Hojo Fan City

 

 

 

Data File

Rated R - Prose

 

Author: Mercury80

Status: Completed

Series: City Hunter

 

Total: 49 chapters

Published: 02-10-20

Last update: 22-11-20

 

Comments: 32 reviews

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DrameRomance

 

Summary: "Un seul être vous manque et tout est dépeuplé..." Un an après la disparition de la lumière de sa vie, comment Ryo, et la bande, a-t-il repris le cours de sa vie ?

 

Disclaimer: Les personnages de "Message in a bottle" sont la propriété exclusive de Tsukasa Hojo.

 

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   Fanfiction :: Message in a bottle

 

Chapter 21 :: chapitre 21

Published: 22-10-20 - Last update: 22-10-20

Comments: Bonjour, voici la suite de l'histoire. Kaori est de retour physiquement mais toujours aussi amnésique. Quel chemin prendre à partir de là? Comment réagir? Bonne lecture et merci pour vos commentaires^^

 


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Chapitre 21  

 

Quelques heures plus tard, le Professeur, visiblement en manque de sommeil, frappa à la porte de la chambre de Sam et y entra. La jeune femme jouait avec Layla et, si un sourire étirait ses lèvres, il n’allait pas jusqu’à ses yeux.  

 

- Comment tu te sens ?, lui demanda le Professeur.  

- Je ne sais pas., répondit-elle d’une voix morne.  

- J’ai eu le résultat du groupage sanguin. Tu es du même groupe et du même typage. C’est un indice de plus pour dire que vous ne faites qu’une. Mais, comme je te l’ai déjà dit, pour moi, le résultat des empreintes est largement suffisant. J’ai donc une question à te poser. Comment veux-tu que je t’appelle : Sam ou Kaori ?, l’interrogea-t-il.  

- Ai-je vraiment le choix ?, lui retourna-t-elle, incrédule.  

- Je suppose que la bonne réponse serait Kaori. C’est celle que vous attendez tous, non ?, répondit-elle, sentant la colère revenir.  

 

Le Professeur l’observa un instant et vint s’asseoir à ses côtés, posant une main sur la sienne, crispée sur son pantalon.  

 

- Je ne te mentirai pas. Son retour parmi nous serait un grand bonheur mais on ne peut pas te forcer à être quelqu’un que tu ne veux pas être. Pourquoi es-tu en colère ?, la questionna-t-il.  

 

Elle le regarda puis baissa les yeux et fixa le sol, la bouche légèrement entrouverte comme si les mots étaient restés bloqués.  

 

- Je ne sais pas. Je ne me sens pas elle. Je ne me sens plus moi. Je ne sais plus qui je suis et je déteste ce sentiment., murmura-t-elle.  

- Même si je ne savais pas ce que j’allais faire, des portes venaient de s’ouvrir devant moi et j’avais le choix, le choix de poser mes valises et peut-être être heureuse ou celui de partir en sachant que j’avais existé pour quelqu’un. Aujourd’hui…, ajouta-t-elle avant de se taire, la gorge nouée.  

- Tu as l’impression que les portes se sont refermées et qu’il ne t’en reste qu’une, celle de redevenir la personne que tu as oubliée mais qu’on voudrait te forcer à redevenir ? Tu as l’impression de te retrouver face à une porte de prison ?, tenta-t-il.  

- Oui., acquiesça-t-elle.  

- Le plus dur, c’est que je lui en veux parce qu’elle a tout ce que je voulais. Je sais que, si je ne redeviens pas elle, je perdrai tout, peut-être même Layla., soupira-t-elle.  

- Personne ne te la prendra., lui opposa-t-il.  

- Mais peut-être que quelqu’un saura qui est sa mère et je devrai la lui rendre. C’est l’objectif que je me suis fixée. C’est pour cela que je me suis battue pour la garder auprès de moi., lui expliqua-t-elle.  

- Donc peut-être qu’en retrouvant qui je suis, je perdrai tout ce que j’avais réussi à reconstruire et bien plus encore.  

- Prends-le temps de réfléchir, d’apprivoiser tout ce qui a surgi. Pour le moment, si tu es d’accord, je t’appellerai Sam. C’est la personne avec qui tu sembles être la plus à l’aise. Si un jour tu es prête, tu endosseras ton autre prénom mais personne n’a à te forcer la main, même pas toi., lui affirma-t-il.  

 

Elle releva un regard humide vers lui et acquiesça, reconnaissante d’avoir pu lui parler sans être jugée, sans paraître odieuse de ne pas vouloir laisser son amie reprendre sa place pour le moment.  

 

- Je vais te faire passer un examen neurologique ce matin avec un scanner et tout le toutim. On va évaluer les lésions potentielles qui existeraient. J’ai vu cette nuit en t’examinant des plaies dans le cuir chevelu. Tu sais de quoi elles résultent ?, l’interrogea-t-il.  

- Non. Je me souviens juste vaguement qu’on m’a nettoyée et désinfectée quand on était dans le bateau., répondit-elle.  

- Ca… Ca faisait mal., murmura-t-elle en frissonnant.  

- Le médecin de bord ne t’a pas endormie ou au moins anesthésiée ?, s’étonna-t-il, vue le nombre de cicatrices qu’il avait vues.  

- Je… Je ne crois pas que c’était un médecin., avoua-t-elle, cherchant dans ses souvenirs assez flous de l’époque.  

- Tu te souviens de cette période ?, l’interrogea-t-il.  

- Non, c’est assez vague., admit-elle.  

 

Soudain, on toqua à la porte et Ryo passa la tête, nerveux.  

 

- Je peux entrer ?, lui demanda-t-il.  

 

Anxieuse, elle acquiesça et il approcha, prenant Layla alors qu’elle lui tendait les bras. Il lui en fut reconnaissant : ça lui donnait de quoi occuper ses mains et sa présence le forçait à rester calme.  

 

- Tu as réussi à dormir un peu ?, s’inquiéta-t-il.  

- Deux ou trois heures… Et toi ?, osa-t-elle.  

- Pareil. Je suis passé à l’appart’. Je t’ai ramené des vêtements., lui apprit-il.  

- Merci…, balbutia-t-elle, sentant une boule se former dans sa trachée à nouveau.  

 

Malgré tout ce qu’elle lui avait dit, il avait pensé à ça. Ce n’était pas grand-chose mais c’était quand même réconfortant.  

 

- Ryo… Pour hier soir…, commença-t-elle.  

- Non. On en parlera plus tard avec du recul… Ce sera préférable pour nous deux., tempéra-t-il la rebuffade qu’il lui faisait.  

 

La nuit avait été agitée et pleine de doutes. Il n’avait cessé de ressasser ses paroles, de tenter de comprendre l’incompréhensible… pour lui. C’était ce dont il s’était rendu compte au petit matin. Pour lui, tout était simple : Sam avait perdu la mémoire, son identité, on la redécouvrait et elle redevenait Kaori. C’était comme retrouver l’inconnue dans une équation à une inconnue, c’était simple, logique et rationnel. Il n’y avait même pas à chercher, juste effacer et réécrire par dessus. Sauf que dans leur équation, beaucoup d’inconnues s’étaient accumulées. Les sentiments étaient venus se mêler à l’affaire. Le fantôme de Kaori s’était dressé devant Sam à plusieurs reprises et elle avait été honnête avec lui à ce sujet. Elle était jalouse d’elle et, en même temps, elle culpabilisait. Alors aujourd’hui qu’elle apprenait qu’elle était sa propre rivale, qu’il lui avait montré la fragilité des sentiments qu’il lui portait à elle et la force de ceux qu’il portait à Kaori, c’était logique qu’elle leur en veuille. Même si elles n’étaient qu’une seule personne physiquement, Sam ne se sentait pas Kaori.  

 

- Je commençais l’examen neurologique., indiqua le Professeur, témoin du malaise des deux jeunes gens.  

- Alors Sam, de quoi te souviens-tu ? Du bateau qui vous a recueillies peut-être ? Du nombre de jours que vous avez passés en mer avant ?, l’interrogea le vieil homme.  

- C’est flou. Je pense qu’on a flotté deux jours mais je n’en suis pas sûre. Je crois que j’ai beaucoup somnolé. Je me souviens vaguement de pleurs et de la douleur., dit-elle, posant machinalement une main sur sa poitrine.  

- Il y a des cicatrices de morsure autour des aréoles. Tu as certainement mis Layla au sein pour la calmer et tenter de l’allaiter., affirma le médecin.  

- Sans avoir jamais été enceinte ?, s’étonna Ryo.  

- C’est possible. La production ne sera pas importante mais la stimulation peut entraîner la lactation. Certaines femmes le font avec les enfants qu’elles ont adoptés. Ca crée des liens., expliqua le médecin.  

- Du bateau, à part les soins, tu te souviens de quelque chose ? Son nom ? Des hommes ?, continua-t-il.  

- Non, rien à part le sentiment de peur. Je pense que je me suis enfuie dès qu’on a été à terre., murmura-t-elle.  

- Maman…, appela Layla.  

 

Ryo vint lui donner la petite puis s’écarta avec le médecin.  

 

- Tu en penses quoi, Babyface ?, l’interrogea le vieil homme.  

- Saeko a lancé un appel à tous les bateaux dans les parages et plus loin encore, sans résultat. Son état était grave, non ?, lui retourna Ryo.  

- Je pense. Un traumatisme crânien comme elle avait à en juger la photo et les cicatrices ajouté à la déshydratation sévère qui la touchait, c’était un hélitreuillage dans l’hôpital le plus proche., affirma le Professeur.  

- Elle est tombée sur un navire clandestin. Je ne sais pas ce qui l’a poussée à fuir mais elle a bien fait., soupira le nettoyeur.  

- Moi, ce qui m’inquiète, ce sont les séquelles., admit le vieil homme.  

 

Sans un mot de plus, il se tourna vers la jeune femme et lui fit signe de le suivre. Elle se leva anxieuse et lui redonna Layla.  

 

- Tu es entre de bonnes mains., lui dit-il pour l’apaiser.  

- Je sais. Je suis entourée de professionnels., répliqua-t-elle, le cœur serré.  

 

Il ouvrit la bouche et la referma. Que répondre ? Il savait que personnellement, la situation était tendue entre eux. La question des autres arriverait ensuite et il n’avait aucune idée de la façon dont il leur annoncerait ni l’attitude qu’ils auraient ou qu’il devait leur conseiller d’avoir. Le corps de Kaori était de retour mais pas son esprit… Il soupira, le cœur lourd. Elle était là mais pas vraiment. Elle était vivante mais comme morte. Comment vivre ainsi ? Comment continuer la route ? Espérer en regardant en arrière ou tourner définitivement le dos au passé en regardant vers l’avenir ? Chercher à retrouver celle avec qui tout s’était fait ou reconstruire quelque chose de neuf ? Il ne savait pas.  

 

Deux heures passèrent avant que le Professeur revint avec Sam. Ryo l’observa et n’aima pas le regard sérieux de son ami. Il n’y voyait aucune clarté et pressentait que les nouvelles n’étaient pas bonnes. Après que Sam ait pris place sur le lit, Ryo s’asseyant instinctivement à ses côtés, il leur fit face.  

 

- J’ai fait tous les examens possibles pour évaluer le plus exactement la situation. La première chose que je peux vous dire, c’est que c’est un miracle que tu sois encore en vie. Je ne peux que supposer l’étendue de l’hémorragie cérébrale mais elle était importante et je n’ai aucune idée de la manière dont tu as pu t’en sortir avec le peu de soins que tu as eus., affirma-t-il.  

- C’était si important que cela ?, s’inquiéta Ryo.  

- Oui, sa tête a dû être ballottée dans tous les sens et touchée par divers objets ou débris si j’en juge l’ensemble des cicatrices. S’en est suivie une hémorragie généralisée qui a lésé bon nombre de zones. Avec un traitement adéquat, la pression aurait diminué rapidement et les séquelles seraient moins sévères., ajouta-t-il.  

- Je suppose que cela affecte principalement ma mémoire puisque le reste ne semble pas vous inquiéter., intervint la jeune femme.  

- Oui. Je pense…, commença-t-il avant de s’arrêter pour enlever ses lunettes et les essuyer, le visage sombre.  

- Professeur…, s’impatienta Ryo, nerveux.  

 

Il sentit une main se poser sur son genou et baissa les yeux dessus. Quand il releva le regard vers sa voisine, il la trouva étrangement calme et empathique, fixant le vieil homme.  

 

- Cela affecte mes chances de retrouver la mémoire, c’est cela ?, lui demanda-t-elle d’une voix posée.  

 

Elle était presque étonnée elle-même du calme qui l’habitait. Elle aurait dû hurler, exploser de rage, ou partir dans le plus profond désespoir, pleurer… mais non elle était calme comme si elle s’attendait à cette nouvelle, comme si elle l’avait toujours su.  

 

- Oui. Les mécanismes de la mémoire sont complexes mais, vues les séquelles, je pense que tes chances sont minimes, voire inexistantes…, lui avoua-t-il, le cœur lourd.  

- Très bien., fit-elle.  

- Vous pouvez examiner Layla ? Si elle était avec moi dans l’explosion, elle a peut-être elle aussi des séquelles. Je ne veux pas de mauvaises surprises., lui demanda-t-elle.  

- Oui. On fera cela cette après-midi., accepta-t-il.  

- Je te laisse te reposer. Ryo…, l’appela-t-il, lui faisant signe de le suivre dehors.  

 

Le nettoyeur sortit en même temps que son ami, encore sous le coup de la nouvelle.  

 

- Kazue travaille cette après-midi. Je peux m’arranger pour qu’elle ne soit pas en contact avec Sam mais tu devras être prudent dans tes allers-retours., l’avertit-il.  

- Oui… Je ferai attention. Professeur, c’est vrai ? Elle risque de ne jamais retrouver la mémoire ?, lui demanda-t-il.  

- Oui, Ryo. Kaori est de retour physiquement mais pas psychiquement. Tu devras t’y faire… ou la laisser partir. Ne la force pas à incarner celle que tu as connue. Vous souffririez tous les deux. Laisse-la venir vers toi si elle veut apprendre qui elle était, montre-toi patient. Elle doit s’apprivoiser et toi aussi.  

- J’ai… Je n’arrive pas à y croire. Pourquoi c’est elle qui se prend tout dans la gueule ? Elle n’a pas mérité cela. Elle avait le droit d’être heureuse, de vivre une belle vie, pas de se retrouver complètement isolée, même dans son propre corps., lâcha-t-il, amer, la culpabilité revenant au galop.  

- Je ne sais pas ce qui est préférable… Peut-être… peut-être que j’aurais préféré ne pas savoir…, soupira-t-il.  

 

Dire qu’il sentit passer le coup de canne dans le genou était un faible mot. Il eut presque l’impression d’avoir la rotule éclatée. Quand il releva le regard incrédule vers son ami, il croisa son regard furieux.  

 

- T’as bientôt fini de t’apitoyer ? Ca fait un an qu’on pleure son absence, un an que je te vois feindre que tout va bien parce qu’il ne faut pas me prendre pour un imbécile, Babyface ! Les autres n’y ont peut-être vu que du feu mais, moi, je te connais. Je sais que tu joues un rôle. Je ne sais pas ce qu’il s’est passé entre vous deux mais tu n’as déjà plus le même regard. Quelque chose s’est réveillé en toi. Alors tu vas faire quoi ?, lui demanda-t-il.  

- Tu vas la faire attendre elle aussi ? Tu vas la laisser partir ? Ou tu vas essayer de vivre ta vie en évitant de répéter les mêmes erreurs ?, ajouta-t-il.  

- J’ai laissé partir Kaori avant-hier soir pour tenter ma chance avec elle. J’ai l’impression que le destin me punit d’avoir cédé si rapidement. J’ai l’impression de l’avoir abandonnée une deuxième fois., murmura Ryo, s’asseyant sur une chaise du couloir.  

 

Son ami l’observa un moment et prit place à ses côtés, la canne entre ses jambes, les mains appuyées dessus.  

 

- Tu n’as pas pensé à l’autre version possible ?, lui demanda-t-il sérieusement.  

- Laquelle ?, s’étonna Ryo.  

- Que tu l’avais reconnue ?, lui proposa-t-il.  

 

Ryo se mit à rire amèrement avant de passer une main dans ses cheveux.  

 

- Non, je ne l’avais pas reconnue. Je voyais une nouvelle femme en face de moi, une jeune femme séduisante et pleine de caractère avec qui le feeling est passé de suite, une femme avec qui je me sentais bien. Elle… elle était comme le vent qui permet aux voiliers d’avancer. Elle m’a sorti d’une mer plate. J’ai bien cru par deux fois tenir Kaori dans mes bras. J’ai même failli lui faire l’amour… mais c’était Sam… Elles ont plein de points en commun mais tant de différences aussi., ironisa le nettoyeur.  

- Je pense qu’au fond de toi, le lien si particulier qui vous unissait s’est ravivé. Inconsciemment, tu as plus facilement baissé la garde, tu l’as laissée t’approcher., affirma le médecin.  

- Ou alors j’avais enfin accepté ce que Kaori a passé sept ans à me faire rentrer dans la tête. Que j’avais le droit d’aimer et d’être aimé. Peut-être que j’avais enfin le courage d’agir sur cette peur qui m’avait poussé à la tenir éloignée et privé d’un bonheur sans nom. J’étais peut-être prêt à accepter d’une autre ce que la vie m’avait refusé avec elle, une vie bien trop courte pour continuer à la gâcher., lui opposa Ryo.  

- Peut-être aussi… et ce ne serait pas une mauvaise chose, Ryo. Tu évolues. Alors peut-être que tu accepteras qu’il y a des choses pour lesquelles tu n’es pas responsable. Personne ne te punit d’avoir voulu vivre ta vie. Tu crois qu’elle t’a testé pour voir ta résistance ? Quand Sam a-t-elle su qu’elle était Kaori ?, l’interrogea son ami.  

- Je… Je ne sais pas en fait…, admit le nettoyeur.  

 

Le vieil homme hocha la tête et se leva, le laissant seul sans plus un mot. Ryo ne l’interpela pas pour finir la conversation. Il savait ce qu’il lui restait à faire. Il se releva et retourna dans la chambre, entrant après avoir frappé sans aucune réponse. Sam dormait, allongée sur le côté, une main sous sa joue. Il ne lui en voulait pas de se retrouver en plan avec ses questions. Il pouvait attendre encore un peu. Cela lui permettrait de cogiter avant d’avancer dans la résolution des énigmes. Quand il sentit Layla l’agripper, il la regarda et l’attrapa pour la mettre sur ses genoux.  

 

- Ca va, ma puce ? Tu es bien calme aujourd’hui., remarqua-t-il, ne l’ayant quasiment pas entendue de la matinée.  

- Les lieux sont nouveaux pour toi.  

 

Elle se serra contre lui, un peu anxieuse, et il l’entoura de ses bras, la sentant s’apaiser. Soudain, un gargouillement résonna dans son ventre et le fit rire.  

 

- Tu as faim ?, lui demanda-t-il, recevant un hochement de tête pour seule réponse.  

 

Il l’emmena hors de la pièce et il leur trouva de quoi déjeuner. Quand ils rentrèrent, Sam venait de se réveiller et coucha la petite qui ne demanda pas son reste.  

 

- Il faut qu’on parle., lui fit savoir Ryo.  

- Je t’écoute., acquiesça-t-elle, anxieuse.  

- Comment… Comment tu as fait le lien entre la photo et Kaori ?, l’interrogea-t-il.  

- La photo sur ta table de chevet…, répondit-elle.  

 

Elle se souvenait du froid qui l’avait envahie à ce moment-là. Elle faisait face à sa propre image, souriante, heureuse, insouciante… Elle faisait face à elle aimée par au moins deux hommes, celui de la photo et Ryo. Comme un mirage, elle s’était vue se matérialiser entre elle et Ryo comme si elle se disait « pas touche, cet homme-là, c’est le mien, pas le tien. ». D’un coup, elle s’était sentie éjectée de sa vie telle qu’elle la connaissait par une femme qu’elle ne connaissait que par lui et ses amis, une femme bien, presque adulée, qui avait laissé derrière elle un grand vide et un entourage éploré qui protégeait sa mémoire presque religieusement alors qu’elle avait dû se battre pour pouvoir les côtoyer et affrontait pour certains encore leur méfiance. Malgré tout, elle avait eu besoin d’endosser son image, celle qu’elle avait masquée derrière ces cheveux blonds, cette frange et ces yeux verts. Elle avait eu besoin de se retrouver, peut-être de tenter d’effacer ce fossé qu’elle avait senti naître en elle.  

 

- Pourquoi tu ne me l’as pas dit tout de suite ?, lui demanda Ryo, sans reproche.  

- Je ne sais pas. J’étais sous le choc. J’avais besoin d’un peu de temps, de réintégrer ma propre peau… et je devais protéger Layla, lui expliquer., lui expliqua-t-elle.  

 

Elle avait acheté cette couleur au magasin et, lorsque Ryo était sorti, elle était montée avec Layla.  

 

- On va jouer à la coiffeuse, chérie., lui avait-elle expliqué.  

- Je vais me couper les cheveux et changer leur couleur., lui avait-elle annoncé.  

- Pourquoi ?, avait demandé Layla de sa petite voix enfantine.  

- Tu te souviens de ce que je t’ai souvent dit. Tu as une maman qui t’attend quelque part et, moi, je la remplace le temps qu’on la retrouve. Je pense qu’on va bientôt retrouver ta maman mais il faut que je me rappelle qui je suis. Ryo… Ryo va peut-être pouvoir m’aider., lui avait-elle dit avant de la serrer dans ses bras, les larmes aux yeux.  

 

Rendre Layla à sa mère serait dur mais elle aurait fait ce qu’elle devait. Ce n’était cependant pas encore l’heure de la séparation pour elles deux. Elle avait pris le ciseau trouvé dans un tiroir de la salle de bains et avait commencé à couper ses cheveux grossièrement. Plus elle avançait, plus les gestes s’étaient faits précis, presque machinaux et elle avait obtenu le résultat escompté. Elle avait alors comparé ses traits à ceux de la femme sur la photo et, si on ne tenait pas compte des blessures et de ses traits affinés par des mois de privation, il ne manquait que la bonne couleur à ses cheveux et ses yeux. Elle avait alors appliqué le produit et, pendant qu’il agissait, avait retiré les lentilles. Que cela lui avait paru étrange de voir ces deux prunelles noisette l’observer et de savoir que désormais ce serait ces yeux-là qui observeraient le monde. Elle ne les avait plus vus que quelques minutes par jour depuis qu’elle avait endossé son masque de maman biologique de Layla. Tout cela était révolu désormais et retrouver une crinière de feu séchée et péniblement domptée avait achevé le processus.  

 

- Je n’ai pas cherché une échappatoire. J’ai juste été surprise de me voir sur cette photo. Cela faisait des semaines qu’on se fréquentait et je ne m’attendais pas à cela., murmura-t-elle.  

- Moi non plus., admit-il.  

- Je ne me voyais pas te dire que j’étais elle en étant blonde aux yeux verts. Redevenir… mon image originelle…, dit-elle, cherchant les bons mots.  

- Me donnait aussi un peu de temps pour assimiler la nouvelle., résuma-t-elle.  

 

Il ne pouvait nier la logique des choses même s’il aurait aimé le savoir de suite, ne pas la laisser de nouveau seule face au danger au risque de la perdre alors qu’elle avait été là, sous son nez. Il se secoua mentalement. Il l’avait laissée seule dans un endroit qu’il savait sûr. Même s’il avait su, cela n’aurait rien changé. Il devait se concentrer sur des choses plus importantes. Il s’assit sur le matelas face à elle mais se retint de la toucher. Après l’esclandre de la veille, il ne voulait pas la brusquer ni se brusquer en se laissant emporter par ses sentiments.  

 

- Te voir en rousse n’a rien réveillé ?, l’interrogea-t-il.  

 

Elle le regarda droit dans les yeux, les larmes affluant, et secoua la tête négativement.  

 

- Rien. J’ai juste perdu une grande partie de ce qui faisait que j’étais moi… enfin, qui me faisait me sentir moi., hoqueta-t-elle, les sanglots la prenant.  

 

Il approcha d’elle et l’enlaça sans serrer lui laissant l’opportunité de se dégager si elle le souhaitait mais elle ne le fit pas. Elle se laissa aller contre lui et s’appuya sur lui pour tenter de reprendre le dessus.  

 

- Je ne me souviens de rien, Ryo. Mes premiers souvenirs remontent au moment où j’étais dans le radeau et encore ils sont flous. Mes premiers souvenirs clairs remontent à quelques jours après mon arrivée à Los Angeles. Entre deux, quelques semaines voire mois se sont écoulés., lui expliqua-t-elle après s’être calmée.  

- Et quand je t’ai appris ton nom hier ?, l’interrogea-t-il, avec une pointe d’espoir dans la voix.  

 

Elle s’écarta et détourna les yeux, se sentant coupable. Pourquoi ?, se demanda-t-elle. Pourquoi culpabiliser alors que c’était elle qui souffrait ? Elle croisa son regard quand il la força à relever le visage et le regarder. Pour lui, se répondit-elle, parce qu’il attendait une réponse, son retour à elle, parce qu’il voulait peut-être espérer qu’elle reviendrait. Elle n’avait même pas à se poser la question mensonge ou vérité.  

 

- Rien du tout. Ca n’a rien réveillé non plus., lui avoua-t-elle honnêtement.  

 

Elle avait pourtant toujours pensé qu’entendre son prénom, son nom réveillerait tout en elle mais ça n’avait pas été le cas. Seul le silence avait répondu. Elle avait répété et répété ce nom dans sa tête, l’avait même hurlé mais rien à part l’écho de ses appels, comme un téléphone qui sonne dans le vide.  

 

Ryo soupira, ne sachant quoi répondre. Il avait espéré et encore une fois, pour quel résultat ? Pour rien. Il décida de n’en rien montrer pour la femme qu’il tenait entre ses bras.  

 

- Tu as entendu le Professeur : c’est un miracle que tu sois toujours en vie. Alors peut-être qu’il y aura un deuxième miracle…, l’encouragea-t-il.  

 

Sam sentit le froid l’envahir et se leva de son lit, s’éloignant de lui. Ils en revenaient encore au même point.  

 

- C’est ça que tu attends ? Maintenant que tu as retrouvé son corps, tu vas pouvoir attendre son esprit ? Exit Sam et la tentative de voir ce qu’on pouvait devenir. Finalement, tu l’as rattrapée et, maintenant qu’elle est là, tout va bien. Je fais quoi, moi ? J’assure l’amusement jusqu’à ce qu’elle soit là à cent pour cent pour s’occuper de ton cœur en plus de…, se fâcha-t-elle.  

- Stop ! Arrête ça ! Tu me prends vraiment pour un salaud fini ?, lui demanda-t-il.  

- Non… Je sais bien que non… parce que tu tiens trop à elle pour faire du mal à l’enveloppe corporelle., soupira-t-elle.  

- Mais tu pourrais faire beaucoup de choses à l’enveloppe corporelle et elle ne dirait peut-être pas non parce qu’elle, elle est folle de toi., admit-elle à voix basse.  

- Arrête ça, Sam ! Tu n’es pas qu’une enveloppe corporelle ! Je suis perdu comme toi. Moi aussi, je dois digérer ton… son retour parmi nous. Je n’ai pas feint ce que j’éprouvais pour toi tout comme je ne peux pas feindre ce que je ressens pour elle ! Je t’ai… Je l’ai… argh ! C’est frustrant ! Tu es elle, elle est toi et je ne sais pas comment te parler ou te parler d’elle., s’énerva-t-il, passant une main nerveuse dans ses cheveux.  

- Est-ce si compliqué de comprendre qu’on est tous les deux à la recherche de quelque chose et qu’on peut s’apporter quelque chose ?, lui suggéra-t-il.  

- Quand tu cesseras de te voir comme ta propre ennemie, tu voudras peut-être en apprendre plus sur toi. Ca ne signifie pas que je vais te dire comment être ni qui être. Cela t’aidera peut-être juste à cheminer et décider qui tu veux être., lui expliqua-t-il.  

 

Elle l’observa un moment et ne put retenir le long soupir de tension qui lui échappa. Portant les mains à ses tempes, elle les massa pour chasser le mal de tête qui montait. Elle sentait qu’il serait violent, peut-être aussi violent que ceux dont elle souffrait au début.  

 

- Tu as mal à la tête ?, s’inquiéta Ryo.  

- Oui. J’ai besoin de me reposer., murmura-t-elle.  

- Je vais aller chercher le Professeur et m’occuper de Layla., lui proposa-t-il.  

- Laisse-toi du temps, Sam. Les choses se mettront peut-être en place d’elles-mêmes., lui conseilla-t-il.  

- Je ne sais pas, Ryo., répondit-elle, en ayant assez de ces quatre mots qu’elle avait l’impression d’avoir répétés encore et encore tout au long de la journée.  

- Peut-être…, lui concéda-t-elle face à son regard insistant.  

 

Pour seule réponse, il acquiesça avant de sortir, légèrement soulagé. Ils avaient tous les deux besoin de temps pour savoir quel chemin prendre… seuls ou à deux. 

 


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