Chapter 18 :: Une rencontre effarante

Published: 17-06-06 - Last update: 17-06-06

Comments: Et voilà la suite. J'ai essayé de mettre un peu d'humour. J'espère que je n'aurais pas raté mon coup. Bonne lecture.

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Kaori regardait par la fenêtre. Elle baissa le regard et put ainsi apercevoir toutes les lumières des voitures qui roulaient en bas. Mais elle ne les distinguait pas réellement. Ça ressemblait plus à des filets de lumière multicolores. La vue du haut de ce 25ème étage était ni plus ni moins splendide. Sa contemplation la conduisit mentalement à Tokyo. Elle avait encore la voix de Ryô dans ses oreilles. Après trois semaines d’absence, il s’était quand même décidé à l’appeler. L’échange avait été court et un peu… maladroit mais au moins, il avait téléphoné. Même si elle se sentait plus que coupable. Elle s’était servie de cette dispute comme prétexte. Mais elle avait conscience qu’elle devrait vite tout lui dire avant que le mensonge ne devienne trop gros et qu’elle ne s’englue dans une situation inextricable. Elle le connaissait suffisamment bien pour prévoir sa réaction lorsqu’elle le lui avouerait. Il serait furieux. Mais elle espérait qu’il se calmerait lorsqu’elle lui aurait exposé les faits…  

Pour l’heure, elle songeait à Miki. Elle avait volontairement omis de lui dire qu’elle partait quelques temps car elle ne voulait vraiment pas subir son interrogatoire. Elle avait déjà été assez éprouvée par sa dispute avec son partenaire pour en rajouter. Et Miki la connaissait si bien qu’elle aurait sans doute flairé la chose. Mais elle ne pouvait pas la laisser en vouloir à Ryô. Elle inspira. Elle allait devoir se montrer vigilante pour ne pas éveiller plus de soupçons.  

Elle s’empara du téléphone.  

Miki servait un client quand le téléphone sonna. Elle s’excusa et se dirigea rapidement vers l’appareil qu’elle décrocha vivement.  

« _Le Café Cat’s Eyes, bonjour.  

_Bonjour Miki, c’est Kaori. »  

Un lourd poids tomba de ses épaules. Enfin elle l’appelait.  

« _Enfin ! Cela fait des jours que je ne cesse de penser à toi. Pourquoi ne m’as-tu pas dit que tu partais ?  

_Tout s’est décidé rapidement Miki. Et puis, ne m’en veux pas mais je n’avais vraiment pas le courage de répondre aux questions que tu m’aurais immanquablement posées. Je suis désolée. »  

Miki soupira avec tristesse. Son amie avait fui sa curiosité, c’est ce qu’elle comprit à demi-mot. Alors Falcon avait raison lorsqu’il lui disait que la curiosité était un vilain défaut…  

« _Pardonne-moi Kaori. Je n’avais pas conscience que je t’importunais.  

_Mais non voyons. Ne me fais pas dire ce que je n’ai pas dit. Je te dis simplement que je ne me sentais pas la force de te répondre. Sinon, comment allez-vous, fit-elle pour changer de sujet.  

_Nous allons très bien. Mais toi ?  

_Ca va merci. Je me repose.  

_Cela fait la seconde fois en quelques mois que tu pars te réfugier chez Sayuri. C’est si grave que cela ?  

_J’en avais besoin. Lui aussi d’ailleurs. J’espère que ça le fera réfléchir.  

_Si tu veux mon avis, il réfléchit déjà. Il n’est plus lui-même depuis ton départ.  

_C’est-à-dire ?  

_Il ne me saute plus dessus ! Une vraie image !  

_Ah oui ? Et bien ! Quelle nouvelle !  

_Et puis, je le trouve bien sombre aussi… »  

Kaori ne répondit pas. Elle avait perçu son trouble au téléphone. Elle avait conscience de lui avoir lancé un ultimatum. Et il ne savait sans doute pas comment réagir ni quoi faire.  

« _Ecoute, je voulais juste de rassurer sur mon sort. Je vais bien. Je prends un peu de recul pour y voir plus clair. Je reviendrai après. Tu salueras Mick et Kazue. Et Umi.  

_Oui, bien sûr. Fais attention à toi.  

_Merci. A bientôt. »  

Et elle raccrocha laissant Miki toute retournée. Elle ne savait pas ce qui avait réellement motivé le départ de son amie même si elle se doutait qu’il y avait un lien avec Ryô. Mais son mari avait raison : cela faisait des années qu’elle manigançait pour rapprocher les deux partenaires mais il était un temps où il fallait arrêter pour les laisser se débrouiller. Elle devait laisser Ryô et Kaori régler leurs problèmes seuls…  

Ryô avait rencontré Nelson deux jours auparavant. Ils s’étaient revus le lendemain de leur entretien pour régler les choses et surtout pour que Curtis puisse lui expliquer dans les détails la tournée de la star. Ryô était fort inquiet à ce sujet. Il avait passé ces deux derniers jours à se renseigner sur les salles de concert prévues, leurs sorties, leurs ouvertures. Bref, tout ce qui pouvait aider en cas de soucis mais aussi tout ce qui risquait de compliquer la fuite ou la bataille le cas échéant. Il ne serait pas simple de protéger la jeune femme dans de telles conditions. De plus, il était clair qu’elle était plus que récalcitrante à l’idée d’avoir un garde du corps. Il sourit en se disant qu’il allait jouer les bodyguards comme Kevin Costner ! D’autant que, tout comme Whitney Houston, Mystère ne voulait pas de lui et semblait également têtue ! Ca lui promettait du sport ! Le plus dur serait donc de convaincre la belle qu’elle courait un réel danger et qu’elle ne devait pas prendre cela à la légère. Il avait donc été décidé qu’il rejoindrait le groupe lors de la prochaine date et qu’il devait arriver au moment des répétitions.  

Alors il était là, au volant de sa mini garée devant la salle qui déchaînerait la foule ce soir. Il mourait d’envie de sortir et de courir pour rencontrer cette mystérieuse Mystère qui déclenchait en lui un sentiment qu’il ne s’expliquait pas. Il avait presque peur de sortir de la voiture pour la retrouver. Et oui, le grand Ryô Saeba avait peur. Mais peur de ce qu’il ressentait. Cette attirance alors qu’il ne l’avait jamais vue. Mais surtout peur car elle semblait lire dans son cœur et sa vie alors qu’elle ne le connaissait pas. Il leva un sourcil. Ce serait l’occasion de découvrir pourquoi elle lui faisait cet effet. Alors il sortit de son véhicule, accrocha le passe donné par Curtis à sa veste et entra dans le bâtiment…  

Un homme de sécurité l’accueillit.  

« _Bonjour Monsieur. Seul le personnel autorisé peut entrer. Je suis désolé mais vous ne pouvez pas rester, dit-il avec force pour se faire respecter de ce grand brun.  

_Bonjour. J’ai un passe pour information, sourit Ryô. Le gars ne faisait que son travail après tout.  

_Oh, pardon, je n’avais pas vu.  

_Où puis-je trouver Monsieur Nelson ?  

_Il surveille les répétitions. Il est dans les coulisses. Par-là.  

_Merci. »  

Et Ryô rejoignit l’agent. Plus il approchait, plus la musique se faisait entendre et plus son cœur battait. Il se rabroua mentalement. Mais qu’est-ce que c’était que ces sentiments de midinette ! Il inspira et poussa la porte des coulisses. Il fut surpris de l’effervescence des lieux. Ca courait dans tous les sens, les ordres arrivaient d’un peu partout.  

« _Allez ! Du nerf ! Il faut que tout soit prêt à temps ! C’est une tournée pas un spectacle à lieu permanent alors on s’active ! N’oubliez pas que ce soir on remet cela pour tout démonter et repartir alors motivez-vous ! Hop hop hop ! »  

Et bien Ryô était soufflé ! Il prenait seulement conscience que non seulement il devrait déjouer les plans du fou, déjouer les pièges des salles de spectacle peu propices à une bonne sécurité mais aussi déjouer les occasions que toute cette agitation pourrait donner au maniaque. Il n’était pas sorti de l’auberge… Il attrapa un jeune qui passait.  

« _Dis-moi où se trouve Monsieur Nelson, s’il te plait ?  

_Dans les coulisses, juste derrière la scène, là-bas. »  

Et il repartit à son travail sans même demander à Ryô qui il était ! Une libellule passa devant lui : on pouvait rentrer comme dans un moulin ici… Oui, pas de doute, il était dans l’univers de Bodyguard…  

Finalement, il arriva enfin dans les coulisses où la musique était vraiment très forte. Il aperçut alors Nelson. Il était à deux pas de lui lorsque la musique cessa. Il interpella alors son « employeur ».  

« _Bonjour Nelson. »  

Ce dernier se retourna vivement.  

« _Ah, vous voilà ! Vous arrivez à point nommé ! Mystère est encore sur scène ! Comme cela, elle sera mise devant le fait accompli ! Venez, approchez-vous ! Et regardez un peu ! Même en répétition elle est sublime ! »  

Les deux hommes s’avancèrent et Ryô put enfin poser ses yeux sur elle autrement que par le biais de son poste de télévision.  

Il en resta scotché. Elle se tenait pourtant de dos et il ne voyait que ses longs cheveux roux bouclés qui s’arrêtaient à la chute de ses reins. Et quelle chute… Il entendit alors sa voix.  

« _Bon, je crois qu’il nous en reste juste une à revoir. Et puis après, fini ! Du moins jusqu’à ce soir ! Bon, c’est parti ! »  

Sa voix était douce comme le miel. Mais étrangement quelque peu familière à ses oreilles… Elle se plaça alors devant son micro et il put admirer son profil fin et délicat légèrement dissimulé par les cheveux épais de la chanteuse. Son cœur cessa de battre. Pourquoi le mettait-elle ainsi dans tous ses états ?…  

Curtis remarqua le visage de Ryô se fermer. Il leva un sourcil. Que pouvait-il bien avoir en tête ?…  

Et la musique s’éleva alors suivie de la voix de la jeune femme. Ryô se perdit totalement : il ne voyait plus qu’elle. Oui, elle… Il ne connaissait pas cette chanson mais, une fois de plus, il se reconnut en elle.  

« Tant de fois j'ai murmuré les mots  

Sans jamais vraiment les dire  

Tant de fois j'ai su frôler ta peau  

Sans savoir la retenir  

Je suis passée à côté de toi »  

Oui comme c’est vrai… C’est tout à fait ce que je ressens envers Kaori. J’ai tant de fois murmuré à son oreille alors qu’elle dormait paisiblement ces quelques mots qu’elle attend depuis des années sans jamais réussir à les lui dire en la regardant droit dans les yeux. J’ai si souvent touché sa peau tout en la laissant s’échapper. Je sais que je me punis volontairement en ne la retenant pas mais je ne peux pas faire autrement. Et maintenant elle me demande de prendre une décision. Que vais-je faire ?…  

« J'aurais tant voulu que tout s'éclaire  

Pour me fondre dans la lumière  

Même si aujourd'hui tu n'es plus là  

Un jour ou l'autre on se reconnaîtra  

Quelque part au hasard de la vie »  

Combien de fois ai-je souhaité avoir une autre vie, une vie plongée dans la lumière et non plus être cet homme de l’ombre, de la mort, juste pour elle. Elle est partie et je ne sais pas quoi faire même si au fond de moi je sais qu’elle me reviendra. Et je l’ai reconnue pratiquement dès le premier regard. J’ai su… quelle place elle aurait dans ma vie. Même si je ne m’attendais pas à ce que la vie et son hasard me fassent une fleur…  

« Et j'attendrai de voir ce jour  

Comme on attend l'amour  

Et si je brûle d'impatience  

Je me ferai violence  

Je donnerai n'importe quoi  

Pour te serrer dans mes bras  

J'attendrai de vivre enfin  

Tout contre toi »  

C’est tellement ce que je désire : vivre tout contre elle. C’est maintenant qu’elle n’est plus près de moi que je me rends compte que j’ai plus que besoin d’elle. Mais elle est partie pour réfléchir, prendre du recul. Et je m’impatiente de la voir revenir. Mais je sais que je dois lui laisser le temps. Mais à l’heure actuelle, je donnerais n’importe quoi pour la serrer contre moi…  

« Aucune femme au monde ne pourra  

Je le sais, t'aimer comme ça  

Je n' veux plus jamais rien regretter  

Je veux vivre pour te retrouver  

Pour ne plus trahir mon seul désir »  

J’en ai conscience mon ange… Aucune autre femme n’aurait réussi à vivre auprès de moi aussi longtemps en supportant tout ce que je t’ai fait subir. Je ne vois aucune femme assez saine d’esprit pour partager la vie d’un nettoyeur. Pour aimer un homme des ténèbres comme moi. Et je sais que ton ultimatum a un rapport avec ce désir, ce besoin d’être VRAIMENT avec moi. Les regrets… Je sais que tu n’en veux plus… Mais comment faire pour passer au-dessus de tout ce qui nous sépare ?… Je ne sais pas… Je ne sais pas…  

« Et j'attendrai de voir ce jour  

Comme on attend l'amour  

Et si je brûle d'impatience  

Je me ferai violence  

Je donnerai n'importe quoi  

Pour te serrer dans mes bras  

J'attendrai de vivre enfin  

Tout contre toi »  

« De tout mon cœur  

De toute mon âme  

Je prie le ciel pour qu'il m'envole  

Tout contre toi... »  

Oui, de toute mon âme si par miracle il m’en reste encore une… Si seulement un vent pouvait m’emmener jusqu’à toi, tout contre toi… Peut-être découvrirais-je comme par magie ce que je dois faire…  

« Je donnerai n'importe quoi  

Pour te serrer dans mes bras  

J'attendrai d'être là...  

Tout contre toi...  

J'attendrai...  

Contre toi... »  

Moi aussi je donnerais n’importe quoi… Si ça pouvait tout changer… Mais plus j’y pense et plus ce rêve me semble inaccessible… Bon Dieu ! Que vais-je faire ?…  

Chimène Badi, Tout contre toi  

Ryô se sentait totalement bouleversé. Tout se mélangeait dans sa tête. Kaori, son départ, Mystère, les paroles de la chanson, ses sentiments. Il devait se reprendre. Mystère donnait les dernières notes. Curtis, inconscient du trouble du nettoyeur, lui proposa de se rendre dans les coulisses et de l’attendre près de la loge de Mystère. Il allait les présenter mais les deux hommes savaient que ça n’allait pas être une partie de plaisir. Ryô accepta cette proposition. Ca lui donnerait ainsi le temps de reprendre ses esprits. Il détestait se sentir vulnérable. Et force était pour lui d’admettre qu’il le devenait dès qu’il s’agissait de sa partenaire…  

Tout en gagnant les loges, il inspira plusieurs fois. Il sentit son état normal revenir. Pour le moment, il ne devait pas penser à Kaori. Il y penserait ce soir, après sa journée de travail. De toute façon, cela faisait 3 semaines qu’il se triturait les méninges et il ne savait toujours pas ce qu’il allait faire. Et puis, maintenant, il devait non seulement découvrir et stopper l’homme qui menaçait la chanteuse mais aussi comprendre pourquoi cette fille qu’il ne connaissait ni d’Eve ni d’Adam lui faisait un tel effet. En tout cas, il devait bien admettre qu’elle était drôlement jolie ! Même habillée simplement d’un jeans et d’un polo comme lors de cette répétition. Un rien pouvait, semblait-il, l’habiller.  

Il arriva alors près des loges. Une des portes étaient entrouvertes. Il passa devant et, soudainement, fit marche arrière. Il lui avait semblé voir quelque chose de très intéressant. Il poussa la porte et là….  

Transformation faciale… Des petits cœurs apparurent à la place de ses yeux… La bouche en cœur, il s’élança et se mit à léviter. Il venait d’apercevoir, dépassant d’un sac, un soutien-gorge en dentelle bleu clair. En un bon, il fut près du sac. Ou plutôt, la tête dans le sac. Il se mit à farfouiller dedans et découvrit des trésors insoupçonnés : de la soie, du satin, de la dentelle… Ah ga ga ga…. Il se délectait de ses trouvailles. Mais il ne prit garde que son saut avait fait glisser et le sac et lui sous une barre qui traversait toute la loge et qui servait de penderie. Si bien que seuls son corps et ses mains étaient visibles et que n’importe qui pouvait voir ce qu’il était en train de faire même si on ne voyait pas sa tête qui était dissimulée par les vêtements accrochés…  

Mystère s’étira et vit Curtis.  

« _Ah, tu es revenu ? Super ! Je vais me reposer un peu dans ma loge.  

_Je t’y rejoins tout de suite. Une chose à voir et j’arrive.  

_Très bien. »  

D’un pas leste, elle gagna sa loge. Elle vit que la porte était ouverte. Elle se souvenait bien l’avoir fermée. Etrange. C’était très certainement une personne de l’équipe qui y avait déposé quelque chose mais, étant donné la menace qui planait sur elle, il valait mieux qu’elle se montre prudente. Doucement, à pas de loup, elle approcha, prête à bondir au cas. Mais ce qu’elle découvrit la laissa dans un premier temps complètement pantoise. Une libellule pointa le bout de son nez tandis que son épaule droite se dénudait de stupeur. Et puis, une hargne monta en elle. Non mais ce n’était pas vrai… Elle les attirait ! Ca ne pouvait pas être autrement… Elle allait lui régler son compte ! Elle sentit un manche en matière noble se matérialiser dans sa main…  

Tout à sa délectation, il ne prit garde tout de suite qu’il était grillé, qu’on venait de le surprendre. Ce qui le réveilla quelque peu de son délire de matière délectable fut une sensation très bien connue de lui. Il stoppa tout mouvement alors qu’il sentait de la sueur glisser sur lui. Non, il ne connaissait qu’une seule personne capable de lui faire ressentir cette frayeur. Et elle n’était pas là… Il devait en avoir le cœur net. Lentement, il se redressa…  

Et puis soudain, elle réalisa où elle était et, surtout, qui elle était… Elle ne pouvait pas… Mais elle ne pouvait pas laisser ce gars, qui qu’il soit, la tête dans ses sous-vêtements ! Elle lâcha le manche et inspira fortement.  

« _Ahhhhhhhh !!!! Curtisssss, hurla t-elle à en faire exploser des tympans à 10 km à la ronde, il y a un pervers dans ma logeeeeeeeeeee !! Sécuritééééééé ! A l’aideeee !!! C’est peut-être mon satyreeeee ! »  

Et elle commença à lui balancer tout ce qu’elle avait sous la main.  

En entendant la voix horrifiée (NDA : ouaip !! Pas très futé le petit Curtis… lol) de la jeune femme, Curtis accourut suivi de près par les gars de la sécurité et arriva au moment même où elle soulevait un tabouret et le balançait tout droit sur la tête du pervers…  

Ryô n’eut pas le temps de comprendre ce qui lui arrivait ni qui avait hurlé à la mort qu’il reçut en pleine face différents objets volants non identifiables tant ils arrivaient vite sur sa tête ! C’est avec horreur qu’il suivit la progression du tabouret en calculant mentalement la trajectoire. Son calcul scientifique lui fit entrevoir qu’il le recevrait en pleine poire dans exactement… 3… 2… 1… Maintenant ! Le choc fut si violent qu’il fit un roulé-boulé en arrière et qu’il entraîna à sa suite toute la penderie. Puis le calme revint. Mystère était essoufflée et on ne distinguait plus qu’une seule jambe de « l’agresseur » (qui avait été en fait l’agressé ! mdr) dépasser de dessous les taffetas. Curtis leva un sourcil en pensant reconnaître le pantalon de l’homme enfoui… Et ça lui fit tilt !  

« _Curtis ! Comment a t-on pu laisser entrer un obsédé ici ?! C’est impardonnable ! Je l’ai surpris en train de fouiller dans mes sous-vêtements ! Il avait même la tête dedans ! Je veux qu’on appelle la police ! »  

A ce moment, des gémissements plaintifs se firent entendre tandis que l’amas de vêtements se mettait à bouger. Une voix étouffée s’éleva alors.  

« _Mais non voyons, inutile d’appeler la police. Ca va s’arranger tout seul. Pas vrai Nelson ? »  

Mystère se retourna vivement vers son agent.  

« _C’est quoi cette histoire ? Ne me dis pas que tu connais ce type ? Tu as des pervers dans tes amis toi ? Tu baisses dans mon estime ! Je ne veux pas savoir qui est ce type ni ce qu’il fait ici ! Je veux juste qu’il sorte de ma loge, vociféra t-elle. »  

Curtis eut un ricanement stupide. Ca s’annonçait plutôt mal…  

« _Euh, tu vois ma chérie, c’est-à-dire que… je ne peux pas le renvoyer.  

_Et pourquoi ça ?  

_Et bien, parce que cet homme est… Euh… Comment dire ?… »  

Et une voix hyper masculine et veloutée termina le discours maladroit de l’agent qui ne semblait vraiment pas comment s’y prendre.  

« _Je suis votre garde du corps. »  

La peau de Mystère se fit chair de poule en entendant cette voix. Lentement, comme dans un cauchemar, elle se tourna et rencontra une paire d’yeux aussi profonds qu’un lac sans fond. Le temps se figea. Aussi bien pour elle que pour lui. Ses magnifiques yeux verts… Dieu qu’elle était belle. Ses poils se dressèrent sur sa peau. Il fut incapable de bouger. Mystère, de son côté, était horrifiée. Non, ce n’était pas possible… Il fallait qu’elle fasse quelque chose. Elle devait se reprendre, maintenant ! C’est alors qu’elle avisa qu’il avait encore sur sa tête un de ses soutiens-gorge. Une sourde colère remonta en elle. Ryô la sentit également. Elle ressemblait à s’y méprendre à une rage de Kaori… Elle ne semblait pas non plus aimer ce genre de manières… Elle recula alors de trois pas et se planta devant Curtis.  

« _Quoi ? Ai-je bien entendu ? Je t’avais pourtant dit que je ne voulais pas de garde du corps ! Je n’en ai pas besoin ! Et puis, c’est la seule chose que tu as trouvée en magasin ? Tu me dégottes un garde du corps qui est le premier à se jeter sur ma lingerie !!! Non mais c’est quoi ce type ? JE NE VEUX PAS ETRE SURVEILLEE PAR UN PERVERS QUI APPRECIE DE PORTER COMME CHAPEAU UN SOUTIEN-GORGE !!! »  

Ryô réalisa qu’il avait en effet un sous-vêtement sur la tête. Très vite il le balança avec les autres. Mais il était trop tard : le mal était fait.  

« _Qu’est-ce qui a bien pu te passer par la tête pour engager un type pareil ?  

_C’est que c’est lui le meilleur sur le marché.  

_Tu plaisantes ?… »  

Mystère se retrouva les bras ballants pendants le long de son corps. Elle reporta son attention sur « le garde du corps ». Ryô avait retrouvé sa prestance mais cela ne sembla pas impressionner la jeune femme.  

« _Ecoute-moi bien Curtis. Je ne veux pas que ce gars m’approche ! Comment pourrais-je faire confiance à un homme que j’ai retrouvé la tête dans mes petites affaires ?  

_Je ne faisais qu’inspecter votre loge, mademoiselle. »  

Mystère se tourna vers lui. Sa remarque débile contrastait avec le sérieux qu’il affichait. Non mais, il croyait sérieusement qu’elle allait avaler ça ?…  

« _Et il me prend pour une gourde en plus ! »  

Croack…… Un corbeau passa….  

Mystère quitta précipitamment la loge. Ca commençait vraiment mal… Curtis resta planté là, comme un idiot, en regardant Ryô qui ne bougeait pas non plus. Le Lieutenant Nogami avait omis de le prévenir que ce professionnel avait un goût développé pour les petites culottes…  

Il sentait que les prochains jours, et même les prochaines minutes allaient être difficiles. Comment parvenir à la convaincre à présent ?…  

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