Chapitre 48 :: 48

Publiée: 12-02-05 - Mise à jour: 12-02-05

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Kaori et Umibozu grimpèrent prestement et se retrouvèrent très vite sur le pont, à peu près au milieu du bateau.  

L’équipage de Kaibara s’étonna de ne trouver que deux autres ennemis, mais tous frémirent rapidement lorsqu’ils virent le talent de chacun, à moins que ce ne soit de la folie pure…  

Falcon, d’un mouvement ample des bras, sortit de leur attache, une épée de la main droite, et une hache de la gauche.  

En larges moulinets, il réussit à faire reculer quelques pirates mais, hargneux, ceux-ci ne montrèrent aucun signe de faiblesse. Ils revenaient déjà à la charge.  

Ryô se trouvait un peu plus loin, près du gaillard d’arrière, se débarrassant de deux autres marins, non sans déployer des trésors de hardiesse. Il en avait déjà déduit, comme Falcon, que tous ces hommes n’étaient que de pauvres ères, des corps dénués de leurs âmes par la prise continuelle de poison.  

Un pirate un peu bedonnant, sinon gras, apparut. L’œil jaune et le nez tordu, souvenir d’une bagarre d’ivrogne, il s’avançait vers Kaori, d’un pas souple et résolu.  

-« Alors poulette ! On veut jouer dans la cour des grands ? » Siffla-t-il entre ses dents piquetées de tâches noirâtres.  

En y réfléchissant plus tard, Kaori penserait qu’alors, en cet instant, une saine colère l’avait emporté sur sa peur ; convaincue que tous ces ignobles individus, ceux-là même qui avaient déracinés des dizaines d’hommes et de femmes pour les utiliser comme esclaves, elle en avait éprouvé un certain plaisir. Mais pour l’instant, son corps se raidit, et son regard devint menaçant, un mélange confus entre le danger et l’excitation.  

La jeune femme tourna vivement la tête de tout côté, et vit ce qu’elle cherchait. Du bois, ce n’était pas ce qui manquait sur un bateau aussi gigantesque que celui-ci.  

Empoignant brusquement ce qui ressemblait à un marteau énorme, sûrement utilisé pour les réparations en tout genre, elle l’abattit sur le crâne du pirate, en rugissant :  

-« On ne parle ainsi à une dame !!! »  

Même éloigné, couvrant le brouhaha général, Ryô l’entendit. Un cri de guerre si reconnaissable entre milles, et il sentit monter en lui une bouffée de fierté. Puis, il sourit lorsque, faussement offensée, Kaori en rajouta encore un peu.  

-« Goujat ! »  

L’homme s’en sortit, néanmoins complètement groggy, s’éloignant en grands zigzags, ratatinés de plusieurs centimètres sous le choc. Là où ses pieds se trouvaient deux secondes plus tôt, le bois s’était craquelé sous l’impact.  

Satisfaite, elle toisa d’un œil mauvais ses complices, qui n’étaient plus beaucoup nombreux. Les corps des autres pirates gisaient ça et là, inanimés aux pieds de Falcon mais ce dernier suait sang et eau. Drogués, ces hommes pouvaient faire preuve d’une incroyable force, il n’était pas aisé de sortir indemne de ce combat. Mais il le fit.  

Ryô remit sa lame dans son fourreau, et s’approcha de ses amis. Il ne restait plus qu’un homme, et il se trouvait entre Falcon et Kaori, ce qui en disait long sur l’issue du combat. Il sourit. Il avait toujours pensé que les seules minutes qui valaient la peine d’être vécue, fussent celles où il flirtait avec la Mort, son amie de toujours. Dans ces moments extrêmes, il se sentait …vivant. Mais rien, rien n’était comparable à cette douce chaleur qui s’insinuait dans son cœur et sa chair, à sa vue. Kaori…  

Celle-ci empoigna le manche de sa massue, et balança ses bras derrière elle, afin de donner plus d’élan à son geste.  

-« Laissez-le moi Falcon ! »  

Et avant même qu’Umibozu ou Ryô ne réagissent, elle imprima un vif mouvement à son arme, et le dur objet en bois, qu’elle tenait si fermement, se fendit sur le crâne de son adversaire.  

Deux voix crièrent, emmêlées.  

-« Non ! Kaori ! »  

Un craquement sec se fit entendre. L’homme exhala un « Argh ! » étouffé. Il ne mesurait pas plus d’un mètre, maintenant que son corps avait traversé l’épaisseur des lourdes planches du pont. A l’étage inférieur, une paire de jambes s’agitait dans le vide.  

Ryô arriva trop tard, et Falcon, aussi rapide qu’il fut, échoua dans sa tentative de sauvetage.  

Un craquement sonore, effroyable, et la rupture furent immédiats. Le pont céda sous les deux puissants coups de Kaori, et cette dernière et Umibozu furent engloutis. Lorsque le nuage de poussière et d’échardes se dissipa quelque peu, un trou béant apparut..  

Ryô courut et s’agenouilla au bord de la fracture :  

-« Tout va bien ? » Fit il inquiet.  

Il retrouva Kaori, assise à califourchon sur une poutre, rougissant de honte, et Falcon se passait une main furtive sur son crâne. Il leva la tête vers Saeba.  

-« Et c’est ta partenaire ??... » Gronda-t-il à l’intention de Ryô.  

L’interpellé ne répondit rien, se contentant de hausser les épaules, les paumes de ses mains ouvertes au ciel, signe évident qu’il n’y pouvait rien. Mais son sourire ne trahissait en aucune manière ce qu’il pensait réellement, c’était bien sa partenaire, malgré tout …  

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