Hojo Fan City

 

 

 

Data File

Rated R - Prose

 

Author: Mercury80

Status: Completed

Series: City Hunter

 

Total: 49 chapters

Published: 02-10-20

Last update: 22-11-20

 

Comments: 32 reviews

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DrameRomance

 

Summary: "Un seul être vous manque et tout est dépeuplé..." Un an après la disparition de la lumière de sa vie, comment Ryo, et la bande, a-t-il repris le cours de sa vie ?

 

Disclaimer: Les personnages de "Message in a bottle" sont la propriété exclusive de Tsukasa Hojo.

 

Tricks & Tips

Why isn't there HTML file of the NC-17 fanfictions?

 

Since it's impossible to check who's reading those fanfictions in the HTML format, the fanfictions NC-17 are only available in php version.

 

 

   Fanfiction :: Message in a bottle

 

Chapter 13 :: Chapitre 13

Published: 14-10-20 - Last update: 14-10-20

Comments: Bonjour, voici la suite de l'histoire. Bonne lecture et merci pour vos commentaires^^

 


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Chapitre 13  

 

- Arrête de faire l’enfant, Ryo., le sermonna Sam.  

- Ca pique !, se plaignit le nettoyeur.  

 

Il vit les sourcils froncés de sa cliente et préféra cela à son regard coupable. Il s’était fait prendre par l’un des pièges posés vraisemblablement par Hiro Todama. C’était trop grossier pour être le Lotus Noir, trop peu violent aussi, un piège pour incapaciter la cible mais pas la tuer. Par chance, c’était lui qui avait ouvert la cocotte piégée et pas Sam. Il se tenait suffisamment éloigné pour ne pas avoir été brûlé mais le souffle et la fumée l’avaient empêché de voir que le couvercle en fonte volait vers lui. Il l’avait pris juste au dessus de l’arcade sourcilière, provoquant une belle entaille qui avait saigné abondamment et un bel hématome qui avait contaminé sa paupière, lui fermant l’oeil. Il avait été sonné pendant quelques minutes et Sam était restée à ses côtés, tenant une serviette appuyée sur sa blessure pour contenir le saignement. Ainsi, elle avait été épargnée par le deuxième piège qu’ils avaient trouvé par la suite. Le service du midi avait été annulé et ils étaient rentrés à l’appartement, laissant Layla au Cat’s le temps de soigner la blessure du nettoyeur et d’en faire disparaître les traces les plus flagrantes pour l’épargner.  

 

Assis sur le bord de la baignoire, Ryo se laissait soigner par Sam. Il avait été plutôt calme au départ mais, comme elle n’arrêtait pas de s’excuser et qu’il voyait à son regard humide qu’elle était au bord des larmes, il était passé au plan « malade pénible qu’on déteste et maudit ». Ca avait marché avec Kaori, détournant son attention de son angoisse et l’amenant sur un terrain où elle pourrait l’exprimer autrement, et, cette fois-ci, il était à peu près assuré que ça ne finisse pas avec une massue sur la tête pour le punir… à peu près parce qu’elle l’avait déjà surpris, alors il restait sur ses gardes, pensa-t-il en souriant.  

 

- Layla est beaucoup plus sage que toi quand je dois la soigner., lui fit-elle remarquer, énervée tout en désinfectant la plaie.  

- Tu ne devrais pas aller voir un médecin ? Tu as été sonné un moment quand même., lui demanda-t-elle, soudain anxieuse.  

- J’en ai déjà vu d’autres., éluda-t-il.  

- T’as bientôt fini ?, grogna-t-il alors qu’il sentait sa tension remonter.  

- Arrête de bouger. Je dois mettre les pansements., lui apprit-elle, le prenant par les épaules et l’immobilisant.  

- Regarde devant toi pour ne pas bouger., lui ordonna-t-elle.  

 

Ryo s’exécuta et tomba nez-à-nez avec sa poitrine et le débardeur près du corps qu’elle portait ne cachait pas grand-chose de ses rondeurs fermes et voluptueuses. Pour ne rien arranger, son cerveau se plaisait à lui rappeler la vision qu’il avait eue d’elle le matin même alors que Layla avait couru jusqu’à sa mère et agrippé l’éponge qui n’avait pas résisté et elle n’avait pu la retenir que pour cacher son intimité. Le temps s’était comme suspendu pour eux deux et ils étaient restés figés quelques instants, lui à l’observer sans pouvoir s’en empêcher et elle incapable de bouger jusqu’à ce que Layla se rende compte de la nudité de sa mère et s’en moque. Il avait alors tourné les talons et était redescendu dans le séjour. C’était juste…  

 

- Mais tu vas arrêter de bouger !, le tança-t-elle alors qu’il regardait sa montre.  

- Pardon., marmonna-t-il, se remettant en position.  

 

C’était juste trois heures avant… autant dire que la vision était fraîche comme sa peau à ce moment-là, hérissée de chair de poule. Il aurait pu la prendre dans ses bras et la réchauffer en laissant glisser ses mains sur son corps, retrouver ces zones si sensibles et essayer de la faire gémir. Il aurait pu coller son corps contre le sien, sentir sa poitrine caresser la sienne, la soulever et l’emmener dans sa chambre avant de laisser ses doigts se perdre… Il se mit à se trémousser sur le bord de la baignoire alors que son membre central reprenait vie.  

 

- Tu étais toujours aussi insupportable avec elle quand elle te soignait ?, lui demanda Sam, agacée.  

 

La remarque le calma instantanément et il cessa de s’agiter. Sam le regarda s’assombrir et s’empressa de finir de panser sa blessure.  

 

- Tu devrais mettre de la glace sur le coup pour que ça dégonfle… mais tu dois déjà le savoir, non ?, murmura-t-elle.  

- Oui… Merci., lâcha-t-il.  

- Attends, tu as encore des traces de sang.  

 

Elle prit un gant de toilette et frotta les traces qui avaient coulé jusque dans son cou, poussant le col de son tee-shirt autant que possible.  

 

- Tu dois encore en avoir sous le vêtement que tu pourras laver d’ailleurs. Donne-le moi si tu veux. J’irai lancer la machine., lui proposa-t-elle.  

 

Ryo n’attendit pas et retira son tee-shirt rouge, dévoilant sa musculature parfaite. La jeune femme détourna les yeux, moins par pudeur que pour résister à la tentation. Elle savait que rien ne pouvait arriver entre eux mais c’était dur de lutter contre l’envie qui montait malgré tout.  

 

- Pourquoi tu détournes les yeux ? Tu as déjà vu le corps d’un homme, non ? Sinon, Layla ne serait pas là., la taquina-t-il, essayant de reprendre le dessus sur ses humeurs sombres.  

- Je te laisse finir. Je vais mettre la lessive en route., éluda-t-elle avant de sortir.  

 

Il la regarda partir en fronçant les sourcils puis acheva d’essuyer les dernières traces de sang. Observant son œil, il grommela indistinctement avant d’aller à la buanderie. Il y entra au même moment où Sam sortait, délestée de son débardeur. Ils se retrouvèrent coincés l’un face à l’autre sur le seuil de la pièce.  

 

- Tu as perdu ton haut ?, murmura-t-il, tentant de garder les yeux sur son visage.  

- Il… Il était tâché., bredouilla-t-elle.  

 

Il acquiesça simplement mais ne bougea pas d’un pouce. Contemplant ses traits, son nez, ses pommettes, descendant sur ses lèvres charnues qu’elle mordillait inconsciemment, il leva la main et caressa sa joue. Comme mue par leur propre désir, ses doigts glissèrent sur ses lèvres avant de descendre sur son menton puis le long de sa gorge. Il effleura la lisière de son sous-vêtement puis remonta jusqu’à ses clavicules avec une lenteur qui les poussait au supplice. Ses deux mains découvrirent la ligne de ses épaules, ses bras, emprisonnant ses doigts dans les siens tout en s’approchant un peu plus d’elle, la plaquant contre le chambranle. Il sentait sa poitrine se soulever erratiquement contre son torse, signe qu’elle n’était pas insensible à ses caresses, et il aimait cela.  

 

Il ne faisait qu’effleurer sa peau, se dit-il, juste effleurer des parties non sensibles. Sa conscience pouvait vivre avec cela. Ce n’était pas pire que de caresser en simulant d’y prendre du plaisir les bunnies des cabarets. Ca, il le faisait déjà bien avant la disparition de Kaori. Il pouvait vivre avec et, surtout, il aimait ce qu’il ressentait : la douceur de sa peau, sa chaleur, le léger picotement au bout de ses doigts qui lui signifiait à quel point c’était agréable. Il ferma les yeux et approcha un peu plus, posant le menton sur ses cheveux avant d’y plonger le nez, se laissant emporter.  

 

Cette odeur… il avait vu qu’elle avait acheté un nouveau shampooing, le même que Kaori prenait en fait. Cette odeur lui rappelait d’autres moments, des moments dont il se languissait, où il s’était senti bien, en paix, serein malgré le danger qui rôdait et ces mêmes sentiments revenaient mais ne faisaient pas mal. Ils lui faisaient beaucoup de bien. Ils appelaient plus. Tenant toujours ses mains, il les plaça dans son dos et sentit leur fraîcheur se répandre sur ses reins où une chaleur intense montait.  

 

- Ryo…, murmura une voix lointaine.  

- Chut…, souffla-t-il doucement, les yeux toujours fermés.  

 

Il pressa les lèvres sur son front en un baiser tendre, protecteur, avant de descendre jusqu’à son oreille puis le long de sa nuque, tout doucement. D’une main, il attrapa les cheveux mi-longs qui lui chatouillaient le nez, se demandant brièvement quand elle avait laissé pousser sa tignasse indomptable, et les écarta avant de s’appliquer à suçoter un point précis de sa nuque, sentant les mains de sa belle s’agripper à ses épaules. Son autre main avait trouvé le chemin d’une colline et la caressait doucement, agaçant le téton qui durcissait.  

 

- Ryo, arrête., entendit-il, lui faisant lever les lèvres de son cou.  

- Tu es si douce…, lui chuchota-t-il à l’oreille après un long moment.  

- Ta peau est chaude et sucrée. J’ai envie de te croquer., ajouta-t-il, sentant sa partenaire frémir contre lui.  

 

Il laissa ses lèvres remonter le long de sa nuque, puis tracer un sillon de feu le long de sa mâchoire avant de mordiller son menton. Encadrant son visage de ses deux mains, repoussant ses mèches sous la prison de ses dix doigts, il regarda ses traits aux yeux clos, aux pommettes rosées, tout en abandon, ce qui était rare pour son caractère passionnée. Il ne résista pas plus longtemps. Il lui fallait redécouvrir cette bouche, ses lèvres dont il avait si souvent rêvées. Il approcha lentement, les effleura tout d’abord en un contact évanescent avant de les prendre avec douceur. Il s’entendit gémir sous les sensation retrouvées, avait presque l’impression qu’il aurait pu pleurer tant il avait l’impression de revenir d’une longue errance.  

 

Apparemment, la surprise de sa partenaire n’avait d’égale que son inexpérience puisqu’elle ne réagit pas de suite. Il lui fallut patienter un moment avant de sentir ses bras se glisser dans son cou, ses doigts dans ses cheveux et ses lèvres se pressaient contre les siennes, comme affamées. Il ne put s’empêcher de sourire. Comme il l’avait deviné, son côté furie surpassait sa timidité et son innocence. Il se risqua alors à taquiner la ligne médiane du bout de la langue et s’engouffra sans attendre dans la caverne aux trésors quand les portes s’ouvrirent tremblantes. Il entendit un long gémissement féminin sous l’invasion et ses mains quittèrent enfin le sommet de son crâne pour deux autres sommets qu’il se remit à caresser, sentant le désir prendre possession de son corps. Ayant besoin de la sentir encore plus proche de lui, il passa les mains dans son dos et l’amena encore plus près de lui comme s’il voulait l’aspirer en lui.  

 

Ses mains explorèrent alors la peau nue de son dos, glissant par moment sur le tissu du soutien-gorge, se réfrénant de le dégrafer pour le moment. Il descendit et trouva ses rondeurs postérieures, des rondeurs fermes et harmonieuses, un peu plus musclées que dans ses souvenirs mais ses souvenirs dataient un peu, éluda-t-il. Instinctivement, il les pressa, faisant se rencontrer leurs intimités, faisant flamber le désir en eux.  

 

- J’ai envie de toi., lui chuchota-t-il à l’oreille.  

- Ryo, attends…, l’entendit-il dire d’une voix hésitante.  

 

Il entendait l’appréhension dans sa voix et la comprit. Il savait qu’elle était novice. Il s’en souvenait. Comment aurait-il pu oublier que ce serait un moment important pour elle ?  

 

- Je saurais être patient. N’aie pas peur., lui dit-il, entrouvrant à peine les yeux pour voir ses lèvres avant de les refermer pour se laisser absorber par le baiser incendiaire qui suivit.  

 

Ses doigts remontèrent dans son dos et dégrafèrent l’attache du soutien-gorge. Il ne s’attarda pas et remonta jusqu’à ses épaules pour les dégager des bretelles. Il ne voulait plus seulement caresser, il voulait goûter, sentir le grain sous sa langue, faire tournoyer sa langue sur cette petite protubérance, la sentir s’ériger encore plus pendant que sa furie deviendrait folle de désir.  

 

- Non… attends... Ryo…, haleta sa partenaire.  

- J’ai envie de toi. Ca fait tellement longtemps. Je t’en prie, cessons d’attendre, Sugar., lui susurra-t-il, ne comprenant pas son refus.  

 

La douche ne fut pas froide mais glaciale pour Sam. Elle le repoussa violemment dans la buanderie avant de s’enfuir jusqu’à sa chambre dont elle verrouilla la porte. Elle ragrafa son soutien-gorge qu’elle tenait d’une main contre sa poitrine, attrapa un autre tee-shirt qu’elle enfila sans attendre, rajoutant par dessus un pull pour se couvrir malgré la température plus qu’agréable. Se tournant vers son lit, elle croisa son reflet dans le miroir et s’immobilisa un instant avant d’approcher. D’un geste rageur, elle disciplina et ramassa ses cheveux ébouriffés en queue de cheval, remettant sa frange en place. Du revers de la main, elle tenta de sécher les larmes qui coulaient sur ses joues devenues livides tout en maudissant ses lèvres rendues sensibles par les baisers ravageurs qu’ils avaient partagés.  

 

Dire qu’elle s’en était voulue de céder à l’appel des sens malgré ses bonnes résolutions, qu’elle avait mis un moment avant de se laisser aller à l’instant présent et, en fait, elle se rendait compte que ça n’avait pas été elle en face de lui. Elle n’avait été qu’un corps dont il s’était servi et se serait servi comme exutoire pour se rapprocher de sa femme. Elle se sentait en colère et humiliée. Elle pouvait comprendre sa douleur mais, ça, elle ne pouvait pas. Elle n’était pas une poupée ni une de ces filles habituées aux histoires d’une nuit. Elle avait pourtant eu quelques propositions par des hommes plus ou moins séduisants mais son lit était resté son lieu exclusif, la seule personne pouvant y pénétrer hormis elle étant Layla pour des moments câlins très chastes.  

 

- Sam…, entendit-elle de l’autre côté de la porte.  

- Fiche-moi la paix !, hurla-t-elle, ses pleurs redoublant.  

 

Pendant un moment, elle avait touché du doigt le paradis, elle avait eu l’impression de se sentir revivre, d’effleurer la surface de quelque chose d’enfoui. Elle avait la sensation d’avoir déjà vécu cela, sentir cette passion, ce désir monter, se sentir aimée, convoitée… Comme ça avait été bon de sentir son corps vibrer, d’avoir l’impression de réveiller un volcan longtemps endormi. Puis ça avait été la douche froide en cinq lettres : Sugar. Ainsi c’était son surnom. Elle ne connaissait même pas le prénom de celle qui devenait une rivale involontaire mais elle connaissait maintenant le petit nom dont il l’affublait, ce petit nom prononcé avec tellement de tendresse et d’amour que ça lui faisait mal parce qu’elle avait alors compris que ce n’était pas elle qu’il voyait et tenait dans ses bras.  

 

- Sam, ouvre la porte, s’il te plaît., lui demanda Ryo, tenant la poignée dans la main et tentant de la tourner sans parvenir à ouvrir.  

- Laisse-moi, Ryo. Laisse-moi, s’il te plaît…, l’implora-t-elle.  

 

Il posa le front sur le panneau, dégoûté par ce qu’il venait de faire. Combien de fois avait-il fait pleurer Kaori ? Il ne le savait même plus. En sept ans, il avait eu bien des occasions. Au départ, il avait pu l’ignorer mais, le temps passant, les regrets étaient montés. Entendre les larmes de sa cliente, de celle qui voulait être son amie malgré les sentiments qu’elle éprouvait pour lui était aussi dur et il se prenait de plein fouet ce qu’il avait fait : avoir fui Kaori pendant autant de temps, ne pas avoir pu vivre leur vie l’avaient mené à utiliser le corps d’une autre pour assouvir son envie d’elle. Kaori le détesterait pour cela, Sam le faisait déjà… et lui se maudissait de n’avoir pas su mieux se contrôler.  

 

Pourquoi avait-il calqué les traits de sa partenaire sur les siens ? Comment avait-il pu oublier qui il tenait entre ses bras ? Son attirance pour Sam était-elle uniquement due à sa frustration de n’avoir pas pu aller au bout avec Kaori ? Etait-il arrivé à un point où il ne pouvait plus contrôler ses pulsions et devait les satisfaire dans n’importe quels bras ? Etait-il redevenu cet homme-là ? Il leva le poing pour frapper le mur, pour évacuer toute cette colère, tous ces doutes qui montaient en lui, mais se retint. Il lui avait déjà fait mal. Il ne devait pas lui faire peur en plus.  

 

- Sam, je vais aller chercher Layla., lui annonça-t-il à mi-voix.  

- D’accord., souffla-t-elle.  

- Je demanderai à Mick de t’accompagner ce soir. Ce sera mieux ainsi…, lui proposa-t-il.  

 

Il ne voyait plus que d’un œil pour le moment, ce qui était assez handicapant, mais ça permettrait aussi d’apaiser les tensions entre eux, de laisser Sam se remettre de ce qui s’était passé.  

 

- Comme tu veux., répondit-elle, des sanglots dans la voix.  

- Sam… Je suis désolé., murmura-t-il à travers la porte.  

 

Se sentant coupable, il l’entendit pleurer de plus belle et s’en alla. La présence de Layla lui ferait certainement du bien et lui se terrerait dans un coin, histoire de se faire oublier un peu et de réfléchir à ce qu’il avait fait. Il devait faire le point parce qu’il avait non seulement fait mal à une personne qui voulait lui venir en aide mais il avait également bafoué la mémoire de sa partenaire. Elle l’aurait massacré pour ce qu’il venait de faire, pour ce qu’il avait eu l’intention de faire.  

 

Sam s’effondra sur son lit, se sentant vidée. Elle savait que ses remords étaient sincères mais ça ne lavait pas l’affront qu’il venait de lui faire. Ca ne lui ôtait pas non plus l’idée qu’elle venait d’affronter une rivale et qu’elle était verte de jalousie, qu’elle aurait aimé que quelqu’un l’aime comme Ryo aimait sa femme encore maintenant, savoir qu’elle avait marqué la vie de quelqu’un à ce point. Pour autant, elle se sentait mal de jalouser une femme morte et essayait de se raisonner en se disant que, si elle avait encore été là, elle n’aurait jamais eu un quart de ce qu’elle partageait avec lui. C’était un sentiment horrible pour elle. Ce n’était pas la façon dont elle traitait les gens et certainement pas les morts.  

 

Lorsqu’il arriva au Cat’s, Ryo vit tout de suite le regard surpris puis inquiet de Layla quand elle aperçut son œil gonflé et les pansements sur son front. Elle se précipita vers lui avec des yeux de cocker et il la prit à bras, la serrant contre lui. Après tout ce qui venait de se passer, ça lui faisait un bien fou.  

 

- Ce n’est rien, ma puce. Juste un petit bobo., la rassura-t-il avec un sourire.  

- Maman ?, s’inquiéta la petite, cherchant sa mère du regard.  

- Elle est à l’appartement. Elle se repose mais elle va bien., lui dit-il, caressant ses cheveux.  

 

Il chassa les sentiments qui revenaient à la charge et se concentra sur leurs amis. Par chance, Mick était là également et il leur expliqua à tous ce qui s’était passé au restaurant.  

 

- Tu pourrais me remplacer pour ce soir. Je n’y vois que d’un œil. Ca serait plus sûr que tu y ailles., demanda Ryo à son ami.  

- Umi chou pourrait y aller., plaisanta l’américain.  

- Les cuisines ne sont pas grandes. Nos chefs n’auraient plus l’occasion de vaquer à leur aise., objecta Ryo, un sourire ironique aux lèvres.  

 

La vérité était que les sens un peu trop affinés du géant auraient vite fait de percer ce qui se jouait entre Sam et lui et, même si rien d’inéluctable ne s’était passé, il ne voulait pas avoir à répondre à des questions gênantes. Il n’était pas prêt.  

 

- Je vais rentrer. Layla a certainement envie de voir sa mère., lâcha Ryo, prenant la petite sur ses épaules.  

- Je te suis. Kazue doit être rentrée avec Samuel aussi., déclara Mick, le suivant.  

 

Ils saluèrent leurs amis et sortirent du café, reprenant le chemin de leurs appartements respectifs.  

 

- Que se passe-t-il, Ryo ?, l’interrogea l’américain au bout de quelques minutes.  

- De quoi tu parles ?, répondit le nettoyeur innocemment.  

- Jamais tu ne me demanderais de te remplacer auprès d’une cliente pour un œil amoché. Que se passe-t-il ?, insista Mick.  

- Rien.  

- A d’autres ou je pourrais me retrouver occupé ce soir et tu devrais demander à Umi de te remplacer, ce que tu ne veux pas non plus., affirma-t-il.  

 

Ryo serra les dents, agacé que son ami ait vu clair dans son jeu mais, après tout, qui pensait-il pouvoir leurrer ? Tous le connaissaient bien.  

 

- Crache le morceau, Ryo. Ca fait trop longtemps que tu te renfermes., lui fit remarquer Mick.  

- Je n’en ai pas envie, Mick., lui opposa-t-il.  

- Bon, je vais me voir contraint d’en parler à l’autre intéressée et je pense que ça te plaira encore moins., suggéra l’américain.  

- T’es ch… pénible…, grommela Ryo, malgré tout un peu soulagé de pouvoir en parler à quelqu’un.  

 

Mick pourrait peut-être l’aider à faire le tri dans ses idées. Au pire, il se fâcherait et lui flanquerait une raclée… Ca ne lui ferait peut-être pas de mal, ironisa-t-il.  

 

- J’ai failli coucher avec Sam., admit-il.  

- Oh…, lâcha simplement son ami.  

 

Il resta silencieux un moment, digérant la nouvelle. C’était dur de tourner la page Ryo-Kaori et de devoir en envisager une autre. Malgré tout, comme l’avait rappelé Miki et comme Kazue et lui s’en étaient rendus compte, ils devaient accepter cette nouvelle femme dans la vie de leur ami. C’était ce qu’aurait voulu Kaori pour lui et il fallait admettre que Sam l’avait fait évoluer positivement en très peu de temps. Elle avait réussi à l’atteindre là où eux avaient échoué.  

 

- Elle était consentante ?, lui demanda-t-il.  

- Oui… jusqu’à ce qu’elle se rende compte que ce n’était pas elle qui était dans mes bras., soupira Ryo, le cœur lourd.  

- Oh…, comprit alors Mick.  

 

Il ne pouvait qu’imaginer le choc et la déception de la jeune femme. Lors du pique-nique et de leurs diverses rencontres, nul n’avait été dupe des sentiments qu’elle éprouvait pour Ryo, alors être l’objet des attentions d’un homme qui pensait à une autre…  

 

- Et alors ?, s’enquit-il doucement.  

- Elle est en colère et elle pleure., répondit Ryo sombrement.  

- Et toi ?, lui demanda son ami.  

- Moi ?, lui retourna le nettoyeur, surpris en s’arrêtant.  

- Oui, toi Ryo. J’imagine très bien qui tu tenais dans tes bras et je sais que ce n’était pas volontaire de ta part. Donc toi, qu’est-ce que tu ressens ?, l’interrogea Mick, sérieux.  

- Je m’en veux. Je n’avais pas l’intention de lui faire du mal mais je n’ai pas pu contrôler. J’avais vraiment l’impression de la tenir dans mes bras, qu’elle était enfin revenue et je ne voulais plus la quitter. Pourtant, Sam a essayé de me rappeler à la raison mais je ne voulais pas l’entendre., expliqua-t-il.  

- J’étais bien…, murmura-t-il, détournant le regard.  

 

Mick l’observa et posa une main amicale sur son épaule. Il savait que c’était dur pour Ryo depuis que Kaori était morte mais peut-être avait-il sous-estimé la situation… ou peut-être avait-il surestimé la force de son ami…  

 

- Ryo, il est peut-être temps d’accepter qu’elle ne reviendra pas. Je sais que tu l’aimes plus que tout mais elle… elle est partie et elle aurait aimé que tu sois heureux. Je ne te dis pas de sauter sur tout ce qui bouge mais laisse-la partir. Accorde-toi le pardon qu’elle t’a déjà donné. Réfléchis-y au moins., lui opposa-t-il, le voyant prêt à objecter.  

 

Le nettoyeur ne dit rien mais acquiesça et ils reprirent la route en silence. Ils se quittèrent devant l’immeuble après avoir abordé quelques détails pour le travail de l’américain le soir même.  

 

Quand il arriva dans l’appartement, Sam sortait de la cuisine, un verre d’eau à la main. Il observa ses yeux rougis, le léger tremblement de sa main et sa culpabilité remonta en flèche. La voyant cependant détourner le regard, il n’osa lui parler et déposa simplement Layla qui gigotait sur ses épaules par terre pour qu’elle puisse se réfugier auprès de sa mère. Voyant Sam grimacer au babillage excité de la petite, Ryo monta à la salle de bains et redescendit, posant une plaquette de paracétamol sur la table.  

 

- Merci., murmura-t-elle.  

- Je ne voulais pas… Je suis désolé., lui redit-il d’une voix sourde.  

- Je sais… Moi aussi., répondit-elle.  

- Pourquoi tu serais désolée ?, lui demanda-t-il, surpris.  

- De ne pas être elle, de ne pas pouvoir accepter, de vous en vouloir à tous les deux, d’être jalouse, de te voir souffrir… Je ne sais pas vraiment en fait., expliqua-t-elle, la gorge serrée.  

- Je n’ai pas voulu profiter de tes sentiments., lui assura-t-il.  

- Je sais… mais ça ne fait pas moins mal., dit-elle, une larme roulant sur sa joue.  

- Je devrais tuer mon fantôme…, soupira-t-il, repensant à l’actrice aux pieds nus.  

 

C’était ce qu’il lui avait conseillé de faire après tout, tuer le fantôme de son défunt fiancé pour reprendre le cours de sa vie. Peut-être que ça valait pour lui aussi. Il n’avait pas imaginé à l’époque l’effort et le courage qu’il fallait pour le faire car, même lui, tout tueur qu’il avait été, il ne s’en sentait pas capable.  

 

- Mon problème, c’est que je n’ai jamais su tirer sur une femme…, avoua-t-il en riant ironiquement, le cœur serré.  

- Je ne suis pas là pour te dire ce que tu as à faire, Ryo, mais il serait peut-être temps de te libérer de ce poids de remords et de culpabilité en effet. Garde le meilleur en souvenir, oublie le reste. Peut-être qu’alors tu seras capable de faire de la place à quelqu’un d’autre sans avoir l’impression de la tromper… encore que je ne sais pas qui tu penserais tromper, ta femme ou la personne qui viendrait après elle…, fit-elle, amère.  

- Tu ne peux pas comprendre ce qu’on a vécu…, objecta-t-il.  

- Non, je ne peux pas. Mes souvenirs heureux avec un homme commencent avec notre rencontre. Je ne sais pas ce que c’est qu’être caressée, aimée, embrassée par amour et, de mémoire, je n’ai jamais vu un homme nu. Je n’en ai aucun souvenir et j’ai tellement peur de te faire du mal si ma mémoire revenait que je ne voulais pas créer ces souvenirs. Je ne voulais pas céder, Ryo… je ne voulais pas céder mais je n’ai pas pu résister et, maintenant, on est deux à souffrir., hoqueta-t-elle, les larmes revenant de plus belle.  

 

Il ne résista pas au besoin de la prendre dans ses bras pour l’apaiser. Il la sentit se débattre un moment puis elle cessa et se laissa aller contre lui, pleurant contre son torse.  

 

- Si tu veux que je demande à Mick ou Umi de finir la mission pour limiter nos contacts, je le ferai., lui proposa-t-il quand il sentit qu’elle se calmait.  

 

L’éloignement était peut-être la meilleure solution pour eux deux après tout. Dans ce cas-ci, peu importaient les statistiques. Il arrêterait même si l’idée ne l’enchantait pas.  

 

- J’ai toujours confiance en toi., lui assura-t-elle.  

- Alors juste ce soir… Ca nous fera certainement du bien d’être éloignés l’un de l’autre et tu auras besoin d’être concentrée, pas de m’avoir sous le nez dès que tu relèveras la tête., lui répondit-il.  

- D’accord. Ca permettra de calmer les passions., admit-elle.  

- Pas envie de me frapper ?, la taquina-t-il.  

 

Il s’en sortait à bon compte. Elle aurait pu l’envoyer balader mais elle prenait sur elle et semblait sur le chemin du pardon.  

 

- Pourquoi ? Tu en aurais besoin ?, lui retourna-t-elle, se dégageant de ses bras.  

- Besoin ? Peut-être… mais je le mériterais certainement., avoua-t-il.  

- Je n’en éprouve ni le besoin ni l’envie. Alors trouve-toi un autre puncheur., répliqua-t-elle.  

 

Si proches et pourtant si différentes, pensa-t-il, la regardant approcher de Layla pour jouer avec elle. Il se retourna et leva inconsciemment les yeux vers l’étage. Il eut comme l’impression de voir Kaori, la massue dans ses mains disparaissant, de croiser ensuite son regard doux et confiant, un sourire se dessinant sur ses lèvres. Que cherchait-elle à lui dire ? 

 


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