Chapitre 6 :: 6

Publiée: 30-03-04 - Mise à jour: 30-03-04

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Allongé sur la paille humide et puante du cachot, Ryô soupirait de désappointement : il savait que le bateau avait repris sa route et qu’ils n’étaient qu’à quelques encablures de la ville la plus proche. Malheureusement cette dernière était le point de ralliement de pas mal de pirates et autres flibustiers et ils n’allaient certainement pas jeter l’ancre pour boire un petit verre ou rencontrer quelques jolies filles…soupir…  

Des bruits de pas qui s’approchaient le tirèrent de ses pensées. Il afficha un air un peu bête et un large sourire satisfait apparut : Kaori descendait les escaliers, un plateau à la main, suivie de deux gardes armés.  

L’un d’eux ouvrit la cellule et la jeune femme entra, visiblement agacée.  

-« Refermez la porte et attendez moi là haut. Je n’en ai pas pour longtemps. »  

-« Mais ? »  

-« Il ne s’échappera pas. Je dois soigner sa plaie et je vous assure que je n’ai pas plus envie de rester avec lui que de me jeter à l’eau. Il ne m’arrivera rien, j’ai de quoi l’en dissuader. »  

Affichant un sourire ingénu, elle n’en dégaina pas moins une massue reliée à une ancre de 10 tonnes.  

Cela suffit à rassurer les gardes et ils partirent, heureux de ne pas rester dans ces prisons nauséabondes.  

Kaori s’agenouilla là où un rayon de Lune s’engouffrait par le hublot muni de solides grilles en fer.  

-« Venez là. Je n’ai pas que ça à faire ! »  

-« C’est si gentiment demandé. » répondit ironiquement Ryô.  

Non sans faire la grimace, l’air pincé, imitant ainsi la jeune femme, celui-ci obtempéra, non sans attraper au passage la gamelle de nourriture…  

Ses sens restaient en alerte mais finalement, autant profiter de la situation. Pour l’instant, il ne pouvait pas faire grand-chose à part patienter. Si cette demoiselle le nourrissait et pouvait le soigner convenablement autant s’y soumettre.  

-« Aïe ! » s’offensa-t-il.  

-« Ne bougez pas ! »  

Le ton de sa voix se fit impérieux mais Kaori s’efforçait d’être la plus délicate possible.  

Goûtant avec prudence la nourriture, il fut surpris de trouver le plat succulent. Mais une horrible grimace déforma ses traits : Kaori avait commencé à défaire le bandage et la douleur, éteinte jusqu’à présent, se réveillait crescendo.  

-« Ma cuisine ne vous plaît pas ? »  

Ryô trouvait cette situation comique mais troublante. Lui et cette belle jeune femme au tempérament de feu, assis face à face au clair de lune…dommages que ce fut derrière des barreaux, emprisonné à fond de cale sur le navire de Makimura !...re-soupir…  

Lui qui était amateur de belles femmes, voyait là une injustice monumentale.  

Afin de pouvoir maîtriser son mokkori power, il n’eut pas d’autres choix que de l’asticoter un peu. Ainsi même si c’était de très loin le meilleur plat qu’il n’eut mangé depuis longtemps, il ne pouvait s’empêcher de taquiner cette femme si exaspérante.  

-« Vous faites la cuisine pour tout l’équipage ? »  

-« Oui. »  

-« Pas étonnant que ce navire soit aussi facile à investir. »  

Piquée au vif par cette remarque offensante, Kaori répondit de façon acerbe.  

-« Et bien entendu, être en prison faisait parti de votre plan ! »  

Pris à son propre piège, Ryô perdit de son assurance et rétorqua :  

-« Si vous me tenez compagnie encore longtemps, ce ne sera plus une prison mais un enfer ! »  

La jeune femme vit rouge mais ne pipa mot. Elle se contenta de verser une bonne partie du rhum, qui servait de premier secours, sur la plaie.  

Ryô fit un bond et hurla :  

-« Mais vous êtes folle !!! Gardes !! »  

Mais ceux-ci se contentaient de se moquer ouvertement de Ryô et ne prirent même pas la peine de descendre, ne serait-ce qu’une marche, de l’escalier.  

-« Vous avez fini ? Alors taisez vous et restez tranquille, je n’ai pas fini ! »  

Kaori, imperturbable, le tira par le pan de sa veste et l’obligea à se rasseoir. Un peu brutalement, cela dit.  

De gré ou de force, Ryô n’avait pas le choix et il se sentait désarmé face à cette femme. Il reprit sa place, maugréant sur le fait qu’on traitait mieux les cochons que sa petite personne.  

Il s’obstina à détourner le plus possible la tête de cette maudite tigresse. Il allait devoir penser à un plan plus vite que prévu où il ne répondrait de rien avec cette femme.  

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