comme il le faisait souvent. Il semblait totalement ailleurs. Etait-ce possible qu’il ne l’ai pas entendu arriver ?… C’était peu probable. Soudain, elle le vit se redresser puis, ses épaules s’affaissèrent. Il soupira et ferma les yeux.  

« C’est pas vrai, pensa t-il… Quand va t-elle se décider à me laisser tranquille ?… Ne vois-tu pas à quel point cette situation me broie le cœur Kaori ?… Pars loin de moi tant qu’il est encore temps…. Oublies tout ce qui vient de se passer… C’est la meilleure chose à faire pour toi comme pour moi… »  

Mais il sentait bien qu’elle l’observait sans bouger, il savait bien qu’elle ne partirait pas avant d’avoir eu les réponses à ses questions. Mais il ne voulait pas répondre à ses questions ! Il ne voulait pas parler de lui ! Il ne voulait pas qu’elle fouille dans son cœur ! Elle n’en avait pas le droit ! Et il le lui avait déjà dit mais elle n’écoutait pas ! Et il ne pouvait pas la blâmer pour ça. Combien de fois, lui, avait-il outrepassé ses droits ?… Combien de fois n’avait-il tenu compte de rien à part de ses propres intérêts ?… Il inspira.  

« _Laisses-moi Kaori. Ne peux-tu pas comprendre que je ne désire pas partager mon histoire avec toi ? Tu sais tout ce que tu as à savoir de moi. Le reste ne compte pas.  

_Mais bien sûr que ça compte ! Tout ce qui te concerne est important ! Et c’est comme ça depuis le début entre nous. Oses me dire que je me trompe ? »  

Silence… Il ne pouvait pas, ce serait mentir.  

Il s’éloigna de sa fenêtre, s’installa sur le canapé et empoigna la télécommande. La jeune femme n’en revenait pas. Il l’ignorait ! Elle s’avança et se posta devant lui, le regard noir de sous-entendus et de reproches. Il se retrouva sur la chaîne info. Bien, il voulait la jouer ainsi ? D’accord, pas de problème ! Il avait peut-être des nerfs d’acier, mais elle aussi ! Ils y passeraient peut-être la semaine mais elle ne partirait pas sans avoir eu des réponses !  

La voix du présentateur s’éleva :  

« _Nous venons d’être informé d’une catastrophe aérienne. Un avion de la Japan air Lines vient de s’écraser quelque part au-dessus de la forêt équatoriale. Nous n’avons pas d’autres informations pour le moment… »  

Kaori n’avait pas quitté des yeux Ryô. Lorsqu’il avait entendu le présentateur parler de cet accident, son visage s’était fermé. Elle eut la soudaine impression qu’il venait d’entendre le diable parler… Et il commit l’erreur de lever son regard sur elle…  

 

Elle se trouvait dans un avion de taille moyenne : un jet. L’avion piquait du nez ! Il était en train de s’écraser. Les deux pilotes faisaient ce qu’ils pouvaient pour tenter de le redresser. A l’arrière, on pouvait voir un couple et un enfant, un petit garçon de 2 ou 3 ans. Il était agrippé aux épaules de celle qui semblait être sa mère et hurlait de peur. L’homme les tenait tous les deux par les épaules. Et l’avion chutait, chutait…Il n’y avait rien à faire. Cet appareil était destiné à s’écraser. Il y eu un fracas. La femme serra encore pus fort l’enfant contre son cœur. Les secousses se faisaient de plus en plus fortes, la cime des arbres frottait sur la carlingue de l’avion. L’avion se traînait dans la végétation dense. Et il y eut les cris de terreur, les passagers qui furent projetés, les flammes qui apparaissaient au niveau des moteurs qui glissaient sur le sol. L’avion laissait une coulée de monceaux métalliques derrière lui. Les hublots volèrent en éclats ainsi que la porte. Et une secousse plus forte fit lâcher prise à la mère qui tenta de rattraper son fils :  

« _Ethaniel, hurla t-elle. »  

Mais c’était trop tard. Le corps si léger de l’enfant avait été happé par le trou laissé béant de la porte. Le gamin roula d’un côté tandis que l’avion continuait sa glissade. Il stoppa alors sa course net et s’embrasa dans un gigantesque bruit assourdissant…  

L’enfant se redressa avec mal et, tout en pleurant, regardait le brasier…  

Il était seul au milieu de la forêt… C’est alors qu’apparut des hommes en treillis. Du premier coup d’œil ils comprirent. Et l’un d’eux repéra le bambin qui versait toutes les larmes de son corps. Il était amoché mais sa santé ne semblait pas compromise. L’homme s’approcha de lui.  

« _N’aies pas peur, je ne te ferais pas de mal… Viens, viens avec moi, tu ne peux pas rester là… »  

Le gamin se laissa faire, passa ses petits bras autour de son cou et se serra contre le soldat. Kaori reconnut ce soldat : c’était Kaibara avec quelques années de moins…  

Ils se retrouvèrent tous au campement.  

« _Que vas-tu faire de ce gosse ?  

_Que voulez-vous que j’en fasse ? Je vais l’élever bien sûr ! Nous ne pouvons pas l’abandonner dans l’amazone ! Dis-moi petit, comment t’appelles-tu ?… »  

Mais l’enfant ne répondait pas. Il était en état de choc. Peut-être même qu’il ne reparlerait jamais ?…  

« _Bien, dans ce cas, il va falloir te donner un nom… Voyons voir ?… Que dis-tu de Ryô ? C’est plutôt joli non ?  

_Eh, il lui faut aussi un nom de famille !  

_C’est vrai… Ryô… Ryô… Ryô Saeba ! Ca sonne bien non ? Adjugé pour Ryô Saeba… »  

Kaori voyait le visage de cet enfant innocent qui ne faisait pas partie de cet univers de guérilla et qui, pourtant, y était entré et était devenu l’un des meilleurs… Il avait échoué là-dedans tout à fait par hasard, parce que sa vie avait été épargnée lors du crash de son avion dans lequel il avait vu mourir ses parents… C’était trop cruel…  

 

Elle revint un instant dans le monde normal. Elle était blanche comme un linge. Elle plongea ses yeux bruns dans les yeux noirs de Ryô. Sa respiration était forte. Lui, il ne bougeait pas. Il ne voulait pas savoir ce qu’elle avait vu. Quelle importance ce qu’elle voyait ?…  

 

Et Kaori retomba dans son don de double vue qui ne voulait pas s’arrêter. Toute la vie de Ryô défilait devant ses yeux. Sa solitude, son manque d’amour et d’affection, ses entraînements trop difficiles pour un jeune garçon, son apprentissage de la guérilla, son apprentissage au maniement des armes, à l’art du combat. Et tous ces préceptes qu’on lui avait fourrés dans la tête : qu’il ne devait pas aimer, qu’il ne devait pas se laisser aimer, qu’il ne devait faire confiance à personne, qu’il ne devait compter que sur lui-même et sur les siens. Et encore, qu’il devait prendre garde aux autres car c’était la loi du plus fort dans la jungle ! Tous les soirs où il s’était senti si seul, où il se demandait s’il avait de la famille quelque part, toutes ces fois où il revoyait en cauchemar le crash de l’avion… Toutes ces nuits où, enfant, il se cachait pour pleurer, pour ne pas qu’on le voit s’épancher. Un homme, ça n’avait pas de chagrin ! Mon Dieu comme il se sentait seul…Seul à en crever… Pourquoi n’était-il pas mort dans cet avion ?…  

 

Kaori tomba à genoux. Cette fois, Ryô s’alarma de l’expression qui était peignée sur son doux visage. Seigneur, mais qu’avait-elle vu ?…  

 

Il se sentait si seul… Cette révélation lui causa un sacré choc : la vérité, c’était que Ryô se sentait seul et incompris. Et comment l’en blâmer ? Toute sa vie, il avait été seul et livré à lui-même. Personne n’avait pensé à lui donner ne serait-ce qu’une once d’amour et de tendresse. Il avait eu une vie d’enfer, une vie qui n’aurait pas du être la sienne… Toute sa vie il a espéré rencontrer une personne qui lui donnerait un minimum d’attention, un minimum d’amour, une personne qui s’intéresserait à ce qu’il a dans le fond de son cœur, de son âme, de son être… Et il venait de rencontrer cette personne. Elle, Kaori, était prête à tout cela pour lui. Elle était prête à lui prouver que la vie valait la peine d’être vécue, qu’il fallait faire plus que survivre, qu’il fallait vivre, tout simplement… Mais il était tellement aigri par la vie qu’il ne voyait pas qu’elle était là, qu’elle n’attendait qu’un signe de sa part et que tout changerait pour lui… Sa vie avait été un enfer, peut-être pavé de bonnes intentions, du moins depuis qu’il connaissait Makimura, mais un enfer quand même… Il ne savait pas comment être heureux, il ne savait pas comment aimer. Et pire, il ne savait pas se laisser aimer… Parce qu’il croyait qu’il ne méritait pas d’être aimé, pas après tout ce qu’il avait fait de mal dans sa vie. Mais pensait-il un peu à tout ce qu’il avait fait de bien ?…  

 

Il la regardait du haut de son 1m90, à genoux sur le sol. Allait-elle enfin lui dire quelque chose…  

 

Elle pensait qu’elle en avait fini avec les flash back mais il n’en était rien !  

 

Cette fois-ci elle fut plonger dans l’enfer qu’il avait traversé pour se défaire de l’emprise de la poussière d’ange…Toute cette souffrance… Pourquoi Kaibara lui avait-il infligé ce supplice ?… N’avait-il pas encore assez souffert à ses yeux ?… Elle haïssait ce type ! Elle qui n’avait jamais haï personne, aujourd’hui, elle pouvait dire qu’elle haïssait un homme. Non, ce n’était pas un homme : c’était un démon, un démon qui avait entouré le cœur de Ryô de pierres… Mais elle abattrait ce mûr… Elle y mettrait le temps, mais elle le détruirait…  

 

« _Oh Mon Dieu Ethaniel, murmura t-elle… Comment aurais-je pu imaginer, ne serait-ce qu’une seule seconde, ce que ta vie a pu être… C’est tellement affreux… Je ne trouve pas les mots… »  

 

Le cœur de Ryô fit un bon… Non, elle ne savait pas… Elle ne pouvait pas tout savoir…  

 

« _Le crash de l’avion, Kaibara, ton entraînement, la drogue, ta cure de désintoxication… »  

 

Elle pleurait à chaudes larmes. Il ferma les yeux. Toute son existence était en train de lui sauter à la gorge. Il avait fourni tant d’efforts pour essayer d’oublier… Et tout serait à refaire, à cause d’elle, à cause de cet ange qui s’était mis dans la tête de le sauver de lui-même… Mais personne ne pouvait le sauver… C’était trop tard pour lui. Il était mort depuis trop longtemps… Pourtant, s’il était mort, pourquoi son cœur lui faisait-il si mal ?…  

 

Elle leva alors son visage vers lui. Ce qu’il vit dans ses yeux lui causa un choc électrique. La voix de son ange s’éleva dans le silence de l’appartement, étouffée par les sanglots, et résonna comme une musique venue du ciel dans les oreilles de l’homme :  

« _Tu ne seras plus jamais seul, je te le promets… Je te ferai oublier toutes les choses que tu as vécues, j’effacerai cette souffrance que porte ton cœur. Je bannirai pour toujours ta solitude. Je te montrerai ce que c’est que d’aimer, je t’apprendrai le bonheur, je te montrerai comment aimer. Je comblerai le vide qui est en toi. A tout jamais, je serai celle qui t’apprendra à vivre et non plus à survivre. Je serai cette moitié de toi que tu cherchais et n’espérais plus trouver… Je te rendrai ta vie Ethaniel…»  

 

Ethaniel ?… C’était étrange… Il avait la sensation que ce mot réveillait une vague impression… Ethaniel ?… Pourquoi avait-elle prononcé ce nom ?… Non, en fait, elle l’avait appelé ainsi. Est-ce que cela signifiait que ?… Que c’était là son véritable nom ?…  

 

 


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