Hojo Fan City

 

 

 

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Rated R - Prosa

 

Autore: cityxyz

Status: Completa

Serie: City Hunter

 

Total: 38 capitoli

Pubblicato: 08-06-11

Ultimo aggiornamento: 02-09-17

 

Commenti: 79 reviews

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RomanceAction

 

Riassunto: /!\ AU 29/02/2020 chapitre 1, 2, 3, 4, 5 et 6 réécrit /!\ La vie apporte parfois des événements qui poussent les individus à agir en conséquence... C'est la mystérieuse et douloureuse expérience à laquelle va faire face le nettoyeur ainsi que ses fidèles camarades d'armes... Entre amour et raison, ils vont devoirs arriver à dompter leurs sentiments...

 

Disclaimer: Les personnages de "XYZ : De vous à moi..." sont la propriété exclusive de Tsukasa Hojo.

 

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   Fanfiction :: Amour Ultime

 

Capitolo 37 :: Chapitre 35 - Partie 2/3

Pubblicato: 09-08-17 - Ultimo aggiornamento: 09-08-17

Commenti: BIBOUCHA67 : Merci à toi de me suivre alors que la fin se fait attendre… Les vraies révélations commencent dans cette deuxième partie de chapitre, et j’espère que tu l’apprécieras et qu’il ne te décevra pas. Avec l’impatience de lire ton impression. Hime-Lay. JAWRELL : Et oui, je crois que je n’aurai pas eu la force de perdre ce personnage, même si la fiction n’est pas terminée… Ah, les fameuses retrouvailles ! Je dois avouer que je suis sadique, car… Et bien, non, tu verras x) ! Je dois avouer que j’appréhende également la fin de la fiction et de laisser mes personnages… C’est que ça fait des années que je les accompagne, mais bon, la fin n’est pas encore pour maintenant, mystère ;) ! Je suis émue de savoir que tu la relis souvent, ça me fait plaisir… Et que me dis-tu là ! Je suis touchée de savoir que je suis l’une des raisons de ton amour pour l’écriture, ouah ! J’avoue que c’est une passion pour moi aussi, et un sacré échappatoire ! Enfin bon, pour l’instant, je me hâte de reconnaître ton avis sur la deuxième partie du chapitre, et j’avoue avoir peur de décevoir, mais je suis prête ! Enfin, je crois x). Affectueusement. Hime-Lay. JAZZ : Que d’émotion en lisant tous vos commentaires, je suis tellement attachée à cette fiction que j’en ai des larmes au bord des yeux… Merci à vous de m’avoir suivi et d’être là depuis le début, et ça se compte en années LOL ! Les grandes révélations arrivent maintenant, mais la fin va tarder… Ce chapitre est finalement en trois parties ; je crois que j’ai des difficultés à quitter mes personnages … Mdr ! Ah la massue, je dois dire que même si Ryô souffre, elle met du baume au cœur x) Savoir que tu la reliras en entière me touche beaucoup… J’ai d’ailleurs commencé à retravailler les deux premiers chapitres, et je le ferais également pour pas mal de chapitre du début, histoire de corriger mes imperfections et surtout de rendre plus logique la fiction que j’ai modulé tout le long… J’espère en attendant que la deuxième partie du chapitre te plaise aussi, et j’attends ton avis avec impatience… Avec toute ma gratitude… Hime-Lay. MERCI ÉGALEMENT À TOUS LES AUTRES LECTEURS ! ATTENTION, FINALEMENT LE CHAPITRE SERA COUPÉ EN 3 ET NON EN 2 !

 


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Chapitre 35 : Rideau !  

- Partie 2/3 -  

 

 

*** Dix-neuf ans plus tôt ***  

 

Un hélicoptère atterrit sur le toit d’un immense bâtiment de plomb. Linda observa par le hublot, ils avaient touché terre sur une île non loin du Japon. Le voyage fut silencieux, son père, Vlad Lowski, ne décrochant pas un mot sur la longueur du trajet. Il ne cessait de feuilleter son porte document, relisant encore et encore des pages blanches d’écriture griffonnées en langue portugaise. Avec un crayon à papier, il entourait les mots, les phrases importantes, soulignaient celles où ils devraient revenir, ou avoir plus d’explications, et barrés en appuyant fortement sur la mine, celles dont il réfuterait l’idée.  

 

- Papa, tu as l’air nerveux ! Demanda Linda, descendant de l’avion avant lui  

- Je ne suis pas nerveux, mais l’homme que nous allons voir demande à ce que je sois très concentré !  

 

Linda fut perturbée de voir de la crainte dans le regard de son père. Quel homme pouvait être assez puissant pour perturbé Vlad Lowski, l’un des plus grands mafieux sur toutes les listes des gouvernements à sa poursuite.  

 

- Ne t’en fais pas, s’il bouge une oreille… Linda prépara son arme à tirer. Je ne le raterais pas !  

 

Vlad s’approcha de sa fille et posa sa main sur le canon de son arme ; arme qu’il confisqua. Linda s’étonna d’une telle demande, et d’un ordre donné avec tant de sévérité ; il semblait être question de vie ou de mort.  

 

- Linda, je te demande de garder ton sang-froid face à cet homme !  

- …  

- Il peut t’abattre parce que ta simple façon de t’asseoir ne lui aura pas plu !  

 

Linda et Vlad furent accueillis par des hommes de mains. Ils fouillèrent la moindre couture de leur vêtement, souhaitant être certain qu’ils ne cachaient pas d’arme sur eux. Ils furent conduits dans une petite salle, où ils attendirent la permission de rentrer dans le bureau du convive. Après dix minutes d’attentes, ils continuèrent leur chemin dans un couloir sombre et lugubre, pour ensuite être autorisé à pénétrer dans un bureau lumineux.  

 

L’homme qui les recevait, était assis dans son fauteuil, tournant le dos, d’où une fumée épaisse et grasse dont le parfum nauséeux faisait penser au cigare cubain, se propageait dans toute la pièce. Il contemplait une vitre par balle, et ce qu’elle reflétait faisait émerger une jouissance particulière - un accent fort et prononcé se fit entendre,  

 

- Ces japonais, ils ont un goût certain pour les femmes…  

 

Linda pencha la tête, et avança son corps quelque peu vers l’avant. Elle se positionna sur la pointe des pieds, et regarda l’horizon de cet homme scabreux. Au loin, elle paraissait entrevoir des femmes presque nues défilées, et être mise aux enchères devant des yakuzas bavant le « spectacle ». Ce goût pour le trafic de femme définissait la prudence que son père lui avait demandée d’avoir ; ils mettaient le pied dans les entrailles même du diable.  

 

- Vladimir, allons, ne restez pas debout comme une pendule, et prenez place ! Dit-il, sur un ton jovial  

 

Vlad s’installa sur les chaises positionnées devant le bureau, et sa fille suivit son geste. Comme promis, elle ne disait rien, essayait d’être discrète quant à son observation, et tiendrait son tempérament furtive, hyperactive, spontanée. Néanmoins, Linda ne comptait pas omettre ses réflexes de professionnelle et elle commença à s’interroger en premier lieu sur le ton convivial de cet homme qui avait interpellait son père ; « Vladimir ». Il était rare que les hommes qui négociaient avec son père, le nomme ainsi, et ce manque de respect l’agita.  

 

- Je vais être honnête avec vous Vladimir, je ne pensais pas que vous viendriez !  

- Je vais être honnête avec vous Stanislas, je ne m’attendais pas à venir non plus !  

 

Linda eut un rictus de fierté, visiblement, son père possédait l’intelligence capable de remettre à sa place cet homme à l’allure arrogante. Vlad offrait un répondant naturel, sur le bon tempo, il manifestait une maîtrise de cet homme et de son caractère imprévisible. Elle savait son père intelligent, et il n’était pas venu parlementer avec cet homme sans aucune arme en main, et il devait posséder un argument de pointe ; indéclinable.  

 

L’homme, que son père avait nommé Stanislas se retourna enfin vers eux. Le premier regard fut pour elle, libidineux et pervers. Appréciant sa fraîcheur et sa jeunesse, il avait la capacité vicieuse de la déshabiller du regard.  

 

- Votre fille est une beauté certaine ! Combien me la vendriez-vous ?  

- Navré cher ami, mais ma fille est le meilleur de mes hommes, impossible de m’en séparer !  

- Vraiment ?! Et bien voyons ça !  

 

Stanislas claqua des doigts, et quatre hommes surgirent dans le bureau. Linda s’était levée avant même que Stanislas ne finisse de claquer des doigts, elle fit basculer sa chaise en arrière, et glissa son corps sur le sol en passant entre les jambes du premier garde. Elle se releva en un instant, par un saut des plus prestigieux, et attrapa le vase situé derrière elle pour assommer le premier assaillant à la tête avec ; il s’effondra. Le deuxième voulu l’attaquer dans le dos, mais elle se baissa, vivement, elle attrapa son avant-bras au passage, le fit pivoter et frappa avec la paume de sa main l’articulation de son coude ; il lâcha son arme et s’écroula sous la douleur. Le troisième accourut vers elle et la menaçait de son poing ; elle esquiva l’attaque et fit un croche pied à l’homme qui perdit l’équilibre et son arme au passage. Le dernier profita de son attention sur son collègue pour la viser en pleine tête, mais elle chopa soudainement un ouvre lettre coincé dans un pot à crayon, qu’elle lança dans la main du tireur.  

 

Linda s’était débarrassée de ces quatre truands, seule, sans arme, en moins d’une minute ; prodigieuse.  

 

- Je comprends pourquoi vous refusez de vous en séparer… ! Vladimir…  

- Parlons affaire maintenant, voulez-vous… !  

- La Guoanbu est dans mes pattes en ce moment, et mes affaires en Chine se ternissent quelque peu !  

- J’ai entendu dire que ce nouveau Capitaine ; Shen-Yeng ; ne laissait de répit à aucun de nos partenaires !  

- Je veux taire mes affaires pour quelques temps sur le territoire, et je dois avouer avoir trouvé du potentiel au Japon !  

- Du potentiel ?  

- J’ai entendu parler d’une nettoyeuse fortement recommandable ! Elle se fait appeler Ylia, chef d’un gang appelé Khisuru…  

 

Stanislas conta le parcours de cette femme atypique, chef de gang. Le véritable nom qu’elle portait fut Usako Masaoka, ancienne agent du gouvernement japonais, travaillant au secteur criminel et terroriste au sein de la PSIA. Un jour, elle refusa une mission au Moyen-Orient ordonnée par l’armée américaine ; elle fut renvoyée sans état d’âme. Dès lors, elle éprouva une rancune certaine envers toute forme de pouvoir, et surtout ceux venant du ministère de l’intérieur. Elle se fit une petite réputation dans le milieu, cachant son identité, et devint nettoyeuse. Le vrai, le véritable travail de nettoyeuse, à savoir, nettoyer toutes preuves suspects sur les lieux de trafics ou de règlement de compte… Et sa réputation était confortablement fondée.  

 

- Je vois que nous avons les mêmes ennemis ! Sourit Vlad, déjà séduit  

- Je veux que vous alliez au Japon pour moi, et que vous embauchiez cette femme !  

- Un jeu d’enfant !  

- Pas sûr ! Cette femme choisit ses contrats avec exigence, elle ne traite pas avec n’importe qui !  

- Est-elle entourée de beaucoup d’homme ?  

- Seulement deux !  

- Deux ? Fut surpris Vlad.  

 

Senichi et Shoda. Stanislas fut honnête, il possédait très peu d’élément sur ces deux hommes. Ils étaient visiblement orphelins, mais il ignorait comment ils étaient arrivés dans le milieu clandestin. Il tenait un restaurant dans les rues sombres de Shinjuku, et Ylia les avaient recrutés il y a peu de temps.  

 

- Elle sera difficile à convaincre, mais j’ai ici quelques arguments qui sauront la faire accepter !  

 

Stanislas tendit un dossier à Vlad, et ce dernier le lut attentivement. Il se mit à sourire de manière machiavélique, et un respect malsain se propagea dans son âme damnée. Stanislas possédait là un argument de pointe, un chantage qui ferait céder Ylia sans aucun doute. Quel génie ; il en avait froid dans le dos.  

 

- J’ai cru comprendre que vous possédiez vous aussi un argument de pointe… Demanda Stanislas, allumant un cigare.  

- J’allais y venir… Linda, sort du bureau veux-tu, et attends-moi à l’extérieur !  

 

Linda fut terriblement surprise de l’ordre de son père, et sa demande fut formelle, sans bronchement ni moyen de marchander. Elle n’était pas rassurée de laissé son père seul avec cet homme complètement déséquilibré, mais Vlad fut intransigeant, et elle dut quitter la pièce, raccompagnée par un garde.  

 

Vladimir Lowski et Stanislas Gomèz ; sûrement en train de préconiser leurs arrières.  

 

*** Aujourd’hui ***  

 

Ryô, Kaori, Marie et Kenji furent muet. Les informations devaient être mémorisées avec les sentiments de chacun. Ylia avait travaillé pour Stanislas Gomèz, par l’intermédiaire de Vlad Lowski, et ses deux hommes de mains nommés Senichi et Shoda, n’étaient autres que Serge et Stéphane. Une logique se pronostiquait toutefois ; si Linda était la mère d’Hélène, elle avait de manière cohérente rencontrée Serge dans les ténèbres.  

 

Ylia tomba son regard, elle observait ses pieds avec une honte incontestable. Être le commanditaire de Vlad Lowski et Stanislas Gomèz n’avaient rien de glorieux, la liste de leurs horreurs furent longue, large, interminable.  

 

Ryô observait Stéphane, le regard descendu vers le carrelage ; le déshonneur s’était réfugié sur ses épaules. Il était père de famille, et il fut toujours un homme bien, un homme loyal et sans discorde. Comment en était-il arrivé là ?  

 

- Quel moyen de pression avait Stanislas Gomèz sur vous ? Demanda Ryô  

 

Ylia leva le regard, et contempla de longues secondes la pluie qui s’abattait sur les carreaux de la fenêtre. La profondeur de son regard cherchait dans le méandre de son courage, de ses souvenirs, et de la douleur qu’ils infligeaient.  

 

- À cause de mon fiancé… Ou plutôt, mon ex-fiancé ; Kyosuke Ishiba…  

 

Kyosuke Ishiba, le chef de leur gang, l’ancien capitaine de la PSIA ; une révélation pleine de clarté. Ryô se souvenait que Stéphane lui avait révéler une année plus tôt que leurs deux chefs de gang se connaissaient bien, et qu’un passé commun les faisait se détester.  

 

Kyosuke Ishiba et Ylia furent de nombreuses années ensembles ; ils s’étaient rencontrés à l’âge de dix-huit ans, à l’école de police. Ils avaient grimpé les échelons ensembles, et ne s’étaient jamais quittés ; avec une express requête d’être équipier au sein de la PSIA ; ce qu’ils furent. Une alchimie et surtout une confiance aveugle l’un en l’autre les rendaient incroyable forts, et prodigieusement compétents. Ishiba avait depuis le jour où ils étaient devenus agent du gouvernement, eut l’ambition de devenir Capitaine du secteur. L’homme convoitait ce statut, ils seraient alors tous les deux assurés d’un emploi et d’une vie fastueuse.  

 

- Mais, un jour… Lors d’une mission, Ishiba a commis une grave faute professionnelle… !  

 

Une faute professionnelle dont Stanislas Gomèz connaissait tous les détails. Ylia et Ishiba étaient en mission d’espionnage, ils devaient repérer les salariés d’une grosse industrie qui fournissaient à la concurrence les dossiers d’appel d’offre. Les deux agents avaient été efficaces, et en une après-midi, ils avaient repérés les salariés infiltrés. Quittant l’entrepôt, l’un des gardiens du bâtiment prenait ses fonctions, et tomba nez à nez avec Ylia et Ishiba.  

 

- Nous étions tellement fiers, trop occupés à fanfaronner sur cette mission bien trop simple que nous n’avions pas sentie sa présence…  

 

Le gardien, ne perdant pas son sang-froid, positionna sa main sur sa poche gauche arrière. Ishiba avait cru à une attaque, il avait l’intime conviction qu’il se préparait à dégainer et à viser Ylia pour la neutraliser ; il n’en fut rien.  

 

- Le gardien voulait simplement prendre son talkie et appeler du renfort, pensant que nous étions parmi ces salariés infiltrés…  

 

Ce fut seulement lorsque l’homme se retrouva à terre avec une balle dans le genou tirée par Ishiba qu’ils se rendirent compte de l’erreur professionnelle qu’ils venaient de commettre. Le gardien fut gravement blessé, et resta handicapé suite à sa contusion. Les caméras ne donnèrent pas leur identité, et le gardien fut incapable d’identifier ses agresseurs ; Ishiba et Ylia se turent.  

 

- Il en était fini de la carrière d’Ishiba si une telle faute venait à se savoir… Il avait eu peur pour moi, paniquant à l’idée que je sois blessée… Nous avons convenu de nous taire…  

 

Et finalement, quelques années plus tard, Ishiba avait rompu avec Ylia ; elle refusant la mission du Moyen-Orient, elle ternissait leur réputation à tous les deux. Ishiba s’opposait à la suivre dans ses valeurs et ses principes - il fut nommé Capitaine peu de temps après.  

 

- Tout ça pour finir chef d’un gang clandestin quelques années plus tard…  

Ylia prononça ces dires dans une fureur et un dégoût vifs. Les regrets et les remords avaient rongé cette femme jusqu’à ce qu’elle s’aperçoive que sa dignité avait disparu sous l’affection et l’adoration du pouvoir des hommes qui l’entouraient. La porte menant vers le chemin du milieu des yakuzas fut simple à pousser.  

 

Serge n’avait pas bougé depuis le début du récit d’Ylia, impossible de savoir, de deviner ou même de pronostiquer ce qu’il pensait, ressentait. Kaori avait beaucoup de peine pour cet homme, pour tous les trois. Un tourbillon infernal de désamour n’avait fait que les pousser dans la haine et la destruction. Et pourtant, Kaori ne pouvait s’empêcher de penser à Hélène, et à toute l’affection qu’elle possédait en son âme, et qu’elle était capable de donner. Une enfant vivant dans un tel monde, entouré de démon, et être à même de pouvoir contenir autant d’affection, ne pouvait pas ne pas avoir été aimé.  

 

Marie ressassait, se questionnait encore, sa curiosité n’était pas assez rassasiée, et Kenji qui ne disait rien, immobile à regarder le bout de ses chaussures. Le récit de Shen-Yeng se bousculait dans sa tête, et une impression fraternelle ne cessait de lui répéter que le passé conté par Ylia effacerait celui de cet homme aigri. Or, alors qu’elle aurait apprécié avoir la force de poser d’autre question, elle ne pouvait s’empêcher de penser que sa petite-sœur descendait réellement d’une famille d’individus hideux, misérables, à la morale douteuse, et aux actes abominables. Irritée, épuisée, elle se leva, à bout de nerf, et hurla sa haine.  

 

- Vous êtes pitoyables !  

 

Un silence ce fit, et les yeux de chacun se portèrent sur Marie, même Kenji sortit de sa léthargie.  

 

- Vous êtes là, en train de nous déballer vos fautes comme s’il s’agissait d’une confession faite à un prêtre ! Mais vous avez été les témoins, les acteurs secondaires de procédé inhumain !  

- …  

- Vlad Lowski vendait des femmes à des porcs pour engrosser Stanislas Gomèz, vous me dégoûtez !  

- C’est faux !  

 

Ylia fit face à Marie, et fulmina contre ce mensonge. La situation fut beaucoup plus compliquée, plus complexe que ce qu’il n’y paraissait, et ce fut les yeux remplis de larme qu’Ylia défendit la cause de Vlad Lowski.  

 

- C’est sûrement difficile à croire pour vous, mais ce n’est pas du tout ce qu’il s’est passé !  

- …  

- Sur les dernières années de sa vie, Vlad Lowski fut un fumier, c’est vrai ! Mais ça n’a pas toujours était le cas !  

 

L’assemblée fut surprise de voir cette femme être la définition même de la prestance, afficher un visage soudainement furieux, dégoûté, et triste. Les ongles vernis de rouge transperçaient la peau de ses mains d’aigreur immense, et la soif de tonner la vérité ronger ses entrailles. Elle avança d’un pas de plus vers Marie, quand subitement, Serge se leva à son tour, et se plaça entre Ylia et Marie.  

 

Avec intensité, il regarda Marie à travers ses éternelles lunettes de soleil et compris de manière mystérieuse toute la rancune qu’elle pouvait éprouver. Visiblement, elle détenait une faim certaine de connaître la vérité, et malgré qu’une partie manquait à Serge, Stéphane et Ylia, il avait cœur et respect à apporter les réponses à ses interrogations.  

 

Otant ses lunettes, Marie put apercevoir que Serge avait l’œil droit atrocement blessé, et manifestement aveugle. La peau était rosée, et fripée, contenant d’incalculable cicatrice. Kenji observa l’image qui avait fait pousser un hoquet d’étonnement à son amie ; il comprit. À première vue, Serge avait subi là les méfaits d’une torture, sûrement pour le faire parler…  

 

- « C’est lorsque qu’on commence à tenir à quelqu’un que ce milieu devient dangereux ». Cita Serge  

 

 

*** Dix-neuf ans plus tôt ***  

 

- Hors de question !  

 

Ylia gronda. Linda voulait embarquer ces deux hommes, Senichi et Shoda sur une mission. Vlad avait reçu pour ordre de Stanislas, d’éliminer un ambassadeur russe travaillant au Japon. La cible fut pourtant un collaborateur de Stanislas, mais il devenait gourmand, et trop curieux ; il fallait par conséquent, l’éliminer.  

 

Depuis le début, le gang d’Ylia ne faisait que nettoyer les passages de règlement de compte ; certains yakuzas se montraient bien trop exigeant pour Stanislas ; les lieux de réunion clandestine, les soirées organisées où la police descendait grâce à des indics. Au grand jamais ils n’avaient conclu dans ce contrat signé de force, qu’à aucun moment ses hommes ne devaient être des intervenants.  

 

- Vous tremblez Ylia… Vous tremblez de peur… ! Se moqua Linda  

- Senichi et Shoda ne vous suivrons pas ! Vous ne manquez pas d’homme de main à ce que je sache !  

- Votre voix tremble et votre visage pue l’anxiété !  

- Je ne laisserai pas mes deux hommes partir !  

 

Ylia ne voulait pas en démordre, savoir que Senichi et Shoda pouvaient être les comparses d’un assassinat sur un ambassadeur ; quelle horreur. Linda se trouvait toutefois encore plus têtue qu’elle, et elle comptait bien emmener ces deux hommes habiles sur son lieu d’exécution. L’argument pour faire céder Ylia fut toujours et constamment le même ; la dénonciation de la faute professionnelle de son ex-fiancé. Et les jours où elle devenait extrêmement obstinée, ils menaçaient également de la dénoncer à la PSIA sur ses activités clandestines. Malheureusement pour l’impatience de Linda, ce soir rien n’y faisait, et plus aucunes menaces ne faisaient chuter Ylia. Linda devait procéder autrement.  

 

- Vous tenez à eux… Ricana-t-elle  

- …  

- Vous êtes attachée à ces deux orphelins à la gueule d’ange ! C’est pathétique !  

- Peut-être ! Mais c’est grâce à ça que je suis encore en vie, que je suis celle que je suis, tandis que vous…  

- …  

- Vous mourrez sans manquer à personne !  

 

Linda fut écorchée vive par les propos d’Ylia, et sans savoir pourquoi, elle qui d’ordinaire possédait la plus solide des armures contre les sentiments ; elle fut brisée intérieurement. La sincérité, la sensibilité, et la force de son affection pour ses deux hommes apparaissait si fort dans son regard que Linda avait l’impression qu’une balle se logeait dans sa poitrine.  

 

Senichi vit Linda trembler, s’agacer, serrer son arme fermement, et rien, absolument rien ne l’empêcherait de tirer, et de la tuer…  

 

- Inutile de s’énerver ! Intervenu Serge, se positionnant devant Linda  

- …  

- J’ai néanmoins une condition !  

- Une condition ? Vraiment ? Se moqua Linda, à bout de nerf  

- Shoda restera ici, je suffirais largement !  

- Quoi ?  

 

Shoda fut indigné, il n’était pas question qu’il laisse son ami seul avec cette tueuse complètement hors de contrôle, sur une mission aussi périlleuse. Il contesta, parlementa et énuméra bon nombre d’argument qui allait contre cette « condition ».  

 

- Tu seras un fardeau pour nous ! Tu es lent, chétif, et tu n’es pas un très bon tireur ! Répondit Senichi, sur un ton autoritaire et dédaigneux.  

 

Shoda n’en revenait pas. Senichi pensait-il vraiment tout ce qu’il venait de dire ? Pourquoi faire équipe avec lui dans ce cas ? Pour quelle raison était-il encore son partenaire ?  

 

- Je… !  

- Linda, allons-y !  

 

Linda et Senichi partirent tous les deux vers l’ambassade, sans plus de mot ni de geste. Dans la voiture, que conduisait Senichi, Linda fut particulièrement silencieuse, elle qui d’habitude répertoriait les ordres, ce soir, elle décidait de devenir muette. Ce n’était pas pour lui déplaire, il ne serait pas influencer par ses consignes, et pourrait agir en conséquence. Tuer un ambassadeur russe au Japon ; Stanislas voulait-il la guerre ?  

 

La voiture se stationna bien avant l’ambassade. Ce soir, la légation recevait des diplomates russes et une longue soirée festive attendaient les invités. Ils allaient être délicats de s’approcher de l’ambassadeur sans être vus. Des gardes armés jusqu’aux dents surveillaient tout le périmètre et à l’intérieur, la sentinelle devait être encore plus importante.  

 

- Qu’est-ce qu’on fait ? Demanda Senichi  

- Enfile ça !  

 

Senichi reçu au visage un costume, et pas des moindre, ce fut une chemise, un pantalon et une veste d’un couturier de luxe. Et pendant qu’il avait observé le pourtour de l’ambassade, Linda s’était vêtue d’une robe cocktail rouge absolument divine. Stanislas possédait par l’intermédiaire d’un espion de sa bande, deux cartes d’invitation au nom d’un couple qui travaillaient pour l’ambassade de Russie, mais en France. N’ayant pu se déplacer pour cause d’avoir raté leur avion : emprunter leur identité serait une couverture parfaite pour s’infiltrer.  

 

Senichi fut impressionné. Il n’appréciait pas ce sentiment, mais il avouait que ce Stanislas Gomèz avait le bras long, très long, après la Russie, son pays d’origine, et le Japon, la France ; l’Europe. Le pouvoir de cet homme demeuré immense, et le pire restait probablement à découvrir.  

 

- Viens !  

 

Linda et Senichi partirent en direction de l’entrée de l’ambassade, bras-dessus, bras-dessous. Le vigile fut plutôt étonné de voir ce couple de haut rang arrivés à pied, mais Linda enrôlé de son charme fatal, plaisanta avec le gardien, et les laissa passer sans difficulté. Une fois à l’intérieur, ils se glissèrent parmi les invités, et restèrent au buffet dans la grande salle de réception.  

 

Examiner la pièce où ils resteraient toute la soirée fut primordial. Linda avait l’idée d’abattre l’ambassadeur pendant son discours. Un balcon au deuxième étage permettait sans difficulté de l’atteindre. Mais il fallait avoir le temps de fuir les gardiens après le tir, et l’agencement de la salle principale ne leur donnait pas l’avantage à en croire son mécontentement.  

 

- Revenons un autre jour… Proposa Senichi  

- Un autre jour n’existe pas ! Répondit Linda  

- …  

- Si on ne tue pas l’ambassadeur ce soir, c’est nous qu’on observera comme des rats de laboratoire pour être abattus !  

- Et bien, quel exigeant ce Stanislas Gomèz !  

- Évite de prononcer son nom à voix haute idiot !  

Pour la première fois, Senichi lut de la panique dans le regard de Linda. Le « patron » la faisait trembler de tous ses membres ce soir, et la mission pour laquelle elle avait été embauchée fut sûrement la plus délicate… Linda devait avoir de sacré doute sur ses compétences pour avoir demandé le renfort de Senichi et Shoda, à moins qu’une autre pensée la terrorise.  

 

- Ylia a eu tort visiblement…  

- Qu’est-ce que tu marmonnes ?!  

- Regarde, derrière le pupitre, sur la scène, il y a une trappe… On pourrait l’abattre de là…  

 

Linda fut étonnée que Senichi propose une telle solution, elle qui pensait qu’il ferait tout pour la ralentir et lui rendre la tâche difficile ; voilà qu’il donnait là la parfaite solution à leur problème.  

 

À la première seconde où l’ordonnateur de la soirée convia les invités à se réunir autour de la scène, Linda et Senichi en profitèrent pour se faufiler, et se dirigèrent vers l’une des portes où sortaient les serveurs. La trappe derrière le pupitre de la scène fut une bonne idée de la part de Senichi, mais fallait-il encore savoir comment s’y rendre. Et leur intuition de professionnel leur indiqua qu’elle devait se trouver dans les cuisines ; toujours facile et efficace de s’enfuir dans cet endroit, les portes de derrière menaient systématiquement à une sortie stratégique.  

 

Leur flair ne s’était pas trompé. Un commis sortant dehors pour jeter les poubelles fit découvrir l’entrée de la trappe, situé dehors à côté des imposants vide-ordure. La facilité tendait ses bras, et Linda trouvait suspect qu’il n’eut pas le moindre gardien dans les cuisines ; est-ce qu’ils attendaient docilement dans les couloirs de cette étroite cachette.  

 

Senichi, sans s’y attendre, sentit les deux bras de Linda entourer ses hanches et déposa un baiser dans son cou. La méthode laissait entendre par la jeune femme, voulait qu’ils se fassent passer pour un couple fiévreux, souhaitant quitter cette salle bondée de monde et s’émoustiller à l’abri des regards.  

 

Traversant la cuisine comme des amoureux transis, non sans faire mousser quelques hommes envieux au passage, une fois la porte fermée, Linda lâcha Senichi comme un moins que rien, et essuya ses lèvres. Fébrilement, mais encore concentrée, elle dégaina son arme, et ouvrit la trappe avec son talon ; « RAS ».  

 

- Ils doivent être engouffrés dans chaque parcelle de couloir ! Présenta Linda  

- Probablement !  

- Tu vas passer devant ! Dit-elle, pointant son arme vers lui  

- Inutile d’être menaçante… Je ne comptais pas te laisser passer la première…  

- J’ai horreur de la courtoisie, ça cache constamment une défaveur !  

 

Senichi restait invariablement désorienté face à la froideur de Linda. Le regard qu’elle posait, les mots qu’elle crachait, les gestes ferme qu’elle exécutait, absolument tout en cette femme était impassible. Pire qu’un hiver rude, son âme devait avoir le reflet d’une machine télécommandée par les frasques de son existence. Qu’avait-elle vécue de plus noir que l’enfer pour être à ce niveau d’insensibilité ?  

 

Senichi passa devant Linda ; il s’arma de son colt, et s’engouffra dans l’entrée étriquée. Atterrissant un genou à terre et l’autre plié, il dirigea son arme vers l’avant, prêt à tirer, mais le calme fut son seul convive. Linda se glissa immédiatement derrière lui, n’ayant entendu aucun coup de feu. Avançant avec prudence, une balle vint soudainement effleurer la joue de Senichi et le bal commença. Des assaillants par vingtaine leur foncèrent dessus, une vraie mutinerie. Progressivement, sous une vague de balle échangée, ils avançaient vers le second accès de la trappe, celui qui donnait sur la scène. Alors que le calme se faisait, Senichi, se tournant vers Linda pour vérifier qu’elle n’était pas blessée, vit avec horreur des hommes venir les attaquer dans le dos. À son regard, Linda se retourna vivement, et s’apprêtait à tirer sur le premier assaillant, lorsqu’elle remarqua qu'aucune balle ne sortait du barillet. Elle était à court de munition.  

 

- À terre !  

 

Senichi sauta sur Linda et se coucha sur elle, pendant qu’il essayait de neutraliser les ennemis. Mais ils étaient bien trop nombreux, et il fut touché grièvement à l’épaule.  

 

- Non !  

 

Sans pouvoir l’expliquer, Linda hurla sa crainte à la vue de Senichi qui grinçait sa douleur. Par une force surhumaine, et sous les yeux bleus ébahit de Senichi, elle se releva et courut à toute vitesse vers l’ordure qui venait de blesser l’un de ses hommes. Faisant subir un violent coup de genou dans sa mâchoire, l’ennemi engourdi, se laissa manipuler docilement comme une marionnette par Linda. Elle prit l’arme avec laquelle il avait osé tirer sur eux, et se servit du corps de l’adversaire comme bouclier pour avancer vers ses confrères, et les éliminer tous un à un.  

 

Une mare de sang, sous la fureur et la colère de Linda. Elle revint sur ses pas, et alors que Senichi tremblait pour la première fois devant une femme, il sentit son bras indemne être posé autour de son cou. Linda traîna Senichi jusqu’à l’entrée de la trappe. Elle le fit s’asseoir, et commença à regarder sa plaie. Il souffrait, la balle était coincée dans ses muscles jusqu’à l’ouverture de la peau, vive. Senichi serrait les dents, et laissa Linda pratiquer quelques soins.  

 

- Pourquoi tu me sauves ? Demanda Senichi, presque moqueur  

- Et toi, pourquoi tu m’as sauvé ? S’énerva Linda  

- Parce que… Parce que je ne suis pas un assassin… Rit-il, avec difficulté  

 

Linda s’assit en face de Senichi et le regarda, comme un visiteur regarde de manière bête et curieuse une œuvre d’art, posée là, sans bouger, dont la seule humeur attendue et la fascination. Elle ne comprenait pas… Que faisait-il dans le milieu s’il n’était pas un criminel, s’il ne souhaitait pas imposer sa force et son nom.  

 

- J’avoue ne pas te suivre… Que fais-tu dans ce monde rempli de haine et de sang, si tu n’es pas un assassin ? Demanda Linda  

- Shoda et moi, sommes orphelins… Nous nous sommes rencontrés dans une maison où une vielle femme recueillait des enfants de yakusas…  

- …  

- Leurs parents étaient morts, ou les avaient abandonnés…  

- …  

- Je crois que… C’est dans notre sang, dans notre génétique… Nous avons souhaité comprendre d’où nous venions, mais ne pas devenir des criminels pour autant !  

- Les yakusas gentils et les criminels possédant une conscience, ça n’existe pas !  

 

Senichi ricana, il avouait que Linda avait raison, nuls yakuzas ne détenaient une âme charitable, et encore moins de scrupule. Il ne saurait comment expliquer son sentiment à Linda, seulement, il fut persuadé qu’on pouvait être un homme respectable de différentes façons dans ce monde clandestin.  

 

- Pourquoi tu n’as pas voulu que Shoda vienne avec nous ? Questionna-t-elle, agacée  

- Pour les mêmes raisons qui font que tu ne laisseras jamais Vlad Lowski faire la sale besogne !  

 

Linda chopa d’une vitesse inexplicable l’arme de Senichi qu’il avait dans sa poche, et posa le canon froid sur son front.  

 

- Ton père est un sujet sensible ! Railla-t-il  

- Je tuerais quiconque touchera un seul cheveu de mon père !  

- Je suis étonné…  

- Quoi ? Qu’est-ce qui te rend si soudainement arrogant ?! S’impatienta Linda  

- Je suis étonné que tu connaisses au moins un sentiment humain…  

- Ferme-là !  

- La famille… C’est important pour toi !  

 

Linda frappa le menton de Senichi avec la crosse de son arme, et le laissa cracher son sang en se relevant pour lui tourner le dos. Elle se mit à respirer fort, à faire gonfler son thorax, inspirant et expirant bruyamment ; elle se retenait de pleurer…  

 

- Vlad Lowski n’est pas mon vrai père…  

- Mh ?  

- Il est venu me chercher le dix juin à sept heures vingt-trois du matin…  

- …  

- La Chendaofei, tu connais ?  

- Non…  

- C’est un camp d’entraînement militaire pour enfant situé dans les terres pauvres de Taïwan !  

- Un camp militaire…  

- La mort, la solitude, l’odeur du fer, le vide… Vlad Lowski est venue me sauver d’une vie encore pire que la mort…  

 

Une larme s’échappa du visage de Linda, et rien ne prédestinait qu’elle puisse craquer devant lui, alors qu’il était son prisonnier, et qu’il allait connaître l’une de ses faiblesses. Linda avait de la reconnaissance pour son père adoptif. L’avenir qui l’attendait avec Vlad Lowski ne semblait guère plus pur qu’à la Chendaofei, mais Senichi devinait qu’au fond de la noirceur de l’âme de Linda, se trouvait le plaisir narcissique de manquer à une personne si elle venait à disparaître…  

 

- L’homme n’est pas fait pour mourir seul… Souffla Senichi  

- Sans doute… Dit-elle, d’une voix calme.  

 

Linda reprit ses esprits, et il était temps de se concentrer sur la mission ; abattre l’ambassadeur de Russie. Sous l’ébahissement de Senichi, Linda indiqua qu’après le tir, ils auraient une minute et quarante-deux secondes pour s’enfuir sans encombre. Elle était toujours très précise, tout fut chronométré chez elle, du moindre mot au moindre acte ; elle désirait perpétuellement savoir où elle se dirigeait.  

 

Néanmoins, Senichi n’était pas favorable malgré cet échange sincère à l’idée de tuer cet ambassadeur. Une grave crise diplomatique arriverait après un tel drame. Il ne pouvait laisser faire ça, mais comment convaincre Linda de ne pas aboutir à sa mission ?  

 

- Linda…  

- Quoi encore ?  

 

Senichi se releva, et fit face à Linda. Il dégoulinait de sueur, et commençait à respirer difficilement, la douleur fut ardente, mais ce fut avec une certaine fierté qu’il avait deviné comment neutraliser sa virulente partenaire d’un soir.  

 

- Je ne comprends pas… Comment un père qui aime à ce point sa fille, peut-il la laisser faire un travail de tueuse aussi amoral… ?  

 

Linda reçu comme un coup de poing dans le ventre, et ce fut le cas. Muni d’une rapidité qui laissa envieuse la jeune femme, elle s’écroula sous un sourire de victorieuse défaite en gardant l’ombre du coup donné par le jeune homme. Senichi l’allongea – inutile de lui dérober son arme, elle était vide, et lui ne possédait plus que deux balles, il allait devoir les utiliser intelligemment.  

 

Senichi régla sa montre, au moment même où l’ambassadeur commencerait son discours, les une minute et quarante-deux secondes que Linda avait calculées pour s’échapper sans difficulté commenceraient à s’écouler…  

 

Soulevant la trappe à l’heure où le discours devait être prononcé, Senichi utilisa sa première balle en visant le boîtier électrique qui générer la lumière de la scène. Une fois dans la pénombre, il tira sa seconde balle dans la cheville de l’ambassadeur, et tira son corps dans le tunnel pour l’évacuer ; ce grand gaillard, déjà évanoui sous la douleur. La tâche serait difficile, cet homme pesait dans les quatre-vingt-dix kilos, et avec son épaule blessée… Qu’importe ! Ce n’était pas le moment de douter, et il puisa dans son instinct de survie, pour tenir bon, et finir sa mission.  

 

Cependant, son état physique ne lui permettait pas de porter deux corps, et ce fut avec une mystérieuse pointe au cœur qu’il s’enfuit dans le temps prévu en laissant Linda derrière lui…  

 

Arrivé à la voiture, il fit glisser le corps de l’ambassadeur sur les banquettes arrière et referma rapidement la portière. Tandis qu’il s’apprêtait à démarrer la voiture, la douleur de la balle faisant son nid dans sa chaire le lança. Et pendant qu’il gémissait, trois hommes, des gardiens de l’ambassade arrivèrent, arme à la main, devant son véhicule.  

 

Senichi sourit, sous les traits tirés de son mal, il trouvait dommage de mourir ici, de cette façon, mais il fallait bien que ce jour arrive…  

 

- Qu’il en soit ainsi…  

 

Tandis qu’il se préparait à être présenté au diable aux portes de l’enfer, il entendit trois coups de feu être tirés, et les hommes prêts à voler sa vie se faire enlever la sienne. Et devant ces corps qui tombaient à terre, l’auteur, son sauveur apparut ;  

 

- Shoda…  

 

Shoda accourut sans attendre vers Senichi, et le poussa pour prendre le volant.  

 

- Je suis un mauvais tireur hein ?! Ironisa Shoda  

- Tu es un inconscient, un fou, stupide !  

- Tu vas la fermer !  

- Et un ami bien trop digne pour un homme comme moi…  

 

Shoda était un peu moins âgé que Senichi, et il l’avait toujours vu, considéré comme un petit frère. Shoda demeurait un jeune homme bien trop sage, gentil, attentionné pour rester dans un monde de noirceur. Seulement, il semblait impossible pour Shoda de l’abandonner. Ils avaient tout vécus ensemble, l’abandon, le vice, la colère, et la mort ne ferait pas exception.  

 

- Eh, mais où vas-tu ?!  

 

Sans prévenir, Senichi avait quitté le véhicule, alors qu’autour de l’ambassade, le mouvement devenait encore plus dense. Une décharge électrique avait piqué son cœur, et alors qu’il pensait au sentiment fraternel qu’il avait pour Shoda, il pensa instinctivement au sentiment patriarcal qu’éprouvaient Vlad Lowski et Linda Lowski.  

 

- Conduit l’ambassadeur au repère, et surtout veille à ce qu’il reste en vie, tu entends !  

- Où est-ce que tu vas ?!  

- J’ai laissé Linda…  

- Et alors ?! Une pourriture de moins ne fera pas de mal à ce monde !  

- Une vie est une vie Shoda…  

 

Senichi claqua la portière et puisa dans ses ultimes forces pour se diriger vers le bataillon et espérer revenir vivant, à deux.  

 

- Eh !  

 

Shoda lança une arme à Senichi, et eut un sourire narquois, moqueur,  

 

- Un homme qui commence à partir sur le terrain sans penser à prendre une arme… Voilà bien ton pire ennemi, Senichi…  

- Casse-toi petit con !  

 

Senichi attendit que Shoda soit assez loin pour partir vers son objectif. Rassuré qu’il soit à une certaine distance avec l’ambassadeur, il dut faire preuve de beaucoup de concentration pour élaborer un plan de sauvetage.  

 

- C’est moi que tu vas chercher…  

 

Senichi eut un sursaut, et fut abasourdi d’apercevoir Linda, saine et sauve, avec quelques petites égratignures, sans rien de grave. Cette femme était surhumaine. Sans arme, seule, et à moitié assommée, elle avait réussi à s’échapper et à le retrouver. Il ignorait ce que l’on apprenait dans cette école militaire pour enfant, mais censément bien plus que la survie ; la rémission.  

 

Empruntant la voiture avec laquelle Shoda s’était rendue à l’ambassade, les deux nettoyeurs revenus au restaurant, leur repère. Senichi fut stupéfait car Linda avait été calme et silencieuse tout le voyage, encore. Elle n’avait posé aucune question quant au sort de l’ambassadeur.  

 

Une fois arrivé, toutefois, ce fut une autre mélodie.  

 

Vlad Lowski était furieux. Ylia était en train de bâillonner sur une chaise l’ambassadeur, en attendant les consignes de Senichi. Avant ça, elle avait demandé à ce que Senichi et aussi Linda soient soignés.  

 

- Les consignes sont simples, il faut l’abattre ! S’agaça le russe  

- Avez-vous conscience de l’impact catastrophique qu’impliquerait l’assassinat d’un ambassadeur russe au Japon ! S’injuria Ylia  

- Je m’en moque ! Si Stanislas apprend que nous avons échoué face à sa demande, c’est bien pire qu’un complot diplomatique qui nous attend !  

 

Senichi observait Vlad Lowski, et la peur qui se lisait dans son regard n’était pas définit par la peur même de mourir… La peur dans ses yeux bleus, traduisait la quiétude d’un père qui attend que sa fille rentre le soir alors qu’elle est sortie tard pour la première fois… Allait-elle revenir ? Stanislas avait trouvé le parfait moyen de pression sur lui ; au cas où les missions données échoueraient, c’était son exécutrice, sa fille, la première qui en pâtissait.  

 

Senichi ignorait pourquoi Vlad Lowski travaillait pour un tel homme au risque de perdre sa fille, mais peut-être lui aussi possédait-il un moyen de pression ?  

 

- Qu’est-ce que vous avez comme informations sur Stanislas Gomèz qui le met mal à l’aise au point de vouloir votre mort ? Demanda Senichi, à l’attention de l’ambassadeur.  

- …  

- Tu ferais mieux de répondre à la question ! Menaça Linda, posant le canon de son arme sur sa tempe.  

 

L’ambassadeur suait à grosse goutte, et à l’entente du nom de Stanislas Gomèz, il se mit à trembler à devenir aussi pâle que la neige. À en croire sa réaction, il tenait lui aussi un moyen de pression plutôt conséquent sur la conscience du grand patron.  

 

- J’ai prêté ma villa de Russie à Stanislas pour qu’il fasse des affaires sans soupçons avec des avocats véreux travaillant avec certains ministres du pays…  

- …  

- Au début, il avait confiance en mon silence, mais des rumeurs ont commencé à circuler et il a cru que les fuites venaient de moi…  

- D’où viennent-elles ? Continua Senichi  

- Je n’en sais rien… Stanislas est tellement un homme exigeant et sans scrupule que négocier et marchander avec lui est presque impossible !  

- Quoi qu’il en soit, c’est vous qu’il a dans le collimateur ! Continua Ylia  

- Il a commencé à me menacer, mais je lui ai dit que s’il tentait quoi que ce soit, je le balancerais aux autorités russes ! J’ai des caméras de surveillance chez moi, et j’ai nombreuses de ses réunions enregistrées sur cassette !  

 

La naïveté de l’ambassadeur, et surtout sa lâcheté donna rapidement la solution à Senichi. En contrepartie d’une grosse somme d’argent, l’ambassadeur s’engageait à donner toutes ses vidéos et à quitter la partie de ce continent, et à ne plus jamais revenir.  

 

- Vous plaisantez ! Où vais-je aller ?  

- Avec trois millions, vous aurez une retraite paisible, cher ami ! Élevé des vaches dans une ferme au Texas, ça a l’air sympa ! Non ? Menaça Ylia  

Et ce fut ce qu’il fit. Le lendemain, à la tombée de la nuit, Vlad Lowski se rendit dans le repère de Stanislas Gomèz, et apporta dans une valise, les vidéos compromettantes. Le grand patron fut enchanté, mais pas complètement satisfait. Dans les journaux, on lissait que l’ambassadeur de Russie au Japon, avait mystérieusement disparu après une attaque terroriste. Les Yakuzas furent bien évidemment soupçonnés, mais aucune trace ni preuve ne put être suffisant concrètes et présentes pour faire ouvrir une enquête ; les nettoyeurs Senichi et Shoda avaient veillé à ce que rien ne puisse tracer quoi que ce soit de cette soirée.  

 

- J’avais demandé à ce qu’il soit tué… Vladimir…  

- Je peux vous assurez que cet homme ne vous causera plus de tort… !  

- Ce n’est pas ce que j’ai demandé… !  

- Ne tournez pas autour du pot Stanislas, et dite-moi ce que vous voulez ?!  

- Je ne sais pas… Un doigt, ou un orteil de votre fille apporté dans une valise bien fraîche !  

 

Stanislas ricana, et ouvrit l’une de ses innombrables boîtes à cigare pour en consumer un. Le spectacle qui allait s’offrir à lui ne pourrait se savourer sans son délectable plaisir favori. Et ce fut un Vlad Lowski qui sans vibrer et sans vaciller, posa une main sur le bureau de marbre du démon, et attrapa un coupe lettre d’une poignée ferme, s’apprêtant à sacrifier son index gauche.  

 

La lame fut prête à trancher la phalange, lorsqu’il sentit l’arme blanche lui être dépossédée par l’impact d’une balle de petit calibre. L’un des hommes de main de Stanislas avait reçu l’ordre de tirer. L’imposant maître éclata de rire, tellement qu’il dû se tenir le ventre. Pivotant sa chaise pour tourner le dos à Vlad Lowski, il lui somma de quitter son bureau et d’attendre de futur mission de sa part.  

 

Néanmoins, Stanislas ne saurait laisser partir Vlad Lowski sans être blessé et avoir payé pour sa désobéissance. Et ce sort fut pire qu’un doigt coupé, plus douloureux que sentir une partie de votre corps se détacher, le châtiment n’avait pas de mot, pas de qualificatif.  

 

- Vous tenez à elle à ce point… Intéressant…  

 

Vlad Lowski fut paralysé. Stanislas avait la capacité mortuaire de vous faire mal psychologiquement, de vous tenir par l’esprit. Linda serait sa damnation…  

 

Au repère, un calme régnait. Ylia faisait les comptes du restaurant, quant à Shoda, il lisait tranquillement dans sa chambre. Linda attendait à la fenêtre que son père rentre, mais elle s’était faite à l’idée de ne pas le voir réapparaître avant demain matin. Soucieuse, elle partit rejoindre Senichi qui lui aussi, s’était réfugié dans sa chambre.  

 

Assis sur le bord du lit, il s’efforçait de changer son bandage à son épaule. Les dents du jeune homme se croissaient sous la douleur, la plaie fut fraîche, et la guérison serait longue et lancinante…  

 

- Tu veux que je le fasse ?  

 

Senichi pensait rêver ; Linda proposait son aide, quelle ironie. Depuis ce fameux soir, cet échange à nu et ce revirement qu’ils avaient fait en cohésion, les esprits avaient quelque peu changé. Ils avaient compris qu’ils étaient tous sous l’emprise de Stanislas Gomèz, ou pas la moindre erreur ne serait permise. Malgré ça, malgré la prison de fer, ils pouvaient compter les uns sur les autres, et se forger une armure, un bouclier, en restant unis.  

 

Linda s’assit aux côtés de Senichi, et s’occupa de sa plaie avec rigueur et bienfait. Concentrée, elle prenait un certain plaisir à pouvoir payer sa dette. Il avait été blessé par sa faute… Au début, elle en fut meurtri, pas de le voir à terre, mais d’avoir commis une erreur. Elle ne se l’était jamais permise ! Et là, il avait fallu d’un instant de brève liberté de ses sentiments pour qu’elle cède ; faiblesse.  

 

- Dis ! Pourquoi es-tu revenu me chercher ? Demanda Linda, intimidée  

- Tu n’as pas eu besoin de moi visiblement ! Sourit-il, un peu moqueur  

- Encore une fois tu détournes ta réponse !  

- À vrai dire, je n’ai pas vraiment de réponse à cette question ?  

- Pourquoi ? Parce-que tu regrettes ?  

- Non… C’est juste comme ça… Je ne m’imaginais pas partir sans toi, ou plutôt revenir sans toi…  

- Mon père t’aurait sûrement tué, sans contexte ! C’est ce qui t’a fait peur ?  

- Non, je n’ai pas eu peur de ce que comptait faire ton père de moi, mais de ce qu’il allait ressentir !  

 

Linda ne comprenait pas, elle ne saisissait pas ses propos. Que voulait-il dire ? Que voulait-il vraiment faire ? Quels étaient ses sentiments ? Senichi était un homme complexe, tantôt froid, tantôt juste, il était en perpétuel combat avec lui-même. Il réagissait et agissait en fonction du moment, c’était un homme de l’instant.  

 

Linda n’avait pas grandi dans le confort de l’altruisme, de l’humanisme, elle ne savait pas ce qu’était aimer. Senichi était persuadé que son père et elle éprouvé un sentiment familial. Linda avait toujours compris qu’elle se devait à lui car il lui avait sauvé la vie en quelque sorte. Elle payait sa dette… Comme elle pensait payer sa dette à Senichi en le soignant.  

 

- Je ne suis vraiment pas celle que tu imagines ! S’écria-t-elle, se levant  

- Ah non ?  

 

Senichi se leva et se positionna face à Linda. L’eau de ses yeux se plongea dans la nature verdoyante de son regard. Une mélodie jouait dans la tête de Senichi, des papillons s’entremêlaient autour de son estomac, une subite envie de sourire bêtement étirait le coin de ses lèvres, et une excitation certaine s’empara de son corps tout entier.  

 

Avant même qu’il n’ait eu le temps de découvrir ces nouvelles sensations, les lèvres de Linda avait capturé les siennes, et il se retrouvait allongé sur le lit, prisonnier de sa fougue. La fièvre le gâtait, et ses mains qui gambadaient sur son torse le firent déjanter. Quelle était la date et l’heure exact, jamais il n’aurait su répondre, le temps avait accordé un répit à ce tourment que fut leur vie. Pactisait-il avec le diable ? Ou découvrait-il l’évolution d’un démon en ange ?  

 

Comme le savoir ? Senichi était perdu…  

 

Et au fur et à mesure qu’il l’embrassait et que son cœur explosait, les mots de Shoda lui revenaient en tête ; « tu as trouvé ton pire ennemi » ; en effet, il avait trouvé un ennemi redoutable ;  

 

Senichi avait trouvé l’amour.  

 

*** Aujourd’hui ***  

 

À partir de ce jour, Ylia, Senichi, Shoda et Linda exécutèrent les missions de Stanislas Gomèz en s’efforçant d’avoir le moins de sacrifiés possibles. La réputation dans le milieu fut forgée ainsi, et le gang Khisuru respecté et craint par bons nombres de mafieux et yakuzas… Le nettoyage du passé ne baignait plus dans le sang. Vlad et Linda virent leur âme s’apaiser dans une certaine mesure, et ils formaient tous un gang où chaque membre fut de confiance et un allié précieux. Ce fut à cette époque qu’ils rencontrèrent le père de Marie, et qu’ils l’épargnèrent…  

 

- Je crois que Linda a été touchée par la détermination qu’avait votre père à vouloir vous sauver…  

- …  

- J’imagine que c’est la raison pour laquelle elle a souhaité lui confier Hélène…  

 

Marie se retourna et retenu un hoquet de larme. Les souvenirs d’enfance qu’elle avait avec son père furent si chauds et heureux. Elle se souvenait de ses absences et de ses déménagements incessants, mais toujours d’un père aimant… Et ce père s’était envolé dès l’instant où Hélène était rentrée dans leur vie... Un sentiment de haine et de mépris s’était alors développé en elle, comme étant le coupable de cette exécution du passé qui ne reviendrait jamais.  

 

- Linda est rapidement tombée enceinte…  

 

Serge se devait d’être honnête, avoir un enfant, dans ce monde, dans le monde qu’avait décidé pour eux Stanislas Gomèz, ne fut pas un désir premier. Linda s’était rendue compte de sa grossesse au bout de trois mois et demi, bien trop prise par les missions plus périlleuses les unes que les autres pour s’en apercevoir bien avant. C’était trop tard pour renoncer à cet enfant.  

 

- Renoncer ?! Fut dégoûtée Marie, se retournant, le visage empli de larme  

- Connaissez-vous beaucoup de parent heureux dans le milieu ?! Et surtout connaissez-vous beaucoup d’enfant avec une vie normale… Demanda Serge, sur un ton autoritaire  

- Et alors ? C’est comme ça que vous voyez votre fille ? Comme un accident ?  

- J’aurai préféré qu’elle ne vienne jamais au monde, oui…  

 

Hélène reçu comme un poignard dans le cœur. Serge n’avait donc jamais eu d’estime pour elle, et elle comprenait avoir été un fardeau pour lui et sa mère. Pourtant, lorsqu’elle avait travaillé avec lui, il s’était trouvé si affectueux et attentionné. Finalement, ce n’était pas une enfant désirée, et sans sa venue au monde, bien des vies auraient eu un avenir plus certain, plus heureux…  

 

- Vous êtes une ordure… ! Cracha Marie. Vous !  

 

Marie fut interrompue par Kenji qui daignait enfin réagir. Posant une main sur son épaule, il essayait encore une fois de calmer les tensions de sa meilleure amie. Un désaccord se glissa dans leur échange de regard, comme si Kenji comprenait les dires de Serge. Marie se détacha de son emprise et repartit s’asseoir auprès de Ryô et Kaori. Est-ce qu’en tant que père il osait penser qu’avoir eu Quentin fut aussi un accident malheureux qu’il regrette ?  

 

Quelques semaines avant son accouchement, Linda fut demandé par Stanislas Gomèz sur une nouvelle mission ; sa grossesse étant restée secrète auprès de l’homme. En elle-même, la mission n’était pas périlleuse, Linda devait simplement escorter un groupe de policiers ripoux dans l’une de ses salles de jeu clandestin à une cargaison de drogue. Mais une femme enceinte, crainte et respectée du milieu, apparaissant avec un ventre bien plus qu’arrondi, sa vie serait menacée et son point faible décelé.  

 

Ylia eut alors l’idée d’embaucher une jeune femme yakuza du milieu pour faire ce job à sa place ; mauvais plan. La jeune femme qu’elle avait recrutée était la petite-amie d’un yakuza avec lequel ils avaient des comptes à régler. Lors de l’échange de marchandise, elle avait avec sa bande, assassinée les policiers et volée la cargaison de drogue.  

 

Le drame remonta jusqu’aux oreilles de Stanislas Gomèz et il fut furieux. Il ordonna à Vladimir de s’entretenir avec sa fille, et qu’elle subirait les châtiments en convenus de sa faute impardonnable. Vladimir paniqua, et demanda rapidement conseil auprès d’Ylia, Stanislas était prêt à se déplacer en personne si elle ne venait pas à lui. Une seule solution apparaissait ; la fuite. Linda était déjà trop connu des services de la PSIA, de la police, et avec les agissements impulsifs de Stanislas Gomèz, qui sait ce qu’il serait capable de faire…  

 

Linda ne voulait pas fuir, hors de question de rentrer dans le jeu diabolique de Stanislas, mais le désir de son père et de Serge se montra sans appel ; ils préféraient la savoir loin d’eux, plutôt que de recevoir un bras, une jambe avec les compliments de Stanislas Gomèz dans un colis.  

La destination choisit fut Jiangxi, une terre très pauvre de Chine, où quiconque ne songerait à aller la rechercher. Linda fut anxieuse, se rendre dans un pays totalement étranger, dans une contrée où elle n’aurait aucune connaissance, à se retrouver à élever seule un enfant non désiré, sans aucune fibre maternelle ; ce fut pire que de partir sur le terrain affronté des mafieux assoiffés de vengeance.  

 

L’itinéraire serait rude, et un bon nombre de démarche clandestine ; papier d’identité, passeport, s’étaient faite de manière rapide, avec des moyens modérément honnêtes. À l’aéroport, Serge et Vlad avaient repéré des hommes au comportement douteux et à l’allure suspecte : il fallait rapidement que Linda embarque…  

 

Linda et Vladimir s’échangèrent des mots en russe, que Serge ne comprit pas, mais aucune accolade, aucun sentiment ne traversèrent un moment de tendresse ; était-ce voulu par précaution, ou simplement de la pudeur, il n’aurait su répondre. Ce fut plus affectueux avec Serge ; ils se prirent dans les bras et s’embrassèrent une dernière fois…  

 

Serge avait laissé filer son pire ennemi avec une douleur vive et inconsolable.  

 

Après être certain que Linda fut bien embarquée, et que l’avion n’avait pas manqué de décoller sans elle, Serge et Vlad crurent bon de se débarrasser de ses gêneurs qui ne leur avaient pas laissé beaucoup d’intimité. À tort. Serge et Vlad furent assaillis de tous les côtés, et furent embarquer sans délicatesse aucune.  

 

Serge reprit connaissance quelques heures plus tard et il se retrouva ligoté à une chaise au centre d’une pièce humide et puante. Ce fut la première fois qu’il rencontra Stanislas Gomèz. Un homme imposant au trait durcis et sans pitié. L’un de ses hommes de main fit le travail de torture à sa place, et ainsi pendant quarante longue minutes, Serge subit les méfaits de coup de pied, de poing dans le ventre, de bar de fer dans le dos, jusqu’à qu’il parle, jusqu’à ce qu’il avoue où se trouvait Linda…  

 

- Je préférais mourir que de répondre.  

 

Craquant sous l’impatience, Stanislas injuria Serge, et demanda à son homme de main de passé à l’étape suivante. Il avait privé Vladimir de ce supplice, mais Serge n’avait pas autant de valeur que lui, il pouvait se permettre de le tuer sans encombre. L’assaillant alluma une cigarette, et Stanislas posa une dernière fois la question : « Où est Linda ? » ; et cette question se suivait continuellement de la même réponse : « Je ne sais pas… ». L’homme s’avança vers lui et piqua sa cigarette en feu dans l’œil de Serge. Hurlant le mal, il pensa à Linda, à son grand et unique amour pour se donner courage, et vivifier son cœur de ne pas s’arrêter de battre ; il ne voulait pas offrir ce plaisir à Stanislas.  

 

Ylia lui sauva la vie. Accompagné d’homme de confiance, elle parvenue à retrouver la trace de Serge et à venir le délivrer des griffes mortuaires de Stanislas. Séduit par une telle défensive, et appréciant la loyauté de cette femme piquante qu’il avait engagé par admiration, il conclut un nouveau marché, il laisserait Serge en vie et cesserait ses recherches concernant Linda si elle s’engageait à la remplacer.  

 

Encore un chantage, encore un dilemme,  

 

Ylia accepta le marché.  

 

Linda fut la priorité de tous ; aucun membre de cette famille ne devait être abandonné. Était-ce de l’amour, de la fraternité, un instinct maternelle qu’elle ne put ce jour-là ralentir ou empêcher, elle ne sut, tout ce qu’elle fut en suivant fut certes laid, mais c’était un sacrifice d’amour.  

 

- Un sacrifice d’amour ? Douta Marie  

- Vous n’êtes pas obligé de comprendre Marie… Répondit Ylia, paisible  

 

Ylia ne garda pas longtemps le statut d’exécutrice, elle était bien plus compétente en meneuse de danse, opérer des plans, construire des stratégies, le génie et le tempérament de l’ancienne espionne fut plus attractive pour Stanislas en tant que bras-droit. Serge et Stéphane suffirent comme homme de main… Le gang Shu’Kiru naquit, laissant l’ancien nom les Khisuru dans le brouillard le plus épais pour les forces de l’ordre qui s’emmêlèrent de contre-sens. Au final, le gang Khisuru et Shu’Kiru ne furent qu’un seul et même gang.  

 

- Et puis il y a eu ce fameux ce jour… Ce fameux jour sur le bateau… Souffla Serge  

 

Stanislas se trouva peu bavard, et informa de peu de détail sur cette mission qui les attendaient sur ce bateau de croisière qui quitterait la Russie dans la matinée. Au vue de ce qu’avait retrouvé la police dans les décombres du bateau, de la drogue et des armes, il s’agissait probablement d’un nouveau trafic.  

 

Mais Ryô, Kenji et Marie en doutèrent.  

 

- Et nous avons eu l’affreuse surprise de retrouver Linda sur le paquebot… Continua-t-il  

 

Vlad faisait le tour sur le ponton du bateau, il observait les lieux et surtout, essayait de repérer les infiltrer, le russe sentait le piège poindre. Au milieu de la foule, il repéra une petite fille. Elle portait une robe blanche en mousseline, et un chapeau de paille. La ressemblance fut bien trop frappante pour ne pas deviner qui était cette enfant. Et le cœur usa de sa plaidoirie ; il eut une raison que la raison même ignorait ; l’instinct paternel fit comprendre à Vladimir qu’il avait sa petite-fille sous les yeux. Le cœur de Vlad explosa, et il repartit rapidement prévenir Serge, Stéphane et Ylia qu’une probabilité que Linda se trouve à bord fut plausible.  

 

Au début, Serge n’y crut pas, les probabilités que Linda et son enfant soient sur ce paquebot furent invraisemblables. Que ferait-elle ici ? Et avec sa fille ? Vlad avait dû avoir un moment d’égarement, et son imagination avait laissé ses désirs les plus profonds l’envahir.  

 

- Malheureusement, c’était vrai… Souffla Ylia, qui continua le récit  

 

Après l’explosion, Vladimir est devenu fou. Il s’est mis à courir n’importe où, prêt à faire toutes les cabines de tous les étages de ce paquebot de croisière. Il était persuadé que Linda et sa fille étaient présentes, et que quelque chose d’horrible était arrivé. Serge fut partit à sa poursuite, et alors que le bateau commençait à vaciller, et à s’enfoncer dans les profondeurs de l’océan, Vlad poussa un hurlement que Serge n’oubliera jamais…  

 

- Il a retrouvé sa fille qui baignait dans son sang, auprès d’une autre jeune femme, son assassin ! Hua Shen-Yeng !  

 

Vladimir avait pris sa fille dans ses bras, et Serge retenait son âme de ne pas sombrer avec le bateau. Difficile de croire que cet homme russe au cœur glacial puisse pleurer sa fille. Serge cherchait du regard s’il ne trouvait pas son enfant dans la pièce, en vint…  

 

- Vlad n’a plus était le même après ça… Il est devenu l’homme que vous avez connu ! Un homme sans scrupule, se transformant en un monstre dépourvu de sentiment… Il s’était juré de venger la mort de sa fille et Stanislas fut le parfait majordome du diable !  

 

Ce fut à cette époque que Senichi et Shoda disparurent. Stéphane quitta le milieu, sous les ordres de Serge qui ne voulait pas l’embarquer dans sa vengeance personnelle. Il fit la même demande à Ylia, mais elle refusa. Hors de question pour elle de laisser Vlad et Serge entre les mains du grand patron. Elle garda son statut privilégié de bras-droit de Stanislas, et put toujours avoir un œil sur eux.  

 

- Et puis un jour…  

 

*** Deux ans et demi plus tôt ***  

 

 

- Excusez-moi… Il… Il y a quelqu’un ?!  

 

Serge était le gérant d’un restaurant dans le quartier de Shinjuku. Le commerce fut bien évidemment un subterfuge très efficace pour entendre, répandre et savoir les informations les plus importantes qui circulaient dans le milieu. Interloqué, il s’approcha de la porte d’entrée, curieux de savoir qui était cette voix féminine et fluette qui s’était aventurée jusqu’ici.  

 

Serge la vit au pas de la porte, recroquevillée d’intimidation, un peu apeurée, et bafouillant. Avec la perte d’un œil, sa vision était trouble et entre son ombre et les rayons matinaux du soleil, il eut des difficultés à apercevoir convenablement la silhouette. Et quand son champ de vision fut clair et précis ; il crut à un arrêt cardiaque.  

 

Serge ne pouvait pas ne pas la reconnaître. D’abord parce que son cœur implosa aussi fort que sa première rencontre avec Linda, et que la ressemblance physique fut frappante, saisissante.  

 

- Je… Je suis désolée de vous déranger… Je… Je venais vous demander si… Si vous cherchiez une serveuse ?  

- …  

- Je… Je n’ai pas d’expérience mais… Je… J’apprends vite…  

 

Serge fut silencieux un long instant. Difficile de croire qu’elle était la fille de Linda ; son amour fut vive, intense, dynamique et confiante. Il avait devant les yeux une toute jeune fille introvertie, taciturne et réservée. La tenue qu’elle portait laissé à désirer, elle était loin du style des filles de son âge, et le fait qu’elle dirige systématiquement son regard vers le sol prouvait sa solitude.  

 

- Dé… Désolée, je ne voulais pas vous déranger… Au… Au revoir !  

- Attendez !  

 

Serge s’approcha d’elle et plongea son regard dans le sien. Honnête fut-il, aux premiers abords, il n’avait pas ressenti un sentiment paternel dans l’instantané. Et puis, un tas de question se mit à se bousculer ; comment avait-elle survécu ? Où vivait-elle ? Qui l’éduquait ? Comment se nommait-elle ? Quel genre de jeune femme était-elle ? Que faisait-elle à Shinjuku ?  

 

- Comment vous appelez-vous?  

- Euh, Hélène Monsieur…  

- Et quel âge avez-vous ?  

- Quinze… Quinze ans…  

 

Serge fut encore silencieux. Qu’est-ce qu’une jeune fille de quinze ans faisait dans les chauds quartiers minables et dangereux ? Fluette, maigrelette et frêle, elle ne tiendrait pas cinq minutes dans les rues le soir après onze heures… Et puis, toutes les raisons furent défendable pour qu’elle ne reste pas ici une seconde de plus.  

 

- Navré, mais tu es mineur ! Tu ferais mieux de retourner chez toi !  

 

Serge tourna les talons, et laissa Hélène dans la bulle glaciale qu’il avait soufflé autour d’elle. Il monta à l’étage, dans son bureau, et composa immédiatement un numéro,  

 

- Venez tous les deux ce soir, j’ai à vous parler, et c’est extrêmement urgent !  

 

Le soir même, Vlad et Ylia avaient débarqué au restaurant de Serge, furieux de son appel. Il savait pertinemment qu’ils ne pouvaient pas s’absenter longtemps. Vlad et Ylia devaient constamment se grimer, essayant d’attirer le moins d’attention possible ; toujours sous la surveillance de la PSIA et de la Guoanbu.  

 

- Serge, que signifie tout ce mystère ?! S’agaça Ylia  

- J’ai vu ma fille ce matin…  

 

Ylia et Vlad pâlirent, et le russe dû se tenir à une chaise pour s’asseoir. C’était impossible, Serge avait certainement rêvé, cru à une hallucination, sa fille ne pouvait pas être en vie, et encore moins vivre près de ce quartier ?  

 

- Serge, tu…  

- Ylia… Je sais que c’est elle…  

- Mais… Mais…  

 

Vlad ne disait rien… Les dix dernières années s’étaient passées sous le masque d’un démon parfaitement livide, assoiffé de pouvoir et de vengeance, exécutant les pires actes pour Stanislas Gomèz. Avoir goûté au pouvoir certain d’être respecté dans la mafia fut délectable et voilà qu’un miracle se produisait ; il ne méritait pas tant de grâce.  

 

- Comment est-elle ? Demanda Ylia  

- Elle ressemble comme deux gouttes d’eau à Linda… C’est… Saisissant… Elle s’appelle Hélène…  

- Hélène ? Mais, je… Euh, non, rien ! Hélène, c’est très bien ! Intervenu Vlad  

 

Ylia regarda Vlad avec un air curieux. Que voulait-il dire ? Pourquoi avait-il l’air à la fois terrorisé, mais en même temps pas aussi ébahi qu’il aurait dû l’être… ? Que cachait-il ?  

 

- Que faisons-nous ? Questionna Ylia, se tournant vers Vlad  

- Je ne sais pas…  

 

Vladimir avait vu le pire, sentit les plus puantes odeurs, exécuter les pires actes de criminalité, la drogue, les armes, les exécutions d’homme ennemis, il avait tout vécu. L’enfer était son antre, son domicile, et il avait le plus haut statut dans cette communauté. Face à des hommes armés, à des policiers, à des hommes corrompus, il saurait trouver la solution, construire un plan infaillible, et convaincre quiconque… Et maintenant que son ennemi fut le plus cruel, le plus instable, le plus puissant, il doutait, craignait, hésitait,  

 

L’Homme n’est plus rien devant l’être qu’il aime le plus…  

 

*** Aujourd’hui ***  

 

- Vladimir a fait des recherches sur Hélène… Nous ne savons par quel moyen, mais il est parvenu à retracer son parcours depuis l’accident… Le passé avant ses cinq ans reste un mystère entier… Continua Ylia  

 

Les informations que possédaient Vlad furent les mêmes que Shen-Yeng et Ishiba eurent conté. Le capitaine du bateau avait sauvé l’enfant, et l’avait déposé devant la porte de Jeff Turner, une vieille connaissance.  

 

- Vous avez ainsi su qu’Ishiba était dans le monde clandestin ? Questionna Ryô  

- Exact !  

 

Ylia tourna le dos à l’assemblée après avoir répondu à cette question, et regarda de nouveau intensément le ciel gris déverser une pluie vive qui ne souhaitait cesser de tomber. Elle ne possédait plus la force de poursuivre le récit, elle était épuisée… Serge su prendre la relève.  

 

En connaissance de l’identité du père adoptif d’Hélène, il fut essentiel de devoir la protéger, ce que Vlad Lowski désirait plus que tout. Serge partit à sa rencontre, il la retrouva à la sortie de la supérette où elle avait l’habitude de se rendre, et l’interpella. Ce fut à partir de ce jour qu’il avait commencé à s’ouvrir un peu plus, et à comprendre les sentiments de Vlad Lowski pour sa fille… Hélène fut ravie d’être finalement embauchée et avait sauté au cou de Serge, sans s’y attendre. Rougissante, elle avait esquissé le plus incroyable des sourires, et l’avait gracieusement remercié. Pendant plusieurs mois, rien ne fut à signaler, aucun yakuza ne posait de question, appréciant par ailleurs la compagnie de cette fraîche jeune fille ; ils savaient qu’en touchant le moindre de ses cheveux, ils périraient au fond d’un trou à la profondeur interminable.  

 

- Mais un jour, Vlad me rendit visite au repère, demandant expressément qu’Ylia soit présente…  

 

Encore à ce jour, ils ne savaient ni comment ni pourquoi ni de quelle façon, mais Stanislas Gomèz avait eu connaissance de l’existence d’Hélène, la fille de Linda, celle dont il avait souhaitait la mort. Le narcissisme du grand patron avait grossi d’un bond, et maintenant, il possédait enfin l’arme ultime pour convaincre Vladimir, Serge et Ylia de procéder à un travail qu’ils avaient jusqu’à présent réussi à contourner…  

 

- Le trafic de blanche… Souffla Serge.  

 

Stanislas Gomèz s’ennuyait, et les affaires de trafic d’arme et de drogue diminuaient. Les clients se réduisaient, et la concurrence faisant rage n’amusait pas ce dépressif. Stanislas avait déjà opéré au trafic de femme, mais c’était une opération délicate, demandant de la précision, et jusqu’à lors, on l’avait toujours beaucoup déçu. Avec Ylia, Vlad et Serge, il était certain de se faire une bonne réputation, et surtout, beaucoup d’argent – sans compter la mise en scène qui le divertissait fortement ; perversement.  

 

- Le deal était simple, ou nous faisions ce qu’il disait, ou la vie d’Hélène était en péril… Nous n’avons pas réfléchi longtemps…  

 

Serge se rassit, également épuisé de devoir avouer, détailler toute cette vérité pesante sur leurs épaules, et sur leur conscience… L’âme de chacun était damnée, et ils avaient vécu tout ceci uniquement pour protéger Hélène…  

 

La suite, à posteriori, il la connaissait… Ishiba tentait de découvrir qui se cachait derrière les trafiquants de blanche ; la guerre des gangs avaient commencé ainsi. Relativement, ce qu’ils avaient appris de Shen-Yeng à cette époque-là, fut véritable ; mais ils connaissaient les complices de Vlad Lowski désormais.  

 

Ryô, Kaori, Marie et Kenji n’avaient aucune envie de les juger, et encore moins de revenir sur les lignes du passé. Elles ne seraient pas interchangeables, et rien ne pourrait être modifié ou remplacé. Malgré ça, il restait encore une énigme ?  

 

- Stanislas n’est donc pas celui qui en voulait à la vie d’Hélène, elle était le parfait argument pour vous faire faire les pires trafics ! Conclut Ryô  

- Moi j’ai ma petite idée ! Intervenu Mickaël  

 

Il se tourna vers Caleb, et le dévisagea. Marie suivie attentivement le regard de Mickaël, qui se dirigeait de manière colérique vers son ami. De toutes les personnes qui étaient passé dans la vie de sa petite-sœur, une seule pouvait éprouver à titre de vengeance de la haine pour elle,  

 

- Da Shen-Yeng… Dit-elle, fixant Caleb, furieuse  

- Je te jure que tu te trompes sur lui…  

- Tu es si naïf…  

- Il a perdu sa fille lui aussi, et je te prie de croire qu’il n’a plus était le même homme après ça !  

- Marie a raison…  

 

Kenji se leva et s’approcha de sa meilleure amie ; il se positionna devant elle et fut comme un bouclier. Le nettoyeur avait patiemment écouté chaque son, chaque note, chaque mot des récits de ses différents individus, et ça égalait à bons nombres d’intervenants ; Lydia, Shen-Yeng, Ishiba, Jeff, Ylia, Serge et Stéphane. Après les avoir tous entendu, parvenant à retenir chacun de leurs propos, il avait réalisé que,  

 

- Shen-Yeng et Ishiba ont commencé à paniquer une fois qu’Hélène a mis les pieds dans le milieu, comme s’ils craignaient qu’elle se frotte à son passé…  

- Où voulez-vous en venir ? Questionna Caleb  

- Qu’Hélène sait quelque chose qui générerait certainement Shen-Yeng si elle s’en souvenait ?  

- C’est impossible… Et puis, en admettant que vous ayez raison, il aurait pu la tuer bien avant !  

- Hélène est amnésique… Elle ne se souvient de rien avant ses cinq ans, elle ne se souvient même pas avoir failli mourir dans l’explosion d’un bateau, excepté que…  

 

Kenji s’arrêta subitement de parler ; quel idiot de ne pas y avoir pensé plus tôt, comment avait-il pu oublier ce détail qui l’avait frappé. Avant son départ, il avait proposé à Hélène d’aller à la plage pour passer un bout de temps ensemble, et il se souvient soudainement de sa confession : « je ne sais pas nager, je sais que c’est idiot, car je vis au bord de la mer, mais dès que je m’approche de l’océan, j’ai le corps qui tremble, ma vue devient trouble et je suis presque sur le point de m’évanouir. ».  

 

Immédiatement, il avait pensé au choc psychologique, comme la réaction d’un phobique devant ce pouvoir incontrôlable d’échapper à la peur. Elle ne se souvenait pas en détail de ce qui s’était passé ce jour-là, mais son inconscient d’enfant avait identifié le mal d’un souvenir qui serait perpétuellement douloureux.  

 

- Kenji, à quoi penses-tu ?! S’agaça Marie, de le voir si silencieux  

- Hélène saurait quelque chose de compromettant ? Interrogea Ryô  

- Et sur Monsieur Shen-Yeng probablement… Continua Kaori  

 

Hélène, assise depuis maintenant une heure sur le carrelage glaciale, s’efforçant de respirer convenablement dans le masque à oxygène, malgré que ce récit lui ait nombreuse fois coupé le souffle, déversa un abîme de larme. Elle n’aurait jamais imaginé être le noyau de tant de haine, de tristesse, de mensonge ; combien de personne furent sacrifier, combien de crime et de trafic réduisant à néant la vie d’innocent furent exécuter par sa faute de manière implicite ?  

 

Serge – son père – avait raison, venir au monde fut une erreur. Elle n’était de ce monde que pour attirer la déchéance, et visiblement, tout n’était pas fini. Quelqu’un en voulait à sa vie, et qu’importe que ce soit Monsieur Shen-Yeng ou un autre, il y aurait encore toujours des volontaires pour la défendre… Hélène se sentait inutile, stupide de ne pas pouvoir se rappeler de cet accident mortel et terrible. Elle avait perdu sa mère, et elle était incapable d’imager quoi que ce soit…  

 

Hélène fut déchirée de l’intérieur, son âme venait de s’envoler. Elle ne pouvait plus être la jeune fille pleurnicheuse et craintive, elle ne devait plus se reposer sur ses amis et sa famille, elle ne souhaitait pas que la liste des sacrifiés s’agrandisse.  

 

- « Je dois finir cette histoire moi-même… » Pensa-t-elle  

 

Hélène essaya de puiser dans le peu de force qu’elle avait récupérée pour se lever et faire le moins de bruit possible. Vacillante, elle se rendit vers la sortie de l’Hôpital ; elle abandonna le respirateur, et partit affronter la pluie torrentielle – elle se dirigeait braver sa destinée.  

 

Marie eut subitement une pointe au cœur, et son corps la fit reculer de trois pas sans que sa tête ne l’ait dicté. Elle murmura le prénom de sa petite-sœur, et Kenji vit sa meilleure amie partir en furie dans les couloirs de l’Hôpital. Il la poursuivit jusqu’à la chambre d’Hélène, et l’entendit hurler à perdre haleine.  

 

- Marie ?!  

 

Kenji pénétra à son tour dans la chambre, et fut pantois devant un lit complètement vide… Ryô et Kaori suivirent derrière, et l’étonnement général pesa lourd dans l’atmosphère. Que s’était-il passé ? L’instinct de nettoyeur n’avait pas sonné en eux comme pour les avertir que l’ennemi n’était pas loin ! Hélène n’avait pas disparu par enchantement ?  

 

- Eh ! Le Doc veut que vous veniez dans son bureau ! Prévenu Caleb  

 

Ils se rendirent tous dans le bureau du médecin. Les caméras avaient sûrement filmés les faits, disposaient dans la chambre d’Hélène, dans les couloirs, et les entrées et sorties probables de l’Hôpital.  

 

- Impossible… Souffla le Doc  

 

Les caméras montraient Hélène en train de se réveiller et d’essayer d’enlever le tube respiratoire. Les gestes qu’elle avait effectué furent précis et concis ; les talents de l’aide-soignante qu’elle était. Le moins qu’ils purent penser, fut qu’elle n’était plus la toute jeune gazelle qu’ils eurent connus ; paniquée, vite aspirée par ses émotions. Aujourd’hui, elle savait où puiser de la force, et la réflexion avant d’agir fut l’une de ses grandes qualités. Le Doc changea d’angle de caméra, Hélène sortit de sa chambre et la suite fut évidente,  

 

- Elle a tout entendu… Souffla Ylia  

 

Instantanément, ils entendirent du bruit venir de l’extérieur. Approchant de la fenêtre, ils virent Hélène s’enfuir dans la mini-cooper rouge de Ryô.  

 

- Pourquoi c’est toujours ma bagnole qu’elle pique ?! Grogna le nettoyeur.  

- Ce n’est pas le moment de pleurnicher sur ta voiture Ryô ! Gronda Kaori  

- Elle va encore me la désosser… ! Pleura-t-il  

- Où va-t-elle bordel ?! Et dans son état ! Ragea Marie  

- Allons-y, vite ! Proposa Kaori  

- Une seconde !  

 

Serge interpella le groupe de quatre nettoyeurs. Comptaient-ils agir sur un coup de tête ? Il parierait n’importe quoi qu’Hélène avait déjà désactivé le radar sur la voiture de Ryô. Avaient-ils le temps et l’énergie de faire tout le tour de la ville en espérant tomber sur une voiture rouge ? Le plus important était de deviner les intentions de sa fille…  

 

- On les connaît déjà… Intervenu Kenji  

- Je vous trouve bien sûr de vous ? Renfrogna Serge  

- Hélène avait déjà l’intention de mourir seule une première fois, elle veut tenter ça une seconde fois…  

 

La manière dont Kenji avait prononcé cette phrase fut délivrée entre une peine effroyable et un respect contradictoire. Hélène avait confié ses intentions et sentiments à Caleb ; elle ne voulait plus les mêler à ça, elle voulait en finir avec son existence qui n’avait amené que haine et vengeance. Elle pensait être la raison de tout le mal, et puisqu’il restait visiblement une note sur l’ardoise à devoir ; autant en finir.  

 

- Kenji, tu me fais peur ! Ne me dis pas ?! S’affola Marie  

- Qu’elle veut en finir avec sa vie… Probablement !  

- Et tu dis ça comme ça ! Dit-elle le frappant sur le torse  

- Je pense que c’est sa première option… !  

 

Kenji et Serge se regardèrent, intensément. Ils ne s’aimaient pas, et ne s’apprécieraient sûrement jamais. Mais force fut de constater qu’ils avaient visiblement envie de protéger la même personne à leur façon… Un sacrifice d’amour comme l’avait souligné et énuméré Ylia.  

 

- Partons ! Prononça vivement Kenji  

- Où ? Où ça ?! Marmonna Marie  

- À la baie de Tokyo !  

 

Ylia proposa aux quatre nettoyeurs de les accompagner ; ils étaient venus en fourgon, le véhicule serait plus confortable, et bien armé en cas d’attaque, et bien fourni en cas de défense.  

 

En route, le voyage fut silencieux malgré les neuf personnes qui s’y trouvaient à bord. Kaori était assise à côté de Marie, et elle observait la jeune femme chahuter avec ses doigts, et ne plus savoir où poser le regard. Tendrement, Kaori se saisit de la main de Marie. Elle la serra très fort et déposa des mots chauds et doux sur son cœur meurtri,  

 

- Tout ira bien… Sourit Kaori  

 

Marie affronta le sourire gracieux de Kaori. Cette femme était d’une douceur absolue, tendre, affectueuse, et gentille. Elle avait veillée comme une grande sœur sur Hélène pendant un an, une sœur aimante et protectrice qu’elle ne serait jamais. La complicité entre les deux jeunes femmes s’étaient sentit, la moitié de City Hunter s’inquiétait autant qu’elle pour Hélène…  

 

- Vous savez, je ne saurais jamais comme vous… Prononça Marie, détournant le regard  

- Que voulez-vous dire ?  

- Vous êtes l’image parfaite de la grande sœur idéale ! Je voudrais que vous continuiez à l’être !  

 

Kaori vit une larme tomber de l’œil gauche de Marie, une larme que venait de perdre son cœur. Elle perlait sur sa joue rougit de honte ou de colère. Kaori serra encore plus fort sa main dans la sienne, et se décida à confier un secret qu’on lui avait confessé,  

 

- Une nuit, Hélène s’est réveillée… La tempête rageait, le vent taper sur ses volets et l’orage grondait à en arracher les nuages du ciel…  

- …  

- Elle a pleuré, beaucoup pleuré, ça vous a réveillé et vous êtes venu frapper à sa porte !  

- …  

- Hélène avait six ans et demi…  

 

« Arrête de chouiner ». Sermonna Marie, pénétrant dans la chambre de sa sœur.  

 

- J’ai… J’ai peur…  

- Tu n’es qu’un bébé, et encore, je suis certaine qu’ils dorment mieux que toi !  

- Je… Je ne veux pas… Être toute seule… J’ai… J’ai peur…  

- Oh, la, la, mais arrête de mâchouiller tes mots et rendors toi, ou j’appelle papa !  

 

Marie claqua la porte, et comptez partir se rendormir dans sa chambre, lorsqu’elle entendit sa sœur pleurer de nouveau. Furieuse, elle repartit dans la chambre d’Hélène, et rouspéta,  

 

- Stop, stop, arrête tes pleurnicheries, ok ?! Ma chambre est juste à côté, alors arrête ton cinéma !  

 

Marie claqua de nouveau la porte, et mit son oreille sur le bois froid pour entendre si sa sœur fut calmée. Et au bout de quelques secondes, elle réentendit les pleurs d’Hélène. À bout de nerf, elle prit le soin de d’abord s’asseoir par terre, et de calmer ses ardeurs, ou elle allait étouffer les sanglots de sa sœur sous l’oreiller. Et puis, après des minutes passées, elle n’entendit plus enfin ses pleurs. Marie comptait se relever, lorsqu’elle décida…  

 

« Vous êtes restée toute la nuit… ».  

 

Marie n’en revenait pas qu’Hélène se souvienne de ça, et surtout qu’elle est su qu’elle était restée toute la nuit à dormir dans le couloir ? Avait-elle fait autant de bruit en s’asseyant et marmonnant sa colère.  

 

- Au matin, votre père vous a réveillé en vous demandant ce que vous faisiez allongée sur le parquet…  

- …  

- Dès ce jour, et malgré toute la rancœur qui a suivi par la suite, elle a su que vous étiez sa grande sœur…  

- …  

- Lorsque vous vous disputiez, ou que vous étiez dure avec elle, elle essayait de se souvenir de ce jour où vous êtes restée à ses côtés pour qu’elle n’ait plus peur…  

 

Marie retenue un sanglot dans sa main qui empêcha sa bouche d’expulser sa tristesse.  

 

- Elle vous aime…  

 

Et c’était un sentiment que Marie ne comprendrait jamais. Elle avait été si cruelle envers elle, et si injuste. Aucune âme en ce monde ne pardonnerait une telle cruauté. Au fond, peut-être que Marie avait craint ce sentiment fraternel, être encore attachée à un être, à une sœur pour devoir un jour sûrement la perdre… Ouvrir son cœur, ce n’était pas ce qu’elle savait faire de mieux, les frasques du passé glaçant l’intrépide. Malgré tout, tout ce mal, toute cette aigreur, Marie avait su comprendre Hélène, la deviner et la chérir… Les douleurs passées s’assemblaient, et elle avouait ressentir une force inimaginable depuis qu’elle connaissait ce sentiment.  

 

- Merci, Kaori…  

 

Le véhicule se stoppa, brutalement. Marie et Kaori s’agrippèrent à temps avec leurs mains pour ne pas se prendre l’appuie tête violemment sur le front. Marie se redressa en se massant la nuque et insulta Serge, chauffeur du véhicule. Elle tenait toujours la main de Kaori, et la moitié de City Hunter sentit sa poigne se renforcer au point qu’elle ne fit plus circuler le sang.  

 

Marie crut que le temps s’était arrêté ; elle vit Kenji sortir en furie du véhicule, filer sous une pluie diluvienne vers un horizon brouillardeux. Hélène courait vers la rive, prête à terminer sa chute dans l’immensité de la rivière agitée. Elle vit sa petite-sœur prendre appui sur son pied droit, et sauter les pieds en premier dans l’eau où le balancement des vagues la ferait se noyer.  

 

- Ryô !  

 

Au moment même où le corps d’Hélène flottait dans l’air pour plonger, Kaori interpella Ryô d’une voix apeurée et criarde. En haut d’un toit de l’un des dépôts, s’alignait une bande de cinq snipers qui firent danser leurs balles autour d’Hélène. Le nettoyeur réagit aussi tôt, quitta le fourgon, et élimina sans scrupule et adroitement de son magnum, les mitrailleurs.  

 

- Kenji !  

 

Marie hurla à plein poumon, elle vit son meilleur ami plonger à son tour dans la baie et partir au secours de sa bien-aimée… Elle avait peur que sa sœur ou Kenji furent touchés pendant l’attaque. Hélène était faible, elle ne savait pas nager, il y avait des remous ; reviendraient-ils ? Impossible d’attendre la réponse, elle se mit à courir elle aussi, prête à les rejoindre quel que soit l’endroit où la vie aurait décidé de les porter…  

 

- Marie !  

 

Kaori avait réussi à la rattraper, et à la stopper à temps, et la fit reculer du bord. Dans ses bras, elle se débattait, abordant la pitié pour être lâchée et la laisser mourir avec eux.  

 

- Laissez-moi Kaori !  

 

Serge tapota le bras de Stéphane tout d’un coup, son instinct de nettoyeur sentait une seconde attaque venir, et c’était le moment d’exécuter le plan de leur destiné.  

 

- Sortez ! Ordonna Serge à Caleb, le dernier à être dans le fourgon  

- Pourquoi ? Dit-il, méfiant  

- Caleb, ne pose pas de question, et sort… Demanda gentiment Mickaël.  

 

Caleb se tourna vers son ami, son meilleur ami ; s’il pouvait toujours le considérer tel quel. À son regard, il devinait que Jacob fut enterré sous l’identité de Mickaël, et qu’il avait trouvé une seconde patrie. Comment pouvait-il avoir confiance en des âmes aussi putride et meurtri. Oubliait-il tout ce qu’il avait accompli aux côtés de Vlad Lowski et Stanislas Gomèz, les pires ennemis de l’humanité ? Est-ce que son ami avait oublié ce qu’était la justice ?  

 

- Mickaël, tu… !  

- Inutile de dire quoi que ce soit Caleb, va-t’en !  

- Tu as plus confiance en ces individus plutôt qu’en moi ?!  

- Caleb, tu es un homme bien, et tu es un très bon lieutenant… Tu fais du bon travail, tu es loyal, et juste, le gouvernement a besoin de personne intègre comme toi…  

- Mais…  

- Surtout Caleb, ne laisse jamais personne t’en faire douter… Sourit-il, à l’attention de son ami.  

 

Caleb reçu les compliments de son ami avec modestie, mais avec une grande fierté. Mickaël n’avait pas à rougir de l’homme qu’il était également, droit, fidèle, et grandement généreux. Qu’importe ce qu’il comptait faire auprès des Shu’Kiru, il savait que la cause en vaudrait la peine.  

 

- Embrasse tes deux filles pour moi, s’il te plaît… Demanda Caleb, avant de quitter le véhicule  

- Je n’y manquerais pas…  

 

Caleb fit glisser la porte du fourgon, et un pincement au cœur le compressa dans tout son corps ; il avait la désagréable impression qu’il ne reverrait plus jamais son ami.  

 

- Saeba !  

 

Ryô s’approcha près de la vitre du côté conducteur, et écouta attentivement les paroles de Serge. L’allure qu’il démontrait définissait un homme blessé, anéanti, et détruit. Une dernière faveur, il voulait laisser une dernière faveur à City Hunter.  

 

- Saeba, ma fille vous respecte beaucoup…  

- …  

- La liste des personnes qui compte dans votre vie ne cesse de s’agrandir, mais s’il y a une place pour ma fille, j’aimerais que ça soit vous qui veillez sur elle…  

- Kenji fera ça bien mieux que moi ! Ironisa-t-il  

- Vous savez comme il est compliqué de garder une personne que l’on aime, on perd toute objectivité lorsqu’elle est en danger !  

- …  

- Vous pouvez refuser !  

- Je veillerais sur elle…  

 

À l’instant où Ryô avait prononcé sa réponse à Serge, il entendit le véhicule patiner, et démarrer sous les chapeaux de roue. Une autre voiture sortit de l’entrepôt où des hommes les avaient assaillit plus tôt, elle fonçait droit sur les corps de Kenji et Hélène qui se trouvaient sur la berge près d’un lampadaire ; rescapés.  

 

Serge fonça avec le fourgon en plein dans la voiture et la fit avancer jusqu’à ce que les deux véhicules plongent complètement dans l’eau.  

 

- Mickaël !  

 

Une énorme explosion retentit, la voiture avait été piégé pour exploser et tuer ; le fourgon de Serge explosa, et s’engouffra dans les profondeurs de la baie avec le véhicule piégé. Ryô en frissonna, Hélène devait véritablement avoir connaissance d’un détail plus que gênant pour qu’on veuille l’éliminer par n’importe quelle moyen, avec des manières barbaresques…  

 

- Hélène !  

 

Marie s’approcha de Kenji ; il avait la tête enfoui dans son cou, et les tremblements de son corps ne furent sûrement pas dus à cause du froid agressif et de la pluie turbulente. Est-ce que sa petite sœur respirait ? Est-ce que sa petite sœur reprendrait connaissance ? Est-ce que sa petite sœur replongerait dans le coma ?  

 

Quand ce cauchemar allait-il se terminer ?  

 

à suivre…  

 

 


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