Hojo Fan City

 

 

 

Data File

Rated R - Prose

 

Author: Mercury80

Status: Completed

Series: City Hunter

 

Total: 49 chapters

Published: 02-10-20

Last update: 22-11-20

 

Comments: 32 reviews

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DrameRomance

 

Summary: "Un seul être vous manque et tout est dépeuplé..." Un an après la disparition de la lumière de sa vie, comment Ryo, et la bande, a-t-il repris le cours de sa vie ?

 

Disclaimer: Les personnages de "Message in a bottle" sont la propriété exclusive de Tsukasa Hojo.

 

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   Fanfiction :: Message in a bottle

 

Chapter 14 :: Chapitre 14

Published: 15-10-20 - Last update: 22-03-24

Comments: Bonjour, voici la suite de l'histoire. Bonne lecture et merci pour vos commentaires^^

 


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Chapitre 14  

 

- Tu vérifies tout, le plan de travail, tous les ustensiles, casseroles, plats, les branchements, robinetterie. Tu soulèves tous les couvercles. Tu vérifies les moindres faits et gestes de tous ceux qui l’entourent., récapitula Ryo, très sérieusement.  

 

Mick leva un sourcil, observant son ami, amusé.  

 

- Je devrais peut-être la déshabiller pour être sûr qu’on ne glisse rien dans ses vêtements., proposa-t-il.  

- Mick…, gronda Ryo, lui jetant un regard noir.  

- Avec un œil fermé, tu fais quand même moins peur…, plaisanta-t-il avant de se faire sérieux.  

- Je connais mon boulot, Ryo. Tu me vexerais presque., pipa-t-il.  

- Je sais., souffla le nettoyeur, sur les nerfs.  

 

Il regarda Layla qui jouait calmement près du fauteuil et retint un soupir de frustration. C’était son idée pour leur donner un peu de temps par rapport aux évènements du midi mais il n’était pas habitué à déléguer ses missions, même blessé, même en cas de difficulté.  

 

- Je suis prête., les informa Sam, descendant les escaliers au pas de course.  

 

Elle adressa un bref regard à Ryo avant de le détourner, encore un peu gênée par ce qui s’était passé. Elle avait été sincère quand elle lui avait affirmé qu’elle voulait continuer avec lui mais elle devait aussi avouer que le voir lui rappelait les sensations qu’elle avait ressenties entre ses bras avant de se rendre compte qu’il n’était pas avec elle et elle avait envie de les revivre encore et encore… tout en sachant que ce n’était pas possible, pas avec lui en tous cas.  

 

- Bonne soirée, ma chérie. Tu es sage avec Ryo, d’accord., demanda-t-elle à Layla, la prenant contre elle.  

- Oui, maman., répondit la petite, passant les bras autour de son cou.  

- Je t’aime. A tout à l’heure. Dors bien., lui souhaita-t-elle, l’embrassant tendrement.  

- Je… passe une bonne soirée, Ryo., lui dit-elle avant de rejoindre Mick.  

- Bon service., répondit-il, se sentant un peu jaloux de son ami.  

- Je te la ramène en un morceau dans quelques heures., lui assura l’américain, notant l’air sombre du japonais.  

 

Ryo acquiesça, tentant de se reprendre, et, les deux adultes partis, se tourna vers Layla. Il l’observa jouer un moment en silence avant de s’asseoir à ses côtés et de se laisser entraîner dans le jeu enfantin. Il manipula des cubes, habilla une poupée, la fit parler avec le maneki-neko et leur servit un thé fictif avec des petits gâteaux imaginaires dans des assiettes et tasses en plastique avant de faire le sport comme maman, trottinant maladroitement en soufflant exagérément, ce qui le fit rire. L’heure avançant, il demanda à la petite fille de ranger et l’emmena prendre son bain.  

 

- Tu es sage aujourd’hui…, lui fit-il remarquer, se souvenant des cris qui rythmaient les bains donnés par Sam.  

- Tu as mal ?, lui demanda-t-elle, levant un regard inquiet sur son œil gonflé, rouge et fermé.  

- C’est ça qui t’inquiète ?, l’interrogea-t-il, s’en voulant de la confronter à cela, d’autant plus quand elle acquiesça.  

- Oui, ça fait un peu mal… mais quand tu te fais un bobo, ça fait mal aussi et après ça va, non ?, l’interrogea-t-il, un léger sourire aux lèvres, se voulant rassurant.  

- Oui., admit Layla après un moment de réflexion.  

- Mais, moi, j’ai des pansements plus jolis !, se vanta-t-elle avec un grand sourire.  

- Je suis jaloux…, geignit le nettoyeur, soulagé de lui avoir redonné le sourire.  

 

Il le fut un peu moins lorsqu’elle retrouva son dynamisme habituel et transforma la salle de bains en piscine et le trempa de la tête aux pieds, ce qui l’obligea à passer un bon moment à nettoyer après l’avoir couchée et lui avoir lu quatre histoires de princesse. Il aurait dû écouter Sam et lui dire non à la fin de la première mais il n’avait pu résister à ses deux grands yeux verts implorants tout comme il n’avait pu le faire après la deuxième et la troisième. Quand il avait fermé le livre après la quatrième, il l’avait trouvée appuyée contre lui, profondément endormie. N’ayant rien de mieux à faire, il était resté avec elle un moment, caressant ses cheveux, trouvant un semblant de paix dans sa présence.  

 

Sam lui avait conseillé de cesser de culpabiliser et regretter. Il savait qu’elle avait raison, que c’était aussi probablement ce que Kaori aurait voulu, qu’il vive et repense à leurs souvenirs heureux et non pas à ce qui aurait dû être. Ils avaient des souvenirs, heureux n’étaient peut-être pas le mot mais tendres, emplis de partage et complicité, de sentiments tus mais omniprésents. Il avait cela mais il l’enterrait sous le poids de son ressentiment et de sa frustration. Tout ne se ferait pas en un jour mais il pouvait essayer de donner plus de poids à ce qui avait été beau entre eux, de le garder au chaud et de rendre honneur à la femme qu’il avait aimée, qui l’avait aimé et poussé à accepter ce qu’il pouvait être, un homme capable d’aimer. Il pouvait et il devait tenter de prendre ce chemin.  

 

- Ryo revisse toutes les poignées des plats avant chaque service…, pipa Sam, finissant de boutonner sa veste blanche.  

- Une autre qui veut m’apprendre mon métier…, plaisanta Mick, indulgent.  

- C’est fait. J’ai tout contrôlé et nettoyé toutes les surfaces au détergent comme le font vos collègues. Pour ne pas perdre trop de temps, je te conseille d’enfiler tes gants et de mettre le maximum au lave-vaisselle sauf ce plat. Celui-là, tu n’y touches pas. Je dois le rendre à son propriétaire., l’informa-t-il.  

- Les gants !, lui enjoignit-il, la voyant prête à prendre un plat à mains nues.  

- Mais pourquoi ?, s’inquiéta-t-elle.  

 

Il leva la main et lui montra son gant en tissu blanc enduit d’une fine couche graisseuse.  

 

- Quelqu’un a enduit les plans de travail d’un extrait végétal qui provoque des lésions dermatologiques. Si tes doigts rentrent en contact avec ce produit, ils seront couverts de cloques et douloureux pendant quelques jours, suffisamment pour t’empêcher de continuer le concours. Je te conseille même de laver tes gants à l’intérieur et à l’extérieur avant de les enfiler., pensa-t-il au moment où elle allait les mettre.  

 

Elle les observa et s’exécuta. Elle devait considérer Mick comme Ryo. Ses paroles étaient d’évangile en ce qui concernait sa sécurité. Les gants lavés, elle les mit et remplit le lave-vaisselle de tout ce qu’elle put et n’avait pas besoin immédiatement avant de laver ce qui lui était nécessaire. Elle vit Mick partir avec le plat qu’il avait désigné, couvercle toujours posé dessus. Elle se demandait ce qu’il pouvait y avoir dedans mais se secoua et se lança dans la préparation du menu prévu. Elle ne vit pas Mick revenir et se mettre dans le même coin à l’abri des regards que Ryo.  

 

Elle se plongea totalement dans ce qu’elle faisait, oubliant tout autour d’elle, même son garde du corps, ce qui n’était jamais arrivé avec le japonais. Elle ressentait la présence de Ryo où qu’il soit, même dans une autre pièce. C’était quelque chose d’assez étrange d’ailleurs, comme s’ils étaient connectés, ce qui devait expliquer leur connivence, leur proximité. Elle savait Mick non loin mais ce n’était pas pareil, pas aussi profond. Elle ne le sentait pas dans chaque fibre de son être.  

 

Elle ferma les yeux un court instant, faisant refluer les larmes qui montaient. Il l’avait totalement imprégnée. Elle n’avait pas imaginé en se disant que vivre à ses côtés, laisser ses sentiments exister qu’il prendrait une telle place dans sa vie. Pour la première fois, elle se demanda comment elle vivrait après lui. Elle avait l’impression d’avoir puisé dans toutes ses forces pour reprendre sa vie après son amnésie. Comment se relèverait-elle d’une séparation prévue mais beaucoup plus douloureuse que pensée ? Comment aiderait-elle Layla à accepter la situation elle qui s’était si fortement attachée à Ryo ?  

 

Soudain, un cri terrifié les fit tous sursauter, tous sauf Mick qui esquissa un petit sourire satisfait. Apparemment, Hiro Todama avait découvert son petit cadeau. La mygale placée dans la cocotte destinée à Sam venait de flanquer à son propriétaire originel une belle frousse. Elle venait également de sortir la jeune femme de ses pensées, sombres à en juger le froncement de sourcils qui avait plissé son front progressivement.  

 

- Qu’est-ce que c’était ?, l’interrogea-t-elle, se doutant à son air calme qu’il savait de quoi il s’agissait.  

- Un retour de cadeau non désiré. Je t’expliquerai plus tard. Concentre-toi sur ce que tu as à faire. J’ai le droit de voir mon héroïne des cuisines en live. Je veux en profiter., lui dit-il avec un grand sourire.  

 

Elle l’observa un moment, songeuse, puis acquiesça en lui souriant. Elle se plongea de nouveau dans sa préparation. Ses pensées repartirent vers l’appartement et, un bref instant, elle se demanda s’il ne vaudrait pas mieux que ça se passe mal entre Layla et Ryo. Ce serait une moins grande déception. Elle secoua la tête, s’en voulant aussitôt. Aucun des deux ne méritait cela même si les liens se resserraient chaque jour qui passait et seraient donc d’autant plus regrettés par la suite.  

 

- Concentre-toi, Sam. Ne pense qu’à la cuisine., entendit-elle soudain.  

 

Elle releva les yeux et croisa le regard sérieux de Mick.  

 

- Je n’y arrive pas., balbutia-t-elle.  

- Même après ce qu’il a fait ce midi ?, lui demanda-t-il.  

- Il… Il t’en a parlé ?, s’étonna-t-elle, imaginant peu Ryo s’étaler sur sa vie privée.  

- Oui. Même s’il s’en veut, ce qu’il t’a fait, c’était assez violent et tu n’as pourtant pas l’air de lui en vouloir plus que cela…, constata-t-il, perplexe.  

 

Elle garda le silence un moment en dressant les assiettes qui devaient partir. Quand le dernier serveur sortit et qu’elle eut débarrassé son plan de travail pour pouvoir préparer la suite, elle le regarda.  

 

- Non. Je suis fâchée et un peu blessée mais je comprends… Je cherche assez souvent dans tout ce que je vois des traces de mon passé oublié que je peux imaginer que ce soit peut-être encore plus dur de devoir faire face aux souvenirs et à la douleur qui les accompagne et tentant de tout faire pour la faire taire., expliqua-t-elle.  

 

Mick ne répondit rien et retourna à son observation. La voix de la raison lui disait de ne pas baisser la garde face à cette blonde qui leur avait menti comme une autre. Une autre voix, celle qu’il avait appris à écouter depuis qu’il était arrivé au Japon, depuis sa rencontre avec une certaine rouquine, était d’un tout autre avis. Plus il observait Sam, plus il observait les interactions entre Ryo et elle, plus il se disait qu’un nouveau gâchis se créerait si les choses suivaient leur cours.  

 

En leur absence, les discussions s’étaient multipliées autour du couple. Saeko restait méfiante mais commençait à admettre que la présence de la jeune femme n’était pas forcément une mauvaise chose même s’ils avaient bien tous compris qu’elle n’était pas prête à la voir rester et à admettre la possibilité d’une relation durable. Miki à l’opposé voulait juste voir Ryo heureux et l’influence de Sam et sa gentillesse l’avaient convaincue qu’elle pouvait être la personne qu’il lui fallait en dehors de Kaori. Umi, fidèle à sa discrétion légendaire, ne disait rien. Lui restait encore mitigé même si, tout doucement, il se laissait gagner par la possibilité qu’un couple Ryo-Sam n’était pas forcément une mauvaise chose, soutenu par Kazue qui avait trouvé leur ami changé. Elle le sentait plus agité par moments, probablement bousculé par des réflexions qu’il n’avait pas dû affronter avant, mais, le reste du temps, elle disait qu’il était plus léger, que son sourire était plus franc, qu’il retrouvait la joie de vivre.  

 

Une bordée d’injures murmurées en japonais le sortit de ses pensées, lui laissant une drôle d’impression, et il observa la pièce attentivement. L’aide d’un autre cuisinier ramassait un plat qu’elle avait renversé, le cuisinier semblait furieux mais Sam était tellement concentrée qu’elle n’en avait rien entendu ni vu. Elle dressait précieusement les coupes des desserts, plaçant méticuleusement les fruits au dessus des boules de glaces et il la regarda sourire quand elle eut fini. Lorsque le serveur arriva, elle lui donna ses indications et lui tendit la coupe qu’elle venait de finir en premier.  

 

- Pour la petite fille., lui dit-elle en anglais, ce que le serveur ne sembla pas comprendre.  

- Pour l’enfant., répéta-t-elle toujours en anglais.  

- Ko… Komo…, tenta-t-elle en japonais.  

- Kodomo., intervint Mick pour l’aider.  

 

Le serveur acquiesça et partit avec la coupe dont le dessus figurait un ourson avec des morceaux de fruits et de gâteaux.  

 

- Merci., souffla-t-elle, soulagée.  

- Tu parles quelques bribes de japonais ?, lui demanda-t-il.  

- J’essaie de m’y mettre. On ne sait jamais. J’écoute la télé, les gens qui m’entourent et Ryo me donne une dizaine de minutes au minimum par jour où il me parle en japonais… Je commence à comprendre et baragouiner quelques mots., admit-elle.  

- Ca devrait m’aider si je devais prolonger mon séjour ici., dit-elle, commençant à nettoyer son poste de travail.  

 

Mick se tut et médita sur ce qu’il venait d’apprendre. Ryo aidait Sam à apprendre le japonais. C’était une grande nouveauté de le voir prendre du temps pour cela. Dire qu’ils avaient passé tellement de temps, Miki et lui, à le tanner pour qu’il apprenne des choses à Kaori, à croire que la leçon avait porté ses fruits mais pour une autre.  

 

Quelques minutes avant leur départ, le serveur revint avec un dessin qu’il tendit à Sam avec quelques paroles en japonais.  

 

- C’est…, commença Mick, ne voulant pas la laisser dans le flou  

- De la part de la petite fille, n’est-ce pas ?, le coupa-t-elle, un sourire tendre aux lèvres.  

- Oui., murmura-t-il.  

 

Ce sourire lui fit mal au cœur tellement il lui rappelait celui de Kaori la fois où il l’avait accompagnée à l’orphelinat alors que la panda était tombée en panne et que Ryo était absent. Il l’avait regardée évoluer parmi les enfants tout en douceur et gentillesse avec ce sourire qui avait retourné son cœur une énième fois. Il était déjà amoureux de Kazue à l’époque mais il n’arrivait pas à rester insensible à ces sourires-là et Sam avait le même sourire qui faisait monter une chaleur en lui qui n’avait rien avoir avec du désir sexuel mais simplement avec le sentiment d’être entouré d’amour et de chaleur.  

 

- On y va ?, lui demanda Sam, le voyant perdu dans ses pensées.  

- Oui.  

 

Sereinement, ils montèrent dans l’un des ascenseurs dont les cages avaient été sécurisées depuis l’incident et descendirent jusqu’au parking.  

 

- Tu l’aimes ?, l’interrogea-t-il de but en blanc alors qu’ils sortaient du souterrain.  

- Qui ?, répondit-elle, un peu surprise.  

- Ryo. Est-ce que tu l’aimes ?, explicita-t-il.  

 

La jeune femme baissa les yeux et observa ses mains croisées sur ses genoux.  

 

- Oui… même si c’est difficilement compréhensible en si peu de temps et avec ce monde qui nous sépare. Je l’aime sincèrement., admit-elle à voix basse.  

- Tu es fâché ? Je sais que vous vous méfiez tous de moi. Ca ne doit pas vous plaire ce qui se passe…, le questionna-t-elle.  

- Je ne suis pas fâché., répliqua-t-il d’une voix posée après quelques secondes.  

- On se méfie parce qu’on tient les uns aux autres et, vu l’intensité de la relation qu’ils avaient, c’est difficile d’imaginer Ryo avec une autre.  

- Je pense que ça ne se limite pas à Ryo et elle. Je pense que ça vous concerne tous, que vous avez tous l’impression que je chercherai à prendre sa place s’il se passait quelque chose., affirma Sam.  

 

Mick l’observa un court instant et sourit en se reconcentrant sur la route.  

 

- Elle était le pilier de notre communauté et, par bien des aspects, vous vous ressemblez toutes les deux. Gentillesse, dévouement, amour du prochain, ce sont des traits de caractère que vous partagez., admit-il.  

- Par moments, je suis en colère contre elle, Mick, pour le mal qu’elle vous a fait en disparaissant, pour l’emprise qu’elle a encore sur vos vies… Je sais que c’est moche et je me déteste pour cela mais c’est ce que je ressens au fond de moi., avoua-t-elle.  

- Tu l’as dit toi-même, Sam, par moments. Et le reste du temps ?, la questionna-t-il.  

 

Elle poussa un long soupir et regarda par la fenêtre les lumières des rues qui défilaient.  

 

- Je pense qu’on aurait pu être amies. Je pense que je l’aurais bien aimée. Enfin… si sa présence avait occulté ce que je ressens pour Ryo, l’aurait rendu indisponible., soupira-t-elle.  

 

Sans cela, elle aurait certainement vécu dans la jalousie, quelque chose dont elle se doutait d’être capable, dont elle ne voulait pas être capable. Elle ne considérait pas Ryo comme sa propriété. Elle acceptait son passé mais les choses auraient certainement été plus simples s’il avait rompu avec sa femme plutôt que d’être veuf.  

 

- Je me sens mal. J’ai l’impression de rivaliser avec une morte et… ce n’est pas moi. Je ne rivalise pas pour le cœur d’un homme. Je ne bafoue pas la mémoire des défunts., ragea-t-elle.  

- Il… Il t’a parlé d’elle ?, l’interrogea l’américain.  

- Non. Juste qu’ils se connaissaient depuis longtemps, qu’il avait renié ses sentiments et qu’ils allaient devenir quelque chose au moment où elle est partie., répondit-elle, une boule dans la gorge.  

- Ca, c’est un très court résumé de ce qu’ils ont vécu., ironisa Mick.  

 

Néanmoins, il était déjà assez surpris que Ryo lui en ait dit autant. Certaines clientes intéressées avaient tenté d’apprendre des choses auprès de lui face au silence complet du beau brun. Le bloc avait été solide et aucun n’avait parlé, tous avaient biaisé. Cette fois, les choses étaient différentes et Mick comprenait ce sentiment de rivalité pour l’avoir vécu quelques années auparavant. Il avait cependant eu un avantage que n’avait pas Sam : il connaissait celui qui occupait le cœur de celle qu’il rêvait de conquérir.  

 

- Tu veux que je te parle d’elle ?, lui proposa Mick.  

- Pourquoi tu ferais cela ?, s’étonna la jeune femme.  

- Parce que, moi aussi, j’ai été le rival d’un homme pour une femme, une femme hors du commun., lui apprit-il, avec un regard lointain.  

- J’avais l’avantage de connaître mon adversaire néanmoins., plaisanta-t-il.  

- Tu as gagné son cœur ?, l’interrogea-t-elle, curieuse.  

- Non, je me suis incliné. C’était impossible de se mettre entre eux deux., lâcha-t-il, légèrement nostalgique.  

- Tu t’es éloigné d’eux ?  

 

Il coupa le moteur de sa voiture qu’il venait de garer dans son parking souterrain et se tourna vers elle.  

 

- Ils sont devenus mes meilleurs amis et j’ai toujours espéré les voir vraiment ensemble., l’informa-t-il, posant un regard sérieux sur elle.  

- Oh… Tu… tu étais amoureux de la femme de Ryo., comprit-elle.  

- Oui… mes sentiments se sont transformés en amitié sincère. Aujourd’hui, je suis avec Kazue. Je l’aime sincèrement et elle sait néanmoins que, sans mon premier amour, on ne serait probablement pas ensemble.  

 

Il sortit de la voiture et vint lui ouvrir la portière alors qu’elle était plongée dans ses pensées. Mick avait été amoureux de la femme de Ryo tout comme elle aimait son garde du corps. Les deux hommes avaient eu besoin d’elle pour les amener à accepter la possibilité d’aimer. Elle avait déjà compris qu’elle avait contribué à créer et lier cette bande d’amis au-delà de la simple amitié et elle se sentit toute petite face à cette femme qui avait su inspirer tant de choses à ces hommes venus de l’ombre, probablement d’un monde où les sentiments n’étaient que difficilement admis.  

 

- Alors, veux-tu que je te parle d’elle ?, lui redemanda-t-il.  

- Tu as le droit de savoir contre qui tu as l’impression de te battre., lui affirma-t-il.  

 

Sam sortit de la voiture en évitant son regard pour ne pas lui montrer le désarroi dans lequel elle était plongée. Elle avança de quelques pas avant de s’arrêter.  

 

- Je ne me bats contre personne., murmura-t-elle.  

- Je n’ai pas à me battre puisqu’il ne se passera de toute façon jamais rien. Le concours doit encore durer deux semaines. Dans deux semaines, je serai partie. Il n’y a pas de rivalité, pas de combat à gagner. Le seul qu’il y a à mener, c’est celui qui amènera Ryo à moins souffrir, à vivre sa vie., lui expliqua-t-elle.  

- Mais pourquoi ?, lui opposa Mick, sidéré de la voir s’effacer ainsi.  

- Je ne suis personne, je ne peux être avec personne. Il a le droit d’aimer sans souffrir, ça il l’a déjà trop fait. Si je reste, je ne peux pas lui garantir cela. Et si je reste, rien ne me dit qu’il réussira à l’oublier elle et je ne suis pas sûre d’avoir la force d’accepter ou d’avoir la force de continuer à être moi pour ne pas devenir celle qu’il voudrait avoir ou celle que vous voudriez avoir. C’est trop tentant de vouloir écrire n’importe quoi sur une page blanche. Je préfère m’en aller., souffla-t-elle, les larmes aux yeux.  

 

Mick l’observa, touché par sa volonté d’apporter quelque chose à son ami sans le faire souffrir malgré les sentiments qu’elle lui portait. Il devait avouer qu’il ne comprenait pas vraiment toute sa logique mais il la respectait. Seulement il ne savait pas ce que Ryo en penserait. Etait-il sur la même longueur d’onde qu’elle ? Etait-il vraiment prêt à la laisser partir si c’était celle qu’il lui fallait après Kaori ? Etait-il seulement prêt à laisser partir Kaori et, sans l’oublier, faire sa vie comme elle devait le lui souhaiter ? Il sourit en pensant à la dernière partie de sa phrase : en fait, il n’y avait pas que Kaori qui le souhaitait, Sam aussi.  

 

- Vous êtes vraiment pareilles toutes les deux. C’en est troublant., admit-il.  

- Peut-être… Peut-être pas… je n’en sais rien mais le seul qui doit me parler d’elle, c’est Ryo s’il en a envie. Je n’ai pas à savoir ce qu’il estime ne pas avoir à partager. Alors merci de vouloir m’aider mais je préfère que les choses viennent de lui et, de toute façon, puisqu’il n’y a pas de combat à tenir, il n’y a pas de rivale qui tienne, non ?, lui opposa-t-elle, levant un sourcil.  

 

Logique implacable qu’elle lui imposa mais dont elle n’arrivait pas à se convaincre elle-même, pensa-t-elle amèrement. Une certaine partie d’elle-même, celle qui battait et s’emportait pour un rien, comme là en montant les escaliers, approchant pas à pas de lui, se refusait à écouter ce que la partie haute de son corps dictait.  

 

- Tu as raison… vu comme ça. Mais tu ne m’empêcheras pas de penser que tu fais une erreur, que ça vaut peut-être la peine de tenter ta chance parce que tu ne sais pas si et quand tu retrouveras la mémoire. Est-ce que tu vas vivre en suspens toute ta vie ?, lui retourna-t-il.  

- Comme tu le dis, je ne sais pas si et quand je retrouverai la mémoire. Combien de personnes vais-je faire souffrir si j’abdique aujourd’hui ?, objecta-t-elle.  

- Je vois que tu es têtue…, s’amusa-t-il, alors qu’ils entraient dans l’appartement.  

- Tu as eu affaire à son sale caractère ?, ironisa Ryo.  

- Mademoiselle a le sens de la répartie. Je ne me suis pas ennuyé., admit Mick, un sourire aux lèvres.  

- Je vais vous laisser. Je suis crevée., les informa Sam, s’étirant.  

- Ca a été avec Layla ?, demanda-t-elle à son garde du corps.  

- Oui, très bien. Dors bien., lui souhaita Ryo.  

- Mick… Merci pour tout., lui dit-elle, plongeant son regard dans le sien.  

 

Il le soutint puis acquiesça avec un léger sourire avant de se tourner vers son ami qui l’observait curieux.  

 

- Hiro avait caché une mygale dans une cocotte et enduit toutes les surfaces d’un produit toxique., lui apprit-il, cachant la partie plus personnelle de leur conversation.  

- Il m’agace celui-là. Je vais lui faire bouffer sa cuillère en bois. Il va se souvenir de son prime de vendredi., gronda Ryo.  

- Tu as prévu quelque chose de spécial ?, l’interrogea l’américain.  

- Oh oui, un menu spécial à ma sauce. On ne s’attaque pas à une femme sans défense., répondit-il.  

 

Mick sourit. Ryo pouvait être d’une grande inventivité quand il le voulait et un joli minois pouvait être une grande source d’inspiration…  

 

- Dommage, je ne pense pas que ça passera au prime…, se plaignit-il.  

- Je t’expliquerai. Merci de l’avoir protégée à ma place. J’espère que ça n’a pas été trop pénible., pipa Ryo.  

- Non. Ca m’a permis d’apprendre à la connaître un peu mieux. Elle est intéressante quand on oublie les a priori qu’on a. C’est même dommage qu’elle doive s’en aller par la suite., lâcha son ami, lui jetant un regard en coin.  

 

Il vit le flash bref qui passa dans les yeux de Ryo et sut que les choses ne seraient pas aussi faciles qu’elle le pensait. Peut-être qu’il saurait la faire changer d’avis s’il était prêt. C’était une discussion qu’ils auraient peut-être plus tard…  

 

Le japonais le regarda s’en aller le saluant de la main et ferma avant de monter. La soirée lui avait paru longue après avoir laissé Layla dormir et finit de nettoyer la salle de bains. Il avait beaucoup cogité sur tout ce qui s’était passé mais, au bout d’un moment, une seule constatation s’était imposée : Sam lui manquait. Ne pas pouvoir la regarder travailler, ne pas pouvoir échanger quelques paroles ou regards, ne pas pouvoir passer ce moment à discuter après être rentrés, tout cela lui avait manqué. Il y avait pris goût et il espérait que c’était juste la fatigue qui l’avait fait déserter pour ce soir et non pas la rancoeur qui le priverait de ce moment jusqu’à la fin de la mission. Il avait besoin de ces moments d’échange. Il commençait à avoir besoin d’elle…  

 

Ce fut ainsi qu’il se retrouva devant la porte de sa chambre et qu’après avoir écouté en quête du moindre bruit, il l’ouvrit et pénétra. Il jeta un rapide coup d’oeil à Layla, remontant la couverture jusqu’à son menton, puis se tourna vers Sam et la regarda dormir un moment. La voyant s’agiter, il se leva, craignant qu’elle se réveille, mais un gémissement terrifié lui échappa et il comprit qu’elle faisait un cauchemar. Doucement, il se rassit sur le matelas et effleura sa joue du bout des doigts, la voyant s’apaiser. Il resta quelques minutes de plus avant de s’en aller comme un voleur et de retourner dans sa chambre.  

 

Il se déshabilla et s’allongea dans son lit, une main derrière la tête. Soudain, il rouvrit la lumière et sortit du tiroir de la chevet la lettre de Kaori. Ses yeux restèrent figés sur les quatre mots « vis, aime, ris, espère ».  

 

- Peut-on aimer sans espérer, Kaori ? Tu es l’amour de ma vie, la femme qui a ouvert le cadenas de mon cœur. Peux-tu me dire si on peut aimer deux fois dans une vie ? Est-ce que je peux aimer une femme sans être sûr que ce n’est pas toi que je projette en elle, sans être sûr de pouvoir la garder avec moi ? Est-ce que je pourrais continuer à vivre si je devais la perdre elle aussi ? J’ai tant de questions et si peu de réponses, Kaori. Comment faire ? Quel chemin prendre ?, soupira-t-il.  

- C’est compliqué d’être l’homme que tu as fait de moi. C’est compliqué de vivre la vie que tu veux pour moi., admit-il, poussant un long soupir.  

- Bonne nuit, Sugar., murmura-t-il, refermant la lettre, la rangeant et éteignant la lumière. 

 


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