Chapter 25 :: Blessures

Published: 14-06-07 - Last update: 14-06-07

Comments: Bon, désolée pour cette petite attente. Comme promis, un chapitre où il y a (un peu) d'action ! J'espère que cela vous plaira. Sachez que j'ai deux chapitres d'avance, presque trois donc, pas de panique, la suite arrivera plus vite. Mais je suis pas certaine qu'elle vous plaise ! POur l'heure, je vous laisse en compagnie de chapitre 25 et je remercie une fois de plus mes fidèles lecteurs et reviewers. Je vous kiss

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Le silence se fit alors dans le studio. Ils venaient tous d’avoir un aperçu de l’amour par son côté obscur. Les yeux étaient posés sur cet homme plus qu’étrange. Voilà déjà quatre semaines qu’il faisait partie de l’équipe et personne n’arrivait à le cerner. Mis à part Mystère. Tout le monde avait bien senti qu’il y avait quelque chose de particulier entre elle et son garde du corps. C’était latent, c’était tu, mais c’était bien là. Elle l’avait défié mais Jay avait bien senti qu’il y avait autre chose derrière ce défi. Comme une conversation qui avait débutée sans eux et que tous deux poursuivaient. Le résultat en était stupéfiant ! Il avait un indéniable talent ! Il savait manier les mots avec subtilité et, en plus, ce qui ne gâchait rien, il avait une voix à faire pâlir les plus grands !  

Curtis était pantois. Bon Dieu que cet homme avait une voix de charme ! Incroyable ! Il jeta un œil sur Mystère et eut la confirmation de ce qu’il pensait : elle était subjuguée ! Et pourtant elle avait l’habitude d’entendre des voix masculines à faire rêver les yeux ouverts. Mais qu’est-ce qui se passait vraiment ici ? Pourquoi était-ce lui qui chantait ? Et c’était quoi ce texte ? D’où sortait-il ? Parce qu’il avait un sacré potentiel ! Cette chanson était sans conteste faite pour être chantée par un homme et mais elle ferait un malheur ! Encore fallait-il trouver le chanteur qui saurait l’exploiter à son maximum ! L’exploiter comme venait de le faire le garde du corps de sa star ! Un garde du corps aux multiples facettes ! Quelles autres surprises sortirait-il de son chapeau ? Mais avant d’envisager quoi que ce soit, il fallait rendre à César ce qui était à César et féliciter l’auteur de ces mots. La musique avait été composée par Jay, ça il le savait. Il connaissait son style. Mais ces paroles ? Ce n’était pas Mystère, c’était certain ! Mais Jay réagit avant lui, répondant par la même à sa question.  

« _Et ben ça alors ! Je n’en reviens pas ! Décidément, vous êtes vraiment quelqu’un d’étonnant vous ! Vous savez manier les mots et les sous-entendus, y’a pas à dire ! Vous devez être un beau parleur avec les femmes, ajouta t-il en lui faisant un clin d’œil. Quoique là, c’est plutôt sombre mais, wahou ! Chapeau bas ! »  

Curtis resta coi. C’était lui qui avait écrit ça ?  

De son côté, Kaori ne parvenait pas à bouger. Mais les derniers mots de Jay lui rendirent sa volonté. Lui ? Un beau parleur ? Elle faillit s’étouffer de rire ! Il était aussi subtil qu’un rouleau compresseur avec les femmes ! S’il avait s’agit de Mick, elle aurait été d’accord car, lui, il savait parler aux femmes ! Mais Ryô ! Quoique… Jay avait raison. Il fallait vraiment savoir manier les nuances pour arriver à un tel texte. D’autant qu’il représentait ce qu’il pensait au fond de lui. Elle réalisa alors que, s’il l’avait vraiment voulu, il aurait pu avoir toutes les femmes de la terre, il aurait pu mettre dans son lit toutes les jolies clientes qu’ils avaient eues. Elle sourit. Elle comprenait tout maintenant. Ce n’était qu’un jeu pour lui destiné à la faire enrager elle, destiné à faire ressortir sa jalousie maladive. Il l’aimait. Et Elle l’aimait et il le savait. Et tant qu’elle était jalouse, cela voulait dire qu’elle l’aimait toujours. Elle se secoua mentalement et reprit définitivement ses esprits. C’est alors qu’elle remarqua la présence de Curtis.  

Jay poursuivit alors son éloge.  

« _Vous vous êtes trompé de carrière ! Vous devriez vous lancer dans la chanson ! Ou devenir parolier ! Franchement, c’était sublime ! »  

Ryô était plutôt dans un état léthargique d’avoir osé faire une chose pareille, d’avoir osé coucher sur ce papier ses propres pensées. Car il s’agissait bien de cela. Il comprenait mieux Mystère. Un jour elle lui avait dit qu’il y avait un peu d’elle dans chaque chanson. Mais les mots de Jay eurent pour effet de lui faire immédiatement retoucher terre.  

« _Oh, une minute ! N’y pensez même pas ! J’ai fait cela uniquement parce que Mystère m’a mis au défi de le faire ! Il ne faut pas mélanger les choses ! Moi, je suis garde du corps, enquêteur (pour ne pas dire autre chose pensa t-il très fort). J’ai fait ça par jeu ! »  

Curtis s’avança alors.  

« _Peut-être, mais cette chanson ne mérite pas de se retrouver au fond d’un tiroir. Ce serait un sacrilège !  

_Et bien que Mystère la chante s’il n’y a que cela pour vous faire plaisir.  

_Non, non. Voyons Monsieur Saeba, ce n’est pas du tout le style de Mystère. Et puis, de toute manière, on sent bien que c’est un texte écrit pour un homme. Les paroles ne sont absolument pas féminines. Une femme ne dirait pas « il y a du contrat dans ces mots-là ». Seul un homme voit l’amour comme un contrat. Une femme, c’est plutôt un don de soi.  

_Et bien donnez-la à un de vos chanteurs. Ne me dites pas que votre maison de production n’en a pas.  

_Si, bien sûr que si mais… Je dois bien l’avouer, nous avons de bons éléments. Cependant votre voix… Vous êtes un vrai crooner ! Vous devez chanter cette chanson !  

_Bon, nous allons nous arrêter là avant que je ne m’énerve, fit-il en se leva brusquement et en lui tournant le dos. Je le répète : ce n’était pour moi qu’un défi, un jeu ! Faites ce que vous voulez de cette chanson mais ne venez plus me parler d’entamer une carrière dans le showbiz !  

_Mais il y a les droits d’auteur, renchérit Curtis comme s’il n’avait pas entendu la menace pourtant bien réelle de l’homme.  

_Mais vous êtes bouché ma parole, ragea t-il en se retournant brutalement et pointant un doigt menaçant vers lui ! Ca m’est égal ! Et si vous continuez, je déchire le texte et je le brûle ! »  

Kaori s’amusait beaucoup de la situation. Comment Curtis pouvait-il envisager de transformer Ryô en chanteur ? C’était trop drôle ! Il ne le connaissait pas comme elle le connaissait. Il ne savait pas qu’il avait son métier dans les veines. Même s’il était dangereux, même s’il lui faisait côtoyer la mort. Ryô n’était vraiment lui-même que lorsqu’il tenait en main son magnum. Elle décida d’intervenir avant que son garde du corps ne s’énerve vraiment.  

« _Curtis, allons, qu’est-ce qui te prend ! Faire une telle proposition ! Tu n’es pas sérieux ! Chacun son métier !  

_Mais enfin, j’ai bien vu que ça t’avait touchée toi aussi ! Tu ne me feras pas croire le contraire !  

_Oui, je l’admets. C’est un très beau texte et Ryô a une voix hyper sexy qui n’aurait pas de mal à faire exploser les ventes. Mais il ne faut pas tout mélanger. Puisqu’il donne son texte de bon cœur, accepte-le et trouve un chanteur qui en soit digne. »  

Ryô reçut l’aveu de manière mitigée. Ainsi, il avait une voix sexy ? Personne ne lui avait jamais dit cela ! Enfin, quoique, si, une fois. Mais il ne savait pas si elle comptait ou pas. Cela remontait à si loin. Kaori était rentrée ivre d’une soirée. Eriko avait réussi à convaincre les filles de s’offrir un moment rien que pour elles, sans les hommes. Et sa partenaire avait bu sachant qu’elle supportait mal l’alcool. Elle l’avait appelé vers 3h du matin pour venir la chercher car il s’avérait qu’aucune d’elles n’était capable de prendre le volant. Il avait feint d’avoir été réveillé alors qu’en fait, il attendait son retour, pas rassuré de la savoir loin de lui. Finalement, il avait joué les chauffeurs pour Eriko et Saeko aussi. Il avait appelé Falcon à la rescousse pour reprendre Miki, Kazue et Kasumi. Elles étaient toutes dans un de ces états ! Et puis, en arrivant à l’appartement, elle s’était affalée devant la porte en riant. Il avait dû la porter jusqu’à sa chambre et en avait profité pour lui faire des remontrances sur son comportement. Mais elle avait ri. Et la seule répartie qu’elle avait trouvé, avait été de lui dire qu’il avait une voix super sexy lorsqu’il était en colère ! Il en avait failli tomber par terre ! Bien sûr, le lendemain, elle ne se souvenait de rien, mis à part sa splendide gueule de bois. Il sourit à ce souvenir. Il reporta son attention sur Mystère et son agent qui était étrangement silencieux depuis quelques secondes.  

« _Et si je proposais un compromis ? »  

La jeune femme eut un mouvement de surprise.  

« _De quel genre ? »  

Elle s’attendait presque à tout avec lui.  

« _Un bonus sur ton prochain album.  

_Je ne te suis pas, répondit-elle, interloquée.  

_Il est prévu que le prochain album compte 12 chansons. Et si on mettait une treizième en bonus ? On ne l’indiquerait pas sur l’album mais on la mettrait à la suite de la dernière chanson après quelques secondes de blanc.  

_Ca ne m’explique rien !  

_Mais si enfin ! On mettrait cette chanson chantée par Ryô !  

_Oh mais c’est une super idée, s’exclama Jay ! »  

Kaori et Ryô restèrent muets de stupeur. Le nettoyeur finit par se lever et se planter devant l’agent qui sentit une sueur froide glisser dans son dos face aux yeux meurtriers de ce dernier.  

« _Avez-vous écouté ce que je vous ai dit ? Je-ne-désire-en-aucun-cas-me-transformer-en-chanteur, articula t-il en détachant bien ses mots. Alors vous arrêtez avec vos élucubrations ! Bien. Je crois qu’il va être temps de partir. Les trois heures sont écoulées.  

_Déjà, réagit la chanteuse. Je ne vois pas le temps passer quand je travaille ! Bon, et bien, allons-y ! »  

Face à l’hostilité de l’homme, Curtis décida de laisser tomber néanmoins frustré de son échec.  

Tout le groupe se mit en route. Arrivés à l’accueil, Curtis régla les détails tandis que Mystère regardait au dehors par la baie vitrée, Ryô à ses côtés.  

« _Osaka est vraiment une ville magnifique. Et je trouve que l’emplacement de ce studio est vraiment bien trouvé, juste en face de ce parc. Comme cela, ceux qui y travaillent peuvent se détendre entre deux prises. C’est agréable un tel cadre.  

_Oui, tu as raison. »  

Elle s’approcha un peu plus de la baie vitrée pour admirer le parc ensoleillé.  

« _J’aimerais bien y faire une petite ballade avant de retourner à l’hôtel.  

_Je ne pense pas que ce soit une bonne idée. C’est le lieu idéal pour préparer une embuscade. Je suis seul pour te protéger et tu sais bien que ce sale rat est plutôt du genre discret. »  

Il vit la déception passer sur son visage et ça lui fit de la peine. Mais il ne devait pas perdre de vue le fait qu’il ne savait pas comment stopper cet homme. Et qu’il le savait extrêmement sournois.  

« _Je suis désolé, je ne veux prendre aucun risque.  

_Je ne t’en veux pas. Je me sens lasse tout à coup. »  

Et c’était vrai. Elle en avait marre de toute cette comédie. Si elle s’écoutait, elle laisserait tout tomber pour retrouver sa paisible vie d’avant. Enfin, paisible, il fallait le dire vite. Mais c’était cette vie là qu’elle préférait par dessus tout même si elle aimait se produire, même si elle aimait « Mystère ».  

Curtis s’approcha alors du couple.  

« _Bon, voilà, c’est réglé. J’ai les maquettes de ce qui a été fait aujourd’hui. Ce serait dommage de laisser cela se gâcher. Nous pouvons y aller. »  

Tout le monde prit alors la direction de la sortie. Mais arrivés à la porte, Curtis se plaça près de Ryô et lui murmura doucement :  

« _Je ne m’avoue pas vaincu Monsieur Saeba. Je trouverai bien un moyen… »  

Il le dépassa et sortit le premier. Ryô n’en crut pas ses oreilles ! Non mais, il n’avait pas écouté un traître mot des menaces qu’il lui avait faites ! Mais ce gars n’était pas croyable ! Il allait devoir lui remettre les idées en place. Et il ferait cela en privé, rien que tous les deux. Il allait lui mettre les points sur les « i » et bien lui montrer qui il était vraiment. Il avait tendance à le prendre pour un simple petit garde du corps, ce qui était loin d’être le cas. C’est sur cette pensée qu’il se retrouva sur le trottoir, Curtis sur sa droite et Mystère sur sa gauche.  

Soudain, il perçut la présence de leur homme mais comme toujours, elle était plus que diffuse. Une fois de plus, il ne savait dire avec précision où il se tenait. Son regard se durcit et se posa sur le parc. Il se souvint alors de ce qu’il avait dit à la jeune femme : le lieu parfait pour une embuscade. Ou, à fortiori, pour se dissimuler.  

Kaori stoppa sa marche lorsqu’elle sentit la soudaine tension émaner de Ryô. Elle ne mit pas longtemps à comprendre que « l’autre » devait être dans les parages. C’était peut-être le moment de tenter quelque chose pour en venir à bout. Mais quoi ? Servir de cible, elle ne voyait que cela. Mais cette manœuvre ne servirait à rien si son poursuivant n’avait pas, encore cette fois, l’intention de lui faire du mal.  

C’est alors que Ryô sentit la tension gonfler de plus en plus et se préciser. Il percevait sans le moindre doute la tension meurtrière. Cette fois, il avait décidé de passer à l’acte ! Ce n’était plus une simple présence, un avertissement. Non. Il avait finalement franchi le cap. Et c’était imminent.  

« _Couchez-vous tous ! Maintenant, hurla Ryô. »  

Il avait à peine prononcé ces quelques mots que le premier coup de feu retentit. Il attrapa Mystère et, l’entraînant avec lui, la plaqua au sol. Il roula quelques mètres et se cacha derrière une voiture. Il nota néanmoins que les tirs, bien que dirigés vers la chanteuse, restaient malgré tout très éloignés d’elle. Ca le perturba, ce n’était pas normal. C’était comme s’il avait fait cela simplement dans le but de les diriger vers ce point.  

Tout n’était que chaos autour d’eux. Les gens dans la rue et le parc criaient, courraient un peu n’importe où pour la plupart. Seuls quelques uns avaient obéi à la consigne de Ryô de se mettre à couvert. Ryô se redressa alors et regarda le parc. La direction des tirs lui avait indiqué approximativement où se situait le gaillard. Il visa donc l’endroit mais il comprit de suite que tirer aurait été trop dangereux avec toute cette agitation. Il pesta. Il allait encore rater une formidable occasion. Mais il y avait quelque chose qui lui échappait. Il n’avait pas tiré pour tuer pourtant, la pulsion meurtrière était bel et bien là. Il la sentait dans tous les pores de sa peau ! Alors, qu’est-ce que cela signifiait ?  

Mon Dieu ! Elle avait senti une seconde trop tard l’intention de tuer ! Elle avait certes fait de nombreux progrès mais pas encore assez ! Elle demeurait malgré tout encore un peu lente. Et ça avait failli lui coûter cher ! Si Ryô n’avait pas été là, elle n’osait imaginer ce qui se serait produit ! Mais tout de même, il n’avait fait que rater sa cible ! Pourtant, à cette distance, il n’aurait pas dû la manquer ! Ca cachait quelque chose, elle en était sûre ! Mais toute cette agitation autour d’eux l’empêchait de réfléchir convenablement. Elle jeta un coup d’œil sur Ryô qui scrutait le parc avec concentration, le python armé, prêt à tirer. Il avait laissé sa main sur son épaule pour l’obliger à rester cachée derrière la voiture. Ca lui faisait tout drôle d’être sa cliente. Jamais elle n’aurait cru qu’il la protégerait ainsi un jour. Elle sentit alors quelque chose se serrer en elle. Sans trop comprendre à quoi correspondait cette sensation, elle perçut comme une force qui la poussa à regarder vers sa droite.  

Stupéfaction ! Horreur ! Peur ! Toute l’équipe s’était mise à l’abri ainsi que les passants affolés. Mais Curtis ! Il était là, debout contre la baie vitrée du studio, les yeux écarquillés de frayeur, totalement tétanisé ! Non ! Ses cheveux à la base de sa nuque se dressèrent tout à coup. Ses yeux s’ouvrirent grands alors qu’elle comprenait que l’aura meurtrière n’était pas dirigée contre elle mais contre son agent. Sans même réfléchir aux conséquences, elle se leva, se dégageant ainsi de l’emprise de Ryô, et bondit dans sa direction.  

« Curtissss, hurla t-elle à pleins poumons, ne reste pas là ! »  

Trop tard, elle entendit le coup de feu partir. Elle se jeta sur lui, ils tombèrent au sol. Et tout comme Ryô et elle tout à l’heure, elle roula sur elle-même en entraînant l’homme avec elle afin de le soustraire aux balles qui fusaient bien plus vite que pour elle et dont les trajectoires étaient bien plus précises. Elle ressentit alors une vive douleur dans le bras avant de trouver refuge, in extremis, derrière un petit muret.  

Lorsqu’il sentit sa main quitter l’épaule de la jeune femme, Ryô détourna son regard de son observation. Il constata avec effroi ce que Mystère avait déjà remarqué et comprit de suite ses intentions alors qu’il percevait que le gugusse allait tirer sur Nelson. Il comprit alors le but de cette ordure : l’éloigner de l’agent afin de le tuer. La cible n’était pas Mystère, mais Curtis.  

« Non, Mystère ! Reviens ! »  

Mais rien n’y fit. Et le premier coup de feu partit. Ryô ne pouvait plus rien faire. Sa fine ouie lui donna enfin l’emplacement exact du tireur. Il réagit alors en visant et en tirant. Il vida son chargeur et les tirs cessèrent. Le silence revint brutalement et le nettoyeur sentit la présence néfaste s’éloigner : il prenait la fuite.  

Curtis sortit de sa torpeur lorsque leur roulé-boulé sur le macadam s’arrêta contre un petit mur contre lequel ils s’écrasèrent assez violemment. Il entendit la jeune femme pousser un petit cri puis le calme revint tout aussi vite que le désordre était apparu. La peur lui serrait encore les entrailles. C’était la première fois qu’il se retrouvait au beau milieu de tirs ennemis. Il avait été totalement incapable de bouger. Et lorsque ce malade avait commencé à lui tirer dessus, une chose lui revint instantanément en mémoire. Une chose pour le moins très importante mais qui lui était totalement sortie de la tête. En cet instant précis, tout prenait un sens qu’il n’avait pas compris.  

Ryô sut alors que c’était terminé. Il se remit prestement debout. La colère, dirigée contre Nelson, l’envahit alors peu à peu. Il se précipita sur les deux corps toujours plaqués au sol. Quand il arriva enfin près d’eux, il vit une tâche rougeâtre sur le vêtement de la chanteuse. La colère se transforma en hargne tandis qu’un effroi montait en lui. Il s’agenouilla et souleva Mystère dans ses bras.  

« _Mystère ! Mystère ! Répond-moi, dis quelque chose ! »  

Il la retourna et constata avec soulagement qu’elle le regardait bien en face et que son visage portait un masque de stupeur. Un rapide coup d’œil sur la plaie lui montra que ce n’était qu’une égratignure. Mais sa colère ne retomba pas pour autant. Il agrippa la veste de l’agent, l’attirant à lui tandis quu’il tenait toujours contre son torse sa cliente.  

« _Espèce de pleutre, cria t-il ! Les hommes sont sensés protéger les femmes et non le contraire ! Vous rendez-vous compte de ce qui vient de se produire, hein ? Le réalisez-vous ! Mystère vous a protégé de son corps alors que VOUS auriez dû être le premier à la protéger elle ! Si je n‘avais pas été là ?! Elle est blessée par votre faute ! Parce que vous êtes resté planté là comme une courge ! Lâche, hurla t-il en le lâchant tout en émettant une poussée qui le propulsa fortement contre le mur.  

_Arrête Ryô, murmura alors Mystère, sortant de son étrange mutisme. Ce n’était pas moi qui étais visée, c’était Curtis, dit-elle faiblement. Lui, et pas moi. Pourquoi ? Je ne comprends pas, murmura t-elle plus pour elle-même que pour Ryô. »  

Le nettoyeur leva un sourcil interrogateur. Elle avait compris que ce n’était pas elle la cible. Aurait-elle alors volontairement protégé Nelson ? Si c’était le cas, cela voulait dire qu’il avait raison, et qu’il y avait quelque chose de bien étrange chez la jeune femme. Il devait vraiment trouver quoi. Peut-être était-ce finalement cela la clé qui lui ferait comprendre pourquoi il se sentait si proche d’elle. Il décida de taire ses soupçons pour le moment.  

Kaori n’arrivait pas à reprendre totalement ses esprits. Une balle l’avait effleurée mais elle en avait l’habitude. Ce n’était pas cela. Non, c’était le fait que pas une seule fois elle n’avait envisagé qu’il s’en prendrait à une autre personne qu’elle. Et c’était pourtant ce qui venait de se passer. Il avait voulu abattre Curtis. Qu’il s’en prenne à elle était une chose mais elle ne supportait pas qu’il veuille s’en prendre à ses proches. Curtis ne connaissait rien du milieu, il n’était pas habitué à ce genre de violence. Il n’avait même pas su réagir au moment de l’attaque. Il fallait absolument arrêter ce fou.  

« _Je ne sais pas non plus. C’est un revirement imprévu.  

_Mais moi je pense pouvoir répondre à cette question. »  

Curtis sortit une feuille pliée en quatre de sa poche et la tendit à Ryô qui, toujours Mystère dans les bras qui lut en même temps que lui, en prit connaissance.  

« Ton petit soldat de papier ne pourra rien contre moi. Il a déjà échoué une fois. Prend garde, regarde bien autour de toi. Il y a des châtiments bien plus lourds à porter que la mort. »  

La colère regagna les veines de l’homme. « Petit soldat de papier » ! Il ne perdait rien pour attendre. Mais tout devenait plus clair. Kaori comprit aussi : il voulait la faire souffrir. Quel monstre ! Heureusement que personne ne savait qui elle était réellement ! Il aurait pu s’en prendre à Miki, ou Kazue ou même Eriko…  

« _Et c’est seulement maintenant que vous me faites part de cette menace ! Vous vous êtes tout de même aperçu que le ton était différent ! Et que ça ne présageait rien de bon !  

_J’étais venu pour cela mais, en vous entendant chanter, je me suis écarté du but premier de ma visite.  

_Mais ce n’est pas vrai ! Dans quel monde vivez-vous ? Vous avez laissé passer le plus important pour une question des plus superficielles !  

_Je suis désolé.  

_Vous pouvez l’être ! Elle aurait pu se faire tuer en voulant vous sauver ! »  

Curtis eut un frisson d’horreur. Il avait raison. Et il ne pouvait rien dire pour sa défense. Ryô se releva et aida la jeune femme à en faire autant.  

« _Il faut soigner ton épaule. »  

Mais avant tout il devait faire une chose. Il ne pouvait cependant pas se résoudre à laisser sa protégée entre les mains de ce Nelson de malheur. Il n’avait pas confiance en lui. Il vit alors Jay courir vers eux.  

« _Jay, je te confie Mystère. Ramène-la à l’hôtel, fais soigner sa plaie. Je peux compter sur toi ?  

_Bien sûr ! Mais tu ne viens pas avec nous ?  

_Je vous rejoindrais. J’ai encore une petite chose à faire.  

_Je vais me charger de Mystère, dit brutalement Curtis.  

_Non ! Hors de question, beugla Ryô ! Vous serez incapable de la protéger s’il devait se produire un autre incident ! Je n’ai aucune confiance en vous ! Jay me semble bien plus fort psychologiquement ! Et puis, j’entends les sirènes de la police. Occupez-vous d’eux ! Et éviter de donner mon nom aux flics ! Je vais prévenir mon contact à la préfecture de police de Tokyo. Maintenant, rejoignez l’hôtel.  

_Mais, que vas-tu faire, interrogea alors Mystère, un peu dépassée.  

_Mon travail, répondit-il laconiquement en se dirigeant vers le parc. »  

Il lui fallut quand même quelques minutes de recherches avant de trouver l’endroit. Le lieu précis où cette mauviette, qui attaquait de loin car trop lâche pour le faire de près, s’était dissimulé pour tirer sur Nelson. Il inspecta les alentours avec minutie. Il trouva les douilles. Parfait, enfin du concret. Il enfila une paire de gants en latex et les ramassa pour les mettre dans un sac plastique. A côté, des papiers gras sans doute sans importance mais qu’il prit également. Et puis, une tâche sur la pelouse verte attira son attention. Il s’accroupit et constata que c’était du sang. Il l’avait touché ! Une satisfaction monta en lui. Il espérait très fort que la blessure soit importante bien que la quantité de sang soit moindre. Rien que le fait de le savoir blessé le soulageait. Il lui avait rendu la monnaie de sa pièce. Il emballa le tout et après avoir ôté ses gants, saisit son téléphone portable.  

« _Lieutenant Nogami, j’écoute.  

_Bonjour, j’ai du nouveau.  

_Raconte. »  

Il lui expliqua les derniers évènements puis en vint à ses trouvailles.  

« _Du sang ! Formidable ! Il faut envoyer ces indices au laboratoire de la police d’Osaka.  

_Et je fais comment ? J’entre chez les flics et je leur dit : « Bonjour, je suis City Hunter, voici quelques prélèvements qui concerne l’affaire « Mystère » dont je suis le garde du corps. J’ai besoin rapidement des résultats. Merci ! » »  

Saeko en tomba de sa chaise et un corbeau sortit du téléphone de Ryô.  

« _Mais non ! Idiot ! Je les appelle sur le champ ! Demande l’inspecteur Oka. Tu ne seras même pas obligé de lui dire qui tu es. Je m’occupe de tout. Je te donne les résultats au plus vite.  

_Très bien. A plus tard. »  

Une heure plus tard, les échantillons partaient pour analyses…  

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