Hojo Fan City

 

 

 

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Rated R - Prosa

 

Autore: cityxyz

Status: Completa

Serie: City Hunter

 

Total: 38 capitoli

Pubblicato: 08-06-11

Ultimo aggiornamento: 02-09-17

 

Commenti: 79 reviews

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RomanceAction

 

Riassunto: /!\ AU 29/02/2020 chapitre 1, 2, 3, 4, 5 et 6 réécrit /!\ La vie apporte parfois des événements qui poussent les individus à agir en conséquence... C'est la mystérieuse et douloureuse expérience à laquelle va faire face le nettoyeur ainsi que ses fidèles camarades d'armes... Entre amour et raison, ils vont devoirs arriver à dompter leurs sentiments...

 

Disclaimer: Les personnages de "XYZ : De vous à moi..." sont la propriété exclusive de Tsukasa Hojo.

 

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   Fanfiction :: Amour Ultime

 

Capitolo 32 :: Chapitre 32

Pubblicato: 13-01-16 - Ultimo aggiornamento: 13-01-16

Commenti: Je m’en veux tellement d’avoir commencé cette fiction alors que je n’étais que débutante ! Je n’avais pas l’expérience pour, et j’espère que les chapitres qui suivent depuis quelques temps et qui vont être publiés désormais ne vous paraîtrons pas incohérent. Je rattrape mes erreurs de jeunesse comme je peux, ah ah ! Je m’en veux aussi de m’être tellement de temps entre chaque chapitre… Le temps et l’inspiration ne sont pas toujours nos alliés ! Cessons les pleurnicheries et passons au chapitre qui va suivre … Je vais faire appel à votre mémoire des premiers chapitres, et vu que ça fait 4 ans que je suis dessus, j’espère que vous ne serez pas perdus… Réponses aux commentaires : Dalala : Tu as bien raison quand tu dis que Ryô va avoir chaud aux fesses mdr ! Je te laisse lire ce chapitre pour le découvrir ! Je suis contente que l’infiltration des trois gugusses t’ait plu ! Je suis toujours anxieuse dans les scènes d’action car je ne maitrise pas du tout lol Je suis surtout contente de savoir que je suis resté sur la ligne des caractères des personnages d’origine ! Je te remercie de suivre toujours après autant de temps, j’essaye de m’améliorer quant au temps qui nous sépare à chaque fois… Merci à toi de me suivre surtout ! Sofia : J’hallucine toujours quand je me dis que j’ai commencé cette fiction à 21 ans et que je viens d’en avoir 26 ! Je me gronde moi-même pour tout ce temps écoulé ! Rassure-toi, tu n’as m’a aucunement froissé ! Tous les conseils et les demandes sont pris avec sérénité et sagesse pour m’améliorer… Je suis heureuse de savoir qu’après tout ce temps, la fiction opère toujours sur toi ! Je suis ravie d’entendre que je maîtrise le sujet et dieu seul sait pourtant que je me bats avec moi-même lol ! J’espère que ce nouveau chapitre se démarquera des autres encore une fois ! Bonne lecture, et merci encore ! Bibouche : Je suis tellement désolée de mettre autant de temps ! Comme je le disais précédemment, je me flagelle moi-même car je n’aime pas ça ! Mais j’ai tellement fait d’erreur au commencement que je veux bien la finir cette fiction ! C’est toujours un bonheur de constater qu’avec les années, je suis toujours suivie avec « Amour Ultime », le monde de City Hunter est éternel ! J’évolue, Ô oui, j’évolue lol ! Je te souhaite une bonne nouvelle lecture et te remercie de me suivre…

 


Capitolo: 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24 25 26 27 28 29 30 31 32 33 34 35 36 37 38


 

Chapitre 32 : « Là où le sang a coulé, l’arbre de l’oubli ne peut grandir ». Proverbe Brésilien  

 

 

 

Saeko avait la ville de Tokyo à ses pieds. Elle se tenait debout devant la fenêtre de son bureau. Lieutenant de police depuis bientôt dix ans, c’était l’argent, le pouvoir et la corruption qui faisait d’elle une gardienne de la paix. Enfant, elle rêvait de devenir une fée. Petite fille, lorsqu’elle voyait arriver son père, son visage était si dur. Son regard ressassait les horreurs de la journée. Ce qu’elle désirait, c’était soulager l’esprit de son père. Elle s’approchait de lui, et posait sa tête sur ses mains pour chasser les démons, comme une fée.  

 

Saeko essuya une larme qui roulait sur sa joue et reprit ses esprits. Le monde parfait n’existait pas, mais son cœur avait la conviction de pouvoir apaiser les âmes. Brusquement, on frappa à sa porte et entra sans autorisation. Le lieutenant se retourna hagard et son corps se pétrifia de surprise. Un médecin légiste avait fait irruption dans son bureau, où le visage de ce dernier portait effroi. Ce n’était pas les traits que dessinaient cet arrêtiste qui la bloquait, non, c’était sa ressemblance frappante avec Hide. Saeko n’avait jamais remarqué à quel point il lui ressemblait, mais par ailleurs, qui était-il ?  

 

- Je ne vous ai jamais vu ici ? Dit-elle sur la défensive, l’air sévère  

- Je suis de l’équipe de nuit lieutenant… Répondit-il innocent  

 

Saeko se reprit. Quelle idée de soupçonner cet homme. Il paraissait fatigué, épuisé et surtout écœuré.  

 

- Veuillez m’excuser, que se passe-t-il… ?  

 

Le légiste, les mains tremblantes, posa un dossier contenant différent document. C’était lui-même qui était chargé d’autopsier les femmes retrouvées mortes en pleine campagne japonaise. Il demanda à Saeko de s’attarder sur trois clichés pris par scanner. Sous l’effet des rayons x, il avait aperçu des lignes se former sur le corps des défuntes. En les assemblant, il avait découvert que ces droites, constituaient une sorte de plan. Saeko analysait son bilan et il semblait fondé. Le lieutenant se devait d’agir, rapidement. Remerciant le médecin légiste, elle se dirigeait vers le service des officiers informatiques pour qu’ils puissent analyser le lieu qu’indiquait ce plan fictif. Le médecin légiste resté seul dans la pièce, en profita pour prendre son portable et composer un numéro, le destinataire décrocha, attentif.  

 

- Le papillon est pris dans la toile d’araignée !  

 

Le bip signalait qu’il avait déjà coupé court à la conversation. Le médecin légiste, qui était un leurre, défaisait sa blouse qu’il laissa dans le bureau du lieutenant et quitta la pièce, munit d’un sourire que même le diable ne serait qualifier.  

 

….  

 

Il était cinq heures du matin. Ryô ne dormait pas. Dans la chambre d’à côté, respirait tranquillement Hélène. Depuis que Kenji était revenu en ville, la situation le perturbait. Il était mal à l’aise, car l’oxygène de son ami vivait sous son toit. Impossible de réunir la bande chez City Hunter. Et pourtant, les conditions étaient permises. Les pièces du puzzle, longtemps cherchées, se rassemblaient doucement. Des mystères restaient encore en suspens, et les élucider prendrait encore du temps, mais il s’agissait d’une étincelle pour faire sauter la poudre désormais. Ce que le nettoyeur ne parvenait toutefois pas à clarifier, c’était la place d’Hélène. Car il en était persuadé, elle tenait un rôle dans cette interminable pièce de théâtre. Lequel ? Un point d’interrogation immense comme le monde se déposait dans sa tête.  

 

- Ryô…  

 

La voix endormie de Kaori l’interpellait. Elle se camouflait dans ses bras puissant, appuyant sa tête contre son torse dénudé. Il lui souriait, désolé de l’avoir réveillé. Plongeant son regard dans le sien, il venait caresser son menton. La femme qu’il tenait dans ses bras le rendait chanceux. Tellement de noirceur dans sa vie et pourtant, tant de lumière dans la femme qui se tenait fidèlement à ses côtés. Épris encore davantage chaque seconde qui s’écoulait généreusement, Ryô venait suavement goûter les lèvres de Kaori. Elle chantonnait un rire joyeux, car les caresses que dessinait son partenaire sur son corps, révélait ses pensées sucrées. S’embrassant à perdre haleine, leur passion fut couper par la sonnerie d’un téléphone portable. L’envie de décrocher ne le frôlait pas, mais il était obligé, car c’était Saeko qui se trouvait au bout du fil.  

 

- Ryô, il faut qu’on se voit !  

- À l’endroit habituel !  

- Je suis là dans quinze minutes !  

- Très bien !  

 

Kaori regardait Ryô avec quiétude. Saeko semblait avoir un ton tourmenté. City Hunter se rendait au repère où tous les attendaient déjà. À peine arrivé que le lieutenant de police faisait part de son information. Les yeux s’écarquillaient et le dégoût prit place dans leur cœur. Ces femmes n’avaient pas déjà été assez humiliées, torturées, qu’elles subissaient la perversité des démons.  

 

- Nous sommes parvenus à un lieu avec mes hommes, mais… Je n’ai pas donné la bonne information à mon équipe…  

 

Le silence se modulait. Saeko avait une éthique, et un professionnalisme solide. La confession qu’elle venait d’émettre les étonnaient. La femme fatale avait des éclairs dans les yeux. Il semblerait qu’elle se laissait aller à la vengeance. Ryô savait que son amie ne supportait pas ce sentiment. Si elle continuait dans la voie de la police, c’était parce qu’elle croyait en la justice, aussi imparfaite soit-elle. Seulement, fréquenter des hommes comme Ryô, Falcon ou même Kenji, ne signifiait pas monter dans la balance du dieu Thémis.  

 

- Tu joues un jeu dangereux… Répliquait Ryô  

- Ça ne sera pas la première fois… Sourit-elle  

 

L’alchimie. Une mesure incommensurable. Kaori s’interrogeait couramment sur la relation entre Saeko et Ryô. Complice, condescendante ou encore platonique ? Une attirance électrique certaine se modulait dans leurs yeux, probablement tenue par le souvenir d’Hide.  

 

L’équipe se préparait pour intervenir dans la nuit. Toute une journée pour convenir d’une stratégie. Cependant, un membre de l’équipe n’était pas concentré : Kenji. Il pensait à une nouvelle mascarade. Jusqu’à présent, leur ennemi faisait disparaître chacune des preuves qui les conduiraient à eux, alors pour quelle raison, cette fois-ci, ils leur faisaient signe.  

 

Alors qu’il était dans ses pensées, Kenji se mit à crier de surprise et se leva de gêne. Tous le regardaient surpris lorsqu’ils apercevaient le farceur derrière lui. Ryô était venu chatouiller ses reins. Le nettoyeur devait trouver son ami bien trop sérieux.  

 

- Je peux savoir ce qui te rend si sérieux ?! Se moquait Ryô  

- Ça ne sert à rien de se préparer pour ce soir ! Ils nous tendent un piège !  

- Et tu crois qu’on ne l’avait pas deviné… ?  

- Je crois surtout que c’est une mauvaise idée de s’y rendre…  

- Tu te trompes mon ami… C’est la parfaite occasion…  

 

Ryô ignorait pourquoi, mais visiblement Kenji était préoccupé par tout autre chose. Son manque de concentration émettait du brouillard à son jugement. Le groupe de nettoyeur savait pertinemment qu’ils n’allaient déjouer aucun trafic ce soir, et qu’aucune preuve ne serait émise contre eux. Ce qu’ils voulaient certainement à l’heure actuelle, c’était négocier. Maintenant que Kenji connaissait au moins plusieurs de leurs fausses identités, que leur plus grande négociatrice à savoir Erika était morte et qu’ils avaient réussi à faire parler un témoin, le camp adverse allait commencer à défaire quelque peu le masque. Enfin ils allaient savoir si le clan de Serge Dieter était acteur ou remplaçant, enfin des visages allaient tomber, enfin, ils avaient déstabilisé l’ennemi. Toutefois, malgré les arguments de Ryô, Kenji restait septique.  

 

- Vous les sous-estimez… Répliqua Sylvana  

- Elle a raison… Ces gens ne négocient pas, ils éliminent ! Argumenta Kenji  

- Tu sais aussi bien que moi que ce n’est pas son « père » qui contrôle la partie !  

- Justement ! Et cette personne à des moyens illimités et il sait très bien que rien ne peut remonter à lui !  

- Il a forcément une faille Kenji et ce n’est pas en restant dans la tranchée que nous allons le trouver !  

- …  

- À moins que tu es ta petite idée personnelle… Le provoqua Ryô  

 

Les deux hommes, les deux amis se dévisageaient. Un secret les rongeaient tous deux et vraisemblablement, sans l’avouer, un point était en commun. L’un paraissait suspicieux, l’autre débattait encore avec lui-même. La tension qui s’émanait d’eux fatiguait Falcon, qui décida de mettre fin à cette affrontement grotesque, et de prendre les rênes de l’opération lui-même. L’enfantillage des deux nettoyeurs serait fatal.  

 

Le plan du mercenaire était convenu ainsi. Falcon et Mike, resteraient à l’extérieur avec pour rôle l’observation. Les tireurs d’élites auront pour but de mettre en place une conduite en cas de changement de cap de l’ennemi. C’était sans compter sur leur talent de fin tireur, prêt à agir en cas de visite surprise. Ryô, Kenji, Marie et Déborah étaient les seuls à avoir pour missions de pénétrer la zone.  

 

- Et moi ? Râlait Amélie  

- Et nous ? Ajouta Miki  

- Vous restez là ! Ordonna Falcon  

- C’est une plaisanterie ?! On sera plus fort ensemble ! Raisonna Miki  

 

La barmaid n’obtiendrait jamais gain de cause. Au-delà du territoire, ils ne connaissaient rien de la tactique de leur ennemi et Falcon ne voulait prendre le risque d'emmener trop d’individu au massacre. Elles allaient devoir rester là, à attendre, avec l’anxiété pour compagnie. Inutile de préciser la colère qui se trouvait en chacune d’elles.  

 

Lorsque venu onze heures du soir, les six nettoyeurs partaient au lieu indiqué. Saeko était repartie à son bureau pour veiller à ce que son équipe ne s’aperçoit de la supercherie. Si son père apprenait son mensonge, elle payerait le prix fort.  

 

Les jeunes femmes se rongeaient déjà les sangs. Miki faisait les cents pas. Kazue essayait de se concentrer sur le ciel étoilé. Kaori regardait le sol avec quiétude. Sylvana observait une photo de sa fille. Elle l’avait confié à une amie de Déborah qui veillait également sur son fils. Quant à Amélie, sa tension montait horriblement fort, et une crise de bipolarité se préparait.  

 

- Les filles, qu’est-ce qu’on fait ?! Questionna la blonde  

- Je crois qu’il faut les rejoindre, j’ai un mauvais pressentiment ! S’emballa Miki  

- Ils vont être furieux… Affirma Kazue  

- Je pense tout de même que votre amie a raison… On ne peut rester sans rien faire… ! Intervenu Sylvana  

- Kaori, qu’en penses-tu ?! S’adressa Miki  

 

Kaori ne répondit pas tout de suite. Elle continuait de fixer le sol. Ses pensées devaient se bousculer dans sa tête. Depuis leur partenariat, City Hunter n’avait jamais été séparé. Savoir Ryô sans elle la terrifiait. La réalité était à ses pieds. Être devenu des amants émettait un mauvais mélange entre amour et raison. Évidemment qu’elle mourait d’envie de rejoindre Ryô et de l’aider, cependant,  

 

- C’est une mauvaise idée…  

- Quoi… ? Fut surprise Miki  

 

Kaori expliqua ses raisons. Leurs hommes ne savaient vraisemblablement pas à quoi s’attendre en arrivant là-bas. Pour la première fois, ils ne sauraient les guider. Ils étaient désarmés et la pire chose qu’elles pouvaient faire c’était venir les envahir de peur. À leur côté, ils n’auraient aucun moyen de se concentrer et seraient obnubilés par leur sécurité et aucunement la leur.  

 

- On doit rester là, et attendre…  

 

Une larme froide s’échappa de l’œil gauche de Kaori, une larme tombant directement de son cœur.  

 

…….  

 

C’était une zone abandonnée par les Hommes. La zone industrielle était aux enchères. Saisie par la police il y a quelques mois pour « industries fabriquant de la contrefaçon », la liquidation avait amené à la vente ce terrain. L’ennemi c’était hâté d’acheter et d’en faire un quartier général. Un panneau informait qu’ici serait bâti pour l’année prochaine, une résidence. Visiblement, une « importante » livraison se préparait ce soir, et faire disparaître les preuves sous cette couverture était parfaite.  

 

Les nettoyeurs ignoraient toujours qui était la tête pensante, mais il fallait l’avouer, il ne manquait ni de flaire ni de génie.  

 

Falcon et Mike se plaçaient en position de sniper comme prévu. Ryô était subitement impressionné. Il avait toujours travaillé avec Kenji, mais peu de fois avec Marie et Déborah. La façon de positionner leur corps, leurs yeux, leurs gestes, elles étaient déjà en train de prendre possession des lieux pour mieux le dompter. Son ami ne c’était pas trompé en les choisissant. À moins que leur rencontre était réellement dû au hasard ? Ryô sourit, connaissant Kenji ; impossible.  

 

Les quatre nettoyeurs étaient surpris. La manigance qui se jouait ici était étrange. Aucun homme de main à l’extérieur, tout se passait à l’intérieur. S’infiltrant dans le bâtiment principal, comme indiqué sur le plan, ils se retrouvaient dans une pièce divisée en deux, séparée par une vitre par balle. S’avançant au bout de la pièce, Ryô tombait nez à nez avec une porte qui ne pouvait s’ouvrir : un mécanisme informatique seul pouvait accomplir son ouverture. Sans compter que la porte située derrière eux, venait également de se sceller.  

 

- Choisit ton cavalier Déborah, on va danser ! Répliqua Marie  

 

Marie chargeait son arme et se préparait à abattre le premier cavalier trop présomptueux. Toutefois, le bal ne commençait pas encore. Les quatre nettoyeurs avaient attendu pas moins de trente minutes dans le silence, enfermés dans ce box avant qu’un cinquième invité ne les rejoigne. L’ennemi voulait probablement les ramollir psychologiquement. Pour l’un d’entre eux, sa raison allait sûrement le quitter.  

 

……  

 

Falcon commençait à avoir les membres qui s’engourdissaient. Ce genre de positionnement n’était plus de son âge. Ce qu’il voulait ? Être sur le terrain. Mais les loups étaient calmes ce soir, bien trop calmes.  

 

- Il ne se passera rien…  

 

Une voix féminine se faisait entendre derrière eux. Amélie. Mike et Falcon se relevaient et s’avançaient vers elle. La blonde expliquait avoir fait des recherches plus fondés quant à ce plan. Elle avait découvert que dans cette zone industrielle, ne se trouvait pas qu’une entreprise. Au milieu des industries, le promoteur avait laissé un local de libre pour un futur acquéreur. Il était ami d’enfance du promoteur et avait fait une promesse de vente exclusive. Les deux nettoyeurs pâlir à l’entente de ce qui se trouvait ici auparavant.  

 

- Un labyrinthe de verre…  

 

Les enfants des ouvriers et employés venaient en ce lieu pour se divertir exclusivement. Amélie avait conclu que leur ennemi avait pour unique but de mettre fin à Ryô Saeba et Kenji Homura. Aucune livraison ni aucun trafic n’aurait lieu ce soir.  

 

- Nous devenons gênant… Très gênant…  

- …  

- Je suis certaine que nous avons un élément sous les yeux auxquelles nous n’avons pas fait attention et que notre ennemi ne veut absolument pas qu’on prête attention…  

- Quel élément ? Questionna Mike  

- Je ne sais pas ! Mais c’est sûrement quelque chose qui ouvrirait une faille dans laquelle on pourrait s’engouffrer…  

 

Falcon et Mike regardaient Amélie de façon interrogative. Derrière sa chevelure blonde et capricieuse, se trouvait une jeune femme de réflexion et une espionne professionnelle. La concernée émettait un sourire narquois, toujours amusée de ces visages étonnés concernant son intelligence.  

 

- Pourquoi les gens pensent toujours que Kenji m’a choisi uniquement parce que je suis une affaire au lit ! Sourit-elle  

 

Mike se mit à rire et Falcon rougit de honte. Toutefois, l’heure de prendre une décision et de passer à un nouveau plan était à l’ordre. Amélie avait déjà pensé à tout. Une issue de secours souterraine existait dans ce bâtiment. Le risque de tomber sur des gardiens ne serait pas à exclure, mais à trois, ils y parviendraient et puis,  

 

- Nous n’avons pas d’autre solution… Soufflait Amélie  

 

Dès à présent, le temps était compté, car l’entrée de l’issue de secours se trouvait à deux kilomètres et ils se devaient par sécurité de la parcourir à pied. Ils partaient tous trois, sans certitude de leur stratagème, mais plus aucune seconde ne leur étaient accordés pour penser à un autre projet.  

 

Arrivant au point de rendez-vous, les trois nettoyeurs faisaient une découverte surprenante. Des hommes gardaient bel et bien l’entrée, cependant,  

 

- Ils ont tous étaient éliminés ?! Fut surpris Mike  

 

Une personne était passée avant eux à en croire les dégâts qu’elle avait causés. Ramassant les douilles, Falcon sentait à l’odeur de la poudre quel genre d’arme avait été utilisé pour ce massacre. Reconnaissant en un instant son identité, l’ancien mercenaire devinait peut-être qui était le tireur derrière le canon.  

 

………  

 

La porte située dans la pièce d’à côté s’ouvrait. Ryô avait une drôle de sensation, comme si cet aura ne lui était pas inconnue. Des talons faisaient écho, une femme s’approchait ? La silhouette qui pénétrait dans la cellule voisine, faisait soudainement pâlir Marie et refroidissait l’âme entière de Kenji qui en fit tomber l’arme qu’il tenait dans ses mains.  

 

Hélène rejoignait la piste de danse.  

 

S’avançant au centre de la pièce, elle prenait son portable et lisait un message, à première vue.  

 

Kenji s’avanca comme une marionnette vers son marionnettiste. Le plexiglas l’arrêtait vers son oasis. Sa main caressait le plastique. Il dessinait la silhouette de son amante qui avait changé en une année. Son corps s’était musclé, sa poitrine affermie, son visage devenu raffiné, avec des lèvres roses qu’il mourrait d’envie de posséder, déjà. Ses cheveux avaient poussé, caressant son dos droit. Hélène était d’une beauté somptueuse. Ses goûts vestimentaires avaient évolué. Jeans, débardeur, veste en polyester et ce maquillage discret.  

 

Une divinité.  

 

Cependant, le songe s’effaca rapidement. Que faisait Hélène ici ? Était-ce une manipulation faite par leur ennemi ? Comment aurait-il pu découvrir ce lien ? Pourquoi paraissait-elle si calme ? Elle ne semblait pas effrayée d’être en ce lieu, elle présentait une certitude de se trouver là.  

 

Ayant terminé de lire son message, elle rangeait son téléphone dans sa poche de jeans et observait la pièce. Sa passivité déboussolait Kenji. Son aise à analyser l’atmosphère dans lequel elle se trouvait le trompait. Des réflexes professionnels se remarquaient. Au bout de quelques secondes, son regard croisa le sien. Visiblement, de son côté de la paroi, elle ne pouvait voir que quelqu’un s’y trouvait.  

 

Le cœur de Kenji accélérait, car Hélène avait décidé de s’approcher de ce plexiglas curieux. Comme le hasard s’amusait à vous confondre avec le destin, la jeune fille se dirigeait sans le savoir, magnétiquement là où se positionnait Kenji. Stoppant ses pas, elle posa sa main invisiblement où se situait l’organe battant à la chamade du nettoyeur. L’homme posa son front sur la baie et ferma les yeux à la vue du pendentif qu’elle portait.  

 

Ce dé pendu à son cou donnait envie d’être arraché et de mordre sa peau pour imprimer une autre marque d’affection. Son parfum, il avait envie de humer son odeur. Il mourrait d’envie d’embrasser son thorax, son ventre et de la serrer contre lui, fort, quitte à l’étouffer de désir. Son rêve de la posséder de nouveau était proche et si loin à la fois. C’était étrange d’affronter ce sentiment de manque. Il était comme un drogué attendant la livraison de sa came. Une carence unique qu’il n’aurait espérer ressentir un jour. Inutile de chercher à savoir pourquoi Hélène l’avait fait succomber. Simplement la regarder suffisait à comprendre ; transporté dans un monde où seuls les êtres qui s’aiment peuvent s’embraser.  

 

- Qu’est-ce qu’elle fait là… ? Demanda Marie, un ton troublé  

- Elle vient servir de cobaye… ! Répondit Déborah  

 

Les deux femmes ne pouvaient quitter Kenji des yeux. Un sentiment envieux les envahissait. Elles n’avaient jamais vu leur ancien amant aussi sentimental. Hélène était devenue vitale pour lui, indispensable à son équilibre.  

 

Marie éprouvait un sentiment rare : l’attendrissement. Sa petite-sœur avait changé, mûri. Étonnant sachant la mauvaise influence de leur père. Qu’est-ce qui avait changé pendant une année ? Quel chemin avait-elle emprunté pour être comme méconnaissable.  

 

Ryô observait son ami. S’il découvrait la vérité, c’était un homme mort. L’heure n’était pas à la rédemption, mais aux interrogations. Que faisait sa protégée dans ce local ? L’homme avait une mauvaise intuition, un événement tragique se confectionnait et son sixième sens allait déposer le verdict maintenant !  

 

La porte d’entrée où se situait Hélène s’ouvrit violemment ! Un homme y surgit et accouru vers la jeune fille pour lui infliger un coup de poing. Kenji hurlait de frayeur le nom de son amante, lorsqu’il fut bousculé par l’action qui se déroulait sous ses yeux. Hélène évita le coup et la main de son adversaire ne frôla que ses cheveux. Le visage de la jeune fille se concentra et à l’aide de sa paume de main, elle frappa de toute ses forces dans la clavicule de l’homme, qui perdit l’équilibre et se tient l’épaule. La douleur lui fit perdre sa vigilance, ce qui lui valut un coup de pied retourné dans le visage et sa mâchoire craquela au contact du talon aiguille de la chaussure. L’individu se sentit excédé de se faire terrasser par une grossière adolescente et lâchement, prendre une arme pour l’éliminer fut sa pensée. Contrairement à sa confiance, Hélène ne laissa pas le temps à son concurrent de pointer son arme sur elle, qu’elle avait dégainée la sienne et tirée dans le chien de son arme pour la désamorcer. La porte située derrière elle s’ouvrit enfin, et elle prit la fuite.  

 

Kenji était pétrifié devant le scénario qui venait de s’enchaîner. Sa délicate et douce amante, venait de dessiner un visage de combattante. Elle savait se battre, elle savait esquiver, elle savait manier et utiliser une arme et son jeu de finesse lui rappelait familièrement quelqu’un.  

 

- À couvert !!  

 

Marie se jeta sur Kenji pour le coucher. La porte verrouillée jusqu’à présent s’ouvrit également, et une comète de balle les frôlait. Lorsque l’opportunité se présenta, à l’entente du premier arrêt de la fusillade, Ryô dégaina et tira dans le tas. Il atteignait un premier tireur et Déborah le second. Une ambiance véreuse s’engouffrait dans les raisons des quatre nettoyeurs.  

 

Hélène avait couru dans les différends couloirs du bâtiment, et se rendait vite compte qu’elle se trouvait dans une espèce de labyrinthe. Essoufflée, elle s’écroula au sol. Elle rangea son arme et se mit à fondre en larme. Son cœur battait à s’en décrocher. L’adrénaline ressentie était bien trop dominante pour son âme chaste. Ses mains tremblaient et ses jambes flageolaient. Mais ce n’était guère le temps de flancher, car un impact de balle venait siffler à son oreille. Se relevant avec difficulté, elle continuait sa fuite folle, en se demandant ce qu’il se passait. N’était-ce pourtant pas Serge qui lui avait donné rendez-vous en ce lieu, en lui promettant qu’elle rencontrerait Kenji ?  

 

Incertitude.  

 

De leur côté, Amélie, Mike et Falcon s’étaient séparés. Trois chemins distincts s’étaient présentés à eux. Se disperser était certainement ce que souhaitait l’ennemi, mais ils ne pouvaient faire autrement que de jouer un court instant selon leur règle. Un court instant car la jeune espionne avait repéré au plafond d’un passage, qu’une bouche d’aération était à sa portée. Fluette, elle s’était glissée sans difficulté. Parcourant son chemin, elle se donnait raison. Entendant des voix non loin de là où elle se situait, elle s’approchait de la grille pour écouter. Attardant ses yeux sur l’espace, sans surprise, elle reconnue un individu, Vlad, le père adoptif de Sylvana et Erika. De ce qu’elle pouvait voir, deux autres personnes se trouvaient avec lui, et Amélie pouvait clairement reconnaître deux voix féminines. Un ton paraissait suave et juvénile, tandis que l’autre sonnait comme usée.  

 

La jeune espionne se concentra sur les voix des deux femmes, et ferma les yeux pour se concentrer. Avec du temps et de l’attention, l’une des voix finie par sonner juste à son ouïe. Ouvrant les yeux de stupéfaction, son regard croisa celui de l’homme qui l’avait repéré. Amélie avait à peine le temps de prendre connaissance de la situation, qu’elle remarquait du coin de l’œil que les deux femmes dégainaient en la visant et un flot de balle venait s’enfoncer dans la tôle…  

 

Rien ne l’arrêtait. Kenji était dans une rage incontrôlable. Ses amis s’inquiétaient, ils n’aimaient ce regard qui ne l’avait habité depuis des années. Ils avaient également peur pour lui. Ses sentiments le guider vers la haine, et la moindre faille serait colmaté par l’ennemi. Ryô prit les devant. Il fallait penser. Les quatre nettoyeurs étaient faits comme des rats dans un trou de souris. City Hunter se doutait que ces hommes de main étaient pour les épuiser et que le bouquet final serait bien plus conséquent. L’homme qui dirigeait se manège devait s’en amuser.  

 

Subitement, Déborah s’arrêta instantanément. Marie la rejoignait, pensant qu’elle s’était blessée. Son amie se tenait le cœur et avouait ressentir une curieuse sensation, une pointe piquait son organe. Comme une illusion, la brune avait l’image d’Amélie. Elle chuchotait son prénom, et s’affolait. Bousculant Marie, Déborah se mise à courir et ne prêtait guère attention au chemin qu’elle parcourait.  

 

Amélie était comme mutiler sur tout le corps. Les impacts des balles sur la tôle l’avaient égratigné, mais elle avait réussi à s’échapper. Cependant, les deux femmes n’avaient pas laissé échapper leur témoin et l’une d’elle était à sa poursuite. La blonde comprenait qu’elle était une biche poursuivit par un chasseur qui savait exactement où la conduire.  

 

L’espionne arrivait dans un couloir où seulement un passage était disponible. Pénétrant dans le cul de sac, elle tombait sur une grande pièce. À l’autre bout se trouvait une porte. Amélie s’élançait à la poursuite de l’issue, mais elle fut percutée par une balle à la cheville. Elle s’effondra sur le sol, criant sa douleur.  

 

Une femme s’approchait d’elle. Étant donné les traits de son visage, elle l’a reconnaissait. La seconde femme aussi était présente, mais rester cachée dans l’ombre. Amélie entendait les claquements de ses talons s’approchaient de son visage, et empruntant la porte de sortie, elle ordonna :  

 

- Élimine-là…  

 

Amélie souriait à son bourreau. Elle ne comptait pas se faire abattre comme une vulgaire proie. Se servant du mur pour se relever, les deux femmes se souriaient mutuellement et se narguaient. Amélie dégainait son arme positionnée dans sa veste, mais son adversaire fut bien plus rapide et la femme la désarma. La nettoyeuse n’avait d’autre option que de s’enfuir et s’élancer de toutes ses forces pour la semer. Seulement, gâtée pour la première fois par la panique, elle tourna le dos à son adversaire,  

 

- Erreur fatale… Prononça le détracteur  

 

La femme tira dans le dos d’Amélie à deux reprises, prenant soin de viser correctement les longs dorsaux. La nettoyeuse s’effondra au sol.  

 

- Non !!!  

 

Hélène accourut vers Amélie en sanglot. Elle était arrivée dans ce coin du labyrinthe en se rappelant d’une formule : « toucher et ne jamais quitter le côté gauche ». Amélie s’effondra dans ses bras, et arracha son collier qu’elle avait reconnu. Kenji portait le même.  

 

Hélène était dans le viseur de la femme dont elle n’avait guère prêté attention, rejoignant immédiatement Amélie. Elle remontait le chien de son pistolet, lorsqu’un ordre fut donné dans son oreillette.  

 

- « Erika ! Pas tout de suite ! »  

- Comme vous voudrez Monsieur…  

 

Erika passait devant les deux femmes qui étaient dans un piteux état, et élança un rire tel un démon en les abandonnant.  

 

Hélène allongea Amélie, et vérifiait sa tension et sa respiration. Amélie suffoqué, et les battements de son cœur était bien trop irréguliers. L’apprentie aide-soignante tremblait. Ce n’était pas n’importe qu’elle victime qui se trouvait devant elle. Malgré tout le mal et toute la haine, Amélie était chérie aux yeux de Kenji, et il ne lui pardonnerait jamais de l’avoir abandonné.  

 

- En… Enfu…  

 

Amélie essayait de parler, mais Hélène l’en empêchait, il fallait minimiser ses forces. Observant les alentours, la jeune fille croisa le regard d’une boîte électrique. À l’aide de son arme, elle faisait sauter les boulons qui maintenaient le couvercle. Après ouverture, Hélène analyser les câbles. Il lui fallait quelque chose d’épais, mais rien de gros en circonférence. Tripotant les files, elle trouvait son bonheur et avec un couteau elle coupait le tuyau, sans se préoccuper de ce que c’était. En arrachant le conduit, Hélène fit sauter les plombs, et déclenchait le secteur de sécurité. Toutes les pièces devenues noires, simplement éclairées de lumières rouges de sécurité. Mais, le plus inquiétant, c’était qu’elle avait involontairement, déclenchée une bombe à retardement.  

 

Retournant vers Amélie, Hélène lui expliquait ses intentions. Ayant déjà essayait de colmater les plaies par balles avec du tissu pour éviter l’hémorragie, elle indiquait maintenant une intubation. Posant la tête de la nettoyeuse sur ses genoux, c’était les mains tremblantes, qu’elle faisait passer le tube dans la gorge de la blonde, et souffla dedans toutes les cinq secondes. Hélène surveillait le rythme cardiaque et le pouls, mais sans véritable outils de soin, les jours d’Amélie étaient comptés. La partenaire de Kenji était stupéfaite. Amélie avait été d’une cruauté sans pareille avec elle, et pourtant, Hélène cherchait à tout prix à la sauver. Pourquoi ? Pour quelle raison ? Après tout cet acharnement, elle chercher à la sauver ? Et puis que faisait-elle ici ? Un appât ? Un chantage pour mieux atteindre Kenji ? Amélie serrait le pendentif qui se trouvait dans sa main gauche. Une émotion forte s’emparait de son cœur, fait à moitié de glace.  

 

Amélie entendait des pas accourir vers eux, certainement encore des sbires à leur poursuite. La blonde attraper faiblement la main d’Hélène qui maintenait le tube dans sa gorge. L’aide-soignante arrêtait tout geste, et laissez faire Amélie. Hélène grondait car elle devait absolument continuer ce mouvement. Mais la blonde en avait décidé autrement. Elle toussa, fortement, et puisa dans ses dernières forces.  

 

- Va-t’en… Souffla la nettoyeuse  

- Non, non, je ne te laisse pas !! S’écrit Hélène  

- Une bombe… Exploser…  

- Je t’en supplie ne parle pas et laisse-moi continuer !  

 

Amélie rejeta Hélène et la supplia une dernière fois de prendre la fuite. La brune ne s’en remettrait jamais, mais décida au bout de plusieurs minutes de respecter le désir d’Amélie. Mystérieusement, la blonde lui sourit, et lui souffla un dernier « merci… ».  

 

Bouleversée, une sorte de dégoût s’empara d’Hélène, qui déboula les couloirs comme une folle.  

 

Les pas qu’avaient entendus Amélie venir vers elle, ne furent aucunement des sbires. Le dernier son que la blonde put entendre était le cri déchirant de Déborah venant s’agenouiller vers elle.  

 

- Amélie !!! Non !!!!  

 

Marie s’approchait du corps d’Amélie et posa l’oreille sur son cœur. Les battements étaient faibles et peu audibles, mais ils étaient présents.  

 

- Elle respire encore !  

- Amélie… Pleurait Déborah  

- Il faut qu’on sorte de ce putain de bordel ! Cracha Marie  

 

Kenji regardait le corps inanimé d’Amélie, et avait la nausée. Est-ce que leur ennemi comptait lui enlever une à une les personnes qui comptait pour lui. Ryô était au bord du gouffre, et commençait à être lassé de la situation.  

 

- Qu’est-ce que vous faites planter là ?! Gronda soudainement la voix de Falcon  

 

Le mercenaire sentit à l’ambiance qu’émanait son groupe d’ami que quelque chose de grave était arrivé. Falcon se précipitait vers eux et leur indiqua que la seule façon de se sortir de ce « bordel » c’est de maintenir la main gauche sur le mur gauche. N’ayant guère d’autre option, ils s’exécutaient. Pendant qu’ils continuaient de courir et d’éliminer plusieurs hommes, Falcon faisait remarquer que Mike aussi se trouvait toujours à l’intérieur. Ryô déclenchait immédiatement une idée. Il rechargeait son arme, et demandait à Falcon de le couvrir. City Hunter allait donner plusieurs coups dans les parois, jusqu’à parvenir à l’ouïe de son ami. C’était une intention surréaliste, mais rien dans leur métier ne rimait avec logicité. Au bout de quelques coins de labyrinthe abordés, l’américain fini par montrait le bout de son nez.  

 

- Bien joué vieux frère ! Sourit Mike  

- Plus tard les remerciements ! Grinça Ryô  

 

Avec surprise, ils arrivaient au bout d’un long couloir où une porte donnait sur l’extérieur. Elle était déjà ouverte, signe qu’une autre personne s’était déjà faufilée. S’éloignant le plus possible de la bâtisse, ils furent raflés par le souffle de l’explosion. Déborah fut la première à vouloir se relever, portant dans ses bras le corps d’Amélie. Tous rejoignaient l’endroit où ils avaient garé leur voiture et un dernier déplaisir allaient les étonner,  

 

Hélène s’enfuyait avec la voiture de Ryô.  

 

………  

 

Amélie avait été conduite en urgence chez le Doc. Déborah attendait anxieusement devant la porte du bloc opératoire. Les autres étaient réunis dans une pièce à côté, où Kazue aidait aux premiers soins. Un silence morbide, presque mortuaire régnait. Personne ne parlait, aucun regard n’était échangé.  

 

Ryô était à la fenêtre, et regardait l’horizon. L’ennemi avait une fois de plus eu raison de leur professionnalisme. City Hunter n’était plus, et c’était ce qu’il cherchait. Ce soir, l’objectif de les éliminer n’était pas que le plan principal. Ce qu’ils souhaitaient avant tout autre chose, c’était qu’ils observent et concluent. Hélène était clairement la pièce maîtresse de ce nouveau jeu. Le nettoyeur en avait assez. L’ennemi avait la capacité de rentrer dans leur esprit, et de leur faire faire n’importe quoi. Ryô sentait le coup d’éclat. Ce soir, ses amis allaient être divisés et c’était le résultat que le démon souhaitait, et le premier impact fut donné par Kenji. Entendant le Doc s’adressait à Déborah en lui annonçant qu’Amélie était encore entre la vie et la mort après son opération, son ami lui sauta à la gorge.  

 

Kenji donnait un premier coup de poing à Ryô, qui ne se défendait pas. Une haine certaine habitait le plus jeune, rendant coupable son ami de la situation. N’avait-il pas demandé à Ryô une année plus tôt d’éloigner Hélène de leur vie ? Il retrouvait son amante sachant se battre et manier une arme comme personne. Kenji déballait tous les reproches, assiégeant de coups son ami qui ne se défendait toujours pas. Après avoir déballer sa haine, c’était l’horreur qui prit place, et Kenji sortit son arme avec laquelle il visait entre les deux yeux de Ryô. Les deux hommes se regardaient, et visiblement, rien ne stopperait l’animosité.  

 

Toutefois, c’était sans compter l’intervention de Kaori dont la situation lui échappait. Elle se positionna devant le corps de son amant, et empêcha Kenji de continuer son massacre.  

 

- Dégages Kaori… Ou tu vas mourir avec lui…  

 

Une autre arme prête à mettre feu se faisait entendre également, c’était celle de Mike. Kenji n’aurait jamais dû ; même penser ; pointer son arme sur Kaori.  

 

- Je vous en prie, reprenez-vous… Vous n’avez aucune envie de faire ça ! S’énerva Kaori  

- Tu es naïve Kaori… Si tu crois que je ne suis pas capable de tuer Ryô, tu te trompes…  

- Et moi je crois que vous vous laissez envahir par vos sentiments… !  

 

Kaori Makimura. Quelle femme complexe. D’où lui venait une telle grâce ? De son ignorance ?  

 

- Tu te méprends sur l’homme que je suis…  

- Peut-être… ! Mais Ryô est prêt à mourir de votre main, c’est qu’il a un respect démesuré pour vous… Vous ne devriez pas sous-estimé cette confiance !  

 

Un ange, unique et lumineux. Kaori était la seconde femme à atteindre son cœur mutilé. Son regard était royal. Ses sentiments impériaux pourraient conquérir n’importe quel souverain. Il comprenait comment et pourquoi Ryô était tombé amoureux fou de Kaori. Malheureusement, si elle apprenait ne serait-ce que le tiers de sa vie, il n’était pas certain qu’elle soit aussi déterminé à lui faire regagner raison. Malgré ça, elle avait déniché une vérité : Ryô n’avait pas bougé. Non pas parce qu’il se sentait coupable, ou regrettait d’avoir trahit sa promesse, mais uniquement parce que son ami avait réussi à dépasser ça ; le passé. Kenji reprenait connaissance dans les yeux de Kaori, et baissa son arme en soufflant une légère excuse.  

 

Ryô respirait de nouveau, mais contre toute attente, les festivités continuaient avec l’entrée en trombe que présentait Déborah. La jeune femme s’approcha de Kenji avec rage, et le gifla à l’aide d’un collier. Faisant tomber l’objet, Kenji posa les yeux dessus et le ramassa en reconnaissant le bijou qui appartenait à son amante. Que faisait-il entre les mains de son amie ?  

 

- C’est Hélène qui a tiré sur Amélie ! Dit-elle avec fureur  

- …  

- Ce collier se trouvait dans la main gauche d’Amélie !!  

 

Il y avait comme un air de musique angoissante. Ce genre de son qui paralyse le corps, et ne fait entendre que les battements de cœur effrayés. Le soupçon s’imprégnait de leur chair, et le sang de chaque individu de la pièce se glaça. Enfin, tous, excepté,  

 

- C’est une preuve légère non… ? Fit remarquer Kaori  

 

Déborah la regarda de manière coupable. Une preuve légère n’est-ce pas ? Il suffisait de demander pour soulever un second argument. La jeune femme jeta encore une fois au visage deux objets à Kenji. Il s’agissait des deux balles qui avaient atteint le corps d’Amélie. Déborah avait demandé à les faire analyser pour savoir de qui elle devait exactement se venger la prochaine fois. Confiant cette recherche à un collaborateur du Doc, il était formel, les deux balles appartenaient à l’arme d’Hélène et surtout, les balles provenaient de l’arsenal de Ryô.  

 

- Comment ça… ? Questionna Kaori  

 

Déborah se mit à rire devant autant d’ignorance. Elle expliquait qu’étant donné leur activité illicite, ils ne pouvaient pas se fournir en munition dans une armurerie légale. Ryô avait ses propres fournisseurs. Même si les balles étaient étudiées pour se confondre avec celles des forces de l’ordre, chaque munition portait une identité, se rapprochant du fournisseur choisi. Il n’y avait aucun doute sur leur provenance.  

 

Kaori ne savait que répondre à cet argumentaire. Pourtant, il était impossible, voir même inimaginable qu’Hélène est pu tirer sur Amélie. Mais Kaori repensait aussi à ce jour où Ryô lui avait avoué que c’était bel et bien leur protégée qui lui avait tiré dans la cheville, reconnaissant également la balle introduit dans la chair pour le nuire. La nettoyeuse s’assit sur une chaise, essayant de se débattre de ce coma qui s’acharnait sur eux.  

 

………  

 

Hélène était arrêtée sur le bord de la route, et vomissait. Tout ce sang, toute cette haine, cette envie de nuire, qui étaient ces personnes ? Pourquoi Serge lui avait donné rendez-vous dans un tel endroit ? Peut-être était-ce un piège dont son mentor n’avait pas connaissance. Avoir croisé Amélie était la preuve que Kenji se trouvait en ce lieu ! Elle l’avait manqué…  

 

Après la forte nausée, c’était l’envie de se déchirer le cœur qui la prenait, et ses larmes ne pouvaient se retenir plus longtemps. Elle avait abandonné Amélie, elle les avait tous abandonné. S’enfuyant, elle avait entendu une explosion se propulser au loin. Est-ce que son amour avait péri ? Non. Impossible ! Hélène sentait Kenji encore tout près d’elle. Souhaitant s’emparer de son pendentif pour se consoler, elle se rappelait qu’elle l’avait laissé dans la main d’Amélie.  

 

Que se passait-il ? Pourquoi ce tourbillon l’avait soudainement entraîné avec lui ? Qui était les Hommes de confiance ? Qu’est-ce qu’on lui voulait ? Quel était le véritable but de son accord avec Serge ? Quelle machination se trouvait derrière l’infiltration chez Ryô ? Qu’attendaient ces hommes d’elle à la fin ?! Son seul désir était de retrouver Kenji et de recommencer leur relation là où elle c’était mise en pause !  

 

Pourquoi était-il partit il y a un an ? Qu’est-ce qu’il l’avait poussé à l’écarter de sa vie ? Quelle mission exécutait-il ? Courait-elle un danger ? Est-ce que rester à ses côtés aurait été nuisible pour elle ? Pour lui ?  

 

Hélène donna un coup de poing sur le pare-brise. Toutes ces questions sans réponse ! Il fallait l’avouer, elle savait tellement peu de détail sur l’homme qu’elle aimait. Mais il existait bien une personne dans cette ville capable de lui répondre ! À première vue, les proches de Kenji ne l’aideraient pas… Malgré la gentillesse de Ryô et Kaori, ils ne leur faisaient suffisamment pas assez confiance pour partager ce secret.  

 

Hélène releva la tête, séchant ses larmes, déterminée ! Son regard était habité par une lionne rugissant possession du territoire. Il était temps que le feu d’artifice ne cesse de faire exploser des illusions et que le bouquet final révèle les masques des coupables. Si un quelconque individu attendait un geste de sa part, il l’aurait !  

 

Hélène grimpa dans la voiture, acharnée. Se mettant en route vers la ville de Shinjuku, elle fut perturbée par le son d’un bip crispant. Arrêtant le véhicule sur le bord d’un trottoir, elle écoutait attentivement d’où provenait ce bruit. Concentrant son ouïe, elle percevait de l’agitation dans la boîte à gant. Activant le clapper, elle fit une drôle de découverte. La boîte à gant était munie d’un mini-ordinateur, fonctionnant comme un GPS. La lumière rouge qui clignotait et émanait tout ce boucan indiquait sa position. Farfouillant dans le véhicule, elle tomba sur l’objet de sa convoitise, un couteau. La lame tranchait les fils reliant l’appareil aux mécanismes. Faisant glisser la fenêtre, Hélène jeta l’ordinateur sous les roues d’un poids lourd. Après avoir vérifié qu’aucun autre objet de même sorte ne se trouvait dans le véhicule, elle reprenait la route vers la banque.  

 

De ce qu’elle avait constaté en travaillant dans le restaurant à Yakuza de Serge, c’était qu’à Shinjuku, rien ne se négociait sans argent. Elle pâlissait et se moquait. Ce n’était pas avec le reste de ses salaires qu’elle allait pouvoir marchander. Mais aucune autre solution ne lui venait à l’esprit.  

 

Sortant du véhicule, Hélène avait la deuxième idée de jeter également la puce de son téléphone. Regardant l’écran, elle voyait que Kaori avait cherché plusieurs fois à la joindre. Serrant le mobile fort dans sa main, elle s’excusait auprès de sa bienfaitrice, et exécutait son intention. Totalement libre, elle poursuivait son chemin. S’attardant à un guichet de la banque, elle consultait son compte à une borne. Entrant ses coordonnées bancaires, elle faisait soudainement les yeux ronds. Trois millions de yen dormaient sur son compte. Comment était-ce possible ? Qui pouvait lui avoir viré une telle somme ? Serge ? C’était en effet le seul à avoir accès de par les virements qu’il effectuait pour ses salaires. Mais pourquoi avoir déposé tout cet argent ?  

 

Hélène ne savait plus quel sentiment abordé. Serge avait toujours veillé sur elle depuis leur rencontre. Et tous ces doutes qu’elle avait désormais ! Qui était ce malin qui essayait de rompre tout lien avec les personnes qu’elle aimait. Colère ! L’heure n’était plus aux émotions, mais aux actes. Mais malgré sa motivation, elle était prise au dépourvu. Comment retirer une telle somme en liquide ? De surcroît, elle était encore mineure, il lui faudrait l’accord d’un parent ou tuteur. Elle se résignait, sans argent, elle passerait pour la pire des idiotes et ne serait pas crédible une seconde ! Que faire ?  

 

Hélène avait une idée, folle, mais c’était la seule. Elle imprima un duplicata de son relevé de compte, et repartit en direction de la voiture. Zigzagant entre les rues de Shinjuku, elle se rendait dans ce bar où Serge lui avait demandé d’aller déposé un paquet un soir. C’était dans ce même endroit qu’elle avait croisé Kenji. S’il était un habitué, elle ferait d’une pierre deux coups en obtenant également les informations qu’elle désirait, mais c’était peut-être ce sous-estimé.  

 

Pénétrant dans le bar, c’était quatre hommes qui la fixaient en à peine un pas franchit sur le planché. Déglutissant, elle s’avançait, courageusement vers le comptoir. Déception, l’homme qu’elle avait rencontré une année plus tôt n’était pas là. Sans connaître son nom, difficile de demander un renseignement à ces clients qui la dévisageait ? Déshabillait !  

 

Hélène ne se dégonflait pas, les enjeux étaient trop importants. S’avançant vers le premier des consommateurs de saké, elle se présentait, et demandait à voir le chef. C’était une armée de fou rire qui se dressait devant elle, une moquerie certaine.  

 

- Et on peut savoir ce qu’un petit lutin comme toi lui veut au patron ? Questionna l’un d’eux  

- J’ai besoin d’argent… Souffla-t-elle  

 

Les piliers de bar se mirent encore à rire, et frapper du poing sur la table tellement cet enfant était hilare. Sans bien, sans échange, sans nom, elle venait se présenter à ces hommes de l’ombre comme s’ils étaient de vulgaires passants dans la rue.  

 

- Retourne jouer dans les jupons de ta maman ! Se moqua un autre  

- Tel que je te connais tu aimerais y mettre la tête, pervers ! Se bidonna un suivant  

 

La compagnie des soûlards riaient une troisième fois, sous l’exaspération d’Hélène. Était-ce vraiment ce genre d’homme que fréquentait Serge, ou même Kenji ?  

 

- T’as raison ! C’est quel est plutôt pas mal la p’tite gazelle ici ! Sourit un dernier, libidineux  

 

Les quatre ivrognes se levaient, espérant faire d’Hélène leur proie. Elle recula de trois pas en arrière, se demandant ce qu’elle était venue faire seule dans un tel endroit.  

 

……  

 

Kenji était sur le toit du repère de leur gang, en train de fumer une cigarette. Sa seule pensée était Hélène. Il devait se remettre les idées en place. Orpheline, puis adoptée par un homme la haïssant : pourquoi ? Des recherches qu’il avait fait faire sur elle : rien ! Pas même un extrait de naissance, un document la positionnant sur le territoire japonais : elle était originaire d’un autre pays. Son intelligence égalait et surpassait les plus grands scientifiques, d’où sa capacité à apprendre et refaire les gestes qu’on lui indiquait : don génétique ? Son prénom, français, inscrit de toute lettre sur le mot laissé par celui qui l’avait déposé au pas de la porte du père de Marie : fausse identité.  

 

Kenji avait passé une année auprès d’Erika uniquement pour répondre aux questions qui entouraient son amante. Qu’il pensait qu’elle était un mystère ? Depuis le premier jour de leur rencontre. Ne travaillait-elle pas pour Serge Dieter ; l’un des hommes les plus craint du milieu. Simple serveuse ? Il ne parvenait à se convaincre d’autre chose, car leur intimité effaçait toutes ses interrogations.  

 

Kenji et Hélène avaient une relation ravageuse, ripailleuse et magnétique. Vivre sans elle ? Impossible ! Et il s’en était convaincu depuis bien longtemps. Rare était les personnes qui connaissait sur le bout des doigts la vie de Kenji depuis son enfance excepté Ryô, et ce qu’on pouvait dire de lui, c’est qu’il était loin d’être un modèle de vertu, bien au contraire. Contre ça : Hélène. Sa douceur avait pénétré tous ses pores. Sa gentillesse caressait son sang. Ses yeux pénétraient son cœur comme le soleil envahissait une pièce à vivre un matin d’été. Et cet acharnement charnel. Lui faire l’amour était indescriptible, seul son propre corps pouvait l’expliquer pendant l’acte.  

 

Ciel ! Qu’elle n’avait rien d’extraordinaire cette jeune fille de dix-sept printemps, et pourtant, l’aimer était le plus cruel des châtiments. Un frisson ! À chaque fois qu’il pensait ou murmurait ce mot, son âme s’insufflait pour renaître tel le phénix. Ce sentiment le faisait vivre, tout simplement.  

 

Une main délicate venait de se poser sur son épaule. Regardant l’invité, il tomba sur Sylvana. Profitant de la situation, elle venait se glisser dans ses bras, prétextant vouloir le réconforter. Visiblement, inconsciemment, Kenji avait attiré un autre papillon dans sa lumière. Respirant son parfum, elle le regardait droit dans les yeux. Le papillon était désolé pour la lumière, d’apprendre que sa véritable source, était en réalité l’ombre du tableau. Maintenant qu’elle pensait Hélène évincée du chemin vers le cœur de Kenji, Sylvana s’empressa de creuser sa place. Avec audace, elle approchait déjà ses lèvres près de sa bouche, enjouée de capturer officiellement un baiser.  

 

À l’instant même où leurs lèvres se frôlaient, Ryô ouvrit la porte menant au toit. La scène qu’il observait l’inquiétait, puis,  

 

- Désolé… Murmura Kenji  

 

Il venait de voir son ami prendre en coupe le visage de Sylvana et l’éloigner de lui, doucement. Son regard pour elle était une prière demandant pardon. La jeune femme ne pouvait se laisser aller à cette échec, et pestiféra des injures, aspergeant les incertitudes qui régnaient sur Hélène, toutefois, c’était peine perdue, Kenji ne succomberait pas,  

 

- Derrière tout mensonge se cache une vérité… Répondit-il  

- Mais… !  

- Et certaines valent le mérite d’être connue… Continuait-il  

 

Le cœur de Sylvana tombait encore amoureux de cet homme. Tellement glacial, mais aussi singulièrement censé. Sa personnalité était difficile à percevoir proprement. Il avait ce charme indescriptible.  

 

Ryô constatait que Kenji était infiniment persuadé qu’Hélène n’avait rien à voir avec cette interminable conspiration. Sylvana, contrariée, et triste également, laissait seul avec lui-même le jeune homme et ne prêtait même pas un regard à Ryô. Le nettoyeur profita de l’occasion pour s’adresser à son ami,  

 

- C’est ce qu’ils voulaient… Nous rendre irrationnel… Soufflait Ryô  

- …  

- Depuis quand es-tu convaincu qu’Hélène est impliquée… ?  

- Je t’ai déjà répondu non !  

- Tu parles de cette recherche que faisaient les yakuzas sur elle ?  

- Le temps c’est de l’argent chez eux aussi ! Ils ne font jamais rien au hasard, et tu le sais !  

 

Ryô se mit à rire soudainement, sous l’étonnement de Kenji. Pourquoi diable son ami riait-il dans un moment comme celui-ci ?!  

 

- Je ne savais pas qu’il existait un amour encore plus fort que celui de Kaori et moi…  

 

Ryô souriait en regardant le ciel. Impossible d’être aussi purement amoureux d’une femme qu’il était de sa partenaire. Pensait-il égoïstement que son amour ne pouvait rivaliser avec aucun autre ?  

 

- Je peux savoir pourquoi tu dis ça ?! Fut intimidé Kenji  

- Tu ne devineras jamais où est Hélène actuellement !  

- Je croyais que tu avais perdu sa trace… ?  

- Je viens de recevoir un appel des plus amusants !  

 

……...  

 

Marie, Kenji et Ryô s’étaient rendus dans un bar qu’ils connaissaient que trop bien. Déborah les avaient également accompagnés. La jeune femme était fatiguée de tourner en rond en se demandant quand Amélie allait se réveiller.  

 

Ryô avait reçu un appel surprenant du patron du bar. Pénétrant dans la pièce, ils apercevaient, au sol, quatre hommes à terre. Croisant le regard de Ryô Saeba, les yakuzas de seconde zone se relevaient peureusement, et fuyaient par les derrière du bâtiment. On penserait entendre les croassements de corbeaux qui se moqueraient de la situation.  

 

- Et bien Ryô, ta réputation est toujours à craindre ! Se moquait Marie  

- Apparemment ! Souriait le concerné  

 

Le patron du bar s’avanca enfin vers eux. Il avait l’air sévère et mécontent. Ne tardant pas à expliquer la situation, l’homme aiguisait de plus en plus un sourire crochu. Hélène était venue lui réclamer de l’argent en liquide, trois millions de yen ; effectuant un virement en échange. Marie s’étonnait, comment sa petite-sœur avait pu obtenir tout cet argent ?  

 

- C’est elle qui a massacré vos hommes ? Questionna Déborah  

 

L’homme ne répondit pas à la question, il se contentait de lancer un autre sourire espiègle. Hélène s’était débarrassée un à un de ces opportuns, citant que son professeur n’était autre que le grand Ryô Saeba. Le mentor souriait fièrement, sa protégée avait été sa meilleure élève.  

 

- Pourquoi voulait-elle de l’argent liquide ? Demanda Kenji  

- Sans argent, on n’obtient rien de la pègre ! Dit-il s’allumant une cigarette  

 

Hélène lui avait donné un million de yen contre le nom de l’homme qui connaissait parfaitement le milieu. Kenji frémissait, un seul endroit à Shinjuku où l’on pouvait avoir ce genre d’information.  

 

- Je l’ai envoyé au Silky Club… Ria-t-il  

 

Kenji sauta au cou de l’homme, frappant un coup dans son ventre. Maintenant qu’il était à terre, il le menaçait du canon froid de son arme, sur la tempe. L’adversaire se mit à rire, en certifiant à Kenji que cet endroit aller lui rappeler ces beaux jours. Anéanti, il fit rouler son chien lorsqu’une main l’empêcha de tirer.  

 

- Ne perdons pas de temps… Souffla Ryô  

 

Kenji infligea un second coup de pied dans le ventre de cet homme déjà bien amoché, et bouscula Ryô. Marie et Déborah s’horrifiaient. Le masque qu’avait enfilé Kenji les effrayait. C’était l’homme qu’elle avait rencontré il y a plusieurs années et qui les avaient recrutées pour leur capacité. Jamais elles n’avaient posé aucune question, sans savoir pour qui il travaillait réellement. Apparemment, seul Ryô connaissait la réponse. Le silence était de plombs dans la voiture. Où allaient-elles ? Quelle facette de Kenji elles allaient réellement rencontrer ?  

 

………  

 

- Le cocktail tigre blanc je vous prie… Murmura-t-elle  

 

Le serveur était surpris d’entendre le nom de ce cocktail qui n’était pas indiqué sur la carte. Comment cette gamine d’à peine dix-huit ans pouvait connaître l’existence de cette boisson ? Il reparta curieux vers son patron. Pénétrant dans la loge privée de son chef, il était en train de se rhabiller après un échange crapuleux avec une femme. Torse-nu, il remettait son pantalon et guettait par une fenêtre secrète celle qui le demandait. Craquant pour sa fraîche beauté, il accepta de la rencontrer ; son minois lui était familier.  

 

Le garçon du bar repartait vers Hélène, lui demandant de le suivre. Elle avait un mauvais pressentiment. Même si cet endroit était bien plus chic que le bar miteux où elle se trouvait auparavant, elle devinait bien plus de danger.  

 

Hélène pénétra dans une immense chambre. Un lit complètement défait se trouvait au milieu de la pièce. Tout était habillé de rouge, du sol au plafond. Des lumières artificielles éclairaient sordidement l’endroit. Un bureau où s’éparpillait des papiers se présentait sur sa gauche. Elle regardait attentivement cet imposant placard où se trouvait certainement ce qu’elle cherchait. Le salon où elle se tenait debout, presque pétrifier sentait fortement l’alcool et la cigarette. Son regard s’attachait enfin à l’homme avec qui elle devait s’entretenir.  

 

Surprise. L’homme auquel elle fit face était à peine plus âgé que Kenji. Sa beauté était saisissante. Un grand blond aux yeux translucides et à la peau couleur de lait s’avançait vers elle. Un troisième pas faisait composait des mélodies sur le sol, c’était sa canne qui supportait tout son côté droit du corps, paralysé par la vie. Hélène était éplorée par son visage à jamais endormi, déformant une partie de son beau faciès. Malgré le handicape, elle le trouvait captivant, quasi séduisant.  

 

- L’homme qui vous envoie à du goût… Sourit-il  

- Je… Je suis venue pour un renseignement… Balbutia-t-elle  

- Tu as de quoi me payer…  

- Oui, bien sûr, j’ai… Dit-elle tendant sa valise  

- Je ne parlais pas d’argent ! Ma réflexion n’était pas une question…  

 

À mesure qu’il lui adressait la parole, il la faisait reculer jusqu’à la bloquer entre le mur et lui. Il venait poser son nez dans son cou pour respirer son parfum coquet. Sa main libre venait caresser sa taille de guêpe. Hélène se sentait instantanément mal à l’aise et ne supportant pas qu’un autre homme que Kenji la touche, elle mit nerveusement un coup de pied dans la canne de l’homme, et le fit se mettre à genoux. Les gardes du corps du jeune homme se mirent tous à dégainer, et visèrent la tête d’Hélène. Le chef se releva en ricanant, et ordonna à ses hommes de baisser leur garde. Le serveur qui était également le bras droit du patron, était surpris. La moindre « bête » humaine qui osait défier son chef, mourrait dans l’instant. Cependant, il s’agissait d’une femme.  

 

Se relevant toujours souriant, il partait s’asseoir dans son fauteuil. S’écrasant dans ce dernier, il ouvrit son tiroir de gauche, et sortit une seringue suivi d’un flacon. Hélène reconnaissait la morphine. L’empathie ne pouvait s’empêcher de la gagner. S’approchant de l’homme, elle s’emparait des instruments médicaux et lui fit elle-même la piqûre. Le malade souriait difficilement, quelle personnalité étrange, passer de la morphine à un homme qui pouvait la faire tuer à toutes secondes s’écoulant.  

 

- Qu’est-ce que vous voulez… ? Demanda ce dernier  

- Savoir qui je suis…  

- Vous êtes Hélène Turner…  

- Vous, vous connaissez mon nom…  

 

Hélène se recula de stupéfaction. Cet homme méritait sa réputation. Ils se dévisageaient, stopper par le temps. L’homme la dévorait des yeux. Une beauté pudique qu’il mourrait d’envie de dévorer dans son lit. Ce délice le faisait sourire, un rictus détendu. Il serait un homme mort si une ouïe indiscrète savait qu’il l’aurait goûtée, elle.  

 

Avec sa canne, il s’appuya sur le bord du bureau et se fit reculer jusqu’à son armoire. Il tira un tiroir, et sorta un dossier. Se levant de nouveau de sa chaise, il s’avanca vers Hélène. Visiblement, il comptait lui donner ce dossier, mais en avoir possession avait un prix, un prix luxurieux.  

 

- Un baiser, et le dossier est à vous… Proposa-t-il  

- Désolée… Mais je ne peux pas… J’ai deux millions en liquide…  

- C’est votre chair que je veux…  

 

Hélène sentait toute la possession dans le regard de cet homme. Elle savait qu’elle ne repartirait pas de cet endroit sans qu’il n’obtienne l’objet de son désir. L’univers entendait son hurlement de désespoir, et un homme de main vnit interrompre la paralysie.  

 

- Monsieur ! Ryô Saeba a été aperçu dans les caméras de l’entrée !  

 

Hélène se sentait rassurée. Savoir Ryô vivant la faisait espérer que tous s’en soit sorti. Toutefois, elle ne souhaitait aucunement faire face à Monsieur Saeba et elle devait se dépêcher.  

 

- Est-ce qu’on peut sortir sans être vue dans cette pièce ? Paniqua celle-ci  

 

L’homme la regardait et perdait pied. Son humanisme était-il encore présent. Il voulait l’aider, étrangement, lisant le désespoir dans son regard. D’ordinaire, il aurait profité de cette faiblesse pour la manipuler, faire d’elle un jouet avec lequel il se serait amusé jusqu’à l’épuisement. Mais elle avait pitié de lui, elle ne souhaitait rien de lui qu’une vulgaire information en échange de deux millions de yen. Aucune haine, sans colère quelconque, nulle vengeance, juste de la tendresse. Un sentiment qu’il percevait comme une légende, inexistant ! Que faisait cette jeune fille dans un monde pareil !  

 

- Shoda ! Appelait-il  

- Oui Monsieur ?!  

- Raccompagne Mademoiselle…  

 

Hélène lui souriait, naïvement, sans savoir qui était cet homme et sa cruauté qui le collait à la peau. Prenant le dossier qu’il lui avait doucement glissé entre les doigts, elle lui laissait non seulement la valise de billet, mais également un chaste baiser sur la joue. S’enfuyant avec l’homme de main qui lui guidait la sortie, elle sentait la présence de Ryô non loin derrière elle.  

 

À peine quinze secondes s’écoulaient entre la fuite d’Hélène, et l’arrivée de Ryô.  

 

L’homme ; dont le prénom fut étroitement prononcé par Kenji ; marchait difficilement vers son bureau. Ecchi, lubrique, indécent ou encore pervers, ce nom était tout indiqué pour la personnalité libidineuse de cet homme nuisible.  

 

- Kenji… Mon beau Kenji, t’ai-je manqué… ? Se moquait Ecchi  

- Où est-elle ?!  

 

Kenji s’approchait du bureau d’Ecchi et les deux hommes se dévisagèrent. Ecchi était l’ancien patron de Kenji, l’homme qui l’avait recruté, entraîné et corrompu. Il était le fils du défunt patron de Silky Club, révolu patron de l’Union Teope, décimé par Ryô après la mort d’Hide. Kenji et Ryô, ne s’étaient pas rencontrés dans les bonnes circonstances. Ecchi n’avait pas suivi les mêmes corruptions de son père. Atteint par une maladie suite à un AVC à l’âge serein de dix-neuf ans, à force de drogue, de boisson et de coup, profiter salement de la vie était sa seule occupation. Consommateur de stupéfiant avec de putride ripoux, avide amateur de jeu, dépravé traitant les femmes comme des objets sexuels, Ecchi était sous le masque de quasimodo, un jeune homme envahi d’immoralité.  

 

Ecchi exécutait un ordre particulièrement étrange envers ses hommes de main, qu’il demandait à tous de quitter la salle. S’allumant une cigarette, où il avait étalé plus tôt de la drogue, il enfumait le visage de Kenji, en lui souriant.  

 

- C’est ta nouvelle pouliche… ?  

- Je ne vais pas répéter la question trois fois Ecchi !  

- Délicieusement délicate…  

 

Kenji ne supportait plus ce jeu insignifiant. Il connaissait Ecchi par cœur, il ne parlerait pas, préférant jouer avec ses nerfs jusqu’à la fureur. Cependant, interdiction de poser un pied derrière la ligne, la seule façon de le faire parler, c’est de torturer ce masochiste.  

 

- Laissez-nous… Soufflait Kenji  

 

Marie et Déborah refusaient de laisser Kenji, paraissant incontrôlable, avec cet homme qui semblait vouloir le soumettre. Ryô dirigeait les deux femmes à l’extérieur de la pièce, et demandait de patienter, sans intervenir.  

 

Le nettoyeur inquiétait les deux femmes. Marie ordonnait à Ryô de leur dire exactement qui était cet homme : Ecchi.  

 

Ryô avait rencontré Kenji peu de temps après la mort d’Hideyuki. Après avoir anéanti le noyau de l’Union Teope, il avait appris selon les sources de Saeko, que le chef du clan eut un fils, Ecchi. Ayant recruté Kenji pour ses qualités à l’âge de seize ans, Ecchi avait fait du jeune homme ; détruit par les frasques de son enfance ; une bête frigide.  

 

Kenji était chargé de suivre City Hunter, et de s’attarder sur chacun de ses points faibles. Le but d’Ecchi, abattre l’homme le plus redouter du milieu : Ryô Saeba, ayant lui-même abattu les années de travail de son père. Sachant que la mort de son ami Hideyuki l’avait poussé à exterminer l’Union Teope, Kenji devait recueillir des informations sur l’entourage de ce défunt : Kaori. Mais il n’était être vivant sur cette planète, à pouvoir ne serait-ce que frôler l’idée d’enlever à Ryô sa partenaire. S’étant acharner toute une nuit à se combattre, le nettoyeur numéro du pays était sur le point d’éliminer Kenji, lorsqu’il vit une photo tomber de sa veste, imbibé de son propre sang.  

 

Une femme d’une beauté sans pareille se présentait. Prenant la photo, Ryô avait enfilé son masque de pervers. Ce gamin de vingt ans était résigné à mourir de la main de City Hunter. Mais Ryô ayant lui-même sorti la tête de l’eau grâce à la famille Makimura, il comprit que ce jeune homme avait en sa possession, une brèche capable de faire rentrer lui aussi un peu de lumière.  

 

Ryô avait auparavant effectué des recherches sur Kenji. Dans le milieu, il se faisait appeler « ruthless » : le « sans pitié ». C’était un jeune homme intelligent, censé, avec une étonnante capacité à la réflexion. Ecchi l’avait avant tout embauché pour ça, son potentiel à faire parler les autres. Il leur faisait subir toutes sortes de souffrance physique, jusqu’à avoir l’information désiré. Voulant s’élargir, Ecchi avait proposé à Kenji de recruter trois complices, trois femmes, impérativement, car son charme était un atout. C’était à cette époque qu’il avait demandé à Marie ; rencontré déjà quelques années plus tôt ; de venir travailler avec lui. Puis il avait besoin d’espionne, deux femmes, incapables de lui refuser n’importe quelle mission. Sans le savoir, Marie, Déborah et Amélie, n’avaient en réalité pas totalement travaillées que pour Kenji, mais pour l’héritier de l’Union Teope.  

 

Ryô avait demandé à Kenji qui était cette femme sur le cliché jauni. Pensant mourir, le « gamin » c’était confié, mais Ryô gardera la confession de l’enfance de Kenji pour lui. City Hunter comprenait, il avait été cet homme lui aussi, mit dans un âge tôt, sur un terrain, avec une arme, avec pour seul objectif, la destruction. S’il n’avait pas rencontré des personnes sur son chemin, capable de lui expliquer que Ryô n’était pas qu’une machine à tuer, il serait déjà en train de déguster un verre avec Satan à l’heure actuelle. Il avait fait de sa haine un combat, servant à établir un pied de nez à la vengeance. Ryô voulait en faire de même pour Kenji, il avait de la sympathie pour ce gamin de vingt ans, incapable en réalité de comprendre ce qu’il faisait devant lui.  

 

Plus tard, Kenji était parti du clan d’Ecchi, avec l’aide de Ryô. Il était devenu indépendant, comme City Hunter, se faisant désormais appelé Gabriell’s. Les trois femmes, ignorant son appartenance au clan d’Ecchi, avait continué leur travail avec lui.  

 

Marie et Déborah se regardaient. Elles n’avaient jamais ignoré la cruauté de Kenji. C’était un homme redoutable, et dur. Jamais souriant, toujours insatisfait, capricieux et impatient, il n’était pas le modèle de l’homme parfait. Mais la brèche que Ryô avait réussi à creuser grâce au sentiment de l’amitié, l’avait avec les années, quelque peu assagi.  

 

Ryô regardait la porte fermée qui se trouvait derrière lui, se demandant ce qu’il se passait. Il espérait que le « ruthless » n’allait pas refaire surface.  

 

Kenji menaçait Ecchi de son magnum sur la tempe, côté droit de sa tête. Depuis qu’il était resté seul, Ecchi s’amusait à le torturer psychologiquement, en lui remémorant le « bon vieux temps ». Mais Kenji ne succomberait pas, la manipulation lié à son passé ne l’atteindrait pas. Toutefois, son ancien patron n’était pas un débutant, et si Kenji resté insensible à son passé, son présent serait l’arme idéale.  

 

- C’est quoi ton lien avec cette femme… ? Demanda Ecchi  

- Qu’est-ce qu’elle voulait savoir… ?  

- Je pose les questions Kenji, tu tiens peut-être l’arme capable de me tuer, mais moi je possède l’information capable de t’anéantir…  

 

Kenji le frappa avec sa crosse au niveau du front. Ecchi se mit à hurler de douleur. La morphine ne faisait plus effet sur son organisme depuis longtemps, quant à la drogue, il en fallait une bonne dose avant quelle agisse.  

 

- Dis-moi ce qu’elle voulait… ? Répéta Kenji, sur un ton plus autoritaire  

- Coucher avec moi ! Ricana-t-il  

 

Kenji le frappa une seconde fois, mais dans les côtes cette fois-ci. Ecchi rigolait difficilement, et demandait à son ancien partenaire de recommencer. L’infirme allait même dans les faux détails concernant leur échange soi-disant charnel. Le nettoyeur s’impatientait, dangereusement. Attrapant la cigarette qu’il avait dans la bouche pour brûler le visage déformé de ce déséquilibré, les mains de Ryô encerclaient le corps de Kenji pour le maintenir fermement, et le faire reculer.  

 

- Arrête Kenji ! Tu vois bien qu’il essaye de te manipuler !  

- Je vais tuer cette ordure ! S’emporta-t-il  

- C’est ce qu’il veut, que tu l’achèves ! Ne vois-tu pas qu’il est mourant !  

- …  

- La morphine et la drogue n’arrivent même plus à soulager ces douleurs… Il n’a rien à perdre, tu n’obtiendras rien de lui…  

 

Kenji calmait ses nerfs, les mots de Ryô réussissaient à l’atteindre. Son ancien patron n’était qu’une loque, un mourant solitaire, sans personne pour tenir sa main jusqu’au dernier souffle. Il devait se contenter d’écouter son ami, et abandonner la piste d’Ecchi. Les quatre jeunes gens tournaient le dos au trépassant, lorsqu’il prenait des forces pour dire une dernière phrase à Kenji,  

 

- Méfie-toi de cette femme… Elle n’appartient pas au monde que tu crois… Toussa-t-il  

 

Kenji ne faisait pas attention à cette mise en garde et continuait son chemin en pensant déjà au prochain indice à creuser.  

 

Retournant au repère, les têtes morbides que faisaient les quatre compagnons n’accompagnaient pas l’espoir. Ryô expliquait brièvement à Kaori qu’Hélène avait une avance sur eux.  

 

Kaori trouvait Ryô quelque peu bouleversé, sans parler de la dispute qui se déroulait dans la pièce à côté, où Kenji, Déborah et Marie c’étaient enfermés. Apparemment, seule Kaori ignorait les frasques du passé de Kenji. La seule chose qu’on lui avait expliqué, c’est que Kenji ne serait rien sans Ryô. Ne voulant laisser seule sa partenaire dans le brouillard, ils partaient tous deux se réfugier sur le toit du bâtiment.  

 

Il contait pour la seconde fois de la journée, une partie du passé de Kenji. À la prononciation du nom « Union Teope », le sang de Kaori se glaçait. Ainsi, Kenji avait travaillé pour le fils de celui qui avait fait éliminer son frère. Le souvenir d’Hide était tantôt heureux, tantôt malheureux.  

 

- J’aurai du te le dire avant… Je suis désolé… S’excusa Ryô  

 

Kaori lui souriait, et venait se glisser dans ses bras pour le serrer très fort, afin de le consoler. Redressant son visage, elle lui adressait encore un scintillant sourire, en déposant une main sur sa joue.  

 

- Kenji n’a rien avoir avec la mort de mon frère… Tout ça s’est passé quelque temps après…  

- Je n’aurai jamais laissé personne te faire de mal… Mais…  

- Kenji te rappelait le jeune homme que tu avais été… Sourit-elle  

 

Ryô dessinait un sourire, un rictus heureux qu’il n’ait étiré depuis longtemps. Les épreuves de ces derniers jours étaient épuisantes. Prenant la main que Kaori avait déposée sur sa joue, il s’en emparait pour y déposer un baiser.  

 

- J’ai hâte de reprendre une vie normale… Souffla-t-il  

- Tu veux parler des jours où je te frappe avec ma massue ! Se moquait-elle  

 

Ils partageaient un rire, un son joyeux et réconfortant. Ils se regardaient enfin passionnément. Ils ne seraient rien l’un sans l’autre, déjà détruit à petit feu. Les faiblesses de Ryô étaient les forces de Kaori. Le nettoyeur ne se lasserait jamais de tout ce qui faisait sa partenaire. Tellement de qualificatif pour la décrire, une perfection sculptée uniquement pour lui. Ne résistant plus à l’appel de son désir, il l’embrassait, amoureusement. À chaque baiser qu’ils partageaient, c’était un incendie qui se déclenchait dans tout leur corps, voulant mutuellement se posséder. Leur respiration se saccadait sensuellement, et ils se regardaient amusés de se sentir capable de pouvoir faire l’amour ici, et maintenant. Mais leur bestial soif ne se réaliserait pas encore, un trouble-fête venait les interrompre : Kenji.  

 

Le jeune homme était venu prendre l’air frais de l’été qui arriverait bientôt, déjà. Discernant la peine qu’il tairait, Kaori s’approcha de Kenji. Déposant une main sur son bras, elle la fit glisser jusqu’à prendre sa main dans la sienne, comme une mère le ferait à son enfant.  

 

- Vous allez la retrouver, et tout se passera bien… Sourit-elle  

- Tu n’as pas envie de me tuer… ? Questionna-t-il, durement  

- Je préfère consumer mon temps à aimer mon frère plutôt qu’à chercher la haine…  

 

Kenji plongea dans le regard noisette de Kaori. Quelle femme ! Une vraie femme. Capable de surmonter n’importe quelle épreuve avec dignité, c’était un modèle d’humanisme. L’ange qui tenait la main du démon, sentie une goutte d’eau tomber sur sa peau. Kenji pleurait, silencieusement, fatigué de n’éprouver que de la rancœur. Son équilibre le plus précieux le fuyait. Le nettoyeur n’était qu’un petit garçon recherchant chaleur et affection. Difficile à croire devant cette carapace de marbre, mais la sensibilité habité le corps entier de Kenji. Ne pouvant rester indifférente devant sa peine, Kaori se permit de le prendre dans ses bras, essayant de lui apporter confort et force.  

 

……..  

 

Hélène avait couru à perdre haleine dans les rues de Shinjuku. Les passants s’écartaient devant la jeune femme, transpirante, dont le tee-shirt portait encore des traces de sang. Fatiguée, elle se réfugia dans une ruelle, où elle s'installa sur une palette. Reprenant son souffle, elle se hâtait d’ouvrir le dossier comprenant des informations sur son passé. Ouvrant le document, elle fut rapidement déçue. Une photo se trouvait dans le porte-document, un cliché la représentant en train de servir des clients dans le restaurant de Serge. Puis, sur le côté, son prénom et son nom, Hélène Turner. Vide. Ce dossier était vide de tout renseignement. Manipulée, telle la débutante qu’elle était, son morale tomba en dessous de zéro. Hélène s’apprêtait à craquer de nouveau, lorsqu’elle s’affligea une claque moralement. Hors de question de retomber dans le piège, elle se devait d’être forte, comme promis. S’attardant sur ce bout de carton qui ne contenait rien, elle était subitement attirée par un détail. Sur le côté du dossier, une inscription était incrustée dans le papier : « Guoanbu ». Hélène ignorait ce que signifiait ce mot. Se relevant précipitamment, elle se rendit dans un cyber-café, pour effectuer des recherches sur le net. Tapant sur le clavier le mot à déterminer, elle tomba sur une définition stupéfiante,  

 

- Ministère de la sécurité de l’état chinoise, désigné également comme les services secrets du pays…  

 

La Chine ? Que venait faire la Chine dans son passé ? Pourquoi les services secrets chinois aurait établi un dossier sur elle ? Comment faire le lien ? Devait-elle abandonné cette piste ? Il fallait qu’elle en tire un élément.  

 

Hélène commençait par lire tout ce qu’on pouvait savoir en tant que civil sur la Guoanbu. Ce qui l’étonnait, c’était l’emblème, ressemblant au marteau et la faucille, partie communiste de la Russie. Un service de la Guoanbu, appelé DLI, était chargé des relations politiques entre les territoires extérieurs à la Chine. Les espions opéraient en grande majorité dans les ambassades. Épluchant les informations, elle s’intéressait au président actuel de ce ministère chinois : « Da Shen-Yeng ».  

 

Réinscrivant son nom dans la barre de recherche, elle ne trouvait rien. Aucune biographie, son nom était lié à la présidence de la Guoanbu, point. Hélène ne devait pas abandonner, elle devait se référé à l’indice sérieux qu’elle possédait. Lissant toutes les pages internet que lui permettait de parcourir le moteur de recherche, s’est arrivé à la page quarante-huit, qu’elle repéra un détail.  

 

Ouvrant la page, elle se dirigeait vers une revue nécrologique. Le nom d’une femme apparaissait : « Hua Shen-Yeng, épouse Kyo Zabu, décédée il y a douze ans ». Lorsqu’elle tapait le nom de la jeune femme sur le net, elle ne trouvait rien la concernant, elle aussi. Elle tenta avec le nom du mari, et trouva enfin une information concrète. Kyo Zabu tenait un cabinet d’expertise-comptable dans le centre-ville de Tokyo. Prenant l’adresse de ce cabinet, elle se rendit sur les lieux en bus.  

 

Arrivé à l’adresse indiquée, elle fut déçue ; le cabinet était déjà fermé. Observant la rue dans laquelle elle se trouvait, ses yeux tombaient sur une cabine téléphonique. Accourant vers l’isoloir, elle feuilletait l’annuaire. Sans savoir si la chance était de son côté, un seul homme se nommait Kyo Zabu. Arrachant la page, elle arrêta immédiatement un taxi, et lui indiqua l’adresse résidentielle.  

 

Le taxi l’a menait en dehors de la ville. Hélène n’aurait su le chemin emprunté, elle s’était endormie pendant le voyage. Le chauffeur la réveilla, après quarante minutes de route. Payant le chauffeur, elle le remercia.  

 

Hélène tomba devant une immense grille noire. Une villa se trouvait de l’autre côté, imposante. Soudainement, elle vit une lampe à petite hauteur se diriger vers elle, c’était une enfant.  

 

- Bonsoir… Lui dit une petite fille  

- Bonsoir…  

 

Hélène était étonnée d’apercevoir une enfant en pleine nuit, venir accueillir une inconnue, sordidement vêtue qui plus est.  

 

- Que fais-tu dehors à cette heure-ci… ? Demanda Hélène, attentive  

- J’ai vu la voiture, je croyais que c’était mon papa !  

- Désolée…  

- Ce n’est rien… ! Tu es une amie de grand-père ?  

- Et bien…  

- Hua !  

 

La petite fille se retourna à l’entente de son prénom. C’était la gouvernante qui l’appelait, accourant vers elle, paniquée, observant qu’elle s’adressait à un inconnu. Lorsque la domestique arriva, elle était ébahie de tomber sur une adolescente. Allant lui demander de s’en aller, les grilles s’ouvraient mystérieusement.  

 

- Excusez-moi de vous importuner, mais je voudrais m’entretenir avec Monsieur Shen-Yeng… S’inclinait Hélène  

 

La nurse allait refuser de la laisser entrer, lorsque son téléphone sonnait ; c’était son patron qui la joignait. Stupéfaite, on lui ordonnait de laisser entrer la jeune fille. Raccrochant, elle prenait la main de Hua, et demandait à Hélène de la suivre.  

 

Hélène était sans voix devant la beauté de la demeure. Les pièces de cette maison paraissaient accueillantes et chaleureuses. Beaucoup de décoration chinoise trônait, on sentait la puissance du maître des lieux. Montant au deuxième étage, les escaliers étaient creusés dans le marbre. Les rideaux, la moquette, ou encore les tapies, tout paraissait luxueux. Le rangement était cadré comme des militaires saluant le général. Rien ne débordait. S’avançant dans un long couloir, Hélène regardait les tableaux accrochés au mur. Des hommes aux airs rigides semblaient la fixer.  

 

Hua regardait Hélène, et se mit à rire.  

 

- Ils me font peur à moi aussi… Chuchotait l’enfant  

 

Hélène lui rendit son sourire solaire. Quelle enfant adorable. Son prénom était le même que cette femme défunte, elle était jeune pour être sa mère… ? Quel lien douloureux avait-elle… ? Plus le temps de réfléchir, la gouvernante s’arrêta devant la porte de bois, et frappa,  

 

- Entrez… !  

 

Une voix grave et lointaine avait autorisé l’accès.  

 

- Vous pouvez y aller…  

- Merci…  

- Venez Hua, nous allons continuer la lecture…  

 

Hua bouda quelque peu. Elle aurait souhaité voir son grand-père et faire connaissance avec son amie. Se faisant tirer par la sérieuse gouvernante, Hua ne manqua pas de lever sa petite main, et de saluer Hélène, qui lui rendait son salut.  

 

Inspirant et expirant fortement, elle ouvrit la porte. Le vieux bois craquela de manière angoissante. Refermant la porte derrière elle, Hélène se trouvait face à un homme, assis à son bureau. Une femme se tenait à sa gauche, et un autre homme à ses côtés sur la droite. Quant aux deux sièges disposés en face de lui, ils semblaient occupés par deux personnes, dont elle n’apercevait que les mains posées sur les accoudoirs dépasser.  

 

Hélène reculait de quelque pas, posant son dos sur la porte. Une atmosphère écrasante semblait prendre possession de son âme. Savait-elle inconsciemment qu’elle touchait au but.  

 

L’homme assit sur l’architectural fauteuil se leva, imposant sa carrure influente. Il transperçait son regard, et lorsqu’il prononça cette curieuse phrase, son cœur s’arracha de sa poitrine,  

 

- Bienvenue Ielena… Je t’attendais….  

 

Évanouissement.  

 

 


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