Hojo Fan City

 

 

 

Data File

Rated R - Prose

 

Author: Mercury80

Status: Completed

Series: City Hunter

 

Total: 49 chapters

Published: 02-10-20

Last update: 22-11-20

 

Comments: 32 reviews

» Write a review

 

DrameRomance

 

Summary: "Un seul être vous manque et tout est dépeuplé..." Un an après la disparition de la lumière de sa vie, comment Ryo, et la bande, a-t-il repris le cours de sa vie ?

 

Disclaimer: Les personnages de "Message in a bottle" sont la propriété exclusive de Tsukasa Hojo.

 

Tricks & Tips

What is NC-17 fanfiction?

 

A NC-17 fanfiction is strictly forbidden to minors (17 years old or less). It can contain violence and graphically explicite sexual scenes. We try to set limits to the content of R fanfictions, but we don't have time to read evrything and trust the authors on knowing the boundaries. So if you rea ...

Read more ...

 

 

   Fanfiction :: Message in a bottle

 

Chapter 3 :: Chapitre 3

Published: 04-10-20 - Last update: 04-10-20

Comments: Bonjour, voici la suite. Bonne lecture et merci pour vos commentaires^^

 


Chapter: 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24 25 26 27 28 29 30 31 32 33 34 35 36 37 38 39 40 41 42 43 44 45 46 47 48


 

Chapitre 3  

 

Réveillée tôt le matin par Layla, Sam se leva et, sans bruits, descendit les escaliers avec la petite. Elle aurait préféré attendre le réveil de son hôte mais l’ogresse du matin ne patienterait pas longtemps avant de commencer à râler. Un peu mal à l’aise, elle pénétra dans la cuisine et farfouilla dans les armoires pour une tasse qui conviendrait pour la petite puis du lait. Quand elle regarda Layla en mettre partout, elle se dit qu’un biberon et un bavoir ne seraient toujours pas du luxe et les rajouta à sa liste des choses à acheter. Elle poussa un long soupir en imaginant les chiffres s’aligner en bas du ticket de caisse.  

 

Se souvenant de ce qu’il y avait dans le frigo, elle sortit des œufs, du lait, puis trouva de la farine, du sucre et un peu de levure et d’huile. Elle prépara une pâte à pancake puis le café avant d’entamer la cuisson. C’était son rituel de jour de repos : préparer un petit-déjeuner plus élaboré, faire le ménage puis du sport et, l’après-midi, c’était sortie. Elle attendit patiemment de voir la pâte sécher sur le dessus avant de retourner le pancake pour cuire l’autre face. Elle partit en quête de confiture, beurre, elle ne comptait même pas sur le sirop d’érable, et ne trouva que du sucre.  

 

- Il faudra qu’on s’ajuste, ma puce, si je gagne ce concours et que nous restons vivre ici., dit-elle à Layla, déposant une assiette sur laquelle elle avait découpé l’épaisse crêpe saupoudrée de sucre.  

 

Laissant cuire la deuxième, elle l’observa manger goulûment avant d’abdiquer et d’en laisser la moitié comme d’habitude. Elle retourna le pancake puis se servit une tasse de café, se demandant à quelle heure Ryo pouvait bien se lever. Layla s’impatienta et descendit de sa chaise alors qu’elle retirait la crêpe et remettait de la pâte dans la petite poêle. Juste après, elle rejoignit Layla qui observait son environnement. Cherchant les choses qui risquaient le plus des petites mains tripoteuses et les mettant en sécurité tout en faisant des allers-retours en cuisine, elle entrait dans le monde de son garde du corps. Finalement, voyant Layla faire des cabrioles sur le divan, elle abdiqua et lui mit un dessin animé, ce qui la captiva.  

 

- Juste quelques minutes, le temps que je finisse., murmura-t-elle.  

 

Elle repartit en cuisine et observa d’un autre regard cette pièce, se demandant pourquoi elle sentait un pincement au cœur. Elle acheva la préparation des pancakes et les réserva au chaud puis dressa le couvert pour eux deux. Cela fait, elle alla chercher Layla et l’emmena à la salle de bains prendre son bain. Le tout partit comme d’habitude en éclats de rire et en câlins. Ce fut ainsi que les trouva Ryo.  

 

- Vous en faites du boucan., grommela-t-il, s’ébouriffant les cheveux.  

 

Malgré tout, quand il les vit, joue contre joue, le regard pétillant, il ne put s’empêcher de sourire, attendri. Kaori aurait aimé cela aussi, pensa-t-il, son humeur s’assombrissant. C’était elle qu’il aurait dû pouvoir admirer ainsi.  

 

- Je reviendrai quand vous aurez fini., lâcha-t-il avant de partir.  

 

Il descendit à la cuisine et se servit une tasse de café qu’il but, appuyé contre le plan de travail. Comment pouvait-il se laisser émouvoir ? Comment pouvait-il sourire et se sentir bien avec elle ? Etait-il en train d’oublier celle qu’il avait aimée ? S’était-il trompé sur la force de ses sentiments pour Kaori ? Etait-il juste en manque de sexe pour qu’une belle paire de gambettes lui tourne la tête ? Il avait tenu si longtemps avec elle. Pourquoi Sam ? Elle ne pouvait qu’être un exutoire. Ca ne pouvait être que cela.  

 

- J’ai préparé le petit-déjeuner. Je t’attendais pour le prendre., fit sa cliente, un peu mal à l’aise.  

 

Elle avait été échaudée par son comportement dans la salle de bains, d’abord chaleureux puis subitement froid. Elle ne savait pas sur quel pied danser avec lui.  

 

- Mais tu dois vouloir manger seul et dans le calme, alors je vais aller me doucher., lui dit-elle.  

- Si tu peux juste garder Layla parce que sinon elle va toucher à tout., lui demanda-t-elle.  

 

Ryo l’observa un instant et s’en voulut de l’avoir visiblement gênée. Il haussa les épaules et désigna la table du menton.  

 

- Reste. Tu as déjà mis la table., lui fit-il remarquer.  

- Tu es sûr ?, s’enquit-elle, méfiante.  

- Oui… sinon tu n’auras plus rien à manger. Ce n’est pas tous les jours que j’ai une chef cuistot à la maison., lâcha-t-il négligemment.  

- Assieds-toi alors. Je vais servir., lui proposa-t-elle, se dirigeant vers le four.  

 

Elle sortit le plat de pancakes et le posa sur la table avant de leur resservir du café et de s’asseoir.  

 

- J’ai cru comprendre que ce n’était pas le petit-déjeuner habituel ici mais c’est notre habitude à toutes les deux mes jours de repos., lui apprit-elle, tentant de détendre un peu l’atmosphère.  

- Pourquoi tu as mis ça à table ?, lui demanda-t-il, voyant la plaquette de comprimés pour l’estomac dont il avait abusés avec Kaori sans aucune utilité réelle.  

- Je les ai trouvés dans le tiroir avec ton nom dessus. Je me suis dit que tu en aurais besoin., pipa-t-elle.  

 

Il prit les médicaments et les observa un long moment avant de se lever et de les jeter à la poubelle.  

 

- Non, je n’en ai jamais eu besoin. J’ai juste été trop con., répondit-il, impassible.  

 

Intérieurement, il se sentait mal de tout ce qu’il avait fait vivre à sa partenaire. Il lui avait vraiment tout gâché jusqu’à son plus simple plaisir qu’avait été la cuisine.  

 

- C’est délicieux., admit-il.  

- Et puis ça change. Donc spécialiste en cuisine japonaise, en cuisine américaine, en quoi n’excelles-tu pas ?, l’interrogea-t-il, tentant de maintenir une conversation légère.  

- Les gâteaux… et surtout les pièces montées., avoua-t-elle, le regardant, le coin de ses lèvres se relevant.  

- La dernière pièce montée que j’ai faite s’est effondrée au premier mouvement. Ce n’était même pas la tour de Pise qui penchait. Elle s’est effondrée… sur la robe de la mariée., expliqua-t-elle, se mettant à rire.  

- T’as sabotée un mariage et ça te fait rire ?, la sermonna-t-il, amusé.  

- Je ne sais pas. Suis-je plus responsable que la mariée et sa meilleure amie se bagarrant pour le marié et tombant sur la table ? Elles l’ont juste fait bouger de cinquante centimètres en un dixième de secondes après tout., ironisa-t-elle.  

- Ca serait à juger sur pièce., transigea-t-il.  

 

Elle acquiesça et le silence retomba un moment, seulement brisé par le babillage de Layla qui jouait avec son doudou.  

 

- Je peux te poser une question, Ryo ?, lui demanda-t-elle, timidement.  

- Vas-y., lui offrit-il.  

- Ca va peut-être te paraître indiscret. On sent la présence d’une femme ici… Tu vis avec quelqu’un ?, l’interrogea-t-elle, plongeant le nez dans son assiette.  

 

Elle ne vit pas le flash de douleur qui passa dans le regard du nettoyeur ni son air vaguement perdu pendant quelques secondes, des images de leur cohabitation passant devant ses yeux. Rien n’avait changé depuis qu’elle était partie.  

 

- Oui., répondit-il simplement.  

- Oh…, souffla Sam, tentant d’ignorer le pincement de cœur.  

- Elle ne va rien dire que nous soyons là ?, l’interrogea-t-elle, tentant de prendre un air dégagé.  

- Non. Elle me fait confiance., répliqua-t-il, se souvenant de ce que ça avait été de savoir qu’elle était là en toutes circonstances, porteuse de cette force qui l’avait fait grandir.  

- Elle est partie pour un petit moment. Vous ne vous croiserez… probablement pas., ajouta-t-il, tentant de régner sur les sentiments qui l’agitaient.  

- Je vais prendre ma douche., conclut-il, se levant et partant.  

 

Sam l’observa s’en aller et, tendue, se mit à débarrasser la table et faire la vaisselle pour s’occuper l’esprit et oublier la déception qu’elle venait de ressentir. C’était idiot de se sentir aussi affectée alors qu’elle le connaissait à peine… C’était idiot de se sentir blessée par son subit changement d’humeur…  

 

Ryo se glissa sous la douche, satisfait d’avoir remis de la distance entre elle et lui. C’était mieux ainsi. C’était Kaori qu’il aimait comme un fou, personne ne pouvait prendre sa place. Dans quelques semaines, Sam serait repartie et sa vie reprendrait un cours plus calme. C’était juste cette gentillesse mêlée de détermination qui réveillait quelque chose en lui. Kaori était ainsi, alors Sam devait juste lui rappeler sa partenaire. C’était tout, il n’y avait rien de plus à y voir. Maintenant qu’ils jouaient en équipe, Kaori et lui, Sam resterait éloignée…  

 

Quand il sortit de la salle de bains et descendit, il vit la jeune femme assise sur le divan racontant une histoire à Layla, la tenant serrée contre elle sur ses genoux. C’était un tableau tendre et émouvant.  

 

- La place est libre. Je vais rester avec elle si tu veux., lui proposa-t-il, se rappelant ses paroles un peu plus tôt.  

- Merci. Elle est rapide, ne la quitte pas des yeux., lui conseilla-t-elle avant de monter.  

 

Il la regarda partir et, quand il se retourna, trouva Layla tentant de monter sur la table basse pour attraper la télécommande à l’autre bout.  

 

- Stop chipie ! Ca aurait été trop simple de faire le tour, n’est-ce pas ?, lui demanda-t-il, l’attrapant et la chatouillant après l’avoir allongée, la faisant rire aux éclats.  

 

C’était quelque chose que Samuel appréciait aussi, même s’il ne le faisait jamais durer aussi longtemps pour ne pas trop l’énerver. Quand il cessa et qu’elle fut calmée, il la prit à bras, l’endroit où elle ferait le moins de bêtises, et lui fit faire le tour de la pièce, lui montrant les divers bibelots que Kaori avait disposés dans la pièce. Il se rappela comme il avait pesté les premières fois qu’elle en avait sortis, lui disant qu’elle envahissait son espace.  

 

- Je lui donne plus de chaleur, crétin !, avait-elle répondu.  

- Et puis premièrement, c’est toi qui m’a proposé de venir vivre avec toi., lui avait-elle rappelé.  

- Avec moi ? Non, je t’ai proposé de venir vivre dans mon immeuble !, avait-il rétorqué.  

- Et tu voulais que je vive où puisque aucun autre appartement n’est habitable ? Cela signifie bien qu’on allait vivre ensemble !, s’était-elle agacée.  

- Arrête de dire qu’on vit ensemble ! Je ne suis pas en couple avec un mec, moi !, avait-il hurlé, horrifié.  

- Je ne suis pas un mec ! Tu crois que j’ai envie d’être en couple avec un pervers d’abord ?, avait-elle crié.  

- Tu veux peut-être tester la marchandise d’abord ?, lui avait-il alors proposé d’une voix suave.  

 

Elle s’était mise à rougir furieusement. Chaque bibelot avait été le fruit de disputes mais, au final, il se sentait bien dans cet espace qui était devenu autre chose qu’un espace fonctionnel, même si on sentait la touche féminine. Cet appartement respirait la présence de Kaori et il n’avait pas vraiment envie que ça change…  

 

- Le chat là ! Il est beau !, cria soudain Layla, désignant la petite statuette de chat porte-bonheur que sa colocataire avait mise sur l’étagère.  

- Oui, c’est un maneki-neko, un porte-bonheur… qui n’a pas vraiment réussi pour le coup., murmura-t-il, son regard s’assombrissant.  

- Kieko ?, répéta la petite fille, intéressée.  

- Maneki-neko., répéta-t-il patiemment.  

- Regarde, il porte un petit collier rouge, une clochette…, lui montra-t-il, faisant tinter le petit grelot.  

- Ding ! Ding !, s’extasia-t-elle, tapant dans ses mains.  

- Il a aussi un bavoir., lui montra-t-il.  

- Il a un bavoir ? Comme moi ?  

 

Il regarda les yeux écarquillés de la petite fille et acquiesça, la gorge serrée. Il savait maintenant qu’il aurait voulu un enfant avec Kaori. Il aurait aimé avoir cette famille qu’ils n’avaient pas eue en étant enfants comme ils le devaient, même si elle avait eu son père et Hideyuki. Ils auraient pu donner un nouveau départ à leur descendance. Lorsqu’il sentit la main de Layla sur sa joue, Ryo se rendit compte qu’il avait pleuré et que la petite fille essuyait ses larmes.  

 

- Tout va bien, ma puce., murmura-t-il, déposant un baiser sur son front.  

- Regarde., lui dit-il, faisant balancer la main du maneki-neko.  

 

Layla s’absorba dans la contemplation de ce mouvement, poussant des petits cris qui le firent sourire alors qu’il essuyait ses larmes et reprenait le contrôle de ses émotions.  

 

- Qu’est-ce que vous regardez ?, entendit-il derrière eux.  

- Maman, le chat ! Kieko !, cria Layla avec un grand sourire.  

- Kieko ?, répéta Sam, approchant.  

- Un maneki-neko, ce n’est pas évident à dire., expliqua le nettoyeur, indulgent.  

- On dirait qu’il dit au revoir., pipa la jeune femme.  

- En fait, il invite plutôt à rentrer. C’est juste que le geste est différent en orient., répliqua-t-il.  

- Hajime en a mis un à l’entrée de son restaurant mais je ne m’y suis jamais intéressé., avoua-t-elle.  

- Il porte une pièce. Il y a une inscription., murmura-t-elle, plissant les yeux pour essayer de déchiffrer.  

- C’est un koban pour apporter la fortune. C’est peut-être pour cela qu’il en a mis un. C’est une pratique courante chez les commerçants. Et l’inscription, c’est dix millions de ryô, ce qui est un peu erroné puisque normalement un koban vaut un ryô., lâcha-t-il.  

- C’est peut-être pour dire qu’il y a plus en lui que ce qu’il nous laisse voir., répliqua-t-elle, amusée.  

 

Il se tourna vers elle et posa un regard mitigé sur elle, regard dont elle ne se rendit pas compte, Layla tendant les bras vers elle. Il avait souvent eu ce genre de remarque de Kaori. Ca l’avait amusé, fâché, touché. Ca l’avait surtout obligé à réfléchir.  

 

- On devrait y aller. Deux filles dans un magasin, ça risque d’être long., affirma-t-il, prenant un air impassible.  

- Non, attends !, l’interpela-t-elle, visiblement fâchée.  

 

Elle ne comprenait pas ses sautes d’humeur intempestives. Un moment, ils avaient une conversation légère sur un sujet trivial et, la seconde qui suivait, il se montrait presque hostile. Elle ne comprenait pas mais ce qu’elle savait, c’était qu’ils allaient passer un moment ensemble et qu’elle ne laisserait pas la situation pourrir.  

 

- Quoi ?, lui demanda-t-il brusquement, contrarié.  

- Qu’est-ce que j’ai fait ? J’ai dit quelque chose de mal ? Ca t’a contrarié que je fouille les placards de la cuisine pour le petit-déjeuner, que je te pose des questions personnelles ? Explique-moi, Ryo. Si tu as des limites que je ne dois pas franchir, dis-le moi simplement. Je ne suis pas quelqu’un d’intrusif., plaida-t-elle.  

- J’essaie juste d’être amicale tout au plus. Alors, si on doit s’en tenir à une relation plus épurée, si on ne doit que parler boulot, dis-le moi. Je refuse en revanche que tu ne sois pas franc avec moi et que tu me malmènes sans raison., lui affirma-t-elle, le regard déterminé.  

 

Il serra les dents et détourna le regard, réfrénant l’envie de l’envoyer balader vertement.  

 

- On doit y aller., gronda-t-il, se retournant et se dirigeant vers la porte.  

- Je ne sais pas si tu es hypocrite ou trouillard mais c’est bon, j’ai compris., rétorqua-t-elle, passant devant lui et franchissant le seuil.  

 

Sachant qu’il avait eu tort, il soupira et releva les yeux vers la chambre de Kaori. Il eut presque l’impression de la voir en train de secouer la tête, exaspérée.  

 

- Oui, je sais, incorrigible., murmura-t-il avant de sortir de l’appartement et de rejoindre les filles au garage.  

 

Il n’eut le courage ni de s’expliquer ni de s’excuser. La distance qui s’était instaurée était plus confortable pour lui que la connivence qui semblait s’être installée dès leur rencontre. Il ne comprenait pas pourquoi elle plutôt qu’une autre parce qu’il avait pourtant déjà eu des clientes depuis la disparition de Kaori dont certaines très avenantes mais il les avait toujours gardées à distance. Pas elle. Il avait le sentiment de l’avoir laissée approcher plus qu’il ne fallait, suffisamment pour réveiller en lui un certain désir, et il ne voulait pas. C’était trop tôt, c’était indécent, c’était injuste. Il ne voulait pas lui donner ce que Kaori n’avait pas eu.  

 

« Vis, aime, ris, espère », ces quatre mots lui revinrent en mémoire. Il en avait mis deux en pratique mais il ne pouvait en aimer une autre et il n’avait pas la force d’espérer, peut-être tout simplement pas l’envie. Son seul espoir était fou et relevait du miracle et il le chassa de son esprit tant il était également douloureux car irréalisable.  

 

- Combien de temps a-t-on ?, entendit-il demander à ses côtés, le sortant de ses pensées.  

 

Il réalisa alors qu’il était garé dans le parking du centre commercial alors qu’il ne se souvenait même pas d’avoir fait la route.  

 

- Le temps qu’il faudra., répondit-il d’un ton détaché.  

- Merci., lâcha-t-elle, se détendant un peu.  

- Si nécessaire, nous déjeunerons ici ce midi. Essaye de ne pas traîner cependant., lui demanda-t-il.  

- Pour éviter qu’on soit repérés et attaqués au milieu de la foule, n’est-ce pas ?, intervint-elle.  

- Oui., confirma-t-il, étonné de sa compréhension.  

- D’accord. De toute façon, je sais ce dont j’ai besoin. Si tu me guides efficacement, ça ira vite., lui dit-elle.  

 

C’était fou comme le ton pouvait changer la donne. Amusé, il lui aurait donné l’impression qu’elle le taquinait. Ferme comme maintenant, il lui disait « fais ton boulot, je ferai le mien et basta ». Sans un mot, un peu démuni, il lui indiqua d’un geste l’ascenseur et ils s’y rendirent.  

 

- Où va-t-on ?, lui demanda-t-il.  

- Vêtements pour Layla., répliqua-t-elle, prenant sur elle pour rester distante alors que ça lui pesait.  

 

Il appuya sur le bouton du troisième étage où il y avait un grand magasin de vêtements et les portes se refermèrent. La cabine s’éleva, s’emplissant d’un silence lourd, et, lorsqu’elle s’arrêta et les libéra, ils en sortirent précipitamment comme pour mieux respirer avant que Ryo ne la dirigea vers le magasin. Elle fit rapidement le tour des étals, sélectionnant une quinzaine de vêtements, des pyjamas et sous-vêtements et un manteau.  

 

- Ils ont un rayon femme. Je vais en profiter., l’informa-t-elle.  

- Tu ne veux pas aller dans une autre boutique ?, lui demanda-t-il.  

- Non. Je n’ai pas besoin d’y passer ma vie. J’ai compris nos contraintes., lui répondit-elle, l’air fermé.  

 

Il ne répondit rien et la suivit à travers les rayons, tenant Layla par la main. Elle choisit rapidement deux jeans, un legging et un pantalon de ville puis deux tee-shirts et deux chemisiers avant de passer au rayon sous-vêtements. Il ne put détacher le regard lorsqu’il la vit poser des soutiens-gorges sur sa poitrine, dévoilant ses formes pleines à ses yeux, pour finir par en sélectionner deux avec leurs bas coordonnés plus une parure pour le sport. Ils passèrent rapidement par le rayon chaussures où elle opta pour une paire de basket et une paire de chaussures sans talons.  

 

- Tu auras besoin d’un sac pour rentrer, non ?, lui fit-il remarquer.  

- Prends celui à droite, s’il te plaît., lui demanda-t-elle après avoir examiné les différents articles de loin.  

 

Ils se retrouvèrent ainsi à la caisse en moins de trois-quart d’heures.  

 

- De quoi as-tu encore besoin ?, lui demanda-t-il.  

- Quelques jouets et livres pour Layla pour l’occuper à l’appartement et quelques articles pour bébé., répondit-elle.  

- Bébé, c’est moi., fit fièrement la petite fille, comprenant qu’on parlait d’elle.  

- Oui, ma puce. Tu grandis mais tu es encore un bébé. Tu apprends. On a le temps, non ? Si tu vas trop vite, que restera-t-il ?, la cajola Sam avec un sourire triste.  

- Son père. Il te restera son père, non ?, fit Ryo du bout des lèvres.  

 

Elle releva les yeux brusquement vers lui affichant un regard surpris… un peu paniqué même avant de se reprendre.  

 

- Tu devrais peut-être l’appeler, non ?, lui suggéra-t-il, s’étonnant qu’elle ne l’eut pas encore fait.  

- Non… Il n’y a personne à appeler., répondit-elle.  

- Vous êtes en désaccord ?, lui demanda-t-il alors qu’ils sortaient du magasin.  

- Layla n’a pas de père., lui apprit-elle, baissant les yeux.  

- Tout enfant a un père., lui opposa Ryo.  

 

Sam s’arrêta brusquement et lui retourna un regard étréci, dur et déterminé.  

 

- Ecoute-moi bien, Layla n’a pas de père., lui dit-elle d’une voix sourde.  

- Il t’a fait du mal… ou à elle ?, l’interrogea-t-il, sentant la colère monter.  

- Non. Il… Il n’avait juste rien de mémorable. Où est le magasin ?, répliqua-t-elle, se tournant de nouveau vers les devantures.  

- Là-bas. C’est le fruit d’une aventure d’un soir ou il t’a larguée quand il a su ?, insista-t-il.  

 

Il avait besoin de savoir même s’il ne savait pas pourquoi. Il avait besoin de savoir. C’était instinctif. Est-ce qu’il voulait éliminer la piste du père dans les attaques ? Est-ce qu’il se sentait le devoir de les défendre parce qu’elles étaient sous sa responsabilité ? Est-ce que c’était autre chose qu’il ne voulait admettre ? Il ne savait pas mais il voulait une réponse.  

 

Elle s’arrêta si brusquement qu’il lui rentra dedans. Lorsqu’elle se tourna, dardant un regard noir sur lui, il recula d’un pas instinctivement.  

 

- Ecoute-moi bien parce que je ne me répéterai pas. Tu as tes limites dont tu ne veux pas parler, soit. Le père de Layla est une des miennes. Layla n’a pas de père. La discussion est close. Tu peux me prendre pour une traînée si ça te chante, je m’en balance., lui balança-t-elle sans ménagement.  

- Mais…  

- De toute façon, ce n’est que professionnel entre nous alors ça ne te regarde pas., le coupa-t-elle.  

- Et s’il était derrière les attaques ?, lui demanda-t-il à voix basse.  

 

Surprise, elle le regarda, la bouche légèrement ouverte. Visiblement, elle réfléchissait intensément puis, soudain, elle referma les lèvres et secoua la tête.  

 

- Non, ce n’est pas lui. Ce serait pour la récupérer et il ne le veut pas. Il ne l’a même jamais vue. Il a beaucoup trop à perdre., lui avoua-t-elle, détournant le regard.  

- Un homme marié…, murmura-t-il.  

- Une erreur de jugement…, admit-elle.  

- C’est lui qui a fait une erreur de jugement., répliqua-t-il d’une voix plus douce.  

- Peut-être., souffla-t-elle, baissant le regard.  

 

Elle ferma les yeux un moment pour chasser la culpabilité puis releva la tête, croisant deux prunelles gris onyx où ne se reflétait aucune trace de jugement, ce qui lui fit un bien fou.  

 

- On ferait mieux de continuer. Il faudra qu’on passe au supermarché faire des courses aussi. Tes placards sont à moitié vides., lui fit-elle remarquer.  

- Je les voyais à moitié pleins, moi., plaisanta-t-il.  

- Toujours est-il qu’il faut les remplir un peu plus et surtout j’ai besoin de choses pour Layla comme du lait ou des couches…, répliqua-t-elle sur un ton plus léger.  

- Des couches ? Elle en met encore ?, s’étonna Ryo.  

- Oui, la nuit.  

- Kieko ! Kieko !, se mit à crier Layla, excitée en voyant l’étal de chats en peluche à l’entrée du magasin.  

- Oh non… ça va être la galère., murmura Sam.  

- Donne-la moi. On va rester ici pendant que tu vas lui choisir quelques distractions. Je te veillerai d’ici., lui dit-il, la configuration des lieux rendant la chose possible.  

 

Elle lui tendit la petite fille et s’éloigna, bien décidée à ne pas traîner. A peine Sam partie, Ryo se tourna vers l’étal et prit un maneki-neko qu’il donna à Layla. Elle se mit à câliner le chat tout en lui baragouinant des tas de choses et resta calme avec lui, ce qui lui permettait de veiller en même temps. Si les attaques s’étaient cantonnées aux cuisines, il ne serait pas inquiété mais le fait était qu’on avait fait voulu la faire exploser en même temps que sa chambre. Il devait donc rester vigilant.  

 

- J’ai fini., lui apprit Sam, les bras chargés.  

- Tu as dévalisé le magasin ou quoi ?, s’étonna-t-il.  

- Non, ce sont toutes les boîtes qui prennent du volume. Tu vas reposer la peluche, Layla., lui demanda-t-elle.  

- Kieko à moi !, lui opposa-t-elle.  

- Layla…  

- Je veux Kieko., plaida la petite fille.  

- Non, chérie. Tu ne peux pas tout avoir., répondit Sam.  

- Va à la caisse. Je m’en débrouille. Je la lui ai mise dans les bras. A moi de l’en débarrasser., proposa le nettoyeur, sûr de son fait.  

 

L’atmosphère était redevenue un peu plus agréable et il n’avait pas envie d’une bataille mère-fille. Sam finissait de mettre les boîtes dans un sac quand elle vit Ryo passer à la caisse. Elle se mit à rire en voyant Layla avec son maneki-neko serré entre ses deux petits bras.  

 

- Ca va… Je n’ai pas pu résister à son regard implorant…, maugréa-t-il, faussement contrarié.  

- A qui ? Au chat ou à Layla ?, pipa la maman.  

- Sans commentaires., répondit-il, le regard pétillant.  

- Bon allez, les courses maintenant., dit-elle.  

 

Ils regagnèrent le parking et la voiture avant de gagner la supérette. A peine sortis de la voiture, Ryo ressentit une forte tension dans l’air, tension qui s’accentua et qu’il identifia sans peine venant de la voiture noire dont sortait un canon de mitraillette. 

 


Chapter: 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24 25 26 27 28 29 30 31 32 33 34 35 36 37 38 39 40 41 42 43 44 45 46 47 48


 

 

 

 

 

   Angelus City © 2001/2005

 

Angelus City || City Hunter || City Hunter Media City || Cat's Eye || Family Compo || Komorebi no moto de