Hojo Fan City

 

 

 

Data File

Rated R - Prose

 

Author: Mercury80

Status: Completed

Series: City Hunter

 

Total: 49 chapters

Published: 02-10-20

Last update: 22-11-20

 

Comments: 32 reviews

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DrameRomance

 

Summary: "Un seul être vous manque et tout est dépeuplé..." Un an après la disparition de la lumière de sa vie, comment Ryo, et la bande, a-t-il repris le cours de sa vie ?

 

Disclaimer: Les personnages de "Message in a bottle" sont la propriété exclusive de Tsukasa Hojo.

 

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   Fanfiction :: Message in a bottle

 

Chapter 20 :: Chapitre 20

Published: 21-10-20 - Last update: 21-10-20

Comments: Bonjour, voici la suite de l'histoire. Qui est sur la photo? Que va-t-on apprendre aujourd'hui? Bonne lecture et merci pour vos commentaires^^

 


Chapter: 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24 25 26 27 28 29 30 31 32 33 34 35 36 37 38 39 40 41 42 43 44 45 46 47 48


 

Chapitre 20  

 

Ryo connaissait la personne sur le papier glacé mais il ne l’avait jamais vue ainsi et, pourtant, c’était elle. Il n’en doutait pas un seul instant. Les traits fins de son visage, ses lèvres douces et sensuelles dont il rêvait souvent, ce petit nez qu’il avait caressé, ses prunelles noisette dans lesquelles il aimait se plonger y lisant l’amour et la confiance qu’elle lui portait, ce front ceint de mèches rebelles acajou, Kaori… Peu importaient les ecchymoses et griffures sur son visage, le bandage sur sa tête, c’était elle, toujours aussi belle.  

 

- Comment… Comment tu as eu cette photo ?, lui demanda-t-il d’une voix blanche.  

- Je l’ai eue il y a un peu plus d’un an quand j’ai mis les pieds à Vancouver. C’est la police qui l’a prise et je l’ai volée dans mon dossier médical. Je… Je suis elle, Ryo. Je ne sais pas qui elle est mais… je suis elle., lui dit-elle, approchant enfin.  

 

Incapable de bouger, d’articuler le moindre son, il l’observa venir à lui et s’aperçut qu’elle avait coupé ses cheveux. Quand elle fut suffisamment près pour que la lumière de la lampe l’éclaira un peu, il remarqua que ses cheveux n’étaient plus blonds mais acajou. Il était face à Kaori. Non, se reprit-il, ce n’était pas possible. Kaori était… morte, disparue en pleine mer. Il en avait assez, assez d’être manipulé. Ils avaient assez souffert tous les deux pour ne pas revivre cet enfer. Cette affaire était enterrée maintenant. Ca ne pouvait être vrai. Il ne pouvait pas avoir fait tout ce chemin, laisser partir la femme de sa vie pour une femme qui s’était jouée de lui, encore… Sans réfléchir, il dégaina son magnum et le pointa sur elle. Elle ne cilla même pas.  

 

- N’approche pas. Je ne sais pas qui tu es ni à quoi tu joues. Je ne sais pas ce que tu veux obtenir mais tu ne m’auras pas, même pas en te faisant passer pour elle., gronda-t-il, furieux.  

- Je ne joue pas et je ne cherche pas à me faire passer pour elle. Ryo, je ne sais pas qui je suis mais cette photo, c’est moi, je te le jure., lui assura-t-elle.  

- Elle n’avait pas d’enfant., lui opposa-t-il.  

- Moi non plus. Je… On peut s’asseoir, s’il te plaît ?, lui demanda-t-elle, sentant ses jambes trembler.  

- Je garderai mes mains sur mes genoux. Tu peux m’attacher si tu veux, je m’en fiche. Tu disais que je te cachais des choses. C’est vrai. Je vous ai révélé certaines choses mais j’ai menti sur la façon dont je suis devenue amnésique., lui avoua-t-elle.  

 

Il l’observa un moment, indécis, puis lui fit signe du canon de son arme d’aller vers le canapé, prenant place sur le retour. Toutefois, une fois assis, il ne pointa plus son arme sur elle, la gardant seulement en main, pendant entre ses jambes. S’il avait mal de s’être fait avoir, s’il culpabilisait d’avoir abandonnée Kaori, il ne ressentait aucune menace.  

 

- Layla n’est pas ma fille. Je la fais passer pour mienne car je suis persuadée que je suis la seule à pouvoir retrouver sa mère. Je sais que, quelque part dans mon cerveau, je connais son identité. C’est aussi pour cela que j’ai utilisé des lentilles de contact de couleur verte et que je me suis teinte les cheveux en blond, pour qu’on se ressemble., lui expliqua-t-elle.  

- La frange, c’était pour cela aussi en plus de modifier la physionomie de mon visage., ajouta-t-elle, repensant à son commentaire quelques jours, semaines peut-être même, auparavant.  

 

Subitement, Ryo se leva et alla allumer la lumière. Quand il se retourna et croisa le regard noisette de la jeune femme, il sentit son cœur s’affoler. Hypnotisé, il approcha d’elle et,recouvrant sa lucidité, lui releva sans ménagement le menton et écarta ses paupières à la recherche de nouvelles lentilles. Elle n’en portait pas…  

 

- Comment es-tu devenue amnésique ?, lui demanda-t-il, d’une voix sourde.  

- Ce n’était pas un accident de voiture… En fait, je ne suis même pas sûre de ce que c’était. Je pense à un accident de bateau puisqu’un navire nous a repêchées toutes les deux en plein océan Pacifique, flottant dans un radeau de survie. Je ne pense pas que nous soyons tombées d’un avion…, plaisanta-t-elle, nerveuse à cause de l’attitude de son interlocuteur.  

 

Ryo la relâcha et recula comme s’il avait été frappé. Cette nuit-là lui revint alors en mémoire. Ils avaient quitté le yacht, le premier bateau en avant, le leur quelques minutes après. Il se souvint du moment où il avait posé le pied à terre au port de Tokyo, où il s’était rendu compte que Kaori n’était pas là. Il avait voulu y retourner mais ses amis l’en avaient dissuadé à cause de la tempête qui s’était levée, une tempête violente, et il les avait écoutés parce que tous étaient déjà éprouvés. Ca aurait été du suicide d’y aller, il le savait, mais il s’en voulut. Elle était vivante, dérivant dans un radeau, blessée, seule ou presque. Pour lui, Kaori venait de mourir sous ses yeux, sans même qu’il s’en rende compte, le propre jour de son anniversaire.  

 

- Je… Je ne peux pas y croire…, murmura-t-il, se laissant tomber dans le canapé.  

- Que s’est-il passé, Ryo ?, lui demanda-t-elle, se levant pour le rejoindre.  

 

Il leva la main en signe de défense, lui ordonnant silencieusement de rester à distance. Réprimant les larmes qui lui montaient aux yeux, elle se rassit.  

 

- Dis-moi ce qu’il s’est passé… s’il te plaît…, l’implora-t-elle.  

- Un bateau a explosé. Tu… elle était dessus., se corrigea-t-il.  

 

Il ne pouvait être en face de Kaori. Ce n’était pas possible. Elle ne pouvait pas être là, bien vivante, après plus d’une année passée à faire son deuil et tenter de vivre sans elle. Il venait de tourner la page, juste vingt-quatre heures avant. Et si…, fit une petite voix dans sa tête. Et si pour une fois, la vie était clémente avec lui et lui accordait une deuxième chance. Et si c’était elle, et si Kaori était de nouveau là, un peu perdue mais de retour dans sa vie, et si… Il devait lutter contre cet espoir insensé mais il devait aussi vérifier, ne pas laisser passer cette opportunité…  

 

- Va chercher Layla., lui ordonna-t-il, se levant.  

- Pourquoi ?, lui demanda-t-elle, surprise.  

- On va voir si des cases peuvent être remplies. Va chercher Layla., lui répéta-t-il, remettant sa carapace.  

 

Sam acquiesça et monta fébrilement. Elle jeta quelques affaires de la petite dans un sac, l’emmitoufla dans sa couverture et redescendit.  

 

- Où allons-nous ?, l’interrogea-t-elle.  

- Chez un ami., répondit-il.  

 

Sans plus un mot, il les emmena au parking et ils prirent la direction de la clinique. Le trajet à une heure si tardive fut relativement court mais se fit dans un silence pesant et pensif. Ryo ne voulait pas spéculer ni laisser l’espoir se faire la place belle pour le moment. Il ne voulait pas se dire qu’il avait été si près de Kaori pendant des semaines, l’avait touchée, embrassée, caressée même et qu’il n’avait pas su la reconnaître. Il ne voulait pas non plus se dire qu’il était tombé amoureux d’une femme qui cherchait à le piéger. A quels fins se demanda-t-il momentanément ? Il jeta un coup d’oeil à sa passagère et ne chercha pas plus loin. C’était difficile de jouer le rôle d’une femme perdue. Elle pouvait n’en avoir que l’air mais il ressentait son incompréhension comme s’il la vivait, ce qui était un peu le cas, réalisa-t-il. Elle n’était pas là pour le piéger.  

 

Sam ne savait plus quoi penser. La seule chose dont elle était sûre, c’était qu’elle avait pris la bonne décision en se dévoilant à Ryo. Maintenant restait à savoir ce qui allait se passer, chez qui il l’emmenait, ce qu’ils lui feraient. Et si… et s’il l’emmenait quelque part pour l’interroger en toute tranquillité, loin des oreilles indiscrètes si elle devait crier ? Elle se secoua mentalement. C’était Ryo. Elle avait confiance en lui même s’il était devenu méfiant envers elle. Ce n’était que normal après tout. Elle venait d’avouer lui avoir menti deux fois, d’abord sur son amnésie puis sur les circonstances de son accident. Elle venait de faire réapparaître la femme qu’il avait aimée et aimait encore comme un fou alors qu’il venait de la laisser partir pour tenter sa chance avec elle.  

 

Elle… mais qui était ce elle ? Un elle japonais ou un elle américain ? Elle n’était plus personne. Sam venait de disparaître mais elle ne savait toujours pas qui elle était. Elle ne savait même toujours pas comment elle s’appelait.  

 

- Comment je m’appelle, Ryo ?, lui demanda-t-elle à voix basse alors qu’il se garait devant un grand bâtiment ancien.  

- Attends-moi ici, Sam. Il faut que je prépare le terrain., répondit-il, ignorant sa question qu’il avait pourtant bien entendue.  

 

Il ne pouvait pas encore y répondre. Y répondre, c’était rendre vrai l’impensable et, avec, rendre possible l’impossible. Il ne pouvait pas. En cas de désillusion, la chute serait trop grande, la pente à remonter trop haute pour lui. Il l’avait fait une fois mais deux fois, c’était au dessus de ses forces.  

 

- Babyface, que fais-tu ici à cette heure tardive ?, s’enquit le Professeur venant à sa rencontre.  

- J’ai un service à vous demander. Une personne à identifier au-delà des apparences., lui expliqua-t-il.  

- Qui ?, lui retourna le vieil homme.  

- Ma cliente.  

- Kazue m’en a parlé. Elle est amnésique, c’est cela ? Elle a retrouvé la mémoire ?, l’interrogea-t-il.  

- La mémoire, non. Son image, oui., répondit Ryo d’une voix sourde.  

 

Il sentit le regard perçant de son ami sur lui. Le professeur sentait la gravité dans les paroles de son protégé et se demandait ce qui pouvait bien le mettre dans un état pareil. La dernière fois… La dernière fois, c’était un jour dont il ne voulait pas se rappeler. Ce jour-là, il aurait tout donné pour un échange de place. Il avait fait sa vie, pas elle, il était vieux, pas elle. Ryo avait un avenir à ses côtés, lui avait tout donné pour ceux qui l’entouraient.  

 

- Elle… C’est peut-être…, bafouilla Ryo.  

- Calme-toi, Babyface. On dirait que tu as vu une revenante…, tenta de plaisanter le Professeur pour le détendre.  

- C’est le cas., souffla le nettoyeur.  

- C’est Kaori…, lui apprit-il.  

- Elle prétend être Kaori ?, s’inquiéta le vieil homme, suspicieux.  

- Elle prétend être cette femme., lui répondit Ryo, lui tendant la photo de la femme blessée et tuméfiée.  

 

Il vit le cliché trembler entre les mains de son ami et les larmes échapper de ses yeux.  

 

- Je ne voulais pas vous bouleverser mais vous êtes le seul à pouvoir m’apporter des réponses… nous apporter des réponses., se corrigea Ryo, se tournant vers la voiture.  

 

Sam avait les yeux baissés et câlinait Layla. Elle cherchait certainement un point d’ancrage dans sa réalité bouleversée, quelque chose à quoi se raccrocher puisqu’il lui avait tourné le dos. C’était ce qu’il avait fait en cherchant à se protéger.  

 

- On va faire les examens nécessaires. Certains seront rapides, d’autres un peu moins mais on ne laissera rien au hasard., lui affirma le Professeur.  

- Elle n’est pas dangereuse, Professeur. Je vous laisse peut-être une mauvaise impression en arrivant ici complètement… je ne sais pas en fait comment je suis… mais elle n’est pas dangereuse., soupira Ryo, tentant de reprendre le dessus sur ses émotions.  

- Tu es bouleversé, Ryo, et on le serait à moins., comprit son ami.  

- Ne mets pas la charrue avant les bœufs, Babyface. On va faire le nécessaire et tenter d’apporter des réponses. Tu me la présentes ?, lui proposa-t-il.  

 

Ryo resta un moment sans comprendre puis saisit le message. Même si c’était Kaori qu’ils avaient en face d’eux, elle ne connaissait plus le Professeur et Sam ne l’avait pas rencontré. S’ils voulaient son entière coopération et ne pas l’angoisser plus que nécessaire puisqu’il était sûr qu’elle était toujours inoffensive, ils ne devaient pas la traiter en ennemie.  

 

- Sam…, dit-il en ouvrant la porte et prenant Layla de ses bras.  

 

Elle leva un regard perdu et brillant de larmes sur lui en attendant la sentence. A priori, s’il continuait à user de son prénom américain, c’était qu’il ne la croyait pas et ça faisait mal.  

 

- Laisse-moi un peu de temps et quelques réponses arriver, d’accord ?, lui demanda-t-il.  

- Je vais te présenter quelqu’un qui va éclaircir les choses.  

 

Elle sortit de la voiture et le suivit, légèrement en retrait. Lorsqu’elle s’arrêta dans l’entrée du bâtiment à la lumière, elle entendit un léger son étouffé et croisa le regard humide et ému d’un vieil homme.  

 

- Sam, je te présente le Professeur. C’est notre spécialiste es sciences en tous genres mais surtout le médecin attitré de toute la bande. Il va te faire les analyses nécessaires pour croiser les données., lui apprit Ryo.  

- Vous venez, jeune demoiselle ?, lui proposa l’homme, lui tendant le bras.  

 

Elle força un sourire sur ses lèvres et passa la main, le suivant. Il l’emmena dans une salle d’examen, désignant à Ryo la pièce d’à côté où il disparut, revenant sans Layla.  

 

- Elle dort en sécurité., la rassura-t-il, voyant son regard anxieux.  

- C’est un lecteur d’empreintes., l’informa le Professeur, désignant un petit boîtier où elle posa un à un chaque doigt de sa main.  

- Les empreintes sont uniques pour chaque personne. Bien évidemment, il serait possible de procéder à de la chirurgie pour les reproduire mais cela relève pratiquement de l’impossible. La seule autre solution…, dit-il, prenant ses doigts et griffant légèrement la surface la faisant frémir.  

- Serait une empreinte en silicone, ce qui suppose d’avoir la personne à disposition, mais qui laisserait des traces. Il n’y a pas de trace ici, pas de seconde peau., affirma-t-il après examen.  

 

L’appareil bippa et l’homme lut les résultats d’un air impassible, les montrant ensuite à Ryo qui prit la machine en main sans dire un mot.  

 

- Alors ?, demanda Sam, n’y tenant plus au bout d’une minute.  

- Ryo, dis-moi quelque chose. Je veux savoir qui je suis. Je dois savoir qui je suis ! Professeur ?, s’agita-t-elle, angoissée face à leur silence.  

 

Le vieil homme tourna le regard vers son protégé dont les yeux restaient rivés sur l’appareil. Il ne pouvait pas y croire. Bien sûr, il savait que les tests n’étaient pas tous faits et que le doute persistait mais celui-là était quand même l’un des plus probants et ce qu’il annonçait était simplement incroyable.  

 

- Ryo, s’il te plaît… Dis-moi quelque chose…, l’implora-t-elle, se mettant à pleurer.  

 

Il approcha d’elle et, après un instant, l’enlaça et la serra contre lui. Il ne savait pas quoi penser de tout cela.  

 

- Tu… tu es elle., murmura-t-il.  

 

Il la sentit s’immobiliser un moment avant de se remettre à pleurer en le serrant plus fort contre elle, sans un mot. Sam se sentait soulagée et emplie d’un espoir qu’elle n’avait jamais eu jusque là. Peut-être allait-elle enfin connaître la vérité sur sa vie, pouvoir aller de l’avant, retrouver un sens à tout cela… Elle essaya de tempérer ses espérances pour ne pas être déçue, se calma et s’écarta de Ryo, se tournant vers le Professeur qui approchait.  

 

- Je vais te faire une prise de sang et un prélèvement de salive pour un test ADN. Je ne veux rien laisser de côté. Je vais te faire aussi un examen médical complet pour comprendre les causes de ton amnésie et voir si tu ne souffres de rien d’autre., lui exposa le médecin.  

- Combien de temps pour les résultats des analyses ?, demanda-t-elle, anxieuse.  

- Dans la journée pour voir si ton groupage sanguin correspond et deux jours pour l’ADN mais ne te fais pas trop de souci. Les empreintes sont déjà un indicateur très fiable., la rassura-t-il.  

 

Elle ne lui opposa aucune résistance et tendit son bras pour la prise de sang un peu étonnée du nombre de tubes qu’il prit.  

 

- Examen complet., lui rappela-t-il.  

- Ouvre la bouche., lui ordonna-t-il, insérant un écouvillon dans sa bouche et le frottant contre l’intérieur de sa joue, la faisant grimacer.  

- C’est désagréable, je sais., s’excusa-t-il.  

- Vous pouvez faire tout ce que vous voulez si vous m’apportez des réponses., répondit-elle.  

- Vraiment tout ce que je veux ?, ne put s’empêcher de lui demander le vieil homme.  

 

Sam baissa les yeux vers lui et, face à son regard lubrique, se fâcha :  

 

- Je te préviens, tout vieux bonhomme que tu es, je te les coupe si tu me touches., le menaça-t-elle, le regard dur.  

 

Le Professeur fit un pas en arrière en déglutissant. Elle semblait tout à fait sérieuse et il tenait encore à ses bijoux de famille.  

 

- Moi qui pensais goûter de la massue…, pipa-t-il à Ryo en allant ranger le matériel.  

- La ressemblance aurait été plus flagrante., admit le nettoyeur.  

 

L’examen dura encore un moment et se termina par un examen gynécologique.  

 

- Tout va bien. Pas de trace de violence sexuelle. Toujours aussi sage. Tu n’as pas flirté., répliqua-t-il, la laissant se rhabiller.  

- Je… j’attendais la bonne personne… mais comment vous pouvez dire que je n’ai pas… Je… je suis toujours…, bredouilla-t-elle, gênée, n’osant regarder Ryo toujours dans la pièce à un endroit qui ne violait pas sa pudeur.  

- Oui. Ton innocence est intacte. Tu peux t’installer dans la chambre d’à côté en attendant demain matin pour le reste des examens. Je te ferai un scan crâne pour évaluer les lésions neurologiques éventuelles qui pourraient expliquer ton amnésie., l’informa-t-il, les laissant.  

 

Le silence s’installa un moment dans la pièce jusqu’à ce que Sam se leva et se tourna vers Ryo.  

 

- Bon apparemment, il y aura au moins un souvenir que je suis sûre de ne pas avoir perdu…, plaisanta-t-elle.  

 

Il ne répondit pas et l’observa seulement, incapable de savoir comment réagir. Il l’avait laissée partir. Il s’attendait à se prendre un savon d’une minute à l’autre, à la voir lui exprimer sa colère, sa jalousie, à se faire écraser sous une massue… et il serait peut-être même soulagé si elle le faisait. Cela signifierait qu’elle n’était peut-être pas si loin.  

 

- Je vais rejoindre Layla., murmura-t-elle, se retournant et sortant de la pièce, désarçonnée.  

 

Elle retrouva la petite fille profondément endormie sur un lit d’enfant. Elle le tira plus près et s’allongea sur le lit juste à côté, se tournant pour la voir. Elle était épuisée mais bien incapable de fermer les yeux. Trop de choses se bousculaient dans sa tête. Trop de doutes l’assaillaient, le premier concernant Ryo et sa réaction. Sachant l’amour qu’il portait à sa femme, elle s’était attendue à autre chose, le voir transporté de bonheur peut-être ou au moins un geste tendre, un sourire, une larme éventuellement même si elle doutait que c’était son genre. Il l’avait prise dans ses bras mais sans un mot à part le résultat du test.  

 

Elle ne savait pas comment elle aurait réagi. Elle ne savait même pas comment réagir face à sa nouvelle identité. Rien ne l’avait préparée à cela. Elle se mit à rire nerveusement avant de se remettre à pleurer. Comme si on pouvait se préparer à affronter dans le miroir sa rivale soi-disant défunte ? Comme si on pouvait se préparer à être celle que l’homme qu’on aime a aimée ? Elle avait l’impression d’être schizophrène… comme si l’amnésie ne suffisait pas…  

 

Ryo resta un moment seul dans la salle d’examen après le départ de Sam. Sam… Kaori… Il ne savait plus vraiment où il en était, il ne savait plus à qui il avait à faire ou plutôt il ne savait pas à qui il voulait avoir à faire… Voulait-il sa Kaori, celle qu’il avait toujours aimée, sans sa mémoire et qui chercherait à la retrouver ou une Sam avec qui faire table rase du passé et tout reprendre de zéro ? Il culpabilisait mais la réponse n’était pas aussi claire qu’il l’aurait voulue. Elle ne l’était plus et quelque part, devrait-elle l’être ? Avait-elle besoin de l’être ? Kaori était Sam, Sam était Kaori. Les deux femmes qu’il aimait n’en étaient qu’une. Ca ne faisait aucune différence. C’était cela. Ca ne faisait aucune différence.  

 

Il laisserait Sam décider de qui elle voudrait être quand les trois tests auraient confirmé les faits. Ils reprendraient là où les choses s’étaient arrêtées, peu importait si c’était le matin même ou un an auparavant. Il avait retrouvé la femme qu’il aimait, elle était l’autre femme qu’il aimait, il n’avait plus à se demander s’il faisait le bon choix. Elle allait rester et ils s’aimeraient, vivraient enfin leur vie comme ils auraient dû le faire.  

 

Soulagé de sa décision, il se dirigea vers la chambre adjacente, faisant taire la petite voix qui lui disait que les choses n’étaient pas aussi simples, qu’il n’échapperait pas aussi vite à ses démons et notamment à celui qui lui donnait le sentiment d’avoir abandonné trop vite face à une autre et à l’autre qui lui reprochait de ne pas l’avoir reconnue, qu’il ne l’avait pas aimée suffisamment pour cela. Il pénétra dans la pièce et vit Sam allongée sur le côté, observant Layla.  

 

Son corps se soulevait encore par moments des hoquets des sanglots qui l’avaient agité. Elle avait entendu la porte s’ouvrir et elle savait que Ryo était là mais elle refusait de reconnaître sa présence. Pour la première fois depuis qu’ils se connaissaient, elle n’était pas sûre qu’il l’apaiserait. Elle n’avait aucune idée de la façon dont il évoluait par rapport à la situation.  

 

- Sam…, l’appela-t-il.  

 

Elle ferma les yeux, en venant à haïr ce prénom qu’elle s’était choisie… Elle ne voulait plus l’entendre tout comme elle n’était pas sûre de vouloir se faire appeler par son prénom à elle. La schizophrénie était de retour… Si elle n’était pas elle ni l’autre elle, qui était-elle alors ? Elle enchaînait avec une personnalité multiple ? Un psychiatre s’en donnerait peut-être à cœur joie avec elle. Il y aurait peut-être enfin quelqu’un à qui sa présence ferait plaisir…  

 

- Sam, comment ça va ?, lui demanda-t-il doucement, approchant du lit et s’asseyant dessus.  

- Parce que ça t’intéresse soudain ?, cracha-t-elle sur la défensive.  

- Tu ne veux pas savoir comment elle va, elle ?, ajouta-t-elle d’un ton aigre.  

 

Ryo l’observa, un peu surpris par sa virulence. Il voyait son air fermé, la crispation de ses doigts sur le drap rendant ses phalanges blanches, la tension dans tout son corps.  

 

- Tu devrais être contente d’enfin savoir qui tu es. Tu devrais te réjouir de retrouver ta maison et ceux qui t’entourent., lui fit-il remarquer, songeur.  

- Qu’est-ce que tu en sais ? Tu devrais être content de la retrouver et, tout ce que j’ai l’impression d’affronter, c’est ta méfiance. Ce matin, j’étais la femme que tu voulais intégrer dans ta vie, celle que tu voulais aimer, en qui tu avais confiance et avec qui tu voulais vivre. Tu me disais l’avoir laissée partir., lui répondit-elle d’une voix dure.  

- Je ne t’ai pas menti ce matin., lui opposa-t-il sombrement.  

- Mais, ce soir, c’est elle que tu protèges, pas moi., lui reprocha-t-elle.  

 

Nerveux, blessé, Ryo se leva et se mit à tourner en rond.  

 

- J’ai été là tout à l’heure. Je t’ai prise dans mes bras., se défendit-il.  

- Pourquoi ? Parce que tu venais d’avoir la confirmation que tu l’avais retrouvée ou pour apaiser le trop-plein d’émotions qui me prenait ?, l’interrogea-t-elle.  

- Je ne sais pas., avoua-t-il, détournant le regard.  

- Tu as pointé une arme sur moi, Ryo. Tu as pointé ta putain d’arme sur moi !, cria-t-elle, réveillant Layla en sursaut.  

 

La petite se mit à pleurer, effrayée. Elle s’en voulut aussitôt et la prit à bras, l’aidant à se rendormir aussi vite.  

 

- Est-ce que tu aurais pointé une arme sur elle ? Est-ce que tu serais resté dans la même pièce qu’elle alors qu’elle avait les jambes écartées ? Si tu craignais un viol, pourquoi étais-tu à l’autre bout de la pièce plutôt qu’à ses côtés à lui tenir la main ?, lui demanda-t-elle, la voix étranglée.  

- Tu voulais juste être sûr que je ne la salirais pas, que je ne m’enfuirais pas… Pourquoi ? Pouvoir me punir si c’était le cas ?, pensa-t-elle tout haut alors qu’il ne répondait rien.  

- Si c’était elle qui t’avait raconté toute cette histoire, tu l’aurais crue sans tous ces examens ?, ajouta-t-elle, la colère montant face à son silence.  

- Tu oublies une chose : elle est toi. Donc si je la protège, je te protège., lui opposa-t-il.  

 

Elle l’observa un moment puis se leva et alla lui faire face, le regard douloureux mais déterminé.  

 

- Je suis elle… Elle est moi… C’est intéressant… Tu attends quoi de moi ? Que je sois elle ou que je sois moi ? Tu veux retrouver ta petite femme et cesser de culpabiliser parce que tu en aimais une autre ? Tu veux que j’incarne ses bons côtés en gardant les miens, deux femmes pour le prix d’une ? Ou je dois rester moi et tu la laisses vraiment partir ? Et est-ce que j’ose te poser la question de savoir qui je dois aimer : un homme avec un passé ou le mari d’une autre ? Je ne suis pas la salope qui brise les ménages, Ryo. J’ai le droit d’être aimée pour moi-même, pas pour le fantôme que tu voudrais revoir., lui asséna-t-elle.  

- Pourquoi tu as repris ta couleur naturelle alors ? Pourquoi avoir enlevé le masque ? C’est toi qui as défait ton costume…, objecta-t-il.  

- Je pensais que l’homme qui disait m’aimer et connaissait mon histoire même imparfaitement était sincère et serait là pour m’aider., lui répondit-elle, à voix basse.  

- Je fais quoi ici d’après toi ?, lui demanda-t-il, fâché, espérant la faire taire.  

- Je ne sais pas. Dis-le moi. Dis-moi qui tu es venu voir dans cette chambre., l’interrogea-t-elle.  

 

Elle savait que peu importait la réponse. Elle la retournerait contre lui parce qu’elle était en colère, qu’elle en voulait à la Terre entière pour le moment. Il aurait été préférable d’abréger la conversation dès le départ et de dormir, de prendre du recul mais ils ne l’avaient pas fait. Ryo pouvait dire ce qu’il voulait, elle le prendrait mal de toute manière. Elle était en colère contre cette rivale qui vivait en elle ou à travers elle mais elle ne pouvait pas s’en prendre à elle, alors elle s’attaquait à la personne la plus proche d’elle.  

 

- Que veux-tu que je te réponde ?, lui retourna-t-il.  

- Elle et toi, toi et elle, vous êtes la même personne, Sam !, lui répondit-il, agacé.  

- Pas dans ta tête, Ryo. Tu as vu le résultat, c’est même toi qui me l’as annoncé : je suis elle. Le Professeur a bien expliqué que les empreintes étaient uniques, que les autres examens étaient là pour confirmer un résultat fiable à 99,9 %. Malgré tout, tu la protèges encore et toujours comme si j’allais chercher à vous nuire., lâcha-t-elle, épuisée.  

- Ce n’est pas vrai, Sam. Je sais que tu ne nous feras pas de mal., lui opposa-t-il.  

 

Le « nous » fit mal, très mal, à la jeune femme, confirmant ses pensées. Elle sentit une larme rouler le long de sa joue et la chassa rageusement.  

 

- C’est ce que je disais. Tu la protèges. C’est elle et ce sera toujours elle. Je n’ai pas ma place., dit-elle, amère.  

- Mais tu te rends compte de ce que tu dis ? Tu es elle, Sam. C’est un truc à devenir dingue…, soupira-t-il.  

- Il n’y a pas de elle ou toi. Vous n’êtes qu’une seule personne, une seule identité., lui rappela-t-il.  

- Une seule identité ? Sam Taylor n’existe pas et tu le sais, alors pourquoi t’évertues-tu à m’appeler Sam ?, l’interrogea-t-elle, le laissant abasourdi.  

 

Il la fixa un long moment sans savoir quoi répondre. Ca n’aurait pas dû être si compliqué. Ca aurait dû être simple comme dans les films, un mot ou une action, un déclic et ils auraient vécu heureux… mais non, leur vie n’était pas un film. Elle n’avait pas recouvré la mémoire, elle avait juste trouvé un bout du fil.  

 

- Je voulais te laisser du temps., admit-il.  

- Et t’assurer que les deux autres tests confirmeraient ce que le premier avait révélé, n’est-ce pas ?, fit-elle, s’éloignant d’un pas.  

 

Il détourna le regard et n’eut pas à répondre. Elle avait compris. Il avait encore des doutes sur son identité, sur le fait qu’elle ne le trompait pas.  

 

- Tu vois, tu la protèges. Tu dis que je suis elle mais tu n’en es pas sûr. Tu ne veux pas en être sûr. Pour toi ne pas être blessé, pour elle ne pas être salie… Moi, je suis quantité négligeable dans tout cela. Tu veux que je te dise ce qui me conforte dans toute cette hypothèse ?, lui proposa-t-elle, croisant les bras autour d’elle pour contenir la douleur qui montait.  

 

Incapable d’articuler le moindre son, il acquiesça.  

 

- Tu ne m’as même jamais dit comment elle s’appelait. Ni avant ni tout à l’heure quand je te l’ai demandé. Pourquoi Ryo ?, l’interrogea-t-elle.  

 

Il la regarda et prit une profonde inspiration pour calmer les émotions qui l’agitaient.  

 

- Parce que c’est trop douloureux pour moi., avoua-t-il.  

- Parce que si tu n’étais pas vraiment elle alors que je l’ai admis, je la perdrais une deuxième fois et je ne suis pas certain de pouvoir m’en remettre. Je l’aurais trahie., expliqua-t-il.  

- C’est elle, ce sera toujours elle. Je n’ai pas de place auprès de toi., murmura-t-elle, blessée.  

- J’y ai cru… Laisse-moi, s’il te plaît. Je voudrais être seule., lui demanda-t-elle.  

 

Il hésita un moment puis, lâchant un profond soupir nerveux, il se dirigea vers la porte qu’il ouvrit avant de s’immobiliser.  

 

- Elle s’appelle Kaori, Kaori Makimura., murmura-t-il avant de sortir en fermant la porte derrière lui, laissant la jeune femme seule.  

 

Elle fixa le vide un moment laissant ces deux mots pénétrer son esprit : Kaori Makimura. Ils virevoltèrent un moment dans son esprit avant que celui-ci daigne s’éteindre progressivement. Telle était son identité :  

 

Makimura.  

 

Kaori. 

 


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