Hojo Fan City

 

 

 

Data File

Rated G - Prose

 

Author: Tamia62

Beta-reader(s): Kary, Lifetree

Status: Completed

Series: City Hunter

 

Total: 40 chapters

Published: 26-03-05

Last update: 05-12-07

 

Comments: 349 reviews

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RomanceHumour

 

Summary: Bah alors là, je sais pas si je peux en faire un. Disons que... Une proposition est faite à Kaori. Va t-elle ou non l'accepter?...

 

Disclaimer: Les personnages de "Mystère" sont la propriété exclusive de Tsukasa Hojo. Les songs qui aparaitront dans cette fic appartiennent également à leurs auteurs

 

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   Fanfiction :: Mystère...

 

Chapter 23 :: Doutes célestes et confidences

Published: 10-05-07 - Last update: 10-05-07

Comments: Voilà ! Désolée d'avoir un peu tardée mais je suis à un tournant de la fic donc il fallait que ça soit bien et crédible. Et puis, ma béta était absente pour quelques jours donc, je devais attendre son retour. Et hier, petits problèmes de connection. Mais voilà, il est là ! Il ne fallait pas désespérer ! lol J'espère qu'il vous plaira. N'hésitez pas à donner vos impressions, histoire de m'assurer que je suis dans la bonne voie. Kiss à tous et bonne lecture. Et un grand merci à mes reviewers.

 


Chapter: 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24 25 26 27 28 29 30 31 32 33 34 35 36 37 38 39 40


 

[ Il avait le front barré de lourds soucis. Son visage était figé et son regard inexpressif. Ca n’aurait pas dû se passer ainsi. Elle était bien plus pondérée et réfléchie que lui. Et honnête aussi. Contrairement à lui qui avait la palme de la lâcheté concernant les sentiments et qui préférait même se mentir à lui-même plutôt que d’admettre sa dépendance à cette femme. Et pourtant, cette fois, elle avait pris la terrible décision de continuer à mentir. Bon, certes, elle avait enfin découvert la vraie nature de ses sentiments, mais si elle persistait dans cette voie, ça ne lui servirait plus à grand chose de le savoir. Jamais il ne le lui pardonnerait. Et ça les conduirait à leur propre perte. Surtout lui : il se laissera mourir, il le connaissait trop bien. Que pouvait-il faire ? Il n’était déjà que trop intervenu dans leur histoire d’amour. Il aurait peut-être finalement mieux valu qu’il écoute son rabat joie d’apôtre ! Il lui semblait à présent qu’il avait été plus clairvoyant que lui sur ce coup-là !…  

 

Voilà quelques instants déjà qu’il l’observait en silence, le cœur gros. Il n’aimait pas le voir dans cet état. C’était pourtant chose courante ces derniers temps. La vie était difficile en bas et il ne savait plus trop comment faire pour aider. Mais, en cet instant, il savait parfaitement à quoi il songeait. Et les nouvelles qu’il venait lui apporter n’allaient pas arranger sa mélancolie. Mais il n’avait pas le choix. Il inspira et toussota pour signaler sa présence.  

 

Apôtre : Pardonnez-moi de vous déranger dans vos réflexions mais j’ai quelques nouvelles à vous communiquer.  

Dieu : Ce n’est rien. Je t’écoute, fit-il en s’asseyant à son imposant bureau blanc.  

Apôtre : Je crains qu’elles ne soient mauvaises.  

Dieu : Au point où j’en suis, marmonna t-il.  

Apôtre : L’Enfer a eu vent de vos projets concernant notre couple. Je ne sais pas ce qu’il s’y trame vraiment mais…  

Dieu : Mais ils vont s’en mêler, le coupa t-il.  

Apôtre : Oui.  

Dieu : Super ! Manquait plus que cela ! C’est déjà un vrai désastre alors ! Essaie d’en savoir plus. C’est important.  

Apôtre : Je vais faire de mon mieux. Mais ne perdez pas espoir. Les choses finiront par s’arranger.  

Dieu : Je ne sais pas. Il aurait mieux valu que je vous écoute. Laisse-moi maintenant, j’ai besoin de réfléchir.  

Apôtre : Bien. A plus tard alors.  

 

Et il quitta le bureau suprême le cœur gros… ]  

 

 

Ryô était affalé dans le sofa. Il bailla si fort que sa mâchoire faillit se décrocher ! Bon sang qu’il était crevé ! Cette tournée était un vrai supplice ! Comment faisait-elle pour suivre le rythme ? Et tous les gars de l’équipe technique ? Ils préparaient la scène en un temps record et la démontaient le soir tout aussi rapidement afin de reprendre la route très tôt, et ce bien avant Mystère et lui ! Il était sur les rotules ! D’autant plus que l’autre énergumène ne cessait de les harceler de sa présence silencieuse mais ô combien dangereuse. Et puis, la contrariété qu’il ressentait vis à vis de Kaori n’avait fait que s’accroître ces derniers jours. La petite voix qui lui soufflait que quelque chose n’allait pas ne le quittait pas. Et puis, depuis cette conversation avec la chanteuse, il se sentait perdu. Il avait tant de points communs avec elle. La nuit dernière il avait rêvé d’elle. Il s’était réveillé en sursaut, complètement en nage car… Une bouffée de chaleur l’envahit. Il avait rêvé qu’il lui faisait l’amour. Mystère lui était apparue dans ce songe comme une vraie diablesse. Généralement, il ne faisait ce genre de rêves qu’avec sa partenaire. S’il commençait à fantasmer sur elle, il n’était pas sorti de l’auberge ! Il fallait qu’il trouve la solution à son problème. Oui, mais comment ? Saeko n’avait pas plus d’indices que lui. Il l’avait avertie que le dénominateur commun était Mamasi. Elle avait alors refait une enquête plus approfondie la concernant mais sans résultat. Cette petite était vraiment aussi blanche que l’agneau qui venait de naître. Dès lors, le doute n’était plus permis : il s’agissait bien d’un malade mental qui s’était pris d’affection pour Mamasi. Et ce genre de type était les plus difficiles à stopper. Pour son plus grand malheur. Il inspira et la voix de sa cliente si fit entendre. Elle chantonnait en prenant son bain…  

 

Kaori savourait ces quelques heures de répit. Elle avait trois jours avant sa prochaine date mais elle devait se rendre dans un studio cet après-midi pour discuter de son prochain album. Elle ne pouvait pas se reposer sur ses lauriers. La tournée marchait du tonnerre mais elle devait penser à « l’après » et ne pas laisser ses fans attendre trop longtemps la sortie du prochain tube. Mais trois jours de détente… Le rêve dans ces conditions difficiles. Elle pensait bien sûr à sa tournée mais aussi à la présence de Ryô. Elle s’allongea un peu plus dans son bain parfumé et moussant, et soupira. Elle devait constamment faire attention à ses paroles, ses gestes pour ne pas éveiller ses soupçons. Et puis, la culpabilité commençait sérieusement à la ronger. Mais elle se sentait prise au piège. Elle ne savait pas comment se sortir de cette situation dans laquelle elle s’était elle-même précipitée. Les premières confidences de l’homme lui avaient fait un tel bien. Si seulement elle parvenait à le faire parler un peu plus. Elle souhaitait entendre ces mots qu’il semblait penser et qu’il n’avait jamais prononcer. Elle voulait être sûre. Elle voulait qu’il dise à Mystère « J’aime Kaori ». Ces quelques mots lui donneraient le courage de foncer. Si elle savait, elle aurait les armes pour se battre et lui faire dire ce qu’il aurait confié à la chanteuse. Mais une petite voix frappa à la porte de sa conscience.  

 

« Mais à quoi cela te servira de le faire parler ? Lorsqu’il apprendra la vérité plus jamais il ne t’adressera la parole. Il te jettera dehors ou c’est lui qui partira. Tu le connais assez pour savoir que ton attitude sera pour lui la pire des trahisons. Il ne te le pardonnera jamais. Dis-lui la vérité tant qu’il est encore temps. Vu l’état actuel des choses, tu pourras encore recoller les morceaux. Ce sera difficile mais faisable. Dis-lui la vérité ! »  

 

Son cœur se serra. Oui, il fallait qu’elle lui dise. Ou elle le perdrait. Elle inspira, forte de sa résolution, puis sortit de son bain qui, au final, ne l’avait pas relaxée car à présent, la conversation qui l’attendait risquait d’être la plus ardue de sa vie. Avec lenteur, elle regagna sa chambre et se prépara. Elle fut tentée de reprendre sa véritable apparence mais si par malheur quelqu’un venait, sa couverture tomberait à l’eau. Alors elle se coiffa, se maquilla légèrement, s’habilla d’une mini jupe blanche, d’un petit top à manche courte rose pâle et chaussa une paire de sandales à talons hauts d’un rose un peu plus soutenu. Elle se regarda dans le miroir. Quel changement ! Mais elle avait pris conscience de sa beauté grâce à tout cela. Certes, ce n’était ni ses cheveux ni ses yeux mais tout le reste était à elle. Et si le corps de Mystère était beau à regarder, celui de Kaori l’était tout autant. Elle réalisait maintenant la véracité des mots de Ryô. Il avait dit à Mystère qu’il avait dit des choses qu’il ne pensait pas pour la protéger. En disant qu’elle était un vrai garçon manqué sans forme, il mentait. Mais de qui voulait-il vraiment la protéger en fin de compte ? De leurs ennemis ou de lui ? Elle espérait avoir la réponse dans quelques instants.  

 

« Courage Kaori. C’est la seule solution. »  

 

Elle quitta la chambre avec la ferme intention de tout lui révéler et avec le souhait qu’il tenait suffisamment à elle pour au moins l’écouter jusqu’au bout…  

 

Elle franchit la porte du petit salon de la suite et posa son regard sur l’homme. Il avait la tête renversée sur le sofa, les yeux clos. Une bouffée d’amour monta en elle. Comme il était beau et désirable. C’est le moment qu’il choisit pour ouvrir les yeux et se redresser. Leurs regards se croisèrent et elle ne put masquer ses sentiments. A quoi bon, elle allait lui dire la vérité alors…  

 

Il sentit sa présence dans la pièce. Aussitôt, il se redressa. Le regard qu’il croisa lui fit froid dans le dos. Enfin, façon de parler. Un frisson digne des titans parcourut son échine. Non, il ne rêvait pas, c’était du désir qui coulait de ce regard vert. Soudain une puissante envie de se jeter sur elle lui saisit le ventre. Non ! Ce n’était pas possible. Ca ne devait pas se produire. Il devait trouver le moyen d’endiguer le feu qui commençait à parcourir ses veines. Ce feu pour elle et non pour Kaori. Mais elle était tellement belle et cette aura qui se dégageait de son être. Il devait mettre une barrière entre elle et lui au plus vite. Mais laquelle ? Sa langue parla plus vite que sa tête, comme si elle savait quoi faire.  

 

« _Vous êtes prête à ce que je vois. Dîtes-moi, votre proposition tient-elle toujours ?  

_Ma proposition, répondit-elle, prise au dépourvu.  

_Vous m’avez dit que si j’avais besoin de parler, vous seriez disposée à m’écouter. »  

 

Le cœur de Kaori fit un raté. Non, ça ne devait pas se passer ainsi. Elle devait lui avouer sa faute. Mais le côté obscur de sa conscience revenait en force. Il voulait lui parler de Kaori, « de sa femme ». Elle déglutit…  

 

Il vit la consternation se peindre sur ses traits. Il venait de lui infliger une douche froide. Et à lui aussi par la même occasion. Mais il respirait mieux. Quelle meilleure barrière que la femme que l’on aime ?  

 

Son côté obscur gagna le combat. Ce n’était visiblement pas le bon moment tenta t-elle de se convaincre tout en sachant qu’elle se mentait à elle-même. Elle s’approcha et s’installa près de lui.  

« _Bien sûr. Je vous l’ai promis. Je vous écoute. Et je vous promets de ne pas juger vos confidences. J’essaierai de vous aider au mieux. »  

 

Oui, mais voilà, qu’allait-il lui raconter exactement ? Toute la vérité ? Non, certainement pas ! Il ne savait pas vraiment par où commencer. Et puis les confidences, ce n’était pas son fort. Sa langue avait parlé plus vite que sa tête face à l’urgence mais à présent, il se sentait coincé. Et la jeune femme s’en aperçut.  

« _C’est si difficile de parler d’elle ?  

_C’est-à-dire que je ne suis pas doué pour les confidences, marmonna t-il mal à l’aise soudainement.  

_Tout garder en soi, c’est très mauvais. La preuve : même si vous ne m’avez rien dit, je suis sûre que vos silences doivent être la cause de pas mal de vos problèmes avec elle, non ?  

_Oui, vous avez sans doute raison, avoua t-il piteusement. »  

Mais ça ne l’aidait pas pour autant. Mystère vint à son aide.  

« _Parlez-moi déjà un peu d’elle. Vous la connaissez depuis longtemps ? Comment l’avez-vous rencontrée ? Que fait-elle dans la vie ?  

_Comment je l’ai connue n’a pas de réelle importance, pour vous tout au moins. Car bien sûr, c’est différent pour moi. Il y a tout de même des choses que je veux taire. Ce qu’il vous faut savoir par contre, c’est qu’elle est ma partenaire. Et qu’elle est arrivée dans ce métier par hasard, et qu’elle n’avait rien à y faire. Mais je n’ai pas su, ou pas eu le courage de lui dire non. Elle s’est installée chez moi et a pris les commandes sans que je ne sache m’y opposer. Je me suis soumis sachant que j’avais tort de céder. Et la suite des évènements n’a fait que confirmer mes craintes.  

_Pourquoi dites-vous cela ? Est-elle si peu douée ?  

_Oh non, vous vous méprenez. C’est tout autre chose. Je suis tombé amoureux d’elle. »  

Sa respiration se bloqua. Kaori eut une furieuse envie de pleurer face à ces mots qu’elle désespérait d’entendre un jour. Mon Dieu, il l’aimait. Il était amoureux d’elle. Et ce n’était pas à elle qu’il l’avouait mais à son alter ego. Mais c’était si bon d’enfin savoir. Du côté de l’homme, prononcer ces mots l’avait libéré. Oui, il était amoureux d’elle. Ca faisait du bien et du mal en même temps.  

« _Et les problèmes ont commencé, soupira t-il. Ca va vous paraître dur mais, dans mon métier, avoir des attaches affectives, c’est se mettre en péril. Et mettre aussi les êtres proches en danger. Si vous saviez le nombre de fois qu’elle s’est faite enlevée juste parce qu’elle était ma partenaire. Pour servir de moyen de pression, de monnaie d’échange. Et puis, avec le temps, une rumeur que nous étions un couple à part entière a fait son entrée dans le milieu. Ce fut le début de la fin. Mes ennemis se sont mis à s’en prendre à elle simplement pour me déstabiliser. Ils croyaient pouvoir ainsi m’abattre et prendre ma place. Et certains y sont presque parvenus car, lorsqu’il s’agit de Kaori, je ne suis plus du tout rationnel et professionnel. J’ai commis pas mal d’erreurs indignes d’un professionnel de mon niveau parce qu’elle était impliquée. Alors, j’ai pris la décision de la faire quitter ce milieu trop dangereux pour elle. Mais plus je m’efforçais à la faire partir et plus elle restait. Plus je me montrais odieux, plus elle s’accrochait. Je lui ai fait vivre un enfer durant des années. Mais, à force de tirer sur la corde, elle a fini par se casser. »  

Kaori avait tenté d’enfouir au fond d’elle ses sentiments face à ce discours. Une certaine colère l’habitait. Toutes ces années de souffrances… Ses raisons partaient, dans le fond, d’un bon sentiments mais de quel droit avait-il choisi pour elle, sans lui poser la question ? Sans lui demander ce qu’elle désirait. Et elle réalisa alors le sens de sa dernière phrase. Elle devait dire quelque chose ou il trouverait cela étrange.  

« _Attendez une minute, vous avez dit « une rumeur » ? Dans mon milieu, une rumeur c’est, la plupart du temps, une chose infondée et erronée qui sert simplement à compromettre. Etes-vous en train de me dire que vous n’êtes pas réellement un couple ? Qu’elle ne sait pas que vous l’aimez ? Et puis, que voulez-vous dire par « plus j’étais odieux » ? »  

Il se mordit la lèvre inférieure. Mince ! Lui qui voulait mettre une barrière voilà qu’il venait de lui dire à demi-mot qu’ils n’étaient pas ensemble ! Quel idiot ! Il la regarda et lut sur son visage la consternation. Que répondre ?  

« _C’est un peu plus compliqué que cela. Ce n’est pas qu’elle ne le sait pas. Juste qu’elle n’en est pas sûre. »  

Elle ouvrit de grands yeux de stupeur.  

« _Vous ne lui avez jamais dit que vous l’aimiez ? Elle n’a jamais entendu ces mots sortir de votre bouche ? Et depuis combien de temps attend-elle de les entendre ces mots magiques ?  

_10 ans, lâcha t-il rapidement. »  

 

Il osa la regarder pour voir sa réaction. Il ne sut pas trop comment interpréter la mimique de son visage. Elle se leva et se posta devant la fenêtre. Un silence s’installa qu’aucun d’eux ne rompit. Et puis, elle se retourna pour le toiser à nouveau.  

« _J’ai du mal à vous suivre. Vous vous êtes comporté comme un animal en rut lors de notre rencontre pour finalement me dire que vous aviez une femme. Aujourd’hui, j’apprends que vous ne lui avez jamais dit « je t’aime » et que votre couple est « une rumeur ». Mais qu’elle se doute de votre amour sans en avoir la certitude. Et elle tient bon depuis 10 ans ? Ca vous étonne donc qu’elle se soit enfuie ! Mais elle a la patience d’une sainte ! Je comprends qu’elle n’ai plus supporté votre comportement. Et puis, je vous le redemande. « Odieux », vous vouliez dire quoi par là ? »  

 

Il s’écrasa dans le sofa. Etrangement, son avis l’avait atteint en plein cœur car elle venait d’exprimer tout haut ce que lui pensait tout bas. Alors, comment réagirait-elle à la suite de ses aveux ? Il connaissait son tempérament de feu qui ressemblait parfois à celui de Kaori. Il sentait son regard posé sur lui et l’impatience qui la gagnait. Il eut alors l’envie d’agir comme avec Kaori : à savoir prendre la fuite. Mais c’était lui qui avait engagé cette conversation pour couper court à son soudain et incompréhensible désir. Mais il avait oublié que cette conversation serait désagréable.  

 

Elle le vit inspirer et sentit son agacement. Elle était surprise qu’il soit allé aussi loin dans ses confidences. Elle s’attendait à ce qu’il se lève et ne dise qu’il avait trop parlé. Bref, qu’il prenne la fuite comme à son habitude. Mais contre toute attente, il poursuivit.  

« _Essentiellement des… critiques.  

_Mais encore ? C’est vaste comme mot. »  

Mais il se ferma, incapable d’en dire plus. Il avait tellement honte de tout ce qu’il lui avait fait subir pour la faire partir. D’autant que maintenant qu’elle n’était plus là, il n’avait qu’un désir : qu’elle revienne. Il ne saurait pas vivre sans elle. Tout ce qu’il ressentait pour elle déferla sur lui comme un raz de marée. L’attirance qu’il avait pour Mystère lui apparut bien dérisoire face à cette déferlante. Mais la voix sèche de son interlocutrice lui ramena les pieds sur terre.  

« _Que lui avez-vous donc fait subir ? Parlez, bon sang ! Vous m’en avez trop dit ou pas assez ! »  

Il se leva brusquement, les bras le long du corps, les poings serrés, la mâchoire crispée.  

« _Sur tout ! Sa manière de s’habiller, de cuisiner, de faire le ménage. Sur son travail qui n’était jamais assez bien fait ! Sur sa féminité que je rabaissais ! Sur tout ce que je pouvais ! Le moindre de ses mouvements, agissements était bon à critiquer !  

_Mais enfin pourquoi, cria t-elle. Si vous l’aimez pourquoi ?  

_Pour qu’elle quitte ce milieu dans lequel elle n’a rien à faire ! Elle est tellement douce, attentionnée, incapable de faire du mal à une mouche et elle s’est retrouvée plongée dans un monde de violence qu’elle a souvent du mal à supporter même si elle ne me le dit pas, je le sais ! Combien de fois l’ai-je entendu pleurer !  

_Mais pourquoi ne pas simplement lui dire ça alors ? Lui parler de vos doutes ? Pourquoi la blessez-vous ? Elle aurait très bien pu comprendre vos raisons ! Lui demander simplement de partir ! Lui dire que vous la quittiez !  

_La quitter ? »  

Il lui tourna le dos et se passa une main lasse dans les cheveux.  

« _J’en suis incapable, marmonna t-il. J’ai trop besoin d’elle dans ma vie. Alors…  

_Alors vous lui avez laissé le poids de cette décision, le coupa t-elle.  

_Oui. Et maintenant qu’elle est loin de moi, je ne veux qu’une seule chose : qu’elle revienne. »  

 

Elle secoua la tête de désolation. Enfin elle comprenait tout. Il était tiraillé depuis plus de 10 ans par ses sentiments. La soustraire de ce monde qu’il estimait trop cruel pour elle. Et d’un certain côté, il n’avait pas tort. Il lui arrivait encore fréquemment de pleurer face à la laideur de ce qu’elle voyait. Mais elle adorait se sentir utile et contribuer, même si ce n’était qu’un peu, à nettoyer toute cette cruauté. Ainsi il la gardait près de lui parce qu’il avait besoin d’elle pour vivre. Elle l’avait toujours su, qu’il serait perdu sans elle. Dans tous les sens du terme. C’est pour cela qu’elle avait tenu bon malgré tout. Jusqu’à ce que la coupe ne finisse par déborder. Mais face à ces mots, elle se sentit retrouver les forces d’une pléiade de Dieux. Et elle devait le remettre sur la bonne voie. Et elle ne le ménagerait pas.  

 

« _Et bien ! J’en apprends de bonnes ! Mon garde du corps sans foi ni loi et qui ne craint pas les détraqués genre celui qui me harcèle, est en fait un lâche de la pire espèce ! Je ne suis pas sûre que cela doive me rassurer. Je sais que je vous ai promis de ne pas vous juger mais, franchement, là, je ne vois pas comment je pourrais tenir cette promesse ! Vous rendez-vous compte de ce que vous venez de me dire ? Pauvre Kaori, comme je la plains. Vous n’avez pensé qu’à vous dans cette histoire. Vous êtes-vous déjà posé la question de ce qu’elle voulait, elle ? Vous a t-elle déjà dit qu’elle détestait sa vie ? Son travail ? Etre votre partenaire ? Pourquoi est-elle restée près de vous tout ce temps malgré les blessures morales que vous lui infligiez ? Elle a tenu 10 longues années avant de vous quitter. Et voilà que vous réalisez que c’était la dernière chose que vous vouliez. Vous pensez sérieusement qu’elle va revenir après cela ? Déjà, si j’ai bien compris, vous rencontrez des difficultés à la contacter. Elle ne veut pas vous parler. Quoi de plus naturel après ce que je viens d’apprendre. »  

 

Il lui fit à nouveau face et la toisa avec méchanceté.  

« _Lâche, articula t-il avec peine.  

_Oui lâche ! Et ne me regarde pas comme ça, fit-elle, le tutoyant. Quel autre terme utiliser ? Tu as peur de lui dire ce que tu ressens. Peur qu’elle te quitte tout en le désirant et t’arrangeant pour lui donner le mauvais rôle et être celle qui décide à ta place ! Si ce n’est pas de la lâcheté alors, dis-moi un peu, qu’est-ce donc ? Et maintenant qu’elle est partie, tu te demandes comment la faire revenir ! Tu n’as que la monnaie de ta pièce Ryô ! A sa place, je t’aurais même interdit de m’appeler ! Et comme elle semble quand même plus courageuse que toi, j’espère qu’elle prendra la décision de refaire sa vie sans toi ! »  

 

Il se figea. Refaire sa vie sans lui ? Non, elle se trompait. Jamais elle ne referait sa vie sans lui. D’ailleurs, elle ne l’avait pas réellement quitté. Elle avait juste mis un peu de distance entre eux pour lui permettre de prendre une décision. Il n’avait pas oublié qu’elle lui avait lancé un ultimatum. Mais il était vrai qu’il s’interrogeait sur cette indisponibilité. C’était toujours sur Sayuri qu’il tombait. Pourtant, quand il l’avait enfin au téléphone, elle était ravie de discuter avec lui, il en avait la certitude. Mais pour l’heure, il devait remettre Mystère à sa place. Elle avait certes marqué des points et mis le doigt sur beaucoup de choses correctes concernant sa relation avec Kaori, notamment sur son éternelle indécision, mais ses conclusions étaient infondées.  

 

« _Je l’admets, tu as raison sur de nombreux points, répondit-il, la tutoyant également. Mais tu te trompes sur un point essentiel : elle ne m’a pas quitté.  

_Elle ne t’a pas quitté ? Mais pourtant, elle est loin et tu n’arrives pas à la joindre ?  

_Oui, c’est vrai, je rencontre des difficultés à la joindre directement. C’est toujours sa sœur que j’ai et qui joue les intermédiaires. Alors qu’elle est sensée être chez elle. Et cela m’inquiète. Mais elle ne m’a pas quitté. Elle voulait juste partir un peu pour réfléchir et aussi… »  

 

Il se tut. Ses épaules s’affaissèrent.  

 

« _Et aussi quoi ? Explique-toi correctement.  

_Elle m’a lancé un ultimatum.  

_Un ultimatum ? Et bien, elle doit être sacrément amoureuse de toi pour espérer un changement de ta part ! Mais a t-elle la moindre chance que tu finisses par répondre à ses attentes, demanda t-elle plus doucement.  

_Je viens de te le dire : je veux qu’elle revienne. Pour le moment, je reprends contact, je lui ai dit qu’elle me manquait. Mais je ne veux pas la brusquer. J’ai moi aussi certains problèmes à résoudre. J’ai certaines décisions à prendre pour qu’un avenir soit possible entre nous. Mais je ne sais pas trop par quel bout commencer. Si la rumeur se transforme en certitude, elle ne sera que plus exposée encore. Je dois trouver le moyen d’empêcher cela.  

_Lorsque je t’écoute parler, j’ai l’impression d’être face à une star qui a la grosse tête ! « Elle sera exposée », « prendre ma place », « mes ennemis ». Tu ne te ferais pas des films ?  

_Des films, ironisa t-il avec un sourire en coin. Ma pauvre, si tu savais ! Tu n’as pas idée de qui je suis réellement !  

_C’est-à-dire ? Que dois-je comprendre ? »  

 

Oups ! Une fois de plus, il avait trop parlé. Que lui révéler ? Oh, et puis, après tout, il n’avait jamais eu honte de ce qu’il était. Honte de certaines de ses actions, oui, mais pas de ce qu’il était. Et puis, ça lui clouerait sans doute le bec ! Du moins, l’espérait-il.  

 

« _Non, je n’ai pas la grosse tête, je suis réaliste. Je ne suis pas réellement un garde du corps ni un privé. La vérité, c’est que je suis en fait un nettoyeur. Et pas n’importe lequel. Je suis le numéro un du Japon. »  

 

Mystère ne bougea plus et le fixa gravement. Mais intérieurement, elle jubilait. Elle se sentait libérée. Mais le problème restait entier. Il était même plus gros qu’au début de cette conversation. Il pensait se confier à une inconnue et il parlait de Kaori à Kaori ! Elle était dans une merde profonde ! Sa conscience venait de réaliser la portée de ses agissements. Il ne lui restait plus qu’une seule solution : se taire. Elle venait de prendre une grande décision : terminer sa tournée, achever les engagements pris pour le prochain album et le duo qu’elle avait accepté de faire avec ce ténor puis elle quitterait le show-biz. Mystère disparaîtrait et Kaori reprendrait sa place comme si rien ne s’était produit. Car, si elle avouait maintenant, jamais il ne le lui pardonnerait et tout cela n’aurait servi à rien. Et pour l’argent qu’elle ramènerait, elle lui ferait croire qu’elle avait travaillé sur des affaires à New York et que c’était pour cette raison qu’elle était si peu disponible et que Sayuri la couvrait car elle savait qu’il aurait été furieux qu’elle se mêle au milieu américain. Mais pour l’heure, elle devait mettre un terme à cette conversation.  

 

« _Je vois, finit-elle par murmurer. Je comprends mieux. Cela va peut-être te surprendre, mais je ne suis pas étonnée. Tu respires le danger bien que je n’en sois pas réellement impressionnée. »  

 

Cette petite remarque eut le don de l’achever. Mais rien ne lui faisait peur à cette fille ! Qui était-elle vraiment pour encaisser cette révélation sans sourciller ? Il fallait qu’il perce ce mystère. Sa santé mentale en dépendait ! Mais déjà, elle poursuivait.  

« _Laisse-moi te donner un conseil. Sois honnête avec elle. Répète-lui ce que tu viens de me dire. Elle sera en colère, c’est certain mais ton honnêteté adoucira ta bêtise. Et si elle t’aime vraiment comme cela me semble, elle te pardonnera et reviendra. Maintenant, excuse-moi, je vais me rafraîchir. J’ai besoin d’assimiler tes paroles. Et toi aussi je pense. A tout à l’heure. »  

 

Et elle le planta là, au milieu de salon. Mais il ne lui en tint pas rigueur. Elle avait raison. Lui aussi devait réfléchir aux paroles de la jeune femme qui ne manquaient pas de sens. Mais, il se sentait tellement mieux à présent. Oui, tellement…  

 


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