Chapitre 46 :: 46

Publiée: 02-02-05 - Mise à jour: 02-02-05

Commentaires: Merci à vous tous: Mopsim, Chanlyr, Clo, Angelheart, Shan_Inn, ma Soso, Ramal...et honte à moi, j'en oublie sûrement... BisouS à tou(te)s et à très bientôt ;)

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En pleurs, les mains s’accrochant désespérément au pendentif que lui avait offert Mick, Kaori tomba à genoux.  

Les vagues léchaient le bout de ses bottes, mais elle restait insensible au tissu de son pantalon qui s’imprégnait lentement, marquant d’une tache sombre le contour de ses jambes. L’Océan semblait seulement assoupi, une eau calme mais reflétant toute la noirceur de cette nuit ; seul le miroitement argenté de la Lune donnait une dimension irréelle au drame qui se déroulait devant ses yeux.  

A mi chemin entre le lagon et le bateau imposant aux couleurs de l’Union Teope, la barque emportait son ami.  

Ryô se pencha, agenouillé si près, qu’elle pouvait sentir l’odeur de sa peau, prégnante et réconfortante à la fois. Elle leva la tête, les yeux baignés de larmes.  

-« Que … que va-t-il se passer pour Mick ? Est-ce que…il est… ? »  

Sa voix se brisa, étranglée par les sanglots douloureux qui labouraient sa gorge.  

-« Ca, on ne pourra le savoir que si on va le chercher. Allez partenaire, notre travail n’est pas fini.»  

D’un léger mouvement de doigts, il remit en place les quelques mèches de cheveux rebelles qui balayaient le front de la jeune femme. Le sourire qu’il affichait, regonfla d’espoir le cœur de Kaori, même si, sous-jacente, on dénotait une pointe de vengeance.  

Il se leva et lui tendit la main, mais évita soigneusement de croiser son regard. Toute la haine que Ryô ressentait pour son père transparaissait dans ses prunelles, se diffusant dans son corps et enflammant ses entrailles. Cette vie de tueur qui le rongeait depuis son enfance, une enfance bafouée par un père cruel et à la limite de la folie, il ne désirait à aucun prix que Kaori connaisse le malheur d’être damnée à tout jamais. Voir sa Kaori dans cet état, alors qu’elle symbolisait l’antithèse de son monde, le rendait fou, fou de rage. Il fallait que cela cesse, que Kaibara disparaisse pour le bien de tous et de lui-même… Et Ryô survivrait, pour celle qu’il aime.  

Kaori se remit debout prestement, et retira délicatement sa main de celle de son équipier. Sa promiscuité et cette attention si inattendue lui brouillaient l’esprit. Or elle voulait être efficace, être digne de City Hunter. Elle se redressa, fière et courageuse.  

Ryô la détailla un instant. Le long de ses hanches, ses poings se crispèrent. Mick lui avait demandé de la protéger et c’est ce qu’il ferait. Mais pour l’heure, le dénouement était proche.  

Falcon les rejoignit, et ajouta du ton bourru qui le caractérisait :  

-« On y va ?! »  

Plus une affirmation qu’une simple question en fait…  

Ryô haussa un sourcil, dubitatif.  

-« Pour quelqu’un qui ne voulait pas se mêler de cette histoire, tu es bien impatient… » Susurra-t-il, malicieux.  

La carrure surprenante de Falcon obtura son champ de vision. Gonflant la poitrine, il répliqua d’un ton sec, et cependant faussement irascible :  

-« Ce n’est certainement pas pour toi que je le fais ! Miki ne me le pardonnerait jamais s’il arrivait quoi que ce soit à Kaori. »  

Umibozu et Ryô se fixèrent un instant. Aucune paroles, pas un mot, mais en avaient-ils besoin ? Malgré la cécité du géant au crâne chauve, ou les goujateries de l’obsédé sexuel permanent, tout deux savaient faire la part des choses, et toutes les saillies de ce style ne suffisaient pas à dissimuler leur véritable nature.  

Le coin supérieur de la lèvre de Ryô se releva, discrètement, amusé par ce côté exagérément revêche de son ami. Mais il n’était pas dupe de son avertissement et de son devoir envers sa tendre partenaire. L’amerloque avait fait de même, non ?  

Se sentant terriblement à découvert sur ses sentiments, il soupira, dépité.  

En parlant de Mick…  

Passant d’une position relativement décontractée, tous ses muscles se raidirent, ses sens s’aiguisèrent, l’œil pétillant mais terriblement dangereux. Ryô redevint le prédateur qu’il était.  

-« Il nous faut récupérer notre embarcation ! » Fit-il, plus résolu que jamais.  

-« Elle arrive. » Répondit Falcon impassible.  

Sur ce, cinq hommes, dont l’un d’eux, Kaori le reconnut aussitôt, était celui qu’elle avait libéré de sa prison suspendue, traversèrent les broussailles bordant la plage et franchirent l’espace les séparant, portant à bout de bras leur chaloupe.  

-« Service express ! » Plaisanta Ryô.  

Et sans plus attendre, ils ramèrent dans le silence le plus total, sur les flots de ténèbres.  

Ils se rapprochaient. Kaori, impressionnée, détaillait le galion, le siège de Kaibara. Ce grand bâtiment à quatre mâts, dont les gigantesques voiles claquaient sous la brise, n’était pas forcément le plus rapide mais aux dimensions ambitieuses, 60 mètres de long aux bas mots, et à première vue armé d’une septantaine de canons. Mais au-delà de l’armement, ce qui la frappait le plus, était le château de cinq étages à l’arrière, magnifiquement orné, scintillant de milles feux sous les rais lunaires. Son intuition lui soufflait que tous les trésors, l’or et les marchandises, étaient entassés sous les contreforts de cette forteresse flottante. Et malgré la beauté du spectacle, elle n’en éprouvait pas moins une sensation de malaise.  

Les oriflammes, au sceau de L’Union Teope, ondulaient, se découpant dans l’obscurité, mise en garde silencieuse.  

-« Peur ? » Lui demanda Ryô, sincèrement inquiet pour elle, mais non sans employer un ton léger.  

-« Non, pas du tout ! »  

Elle répondit peut être un peu trop précipitamment, ce qui la rendit encore plus touchante aux yeux de son compagnon. Puis, elle agrippa la manche de son partenaire :  

-« Et eux ? Que vont-ils devenir ? »  

Elle désigna les hommes et leurs familles qui s’amoncelaient sur le bord de la plage, leur tendant la main en signe de bonne fortune.  

-« Et bien, il est prévu qu’on revienne les chercher plus tard ! »  

Le clin d’œil qui lui adressa la réconforta bien plus que tous les mots qu’il aurait pu proférer en cet instant.  

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