Chapter 28 :: L'amour plus fort que la haine

Published: 15-07-07 - Last update: 15-07-07

Comments: Bon, j'ai hésité à majer ce chap aussi vite mais étant donné que vous m'avez fait très plaisir en me laissant plein plein plein de reviews, je me suis dit que je pouvais bien vous faire ce cadeau. Et, au passage, j'ai remarqué une chose étonnante : plus le chapitre est rempli de catastrophes, et plus vous aimez et plus j'ai de reviews ! Donc, si je me fie à cette analyse très scientifique qui veut que plus ça va mal, plus vous aimez, vous devriez par conséquent adorer ce nouveau chapitre ! Et les deux qui vont suivre aussi ! Peut-être même les trois qui vont suivre ! Vous voyez comme je vous gâte ! Alors n'hésitez pas à me laisser vos impressions ! Je vous remercie aussi pour avoir laissé vos massues au placard ! Quoique, là, je ne suis pas si sûre d'y échapper... Bonne lecture et encore merci pour toutes vos reviews. Kiss

Chapter: 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24 25 26 27 28 29 30 31 32 33 34 35 36 37 38 39 40

Ryô ouvrit un œil et le referma aussitôt. Bon Dieu, qu’il avait mal au crâne ! Il ne se souvenait pas de la dernière fois qu’il s’était réveillé avec un tel mal de tête ! Il avait dû faire fort hier ! Que lui était-il arrivé pour qu’il se mette dans un état pareil ?…  

Ah oui, il se souvenait vaguement avoir bu plus que de raison accoudé au bar du Cat’s Eyes.  

Il ouvrit brusquement les yeux. Au Cat’s Eyes ? Il s’était donné en spectacle au Cat’s Eyes ? Ce n’était pas possible ! Il se saoulait dans les cabarets pas chez ses amis ! Qu’est-ce que son coma éthylique lui avait occulté comme souvenirs ? Il regarda autour de lui. Où était-il ? Il lui fallut quelques secondes d’intense concentration pour reconnaître la chambre d’amis de Falcon et Miki. Alors non seulement il s’était enivré plus que de raison chez ses amis, et en plus, il s’était écroulé dans le café ! Quelle honte ! Pourquoi avait-il fait cela ? Son amnésie alcoolique cachait quoi ? Quelle était la raison qui l’avait poussée à abandonner son poste ? Il n’avait jamais négligé une cliente. Il fallait qu’il retourne au plus vite près de Mystère ! Qu’allait-elle penser de lui ?…  

C’est à ce moment que la lumière se fit dans son esprit embrumé par les vapeurs d’alcool. Il pâlit. Mystère… Kaori… Mystère était Kaori… Son cœur se remit à saigner. Jamais il n’aurait cru que ce stupide organe lui ferait un jour aussi mal. Parce qu’il ne pouvait être que stupide de s’être ainsi épris d’elle. C’était tellement douloureux qu’il avait peine à respirer. Aucune trahison ne l’avait fait autant souffrir. Et Dieu savait qu’il en avait subit des trahisons ! Kaori lui avait redonné goût à la vie. Elle était sa femme depuis pratiquement le premier jour même s’il ne lui avait pas avoué son amour. Il la considérait comme telle malgré lui. Il bataillait contre son propre cœur depuis dix ans. Mais en vain. Il avait fini par admettre qu’elle était sa seule faiblesse. Mais il n’avait pu se résoudre à se séparer d’elle. Il avait besoin d’elle pour se sentir vivant. Et aujourd’hui, elle était consciente de cela car il le lui avait clairement dit. Sans savoir que c’était elle. Il serra les dents de colère.  

Lorsqu’elle lui avait signifié qu’elle n’accepterait plus son comportement blessant, il avait vraiment craint qu’elle ne le quitte. Elle était restée et tout était devenu plus calme entre eux, plus vivable même s’il devait redoubler d’efforts pour ne pas succomber. Il comprenait aujourd’hui les causes de ses absences répétées. Ce qui était le plus blessant pour lui se situait dans les évènements de ces dernières semaines. Il était devenu son garde du corps ! Il comprenait à présent pourquoi elle avait été tellement furieuse contre son agent ! Quoi d’étonnant ! Elle n’aurait certainement pas choisi d’embaucher son propre partenaire ! Il imaginait ce qu’elle avait dû ressentir en le voyant débarquer ! C’est à ce moment qu’elle aurait dû lui avouer la vérité. Il n’aurait pas été ravi mais au moins, il ne souffrirait pas autant que maintenant…  

En y repensant, il venait de percer le secret de son incroyable attirance pour la chanteuse. Cette attirance qui lui faisait si peur parce qu’il ne l’avait jamais ressenti que pour Kaori. Mais il avait ouvert une partie de son cœur à cette dernière notamment au sujet de la complexité de sa relation avec sa partenaire. A présent, elle savait.  

Mais les derniers évènements venaient de causer un sacré choc à sa faculté de faire confiance. Il n’avait fait aveuglément confiance qu’à une seule personne : Hideyuki. Lui seul savait tout de lui. Mais vraiment tout. A sa mort, il avait perdu non seulement son meilleur ami, son confident mais également ce sentiment de confiance si rassurant pour lui qui n’avait jamais connu que la méfiance. Et la sœur de son partenaire était alors entrée dans sa vie. Et il avait à nouveau ressenti cette confiance mais en beaucoup plus fort au fur et à mesure des années. Ce qui était logique puisqu’il était amoureux d’elle. Il savait que sa confiance était bien placée. Mais voilà, les choses venaient de changer…  

Et tout se brisa en lui. Aussi loin qu’il se souvenait, il ne se rappelait pas avoir pleurer. Et pourtant, en ce jour, à 5h25 du matin, de longues larmes s’écoulèrent de ses yeux comme si des années de souffrances enfouies sortaient tout à coup de lui…  

Falcon avait attendu que sa femme s’endorme pour se lever et surveiller la chambre de Ryô. Il espérait qu’il se réveille pour discuter un peu avec lui. Il était passé 5h lorsqu’il l’entendit remuer. Falcon voulut entrer mais il sentit l’incroyable tension de son ami. Alors il attendit pour lui laisser un peu de temps pour se remettre les idées en place. C’est alors qu’il perçut un léger bruit. Le mercenaire dressa l’oreille. Ce qu’il entendit le figea sur place et lui fit même peur : il pleurait. Ryô Saeba, le grand City Hunter pleurait… Et Falcon réalisa aussi qu’il n’avait pas senti sa présence derrière la porte. Il était dans un tel état de confusion que Ryô ne savait pas qu’il était là ! Incroyable ! Bien, après quelques secondes de réflexion, Umi estima qu’il ne devait pas rester là. Ryô n’accepterait certainement pas que quelqu’un le surprenne ainsi. Et il était quasi certain qu’il se faufilerait pour éviter de les croiser au réveil. Il ne voulait pas le mettre dans l’embarras. Visiblement, Ryô semblait avoir suffisamment de problèmes comme ça…  

[ Au fin fond de la terre, trois affreux bonhommes prenaient le « soleil » près du magma en fusion (nda : on se demande où je vais chercher ça… °_° )  

« _Et voilà le travail ! S’il lui pardonne, je ne comprends plus rien, s’amusa le nain tout rouge avec sa corne.  

_Tu l’as dit bouffi, rajouta le démon à la tête de courge allongée.  

_M’appelle pas bouffi ! J’ai commencé un régime la semaine dernière et j’ai déjà perdu 3 kilos !  

_C’est pas ça qui te rendra plus beau !  

_Non mais t’as pas vu ta tête toi !  

_Assez, cria le troisième, surnommé le chacal. Au lieu de vous chamailler, concentrez-vous sur ce satané couple ! Vous savez très bien qu’il ne faut pas s’endormir sur nos lauriers avec eux ! Le ciel les protège ! Alors, prudence, rien n’est encore joué !  

_Quel rabat joie, marmonna le nain. ]  

[ Justement, du côté du ciel, il se passe quoi ?…  

« _Maudits soient-ils ! Nous voilà dans de beaux draps ! Je ne sais pas s’il se sentira la force de dépasser tout cela ! Il a tellement de mal à accorder sa confiance ! Pourquoi ne lui a t-elle pas avouer la vérité !?  

_Les humains ont beaucoup de mal à résister à la tentation. Nous lui avons offert une occasion en or, sur un plateau d’argent qui plus est, d’enfin apprendre ce qu’elle brûlait de savoir, tenta de réconforter l’Apôtre.  

_Tu es bien gentil, je te remercie pour le « nous ». Mais nous savons très bien que je suis le seul responsable de ce désastre. C’est moi qui aie pris cette initiative. Les réserves que tu as montrées à mon projet viennent de se révéler exactes.  

_Ne vous blâmez pas. Vous avez fait ce que vous avez cru bon. Mais comme vous l’avez si bien dit, on ne fait que poser certaines pierres. A eux ensuite de faire le reste. C’est elle qui a fait le mauvais choix en décidant de lui cacher la vérité. Tout se serait peut-être bien passé si l’autre camp ne nous avait pas jouer ce tour pendable ! Quand donc le laisseront-ils en paix ?  

_Je vais essayer de relancer la chance à leur profit. J’espère que cela suffira… »  

Le pauvre Bon Dieu en était dépité… ]  

Kaori n’avait pas dormi de toute la nuit. Comment aurait-elle pu ? Tout repassait dans sa tête. Elle avait eu tort de lui cacher la proposition de Curtis. Elle aurait dû tout lui dire depuis le début, lui expliquer que c’était l’occasion de gagner beaucoup d’argent, d’en mettre de côté. Lui expliquer qu’elle ne voulait faire cela que pendant un moment, histoire d’avoir le temps d’amasser un bon petit pactole. Même si au fond elle savait qu’elle aurait fini par aimer la scène. Alors pourquoi le lui avoir caché ? Pour plusieurs raisons en fait. Elle était furieuse contre lui. Il l’avait mise une fois de plus, et une fois de trop, dans l’embarras devant le banquier. Et aussi par fierté. Elle avait senti le besoin de se prouver qu’elle était capable d’accomplir quelque chose par elle-même, sans dépendre de son partenaire. Prouver sa valeur. Et quelle valeur ! Devenir star, c’était pas rien ! Il fallait posséder la petite lumière qui faisait les vedettes ! Si elle lui avait dit qu’on voulait faire d’elle une chanteuse, il aurait encore trouvé le moyen de la rabaisser, de lui dire qu’on se fichait d’elle, que personne de sensé ne s’intéresserait à elle de cette manière si ce n’est pour se moquer d’elle ! Et elle n’avait pas voulu entendre ses mots si cruels qui anéantissaient à chaque fois un peu plus son amour propre. Et il y avait aussi une dernière raison. Elle savait qu’il n’aurait jamais accepté qu’elle s’expose ainsi. Il n’aurait jamais voulu que la partenaire de CH devienne une cible ouverte. Il aurait prétexté que ça les mettrait trop en danger. Tout ça réuni l’avait convaincue de se taire. Jusqu’à ce qu’elle soit forcée de lui dire la vérité. Et le moment venu, elle s’était tue…  

Kaori repensa à son entretien avec Curtis. Elle l’avait contacté et ils s’étaient rejoints dans un petit pub tranquille. Elle l’avait appelé après leur querelle et l’avait tout de suite mis au parfum : elle ne voulait pas que son véritable nom apparaisse dans le contrat. Seul le pseudonyme qu’ils choisiraient devrait y figurer. Ensuite, il était hors de question qu’elle paraisse sur scène telle qu’elle était vraiment. Elle ne voulait pas être reconnue dans la rue. Elle lui avait dit qu’elle voulait conserver sa vie de tous les jours, faire ses courses et se promener sans être assaillie par une bande de fans fous furieux (NDA : pas comme dans le manga ! Vous vous souvenez de l’histoire avec la jeune chanteuse, le coup de poing américain. Ca ne vous dit plus rien ! LOL). Elle se souvenait de leur jeune cliente, la chanteuse de 16 ans qui voulait se marier avec Ryô… En fait, elle avait eu cette exigence pour protéger Ryô. Il était hors de question que ses ennemis reconnaissent Kaori et se servent d’elle pour l’atteindre. Et enfin, sa dernière condition avait été de recevoir une avance. Cela bien évidemment pour combler le découvert ! Mais elle s’était bien gardée de le dire à Curtis ! Et contre toutes attentes, Curtis avait accepté la totalité des conditions : il avait senti que cette jeune femme avait du potentiel. Et la suite des évènements lui donna raison…  

Mais qu’est-ce qu’elle en avait à faire de son succès aujourd’hui ? C’était le cadet de ses soucis !  

« Ryô… Où es-tu ?… Te seras-tu suffisamment calmé pour me laisser parler ?… Ou est-ce la fin cette fois ?… Je ne peux pas vivre sans toi… Tu es le seul à savoir me réconforter et me remonter le moral. Malgré la méchanceté dont tu fais preuve envers moi, tu arrives toujours à apaiser mes peines… Qui me consolera cette fois ?… Je ne veux pas que ça se termine… Il ne peut y avoir de fin entre nous…»  

De nouvelles larmes glissèrent le long de ses joues. Elle prit alors un crayon et se mit à écrire…  

Ryô ne se montra pas durant 3 jours. C’était donc elle qui avait dirigé le service de sécurité, à la surprise de tout le monde. Comment pouvait-elle aussi bien savoir ce qu’il convenait de faire ? Ryô n’étant plus là, il fallait bien quelqu’un pour les commander et s’assurer que le cinglé ne viendrait pas la tuer. Mais elle était l’ombre d’elle-même. Elle avait perdu la joie de vivre qui la caractérisait tant et que toute l’équipe appréciait chez elle. La violente dispute qu’elle avait eue avec Ryô Saeba lui avait fichu un sacré coup au moral. Mais que pouvait-il bien y avoir entre elle et ce type si dangereux ?… Saeba travaillait avec eux depuis six semaines. Serait-il possible qu’ils aient eu une aventure ? Mystère était une femme très attirante et il fallait bien admettre que ce Saeba avait beaucoup de charisme. Et les femmes, en règle générale, étaient attirées par ce genre d’homme : beau, ténébreux et respirant le danger. De ce fait, le tournage du clip avait pris plus longtemps que prévu parce que Mystère ne parvenait pas à se concentrer. Et le jour du bouclage, Mystère reçut une nouvelle lettre de son assaillant.  

« Tu regretteras ton affront. Le goût de mon propre sang coulant dans ma gorge a celé ton destin. Dans quelques jours, tes fans assisteront non à un spectacle mais à tes funérailles… »  

« _C’est pas vrai ! J’avais eu l’espoir que son échec à Osaka ne le calme une bonne fois pour toute ! Et bah non ! Mais quelle plaie ! Bon, il va falloir revoir l’organisation de la sécurité. Pour l’heure, je vais me doucher. »  

Curtis était persuadé que ce sale type était dans les parages et qu’il avait remarqué que le garde du corps n’était plus présent. Et que c’était pour cette raison qu’il s’était à nouveau manifesté. Il fallait absolument faire revenir Saeba ! Bien sûr, Curtis savait parfaitement que c’était loin d’être une idée géniale. Mais il connaissait bien le problème. Engager un autre homme serait une perte de temps. Alors il composa le numéro de portable de Ryô. Il n’eut droit qu’au répondeur, ce qui le soulagea en fait, et laissa donc un message.  

« Monsieur Saeba, c’est Curtis Nelson. Je ne sais pas ce qui se passe entre Mystère et vous mais nous venons de recevoir une nouvelle missive, très menaçante cette fois. J’ai vraiment peur pour Mystère. Alors si vous tenez un peu à elle, je vous en conjure, appelez-moi. Merci. »  

Ryô venait de prendre ses messages. Il en avait plusieurs mais pas un de Kaori. Elle avait compris qu’il valait mieux le laisser en paix. Il s’était sauvé de chez Falcon comme un voleur et n’y avait plus remis les pieds. Il était resté cloîtré dans l’appartement. Plus précisément dans la chambre de sa partenaire. Il se sentait perdu.  

Mais le message lui fit froid dans le dos. Il savait que ce monstre se manifesterait à nouveau. Il avait très certainement remarqué son absence et voulait en profiter. Il ne pouvait pas le laisser lui faire du mal… Alors il rappela l’agent malgré son sentiment de jalousie intense.  

« _Allo ?  

_C’est Saeba. J’ai bien eu votre message. Où serez-vous dans une heure ?  

_Au studio d’enregistrement de la maison de production.  

_Très bien. Je vous y rejoins. »  

Ryô arriva alors que Mystère s’apprêtait à faire un essai sur une nouvelle chanson qu’elle avait écrite. Jay lui avait composé une mélodie. Ils voulaient tous voir ce que ça donnerait. Elle n’avait pas vu Ryô. Elle s’était mise à chanter avec tous les sentiments qu’elle avait au fond d’elle. Sa magnifique voix s’éleva. Comme à chaque fois qu’il l’entendait chanter, Ryô fut parcouru de frissons. Et c’était pire maintenant qu’il savait qui elle était vraiment. Mais lorsqu’il saisit le sens du texte, il se sentit très mal. Cette chanson lui était destinée. Elle l’avait écrite pour lui mais sa douleur était trop forte pour qu’il puisse pardonner même s’il entendait bien le cri du cœur de la jeune femme.  

On est tout seul au monde  

Quand on ne s’aime plus  

Moi je compte les secondes du temps perdu  

A chercher où tu t’enfuies  

A chercher où tu m’oublies aussi  

On s’est presque tout dit  

Toi tu ne m’écoutais pas  

Pourtant mes larmes ont mis la pluie sur toi, toi  

Et le temps qui nous sépare  

Efface tout ce qui nous reste d’espoir  

Refrain :  

Même si tous les mots de mon cœur  

Ne croisent jamais ton chagrin  

Et même si j’ai mal  

Même si je pleure  

Ne dis pas le mot fin  

J’ai appris le silence  

Construis des murs d’ennui  

J’ai compté ton absence  

Voulu l’oubli  

Mais tout ça ça sert à rien  

Les souvenirs c’est plus fort que le chagrin  

Refrain  

Les souvenirs c’est plus fort que le chagrin  

Refrain  

Le mot fin, Chimène Badi  

Et elle le vit. Son cœur fit un bon. Son visage était si fermé qu’elle ne savait pas si la chanson l’avait touché. Elle le rejoignit.  

« _Ryô…  

_Je ne veux rien entendre Ka… Mystère, se reprit-il.  

_Mais il faut absolument que nous en parlions.  

_J’ai dit : pas maintenant ! Nous avons un problème plus important pour l’heure. Mais ne t’inquiètes pas : je n’en ai pas fini avec toi ! Nous règlerons notre « différent » plus tard, lorsque nous serons plus tranquilles, siffla t-il entre ses dents. »  

Ryô avait décidé de prendre les choses en mains afin de très vite se débarrasser de cette affaire. Avant toute chose, il fallait trouver un endroit où protéger efficacement la jeune femme et où placer une souricière implacable. L’appartement aurait été tout indiqué mais il ne voulait pas se retrouver seul avec Kaori pour le moment. Il s’était résigné à demander à Falcon de lui trouver le lieu idéal malgré la honte qui l’étreignait à parler à son ami qui eut le tact de ne pas aborder le sujet. Une heure plus tard, Umi rappela Ryô et Curtis fit donc déménager toute l’équipe dans une maison sans voisinage, avec un magnifique jardin et qui ne laisser que deux endroits possibles pour une attaque. Ici, il pourrait surveiller Kaori tout en s’assurant une vue imprenable sur l’extérieur : donc sur son arrivée à LUI…  

Une semaine s’écoula dans un silence de plomb. Kaori avait appelé sa sœur qui avait fondu en larmes au téléphone. Elle se sentait affreusement responsable de ce désastre alors que la relation de Ryô et Kaori semblait évoluer. Mais Kaori la rassura : ce n’était nullement sa faute mais bien la sienne. Elle n’avait pas eu la franchise qu’il fallait absolument avoir avec son partenaire. Et puis, jamais elle n’aurait dû embarquer Sayuri dans cette histoire. Mais à présent, il était trop tard pour les regrets…  

Cela faisait donc huit jours que Ryô surveillait Mystère mais il avait beaucoup de mal à se concentrer. Il la regardait évoluer dans son monde de star, la rancœur au ventre. Même s’il essayait de se persuader que ses raisons étaient sans doute bonnes, il ne parvenait pas à faire le deuil de sa douleur. C’était trop tôt.  

Pour le moment, elle faisait une ballade dans l’immense jardin de la propriété en compagnie de son agent. Il soupira. Elle savait pourtant qu’il n’était pas prudent de sortir de la maison ! Elle était inconsciente ! Elle connaissait pourtant le BA BA du métier ! Curtis avait tenté de lui tirer les vers du nez mais Ryô l’avait envoyé paître. Cela l’avait rassuré sur un point : si ce bouffon venait aux nouvelles, ça signifiait que Kaori n’avait rien dit. Il se sentait rongé par la jalousie. Il n’appréciait pas la relation qu’elle entretenait avec lui… Comme il était incohérent avec lui-même ! Et qu’est-ce qu’il se sentait mal dans sa peau…  

Tout à coup, ses sens se mirent en alerte. Il avait senti une aura meurtrière. Il comprit une fraction de seconde trop tard qu’il était là et qu’il allait faire feu sur la jeune femme. Non, pas maintenant ! A être autant perturbé par l’effondrement de son couple, il n’était pas prêt ! La peur lui serra le ventre. Et il n’avait pas le temps de vérifier où il avait choisi de se réfugier sur les deux possibilités offertes : la chanteuse était dans sa ligne de mire. Il ne lui restait plus qu’une seule solution s’il voulait la sauver. Au pas de course il se dirigea vers la jeune femme et hurla :  

« _Kaori !!!!! »  

Surprise d’entendre son nom, elle se tourna vivement et le vit se précipiter sur elle. Elle aussi comprit trop tard la signification de cette lueur dans son regard.  

Un coup de feu se fit entendre au moment où il saisissait Kaori pour la plaquer contre lui. Puis un second coup retentit alors que tous les deux tombaient sur le sol. Dans ce dernier mouvement, Ryô dégaina. La détonation lui avait indiqué l’emplacement de l’ennemi. Il tira une seule fois alors qu’ils n’avaient pas encore touché la pelouse. Kaori ferma les yeux et se boucha les oreilles.  

Puis le calme revint. Tout s’était passé très vite. Aucun cri n’était même venu troubler le drame de cette scène. Ryô était assis contre le tronc d’un arbre alors que Kaori se trouvait entre ses jambes, la tête contre son épaule droite, les mains plaquées sur ses oreilles. Elle releva alors la tête et vit le bras tendu de l’homme, l’arme au poing. Elle constata alors que la pression des doigts sur le python se faisait de moins en moins forte. Finalement, le magnum tomba. Elle porta prestement son attention sur son visage.  

Un vent de panique monta en elle. Son teint était devenu pâle et des gouttes de sueur glissaient le long de ses tempes. Elle sut qu’il avait été touché. Il avait pris la balle qui lui était destinée…  

« _Ryô ! Non ! Appelez vite une ambulance ! »  

Curtis s’exécuta sur le champ en remarquant une trace de sang sur la veste de l’homme tandis qu’elle l’allongeait sur le sol. Elle déchira sa chemise d’un mouvement sec.  

Son épaule saignait mais ce n’était qu’une légère entaille. La balle n’avait fait que l’effleurer. Ce n’était pas suffisant pour le mettre dans un tel état. Elle se souvint alors d’avoir entendu deux détonations.  

« _Non, murmura t-elle. Deux balles… Mon Dieu… »  

Curtis observait. Il s’aperçut qu’elle savait ce qu’elle faisait. Qu’est-ce que ça voulait dire ?… Elle déchira totalement la chemise de Ryô et Curtis la vit examiner l’intégralité de son buste. Elle blanchit.  

« _Seigneur ! Mais que fait cette ambulance ! Il a également reçu une balle dans la poitrine mais il n’y a pas de sang qui s’écoule ! Il reste à l’intérieur ! C’est pas vrai ! »  

Il commençait à perdre connaissance.  

« _Ryô, reste avec moi ! Il ne faut pas que tu fermes les yeux ! Tu dois rester conscient ! Je t’en prie, ne meurs pas ! »  

Ryô voyait le visage de Kaori se brouiller peu à peu. Il ne ressentait pas la douleur mais une étrange paix intérieure. Il avait tenu la promesse faite à Hideyuki, son ami, son frère d’arme. Peu importait qu’il y reste : il avait sauvé la vie de la femme qu’il aimait. Parce que, s’il avait eu un doute, il en était à présent sûr: il aimait cette femme plus que sa vie…  

Le regard qu’il posa sur elle la bouleversa : c’était un mélange de reconnaissance et d’amour.  

Et avant de fermer les yeux, il entendit au loin une voix lui dire :  

« _Ne comprends-tu pas que j’ai fait tout cela pour nous ! Tu n’as pas le droit de me laisser ! Je t’aime !… »  

Ces derniers mots apaisèrent son cœur.  

« Moi aussi je t’aime mon Sugar boy. Je regrette seulement de ne jamais te l’avoir dit, pensa t-il avant de sombrer… »  

Chapter: 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24 25 26 27 28 29 30 31 32 33 34 35 36 37 38 39 40