Chapitre 35 :: 35

Publiée: 05-09-04 - Mise à jour: 05-09-04

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La sonnette du Cat’s Eye tinta. Falcon, sa protégée, et la silhouette difforme qui suivait, entrèrent. Devant l’air dépité de Ryô, qui avait survécu, tant bien que mal, au typhon « Kaori », Mick éclata de rire.  

Se tenant la tête à deux mains, aux prises avec de violents maux de tête, Ryô se tourna vers Mick et aboya :  

-« Dis, t’as pas quelqu’un d’autres à enquiquiner ? Des amis, des requins…Des serpents venimeux ! »  

Il laissa ses amis s’asseoir et se dirigea droit vers la salle d’eau. Un bon bain le détendrait. Lançant un coup d’œil à Kaori, qui l’ignorait totalement, il ajouta :  

-« Je reviens dans 10 minutes, le temps de me débarbouiller un peu. »  

Mais Kaori s’entêtait dans son mutisme. Ryô émit un discret soupir, et referma la porte de service derrière lui.  

Tout en se savonnant, ses doutes rejaillirent avec plus d’intensité. Il l’avait vu, aux côtés de Falcon, la tête baissée, le regard triste. Et tout ça à cause de lui… Il avait décidé de faire diversion : faire semblant d’être soul, c’était plutôt facile, et de ce fait Kaori pourrait penser à autres choses qu’à sa peine.  

Profitant de l’eau encore tiède, les bras pendant hors de la baignoire, il leva les yeux et sourit. Un sacré petit bout de femme !  

Loin d’être masochiste, il adorait tout de même quand Kaori le pourchassait avec ses massues. Une preuve que la jeune femme s’intéressait à lui, un rapport ambigu mais qui prouvait leur attachement. Cependant sa lâcheté ne résoudrait rien, il le savait.  

S’immergeant complètement dans l’eau, il prit conscience que son dilemme prenait des proportions inquiétantes.  

Que faire ?...  

Il sortit de la baignoire et s’essuya. Il n’eut pas le temps d’enfiler autres choses que son pantalon et de boutonner sa chemise, que Kaori tambourinait avec force à la porte.  

Bom Bom Bom  

-« Ryôôôôô !!!! Le dîner est prêt !»  

Il ouvrit le panneau de bois et s’appuya à l’embrasure. Kaori, furibonde, tomba nez à nez avec un Ryô facétieux.  

Loin d’avoir résolu son problème sur ses relations complexes avec la jeune femme, il refusait cependant d’entamer une guerre perpétuelle et définitive avec elle. Il lui adressa un grand sourire et dit tout simplement :  

-« J’arrive. »  

Kaori fit volte face et commença à partir quand Ryô la héla :  

-« Kaori ! »  

Elle se tourna et le regarda de biais, toujours aussi perturbée par cette journée trop bien remplie.  

-« Ca va ? »  

La question l’étonna. Elle ouvrit la bouche, afin d’envoyer une pique, mais son cœur fondit comme neige au soleil face à ce grand gaillard qui s’inquiétait pour elle. Elle prit quelques instants pour le détailler et le rose lui monta aux joues. Une envie subite d’enlever les quelques gouttes d’eaux qui restaient accrochées à ses cheveux de jais, la tenailla. Ses yeux incitaient à la noyade. Elle ne savait déchiffrer son regard. De la tendresse, de la compassion, de la plaisanterie ?  

Elle détourna la conversation, embarrassée.  

-« Ca…ça va refroidir, si on ne se dépêche pas. »  

-« Pas de problème ! Je prends juste mes affaires.»  

Ryô disparut à l’intérieur de la pièce, soulagé par la tournure des évènements. Une minute de plus, et il l’aurait croquée. Heureusement que Kaori était d’une timidité maladive… Il eut un pincement au cœur quand il comprit qu’il usait, d’un argument aussi pauvre que ridicule, pour justifier sa fuite continuelle.  

Le cerveau de Kaori était en ébullition. Une partie d’elle-même l’encourageait à avoir une discussion sérieuse avec lui mais sa timidité l’empêchait de s’affirmer plus en avant. Elle dansait d’un pied à l’autre, ne sachant que faire.  

-« On y va ? »  

Kaori sursauta. Ryô l’observait, un sourire facétieux flottant sur son visage. Dieu qu’elle était belle !  

-« Oui. » balbutia-t-elle, confuse de s’être laissée prendre à rêvasser.  

-« On va pouvoir s’empiffrer ! »  

-« Oui ! » ajouta Kaori, surprise elle-même par son empressement soudain.  

Quand un gargouillement se fit entendre, elle plaqua ses mains sur son ventre et les deux partenaires rirent de bon cœur, complices d’un instant.  

***  

Lorsqu’ils rejoignirent leurs amis, Kaori fut surprise de découvrir un nouveau visage. Une belle femme brune, terriblement sexy dans une longue robe moulante, discutait avec Falcon. A leur approche, elle leva les yeux vers eux.  

-« Bonjour Ryô ! »  

Le ton mielleux avec lequel elle s’adressa à lui, exaspéra immédiatement Kaori. Mais à son grand étonnement, Ryô, en voyant la belle, ne bougea pas d’un pouce, affichant même une expression agacée. S’attendant à ce qu’il vole vers la jeune femme, mokkori en avant, elle attendit, avec curiosité, que celui-ci réponde, massue prête à fonctionner.  

Ryô s’assit en face de la brune et la regarda droit dans les yeux.  

-« Bonjour Saeko »  

-« Tu m’en veux toujours ? » Minauda-t-elle.  

Voyant que Kaori restait debout, Ryô tapota de sa main le siège libre voisin, lui faisant signe, par là même, de s’asseoir. Puis, il fit les présentations.  

-« Kaori, je vous présente Saeko Nogami. Cette vieille renarde qui m’a planté au beau milieu de nulle part !! »  

Kaori fulminait. Ainsi donc c’était elle, espionne au service du roi, manipulatrice et…excessivement aguichante…  

Un poids énorme tomba sur ses épaules : cette femme était sublime. Kaori sentit une pointe de jalousie s’insinuer dans ses veines.  

-« Allons, Ryô, tu te doutais bien que j’avais du travail, surtout après ce merveilleux coup de filet. »  

-« Ouais, ouais, tu parles ! Tu m’avais promis 3 coups pour ce travail Saeko !! » Fit Ryô, trois doigts pointés sur elle, en signe évident qu’il y avait injustice.  

-« Je te fournis un bateau, tu peux enlever ces trois coups de la liste, non ? »  

Une liste ?!! Kaori n’en croyait pas ses oreilles ! Elle fit un effort monumental pour se contrôler.  

Mais Saeko se tourna vers elle et continua :  

-« Et tu pourrais me présenter.»  

-« Hein ? A qui ? » Répondit Ryô, plus préoccupé par les jambes de Saeko que par la politesse d’usage.  

SBONG !  

Kaori, irritée par l’attitude pernicieuse de son compagnon, lui infligea une bonne bourrade sur le coin de la tête, se libérant ainsi du trop plein accumulé depuis le début de la conversation, et se nomma elle-même.  

-« Je m’appelles Kaori Makimura ! »  

-« Ma…Makimura ? » Bredouilla Saeko. « Ryô !! Tu ne m’avais pas dit que… »  

-« Aïe-euh …! »  

Ryô, qui s’était courbé en quatre sous la table pour profiter du spectacle, remonta et s’assit convenablement.  

-« … Oui, c’est la sœur d’Hideyuki » lança Ryô, tout en se massant le cuir chevelu.  

Kaori et Saeko se regardèrent. Personne n’aurait pu dire qui des deux étaient la plus étonnée.  

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