Chapter 21 :: Le doute de Curtis et la lumière de Ryô

Published: 29-03-07 - Last update: 29-03-07

Comments: Et oui, voilà une revenante qui se décide enfin à revenir sur ses projets solo ! Je me remets sur Mystère ! J'espère sincèrement que cette longue attente ne vous empêchera pas de replonger dans l'univers de la chanson ! Alors, je crois que je vous dois bien de faire un petit résumé afin de vous remettre dans le bain. Alors Ryô vient de faire la connaissance de Mystère. Il a accepté cette affaire pour enfin rencontrer cette chanteuse qui le perturbe tant mais aussi pour oublier un peu le fait que Kaori soit partie vivre quelques temps chez Sayuri car "leur couple" bat fortement de l'aile. Si vous vous souvenez bien, Kaori lui a carrément lancé un ultimatum ! Alors là, comme je disais, il vient de rencontrer Mystère et ça s'est mal passé (épisode de la lingerie de Mystère dans sa loge...). Le concert vient d'avoir lieu, ils sortent pour regagner l'hôtel et Ryô sent la présence de malade qui est en fait le même homme que celui de sa dernière affaire (la cliente épiée et l'histoire de l'agence immobilière qui a explosé). Le dernier chapitre majé s'arrêtait là, lorsque Ryô sent la présence de celui qui menace Mystère. Voilà, j'espère que ça vous remet un peu dans le contexte. Et cette fois c'est promis, je ne m'arrête plus, je termine cette fic. D'ailleurs, le prochain chap est déjà en cours d'écriture. Merci d'avance à ceux qui auront l'envie de continuer la lecture malgré cet arrêt plus que long. Bonne lecture.

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Ils avaient rapidement gagné la suite de la jeune femme. Le visage grave et fermé de Ryô lui fit passer l’envie de poser des questions. De toute façon, pourquoi lui en poser ? Elle savait parfaitement de quoi il retournait. Si elle avait eu encore quelques doutes, ils venaient de fondre comme neige au soleil ! La présence de Ryô à ses côtés était peut-être, finalement, un mal pour un bien. Elle ne craignait pas ce dingue mais il était tellement imprévisible ! Et elle jugeait sans mal que Ryô ne supportait pas d’être aussi inutile. Il avait la démarche d’un militaire pressé d’arriver sur le scène de guerre ! Elle devait presque courir pour suivre sa cadence ! Arrivée devant la porte de la suite, elle le dépassa brusquement afin d’ouvrir la mais Ryô lui prit la clé des mains.  

« _Donnez ! Je vais faire un tour rapide de la suite pour m’assurer qu’il n’y a pas de danger, clama t-il abruptement.  

_Ah ! Mais vous n’êtes pas possible ! Ce cinglé n’a aucune idée de l’hôtel où je séjourne ! Et je suis fatiguée !  

_On ne sait jamais ! Attendez sagement que je vous autorise à entrer ! »  

Il lui tourna le dos et entra en premier pour se garantir qu’ils étaient bien seuls. De son côté, elle rageait même si une petite voix lui soufflait qu’elle était ravie qu’il prenne autant au sérieux sa sécurité. Mais elle n’avait pas l’intention de lui obéir comme un brave toutou ! Lui, de son côté, était plus qu’agacé par cette bonne femme qui ne pensait qu’à le contrarier. Il poussa la porte et fit un pas digne de Goliath tant il se sentait à bout. Il balaya du regard l’ensemble de la première pièce quand son ouie fine l’alerta d’un bruit qui n pouvait signifier qu’une seule chose.  

Elle attendit qu’il soit bien entré pour lui emboîter le pas malgré son interdiction dont elle n’avait cure. Elle ne le lâcherait pas d’une semelle. En franchissant la porte, elle entendit un léger craquement qu’elle n’avait pas remarqué plus tôt mais qui ne la perturba pas plus que cela.  

Ryô se retourna alors pour constater que Mystère l’avait suivi.  

« _Non mais c’est pas vrai ! Ca vous arrive de faire ce que l’on vous demande ?! Vous n’êtes pas croyable ! Et s’il y avait eu un danger, vous y avez songé ?  

_Ah ça va, cessez donc de râler ! Y’a pas eu mort d’homme que je sache ? »  

Elle voulut alors s’asseoir sur le sofa mais il la retint d’un bras colérique et lui lança d’un ton mordant :  

« _Non, restez là où vous êtes et ne bougez plus un cil ! Je vais vérifier la suite en premier lieu. Ce gars fabrique des bombes ! Allez savoir s’il n’en a pas glissé une ici pendant notre absence ! Ne bougez pas tant que je ne vous y autoriserais pas !  

_Mais bien sûr ! C’est demandé si gentiment que je ne peux qu’obtempérer ! Juste au passage, la diplomatie, vous connaissez ? Ca aide parfois au lieu de se montrer brusque ! »  

Elle savait qu’elle était de mauvaise foi et pour beaucoup dans l’attitude irascible de Ryô mais elle aurait préféré s’arracher les dents à vif que de l’admettre ! Ryô soupira et lui jeta un regard noir qu’elle soutint sans mal ce qui le perturba un peu. Rares étaient ceux qui ne le craignaient pas. Et cette créature en faisait partie ! Il ne répondit pas et lui tourna le dos pour se mettre à la tâche. Il n’avait vraiment pas envie de se battre avec elle !  

Mystère le regarda aller et venir mais, de son côté, elle réfléchissait. Si c’était elle, où aurait-elle posé la bombe pour être certaine que sa victime ne s’en sortirait pas ? La logique voudrait qu’elle soit placée là où la routine portait les gens : le canapé, la télécommande de la télé, la salle de bain, la chambre à coucher. Oui, mais ce gars agissait différemment. Elle glissa son regard tout autour de la pièce. Elle haussa les épaules. Il était peu probable qu’il ait pu mettre un engin ici. Personne ne savait dans quel hôtel elle logeait. Mais elle devait tout de même admettre qu’il était malin. Il savait bien que ce serait les premiers endroits qui seraient vérifiés. Il se doutait bien aussi qu’elle devait avoir un service d’ordre minimum. Et il savait désormais qu’il s’agissait de Ryô. Il devait néanmoins être contrarié de le retrouver une seconde fois sur sa route ! Alors, juste par acquis de conscience, où se trouvait-elle cette hypothétique engin explosif ?…  

« Oui, pour ne pas s’en sortir vivant, pensa t-elle. »  

Sortir ? Un déclic se fit. Elle se tourna vers la porte. Le léger craquement qu’elle avait entendu. Elle s’approcha précautionneusement et s’agenouilla. Elle observa le plancher et découvrit des écorchures latérales sur certaines lattes, celles-là même sur lesquelles elle avait marché en entrant. Comme si elles avaient été soulevées.  

« Sous le plancher ! J’ai amorcé le mécanisme en marchant dessus ! Et si je remarche dessus, ça devrait probablement exploser ! Et ben ! Quelle ingéniosité ! Arf ! Reprend-toi ! C’est pas le moment d’avoir de telles pensées ! Comment je vais faire pour que Ryô le remarque sans qu’il me soupçonne d’avoir compris ? Réfléchis vite ma petite, il ne va pas tarder à revenir de l’autre pièce ! »  

Elle se releva et chercha un moyen de révéler la cachette. Elle tritura nerveusement son bracelet. Et l’homme revint.  

« _Bon, tout semble en ordre. Je n’ai rien trouvé. »  

Mais elle savait que c’était faux ! Il s’approcha d’elle.  

« _Vous pouvez aller vous coucher tranquillement. Je veille sur vous. »  

Elle pesta intérieurement ! Si elle ne trouvait pas vite quelque chose, il risquait de tout faire sauter ! Prise d’une inspiration subite, elle fit malencontreusement tomber son bracelet sur le sol.  

« _Ah zut, dit-elle, que je suis maladroite ! »  

Elle voulut se pencher mais Ryô, en galant homme (nda : Euh ? Un galant homme ? °_° Où ça ? mdr) la devança. Et bien évidemment, son œil aguerri (nda : enfin pas tant que cela finalement car il est quand même passé à côté !) remarqua les traces.  

« _Reculez-vous, lâcha t-il brutalement. »  

Pour la forme, elle réitéra son mécontentement.  

« _Ca vous écorcherait de dire « s’il vous plait » !  

_Arrêtez d’objecter et faites ce que je vous dit ! Vous n’en avez pas assez de me contrarier ! Désolé, mais dans mon métier, mettre les formes est inutile et fait perdre du temps ! Vous m’imaginez un peu dire « pardonnez-moi cher ami, mais pourriez-vous vous coucher sur le sol, je vous prie ? Je pressens que nos ennemis vont nous tirer dessus. Merci beaucoup. » Mon client serait criblé de balles avant même que j’ai pu aligner deux mots ! Un « couchez-vous ! » est bien plus efficace ! Alors, de grâce, reculez ! »  

Une libellule tomba sur la tête de Mystère ! Elle imagina un instant Ryô parler ainsi. Elle se retint de rire et, faisant semblant de bouder, fit quelques pas en arrière.  

Ryô s’admonesta ! Comment avait-il pu passer à côté de ça ! Il avait pourtant bien entendu ce grincement, ce qui l’avait d’ailleurs averti que « sa cliente » l’avait suivi, mais n’y avait pas prêté attention plus que cela, pensant naïvement que c’était simplement le bois du plancher qui « vivait ». Quelle erreur impardonnable ! Si Mystère n’avait pas fait tomber son bracelet, il serait vraiment passé outre ! Et ils en seraient tous les deux morts le lendemain en voulant sortir de la suite ! Mais comment voir ce qu’il y avait dessous ? S’il soulevait les planches il risquait de tout faire sauter. Quoique ? C’était sans doute programmé pour un certain poids ou quelque chose dans ce goût-là. Il devait prendre ce risque malgré tout. Mais avant… Il se redressa, s’approcha de la petite table, prit un crayon et griffonna quelques mots sur un papier.  

« _Tenez, fit-il en lui tendant la feuille. Si jamais il m’arrivait quelque chose, contactez cette personne. Elle prendra le relais. Maintenant, réfugiez-vous dans la chambre. (ndb : hmm curieuse moi, il a donné le nom de qui ? ^^ )  

_Quoi ? Mais, que comptez-vous faire ? Je ne comprends pas de quoi vous parlez, fit-elle en lisant le papier. »  

Son sang ne fit qu’un tour en découvrant les mots : Falcon, café Cat’s Eye, une adresse et un numéro de téléphone. (nda : j’ai choisi Falcon plutôt que Mick car il s’y connaît mieux en bombe ^^) Cela ne pouvait signifier qu’une seule chose…  

« _Il y a une bombe sous le plancher, à cet endroit. J’ai remarqué ces traces suspectes en ramassant votre bijou. Je vais devoir regarder mais je ne sais pas ce que je vais y trouver. Ca explosera peut-être à la minute même où je soulèverai la lame.  

_Mais vous êtes fou ! Il faut appeler des démineurs ! Si cet homme est aussi doué que ça avec des explosifs, il faut faire appel à des professionnels ! Je ne vais pas vous laisser commettre pareille folie ! »  

Son cœur s’était mis à battre la chamade. Elle ne le laisserait pas faire ! Elle ne prendrait pas ce risque alors qu’elle connaissait très bien les explosifs et qu’elle les maniait avec dextérité alors il était hors de question qu’il le fasse.  

« _Cessez de discuter et obéissez !  

_Non ! Je ne bougerai pas de là ! Appelez la police ! Je vous interdis de toucher à ce plancher ! »  

Ils se défièrent du regard. Il y lut une telle détermination ! Incroyable ! Il eut une pensée pour Kaori. Elle aussi pouvait se montrer plus que têtue dans certains cas. Il sut de suite qu’il ne la ferait pas bouger à moins de la contraindre par la force. Et s’il faisait cela, ça n’arrangerait pas leur relation qui était déjà plutôt mal partie ! Alors, contre toute attente, il se résigna. Il se détourna à nouveau et saisit le téléphone.  

Elle respira alors mieux. Mais se renfrogna en entendant le nom de l’interlocuteur, enfin plutôt interlocutrice, de Ryô.  

« _Vous ne pourrez pas entrer. J’ouvrirai la porte lentement pour donner accès à tes hommes… Très bien… Tu seras là dans combien de temps ?… Bien. A tout de suite. »  

Il reposa le combiné.  

«_Les démineurs seront là dans 15 minutes. C’est une chance que nous soyons à Tokyo. Allez dans la chambre, je serais rassuré.  

_D’accord, répondit-elle soulagée. »  

Voilà, la bombe avait été désamorcée. Il y avait quelques dégâts faits au plancher mais la direction avait remercié la police : ça aurait pu être bien pire si la bomba avait explosé ! Saeko laissa partir ses hommes et se tourna vers Ryô. Mystère ne s’était pas montrée. Elle n’en avait pas été surprise : le courant était mal passé entre elles la dernière fois (nda : tu m’étonnes ! lol).  

« _Et bien, tu as finalement découvert quelle chanteuse était impliquée !  

_C’est un hasard. J’ai été contacté par son agent. »  

La policière sourit intérieurement : s’il savait que c’était elle qui avait donné ses coordonnées à Nelson, elle ne donnerait pas cher de sa peau !  

« _Je suis surprise que tu m’aies appelée. Tu sais te débrouiller d’habitude comme le grand garçon que tu es, se moqua t-elle. »  

Mais il préféra ignorer cette moquerie. L’affaire venait de prendre un autre tournant.  

« _Je n’ai pas eu le choix ! « La Star » en a fait tout un fromage ! Tu sais, puisque tu es là, je crois qu’il est plus que probable que le lien entre tous ces faits soit le monde du showbiz. Je n’ai pas eu l’occasion de te le dire mais j’ai découvert quelque chose.  

_Quoi donc ?  

_Ma dernière cliente travaillait pour cette agence immobilière qui a sauté et elle a eu, durant quelques jours, un contact avec le monde du spectacle mais ça n’a rien donné. C’est pas grand chose, mais c’est troublant.  

_Ok, je vais voir ce que je trouve de ce côté-ci. Je te laisse. Bon courage.  

_Ouaip ! Surtout, n’oublie pas de me communiquer tes résultats ! Et je veux aussi les conclusions du labo pour la bombe !  

_Mais oui, mais oui, fit-il distraitement en quittant la pièce tout en baillant. »  

C’est qu’il l’avait réveillée en pleine nuit ! La tête de Ryô tomba sur sa poitrine. Il était maudit en ce moment…  

Mystère réapparut alors. Elle n’avait eu aucune envie de se retrouver face à Saeko.  

« _C’est fini. Vous pouvez aller vous coucher tranquillement. »  

Elle acquiesça d’un simple signe de tête. Elle était épuisée par tous ces évènements. Sa tournée était fatigante et elle commençait à ne plus supporter la pression de la présence de son agresseur. Qui était-il et que lui voulait-il exactement ? Pourquoi s’en être pris à cette agence ? Pourquoi épier Mamasi sans lui faire de mal ? Elle ne comprenait rien. Et maintenant, la présence de l’inspectrice dans l’équation…  

Le lendemain, début d’après-midi  

Mystère avait terminé ses bagages et les sacs reposaient dans l’entrée. Elle regardait le trou béant du plancher sans vraiment le voir. Si seulement ils pouvaient découvrir les motivations de ce malade, tout serait plus clair. Elle soupira. Ryô l’observait depuis plusieurs minutes. Il avait beaucoup de mal à la cerner. Il ne savait pas si tout cela l’avait réellement secouée, si ce n’était qu’une façade, si elle intériorisait ou si elle s’en fichait royalement ! Quelle étrange jeune femme ! Tant de facettes dans une même personne. Comme Kaori… C’était sans doute pour cela qu’elle le troublait tant. Mais il ne put poursuivre plus avant ses réflexions que la porte de la suite s’ouvrit dans un fracas…  

Curtis se sentait comme en transe ! Il venait d’être contacté par l’inspecteur Sion qui lui avait appris qu’une bombe, une vraie bombe cette fois, avait été retrouvée dans la chambre d’hôtel de Mystère ! Et elle ne l’avait pas informé ! Mon Dieu ! Il réalisait que sans la présence de Saeba, elle aurait pu y rester ! Comment ne pouvait-elle pas prendre cela en compte ? Il était en colère, il était stressé. Il était angoissé. Il ne voulait pas qu’elle meure. Non… Il arriva finalement devant la porte et l’ouvrit avec fracas. Il fit un pas mais, étrangement, il ne sentit pas la morsure du plancher sous son pied. Il se retrouva étalé de tout son long par terre, le nez plongé dans les bagages de sa vedette, le bas de sa veste de costume Saint Laurent totalement remontée sur le haut de son dos.  

Mystère et Ryô sursautèrent et se levèrent précipitamment. Ils arrivèrent en même temps près du pauvre agent.  

« _Curtis ! Oh Mon Dieu ! Tu ne t’es pas fait mal au moins ?  

_Mais… Mais qu’est-ce qui s’est passé ?  

_Vous êtes simplement tombé dans le trou, lança calmement Ryô en relevant le bougre un peu sonné.  

_Un trou ? Bon Sang ! La bombe ! »  

Il attrapa alors Mystère dans ses bras.  

« _Elle a explosé alors ! Dis-moi que tu n’es pas blessée ?  

_Curtis, lâche-moi, je vais bien ! Et la bombe n’a pas explosé. Elle était dissimulée sous le plancher. La police a du faire ce trou pour la désamorcer. »  

Il la relâcha et la colère brilla dans ses yeux.  

« _Tu aurais pu me prévenir ! C’est la police qui m’a averti il y a à peine une demi-heure ! Es-tu donc inconsciente ? J’espère que maintenant tu prendras tout cela au sérieux ! Ce n’était plus un jouet rempli de confettis ! Mais c’est pas possible ! Qui c’est ce gars ? Et qu’est-ce qu’il te veux ? Et vous, fit-il en se tournant brusquement vers le nettoyeur, que comptez-vous faire à présent ? Il faut arrêter ce type ! Coûte que coûte, hurla t-il presque.  

_Vous allez déjà commencer par vous calmer, répondit-il calmement. La précipitation et la colère ne mènent nulle part. Ensuite, il était bien temps de vous prévenir des évènements aujourd’hui. Il n’y a pas eu de dégâts puisque j’ai découvert la bombe. Il était donc inutile de vous alarmer. Asseyons-nous, j’ai des choses à expliquer. »  

Curtis inspira et obtempéra. Mystère prit également place dans un fauteuil et Ryô s’installa face à Nelson.  

« _J’ai ressenti la présence de cet homme hier soir, à la sortie du concert. Il était là à surveiller. Il sait désormais que Mystère a un garde du corps. Et qu’il s’agit de moi. Nous nous sommes déjà rencontré si je puis dire il y a quelques semaines.  

_Comment cela, s’étonna l’agent.  

_J’ai protégé pendant quelques jours une jeune femme qui se sentait épiée. Elle avait travaillé quelques temps dans une agence immobilière qui a subit une explosion. Et la bombe était identique à celle trouvée dans la loge. Et je suis prêt à parier qu’il en sera de même pour celle découverte hier soir.  

_Ah bah ça alors, s’exclama Curtis. Le monde est petit ! Les inspecteurs Ling et Sion nous ont parlé de cette affaire ! Et vous avez travaillé dessus ? Quelle étrange coïncidence !  

_En effet, le hasard fait parfois bien les choses. Et dans ce cas c’est un avantage certain. C’est le même homme, j’en suis sûr. Mais il est insaisissable et j’avoue, même si cela m’enrage, que je n’arrive pas à, comment dire ?… Le débusquer. Je sens qu’il est là, sa présence transpire la haine mais je ne ressens rien de plus. Il est très dangereux, ça, c’est plus que certain. Mais je m’interroge sur les liens même si j’en ai déjà une petite idée. Si seulement nous découvrions ses motivations ! Mais, j’y pense soudain, connaissez-vous un homme du nom de Morton ? »  

Curtis ouvrit de grands yeux. Morton ?… Il jeta un coup d’œil discret sur la jeune femme mais Ryô le remarqua et leva un sourcil interrogateur. Puis l’agent reporta son attention sur le garde du corps. Il n’en revenait pas ! Mystère lui avait posé la même question. Ses lèvres se pincèrent. Qu’est-ce que cela signifiait ? Il devait en savoir davantage avant de répondre.  

« _Je suis assez perplexe. Pourquoi me parler de lui ?  

_Et bien, ma cliente avait été contactée par lui. Il lui avait proposé un contrat mais le projet n’a pas abouti. Elle s’appelle Mamasi je ne sais plus comment. Cela vous rappelle t-il quelque chose ? »  

Alors là ! Cette conversation ressemblait à celle qu’il avait eu avec sa protégée sauf que c’était lui qui lui avait parlé de ce contrat qui était tombé à l’eau parce qu’ils avaient découvert une autre jeune femme dans un pub karaoké : elle ! Qu’est-ce que ça voulait dire ? Comment Mystère avait-elle entendu parlé de Morton ? Pour Saeba, la réponse était évidente : sa cliente lui en avait touché un mot. Un doute incroyable s’insinua dans l’esprit de l’agent : qui était vraiment Mystère ? Il avait accepté certains termes du contrat car il la voulait vraiment mais il regrettait à présent ce choix…  

Ryô commençait à s’impatienter. Alors, il allait se décider à répondre ?  

« _Nelson, dit-il brutalement. J’ai besoin de réponse pour avancer ! Alors ? Connaissez-vous oui ou non Morton et Mamasi ? Ou l’un ou l’autre ? »  

Curtis retomba sur terre.  

« _Euh, oui. Morton est un recruteur de la maison de production. Il est retourné aux Etats-Unis. Le climat japonais ne lui convenait pas, fit-il avec ironie. Avant de partir il a déniché une « potentielle » comme on dit. Les négociations étaient en cours. Ce n’est pas moi qui m’en suis chargé personnellement même si je supervisais. Mais, entre temps, nous avons trouvé Mystère et la direction a décidé de laisser tomber la fille et de se concentrer sur Mystère. Cette jeune femme s’appelait Mamasi Maito si je me souviens bien. »  

Ryô se cala contre le dossier du sofa comme frappé par la foudre. Mais quel idiot il faisait ! Décidément, il n’était plus lui-même ces derniers temps !  

Mystère avait le cœur qui palpitait comme un cheval fou. Elle parvenait à rester maîtresse d’elle-même mais le regard que Curtis lui avait lancé lui avait glacé le dos ! Elle avait été soulagée qu’il n’en dise pas trop, se bornant à répondre à la question posée sans développer ! Mais elle avait vu le doute chez lui. Ryô ne réalisait pas ce que cette simple question impliquait pour elle. Décidément, la situation ne faisait que s’empirer ! Sa sœur avait raison : elle s’engluait dans un schéma plus que tortueux. Et puis, elle vit une lueur s’allumer dans le regard sombre du nettoyeur. Elle reconnut cette lumière : il avait visiblement compris quelque chose d’important.  

« _Mais quel imbécile je fais ! C’était sous mon nez depuis le début ! »  

Mystère se pencha en avant.  

« _Comment cela ? Expliquez-vous ?  

_Mamasi ! Tout me fait revenir à elle ! C’est elle le lien ! Elle a été renvoyée, l’agence immobilière a explosé ! Vous avez pris sa place au sein de la maison de production et voilà qu’on vous menace de mort ! Tenez. »  

Il se leva pour prendre la pochette contenant les lettres de menaces qu’il ouvrit.  

« _Ecoutez. Alors non pas celle-ci, ni celle-la… Oui : « Comment ont-il pu faire une chose pareille ? Tu n’es qu’une pâle figure ! Tu ne vaux rien ! Arrête le spectacle ou la scène sera ton tombeau ! » Une pâle figure ! Il vous compare à Mamasi. Ce malade se prend pour l’ange gardien et le vengeur de Mamasi ! »  

Curtis et Mystère restèrent pantelants face à cette conclusion des plus logiques ! La jeune femme n’en revenait pas de ne pas avoir compris plus tôt. C’était tellement évident pourtant. Curtis se mit debout à son tour.  

« _Parfait. Alors il faut chercher du côté de Mamasi.  

_Je l’ai déjà fait je vous signale et elle ne connaît pas cet homme. Je pense que c’est un dingue qui a jeté son dévolu sur elle et qui la « protège » dans l’ombre. Mais maintenant, au moins, on sait. Je vais avertir la police de mes conclusions.  

_Cela ne nous avance pas plus !  

_Vous avez tort Nelson : comprendre le pourquoi du comment n’est que le premier pas. J’avançais en aveugle jusqu’à présent. Ce n’est plus le cas !  

_Très bien ! Mystère, c’est l’heure ! Il faut nous mettre en route. Ta prochaine date ne va pas attendre.  

_Euh, oui, oui, fit-elle un peu secouée tout de même de découvrir qu’elle était constamment la cible de quelqu’un même quand elle ne faisait rien ! »  

C’est ainsi qu’ils reprirent tous la route… 

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