Chapitre 14 :: Une vie de toute pièce

Publiée: 06-04-06 - Mise à jour: 06-04-06

Commentaires: La vie peut être cruelle... Dans l'état actuel des choses, Ryô gardait en mémoire certaines souvenirs ; ceux qui sont les plus chers à son coeur...

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Ryô se réveilla en sursaut dans un lieu qui lui semblait familier mais à la fois différent du sien...  

Il était pourtant dans sa chambre à coucher ; tentant de se relever, il retomba lourdement sur son lit comme étourdi, un mal de tête l’assaillant déjà de bon matin.  

L'appartement silencieux semblait sans vie, ni chaleur…  

Le flash d’un accident de la circulation et Kaori dans ses bras, lui revint subitement en mémoire ; cette horrible souffrance que son cœur avait subit…  

(Même dans ce monde, Ryô prenant trop sur lui et se rappelant des brides de cet accident,  

souffrait encore de ce souvenir.)  

Il se tétanisa et scrutant le silence, il essaya de distinguer un bruit, une présence familière mais rien ne se produisit.  

Une angoisse, une peur immense envahit son cœur,  

- Kaori est-elle morte ? murmura-t-il du bout des lèvres.  

Il avait beau essayé de se remémorer cette scène, tout était flou comme inexistant.  

Il bondit de son lit et se précipita dans la chambre voisine ; un grand froid régnait dans la pièce comme si elle n’avait pas été habitée depuis longtemps,  

- Qu’est-ce que cela veut dire ?... Si Kaori est effectivement morte dans cet accident de voiture ; pourquoi je ne m’en souviens pas ?! ragea-t-il en se tenant la tête.  

Une insupportable migraine stoppa sa réflexion ; il se dirigea en titubant dans la salle de bain. Pourquoi ce mal de tête chronique ? Avait-il bu ?  

Il ne s’en souvenait pas, il ne se souvenait de rien d’ailleurs ; tout n’était que trou noir comme si tout ce qui s’était passé avant aujourd’hui, n’existait pas.  

Comme s’il sortait d’un long sommeil ou d’un coma…  

(Ironique, non ?)  

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Cela faisait maintenant, trois jours que Ryô gisait inconscient sur son lit d’hôpital ; sa fidèle Kaori restait nuit et jour à ses côtés et caressait sa main inerte tout en lui murmurant des paroles dont Ryô seul pouvait en entendre la signification.  

Le filet de sa voix était doux et tendre ; dans ce son inaudible, on pouvait ressentir tout l’amour de la jeune femme pour l’homme étendu à ses côtés qui semblait rester impassible.  

Son état restait stationnaire, aucune évolution durant ces longs jours d’attente. Kaori, désemparée, ne prenait plus le temps de vivre ; ses traits tirés, la pâleur de son visage révélaient sa grande fatigue et sa malnutrition.  

Miki, inquiète pour son amie, lui apportait régulièrement un plat cuisiné ; Kaori le prenait avec un sourire de remerciement et le déposait sur la petite table sans même l’ouvrir.  

Sous l’insistance de l’ex-mercenaire, la jeune femme le déballait parfois, y plongeait une fourchette molle qui ressortait garni de trois grains de riz qu’elle avala difficilement.  

C’était son seul repas…  

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Se cramponnant au lavabo, Ryô lâcha négligemment une aspirine dans un verre ; il s’attarda devant le miroir de l’armoire de toilette et tout en passant sa main sur son visage,  

- T’as une sale tête, Saeba ! On dirait que t’as pris dix ans! dit-il en faisant la moue.  

Se remémorant la conversation sur les dons d’organes qu’il avait échangé avec Kaori et la petite taquinerie qui avait suivi, un sourire triste se dessina instinctivement sur ses lèvres à cette pensée,  

- Ton cœur a-t-il été transplanté ? Ton choix a-t-il été exaucé ? murmura-t-il comme s’il s’adressait à Kaori.  

Tout à sa nostalgie, le souvenir de la première rencontre avec une Kaori devenue femme, lui revint à l’esprit ; il l’avait comme à son habitude, charrié et profité de sa naïveté pour essayer de l’embobiner mais s’était sans compter sur sa vivacité d’esprit.  

Mais cette jeune femme insouciante qui recherchait désespérément son amie, était malencontreusement tombée dans un trafique de traite des « Blanches » et heureusement pour elle, il avait été là encore une fois pour la sauver…  

Cette femme au grand cœur n’avait pourtant pas eu une enfance facile ; son ami et « frère » Hideyuki, lui avait confié le soir avant sa mort les véritables origines de Kaori.  

Lorsqu’elle n’était encore qu’une jeune enfant, elle avait perdu son père biologique dans un accident de voiture. Cet homme malhonnête, lors d’une course poursuite avec la police, avait perdu le contrôle de son véhicule et y avait trouvé la mort.  

Lorsque l’inspecteur Makimura s’était rendu auprès du malfrat, il avait découvert un bébé ; sous le poids de la culpabilité, il avait recueillit l’enfant… Kaori.  

Une nouvelle vie commençait alors pour elle.  

Kaori était un peu comme lui, elle vivait avec une identité qu’on lui avait créée ; sa joie de vivre, son altruisme et sa naïveté étaient propre à Kaori…  

Malgré les années qui s’étaient écoulées, le cœur de la jeune femme était resté pur comme l’aurait été celui d’une adolescente.  

L’illusion du visage souriant de Kaori apparut alors dans le miroir ; la fureur s’emparant de lui, il serra ses poings dont les phalanges blanchies, montraient sa rancœur. Pourquoi l’avait-elle quitter ? Pourquoi la mort lui avait-elle enlevé sa raison de vivre ? Il aurait tout donné pour mourir à sa place !  

L’étincelle de vie qui brillait dans ses yeux depuis qu’il connaissait Kaori, commençait à s’éteindre petit à petit.  

Une douleur immense étreignit son cœur ; ses épaules se voûtèrent, ses poings se crispèrent tout en frappant rageusement le lavabo.  

Dans le silence de sa peine, des larmes coulèrent lentement sur ses joues…  

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…le son régulier du monitoring commença à s’accélérer ; Kaori, resserrant nerveusement la main de Ryô, fixa d’un regard impuissant la machine « folle » qui exécutait des sillons rapides et incontrôlés puis cette ligne continue au son strident.  

Une flopé d’hommes en blanc surgirent dans la pièce ; un médecin ouvrit énergiquement la chemise d’hôpital du patient et d’un geste rapide appliqua le stéthoscope,  

- Arrêt cardiaque ! Activez le défibrillateur…  

Kaori, n’avait cessé de cramponner la main de Ryô ; sous le choc des paroles prononcées, elle se tétanisa,  

- Ecartez-vous Mademoiselle !  

Une infirmière compatissante, éloigna quelque peu la jeune femme et rejoignit le groupe de médecins.  

Sous le regard médusé de Kaori, le corps inanimé de Ryô convulsait sous le choc de la décharge électrique…  

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