Hojo Fan City

 

 

 

Data File

Rated R - Prose

 

Author: Mercury80

Status: Completed

Series: City Hunter

 

Total: 49 chapters

Published: 02-10-20

Last update: 22-11-20

 

Comments: 32 reviews

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DrameRomance

 

Summary: "Un seul être vous manque et tout est dépeuplé..." Un an après la disparition de la lumière de sa vie, comment Ryo, et la bande, a-t-il repris le cours de sa vie ?

 

Disclaimer: Les personnages de "Message in a bottle" sont la propriété exclusive de Tsukasa Hojo.

 

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   Fanfiction :: Message in a bottle

 

Chapter 11 :: Chapitre 11

Published: 12-10-20 - Last update: 12-10-20

Comments: Bonjour, voici la suite de l'histoire. Merci pour vos commentaires qui me font un grand plaisir. La question qui est Sam? remue les méninges. Kaori ? Pas Kaori? Si c'est Kaori comment? pourquoi? qui est Layla? Si ce n'est pas Kaori? Pourquoi? comment? Merci de me donner ces moments de lecture de votre part. Bonne lecture à vous et merci pour vos reviews^^

 


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Chapitre 11  

 

Juste avant de partir pour le parc le lendemain matin, Ryo attrapa Layla et la fit s’asseoir dans le divan. Il écarta son gilet et examina le tee-shirt qu’elle portait avant de glisser les doigts dans la poche décorative.  

 

- Tu me chatouilles…, se mit à rire la petite fille, cherchant à échapper à son emprise.  

- Je ne le fais pas exprès. Je me dépêche., s’excusa-t-il avec un sourire aux lèvres.  

 

Il retira les doigts de là et les fit glisser jusqu’à la taille avant de les agiter de plus belle contre sa peau, la faisant éclater d’un rire franc et joyeux. Elle se laissa tomber sur le fauteuil et tenta de se soustraire à sa séance de torture. Soudain, il sentit deux doigts appuyer dans son dos et leva les mains.  

 

- Alors on s’en prend à une petite fille sans défense ?, lui demanda Sam d’une voix faussement sévère.  

- Je plaide coupable. J’ai honteusement chatouillé cette enfant., admit-il, se relevant.  

- Encore Ryo !, l’appela Layla, tout sourire.  

- Vu comme elle n’a pas l’air traumatisée, ça passe pour cette fois., concéda la jeune femme.  

- Merci, Madame., lui fit-il obligeamment.  

- Ryo, encore !, répéta la petite fille, riant par avance.  

- Elle serait plus âgée, ce serait beaucoup moins innocent., pipa-t-il, malicieux.  

 

Il aurait viré en mode pervers depuis longtemps quelques années auparavant à ces mots.  

 

- Et si c’était moi ?, pipa Sam, préparant le sac de l’autre côté du divan.  

- En d’autres temps, on serait déjà sortis mais pour une destination n’incluant ni enfant ni amis., répondit-il d’une voix chaude.  

 

Il la vit se mordre la lèvre puis détourner les yeux et se concentra sur Layla, terrain beaucoup plus neutre. C’était à la fois doux et dur de s’aventurer sur le terrain du désir. Sentir de nouveau cette chaleur grandir en soi, ce désir de partager un moment intime avec quelqu’un qu’il appréciait, cette attente étaient une douce torture qui lui rappelait qu’il était vivant, que la vie continuait mais, d’un autre côté, il ne pouvait cesser de ressentir cette culpabilité par rapport à Kaori parce que, s’ils avaient eu ces moments d’attente à deux, ils n’en avaient pas eu la réalisation, qu’il ne saurait jamais ce que ça faisait de partager ce moment de fusion avec celle qui avait fait battre son cœur en plus d’exciter son mokkori. Mettant de côté ces pensées, il prit Layla à bras.  

 

- Tu ne touches pas à ce que j’ai mis dans ta poche, d’accord ?, lui demanda-t-il.  

- Promis Ryo., lui affirma-t-elle avant d’enserrer son cou de ses deux bras.  

- Je t’aime, Ryo., lui scanda-t-elle de sa petite voix enfantine.  

- Moi aussi, ma puce., répondit-il, la voix étranglée, la serrant contre lui.  

 

Emue, les larmes aux yeux, Sam s’en alla en cuisine sous couvert de récupérer les biscuits qu’elle avait préparés le matin même pour le pique-nique. Elle n’avait pas prévu que Layla s’attacherait à Ryo ni vice-versa, tout comme elle n’avait pas prévu de tomber amoureuse de lui et que lui éprouve des sentiments pour elle non plus. La séparation serait difficile pour eux trois, difficile mais inévitable. Chacun devait poursuivre sa route. Ryo avait sa vie au Japon et elles aux Etats-Unis. Est-ce que laisser cette relation durer était une bonne idée ? Elle n’en avait pas la certitude mais elle le pensait. Cela avait l’air de leur faire du bien à tous. Layla n’avait jamais été aussi enjouée, Ryo semblait moins tendu qu’à leurs débuts, un peu plus léger, et elle se sentait de nouveau vivre. Cette expérience leur permettrait peut-être à tous de mieux avancer dans leurs vies par la suite.  

 

- Tu es prête ?  

 

Elle se tourna vers son garde du corps appuyé au chambranle de la cuisine, fit taire la petite voix lui rappelant à quel point il était sexy et acquiesça. Arrivée près de lui, il l’arrêta et elle leva un regard interrogateur vers lui.  

 

- C’est un émetteur. Il faut que je l’accroche à un endroit discret., lui apprit-il, lui montrant un petit objet rond.  

- Du genre ?, demanda-t-elle.  

- La bretelle de ton soutien-gorge., murmura-t-il, mal à l’aise.  

 

C’était bien la première fois qu’il se sentait ainsi : c’était juste un micro à accrocher. Il ne comptait pas la déshabiller non plus, se reprit-il. Par chance, elle portait un gilet sur un débardeur, gilet qu’elle fit tomber de son épaule, dévoilant la bretelle blanche du sous-vêtement. Une épaule nue, c’était gérable. Il piqua la puce juste en dessous de la lisière du tee-shirt, vérifia qu’elle tenait bien puis retira les mains.  

 

- Voilà, vous êtes toutes les deux équipées. Je ne compte pas vous quitter des yeux mais il y aura du monde., expliqua-t-il.  

- Ca me va. J’ai confiance en ton jugement., lui assura-t-elle.  

- Ca en fait au moins une…, pipa-t-il, son regard s’assombrissant pensant à la réaction de ses amies.  

 

Deux, aurait-il pu se corriger, s’il était arrivé à se convaincre à cent pour cent que Kaori lui faisait confiance pour prendre les bonnes décisions, qu’elle était soulagée voire heureuse de le voir poursuivre sa vie et essayer d’envisager une autre relation comme elle le lui avait demandé. Avant sa rouquine, tout aurait été plus simple. Il aurait souffert de la disparition mais il aurait pu se réfugier dans n’importe quels bras pour se soulager ou se perdre et oublier. Avant Sam, il n’y avait même pas songé. Il avait bien croisé des femmes mais ce n’était jamais allé plus loin. Quand il laissait libre cours à ses pensées et pulsions, c’était toujours seul, entouré de ses souvenirs et des projections qu’il en faisait. Depuis Sam, il avait envie de retrouver ce corps-à-corps bien réel mais la culpabilité le rongeait trop pour lui permettre de passer à l’acte.  

 

- Je ne peux pas…, murmura-t-il.  

 

Elle ne l’avait pas quitté des yeux une seconde. Elle avait ressenti sa détresse, ses tourments et elle souffrait pour lui. C’était au moins un point pour elle : malgré quelques sensations, elle n’avait pas de souvenirs en travers de son chemin, ce qui n’était pas le cas de Ryo et, à en juger par son comportement depuis qu’ils se connaissaient, la relation qu’il avait partagée avec sa femme avait été très profonde.  

 

- Je ne te demande rien, Ryo. Laisse-moi juste être là pour toi en tant qu’amie. Je sais qu’il n’y aura rien de plus., lui répondit-elle, posant une main sur sa joue.  

 

Ca faisait mal à dire quand son cœur battait la chamade quand il était à ses côtés mais elle lui apporterait tout le bien qu’elle pouvait, une présence temporaire pour peut-être exorciser son passé et emporter toute sa douleur lorsqu’elle partirait. Il méritait d’être heureux et, même si elle ne la connaissait pas, elle était certaine que c’était ce que sa femme aurait voulu aussi. C’était certainement l’appartement, son ambiance chaleureuse et sereine qui lui inspirait cela, l’attachement que Ryo et ses amis montraient encore envers elle malgré le temps passé.  

 

- Elle ne voudrait pas te voir malheureux. Laisse-moi prendre cela et l’emmener avec moi quand je m’en irai., lui demanda-t-elle.  

- Elle s’est pliée en quatre pour moi et je le lui ai très mal rendu. Je ne veux pas commettre deux fois la même erreur., admit-il, touché bien malgré lui.  

- Tu ne l’aimais pas en retour ? Tu t’es joué d’elle ?, l’interrogea-t-elle.  

- Je ne veux plus en parler., se referma-t-il.  

- D’accord., soupira-t-elle après l’avoir observé quelques instants.  

 

Elle s’éloigna de lui et alla chercher Layla et les affaires. Patiemment, elles l’attendirent devant la porte, lui tournant le dos pour lui laisser le temps de se remettre. Ryo lui en fut gré. Il avait besoin d’espace pour réfléchir et retrouver son flegme légendaire. Il devait recouvrer son sang-froid et être l’homme impassible qu’il avait toujours su être… presque toujours, lui souffla une petite voix. Quand il le jugea suffisant, il les rejoignit et ils partirent en silence jusqu’au parc, seul le babillage de Layla rythmant leurs pas.  

 

Arrivés au parc, ils trouvèrent facilement le reste de la bande : nul besoin de drapeau ou de repère, la stature d’Umibozu qui dépassait de trois têtes le reste de la population suffisait. Les sourires se firent réservés lorsqu’ils remarquèrent la présence de Sam.  

 

- On s’en va., aboya Saeko à Kenji alors qu’ils avançaient vers eux pour les saluer.  

- Vas-y si tu veux. Moi, je reste. On a une place de choix., lui opposa son fiancé.  

- On s’en va, j’ai dit., réitéra-t-elle, lui lançant un regard noir.  

- Vous nous excusez une minute., fit le pilote, emmenant sa promise un peu plus loin.  

- Je sais que tu ne l’aimes pas. Ce que je ne comprends pas, c’est pourquoi ?, commença-t-il, osant affronter l’inspectrice que tout le monde craignait au commissariat.  

- C’est une menteuse et une manipulatrice., gronda Saeko, voyant Sam partir en grande discussion avec Miki.  

 

Elle avait réussi à la gagner elle aussi. Quelle déception… Elle pensait que Miki ne se laisserait pas avoir.  

 

- Moi, ses raisons m’ont semblé valables même si ce n’était pas très judicieux., objecta Kenji.  

- Elle a volé, menti et s’est enfuie pour échapper à la police. Elle a des faux papiers. Tu trouves que c’est justifié ?, s’irrita-t-elle.  

- Elle voulait rester avec sa fille. Elle a eu peur qu’on la lui enlève. Tu ferais quoi si c’était notre fille ? Tu laisserais un inconnu te la prendre ?, lui demanda-t-il, levant un sourcil.  

 

Surprise, Saeko le dévisagea. Ils avaient parlé mariage et emménagement mais pas enfants.  

 

- Tu veux un enfant ?, balbutia-t-elle.  

- Oui, bien évidemment. Un petit au caractère aussi trempé que sa mère. C’est que j’adore les sensations fortes, moi !, plaisanta-t-il.  

- Fille ou garçon, je m’en fiche. Alors ça te dit ?, lui demanda-t-il.  

- Je ne sais pas. Je dois y réfléchir., répondit-elle, mal à l’aise.  

 

Un cri de Layla attira son attention et elle vit Ryo portant la petite fille haut dans les airs. Elle riait aux éclats et lui avait un sourire chaud aux lèvres. Il semblait prendre goût à la présence de la petite. Le pourrait-elle ? Peut-être bien après tout. Ils étaient si semblables.  

 

- On a le temps pour tout cela., lâcha-t-il soudain.  

- Mais réponds-moi, si c’était ta fille, qu’aurais-tu fait ?, l’interrogea-t-il.  

 

Elle s’assombrit de nouveau et, sans un mot, s’éloigna de lui. Kenji sourit malgré le silence obtus de sa fiancée. Saeko n’aimait pas avoir tort et elle savait que sa réponse la mettrait face à quelque chose qu’elle ne pouvait encore admettre. Certains fantômes étaient difficiles à chasser et il le savait pour avoir eu beaucoup de mal à trouver sa place face à ce rival qu’il n’avait jamais connu et face à la perte de l’amie chérie, par le plus grand des hasards, sœur du défunt aimé. Il avait dû se montrer patient pour gagner le cœur de Saeko, pour gagner sa confiance et il avait pu heureusement compter sur l’approbation de ses amis… ce qui n’était pas forcément le cas de l’américaine.  

 

- Je ferai peut-être mieux de rentrer et te laisser avec tes amis., murmura Sam à Ryo lorsque Mick et Kazue arrivèrent et froncèrent les sourcils en la voyant.  

 

Ils n’avaient pas refusé de lui dire bonjour et s’étaient montrés cordiaux mais elle sentait que sa présence n’était pas la bienvenue. Ca lui faisait mal au cœur mais elle n’avait jamais été du genre à s’imposer.  

 

- Non, tu restes. Tu vas voir, ça va être très beau, surtout en début d’après-midi. Ils ont annoncé une légère brise et les pétales vont voler. Tu ne peux pas rater cela., lui opposa-t-il.  

- Ryo, tes amis n’ont pas confiance en moi pour la plupart. Ma présence les met mal à l’aise. Profitez de ce moment ensemble. Peut-être que tu peux garder Layla avec toi. Elle ne devrait pas déranger. Moi, je vais rentrer à l’appartement. Ce n’est pas grave., affirma-t-elle, luttant contre la boule qui obstruait sa trachée.  

- Si tu rentres, je rentre. Hors de question que je laisse ma cliente seule. Layla, viens là., l’appela Ryo.  

 

La petite trotta jusqu’à lui et prit sa main alors qu’il ramassait le sac, le tendant à Sam.  

 

- Non, ne fais pas ça., lui opposa-t-elle.  

- Ryo, il y a un problème ?, s’étonna Miki.  

- On va rentrer. Sam ne veut pas déranger., répondit-il, lançant un regard consterné à son ami américain et surtout à Saeko.  

- Ce serait un sacrilège de rater l’hanami, Sam., lui indiqua Mick.  

 

Il restait méfiant vis-à-vis d’elle, peut-être plus par loyauté pour Kaori que par crainte d’une attaque mais il était prêt à faire des efforts à la fois parce qu’il avait confiance en l’instinct de Ryo mais aussi par peur de représailles de l’au-delà. En fait, se corrigea-t-il, Kaori l’aurait certainement déjà écrabouillé si elle avait encore été là, tout ça parce qu’il n’aurait pas accordé une chance à la jeune femme. Tous les regards se tournèrent vers Saeko mais l’inspectrice les ignora, regardant de l’autre côté.  

 

- Saeko survivra à l’expérience. Ce qui ne tue pas rend plus fort, n’est-ce pas ?, plaisanta Kenji.  

- T’as pas plus pitoyable comme expression ?, le tança sa compagne sévèrement.  

- Oops, désolé… Sam, restez. Vous ne pouvez pas louper cela. Vous ne pouvez pas ignorer l’un des spectacles de la nature qui symbolise le mieux l’espoir et la renaissance. Cela doit vous parler, non ?, lui dit-il.  

 

Comme d’autres membres du groupe, l’américaine l’observa un instant et acquiesça. Espoir et renaissance, oui, ça lui parlait, à double voire triple titre : pour elle, pour commencer, son amnésie la plaçant dans une espèce de limbes dans ce monde réel, un monde où elle était en attente de se retrouver ou de pouvoir donner une véritable orientation à sa vie ; pour Layla ensuite qui, comme elle, était en attente même si elle ne semblait pas s’en rendre compte ; pour Ryo enfin qu’elle aurait aimé voir en capacité d’aller de l’avant, ne plus souffrir, certaine qu’elle était que sa femme l’aurait voulu aussi.  

 

- Il a raison. Tu dois rester., lui affirma Ryo.  

- On a tous besoin d’espoir. On sait tous pourquoi on est réunis. On sait tous qui nous a amenés ici au départ., asséna-t-il, se tournant vers les autres.  

- Alors maintenant, on se décide à manger. C’est que j’ai faim, moi ! Je suis en pleine croissance., s’exclama-t-il.  

- J’ai faim aussi !, cria Layla gaiement, tirant sur son bras.  

- Alors, on va manger et, s’ils ne veulent rien manger, on finira tout à deux. Tu es d’accord ?, lui demanda-t-il, d’une voix enjouée pour alléger l’ambiance.  

- Oui. Je vais manger tous les gâteaux de maman !, s’écria la petite.  

- Tu m’en donneras un ?, lui répondit-il.  

- Oui !  

- Et à moi ?, l’interrogea Mick.  

 

Il avait compris le message définitivement. Il avait aussi senti la sincérité de la jeune femme dans ses paroles et son cœur s’était serré, repensant à sa rouquine préférée aussi entière et emplie de compassion. Il ne pouvait nier le changement qu’il ressentait chez son ami et il savait que ça venait d’elle, de sa présence. Ca ne pouvait pas être mauvais… même si c’était difficile de voir une autre femme proche de lui….  

 

- Tu me donnes quoi ?, lui demanda-t-elle.  

- Un bonbon ?, lui proposa-t-il.  

- Oui ! Un bonbon !, fit Layla, ravie.  

 

Ils prirent tous place sur la bâche bleue ramenée par le couple de cafetiers et sortirent les plats préparés. Une discussion timide débuta avant de s’animer progressivement. Le froid du début fut occulté même si une personne se refusait toujours à accepter la présence d’une autre. Saeko regardait d’un œil critique les interactions entre Ryo, Layla et Sam. Elle ne pouvait ignorer l’affection sincère que son ami avait développée pour la petite fille. Elle ne pouvait pas non plus ignorer les regards qu’il portait sur sa protégée et ceux-là lui donnaient envie de hurler, de se lever et d’aller le secouer, de lui demander d’ouvrir les yeux.  

 

- C’est beau., s’extasia soudain Layla alors qu’une brise un peu plus forte faisait s’envoler un nuage de pétales roses.  

- Oui, Layla, c’est beau. Ca valait le coup de rester, non ?, lança-t-il à sa voisine blonde, posant un regard tendre sur elle.  

- Oui, c’est vrai., admit Sam.  

- C’est magnifique., pipa-t-elle.  

 

Elle baissa les yeux pour cacher les larmes qui lui montaient aux yeux. Il n’y aurait pas de bis repetita de ce moment. Il ne s’effacerait pas de sa mémoire mais il n’aurait plus jamais lieu, plus dans les mêmes conditions. Il ne serait plus là.  

 

- Tu es fatiguée ?, s’inquiéta-t-il.  

 

Ce serait possible après tout avec tout ce qu’elle vivait. Elle secoua la tête négativement et il posa un doigt pour lui faire relever la tête. Il croisa son regard et son cœur se serra.  

 

- Garde espoir., lui murmura-t-il, caressant sa joue du dos de la main.  

- Oui, tu as raison., chuchota-t-elle, forçant un sourire sur ses lèvres.  

 

L’échange ne passa pas inaperçu et la bande s’immobilisa un instant.  

 

- On s’engourdit les guibolles ici., grommela Umibozu, les distrayant.  

 

Sans un mot, ils rangèrent les plats et couverts et replièrent la bâche.  

 

- Ryo, je veux aller aux jeux., l’interpela Layla.  

- Layla, tu n’as rien oublié ?, la réprimanda sa mère.  

- Merci !, s’exclama la petite, fière d’elle.  

- Non, l’autre., la corrigea Sam, souriant avec indulgence.  

- S’il te plaît, Ryo., minauda la fillette.  

- Viens., lui proposa le nettoyeur.  

- Cool, nous, on garde Sam. On a plein de trucs à se dire entre filles., fit Miki, passant un bras sous celui de l’américaine, Ryo voyant Umibozu se tourner vers sa protégée.  

- Je viens avec toi. Samuel a besoin d’exercice., intervint Mick, emboîtant le pas à son ami.  

 

Les deux hommes s’éloignèrent tenant chacun un enfant dans les bras. Pour le reste de la bande, c’était un tableau un peu étrange mais ils ne s’en rendirent pas compte.  

 

- Tu n’as pas peur que notre chère inspectrice l’embarque ? Elle a l’air sacrément remontée, notre Saeko., fit Mick.  

- Je ne comprends pas vraiment mais je compte sur Umi pour faire opposition., répondit Ryo.  

- Tu ne comprends pas ou tu ne veux pas comprendre ?, lui demanda son ami.  

- Ta relation avec Sam dépasse le cadre professionnel, Ryo. C’est la première fois depuis… Ca surprend., ajouta-t-il, détournant le regard pour masquer sa douleur.  

- Il ne se passe rien avec Sam, Mick. On est amis tout au plus. Elle est là et elle écoute. Elle me fait du bien mais ça s’arrête là. Kao… Kaori est encore là. Je ne peux pas l’oublier. Je ne veux pas l’oublier., lui confia-t-il.  

- Je comprends., admit le blondinet.  

 

Mick posa Samuel sur le toboggan et le fit descendre en le tenant pendant que Layla faisait le tour pour remonter à l’échelle. Ils restèrent là un moment, inconscients de ce qui se passait là où ils avaient laissé le groupe.  

 

- Je suis contente que tu sois restée pour en finir., affirma Miki.  

- Moi aussi, je passe un bon moment., répondit Sam, lui souriant chaleureusement.  

- Tu devras me donner ta recette de cookies. Mick les a adorés., lui demanda Kazue.  

 

C’était sa façon à elle de faire une trêve avec la jeune femme. Elle ne savait quoi penser de la présence de la jeune femme et de sa relation avec Ryo. Par loyauté pour Kaori, ça lui faisait mal mais, d’un autre côté, elle ne pouvait nier avoir vu le changement chez leur ami. Il n’était pas extatique mais son humeur était un peu moins sombre. Elle le sentait plus stable.  

 

- Avec plaisir., répondit l’américaine.  

- Tu verras, ce n’est pas compliqué. C’est une affaire de doigté., lui expliqua-t-elle.  

- Et tu sais de quoi tu parles, non ?, grinça Saeko.  

- Pardon ?, s’étonna Sam.  

- En matière de doigté, tu sais de quoi tu parles. Tu es une manipulatrice. Tu le séduis pour mieux l’amadouer. Que veux-tu ? Qui es-tu ?, l’attaqua l’inspectrice.  

 

Sam l’observa, abasourdie.  

 

- Je ne cherche rien., lâcha-t-elle simplement.  

- A d’autres. Je ne resterai pas une minute de plus avec elle., siffla Saeko avant de tourner les talons et de s’éloigner.  

- Trop, c’est trop., gronda l’américaine avant de la poursuivre au pas de course.  

- Sam, reste ici !, hurla Miki alors qu’un flot de passants empêcha les autres de la poursuivre.  

- Ryo va nous détester., pipa Kazue.  

- Tu crois ?, répliqua Miki, sidérée.  

- Vous restez là, leur ordonna Umibozu avant de fendre la foule.  

- Saeko !, l’interpela Sam.  

 

Elle la rattrapa alors que l’inspectrice pressait le pas malgré ses talons hauts. L’attrapant par le bras, elle la força à s’arrêter.  

 

- Qu’est-ce que je t’ai fait ? Tu as nos passeports, la vérité sur ma vie. Que veux-tu de plus ?, lui demanda-t-elle.  

- Que tu le laisses tranquille !, lui asséna Saeko.  

- Quoi ?  

- Je veux que tu cesses de draguer Ryo., lui ordonna l’inspectrice.  

- Je ne drague pas Ryo ! Je suis là pour lui, ça s’arrête là., lui expliqua-t-elle.  

- Tu le dragues. Tu l’embobines., insista-t-elle.  

- Je ne l’embobine pas. De quoi as-tu peur, Saeko ? Tu es amoureuse de lui ? Tu veux le garder disponible pour le jour où tu lâcheras ton fiancé ? Il est quoi pour toi ?, cria Sam, furieuse.  

 

Saeko la regarda et serra les poings de rage.  

 

- Non !, répliqua-t-elle.  

- Alors c’est quoi le problème ? Tu veux le voir malheureux toute sa vie ? Il doit rester en deuil éternellement ?, poursuivit l’américaine.  

- C’est par fidélité pour elle ? Tu penses que je ne suis pas digne de la remplacer ?, lui demanda-t-elle.  

 

L’inspectrice refusa de répondre, beaucoup trop prise par ses propres sentiments et doutes. Elle savait qu’une partie de sa colère était infondée, qu’elle s’accrochait à un passé qui ne pouvait plus être.  

 

- Je ne veux pas la remplacer, Saeko. Je sais que personne ne le pourra. Je vais partir de toute façon. Je veux juste alléger un peu sa souffrance. Il me protège. C’est une manière pour moi de lui rendre la pareille., lui expliqua Sam.  

- Tu crois que votre amie aurait aimé le voir ainsi ? Tu crois qu’elle aurait aimé vous voir ainsi ? Vous avez tous l’air de vivre avec un pied dans le passé. Le peu que j’ai entendu d’elle, que j’ai ressenti d’elle, ce n’était pas ce genre de personne., insista-t-elle.  

- Elle… non, elle n’était pas ainsi., admit Saeko, le cœur lourd.  

- Je ne te demande pas de m’aimer, Saeko. Laisse-moi juste être la personne qui aidera peut-être Ryo à se tourner vers le futur. Ca n’effacera pas le passé mais il cessera de survivre pour peut-être enfin revivre. Il a cette possibilité-là., plaida l’américaine.  

- Je ne suis pas un danger pour Ryo., lui affirma-t-elle.  

 

L’inspectrice resta silencieuse un moment puis soupira avant de la regarder.  

 

- D’accord. Je t’accorde un peu de temps., concéda Saeko.  

- Ca ne veut pas dire que je vais te rendre tes passeports., lui fit-elle remarquer.  

- Je m’en doutais un peu., admit Sam, réprimant un sourire amusé.  

- On ferait bien de rejoindre les autres., lâcha soudain l’inspectrice, attrapant l’américaine par le coude pour la ramener au parc en toute sécurité alors qu’elle se rendait compte qu’elles étaient seules dans un coin reculé.  

- On s’est trop éloignées. Ryo va être furax s’il l’apprend., prédit-elle.  

 

Elles n’avaient pas fait dix mètres que plusieurs hommes leur coupèrent la route.  

 

- Elle vient avec nous., affirma l’un d’entre eux.  

- Hors de question., répondit l’inspectrice, sortant son revolver.  

- Laisse-moi, Saeko. Je ne veux pas que tu sois blessée., lui opposa Sam.  

- Un flic livrer une innocente à un clan ? Ca n’arrivera pas en ce qui me concerne., gronda Saeko.  

- Bon, on frappe qui en premier ?, demanda la blonde avec un petit sourire.  

- Je comprend mieux maintenant ce qui l’a touché… pipa le lieutenant. 

 


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