Hojo Fan City

 

 

 

Data File

Rated PG-13 - Prosa

 

Autore: Mercury80

Status: Completa

Serie: City Hunter

 

Total: 36 capitoli

Pubblicato: 20-01-20

Ultimo aggiornamento: 29-02-20

 

Commenti: 65 reviews

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ActionRomance

 

Riassunto: NC17 - Ryo doit à nouveau effectuer une mission pour Saeko : il doit se marier...

 

Disclaimer: Les personnages de "Marry me" sont la propriété exclusive de Tsukasa Hojo.

 

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   Fanfiction :: Marry me

 

Capitolo 15 :: Chapitre 15

Pubblicato: 03-02-20 - Ultimo aggiornamento: 03-02-20

Commenti: Bonjour, voici la suite de l'histoire. Bonne lecture et merci pour vos commentaires^^

 


Capitolo: 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24 25 26 27 28 29 30 31 32 33 34 35 36


 

Chapitre 15  

 

De bon matin, Kaori se tourna et ouvrit les yeux péniblement. Elle entrevit les lueurs rosées de l’aube là où les nuages gris laissaient quelques trouées. Avant, ce genre de spectacle la ravissait et la mettait de bonne humeur pour la journée. Ce jour-là, cela la déprima. Elle n’irait pas à la gare voir si un message serait inscrit, profitant d’une balade dans l’air frais, ne passerait pas au Cat’s papoter avec Miki et s’amuser de la façon dont elle faisait rougir son mari. Falcon lui manquait autant qu’elle. Pourtant, elle ne pouvait pas dire qu’ils se parlaient beaucoup mais il était là, présence rassurante, posée et il avait su être présent à des moments clefs de son existence. Elle n’enverrait pas Mick valser dans le mur parce qu’il aurait une nouvelle fois tenté de la peloter ou de l’embrasser, ne verrait pas Kazue s’énerver sur lui puis, comme elle, se rapprochait du comptoir pour entamer une conversation entre filles.  

 

Elle pensa à Saeko et elle ne se dit pas qu’elle aurait aimé lui botter les fesses pour cette mission pourrie qu’elle leur avait encore une fois refilée. Elle aurait presque supporté de la voir flirter avec Ryo, de le voir le remettre en place avec son petit sourire en coin qui l’agaçait tant généralement. Elle sourit amèrement : tout était dans la nuance, elle aurait presque supporté… Elle savait ce qu’elle ne supportait plus en revanche. Elle réprima un hurlement de rage en entendant les vagues se fracasser sur la carlingue du cargo encore et encore. C’était pourtant un bruit qu’elle adorait avant, qui l’apaisait même, mais, aujourd’hui, elle n’en pouvait plus… même si c’était le seul bruit continu qui venait briser ce silence lourd de mystères et de danger. C’était une situation surréaliste de savoir que d’autres personnes étaient dans ce navire et qu’ils n’entendaient presque aucun bruit de vie. La seule manifestation qu’ils en avaient, c’était la livraison des repas et, par très rares moments, des bruits de pas dans le couloir. Le seul autre bruit était celui qu’elle avait entendu de manière très furtive, un bruit qu’elle savait connaître mais n’arrivait plus à identifier à cause de la fatigue, un bruit qui lui faisait froid dans le dos quand elle l’entendait…  

 

Soudain, elle sentit le bateau se lever et se rabaisser aussi vite, très brusquement. L’effet ne se fit pas attendre. Son estomac se tordit violemment et elle bondit du lit pour courir aux toilettes, arrivant juste à temps une nouvelle fois. Elle sentit la bile lui brûler la trachée en plusieurs vagues acides. Elle ne faisait même plus attention aux larmes qui coulaient, provoquées par la douleur des remontées. Elle resta penchée sur la cuvette un long moment et, quand enfin l’épisode se calma, elle vit un verre d’eau apparaître devant elle pour se rincer la bouche, puis la serviette légèrement humide lui essuya le front et le cou avant ses lèvres sèches et gercées. Sans même un regard en arrière, elle se laissa aller et fut accueillie contre le torse de Ryo, une main venant se poser sur son ventre, le massant doucement, et l’autre sur son front, le caressant tendrement pour l’apaiser. Ils avaient leurs petits rituels depuis que le mal de mer était revenu en force deux jours plus tôt après seulement une journée de répit.  

 

Au bout de quelques minutes, il la prit doucement dans ses bras et l’emmena dans la chambre sans un mot. Il s’assit sur le canapé, la prenant contre lui, la couverture posée sur eux. Il la serra contre lui et réprima le soupir de frustration qui ne demandait qu’à sortir. Même s’il ne le montrait pas, il n’en pouvait plus. Ce n’était pas dans ses habitudes de rester enfermé dans vingt mètres carré. Il trépignait d’impatience, il tournait comme un lion en cage et, même s’il ne se réjouissait pas du sort de sa partenaire, il avait au moins cela pour l’occuper, ça et le sexe puisqu’ils étaient toujours soumis aux mêmes séances d’intoxication. La seule chose qui avait évolué, c’était l’emprise qu’avait cette saleté sur lui. Elle était moins forte qu’au début parce qu’il refusait de se laisser aller alors que Kaori n’était pas bien. Ca ne marchait pas à chaque fois mais ça l’avait aidé.  

 

Sentant le corps de sa compagne se détendre, il baissa les yeux et la trouva endormie. Il eut mal au coeur. Elle était épuisée, ses joues s’étaient creusées et elle était livide. Il avait vu ses côtes affleurer quand elle était penchée sur les toilettes et son ventre… Elle ne tiendrait jamais le coup deux jours de plus. Il aurait presque voulu voir apparaître leurs ravisseurs pour qu’ils lui remirent une perfusion comme la dernière fois. Elle en avait besoin. Précautionneusement, il l’allongea et s’étendit à ses côtés, posant sa tête sur son épaule. Il aimait la sentir sur lui, prendre ses doigts entre les siens, les serrer, jouer avec. C’était une des petites choses qui l’aidaient à tenir. Ca remplaçait la cigarette. Il sourit face à sa mauvaise foi : ça ne remplaçait pas la cigarette, c’était bien différent, bien mieux. Il n’avait même pas souffert de l’absence de nicotine. Il savait en revanche qu’il souffrirait du sevrage de sa nouvelle drogue dont il caressa la joue tendrement. Pourtant, il n’avait toujours pas le courage d’aller de l’avant avec elle.  

 

Il passa une main dans ses cheveux, nerveux, et regarda le plafond. Il ne pouvait nier qu’il l’aimait. C’était un fait et tout ce qu’il avait fait depuis – il tourna la tête vers l’armoire où il gravait chaque jour qui passait un trait pour ne pas perdre le fil, aujourd’hui serait le sixième - quatorze jours maintenant, calcula-t-il, allait en ce sens. S’il ne l’avait pas aimée à ce point, il n’aurait pas cédé à ses pulsions, ne se serait pas tant pris au jeu du mariage, ne serait pas si inquiet pour elle, aussi frustré de son impuissance. S’il ne l’avait pas tant aimée, il aurait tenté le tout pour le tout sans se demander s’ils s’en sortiraient, si elle s’en sortirait. Là, il ne pouvait juste pas imaginer qu’elle ne put pas sortir de là indemne, elle ne serait pas en forme mais elle devait sortir indemne. C’était impératif surtout… Il baissa de nouveau les yeux vers elle et remit une mèche de cheveux derrière son oreille. Il sentit l’anxiété enserrer sa gorge et déglutit péniblement, chassant cette idée.  

 

C’était une donnée qu’il ne pouvait intégrer. C’était trop ingérable pour lui. Chaque fois qu’il y pensait, il avait à la fois l’impression de flotter et de sombrer. C’était un déchirement pour lui de penser qu’il avait pu la mettre enceinte dans ces conditions, de la voir forcée de porter un bébé qu’ils n’avaient pas voulu et qu’il n’était pas sûr de pouvoir assumer. En même temps, c’était un rêve utopique qui se réalisait et il sentait son coeur gonfler rien que d’y penser. Le sentiment était tellement ambivalent que cela le déstabilisait souvent pendant un moment et il ne pouvait pas se le permettre, pas maintenant qu’ils devaient tenter de garder la tête froide. S’il avait bien compté, d’ici la fin de semaine, ils seraient fixés. Jusque là, il tenterait de ne pas y penser.  

 

Un bruit différent se fit soudain entendre et Kaori se réveilla.  

 

- Qu’est-ce que c’est ?, demanda-t-elle.  

- Reste là., dit-il en se levant.  

 

Il approcha des hublots et vit un petit bateau à moteur s’éloigner du cargo avec trois hommes dont deux armés à bord, les deux semblant surveiller quelque chose, quelqu’un, se dit-il, allongé sur le sol.  

 

- Je pense qu’ils ont libéré un autre otage., lui apprit-il, revenant près d’elle.  

 

Il attrapa le verre d’eau posé sur la chevet et le lui tendit. Il ne dit rien mais elle comprit l’ordre implicite et avala un peu d’eau par toutes petites gorgées, s’arrêtant quand son estomac recommença ses saltos. Elle lui rendit le verre qu’il reposa avant de venir à ses côtés et l’attirer contre lui.  

 

- Tant mieux pour lui., soupira-t-elle.  

- Oui. Tu es gelée, Kaori. Tu ferais peut-être bien d’aller prendre un bain., lui conseilla-t-il.  

- Peut-être., répondit-elle d’une toute petite voix.  

- Reste éveillée, ma belle. Je sais que tu es fatiguée mais fais un effort. Juste quelques minutes. Laisse tomber le bain. Je t’emmène prendre une douche., décida-t-il.  

- Tout ça pour pouvoir me toucher…, plaisanta-t-elle à voix basse.  

- Oui. Je suis un pervers, tu le sais bien., la taquina-t-il.  

 

Il la prit dans ses bras et l’emmena à la salle de bains. Quand l’eau fut assez chaude, il les glissa sous l’eau et la soutint contre lui.  

 

- Allez, Kaori, un tout petit effort. Juste pour quelques minutes. Ca va te rafraîchir., l’encouragea-t-il.  

- Je suis si fatiguée., murmura-t-elle, ses yeux se refermant tous seuls.  

- Je sais. Je vais te laver mais essaie de rester debout, d’accord ?  

 

Elle le regarda, les yeux mi-clos, et acquiesça, prenant appui sur la paroi de la douche. Sans tarder, il prit du gel douche, le fit mousser entre ses mains et le passa sur tout son corps rapidement. Il lui lava les cheveux, la tenant contre lui, puis, après s’être lavé à son tour et les avoir rincés, ils sortirent de l’eau.  

 

- Je n’en peux plus, Ryo., murmura-t-elle.  

 

Comme pour prouver ses dires, ses jambes flanchèrent et il eut à peine le temps de la rattraper. La prenant contre lui, il l’emmena dans la chambre et la coucha, déjà endormie, sur le lit. Doucement, il la sécha de la tête aux pieds avant de se sécher lui-même. Soucieux, il s’assit sur le bout du lit et se frotta le visage avec les mains avant de se relever et de prendre le drap aux pieds de Kaori pour l’en recouvrir. Voyant qu’il s’était pris dans ses orteils, il le retira délicatement. Soudain, ses sourcils se froncèrent et il écarta son gros orteil droit de son voisin laissant apparaître l’espace entre les deux parsemé de traces d’aiguilles. Il examina le même espace sur son pied gauche et y vit également des traces. Il sentit la colère le gagner. Injection ou prélèvement ? Etait-ce pour cela qu’ils l’avaient aidée quelques jours plus tôt et plus maintenant. Ils testaient sur elle ? Il ne pouvait y croire. Ils avaient envisagé le trafic d’êtres humains mais pas des tests sur eux…  

 

Soucieux, il examina tout le reste de son corps à la recherche d’autres traces de prélèvement ou de piqûres et n’en trouva pas, ce qui le soulagea. Par mesure de précaution, il s’examina du mieux qu’il put et ne trouva aucune trace chez lui non plus. Qu’avait-elle de plus que lui ? Pourquoi expérimenter sur elle et pas sur lui ? C’était une femme… Est-ce qu’ils avaient touché à sa féminité ? Est-ce qu’ils lui avaient pris des ovules ou injecté un produit qui pouvait la rendre stérile ? Toutes ces suppositions le rendaient dingue. Il devait se calmer et surtout ne pas l’inquiéter : elle était déjà assez fragile ainsi.  

 

Il tira le drap sur elle et s’assit dans le lit à ses côtés. Il se demandait quand ils venaient faire leurs expériences et en conclut que leur endormissement devait, lui aussi, être aidé. S’assurant de leur inconscience, leurs ravisseurs pouvaient alors faire ce qu’ils voulaient. Cette pensée le fit frémir et il s’allongea pour pouvoir la prendre contre lui. Il se sentait impuissant et inutile. Il avait toujours pensé qu’il serait en mesure de la protéger mais il s’était trompé et ça faisait mal parce qu’au final, elle en souffrait plus que lui.  

 

Lorsque Kaori se réveilla à nouveau, il devait être aux alentours de midi puisqu’un plateau repas fut poussé par la trappe au sol. Ryo alla chercher le plateau et le posa sur une table au loin.  

 

- Il y a du bouillon. Tu veux essayer de manger un peu ?, lui proposa-t-il.  

 

Elle le regarda avec beaucoup d’appréhension et, bien qu’elle n’en avait pas envie, elle accepta tout de même. Elle se leva, vacillante, et approcha de la table où elle prit place, essayant d’oublier les autres odeurs. Elle attrapa la cuillère et la porta à ses lèvres mais, la force lui manquant, elle la fit tomber. Elle s’y reprit à deux fois en vain et Ryo finit par la lui prendre des mains.  

 

- Je vais te donner. Tu es trop faible., dit-il avec douceur.  

 

Elle acquiesça, les yeux brillant de larmes. Il porta la cuillère à ses lèvres et elle avala le liquide chaud. Son estomac se tordit quelques fois puis finit par se calmer et elle lui demanda une nouvelle cuillère. Patiemment, elle réussit à avaler cinq cuillères avant de déclarer forfait. Ce n’était pas grand-chose mais si elle réussissait à les garder, ce serait déjà un bon signe.  

 

Epuisée, elle alla s’asseoir dans le divan, tirant la couverture sur ses jambes. Elle regarda Ryo manger, voyant bien qu’il n’y prenait aucun plaisir, puis se laissa aller à somnoler. Elle entendit une nouvelle fois ce bruit étrange et tressaillit. Son mari se tourna vers elle et leva un sourcil.  

 

- C’est ce bruit… je ne le supporte plus., dit-elle, lasse.  

- Quel bruit ?, demanda-t-il.  

- Je ne sais pas. On dirait un animal mais je n’en suis pas sûre. C’est tellement faible., répondit-elle, jetant un regard angoissé vers la porte.  

- Ca te fait peur ?  

- Peur ? Non, pas vraiment. Je ne sais pas comment définir ce que je ressens. De l’angoisse peut-être. Ca me perturbe., avoua-t-elle.  

- Je n’ai pas entendu, sinon je voudrais bien t’aider. J’ai entendu des grincements mais ça ne ressemble pas à cela a priori., conclut le nettoyeur.  

 

Elle secoua la tête négativement, se mordant la lèvre nerveusement.  

 

- J’ai l’impression de devenir folle, Ryo. Je sais au fond de moi-même que je connais ce son mais c’est comme si mon esprit ne voulait pas me le dire., lui expliqua-t-elle, se triturant les doigts.  

 

Ryo se leva et vint s’asseoir à ses côtés, posant une main sur les siennes pour la calmer. De l’autre, il caressa sa joue et réussit à capter son attention.  

 

- Tu est stressée, Kaori, et épuisée. Tu n’es pas folle. Le corps a parfois besoin de mettre en place des mécanismes de protection. C’est peut-être juste cela., tenta-t-il de la rassurer.  

- Tu crois ?  

 

Il hocha doucement la tête. Elle l’observa encore un moment avant de finir par se dire qu’il avait certainement raison et se rallongea avant de s’endormir un peu. Elle fut de nouveau réveillée par une crise de vomissements, se recouchant dans les bras de son partenaire après le même rituel. Ce ne fut d’ailleurs pas la seule de la fin de journée… Plusieurs fois encore dans l’après-midi puis la soirée, elle eut l’impression d’entendre le même bruit mais le repoussa au fond de son esprit. Elle devait divaguer. Alors que la nuit tombait, ils entendirent de nouveau le bateau à moteur repartir et se regardèrent circonspects. Encore une libération peut-être. Le mouvement semblait s’accélérer. Pourquoi ? Craignaient-ils d’être pris ? Avaient-ils atteint leurs objectifs ? Ils finirent par s’endormir d’un sommeil lourd.  

 

Le lendemain matin, ils se réveillèrent presque en même temps, une nouvelle fois au son du canot à moteur. Ryo se leva pour aller observer le départ puis revint vers elle et prit ses pieds, les examinant.  

 

- Qu’est-ce que tu fais ? Tu deviens fétichiste ?, plaisanta-t-elle faiblement.  

- Non, je vérifiais que c’était propre., dit-il en déposant un baiser sur sa voûte plantaire.  

 

Le geste la chatouillant, elle tenta de retirer son pied en riant. Cela faisait maintenant plusieurs jours que ce n’était pas arrivé et ça leur fit du bien à tous les deux jusqu’à ce qu’elle posa une main sur sa bouche, blême. Elle bondit du lit mais n’eut pas le temps d’atteindre les toilettes. Elle trouva sur son chemin une poubelle qui accueillit le contenu de son estomac dans une odeur piquante et désagréable. Elle termina à genoux par terre et trouva malgré tout un verre d’eau devant elle quand la crise passa enfin puis vint la serviette et les bras de son amant. Ils finirent par se coucher dans le lit et elle s’endormit à nouveau.  

 

Ryo regarda par le hublot et vit contrarié le ciel se couvrir de vilains nuages noirs. Une tempête se préparait, ce qui signifiait qu’elle allait souffrir dans les heures à venir. Bientôt, il sentit la houle s’accentuer. Ils avaient beau être dans un cargo, ils ressentaient tout de même les mouvements assez fortement. Les vagues grossissant, le bruit qu’elles faisaient en claquant sur la coque du bateau était assourdissant. Ce fut l’un d’eux qui réveilla la nettoyeuse en sursaut, frappant de plein fouet les hublots.  

 

- Il y a des risques qu’ils explosent ?, demanda-t-elle faiblement.  

- Normalement non. C’est prévu pour résister., répondit Ryo, d’un ton rassurant.  

 

Elle acquiesça et se nicha contre lui quelques minutes avant de courir vers les toilettes. La pluie commença peu après, frappant agressivement les ouvertures, brouillant la vue. La cabine s’assombrit et l’ambiance devint pesante. Revint alors ce bruit qu’elle tenta une nouvelle fois de chasser au fond de son esprit. Comme si tout cela ne suffisait pas, un éclair illumina brièvement la pièce et Ryo vit le teint livide de sa compagne ainsi que son visage défait. Il l’entendit gémir lorsque le tonnerre se mit à gronder et, au second éclair, il ne put que constater les larmes qui roulaient librement sur ses joues coulant de ses yeux terrifiés. Il se leva et la prit dans ses bras. Kaori avait peur de l’orage. Elle en avait déjà peur à l’abri chez eux sur la terre ferme. Il ne pouvait qu’imaginer son calvaire alors qu’elle devait affronter tous les éléments qui l’entouraient déchaînés. Le bateau tanguait fortement entre chaque vague, les ballottant comme de simples fétus de paille dans le vent.  

 

Il ne fallut pas longtemps à la troisième personne de la pièce, l’estomac de Kaori, pour se manifester et elle termina l’après-midi penchée au-dessus de la cuvette des toilettes, se vidant quasiment sans relâche. Soucieux, Ryo se demandait quand cela allait virer au drame, non pas Kaori lui faisant une crise, mais quand la bile qu’elle recrachait virerait au rouge, signe qu’elle s’était blessée quelque part à force de rendre. Il appréhendait ce moment. Leurs ravisseurs la soigneraient-ils ou la laisseraient-ils mourir ? Il passa une main dans ses cheveux, détestant à nouveau ce sentiment d’impuissance. Comment avait-il pu laisser les choses en arriver là ?  

 

Se sentant sur le point de hurler, il préféra sortir un moment de la pièce pour reprendre le dessus. Il s’appuya à l’un des hublots et regarda l’orage s’éloigner. D’ici une demie heure, ce ne serait qu’un mauvais souvenir, pensa-t-il. D’ici combien de temps leur emprisonnement ne serait-il qu’un mauvais souvenir lui aussi ? Il jeta un œil vers Kaori qui avait la tête posée sur la porcelaine, de la même couleur que son visage. Vite, il espérait. Elle ne tiendrait pas à ce rythme. Elle avait besoin de soins, de manger, de se réhydrater, de dormir… La voyant de nouveau se pencher au-dessus de la cuvette, il retourna auprès d’elle, passant une main dans son dos pour la réconforter. D’habitude, c’était elle qui prenait soin de lui. Quand ça aurait dû être son tour, il s’était bien souvent défilé et avait laissé ce rôle à d’autres mais, aujourd’hui, il n’y avait personne d’autre et il ne pouvait pas la laisser seule.  

 

Quand la tempête se calma enfin quelques heures plus tard, la nuit était tombée. Le repas avait été distribué et repris et aucun bruit ne troublait le silence hormis, encore et toujours, le bruit des vagues sur la coque.  

 

- J’ai mal partout., souffla Kaori, épuisée.  

- C’est normal. Tu es restée longtemps à genoux au même endroit et tu as dû te crisper pendant ta crise. Prends un bain. Ca te délassera un peu.  

- Oui.  

 

Sans grand entrain, elle fit couler l’eau. Souhaitant lui mettre un peu de baume au coeur, Ryo ajouta un peu de savon pour la faire mousser et resta près d’elle.  

 

- Tu as vécu des tempêtes comme cela aussi en venant d’Amérique Centrale ?, lui demanda-t-elle soudain, posant un regard épuisé sur lui.  

- Une. On avait eu le temps de se préparer.  

- Tu penses que c’est pour cela qu’ils ont débarqué des otages hier ?  

- Oui. Ca a peut-être bousculé leur programme., répondit-il.  

- Tu crois…  

- Chut…, l’interrompit-il, un doigt sur les lèvres.  

- Je crois que tu as besoin de te détendre un peu. Essaie d’oublier tout cela pour le moment.  

 

Elle lui lança un regard qui lui disait plus facile à dire qu’à faire mais n’insista pas. Ils restèrent silencieux un long moment, profitant juste d’un moment de calme. Soudain, ce bruit revint une nouvelle fois et elle jeta un regard vers la porte puis vers Ryo qui regardait dans la même direction.  

 

- Tu l’as entendu, n’est-ce pas ?, souffla-t-elle.  

- Oui., répondit-il.  

- Tu as une idée de ce que c’est ?  

- On dirait un mouton ou quelque chose dans le genre., dit-il.  

- Ils transportent peut-être du bétail dans le fond du cargo. Ca leur fait une explication en cas de contrôle thermographique., expliqua-t-il, dubitatif.  

- Ou alors c’est leur garde-manger., proposa Kaori.  

- T’es futée quand tu veux., plaisanta-t-il pour alléger la tension.  

 

Elle l’éclaboussa d’eau, vexée, et ils rirent un peu à deux. Peu après, elle sortit de l’eau et ils allèrent se coucher.  

 

En pleine nuit, Kaori se réveilla à nouveau prise de nausées. Elle se précipita aux toilettes et recommença à vomir. Elle avait envie de hurler car à chaque passage elle avait l’impression qu’on lui transperçait la trachée de coups de couteau. Les larmes venaient d’elles-mêmes intarissables. Quand elle se releva, Ryo était à ses côtés une nouvelle fois mais elle passa près de lui comme si elle ne le voyait pas. Elle approcha de la porte de leur chambre et posa la tête et les mains dessus. Il ne l’avait jamais vue aussi en détresse et ne savait quoi faire pour l’apaiser.  

 

- Je veux sortir., murmura-t-elle.  

- Je veux sortir. Laissez-nous partir., dit-elle un peu plus fort.  

- Vous m’avez entendue ? Laissez-nous sortir !, appela-t-elle, tapant du poing sur la porte.  

- Je veux sortir. Laissez-nous nous en aller ! Je veux sortir ! Pourquoi vous nous faites cela ! Laissez-nous partir ! J’en ai assez !, hurla-t-elle, tambourinant sur la porte furieusement.  

- Laissez-nous sortir ! Je veux partir. Je veux rentrer chez moi. Laissez-nous partir., redit-elle, sa voix perdant en force et se transformant en sanglots.  

- Kaori…, murmura Ryo, impuissant.  

 

Sans le vouloir, elle le renvoyait à ses faiblesses, sa frustration, son impuissance. Il avait voulu être là pour elle mais, à ce moment précis, c’était comme si elle pointait son échec du doigt et il ne se sentait pas le droit de l’approcher ni de la toucher. Il avait failli, il l’avait trahie et ça le tétanisait.  

 

Prise dans sa propre tourmente, Kaori ne s’en aperçut pas. Elle resta un long moment appuyée tête et mains sur la porte à pleurer et, quand les larmes cessèrent, elle ne put pas bouger. Elle savait que la porte ne s’ouvrirait pas, que ses appels n’aboutiraient pas mais elle ne pouvait pas bouger. Elle n’en avait plus la force, ni l’envie. Elle ne voyait plus d’espoir dans leur situation. Elle était tout simplement à bout. Elle se sentait anesthésiée. Elle ne ressentait plus rien, ni colère, ni haine, ni désespoir, elle était juste vidée. Il n’y avait plus de sens à rien, ni à lutter, ni à crier, ni à espérer. Elle ne voulait surtout pas se retourner et affronter le regard dur et déçu de Ryo quand il verrait qu’elle avait abandonné parce que, très clairement dans sa tête, elle était au bord du gouffre et se sentait prête à faire le dernier pas.  

 

Elle entendit soudain au travers de la porte un son étouffé suivi du bruit. Son coeur se figea et ce fut comme si un voile se déchirait dans son esprit. Effarée, les yeux écarquillés, les mains tremblantes, elle se retourna, s’adossant à la porte, et regarda son partenaire, incapable d’émettre le moindre son.  

 

Ryo la regarda et sentit son coeur accélérer. Il se précipita vers elle et la saisit par les épaules.  

 

- Kaori ? Kaori, que se passe-t-il ? Kaori ?, Kaori, parle bon sang !, cria-t-il.  

 

Elle leva les yeux vers lui et ce qu’il y vit le glaça. 

 


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