Chapitre 38 :: face à face

Publiée: 20-03-21 - Mise à jour: 20-03-21

Commentaires: Si lecteurs il y a ici merci de votre passage :)

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Mick était fier de lui. Il avait réussi à neutraliser l’un des mercenaires sous poussière d’ange et il ne lui restait qu’un seul homme à ses trousses. Finalement, il n’était pas si rouillé que cela.  

Regardant derrière lui, il crut apercevoir Kaori, au loin, mais il ne put le garantir car son poursuivant arrivait dans son champ de vision. Il jura dans sa barbe et reprit sa course dans la jungle. Malgré la fatigue, il arrivait à maintenir une bonne distance entre eux deux et il se félicitait d’arriver à le faire face à un homme drogué. Pourtant, il sentait qu’il commençait à faiblir et ce n’était pas le cas de son adversaire. Son esprit partait dans tous les sens et il essayait d’échafauder un plan pour s’en débarrasser au plus vite. Un fort pressentiment le tiraillait et il voulait retourner rapidement auprès de ses amis.  

Un craquement de branche le fit se retourner et il se sentit soulevé par le col brusquement. Ses pieds quittèrent le sol et Mick suffoqua. Le mercenaire l’avait rattrapé sans qu’il ne s’en aperçoive et il n’avait pas pu réagir car il ne l’avait pas entendu arriver.  

Il voulut se dégager en s’appuyant contre son agresseur avec ses pieds mais c’était sans compter la force surhumaine de l’homme. Le mercenaire attrapa son pied et lui tordit la jambe, ce qui arracha un cri de douleur à l’américain. Ce dernier se retrouva au sol avec l’hispanique le maintenant immobile. Puis, les coups se mirent à pleuvoir sans qu’il n’ait le temps de répliquer.  

Le mercenaire y allait à cœur joie, se mettant à rire de façon incontrôlée, en tapant Mick avec vigueur.  

Cherchant à tâtons de quoi se défendre, l’américain trouva une pierre du bout des doigts. Avec beaucoup de difficultés, Mick réussit à la faire glisser vers lui et il l’attrapa pour la porter violemment sur le crane de son bourreau. Un bruit sourd se fit entendre et du sang gicla. Le mercenaire fut déstabilisé, ce qui permit à l’homme blond de se dégager et de reprendre une respiration normale.  

-Sale fils de…articula difficilement Mick en se relevant.  

Il passa une main sur son visage et se rendit compte de dégâts. L’homme n’y était pas aller de main morte et Mick sentait déjà les boursouflures à certains endroits.  

Il grogna et dégaina son arme pour tirer sur le mercenaire qui se relevait à peine. Au moment où il le visait celui-ci le regarda dans les yeux et écarta les bras en signe de provocation.  

Mick sentit la colère l’envahir et il déchargea son arme sur lui. Puis, il s’appuya contre un arbre pour reprendre son souffle et ses esprits.  

Le reste se passa au ralenti comme dans un mauvais film de série B. Le mercenaire se releva par la force du PCP et se jeta sur Mick déjà fortement affaiblit. Il l’entraina dans sa chute et ils se remirent à jouer des poings.  

Mick redoublait d’effort pour contrer les attaques mais sa tête rebondissait à chaque coup sur le sol froid. Son sang coulait de son visage, l’aveuglant à moitié. Malgré le progrès de ses mains, il sentit qu’il perdait de plus en plus ses forces et qu’elles n’agissaient plus avec autant d’efficacité. Il voulut reprendre une position plus avantageuse mais le guérillero resserrait son étreinte avec force. Les coups de l’homme redoublèrent. Puis, les yeux de l’américain se voilèrent et il se sentit entouré de noir.  

Falcon fit exploser sa dernière grenade et il jura entre les dents. Il avait éliminé la majorité des soldats à ses trousses mais un mercenaire drogué avait pris le relais. Ce n’est pas que ce dernier l’effrayer mais il était à court de munitions et il n’avait pas envie d’un combat au corps à corps.  

Retournant sur ses pas, il crut sentir l’homme s’éloigner mais il se méfia et attrapa son fusil pour l’avoir dans la main. Quand l’aura du mercenaire s’intensifia, le géant ne put empêcher un sourire d’apparaitre sur ses lèvres. Son intuition ne le trompait jamais et il comprit rapidement que l’hispanique allait lui foncer dessus. Il évita facilement la charge et lui tira dessus à la suite. L’homme tomba puis se releva de nouveau. Le manège dura de longues minutes. Exaspéré de la situation, Falcon fini par se jeter sur son assaillant et se lancer dans un combat à mains nues.  

De loin, les forces avaient l’air inégal mais l’expérience de l’ancien mercenaire lui fit prendre le dessus rapidement.  

Il agrippa l’hispanique avec force et le brisa en deux en le soulevant dans les airs. Puis, il tira, sans l’ombre d’un regret, dans sa tête.  

Falcon attendit quelques minutes pour vérifier que l’homme allongé n’allait plus se relever et il se concentra rapidement sur l’aura de Kaori.  

Il ressenti rapidement sa détresse et partit dans la direction qu’elle avait emprunté. Et plus il avançait et plus il ressentait l’aura sombre et dévastatrice de Ryô.  

-Ça sent pas bon tout ça…souffla-t-il en accélérant le pas.  

Alors qu’il arrivait à la sortie du camp, il entendit une série de rafale d’arme à feu et s’immobilisa en sentant l’aura de Mick fortement diminuer. N’hésitant pas une seconde, il changea de direction pour partir rejoindre son ami.  

Ranza ne put empêcher un frisson d’excitation se répandre dans son corps alors que ses yeux se posèrent sur la silhouette qui arrivait enfin dans son champ de vison. Elle ressentait dans tous les pores de sa peau des picotements qui lui donnaient la chair de poule. Elle n’avait plus ressentit cela depuis des années et elle se surprit à y reprendre goût.  

L’aura sombre de l’homme ne l’impressionnait en rien et elle restait calme et maitresse d’elle-même.  

Elle vérifia que la petite japonaise était maintenant hors de portée et elle donna des ordres au dernier mercenaire présent près d’elle. Elle avait repéré une autre présence et elle savait qu’ils seraient trois contre un.  

Elle toucha la fiole toujours en place dans sa poche et se demanda si elle en aurait l’utilité. Puis, elle se concentra à nouveau sur son ennemi et sourit. Elle l’avait tant de fois imaginé qu’elle avait l’impression de le connaitre. Elle n’avait pas eu l’occasion de le voir en vrai au Japon et elle n’avait qu’une hâte, c’était de le confronter en face à face. Elle avait grandi avec son image et sa comparaison et elle voulait s’assurait qu’on ne lui avait pas fabulé cet homme.  

Cet homme que Kaibara considérait comme son fils, cet homme qui n’avait pas hésité à tuer son mentor, cet homme qu’elle haïssait le plus au monde.  

Elle en avait fait le but de sa vie.  

Elle avait mis, ces dernières années, tout en œuvre pour le détruire et quand elle avait appris qu’il vivait une petite vie si tranquille et si normale, elle n’avait eu de cesse de vouloir tout réduire à néant comme il avait fait pour elle.  

L’élaboration d’une meilleure drogue avait été la première étape.  

Elle voulait pouvoir contrôler à cent pourcent les hommes qui en prendraient. Lui conférant le premier avantage.  

Cela lui avait couté des milliers de dollars et de nombreux morts mais elle y était parvenue. Son Angel Dust était maintenant parfait. Il n’avait qu’une seule faille et elle n’en tenait pas compte. A forte dose, il créé un état de manque permanent incurable. C’était ce qui la poussait à ne jamais en prendre.  

Elle ne voulait compter que sur ses capacités propres pour pouvoir parfaitement contrôler sa vie. Elle n’y avait gouté que pour s’assurer de comprendre son mécanisme et elle laissait le sale boulot pour les autres. Tous ces mercenaires ne le faisaient que pour l’argent et elle avait choisi de revenir l’expérimenter en Amérique du Sud que pour ces conditions. Ici tout s’achetait et cela lui convenait très bien. C’était ce que lui avait appris Kaibara et elle appliquait à la lettre ses enseignements.  

La deuxième étape avait aussi été jouissive. Ranza avait trouvé le seul ennemi commun à City Hunter qui acceptait de s’opposer à lui sans crainte. La rencontre avec le clan coréen avait été une bénédiction.  

Elle avait écumé nombreux refus avant de tomber sur Kim Pak Choi. Ce dernier avait une dent profonde contre le japonais qui avait réduit ses chances de s’étendre sur le Japon.  

En effet, alors que Ryô venait à peine de débarquer sur sa terre natale, il avait été confronté au clan de Kim Pak Choi qui voulait prendre le pouvoir sur les filles de joie à Tôkyô. A l’époque le coréen avait déjà beaucoup de pouvoir dans son pays, son clan portant un ancien nom et il voulait s’étendre hors de ses frontières. Le Japon était sa cible de choix et il y était allé comme en terrain conquis créant une alliance avec un Oyabun séduit par ses propositions.  

Cet Oyabun n’était, en fait, que le père du défunt mari de la chef Serizawa. Et ce dernier voyant la défaite assurée des coréens, avait retourné sa veste au milieu de la bataille. Kim Pak Choi avait, depuis, une haine sans nom pour City Hunter et pour le clan Serizawa. Il avait du tout reconstruire de ses mains pour refaire prospérer de nouveau son clan et garder sa position dominante en Corée. Cela lui avait couté beaucoup plus qu’il ne l’aurait cru. Ainsi, il n’avait pu que jubiler quand il avait appris les liens étroits qu’il y avait entre Serizawa et City Hunter.  

Ranza était arrivée à point nommé et elle avait trouvé l’allié de choix dans sa vendetta. Le plus pour le chef du clan Bonged avait été la proposition de la jeune femme de fournir le PCP à ses hommes. Les deux devenaient gagnants avec cette alliance.  

La dernière étape avait été la préparation minutieuse du plan de destruction de City Hunter.  

Rien n’avait été laissé au hasard et tout avait été calculé au millimètre. La prise des casinos par les coréens et leur implantation à Tôkyô, bien avant l’assaut final, les attaques coordonnées, les kidnappings, et surtout la cible de choix : la petite Ai. Cette dernière venait à peine de naitre que la sud-américaine savait qu’elle serait le talon d’Achille de son ennemi.  

Il ne s’était pas passé une minute pour Ranza pour que tout ne soit calculé et planifié. Elle avait créé plusieurs versions de son plan et de nombreux plans B pour palier à toutes éventualités.  

Et elle avait réussi.  

Elle n’avait pas obtenu l’exécution parfaite de son premier plan mais elle avait réussi ces nombreuses versions.  

Restait à le conclure. Elle avait aussi anticipé plusieurs fins et le dénouement s’approchait enfin.  

Rien ne pourrait la satisfaire plus que de le tuer de ses mains dans les plus grandes souffrances mais elle avait aussi la possibilité de plusieurs autres scénarii.  

L’excitation augmentait à mesure que le contour de la silhouette de Ryô se détaillait.  

Elle observa longuement ce corps élancé et musclé s’approcher d’elle. Elle se surprit à le trouver harmonieux et agréable à regarder. Plus il s’approchait et plus elle observait les détails. La chevelure jais se détachait en premier, suivit de la tenue négligée qui pourtant accentuait les courbes de son corps.  

Ranza comprenait mieux en le regardant, le magnétisme animal qui se dégageait de lui. Le voyant évoluer dans la jungle avec aise, elle reconnut les caractéristiques de l’homme qu’on lui avait décrit toute son enfance. Même si les années avaient fait leurs œuvres, il n’en restait pas moins impressionnant.  

La mercenaire se surprit à retenir son souffle puis à légèrement haleter.  

Elle ressentit toute la noirceur de son âme quand elle comprit qu’il l’avait enfin vu. Il devait se poser mille questions et elle était ravie d’être la seule à avoir les réponses.  

-Ryô Saeba, si tu savais depuis combien de temps j’attends cette confrontation, se murmura-t-elle pour elle-même.  

L’adrénaline du moment était à son comble, elle palpitait dans ses veines. Jamais elle n’avait ressenti cela malgré les nombreuses batailles qu’elles avaient déjà vécu. Elle savait que celle-ci serait sa dernière et surement la plus importante de sa jeune vie. Elle en avait fait le choix.  

La haine grondait de toute part quand il leva les yeux et qu’il la vit. Elle semblait le fixer. Même s’il était trop loin pour voir les traits de son visage, il était certain qu’elle était en train de sourire.  

Ses yeux allaient dans tous les sens pour apercevoir sa fille mais il ne vit que vaguement deux corps s’éloigner dans la végétation épaisse.  

Cela le fit encore plus sortir de ses gongs et il accéléra le rythme. Hermétique aux bruits extérieurs, il ne prêta aucune attention aux coups de feu lointains et aux cris venant de derrière lui. Son esprit passait en boucle le dernier son qu’il avait cru entendre : « Papa ».  

Elle était si proche de lui qu’il pouvait la sentir.  

Crispant ses poings à en faire blanchir les jointures, Ryô grogna tel un animal blessé. Il allait tous les exterminer comme les insignifiants incestes qu’ils étaient et même s’il avait une femme face à lui, il ne serait pas tendre.  

A cet instant, il ne voulait même pas comprendre les motivations de cette étrangère, ce qui lui importait, c’était de prendre Ai dans ses bras.  

Ryô augmenta encore plus le rythme de sa course et sentit une aura s’approchait par l’arrière. Il fit volte-face et tomba sur le mercenaire qu’il pensait avoir neutralisé.  

Exaspéré de se contre temps, il le percuta de plein fouet pour le déstabiliser et continuer sa route. Mais il n’y arriva pas.  

-Poussière d’ange ? Pas très original…soupira-t-il en ajustant son arme et tirant entre les deux yeux.  

Le guérillero vacilla mais ne céda pas. Il se précipita à nouveau sur le japonais en accompagnant ses mains de couteaux à longues lames. Le nettoyeur évita sans mal les attaques mais s’impatientait de cette perte de temps. Il réussit à maitriser avec difficultés l’homme et s’empara d’un des couteaux. Sans la moindre hésitation, il lui trancha la gorge faisant gicler le sang contre ses vêtements et les fougères environnantes.  

Puis, Ryô se retourna à nouveau vers sa cible et observa les deux yeux sombres qui le fixaient. La jeune femme avait l’air de s’amuser de cette situation comme si elle était au cinéma. Elle n’avait pas bougé d’un pouce et ne dégageait ni hostilité ni haine.  

Il ne comprenait vraiment pas ce qu’elle lui voulait. Intrigué par son calme, il reprit ses esprits et fut assommé de multiples questions. Pourquoi s’en prendre à lui ? Quel lien avait-elle avec Shin ? Pourquoi les entrainer ici ?  

Il se concentra et continua son observation sans bouger. Les deux avaient l’air de se jauger et aucun ne baisser les yeux. La distance était réduite mais pas assez pour que les voix s’entendent. Ce fut leurs auras qui se rencontrèrent en premier.  

Kaori se figea. Elle voyait le contour du corps de son époux au loin et elle s’arrêta pour reprendre son souffle. Il avait l’air si près et pourtant la distance lui paraissait insurmontable. Elle avait mal aux jambes et aux pieds. Elle s’était écorchée les deux genoux à force de tomber. La paume de ses mains était pleine de coupures et blessures diverses. Son corps en entier lui criait sa douleur.  

Pourtant son esprit lui hurlait de reprendre son avancée et de retrouver les siens. Elle sentait au plus profond d’elle-même que sa fille était proche, elle était persuadée de l’avoir entendu. De plus, elle percevait tellement de détresse chez son mari qu’elle ne pouvait pas le laisser seul dans cette épreuve.  

Reprenant sa marche, elle vit une balle se loger dans l’arbre tout près d’elle. Elle se jeta au sol et regarda autour d’elle pour voir d’où cela venait.  

Trois hommes se trouvaient à moins d’une dizaine de mètres de sa position et la tenait en joue. Elle resta à couvert et visa à son tour ses assaillants.  

Un échange de tirs commença et Kaori réussit à toucher deux des hommes qui prirent ensuite la fuite. Elle comprit rapidement qu’elle avait à faire à l’armée et non à des mercenaires drogués qui, eux, n’aurait en rien été impressionnés par ses attaques. Le dernier homme, par contre, continuait à avancer vers elle en tirant. Elle parvint à se caler derrière un arbre et à recharger son arme. Elle fouilla ses poches et tomba sur les deux dernières grenades en sa possession. Estimant la distance, elle attendit qu’il se rapproche plus pour lancer la première.  

L’explosion fit grand bruit et elle se boucha les oreilles en se sentant atteinte de bourdonnements.  

Quand elle regarda à nouveau en arrière, elle fut surprise de voir l’hispanique encore sur ses pieds qui avançait dans sa direction.  

Son cœur s’emballa et elle commença à paniquer. Avait-elle à faire à un homme sous Angel Dust ? Comment devait-elle réagir ?  

Elle savait qu’elle ne ferait pas le poids face à la violence de la drogue et son corps se mit à trembler. Elle regarda la grenade dans sa main et se demanda comment l’utiliser le plus efficacement possible. Elle souffla à plusieurs reprises et fit descendre la pression.  

Réfléchissant plus posément, la nettoyeuse fixa son adversaire en levant le menton. Elle avait aussi une mission et elle devait l’accomplir par tous les moyens.  

Se relevant, elle dégoupilla l’arme et la posa au sol avant de partir sans attendre. Elle piqua le sprint le plus rapide de sa vie et se jeta au sol, les mains sur la tête, quand la déflagration retendit. Plusieurs secondes passèrent et elle leva enfin les yeux.  

La poussière était soulevée dans les airs et une forte odeur de sang y régnait.  

Ses yeux se remplirent de larmes quand elle réalisa qu’il ne restait plus grand-chose de l’homme et elle stoppa la nausée qui se faisait ressentir. Elle n’avait fait que se défendre mais elle avait le cœur lourd d’être responsable de la fin de cet individu.  

Malgré le contexte, elle ressentait qu’elle aurait dû faire autrement.  

Elle prit quelques minutes pour reprendre son self-control et stabiliser de nouveau son état d’esprit.  

Cherchant des yeux l’ombre de Ryô, elle fut étonnée de ne plus le voir et recommença à paniquer.  

La végétation l’entourait de nouveau et elle crut qu’elle avait trop dévié de la bonne direction.  

Fermant les yeux, elle chercha l’aura de son mari et se laissa guider par celle-ci.  

Ranza fut impressionnée par la force de Ryô. Celui-ci avait maitrisé le mercenaire sans trop de mal malgré la force surpuissante de ce dernier. Elle n’avait pas raté une miette de la bagarre et étudiait tous les faits et gestes du japonais. Il avait une bonne technique et une belle agilité malgré son âge. Elle était même impressionnée de sa cruauté. Ayant passé de longs mois à le faire observer, elle avait cru qu’il s’était affaiblit et qu’il aurait été incapable de maitriser les mercenaires drogués avec tant de facilité.  

L’aura qui se dégageait de lui, laissait paraitre un état d’esprit bien différent de l’homme qu’elle s’était imaginé.  

Un père était-il prêt à tout pour son enfant ?  

Elle ne saurait pas répondre à cette question car le sien n’avait jamais agi ainsi pour elle.  

Une pointe de jalousie se plaça dans son cœur et elle se remémora l’histoire de la jambe de Kaibara. Celui-ci l’avait perdu en protégeant Ryô et cela accentua la haine qu’elle éprouvait pour le japonais.  

Malgré toutes les épreuves qu’ils avaient traversé ensemble, elle savait que l’homme qu’elle avait en face d’elle, avait toujours eu la première place dans le cœur de celui pour lequel elle aurait dû être la plus importante.  

Son aura se noircit à cette constatation et elle le fixa avec force.  

La mercenaire ne fut pas capable de voir combien de temps ils restèrent ainsi à se jauger. Chacun observant l’autre tantôt avec haine tantôt de façon curieuse. Il fallut une explosion pas si lointaine que ça pour que Ranza reprenne place dans le présent.  

La jeune femme fit alors demi-tour et s’enfonça dans la végétation pour retrouver son complice. Il n’était plus que deux.  

Quand elle le retrouva, elle lui exposa son plan et récupéra ses armes. Puis, elle se posa tranquillement le long des roches qui bordaient leur lieu de retraite. Allumant une cigarette, elle en tira de longues bouffées sans précipitation. L’heure de la rencontre allait sonner et elle appréciait les dernières minutes de calme.  

Tiago la regarda de loin puis il s’éloigna d’elle pour suivre ses ordres. Il s’impatientait aussi mais savait qu’il ne pouvait agir sans l’aval de sa chef. Malgré la puissance de la drogue, il ne pouvait aller contre les ordres de Ranza.  

Ses mains se mirent à trembler et il ricana en voyant le japonais arrivait.  

Ce dernier ne se doutait pas qu’il ne pourrait jamais s’en sortir vivant. Les ordres étaient clairs.  

Le guérillero repartit vers le sud pour observer les alentours. Lui aussi avait entendu l’explosion et il se doutait que l’un des amis de son ennemi ne devait pas être loin. Il l’intercepterait avant qu’il ne devienne gênant.  

Ses pas étaient légers et il avança vite avant d’apercevoir une femme.  

Un mauvais rictus aux lèvres, il eut des pulsions qui le traversèrent. Il aurait surement le temps de s’amuser un peu avant.  

A pas de loup, il avança encore en masquant sa présence. Si cette femme était arrivait jusque-là, il devait tout de même s’en méfier. De plus, à voir les dégâts autour d’elle, elle avait la capacité de se défendre.  

Cela l’excita encore plus. Il en oublia alors les ordres donnés un peu plus tôt, se concentrant sur son envie.  

Il la fixait de ses yeux onyx. Elle le regardait tout en continuant à fumer. Puis, elle tendit le paquet dans sa direction.  

-Cigarette ? demanda-t-elle dans un japonais parfait.  

Il n’en fut même pas surpris. Détaillant les traits de son visage, il comprit d’où venait le mélange. Elle avait du sang japonais dans les veines. Il fut frappé par la lueur d’amusement dans son regard et tout se mit en place dans l’esprit de Ryô.  

Il s’approcha nonchalamment et accepta sa proposition.  

Portant la cigarette a sa bouche, il regarda son interlocutrice qui lui tendait un briquet.  

La situation paraissait irréelle mais bizarrement leurs deux auras s’étaient, elles aussi, apaisées.  

-Depuis le temps que je veux avoir le grand Ryô Saeba devant moi. J’en serai presque émue.  

Le nettoyeur resta silencieux. Les mots ne sortaient pas.  

-Tu dois te poser tellement de questions, continua-t-elle sans prendre en compte son silence.  

Il avala la fumée de sa cigarette comme si celle-ci pouvait répondre à sa place. Profitant que la nicotine détende ses muscles.  

-As-tu deviné qui je suis ?  

-Où est ma fille ?  

Ce fut la seule phrase qu’il réussit à articuler en écrasant son mégot.  

Ranza se mit à rire. Puis, elle jeta à son tour le reste de sa cigarette.  

-Pas si loin. Tu dois même la sentir, non ?  

Ryô acquiesça. Leurs regards se soudèrent encore.  

-Es-tu prêt à mourir, Saeba ? fini par demander Ranza.  

-Pas avant d’avoir récupéré ma fille, lui répondit-il sans détour.  

-Et bien alors, nous allons aussi prendre le temps de parler.  

Restant face à face, la jeune femme se redressa légèrement et leva les yeux vers le ciel qui ne perçait pas à travers les arbres.  

-Aussi loin que je me souvienne, tu as toujours été présent dans ma vie…et tu es celui qui m’a enlevé mon seul repère.  

Ryô hésita puis, il la regarda douloureusement.  

-Kaibara. 

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