Chapter 27 :: Car il faut un jour où tout bascule...

Published: 12-07-07 - Last update: 12-07-07

Comments: Je sens que je vais me faire détester ! Mais je savais bien que ce jour finirait par arriver... Je vous demande par avance pardon... Et puis non ! Après tout, c'est moi l'auteur et je fais ce que je veux ! Na !!) Donc, l'histoire prend un autre tournant. J'espère que vous aimerez toujours autant ma fic. Je remercie toutes les personnes qui m'ont rewievée. Et pour éviter de me prendre trop de massues, n'oubliez pas que je suis une adepte des happy end .... Kiss

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Ryô s’étira dans son lit. Il avait merveilleusement bien dormi malgré le danger qui guettait Mystère. Ils étaient enfin de retour sur Tokyo. Il avait insisté auprès de la jeune femme pour qu’elle s’installe chez lui essayant de lui démontrer que ce serait beaucoup mieux pour elle, mais elle avait catégoriquement refusé. Devant son entêtement, elle avait fini par lui avouer qu’elle ne voulait pas vivre chez lui étant donné que Kaori n’y était pas ! Ce n’était pas convenable qu’il héberge une femme alors que la sienne n’était pas présente. Il s’était alors résigné et avait pris sur lui de demeurer avec elle à l’hôtel. Mais il avait pris soin d’avertir toute la bande, juste pour être paré au cas où. Falcon lui avait appris qu’il continuait à creuser pour débusquer ce mercenaire mais sans succès. Et cela frustrait beaucoup le géant. Son réseau d’informateurs était le meilleur et pourtant, il ne trouvait rien. Mais pour l’heure, il se sentait détendu. Leur adversaire avait vu ses plans s’effondrer à Osaka et il n’avait pas senti sa présence néfaste depuis. Il avait commis l’erreur de sous-estimer City Hunter.  

Son visage s’assombrit soudainement. City Hunter, c’était Kaori et lui.  

« Kaori, murmura t-il. »  

Elle était partie depuis pratiquement six semaines. Après sa petite prestation avec Mystère, il l’avait appelée. Et comble de chance, pour une fois, il l’avait immédiatement eue au téléphone. Il l’avait trouvé troublée mais leur conversation avait été bien plus franche et détendue. Il lui avait même ouvertement dit qu’elle lui manquait et qu’il voulait qu’elle revienne. Elle en était restée sans voix la pauvre. Mais elle lui avait promis qu’elle rentrerait bientôt, quelques jours seulement. Il en aurait presque hurlé de joie. Comme il aurait aimé qu’elle soit présente pour l’épauler sur cette affaire. Mais elle rentrait bientôt et c’était cela le principal même s’il ne savait pas trop encore ce qu’il allait faire exactement. Mais il avait conscience de ce qu’elle attendait de lui et que, d’une manière ou d’une autre, il allait devoir lui donner. Il prit quelques instants pour repenser aux derniers mois écoulés.  

« Tout a changé il y a environ 7 mois. Cela remonte à notre fameuse dispute et ce qui a suivi, à savoir le problème avec le banquier. C’est là qu’elle a décidé de partir quelques temps chez Sayuri, à New York. Et depuis, elle s’est souvent absentée. Oh, des petits voyages, rien de bien probant, mais tout cela est vraiment étrange. Je commence sérieusement à me poser des questions bien que les choses semblent s’arranger entre nous. Et voilà qu’elle est retournée à New York. Lorsque je lui ai dit que j’avais été engagé par Mystère, elle n’a pratiquement eu aucune réaction. Pourtant, elle sait parfaitement l’effet que me fait cette fille ! Pas de crise de jalousie, pas de mises en garde. J’ai eu la sensation que ça lui était complètement égal ! Et à bien y réfléchir, même si j’ai fait semblant de ne pas m’en rendre compte, les coups de massue ont bien diminué en nombre aussi. Elle s’est éloignée de moi, inexorablement. J’ai tout de même bien avancé lors de notre dernière conversation. J’ai été honnête. Pour une fois… Mais il reste une sacrée zone d’ombre : que peut-elle bien aimer faire aux Etats-Unis si loin de moi ?… Et puis, il y a autre chose que je trouve vraiment bizarre : je n’arrive jamais à la joindre directement ! Sauf la dernière fois ! A chaque fois que je l’appelle, c’est Sayuri qui décroche et qui trouve une bonne excuse pour justifier l’absence de Kaori : elle est sous la douche, elle est dans son bain, elle est partie faire une course ! C’est toujours Kaori qui me rappelle. Je n’y comprends rien ! Il faut vraiment que je tire cela au clair. Il est impensable que j’en parle directement à Kaori ou tout ce que j’ai entrepris pour la faire revenir tomberait à l’eau. Si je l’attaque ouvertement, tout sera à refaire. Le mieux est de m’adresser à sa sœur. »  

Mystère était levée depuis un bon bout de temps maintenant. Elle se sentait un peu énervée. La situation n’était pas facile. Elle s’étonnait elle-même de parvenir à gérer si bien les choses. Comment faisait-elle pour se contrôler ? Quoique, elle n’avait aucune raison de chercher à se contrôler : Ryô était sage comme une image. Elle le revoyait le jour de leur rencontre, lorsqu’elle l’avait trouvé la tête dans sa lingerie. Elle en avait été plus que surprise mais ensuite, elle l’avait bien remis à sa place ! Et après être parvenue à lui tirer toutes ces confidences, il ne pouvait plus agir comme à son habitude car il avait admis aimer sa partenaire. Elle devait aussi admettre qu’elle avait découvert certaines facettes de sa personnalité totalement insoupçonnées ! Elle avait enfin devant elle le vrai Ryô qui était décidément un homme très bon, loyal et honnête. Il se donnait une façade qui n’était pas la sienne. Qui aurait cru ? Et ce qui la stupéfiait, c’était la manière dont il parlait de sa partenaire, enfin, qu’il parlait d’elle ! Il y avait une étincelle qui brillait dans ses prunelles lorsqu’il l’évoquait. Elle soupira. Jamais il ne devrait découvrir la vérité. Il ne lui pardonnerait pas son attitude. Elle le perdrait, elle en était sûre. Un autre soupir s’échappa de ses lèvres en pensant à la journée qui l’attendait. Ils tournaient aujourd’hui les premières images en extérieur de son dernier clip pour la chanson « Tout contre toi ». Elle n’était pas rassurée avec le maniaque car elle avait réalisé qu’elle ne faisait hélas pas le poids. Même Ryô ne sentait impuissant. Elle n’avait pas réellement peur, elle faisait confiance à son garde du corps. Mais elle en avait marre de se sentir épiée. Ne pouvait-on pas la laisser tranquille ? N’avait-elle pas droit de respirer un peu ? Parfois, la vie de star était loin d’être une sinécure…  

Finalement, toute l’équipe s’était rejointe dans le parking sous terrain de l’hôtel. Les techniciens, le metteur en scène, le chorégraphe (NDA : enfin, toutes les personnes nécessaires au tournage d’un clip ! LOL).  

Ryô était là depuis un moment. Il avait inspecté les véhicules et le matériel. Il ne voulait rien laisser au hasard. Mystère courrait un réel danger. Et étrangement, lui aussi se sentait en danger. Mystère et lui étaient liés par un fil invisible, ils se comprenaient et elle lui avait permis de voir clair en lui et surtout d’admettre à haute voix qu’il aimait Kaori. Il profiterait qu’elle soit en tournage pour appeler Sayuri. Il craignait déjà cette discussion. D’ailleurs, en parlant de la star, elle apparut enfin et tous purent se mettre en route. Ryô et elle ne parlèrent pas. Ils se sourirent. Ils n’avaient pas besoin de plus pour communiquer…  

Le coin choisit pour le clip était parfait. Si jamais ce détraqué décidait d’attaquer, il serait facile de le coincer. Mais Ryô savait que cette petite ordure se tiendrait tranquille quelques temps. Il était blessé et devait sans doute repenser sa méthode. Ils auraient la paix aujourd’hui. Ce qui était parfait : il allait pouvoir s’occuper de ses affaires. Il vit Mystère s’éloigner pour rejoindre l’équipe puis revenir sur ses pas vers lui.  

« _Tu es certain que cet endroit est assez sûr Ryô ?  

_Oui, vas donc travailler l’esprit libre.  

_Très bien. J’espère que ça ne va pas être trop long car j’attends un appel de l’agent de Pavarotti. Va savoir pourquoi, mais il veut traiter directement avec moi et non Curtis ! Bon, à tout à l’heure. »  

Dès qu’elle s’en fut, il saisit son portable, entra dans le répertoire et lança l’appel…  

[ Au même moment, quelque part dans les entrailles de la terre…  

« _Il faudrait peut-être que l’on fasse enfin quelque chose de concret, non ? Pas moyen de mettre le bazar !  

_Ouaip ! Il a raison le chacal ! Faut faire un truc là ! Suis persuadé qu’il y a un filon à exploiter ! Il va s’en prendre à la grande sœur !  

_Mais quoi ?  

_J’ai une idée, lança un nain tout rouge qui était affublé d’une corne sur la tête, je vais m’arranger pour faire paniquer la sœur ! On va lui faire commettre un impair !  

_Et on en fait quoi de ton impair ? Pour être efficace, faudrait qu’il atteigne cet insolent de Saeba !  

_Et bien, il faut faire en sorte que la sœurette oublie les consignes de sécurité et qu’elle appelle sa chère petite sœur alors que Saeba est près d’elle.  

_Et puis ? Il entendra pas la conversation ! Alors ça ne changera rien !  

_Attendez une seconde, s’écria un démon à la tête de courge allongée, je crois que nous tenons le bon bout ! J’ai une idée ! Regardez bien le trait de génie…  

Les trois affreux se concentrèrent et virent Mystère/Kaori s’éloigner de Ryô. Et dans le mouvement qu’elle fit pour partir, un objet tomba de sa poche, non loin des pieds du nettoyeur. En regardant de plus près, ils constatèrent qu’il s’agissait du portable de la chanteuse. Ils éclatèrent de rire. Le piège était tendu… ]  

« _Allô?  

_Bonjour Sayuri, c’est Ryô.  

_Bonjour. Pourquoi m’appeler sur le fixe? Kaori a son portable.  

_Sayuri, arrête de me prendre pour un imbécile !  

_De quoi tu parles, fit-elle franchement surprise.  

_Cela fait six semaines que Kaori est en vacances chez toi. J’ai bien son numéro de portable, mais à chaque fois que je cherche à la joindre, c’est toi qui décroche ! J’en ai conclu une évidence : Kaori n’est pas chez toi et tu la couvres en bonne sœur que tu es ! Alors je ne répèterais pas la question : où est-elle ? »  

Une sueur froide coula le long du dos de Sayuri. Elle savait qu’il finirait par s’interroger. Seigneur, que devait-elle lui dire ?… Ce n’était pas à elle de lui révéler la vérité…  

« _Ecoute Ryô, je ne vois vraiment pas de quoi tu parles. Je ne couvre personne. Me crois-tu assez stupide pour te mentir ? Ça peut paraître bizarre, je te l’accorde, mais il ne s’agit là que de stupides coïncidences. Rien de plus, rien de moins.  

_Ok, alors, passe-la moi !  

_Je voudrais bien, mais elle est sortie en boite avec des amis.  

_Comme par hasard ! Alors pourquoi es-tu chez toi et pas en leur compagnie ?  

_Simplement parce que je suis sur un gros travail pour un article. J’ai une importante réunion demain avec les patrons du journal (NDA : Et c’est vrai en plus ! LOL). Appelle-la sur son portable et tu verras que je ne te raconte pas de salades ! Et puis, je n’apprécie pas que tu m’appelles pour me traiter de menteuse ! Je préfère raccrocher avant de dire des choses que je pourrais regretter. Salut ! »  

Et elle raccrocha brutalement, le cœur battant à tout rompre. Elle décrocha alors vivement le téléphone et composa un numéro…  

Ryô ne savait plus quoi penser de tout ça. Se ferait-il des idées ? De stupides coïncidences ?… Il n’avait jamais cru aux coïncidences, pas dans son job ! Alors ?… Il raccrocha son portable à la ceinture de son pantalon lorsqu’une sonnerie se fit entendre. Qu’est-ce que c’était que ça ?… Il regarda autour de lui et identifia le bruit : c’était le portable de Mystère qui sonnait. Elle l’avait probablement perdu en venant lui parler. Il se souvint qu’elle attendait un appel de cet agent. Ne voulant pas qu’elle rate cette importante communication, il décrocha avec l’intention de lui demander de patienter un instant le temps qu’il aille chercher Mystère. Mais la voix qu’il entendit le figea sur place. Une stupéfaction sans nom se peignit sur ses traits.  

« _Kaori, Dieu soit loué, j’arrive à te joindre ! Je sais, tu m’as dit que tu es en tournage toute une partie de la journée et qu’il ne fallait pas que je te dérange, mais c’est un cas de force majeure ! Ma chérie, il faut vraiment que tu mettes Ryô au courant de ce qui se passe ! Il vient de m’appeler, il se pose de plus en plus de questions ! Il ne croit plus à ce que je lui raconte ! Kaori, tu risques des ennuis ! Il faut absolument que tu lui dises la vérité ! Tu m’entends ma chérie ? »  

Tout à son explication, Sayuri ne réalisa pas tout de suite qu’aucune voix ne lui répondait. Mais à présent qu’elle attendait une réaction de sa sœur qui ne venait pas, elle s’inquiéta. Et pour cause ! Ryô était tétanisé ! Lentement, il se tourna vers Mystère qui discutait avec le réalisateur. Et son esprit passa en mode ordinateur.  

« Mystère… Kaori… Les absences répétées de Kaori qui coïncident avec les apparitions de Mystère… Cette incroyable connivence entre Mystère et moi… Le fait que je n’arrive jamais à joindre Kaori sur son portable… Les coups de massue moins fréquents… Kaori qui ne me rabat plus les oreilles avec les problèmes de découverts de la banque… Cette soudaine assurance qui a gonflé Kaori… Son manque total de réaction à l’annonce que je serais le garde du corps de Mystère… Et cette hallucination que j’ai cru avoir à Osaka, croyant apercevoir Kaori à la place de Mystère… »  

Et puis tout à coup, il réalisa qu’il s’était beaucoup confié à Mystère au sujet de Kaori. Cela signifiait qu’il… Qu’il avait parlé de Kaori à… Kaori ! Parce que Kaori et Mystère n’étaient qu’une seule et même personne…  

Une colère froide, jamais égalée monta en lui. Elle l’avait trahi. Il n’avait jamais eu confiance qu’en une seule personne et elle l’avait trahi, elle lui avait menti. Elle s’était jouée de lui. Il la voyait rire avec le réalisateur. Comme poussé par une force, il s’avança vers eux. Mystère se tourna vers lui, sourire aux lèvres. Mais son sourire disparut lorsqu’elle avisa la mine blafarde et fermée de son garde du corps. Elle s’apprêtait à lui demander ce qu’il avait quand elle le vit lever la main. Elle reçut une gifle magistrale qui la fit vaciller. Elle dut faire quelques pas en arrière pour retrouver son équilibre. Mystère posa sa main sur sa joue endolorie et se tourna vers Ryô, une totale incompréhension dans les yeux.  

Toute l’équipe était clouée de stupeur. Mais qu’est-ce qui lui prenait à celui-là ? De quel droit se permettait-il de la frapper ? C’est alors qu’il tendit le portable à Mystère dont elle se saisit machinalement et qu’il tourna les talons sans prononcer un mot…  

Kaori sortit alors de sa léthargie et entendit une voix vociférer dans l’écouteur qu’elle approcha de son oreille :  

« _Kaori !!! Mais qu’est-ce qui se passe, Bon Dieu, blasphéma Sayuri. »  

Alors elle comprit. Un vent de panique monta en elle. Plus morte que vive, elle s’entendit répondre :  

« _C’est Ryô qui a décroché. Il sait tout. Je te rappelle. »  

Elle raccrocha sans laisser à sa sœur le temps de réagir.  

Qu’allait-elle faire maintenant?…  

Kaori ne bougeait pas. Elle tenait encore dans sa main son portable. Sa joue lui brûlait. C’était la première fois qu’il la giflait ouvertement. La seule fois où c’était arrivé, c’était lorsqu’il l’avait prise pour un homme il y avait 10 ans de cela. Il ne l’avait jamais frappée avant aujourd’hui. Et cette noirceur dans son regard. Jamais il ne l’avait regardée ainsi avec une telle expression de rejet et de hargne. Peut-être même de haine… Non, il ne pouvait pas la haïr, il n’en avait pas le droit. D’accord, elle lui avait menti, mais il ne pouvait pas la détester pour ça, pas après tout ce qu’elle avait fait pour lui. Son agent s’approcha d’elle.  

« _Mystère, mais enfin, que s’est-il passé ? Tu peux m’expliquer ?  

_Ce serait trop long Curtis. C’est de ma faute mais c’est aussi de la tienne.  

_Comment ça de la mienne ?  

_Je t’avais dit de ne pas engager de garde du corps, de me laisser faire. Mais tu n’as pas écouté… Laisse-moi à présent, j’ai besoin de faire le point. »  

Curtis la regardait sans comprendre. Qu’est-ce que tout ceci signifiait ?…  

Kaori chercha alors Ryô des yeux. Elle le voyait s’éloigner inéluctablement d’elle. Non, elle ne pouvait pas le laisser partir comme ça ! Il devait lui laisser une chance de s’expliquer. Il était déjà loin et se dirigeait vers les voitures. Alors elle s’élança à sa poursuite.  

« _Ryô s’il te plait, attend-moi ! »  

Il stoppa un court instant puis reprit sa marche. Elle le rattrapa avec mal et lui saisit le bras.  

« _Je t’en prie, attend ! Laisse-moi t’expliquer, haleta t-elle. »  

L’équipe regardait la scène se jouer au loin, impuissante. Tous aimeraient bien s’approcher pour écouter de quoi il retournait mais l’expression glaciale du nettoyeur avait la faculté de les en dissuader. Mais que se passait-il entre eux ? Il y avait à peine dix minutes ils étaient encore les meilleurs amis du monde…  

Ryô se dégagea brutalement et fit face à Kaori/Mystère. Ses yeux sombres se posèrent sur elle et la détaillèrent. Il n’en revenait toujours pas que sous ce déguisement se cachait SA Kaori ! C’était pas croyable ! Comment avait-elle osé se moquer ainsi de lui ? Comment ?! Et depuis des semaines en plus ! La colère le rendait aveugle et sourd à toutes pensées cohérentes. En cet instant, peu lui importait de se mettre à sa place pour essayer de comprendre ses motivations comme il le faisait d’habitude avant de s’énerver, surtout contre elle. Les choses étaient différentes aujourd’hui. Kaori, sa femme, l’avait trahi ! Sa femme… Il lui avait accordé sa confiance. Et elle l’avait piétinée ! Il ne voulait rien entendre. Un éclair de lucidité lui fit réaliser qu’il valait mieux qu’elle se taise ou il ne répondrait plus de rien. Il avait des soudaines envies de meurtre. Et il eut peur de cette réaction car elle était dirigée contre sa partenaire. Il comprit qu’il était enclin à lui faire du mal, mais vraiment du mal et il ne le voulait pas.  

« _Tais-toi ! Surtout ne dis rien, fit-il en levant brusquement les bras à hauteur de son visage pour bien lui montrer son rejet ! Tu risquerais de me faire perdre mon contrôle et tu peux me croire quand je te dis qu’il ne m’en reste plus beaucoup ! Comment as-tu pu me faire une chose pareille ? Tu as bien dû te foutre de moi dans ton coin, n’est-ce pas ?! Le grand City Hunter incapable de reconnaître sa moitié ! Tu as dû trouver cela comique ! »  

Il était tellement démonté qu’il ne prit pas garde à ce qu’il venait de dire. Mais Kaori entendit, bien que la violence de ses gestes lui fit peur et qu’elle recula d’un pas en plaçant une main sur son cœur pour se protéger de l’attaque. Il l’avait appelée « sa moitié ». Elle avait tellement souhaité entendre ces paroles mais pourquoi fallait-il qu’il prononce ces mots dans de telles circonstances ?… De son côté, il vit la peur naître dans ses yeux. C’était la première fois qu’il lui inspirait un tel sentiment. Jamais elle ne l’avait craint. Ryô en eut mal mais ne s’arrêta pas pour autant.  

« _Après toutes ces années, je pensais que tu me connaissais suffisamment pour savoir au moins une chose à mon sujet : que je ne fais confiance à personne hormis quelques rares privilégiés dont tu faisais partie ! Et qu’as-tu fait de ma confiance, dis-moi ? Tu l’as jetée aux chiottes sans la moindre hésitation !  

_Mais non Ryô, tu n’y es pas du tout…  

_Tais-toi, hurla t-il plus fort, de plus en plus agité. »  

Il était évident qu’il avait de plus en plus de mal à se maîtriser.  

« _Et pire que ça même ! Tu as mis ta sœur dans la confidence ! Elle a bien dû se payer ma tête, elle qui ne rêve que d’une seule chose : me voir quitter définitivement ta vie ! Tout ceci a dû la réjouir au plus haut point ! Comment as-tu pu me faire une chose pareille !? Et comment ai-je fait pour ne rien voir ?! Il y avait pourtant des signes que je trouvais bizarres ! Tout ceci me prouve bien une chose : j’ai commis une erreur monumentale en accordant ma confiance à une femme ! Surtout en t’accordant, à TOI, ma confiance ! Je me demande même comment j’ai pu garder près de moi un boulet tel que toi ! Tu n’as jamais été fichue que de t’attirer des ennuis et de te foutre dans mes pattes ! Une erreur fatale ! La preuve : tu as été déloyale envers moi ! Tu connais mon passé et tout ce que j’ai enduré. Pourtant, je ne me suis jamais senti aussi humilié qu’aujourd’hui. La tromperie est ce qu’il y a de pire dans une union ! Plus jamais je ne te ferais confiance, prononça t-il durement. Notre couple est brisé, murmura t-il les mâchoires crispées avant de se détourner… »  

Ryô n’avait jamais eu aussi mal au fond de lui. Lui qui pensait qu’il ne pouvait plus éprouver de sentiments aussi douloureux que la trahison de son père s’était bien trompé. Aujourd’hui, il comprenait ce que pouvait être la vraie douleur : celle du cœur. Il avait la sensation d’avoir perdu celle qu’il aimait. Et rien ne l’avait préparé à cela. Non, rien… Il avait cru, à tort, que Kaori lui été acquise et qu’elle s’accommoderait du peu qu’il lui octroyait…  

Kaori avait senti son cœur se briser en un millier de morceaux au fur et à mesure des reproches de Ryô. Mais ces derniers mots lui avaient fait encore plus mal qu’un poignard transperçant son cœur de part en part. « Notre couple est brisé… » Combien de fois depuis ces dernières années avait-elle rêvé d’entendre de tels mots sortir de la bouche de cet homme ?… Et il les prononçait enfin alors que tout semblait lui indiquer que c’était la fin. Les larmes coulaient sur son visage. Ça ne devait pas se passer comme ça. Elle s’était retrouvée coincée. Et elle avait été prise dans l’engrenage surtout lorsque Ryô avait commencé à se confier à Mystère. Elle avait appris des choses sur lui qu’il n’avait jamais montrées à Kaori mais qu’il avait laissé entrevoir à Mystère. Elle avait tant espéré qu’il se lâche un peu qu’elle n’avait pas eu le courage de lui parler. Enfin elle en apprenait un peu plus sur le fond de son cœur. C’était au-dessus de ses forces que de ne pas écouter ses confidences. Et voilà qu’il l’accusait des pires maux de la terre. Si elle avait accepté la proposition de Curtis, c’était uniquement pour combler le découvert qu’IL avait laissé ! Tout ça, au départ, c’était de SA faute à lui ! C’était lui qui l’avait forcé, même inconsciemment, à devenir une chanteuse. Elle admettait que par la suite, elle avait été grisée par le stress et les paillettes et qu’elle avait fini par aimer la scène. Et puis ce travail parallèle qu’elle exerçait, parce que ce n’était que cela pour elle, leur permettait de vivre sans se soucier de l’argent. Depuis sept mois, elle avait mis énormément d’argent de côté. Grâce à ça, ils pourraient couler de vieux jours sans craindre la pénurie. Et oui, CH avait désormais des économies ! Qui aurait pu le prédire ? A cause de Ryô, elle n’avait jamais réussi à mettre un sou de côté. Lui ne se souciait pas qu’un jour ils deviendraient vieux et qu’ils ne pourraient plus mener la même vie. A présent, il n’y avait plus de soucis à se faire pour l’avenir. Et ça faisait sept longs mois qu’elle gardait le secret. Absolument personne n’était au courant, à part Sayuri qui l’avait bien aidée à tout mettre en place. Et contrairement à ce qu’il pensait, sa sœur ne voulait pas qu’elle le quitte. Elle savait parfaitement qu’elle l’aimait plus que tout. Ce que Sayuri craignait, c’était, certes l’insécurité de leur vie d’une part, mais aussi le manque de garanties financières d’autre part. Et aujourd’hui, sa grande sœur savait que l’argent n’était plus un problème. Elle était donc rassurée sur un point… Elle n’avait rien dit à personne, même pas à sa meilleure amie, c’est-à-dire Miki. Même Curtis ignorait tout de sa double vie. Et si elle s’était tue, c’était pour voir si elle était capable de tromper ses plus proches parents. Parce que, si elle pouvait tromper tout le monde, y compris Ryô, alors les ennemis de CH ne s’apercevraient de rien. Ainsi, elle pouvait protéger son partenaire. Dans son esprit, il y avait cette équation : moins de monde au courant, moins de risque de fuite. Et voilà qu’il la condamnait sans lui laisser une petite chance de lui expliquer tout cela. Ses paroles avaient été si dures et cruelles. Elle ne voulait pas le perdre. Que ferait-elle sans lui ? Mais il était tellement furieux… Pour l’heure, elle savait qu’elle ne pouvait que le laisser partir. Il monta dans une voiture… (NDB : j’ai l’impression de me retrouver dans Séduis-moi, sauf que les rôles sont inversés… Heureusement qu’on sait qu’il y a toujours un happy-end ^^ )  

Elle s’effondra à genoux sur la pelouse et se recroquevilla sur elle-même. Curtis n’avait jamais vu sa protégée aussi faible. Il n’y comprenait rien mais il ne pouvait pas la laisser dans cet état. Il s’approcha rapidement d’elle, s’agenouilla à son tour et la prit dans ses bras pour l’apaiser. (NDB : Profiteur !!!) Elle s’accrocha à lui et enfouit sa tête dans son cou. Ryô vit la scène dans le rétroviseur. Une rage indéfinissable monta en lui. Il ressentait à nouveau cette pulsion meurtrière mais cette fois, elle était dirigée vers ce type ! Il savait que ce Curtis était en grande partie responsable de ce désastre. Et puis, personne n’avait le droit de la toucher à part lui. Il fallait qu’il s’éloigne au plus vite d’ici alors il enfonça l’accélérateur où il serait capable de faire demi-tour et de le dégommer !… (NDA: bon, d’accord, tout cela est très contradictoire. D’un côté il est furieux contre Kaori, et d’un autre, il est jaloux comme pas deux qu’un homme la touche. Mais n’oubliez pas qu’il est dans une colère monstre. Je sais par expérience (et oui, j’ai déjà éprouvé un colère très très noire !) que la colère fait voir les choses de façon très particulière et qu’on ne pense plus de manière logique. Et puis, n’oubliez pas que nos deux amis sont des âmes sœurs, on ne peut pas vraiment se battre contre ça. Bon, voyons voir comment les choses vont s’agencer entre nos héros…)  

Ryo était allongé sur le comptoir du Cat's Eyes, ivre mort. Il était entré dans le café sans se lancer sur Miki. Ce qui avait étonné son mari. Sans rien dire, il avait fait le tour du bar et avait saisi la bouteille de whisky qu'il avait descendu en moins de temps qu'il ne fallut pour dire ouf ! Le couple en fut scotché ! C'était la première fois qu'il venait se saouler chez eux ! Mais qu'est-ce qui lui était arrivé pour qu'il ressente le besoin de boire auprès de gens qu'il connaissait et en qui il avait une confiance aveugle ? Falcon leva un sourcil interrogateur en sentant l'incroyable détresse de son ami. Ce fut pour cette raison qu'il ne le jeta pas dehors comme il l'aurait fait en temps normal. Cette fois, il sentait que c'était grave. Mais il perçut aussi une grande fureur. Falcon émit un grognement. Tout cela ne lui disait rien qui vaille. Il avait absorbé trois bouteilles dans sa lancée. Et l'alcool avait fini par avoir raison de lui…  

Ryô n'avait pas desserré les dents. Il s'était contenté de boire. Il allait vraiment mal cette fois-ci. Mick était venu à la rescousse après que Miki l’ait discrètement appelé mais il n'avait rien pu en tirer. Quoi qu'il disait, quoi qu'il faisait, il restait muet. Ils avaient tous les trois remarqué que quelque chose s'était éteint dans son regard. Falcon, grâce à sa cécité qui le rendait particulièrement réceptif, sentit la douleur qui étreignait le cœur de son ami. Il comprit alors que tout ceci avait un rapport avec Kaori. C'était toujours à cause de Kaori qu'il se mettait dans un état pareil. Falcon l'avait déjà vu se mettre à mal à cause d'elle. Ou plutôt pour elle. Umi était sans doute le seul à savoir ce que Ryô ressentait réellement pour sa partenaire. Un jour, ivre, il s'était confié à lui. Mais il avait été suffisamment lucide pour le menacer de le tuer dans d’atroces souffrances s'il révélait à qui que soit, y compris à sa femme, ce qu'il venait de lui dire. Et Falcon avait promis. Et là, ce dernier se demandait ce qui avait bien pu se produire...  

Finalement, Mick s'en était allé fort inquiet. Mais il savait que lorsque Ryô se trouvait dans les méandres de son esprit torturé, on ne pouvait vraiment rien en tirer…  

Miki s'approcha alors de son époux.  

« _On ne peut pas le laisser là. Aide-moi, nous allons le coucher dans la chambre d'amis. Je me demande ce qui a bien pu le mettre dans un état pareil ? Pour qu'il vienne se saouler ici, chez nous... Tu as une idée ? »  

Mais il n'eut pas le temps de répondre à sa femme qu'ils l'entendirent marmonner :  

« _Elle m'a trahi. La seule femme de ma vie m'a trompé... »  

Il tenta de se lever mais s'écroula sur le sol en emportant avec lui le tabouret du bar.  

« _Tu as entendu ce qu'il a dit, s'exclama Miki. Alors ceci aurait un rapport avec Kaori ? Mon Dieu Falcon, ai-je bien compris ? C'est la première fois que je le sens aller aussi mal !  

_Il semblerait bien que cela ait un rapport avec elle. C'est ce que j'avais deviné. J'ai tout de suite senti une ombre sur son cœur. Et puis, ce n'est pas difficile à discerner. Quelle est la seule chose, ou devrais-je dire, la seule personne sur cette planète capable de déstabiliser le grand Ryô Saeba ? Il n'y a que Kaori qui sache faire ça.  

_Oui mais, mon chéri, il a parlé de trahison ! Qu’elle l’a trompé ! Quand j'y pense, cela fait six semaines qu'elle est partie et elle ne m'a presque pas appelée. Et ces derniers mois, elle a beaucoup changé. Tu crois qu'elle aurait rencontré un autre homme ?  

_Je ne sais pas quoi te dire. Ce dont je sois sûr, c'est du lien qui unit Ryô à Kaori. Je sais parfaitement ce qu'elle ressent pour son partenaire. Et toi aussi tu le sais : elle est amoureuse de lui. A un point que ça nous cloue tous ! Au point de tout accepter de sa part ! Alors non, je ne pense pas qu'elle l'ait trompé avec un autre homme. Si elle avait rencontré un homme, elle lui aurait dit, elle trop honnête pour faire le contraire.  

_Mais il se montre tellement odieux envers elle depuis des années ! Elle en a peut-être eu assez !  

_Que veux-tu que je te réponde ma douce ? Nous n'avons pas suffisamment d'éléments pour juger. Pour le moment, nous allons le mettre au lit. Peut-être qu'il m'en dira plus demain. De toutes manières, quoi qu'il se passe, nous n'avons pas notre mot à dire : c'est un conflit entre Ryô et sa partenaire. »  

Miki acquiesça mais son cœur se fit lourd. Etait-ce la fin de Ryô et Kaori ?...  

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