Chapitre 38 :: 38

Publiée: 17-09-04 - Mise à jour: 17-09-04

Commentaires: Fin de la deuxième partie ^^

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-« Vous savez, mon frère était un homme bien. Maladroit, mal fagoté, une véritable tête de pioche !... Mais un homme bien, un homme d’honneur… Il aimait la justice. »  

La douceur et tout l’amour qu’elle pouvait exprimer pour Makimura, bercèrent celui que l’on nommait City Hunter, le plus redouté des pirates. Un contraste surprenant.  

Il se passa une main sur le visage, conscient que ses sentiments envahissaient peu à peu tout son être. En proie à ses craintes, il résistait tant bien que mal à la tentation de la prendre dans ses bras. Rester à ses côtés, d’aussi près, mettait ses nerfs à rude épreuve.  

Respirant une bonne bouffée d’oxygène, il stoppa ses graffitis et, bras en croix derrière la tête, il bascula en arrière et s’allongea dans la paille.  

-« Je sais. Et c’était un véritable ami. »  

Ryô ne réfléchit pas bien longtemps à ce qu’il devait dire à Kaori. La solution était d’une simplicité enfantine : lui dire la vérité, tout simplement.  

-« Quand je l’ai rencontré, il travaillait avec Saeko, à la garde royale. Ils faisaient une sacrée équipe tous les deux. Il y a eu une enquête un peu délicate à gérer, …qui a fini par tourner en pugilat. Hideyuki a du quitter la garde mais il est resté fidèle à la justice. De là, on a commencé à travailler en équipe. »  

-« Saeko et Hideyuki travaillaient ensemble ? »  

-« Oui…mais ce n’est pas tout… »  

Kaori n’était pas aussi naïve qu’on aurait pu le croire, enfin, tout du moins, quand il ne s’agissait pas de sa propre vie… Les manières de Ryô indiquaient clairement, que la relation entre son frère et Saeko était plus que professionnelle.  

Celui-ci, perdu dans ses pensées, n’eut pas le temps d’en expliquer plus que Kaori prit la parole.  

-«Ils étaient amoureux, n’est-ce pas ? »  

-« Oui et non… »  

-« Comment ça ? »  

-« C’est une longue histoire, fondée uniquement sur des non-dits, rien d’officiel mais…, Ryô regarda Kaori dans les yeux et lui sourit, … Oui, ils étaient amoureux l’un de l’autre, à n’en pas douter. Saeko lui a toujours été fidèle et loyale, et même dans la mort, elle continuera. »  

Au loin, quelques oiseaux nocturnes piaillaient. La nuit engloutissait l’île, mais on pouvait encore entendre, par bribes, les rugissements des ivrognes ou des pirates en manque d’actions.  

Ryô fixait maintenant le plafond avec un désintérêt total. Il mâchonnait un brin de paille, attendant que Kaori encaisse la nouvelle.  

Cependant l’esprit de la jeune femme bouillonnait. Saeko, Miki, des femmes d’exception qui oeuvraient pour le bien, pour la justice. Pourquoi n’avait-elle pas le droit de participer à la mission ? Pourquoi Ryô voulait l'éloigner ? Pourquoi lui ou son défunt frère, s’évertuaient à la mettre à l’écart ? Elle seule avait le droit de décider de sa vie.  

Plus déterminée que jamais, elle tourna la tête vers Ryô et lui lança un regard glacial.  

Ce dernier, étonné, releva le buste et s’appuya sur un coude, tout ouï.  

-« Pourquoi ? Pourquoi ne voulez-vous pas de moi ?... Je peux vous être utile ! Je pourrais vous aider … »  

D’abord accusateur, le ton de sa voix se mua en une pointe de détresse. Malgré cela, elle resta droite, digne. Ses yeux restaient obstinément secs mais son cœur hurlait.  

Ryô recula sous le choc.  

Pour lui avoir cacher la vérité, il s’attendait à ce que Kaori se mette en colère. Pire, qu’elle émette certaine menace contre Saeko ou qu’elle ne se défoule sur lui ! Mais loin de tout cela, la seule chose qui préoccupait la jeune femme était…lui-même … La lutte, entre ses sentiments et sa logique, ravageait son être.  

Pour quelles raisons, insistait-elle tant à plonger dans cet univers sordide qui était le sien ? … Deux minutes auparavant, il aurait pu convaincre n’importe qui que sa décision était la meilleure, mais face à la jeune femme, si tenace, aucun argument valable ne lui vint à l’esprit.  

Elle reprit de plus belle, ne laissant aucun répit à sa conscience.  

-« Hideyuki n’aurait jamais du vous demander de prendre soin de moi. Je vous délie de cette promesse absurde. Vous êtes libre ! Libre de boire jusqu’à plus soif ! Libre de courir après tout ce qui porte une robe ! Libre de vous faire tuer ! Je n’ai pas besoin de vous pour faire ce qui me semble être juste. Je veux y aller, avec ou sans vous ! »  

-« Kaori… » Murmura Ryô, le souffle coupé.  

Il l’avait compris, il le sentait, Mick le lui avait confirmé, la jeune femme l’aimait. Son âme se déchirait. Il n’était pas digne de recevoir ce don, ce sentiment si noble et si pur. Mais il ne pouvait nier ses propres sentiments et cette obstination sans bornes qui animait Kaori. Il avait besoin d’elle, besoin de sa présence, de son sourire, de sa générosité. Il ne pourrait la laisser. Qui prendrait soin d’elle ? Qui la protégerait s’il se séparait d’elle ? On le lui avait confié à lui, lui seul, pas à des quelconques étrangers !  

-« Kaori, pourquoi voulez-vous y aller ? Par vengeance ?»  

Se voulant affectueux, il adopta, sans s’en rendre compte, un ton bien plus profond.  

Kaori y fut sensible et un léger frisson la traversa. Refusant que Ryô s’aperçoive de son embarras, elle esquiva son regard et tourna la tête de l’autre côté. Elle avait du rêver… Nerveusement, elle tritura sa précieuse bague.  

-« Par vengeance ? Non, je n’y avais même pas pensé… Ce n’est pas ça qu’il le fera revivre…Tout ce que je veux, c’est que Hideyuki ne soit pas mort pour rien. Il combattait le crime et l’Union Teope est la plus dangereuse des organisations de pirates. Il faut que tout cela s’arrête.»  

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