Hojo Fan City

 

 

 

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Rated PG-13 - Prose

 

Auteur: Sand

Status: Complète

Série: Angel Heart

 

Total: 37 chapitres

Publiée: 27-03-06

Mise à jour: 17-08-06

 

Commentaires: 220 reviews

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RomanceDrame

 

Résumé: Un lien probable entre les histoires de City Hunter et d'Angel Heart... Et si Kaori n'était pas morte !Est-ce que l'amour peut franchir toutes les barrières ? **** Ne tenez pas compte de l'histoire originale d'Hojo, la mienne se repose sur la sienne vis-à-vis des personnages et pour le contexte. Vous comprendrez le dénouement qui se dévoile au fil de l'histoire. **** C'est ma première fics et j'espère que cela vous plaira !

 

Disclaimer: Les personnages de "Une présence si familière" sont la propriété exclusive de Tsukasa Hojo.

 

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C'est le nom du site. HFC = Hojo Fan C ...

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   Fanfiction :: Une présence si familière

 

Chapitre 31 :: Premier amour

Publiée: 15-07-06 - Mise à jour: 15-07-06

Commentaires: Salut tout le monde !! Un nouveau chapitre un peu long mais je le devais pour bien entrecroiser ma fics, le monde de City Hunter et celui d'Angel Heart. Merci à tout ceux qui me sont fidèles et un méga merci pour vos reviews encouragantes et chaleureuses. Ca me met la larme à l'oeil de voir que cela vous touche aurtant que moi. Bonne lecture... La partie Angel Heart est tirée de l'oeuvre originale de Tsukasa Hojo cf Angel Heart volume 9.

 


Chapitre: 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24 25 26 27 28 29 30 31 32 33 34 35 36 37


 

Les premiers bourgeons naissaient sur les branches des arbres encore nus suite à la période hivernale qui s‘achevait. Le soleil bien qu’encore timide, étincelait dans la clarté des cieux ; les rares oiseaux sifflotaient en virevoltant dans la fraîcheur du temps et les gaillards bambins qui attendaient impatiemment le redoux, commençaient à affluer dans les espaces verts…  

Le printemps faisait son retour.  

A cette époque, les couples d’amour déambulaient bras dessus, bras dessous, lovés l’un contre l’autre avec une mine réjouie qui semblait leur ouvrir toutes les portes de l’univers….  

Pourtant, non loin d’eux, une jeune femme désespérément seule les suivait du regard tout en soupirant. Après plusieurs minutes à contempler le bonheur des autres, elle se résigna à rentrer. Elle resserra sa veste sur sa poitrine, non pas qu’elle avait froid mais ce compagnon manquant laissait s’insinuer ce vide dans son être.  

Kaori ressentait cruellement l’absence de Ryô aujourd’hui, elle éprouvait une sorte de jalousie envers ces inconnus pour un bonheur qui lui était interdit. Combien de temps avait-elle attendu pour en avoir un avant goût… mais il avait fallu que tout soit stoppé brutalement. Pourquoi le sort s’acharnait-il contre eux ? Etaient-ils maudis et condamnés à vivre loin, l’un de l’autre ?!  

Toute à ses pensées, son regard suivait les silhouettes qui déambulaient paisiblement dans le parc ; l’un des couples enlacés échangea un baiser passionné. Elle se mit soudainement à rougir en pensant à cet instant que les rôles des amoureux transis seraient joués par d’autres protagonistes : Ryô et elle-même. Serait-il se montrer affectueux et tendre en public ? Elle soupira en souriant en se remémorant les courts instants de bonheur qu’ils avaient vécus. En continuant sa marche vagabonde, un attroupement de personnes attira son attention ; tout en fronçant les sourcils, ses pas gagnèrent à leur tour le groupe. Jouant des coudes pour atteindre le point d’attraction, elle stoppa son avancé et son cœur se mit à battre démesurément dans sa poitrine,  

- Yoshiki ! murmura-t-elle.  

Le portraitiste qui achevait un nouveau dessin fut soudain attiré par une présence qui l’observait avec insistance lorsque leurs regards se croisèrent, son souffle se fit court et ses pulsions cardiaques s’amplifièrent subitement,  

- Kaori… Est-ce bien toi ?...  

 

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Xin Hong avait enfin réussi à proposer à A-Xiang une sortie au cinéma ; le décor, l’ambiance étaient favorables à une approche plus intime mais cela n’avait pas été au goût de la jeune femme qui s’était littéralement endormie. Quelque peu déçu de la tournure des choses, il avait tenté une ballade romantique dans le parc de Shinjuku mais encore une fois, la jeune femme peu coutumière des démarches amoureuses, marchait en tête en laissant son malheureux compagnon à la traîne,  

- Ne marche pas si loin devant… tu… tu ne veux pas qu’on se donne la main… ? demanda-t-il rouge de confusion (Décidément, tel père tel fils (^_^))  

- Ca ne va pas Xin Hong ? s’inquiéta-t-elle. Tu te sens mal ? Ca ne te ressemble pas de vouloir t’appuyer sur moi… s’étonna-t-elle naïvement.  

- Raah ! Mais nooon ! Je suis qui moi… ?  

(Il patauge vraiment dans la semoule, courage Xin Hong, tu vas y arriver !)  

Xiang Ying, quelque peu larguée par les insinuations abracadabrantes de son ami, fut intriguée par un homme non loin d’eux. Apparemment dessinateur, il rendait son œuvre achevé à une jeune demoiselle ; lorsque son attention se posa totalement sur lui, son cœur se mit à battre la chamade. Un drôle de sentiment l’envahissait ; cette sensation était douce et chaleureuse mais déstabilisante quoique très apaisante à la fois. Cette émotion qui l’envahissait, semblait si familière… pourtant, elle aurait juré ne pas connaître cet homme.  

- Etait-il une connaissance de maman Kaori ? se demanda-t-elle mentalement…  

 

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Tout en discutant, Kaori et Yoshiki avait gagné un café où ils s’étaient attablés. Un silence s’empara du « couple » puis un large sourire apparut sur les lèvres de Yoshiki et son regard insistant troubla Kaori qui rougit et baissa la tête,  

- Tu es toujours aussi jolie ! ajouta-t-il d’une voix presque murmurante en appuyant sa tête sur ses bras accoudés. Le portrait que j’ai eu tant de mal à faire de toi est le centre de mon exposition.  

- Tu as gardé ce portrait durant toute ces années !  

- Oui… car c’est grâce à toi que j’ai décidé de devenir un portraitiste reconnu.  

Le rouge aux joues, Kaori ne pouvait faire face à ces yeux de braise,  

- Ce portrait est ma fierté, ma réussite. Lorsque j’ai des doutes, je fixe ce portrait quelques instants et mon moral remonte en flèches et je repars de plus bel.  

 

Ses yeux experts détaillaient avec minutie chaque centimètre carré de la peau blanche de la jeune femme ; son visage aux courbes arrondies et délicates, cette étincelle dans son regard, sa chevelure courte acajou aux cheveux rebelles, cet air angélique qui l’illuminait dès qu’elle souriait, envoûterait tout homme qui s’attardait à la contempler,  

- Tu n’as pas changé, tu dois avoir des tas de soupirants ! ajouta-t-il en lui faisant un clin d’œil. Tu ressembles à un ange tombé du ciel...  

 

Toute à sa gêne, la gaîté de la jeune femme s’estompa pour laisser place à un visage fermé aux yeux rougis et son cœur s’oppressa dans sa poitrine. Son yeux beaucoup trop durs fixèrent le jeune homme qui fut parcourut de frissons et d’une voix ferme et cassante, elle clama,  

- La Kaori d’en temps est morte…  

 

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Le cœur de Yoshiki se serra et des larmes ravageaient son visage sans qu’il ne s’en aperçoive. Kaori était morte ; Xiang Ying venait de lui apprendre la terrible nouvelle ce qui avait réveillée en lui des sentiments qu’il pensait ne plus éprouver pour cet amour d’adolescent. Mais la réalité était autre… Kaori est et resterait son premier amour. La nouvelle de sa « disparition » avait brisé son cœur qui s’exprimait par un flot de larmes incontrôlé,  

- Monsieur Natsume… s’inquiéta A-Xiang.  

- Ah… Pardon… Je t’ai parlé d’évènements… extrêmement douloureux pour toi… J’ai blessé ton cœur… tout comme j’ai blessé ta mère sans le savoir… Je te demande pardon…  

Le cœur de Xiang-Ying se mit à battre la chamade, elle prit un mouchoir et essuya le visage larmoyant du jeune homme,  

- Vos larmes… prenez mon mouchoir…  

- Ah ? C’est vrai… Pourquoi est-ce que je pleure ? Bah ? Je n’arrive pas à m’arrêter ! rit-il nerveusement en s’essuyant les yeux. C’est bizarre… quel vieux bonhomme bizarre… Pardon… Vraiment pardon…  

 

Ils s’étaient ensuite séparés le cœur lourd, lui par la peine d’un amour perdu ; elle, chamboulée par les nouveaux sentiments qu’elle éprouvait…  

 

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- La Kaori que j’ai connu ne peut être morte comme tu le dis… Je t’ai percé à jour il y a dix ans de cela et crois moi, je perçois les mêmes émotions qu’autrefois. Tu as changé physiquement, tu es une belle femme et certainement des choses ont évolué dans ta vie mais tu ne peux avoir changé aussi radicalement que tu le dis…  

Kaori détourna les yeux comme si elle avait honte,  

- Tu ne sais pas ce qui s’est produit…  

Des flashs revinrent dans sa mémoire, sa main sur le fusil, une marre de sang dans laquelle baignait un corps… un homme dont elle avait ôté la vie sans même s’en souvenir.  

- En effet ! coupa-t-il. Je vois bien que quelque chose t’a profondément marqué mais tu restes telle que tu étais… La bonté et l’altruisme qui t’ont toujours caractérisés, ne peuvent s’être volatilités. Ses émotions sont ta raison de vivre, tu ne pouvais exister sans aider les autres… c’est ton oxygène. Tu ne supportais pas que les gens autour de toi soient tristes ; tu es un ange qui passe dans la vie des personnes que tu croises…  

- Arrêtes, je ne suis pas si parfaite ! crit-elle en frappant énergiquement la table qui fit vibrer les petites tasses de porcelaine.  

- Je suis persuadé du contraire et l’homme que tu aimes aussi. Cette lueur que tu as maintenant dans les yeux, est l’amour que tu portes en toi pour lui et ta foi en l’humanité ne peut pas s’être évaporée. Je suis sûr qu’à la minute où nous parlons si une personne en détresse surgissait, tu te précipiterais à son secours.  

 

Les larmes qui s’étaient formées petit à petit sur les joues de Kaori en écoutant les paroles de son ami, se tarirent. Il avait raison ; elle aiderait quiconque aurait besoin de ses services. Elle avait tué, certes, mais c’était pour abréger les souffrances de ce « malheureux » et non pour assouvir une vengeance quelconque. Un étrange calme s’empara de son âme à l’évocation de l’être aimé, elle ferait tout pour lui… même perdre la vie. Son rythme cardiaque saccadé ralentissait pour se faire plus calme et reposé. Son amour pour Ryo l’avait jusque là, aidé à franchir tous les obstacles de la vie et ce précipice était une dure épreuve qui lui fallait franchir avec lui à nouveau. Un sourire finit par étirer le coin de ses lèvres et tout en essuyant ses larmes à l’aide de son mouchoir,  

- Merci Yoshiki !  

 

Ils se séparèrent quelques instants plus tard, vu l’heure tardive qui se manifestait ; le baume au cœur, Kaori alla retrouver Ryô. Son âme était en paix ; malgré son « geste », elle n’avait pas foncièrement changé et cela lui redonnait un nouveau souffle pour poursuivre son existence et supporter ce nouveau fardeau.  

 

Lentement comme pour ne pas réveiller le « dormeur », Kaori poussa la porte grinçante de la chambre d’hôpital. A pas de loup, elle se glissa près du lit et elle déposa un délicat baiser sur les lèvres du Nettoyeur toujours plongé dans ce sommeil interminable. Elle prit délicatement la main inerte et entrecroisa ses doigts avec les siens,  

- Je t’aime Ryô et rien ne pourra nous séparer. J’ai revu mon premier amour… Lorsque je suis avec lui, j’ai l’impression d’être l’adolescente d’en temps. Tu dois me trouver ridicule. sourit-elle timidement en rougissant. C’est le premier homme dont je suis tombée amoureuse et à m’avoir comprise. Dans son expo, il y a un tableau de moi… sourit-elle tristement. C’est le premier à avoir su lire en moi et à avoir découvert mon vrai visage…  

 

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Xiang Ying serrait précieusement le mouchoir dans ses mains, les larmes de Monsieur Natsume étaient sur ce bout de tissu ; perdue dans ses pensées, elle ne détachait pas ses yeux du « précieux carré ». A-Xiang était de plus en plus perturbée par les vagues de sentiments qui l’envahissaient lorsqu’elle se trouvait en compagnie de ce dernier ; elle devait demander des conseils… à une femme… mais qui ?  

- Mais bien sûr !  

Elle se leva d’un bond et partit en courant ; quelques instants, une femme élégante descendait félinement les marches,  

- Excuse moi de t’avoir fait attendre, mais qu’est-ce qu’il y a ? Pourquoi cette visite soudaine ?  

- Saeko…  

La jeune femme se mit soudainement à rougir et une gêne immense s’emparait d’elle ; intriguée, Saeko l’amena dans un coin plus paisible. Xiang Ying avait besoin de se confier puis elle baissa la tête, mal à l’aise à l’avance par les propos qu’elle allait avancer. Retenant son souffle, elle se lâcha,  

- Kyuuh ! s’étonna la femme Lieutenant.  

- C’est ce que fait mon cœur… quand je pense à cet homme… bredouilla-t-elle en rougissant davantage. Quand je regarde ce mouchoir… qu’il a touché…mon visage s’enflamme comme si j’avais de la fièvre…J’ai envie de le voir quand je me dis que ce n’est pas possible… j’ai encore plus envie de le voir… C’est la première fois que j’ai cette « humeur bizarre ». Est-ce que… je suis malade. demanda-t-elle craintivement.  

A cette dernière réflexion, Saeko ne pu contenir davantage le fou rire devant la mine atterrée de la jeune femme lui faisant face et explosa littéralement. A-Xiang, quelque peu vexée, s’insurgea,  

- Saeko !! Je souffre vraiment et toi…  

Elle ne pu finir sa phrase que Saeko lui enlaçait les épaules,  

- C’est formidable !! Tu es entrain de devenir une adulte !! Ce n’est pas une maladie A-Xiang ! finit-elle par dire en lui souriant tendrement.  

 

Saeko retrouva Ryô quelques instants après et lui apprit la nouvelle,  

- Tu es sérieuse là ? s’exclama le Nettoyeur.  

- Ca ne fait aucun doute, je suis rassurée ! Elle évolue et devient une vraie jeune fille.  

- Je la trouvais bizarre c’est dernier temps… mais…on n’est pas encore sûrs que ce soit ça… ajouta-t-il d’une voix boudeuse. Alors quel genre d’homme c’est ? demanda-t-il négligemment.  

- J’étais tellement contente que j’ai oublié de le lui demander ! rit Saeko nerveusement.  

- Toi alors !  

 

Ryô venait d’apprendre que sa fille était amoureuse mais il se devait d’en savoir d’autant plus sur ce soupirant qui avait subtilisé le cœur de sa fille. Poussé à en découvrir davantage, le Nettoyeur se mit à filer sa propre fille ; était-ce par simple amour paternel ou poussé par une sorte de jalousie ? Le cœur de Kaori s’emballait pour un autre…  

 

Les pas de la jeune femme les menèrent devant une galerie d’art mais à la dernière minute, elle fit marche arrière et s’enfuit. Décontenancé, Ryô ne comprit pas la réaction de l’adolescente mais il ne voulait pas abandonner pour autant son but fixé ; il devait absolument connaître ce bellâtre. A ce moment précis, Ryô surprit une conversation entre un jeune homme et une femme. Ce dernier demandait si l’hôtesse n’avait pas vu Xiang Ying et que le cas échéant, elle devait la laisser entrer,  

- Ainsi c’est lui ! pensa-t-il.  

Le jeune artiste entra dans la galerie et Ryô le suivit de quelques secondes ; il devait le voir évoluer dans son milieu naturel. Tout à son « enquête », le jeune homme était interpellé de droite à gauche par les différents invités du vernissage. Trop obsédé par le fait de connaître cet homme, Ryô se sentait beaucoup trop « voyant » au milieu de cette foule et tenta de se camoufler dans cet environnement inconnu.  

Son regard furtif fut comme attiré par les traits familiers d’une femme dessinée sur un tableau intitulé « portrait d’une jeune fille ». Ses pas s’emboîtèrent machinalement l’un derrière l’autre comme guidés par un désir refoulé qui avait réussit à remonter la surface. Faisant maintenant face à l’œuvre, il prononça dans un souffle empreint d’émotions,  

- Kaori !  

Ses yeux n’arrivaient plus à se détacher du cadre ; son amour était là, figé sur papier et son regard, comme une douce caresse effleurait chaque ligne du portrait. Il ne connaissait que trop bien cette mine désemparée… ce regard peiné pour l’avoir lui-même provoqué. Combien de fois par sa faute, Kaori avait été blessée ou humiliée ? Combien de fois, s’était-elle ensuite cachée pour pleurer ? Mais là, cela lui faisait tellement mal… sa femme n’était plus là et un autre avait su lire dans son coeur. Il ne pouvait plus la consoler… se faire pardonner par une douce étreinte ou un doux baiser dans le cou, caresse sensuelle. La seule chose qui lui restait était le souvenir ou plus tôt le remord, l’amertume même, de l’avoir fait souffrir alors qu’il l’aimait tant. Tant de temps gâché et de blessures inutiles…  

Honteusement, il baissa la tête, fourra ses mains dans ses poches et lascivement, il sortit.  

Son cœur était lourd et la tristesse qui l’empoignait lui faisait horriblement mal ; ses émotions étaient de nouveau mises à rude épreuve. Pourquoi cette image venait-elle ressasser la douloureuse absence de son aimée et ainsi le tourmenter du mal qu’il avait pu lui infliger ?  

Un lourd fardeau s’abattit sur ses robustes épaules qui fléchirent sous le poids ; une boule se formait dans sa gorge qui lui coupait pratiquement la respiration. Ses mains se crispant, tremblaient d’une rage silencieuse. De petits picotements dans ses yeux laissèrent enfin le passage à des larmes abondantes qui ruisselaient sur son visage d’ordinaire impassible. Ses lèvres pincées, avaient du mal à contenir les sanglots qui déchiraient son âme bafouée.  

Xiang Ying, restée en retrait, se tétanisa à cette vue déchirante et son cœur se comprima et dans un cri déchirant, elle hurla,  

- Ryô !  

Mais il ne l’entendait pas, son mutisme le faisait s’enfoncer d’autant plus dans sa peine. La violence de l’intervention de Kaori la fit tomber à genou… son cœur semblait jaillir de sa poitrine à cette bouleversante vision et son visage se mit à ruisseler de larmes incontrôlées, empreintes de tristesse incommensurable devant l’amour meurtri de Kaori…  

 

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- Ryô pardonne moi… Je ne voulais pas te blesser en t’avouant cela.  

Kaori se hissa dans le lit et se blottit tendrement contre lui,  

- Ryô, tu es le seul que j’aime et mon cœur t’appartient. Aucun homme, ni autre présence ne pourra nous échapper. Le son de la voix de la jeune femme semblait avoir atteint son but… le cœur du Nettoyeur. Il n’avait pas entendu ses paroles mais une douce litanie avait su apaiser son être, son cœur blessé… Les larmes finirent par se tarirent…  

Est-ce que la frontière des deux mondes s’affinait au point qu’il pouvait la sentir et l’entendre… pas par ses oreilles mais son cœur…  

 

La nuit avait été courte pour Kaori, du moins mouvementé, ses rêves étaient confus… Ryô en était le principal protagoniste mais elle n’avait souvenir de ses songes. Elle avait besoin de s’aérer et d’une démarche appesantie, elle se dirigea vers le Cat’s eyes.  

A cette heure, il n’y avait pas foule (c’est d’ailleurs toujours pareil, peu importe l’heure ! Je plaisante Umi Chou, range ton basuka ! (é_è)) Un vieil homme pourtant était déjà là, accoudé au bar et buvait silencieusement son café. Kaori, perdue dans ses pensées, ne faisait guère attention au monde qui l’entourait et s’assit sans le moindre coup d’œil sur le client matinal,  

- Bonjour Kaori ! sourit-il.  

Lentement, la jeune femme releva la tête et détailla du regard son accueillant voisin, ses yeux s’écarquillèrent et un large sourire se dessina sur ses lèvres,  

- Mr Li ! clama-t-elle en se blottissant contre lui en tremblotant.  

Le vieil homme, d’abord surpris, enlaça la jeune femme et commença à caresser cette chevelure rebelle qui apaisa les maux de cœur de Kaori…  

 

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Les pas désorientés de Xiang Ying la menèrent au café où Falcon l’accueillit par,  

- Xiang Ying, tu as un visiteur rare…  

Son regard attristé s’épanouit en apercevant le vieil homme,  

- Mr Li !  

Son étonnement marqua un court laps de temps avant qu’elle n’enchaîne,  

- C’est vrai, ça fait très longtemps ! Tu es ici pour affaire ?  

- Oui et j’en ai profité pour te voir. Je t’ai à peine reconnu… !  

Le regard du vieil homme s’adoucit en se posant à nouveau sur sa fille,  

- Tu es devenu vraiment… vraiment…  

Il avait de plus en plus de mal à contenir ses émotions devant sa fille unique et adorée ; des larmes naissaient dans son regard protecteur. Avant que le poids des émotions ne soient totalement incontrôlable, il s’enfuit en direction des toilettes en s’excusant puis revint quelques instants plus tard,  

- Pardon ! J’ai un peu mal au ventre aujourd’hui ! s’excusa-t-il.  

(Mr Li, vous auriez pu trouver mieux comme excuse !)  

- Si tu veux, je peux t’acheter des médicaments ! s’inquiéta la jeune femme compatissante.  

Une nouvelle vague d’émotions,  

- Quelle gentille attention ! se murmura-t-il.  

Et c’est reparti pour un tour, retour aux toilettes…  

- Ah… Cette réaction m’a manqué ! ajouta A-Xiang ahurie devant la troublante réaction de son aïeul.  

Mr Li revint s’asseoir paisiblement puis ajouta en portant sa tasse de café à ses lèvres,  

- Ton attitude aussi a beaucoup changé. Tu as perdu ce côté acerbe que tu avais avant… tu es plus féminine.  

- Vraiment… ! s’exclama la jeune femme en rougissant sous le regard attendri du vieil homme  

- Et… Je discerne une certaine mélancolie en toi… comme si tu étais amoureuse…  

- Euh… En fait… Je crois… que je suis… amoureuse… lâcha-t-elle timidement. Mais…  

La gêne et le mal être de sa fille le préoccupaient ; Mr Li se leva,  

- Veux tu que nous allions ailleurs ? demanda-t-il en lui tendant une main réconfortante. Il est parfois plus facile de parler de ses problèmes à un étranger qu’à un proche… Si tu veux me parler… Enfin… Je suis un vieux qui se mêle de tout… ajouta-t-il en affichant un sourire tendu.  

 

A-Xiang finit par accepter sa proposition et l’emmena chez elle ; Mr Li s’assit confortablement dans le canapé pendant que la jeune femme leur apportait des rafraîchissements. Sa mine déconfite traduisait un trouble pesant ; cela était trop pour elle et elle finit par se confier,  

- J’ai vu Papa Ryô pleuré et cela m’a bouleversé… souffla-t-elle.  

- Saeba pleurait ?!  

- Après avoir vu le portrait de Kaori… fait par son premier amour… C’est la première fois que je voyais Papa Ryô si vulnérable. Il ne s’est pas rendu compte de ma présence alors que j’étais juste à de lui… Avoua-t-elle tristement. Lorsque j’ai vu ses larmes… J’ai cru que Maman Kaori… que mon cœur allait sortir de ma poitrine… Ces sentiments si douloureux de Maman pour Papa…  

Sont les mêmes que j’éprouve pour cet homme…C’est la preuve que je suis amoureuse… clama-t-elle mélancoliquement. Mais… Les sentiments de maman Kaori pour Papa… sont des émotions plus fortes et plus profondes que les miens. Mon amour… n‘arrive pas à la cheville du leur… Ce n’est qu’un amour sans importance… souffla-t-elle totalement bouleversée.  

Mr Li sourit à cette naïve réflexion,  

- Ah ! Vous riez, vous êtes d’accord !  

- Non, non ! C’est un très bel amour… C’est juste que…  

- Juste que quoi ? demanda-t-elle impatiente.  

- Les sentiments qui unissent Saeba et Kaori… font au-delà de l’amour…  

- Au-delà de l’amour… ?  

- C’est l’amour ultime et absolu ! clama-t-il admiratif.  

- J’en ai assez ! cria-t-elle. J’y comprends rien ! Le monde est plein de choses si compliquées ! Je ne suis pas sûre d’y arriver ! déclara-t-elle en enfouissant sa tête entre ses bras.  

Le vieil homme attendri posa une main compatissante sur la chevelure de la jeune femme perturbée,  

- Ne sois pas si pressée… Un jour, tu comprendras… Avance doucement, lentement… dit-il d’une voix douce. Mon enfant, toi qui viens à peine d’apprendre à marcher comme une fille normale… Tu évolues et grandis… Papa ne demande rien de plus… déclara-t-il mentalement.  

- Mais… Saeba a perdu cet amour, il se trouve là ou il ne peut plus le toucher…  

Cette triste révélation refreina le vieil homme,  

- Même s’il refoule ce sentiment de perte au fond de son cœur, il ne peut le cacher.  

- Un sentiment de perte ! bredouilla-t-elle.  

- Ce dessin de Kaori qu’il a « rencontré » à l’improviste, a fait resurgir en lui ce sentiment insupportable.  

A-Xiang comprenait enfin la teneur des sentiments de chacun et releva la tête en direction du vieil homme,  

- Monsieur Li… ?  

A-Xiang fixait interrogative son aîné,  

- Un sentiment de perte… Ces larmes m’ont semblés les même que celles de Papa Ryô…  

Mr Li finit par se ressaisir,  

- Pardon ! dit-il en essuyant ses larmes. Je me suis laissé envahir par de vieux souvenir… Les vieux ont la larme facile…  

Xiang Ying n’était pas dupe,  

- Mr Li a perdu son frère cadet bien aimé… non, il n’y a pas que ça… Ces larmes… il les verse sûrement parce que beaucoup de personnes qui lui étaient chères sont parties là ou il ne peut plus les toucher…  

Il y a avait un peu de ça dans les larmes qui coulaient sur les joues du vieil homme ; il avait joué, malgré lui, le rôle de père à l’insu de la jeune femme qui s’était épanchée sur son épaule.  

 

Les deux pères s’étaient retrouvés peu de temps après sur le toit de l’immeuble,  

- Et ? Dès que tu as reçu le rapport du vieux Chen, tu as sauté dans ton jet privé et tu as fait le trajet depuis Taiwan ? T’es vraiment un Papa poule…  

Une goutte de sueur coulait sur la tempe du vieil homme, il venait d’être démasqué,  

- Venant d’un papa poule qui a filé sa fille pour découvrir l’homme dont elle était amoureuse, c’est mal venu ! bougonna-t-il.  

Ryô se mit à rire nerveusement,  

- T’as raison, on est une sacrée paire de Papa poule.  

- Si l’homme dont A-Xiang est amoureuse est un homme bien, j’en serais heureux… en revanche...  

- Hé ! Ne me dis pas que tu à l’intention d’envoyer l’unité Xuan-Wu enquêter sur lui, et si tu ne le trouves pas digne d’elle, de le faire assassiner ?!  

Le vieil homme détourna la tête et afficha une mine étonnée comme s’il n’y avait pas songé ; le ton du Nettoyeur se fit plus sérieux, plus doux,  

- Ne t’inquiète pas… Cet homme a été capable de voir le vrai visage de Kaori, celui qu’elle cachait derrière son sourire… A-Xiang a bon goût.  

- Ah bon… ? se résigna-t-il.  

Le Nettoyeur regardait le vieil homme soucieux en souriant légèrement,  

- Li… toi non plus, t’es pas à la noce. Tu peux parler…  

 

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Kaori discutait tout naturellement avec le Parrain sur ses peines de cœur, l’arrivée de cet amour du passé, l’état de Ryô qui évoluait étrangement… ses troublantes larmes qui avaient coulé sur son visage à certaines de ses paroles prononcées,  

- Saeba vous aime et vous entend malgré qu’il ne soit pas physiquement auprès de vous… Ne doutez jamais de son amour malgré ses erreurs du passé ! Vous êtes deux âmes sœurs qui se sont enfin trouvées. Gardez espoir Kaori, votre amour le ramènera auprès de vous… j’en suis persuadé !  

Le teint rosi, Kaori baissa la tête et tout en tortillant ses doigts,  

- Merci Mr Li !  

Au détriment des larmes qui sillonnaient ses roses pommettes, Kaori lui offrit un sourire radieux qui chamboula le vieil homme,  

- Saeba revient vite auprès de cette jeune femme… elle a besoin de toi ! murmura-t-il.  

L’espoir de cet amour fusionnel le touchait profondément et des larmes venaient naître dans ses yeux ridés,  

- Pardonnez moi ! Les vieux ont la larme facile ! sourit-il de confusion.  

 

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Le lendemain, Xiang Ying, bien déterminée prit le chemin de la galerie ; elle voulait dévoiler les sentiments qui enserraient son cœur. A sa grande surprise, Yoshiki était en pleine conversation avec une belle jeune femme ; un étrange sentiment s’empara d’elle mais ce qui la blessa davantage, c’est cette attitude différente qu’il arborait avec elle…  

La rivale en question ajouta,  

- Dites… cette jeune fille vous la connaissez ? Elle ne vous quitte pas des yeux depuis tout à l’heure !  

Il détourna son regard et afficha un large sourire,  

- Xiang Ying ! s’exclama-t-il enjoué.  

Totalement prise au dépourvu, A-Xiang s’enfuit précipitamment sans même attendre la moindre discussion avec le jeune homme,  

- Hé ! Xiang Ying ! Où vas-tu ?!  

Il la cherchait désespérément du regard mais elle avait filé,  

- Laissez moi devinez… cette demoiselle… est la fille du modèle du fameux « portrait d’une jeune fille » ?  

- Oui ! lâcha-t-il sans faillir à sa recherche visuelle,  

- Excusez moi, je vais la chercher !  

- Attendez !  

- Nous discuterons du contrat plus tard !  

- Ce n’est pas de ça que je voulais parler !!! crit-elle alors qu’il commençait à courir.  

Il se stoppa net, interrogatif,  

- Le regard de cette fille ! C’était le regard d’une femme amoureuse !  

Natsume resta perplexe devant une telle révélation,  

- Ne dites pas n’importe quoi !  

Il reprit sa course à la poursuite d’A-Xiang.  

 

Une vive discution s’élevait dans le Cat’s eyes mais elle fut interrompue par le tintement de la clochette signifiant une arrivée. La mine rageuse et les yeux meurtriers de la jeune femme ne présageaient rien de bon et effraya même l’assemblée,  

- Danger !! hurla Ryô.  

- Tous aux abris ! vociféra le cafetier.  

Alors que tous les occupants du café se jetaient à terre pour se tenir à l’abris de sa fureur, A-Xiang pas pour le moins plus ravie, s’assit posément sur un siège,  

- Ca ne va pas, A-Xiang… ? demanda Ryô en riant nerveusement.  

- Si ! répondit-elle sèchement.  

Xin Hong et Falcon à l’abri derrière le comptoir, regardaient inquiets la jeune femme beaucoup trop silencieuse. Le jeune homme susurra à l’oreille du Géant,  

- Elle a peut-être découvert que Natsume à une petite amie !  

Sa phrase à peine terminée, qu’il fut soulevé de terre par le col,  

- Qu’est-ce que tu as dit ?! fulmina-t-elle.  

- Tous aux abris !!! hurla de nouveau le Nettoyeur.  

Mais son emportement fut stoppé par la sonnerie de son portable, coléreuse, elle posa son regard sur le petit écran et y lut,  

- Appel Yoshiki Natsume !  

- A… Allô ? Ici Xiang Ying !  

Elle se débarrassa du corps Xin Hong en le jetant négligemment comme un vieux chiffon ; Ryô regardait interrogatif l’adolescente,  

- Hein ? ajouta-t-elle.  

- Tu sais le café où tu m’as dit que tu allais souvent… J’ai demandé l’adresse mais… Il y a bien un café Cat’s eyes mais il est complètement délabré… Je doute qu’il soit encore ouvert…  

A-Xiang détourné le regard et vit la silhouette masculine au travers de la vitrine et un large sourire illumina son visage et elle accourut dans sa direction.  

 

Tous deux marchèrent jusqu’au parc où ils s’assirent, il fallait qu’ils discutent,  

- Pourquoi tu t’es enfuie… ? Ca fera trois jours… depuis ta dernière visite… Pourtant d’un seul coup, tu…  

- Ca m’a énervée ! coupa-t-elle en rougissant.  

Il la regarda perplexe,  

- La femme avec qui vous discutiez tout à l’heure… c’était qui ?!  

- Hein… ? Aah ! Melle Izumi ? C’est la propriétaire de la galerie, pourquoi ?  

(Décidément, tous les hommes sont long à la détente ma parole !!!)  

- Vous aviez l’air de vous amusez !  

- Dis Xiang Ying ?  

- Pourquoi est-ce que cela m’a énervé ?! Pourquoi est-ce que mon cœur est tout le temps serré ?!  

Devant cette drôle de déclaration, Yoshiki la regarda éberlué,  

- Je suis venue tous les jours à la galerie parce que j’avais envie de vous voir !  

- Tous les jours ?  

- Mais j’avais trop honte pour oser entrer ! Pourquoi ? J’avais envie de vous voir mais je ne pouvais pas ! Mon cœur se serrait encore plus fort !! Pourquoi ?! Tout le monde… dit que c’est parce que je suis amoureuse.  

Natsume resta interdit devant cette soudaine déclaration,  

- Vous croyez que c’est ça, Monsieur Nastume ?  

- Hein... ? Euh… Mais…  

- Moi, je le crois. avoua-t-elle tristement. Je vous aime Monsieur Natsume. déclara-t-elle en rougissant.  

- Xiang Ying… commença-t-il embarrassé.  

La jeune femme se leva et poursuivit son monologue,  

- Mai cet amour n’est qu’à moi. Vous êtes un adulte… et vous ne voyez en moi qu’une enfant… Je l’ai compris en vous voyant parler avec la propriétaire de la galerie. Vous aviez le visage d’un adulte… très différent de celui que vous avez avec moi… Je n’ai pas l’intention de vous imposer… mon amour. Je voulais juste vous dire ce que je ressentais. avoua-t-elle tristement. C’est tout !  

 

Elle s’enfuit de nouveau après ses dernières paroles prononcées ; le jeune homme, d‘un pas lourd, regagna sa galerie et se posta devant le portrait de Kaori,  

- L’amour… ? Je ne comprends pas… Il n’y a pourtant aucun lien de sang entre Xiang Ying et toi… et pourtant… Elle te ressemble beaucoup… Mais qu’est-ce qui m’arrive… ? Moi aussi, je suis venu tous les jours dans l’espoir que Xiang Ying viendrait. Je voulais la revoir… Est-ce que moi aussi… je …  

 

***  

 

- Kaori ! Est-ce que je suis fou ? J’ai l’impression que mon cœur est redevenu celui d’un collégien…  

Natsume avait ressenti l’amour de Kaori pour cet homme dont il était, à présent, jaloux ; cela faisait maintenant des années qu’ils ne s’étaient pas vus mais il éprouvait toujours cet amour pur pour la jeune femme. Ce portait qu’il fixait tendrement, il l’avait dessiné pour se rapprocher d’elle mais cela avait eu pour effet de la bouleverser et semblait l’avoir éloigné même blessé. A leur adolescence, elle avait fini par se confier et lui avouer le pourquoi de sa réaction si violente, ce mal être suffoquant en voyant son cœur mis à nu. Elle dévoila péniblement sa douloureuse enfance dans cette famille qui n’était pas la sienne mais qui ne le montrait aucunement ; cet amour familial était le soutien qui lui permettait d’évoluer dans la vie sans trop souffrir de cette triste réalité.  

Il avait été troublé par le sang froid dont elle avait fait preuve à l’égard de cette nouvelle ; pourtant si jeune et affublée d’un lourd fardeau. Personne n’aurait pu imaginer la situation compliquée dont elle faisait face avec cette mine guillerette mais c’était une poudre aux yeux bien fine à balayer si l’on prenait le temps d’en gratter la surface. Il se remémora avec un certain remord son silence face à la déclaration amoureuse de cette dernière qui n’avait pris le temps d’entendre sa réponse et s’en était allée aussi vite qu’elle était arrivée. Une promesse tout de même les liait… se revoir après sa notoriété faite.  

 

***  

 

- J’aimerais honorer notre promesse !  

Xiang Ying lui faisait face, elle était venue au rendez-vous fixer pour honorer l’engagement de sa mère,  

- Il ne reste plus que le portrait de Maman Kaori…  

- Oui ! Je l’ai laissé pour toi !  

L’adolescente le regarda perplexe,  

- J’aimerai que tu acceptes ce dessin ! Ce jour-là, j’ai promis à Kaori… à ta mère… Elle m’avait promis qu’un jour elle pourrait le regarder en souriant… Je ne pourrais jamais le donner à Kaori… Si elle était toujours en vie, je suis sûre qu’elle le regarderait en souriant… Xiang Ying ! J’aimerais que tu acceptes ce dessin la place de Kaori !  

Le regard de la jeune femme s’était métamorphosé et ne pouvait ce détacher du portrait,  

- Merci ! Tu t’en es souvenu, Natsume !  

Le visage souriant de Kaori lui faisait face,  

- Je viens de… le visage souriant de Kaori… Non… c’était une illusion de mon désir de le voir… ? clama-t-il totalement bouleversé comme empreint d’un malaise.  

- Non… Maman est heureuse et elle a regardé ce dessin en souriant…  

Natsume ne comprenait pas l’aberration des ces paroles,  

- Maman vit en moi… Mon cœur est le cœur de Maman Kaori… déclara-t-elle en posant tendrement une main sur sa poitrine. On me l’a transplanté et son cœur vit en moi ! Alors je le sais Maman Kaori souriait…  

- Natsume regardait avec des yeux grands écarquillés la jeune femme,  

- Kaori est… en toi… !  

- Oui ici ! déclara-t-elle en montrant la cicatrice qui se dessinait sur son corps. Elle vit en moi !  

D’un pas hésitant même fiévreux, il s’avança vers la jeune femme et il se blottit contre elle en pleurant,  

- Kaori… Kaori…  

 

***  

 

Yoshiki crispa nerveusement se mains sur les pans de la vestes de la jeune femme,  

- Je me devais de respecter notre parole…  

- Kaori… Je repars dès demain pour la France… sanglota-t-il de nouveau.  

 

La jeune femme comprenait qu’il se devait à ses obligations professionnelles et elle le laissa paisiblement en emmenant avec elle… le tableau des souvenirs.  

Yoshiki venait de comprendre que le cœur de Kaori appartenait bel et bien à un homme qui avait réussi à faire disparaître cette immense tristesse du coeur de Kaori mais par ce fait, il lui volait son unique amour et devait savoir, par la même occasion, s’il était digne d’un tel amour passionnel.  

 

Arrivant devant le modeste édifice, il stoppa son avancé et prit une grande inspiration avant de poursuivre sa progression en serrant la poignet de son bagage à main.  

Tomo, troublée par le charmant visiteur, avait répondu d’une voix murmurante et intimidée à sa question pour savoir où se trouvait la chambre du Nettoyeur. C’est d’un pas hésitant et anxieux qu’il reprit sa marche en direction de la chambre de son rival. Lentement comme un film évoluant à une allure saccadée, son regard se posa sur le corps tranquille qui reposait dans le lit médicalisé. L’immense quiétude qui se dégageait de cet homme inconscient était impressionnante et troublante ; l’aura charismatique qui émanait de cet homme sans qu’il ne fasse un geste le scotcha sur place. Son regard admiratif suivait avec attention les courbes de l’imposante silhouette camouflée d’un drap blanc.  

Précautionneusement, Natsume avança vers le patient,  

- Ainsi nous nous rencontrons enfin…  

 

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Yoshiki avait ressenti le besoin de souffler une dernière fois avant de partir pour une durée indéterminée de la Capitale. Sa valise posée non loin de là, il s’affala sur le banc d’un parc qu’il avait fréquenté quelques jours auparavant en compagnie de Xiang Ying. Les souvenirs de la déclaration de la jeune femme lui revinrent en mémoire puis il se mit à soupirer lascivement ; un homme arriva à proximité de lui et s’assit avec nonchalance sur son baguage,  

- Vous ne voudriez pas faire mon portrait ?  

Le jeune homme regarda avec un air interrogateur, cette étrange apparition surgie de nulle part.  

- C’est ma fille qui m’a dit que vous étiez portraitiste. C’est le cas, non ? termina-t-il en souriant.  

A y regarder de plus près, cette carrure masculine ne lui était pas étrangère mais ou avait-il bien pu le croiser puis son esprit ne fit qu’un tour,  

- Cet homme…  

- Vous devriez peut être vous bousculer un peu, non ? Vous ne voudriez pas louper votre avion…  

- Hein !! Euh oui…  

Il se saisit de son bloc à dessin,  

- Il n’y a pas de doute… c’est bien l’homme de l’autre jour… il pleurait… en regardant le portrait de Kaori… depuis… je me pose la question… peut-être que cet homme est… c’est…  

- Xiang Ying m’a dit que vous n’aviez pas réussi à dessiner son portrait ?  

- C’est vrai…  

- Vous lui avez dit que deux images se superposaient et rendait son visage flou… Pourquoi… ?  

- Vous êtes…  

- Bien vu ! Je suis Ryô Saeba. Vous êtes vraiment un bon peintre !  

Les gestes du peintre se firent amples et décidés tout en entamant une conversation qui aurait pu paraître surnaturelle,  

- Hier soir… J’ai enfin compris pourquoi…quand j’ai vu Xiang Ying… votre fille… Le cœur de Kaori vit en elle… elle a deux cœurs… voilà pourquoi son visage était flou et que je n’arrivait pas à la dessiner… J’ai été attiré par Xiang Ying… mais en fait… c’est par le cœur de Kaori qui vit en elle… enfin, je crois… C’est pareil pour Xiang Ying… Poussée par le cœur de Kaori, elle a probablement confondu la nostalgie envers moi pour de l’amour… avoua-t-il tristement tout en continuant son œuvre.  

- C’est ce que je me suis dit aussi… clama Ryô sur un ton faussement convaincu. Mais est-ce que vous pouvez m’affirmer que c’est ça… ?  

- Je ne sais pas… mais… Je pense que Xiang Ying et moi avons besoin de temps… C’est pour ça que je retourne à Paris… finit-il par dire mélancoliquement.  

- Je vois… sourit le Nettoyeur de la cocasserie de la situation.  

- Je suis heureux… de vous avoir rencontré. déclara l’artiste en déposant son crayon dans son plumier. Je crois que Kaori… a trouvé le bonheur grâce à vous…  

- Vraiment ? J’espère que vous avez raison… lâcha-t-il perplexe.  

- C’est parce qu’elle vous a rencontré Xiang Ying et vous… qu’elle a pu sourire en regardant mon dessin. avoua-t-il en lui tendant le portrait achevé…  

 

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Avant de quitter la chambrée, Natsume déposa sous la main ferme du Nettoyeur un portrait souriant de Kaori qu’il voyait maintenant heureuse,  

- Réveillez vous au plus vite et prenez soin d’elle… ajouta-t-il d’un sourire triste. Sinon je reviendrais et me montrerais à la hauteur de cet amour que je n’ai su saisir autrefois…  

(Mais qu’est-ce qu’ils ont tous à vouloir le faire revenir… Nooooonnnnn pas la massue (ç_è))  

Le portraitiste s’éloignait maintenant sans un regard en arrière, ni aucun remord de lui confier ce précieux amour…  

 

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Ryô fixait avec attention et tendresse, le « nouveau » portrait de Kaori qui souriait à présent ; la tristesse de ses yeux d’adolescente avait laissé place à un sourire radieux aux yeux étincelants. Le poids des remords de Ryô s’envola dès qu’il effleura du regard les traits épanouis de sa bien aimée qui lui souriait. Ainsi, elle avait été heureuse avec lui ; même ses maladresses n’avaient eu raison de cet amour pur qu’elle lui portait.  

 

Cette rencontre inopinée des deux hommes avait été un bien pour l’un et pour l’autre ; Natsume avait été soulagé de savoir que Kaori avait eu une vie heureuse et épanouie. Ryô avait eu la certitude maintenant que son aimée avait su vivre pleinement cet amour pudique qu’il avait eu du mal à lui exprimer…  

 

 

Natsume était sur le départ, il grimpait dans la rame pour prendre ensuite l’amener à l’aéroport, Xiang Ying n’était pas au rendez-vous des adieux. Ryô appela sa fille pour lui communiquer les horaires de la rame qu’emprunterait le jeune portraitiste pour gagner ensuite son avion et d’un bond, A-Xiang s’extirpa de son lit et entreprit une course folle. Elle ne voulait pas éprouver les remords de sa mère qui n’avait pu lui dire au revoir lors de leur séparation.  

 

Pendant ce temps, sur le quai de la station, Natsume scruta une dernière fois l’horizon d’un regard attristé ; il aurait tant voulu revoir la jeune femme avant son départ du Japon mais le destin avait été autre. Elle avait apparemment décidé de ne pas se montrer et le laisser partit avec le regret des non dits. C’est le cœur lourd, qu’il grimpa dans la navette et les portes se refermèrent sur lui mais un furtif appel parvint à ses oreilles. Il fit volte face subitement et vit la silhouette désemparée et haletante de Xiang Ying,  

- Monsieur Natsume ! criait-elle.  

- Xiang Ying !  

La rame commençait son évolution lente et cadencée sur les rails…  

 

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Tristement, Kaori déambulait dans les rues de Shinjuku en direction du la clinique du Doc ; le dernier jour de l’exposition de Yoshiki était arrivée et annonçait immanquablement le départ pour la France de ce dernier. Péniblement, elle avançait dans les couloirs mornes de l’établissements ; elle poussa la porte et un large sourire étira se lèvres quand son regard se posa sur le Nettoyeur. Elle se déposséda de sa veste et commençait à s’avancer vers l’inconscient quand une feuille de papier commença une lente danse virevoltante pour s’achever à ses pieds. Elle s’accroupit et se saisit délicatement du papier et son regard se figea. Le coup de crayon trop reconnaissable dépeignait un visage totalement différent de celui qu’il avait dépeint il y a dix ans. Son sourire et ses traits apaisés évoquaient un bonheur non dissimulé dont elle ne souffrait plus maintenant. Ses yeux écarquillés se posèrent sur Ryô et d’une voix murmurante,  

- Tu es venu jusqu’ici pour lui offrir ce portrait ! Mes émotions sont totalement transparentes à tes yeux.  

Un étrange sentiment de déjà vu s’immisça dans sa mémoire,  

- Je ne peux te laisser partir une seconde fois sans tu dire au revoir !  

Délicatement, elle embrassa la joue du Nettoyeur et déposa le portrait sur le torse mu par la respiration régulière. Kaori replia soigneusement sa main sur le portrait et s’en esquiva en trombe de la chambre…  

 

Un sourire étirait les lèvres du Nettoyeur dont la pulsation cardiaque s’accéléra légèrement…  

 

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La rame se stoppa subitement dû à une défaillance d’un feu de signalisation,  

- Décidément, ils m’auront donné du fil à retordre ces deux-là ! dit-il en souriant tout en rengainant son arme.  

Tout à la surprise de se retrouver nez à nez,  

- Monsieur Natsume !  

- Tu es venu me dire au revoir ?  

Elle baissa la tête en rougissant, il sourit,  

- Merci !  

- Je ne voulais pas avoir les mêmes regrets … que Maman Kaori  

- La prochaine fois… la prochaine fois que nous nous reverrons je crois que j’arriverais à dessiner ton visage… Pour l’instant en toi, ton cœur et celui de Kaori sont séparés… C’est pour ça que la première fois que nous nous sommes rencontrés… J’ai eu l’impression que ton expression était floue et que je n’ai pas pu te dessiner. Mais je suis sûre qu’avec le temps… vos deux êtres finiront par ne plus faire qu’un. Un jour viendra où tu serras la vrai Xiang Ying. J’en ai le pressentiment… et ce jour-là… je reviendrais te dessiner.  

Le choc de cette promesse faite figea la jeune femme qui clama en tremblant,  

- Promis ?  

- Promis ! répondit-il en souriant tendrement.  

Le message de l’hôtesse des transports retentit à nouveau dans la station pour signaler la réparation achevée et ainsi permettre à la rame de repartir,  

- Bon… porte toi bien… à bientôt… Xiang Ying !  

Il grimpa de nouveau dans la rame qui s’éloignait lentement…  

 

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Kaori, à bout de souffle atteint enfin la station et accourut sur le quai ; la rame ayant subit un problème d’ordre technique était immobilisée. D’un regard rapide de droite et de gauche, elle cherchait la silhouette familière ; soudain, elle aperçut le jeune homme non loin d’elle,  

- Yoshiki ! crit-elle en accourant vers lui.  

La mine d’abord étonnée du jeune homme se transforma en mine réjouie,  

- Que fais-tu ici ?  

- Je ne tenais pas à faire la même erreur deux fois ! clama-t-elle en rougissant.  

- Je suis content que tu sois venu…  

Le haut parleur signifiait la bonne marche de tous les appareils de fonctionnement de la rame, le voyage allait reprendre sa suite,  

- Fais attention à toi, Kaori ! sourit-il mélancoliquement.  

Elle se jeta dans ses bras,  

- Prends soin de toi, Yoshiki !  

Elle relâcha sin étreinte pour le laisser ensuite regagner son wagon ; un sourire triste apparut sur les lèvres de la jeune femme qui tentait de faire bonne figure pour son ami  

 

***  

 

Une colère sourde s’empara du jeune homme qui frappa rageusement la paroi du wagon sans prendre le temps de regarder à nouveau ce visage tant aimé,  

- Adieu Kaori !  

Des larmes coulaient sur les joues de l’adolescente qui regardait la rame s’éloigner ; d’un pas lourd, elle se dirigea vers le Cat’s eyes,  

- Xiang Ying ! s’exclama Xin Hong.  

- C’est rare de te voir ici à une heure pareille. Tu es seule ?  

- J’avais envie… de boire un café… clama-t-elle mollement.  

D’un léger coup de coude, Falcon ordonna au jeune homme de le préparer ; avec tout son cœur, Xin Hong s’exécutait dans le « rite » de préparation d’un bon café. Ses gestes étaient précis et surtout appliqués, une fois le breuvage coulé, il en tendit une tasse à sa jeune amie,  

- C’est… c’est mauvais ? demanda-t-il anxieux.  

- Hein ?  

Xiang Ying totalement perdue dans ses pensées ne faisait guère attention au monde qui l’entourait,  

- C’est comment ? C’est bon ? insista-t-il.  

- C’est Xin Hong qui t’a préparé ce café ! Il s’est entraîné tous les jours parce qu’il voulait te préparer un délicieux café ! déclara Umi.  

- C’est toi qui l’as préparé… Xin Hong ?  

- Oui… oui, je l’ai préparé devant toi. clama-t-il en rougissant.  

Le jeune femme porta délicatement la tasse à ses lèvres et but lentement le fumet,  

- Délicieux !  

- J’ai réussi !! crit-il euphorique.  

Tellement fier de lu, les larmes lui venaient aux yeux ; son but avait été atteint… faire plaisir à Xiang Ying.  

Par simple curiosité, Falcon but une gorgée… 8/20 était la note maximum qui lui aurait attribué.  

 

 

Xiang Ying avait appris une nouvelle chose… la profondeur des sentiments intimes des êtres qui l’entourent…  

 

 


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