Hojo Fan City

 

 

 

Data File

Rated R - Prose

 

Author: Mercury80

Status: Completed

Series: City Hunter

 

Total: 49 chapters

Published: 02-10-20

Last update: 22-11-20

 

Comments: 32 reviews

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DrameRomance

 

Summary: "Un seul être vous manque et tout est dépeuplé..." Un an après la disparition de la lumière de sa vie, comment Ryo, et la bande, a-t-il repris le cours de sa vie ?

 

Disclaimer: Les personnages de "Message in a bottle" sont la propriété exclusive de Tsukasa Hojo.

 

Tricks & Tips

How can I correct a misplaced chapter?

 

It can happen that an author has several stories in process and that he adds a chapter of a story to another one. In this case, please don't add the chapter again and contact me (hojofancity@yahoo.fr) for modification. Indicate which chapter is misplaced and which is the correct story.

 

 

   Fanfiction :: Message in a bottle

 

Chapter 19 :: Chapitre 19

Published: 20-10-20 - Last update: 20-10-20

Comments: Bonjour, voici la suite de l'histoire. Bonne lecture et merci pour vos commentaires^^

 


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Chapitre 19  

 

Lorsque Ryo se réveilla le lendemain matin après une trop courte nuit agitée, ce fut aux cris de Layla, Sam la sermonnant. Il sourit en visualisant la scène : à tous les coups, c’était un de ces jours où la petite ne voulait rien entendre et avait décidé de faire courir sa mère. Peut-être que cela deviendrait une scène habituelle dans la maison, pensa-t-il. Les mains derrière la tête, il fixa le plafond pensivement, luttant contre l’envie de prendre la lettre dans le tiroir et de la relire une fois encore. Il l’avait laissée partir. Il devait lutter contre l’envie, le besoin de se replonger dans ses bras. Il devait faire de la place, créer un vide où Sam pourrait s’engouffrer et créer son espace, leur espace.  

 

Malgré tout, il ne put résister à l’envie de regarder la photo et attrapa le cadre. Un léger sourire étira ses lèvres en voyant celui de sa partenaire. Ex-partenaire ? Feue partenaire ? Cette question lui tarauda l’esprit un moment, assombrissant son humeur. Cela aussi faisait partie du processus, ajouter ces petits qualificatifs qui faisaient tant de mal pour reléguer la personne à une étape antérieure de sa vie… même s’il n’en avait pas envie alors qu’il le fallait. Soudain, la porte s’ouvrit à la volée et une tornade blonde entra dans sa pièce en courant et riant.  

 

- Ryo !, s’écria Layla en se jetant sur le lit et venant jusqu’à lui, les joues rouges et le regard malicieux.  

 

Il posa l’objet sur le côté à l’abri des petites mains curieuses et accueillit la jeune demoiselle qui vint lui faire un gros câlin… ou chercher refuge contre l’ire maternelle, se corrigea-t-il en voyant Sam arriver visiblement fâchée.  

 

- Layla, je t’avais dit non. Laisse Ryo tranquille !, la sermonna-t-elle.  

- Bonjour… Désolée si on t’a réveillé. Elle est très énervée., s’excusa Sam.  

- Tout va bien. Ce n’est pas désagréable., la rassura-t-il, levant les yeux vers elle.  

 

Il l’observa un instant et fronça les sourcils, soucieux. Elle avait les traits tirés, de vilains cernes en dessous des yeux et le regard terne.  

 

- Tu as dormi ?, lui demanda-t-il.  

- Non., répondit-elle à voix basse, détournant le regard.  

 

La conversation qu’ils avaient eue la veille avait réveillé pas mal de doutes, soulevé beaucoup de questions, de peur. Après avoir pleuré un long moment contre cet énième revirement du sort, revirement qui était beau mais également terrifiant et pouvait s’avérer douloureux, elle avait été incapable de fermer l’oeil, les scénarios s’enchaînant sans s’arrêter une minute de toutes les possibilités et leurs conséquences.  

 

Se redressant, il attrapa sa main et l’attira à côté de lui, culpabilisant de l’avoir perturbée à ce point. Il aurait peut-être dû attendre, aborder le sujet progressivement, lui laisser du temps, mais il se connaissait : il avait eu peur que l’ancien lui refasse surface, celui qui se sentait tout feu tout flamme une seconde et, la suivante, froid comme l’iceberg. Alors il avait foncé.  

 

- C’est à cause de ce dont on a parlé cette nuit ?, lui demanda-t-il.  

- Oui., admit-elle, observant leurs mains liées.  

- Je sais que je bouscule tes plans mais on peut peut-être trouver un moyen de les ajuster. Il suffit qu’on en parle, tu sais., l’encouragea-t-il.  

- Si c’est votre sécurité qui t’inquiète, on peut aussi en parler., ajouta-t-il, l’observant attentivement.  

 

Contrairement à toute attente, il ne la vit pas tressaillir ni sembler avoir peur. Son regard resta fixé sur leurs mains pensivement comme si c’était le cadet de ses soucis. Comme si elle sentait ses pensées, elle releva les yeux et le regarda à son tour.  

 

- J’ai confiance en toi, Ryo. Je sais que tu ferais le maximum pour nous. J’aurais même plus peur pour toi que pour moi., avoua-t-elle.  

- Tu as peur que je te brusque, que je te demande tes faveurs avant que tu ne sois prête ? J’ai été un dragueur mais pas un violeur. J’ai le temps et moi aussi, j’ai besoin de m’adapter., lui confia-t-il.  

- Tu n’es pas sûr de toi ?, s’inquiéta-t-elle.  

 

Elle ne pouvait pas se lancer s’il risquait de se désengager. Elle avait trop à perdre, trop à affronter si elle devait se retrouver seule parce qu’il avait agi trop vite.  

 

- Si. J’ai tourné la page mais il me faudra un peu de temps pour arrêter de regarder en arrière., répondit-il.  

- Il faut que je te donne ta place, tes habitudes, que l’on crée notre voie, notre vie. Je ne veux qu’être ton ami pour le moment pour qu’on apprenne à se connaître, à s’apprivoiser et apprivoiser les changements qui interviennent.  

- Ryo, je n’ai pas de passé. J’ai peur que tout ce que je pourrais construire s’effondre comme un château de cartes au moindre écho de ma vie enfouie. Nous souffririons alors tous les trois. Je dois faire le bon choix pour Layla, pour toi et pour moi., lui opposa-t-elle, la voix étranglée.  

- Et si le bon choix était de ne pas rester seule pour affronter ce qui pourrait se passer… ou pas d’ailleurs ? Et si le bon choix était de vivre ta vie et de faire face aux conséquences de nos choix quand elles se présenteront ?, objecta-t-il.  

- Je dois être raisonnable. J’ai une enfant à protéger, Ryo., murmura-t-elle.  

- J’ai longtemps été raisonnable. Ce n’est pas ce qui m’a aidé à être plus heureux. C’est bien d’écouter la raison mais il faut aussi apprendre à laisser parler son cœur. Layla a autant besoin d’une maman raisonnable qu’heureuse… et tu ne me feras pas croire que tu es heureuse ainsi à attendre dans l’antichambre de ta vie., raisonna-t-il, se sentant un peu dans les baskets de sa rouquine en disant cela.  

 

Le cœur de la jeune femme se serra parce qu’il avait raison. Elle avait découvert quelque chose avec lui, se sentait vivre avec lui et elle savait que le laisser derrière elle serait une déchirure mais rester ici entraînait tellement de choses qu’elle n’était pas sûre de pouvoir assumer.  

 

- Je… Je ne sais pas. J’ai besoin de temps., répondit-elle à voix basse.  

- Ca tombe bien : le concours n’est pas fini et, comme tu le remporteras, tu auras un an de plus pour te décider. C’est bon pour moi, tu sais. Ca fait un an de plus pour que tu tombes sous mon charme irrésistible et ne veuilles plus t’en passer., lui fit-il d’une voix enjouée.  

 

Elle releva les yeux et observa son regard malicieux. Néanmoins, elle y lisait aussi le doute et un peu de crainte et son cœur battit un peu plus fort. Malgré ses propres hésitations, il essayait de lui remonter le moral, de lui faire voir les choses de manière plus légère et elle lui en était gré.  

 

- Ne panique pas. Je sais que ce n’est pas facile de tourner la page et d’avancer même si ça m’a pris comme une envie de… changer de chemise…, se reprit-il, souriant ironiquement au sourcil levé de la jeune femme.  

 

Comment avait-il pu oublier un moment la présence un peu plus calme de Layla qui s’était rappelée à lui en grimpant sur ses genoux ? Il lâcha la main de Sam et entoura la petite, déposant un baiser sur son crâne.  

 

- J’ai souvent très longtemps réfléchi ou occulté les choses en me disant que j’avais le temps. Ce n’est pas le cas et je sais que, si j’attends, tu repartiras sans que j’ai une chance de te convaincre de rester. Tu as deux semaines devant toi, deux semaines pour décider de ce que tu veux faire de ta vie, de notre vie à tous les trois., lui résuma-t-il.  

- Je t’aime, Ryo… mais je ne sais pas si j’ai le droit de t’embarquer dans ma vie., lui opposa-t-elle.  

- C’est drôle parce que ce serait plutôt à moi de me demander de quel droit je t’embarque dans ma vie…, plaisanta-t-il.  

- J’ai envie de faire partie de ton équipage. Moussaillon ou co-capitaine, on décidera plus tard mais je veux tenter cette expérience à notre rythme.  

 

Sam détourna le regard et fixa le ciel teinté de bleu à l’extérieur. Elle ne savait pas quoi penser et se demander quelle serait la bonne décision. C’était tellement difficile de résister à l’envie de ne plus être seule, de laisser cet amour qu’elle lui portait éclore et peut-être trouver sa réciproque, de vivre heureuse et entourée avec Layla et lui… s’il n’y avait pas eu tout le reste…  

 

- Prends ton temps., lui conseilla-t-il, caressant sa joue.  

- D’accord., souffla-t-elle, anxieuse.  

- Enfin, là, il faudrait accélérer sinon tu vas être en retard pour ton service. Allez miss, on descend et on est sage avec maman., enjoignit-il à Layla, la tendant à Sam.  

 

Elle se releva et souleva la petite fille dans ses bras pendant que Ryo se levait de son lit. Prise de remords pour s’être montrée rétive face à lui si gentil, elle se tourna vers lui et ses yeux fixèrent le cadre photo qu’il reposait sur sa chevet. Elle se sentit pâlir en voyant les deux personnes sur l’image, un homme, une femme. Ce n’était pas Ryo sur la photo mais s’il la gardait à ses côtés dans la pièce la plus intime de l’appartement, c’était que les deux personnes comptaient à ses yeux. Il ne savait pas qui était l’homme car elle ne l’avait jamais vu mais la femme, cette femme… Elle leva les yeux et fixa son visage, notant son regard aimant et son sourire attendri… C’était elle.  

 

Elle se sentit étouffer, prête à s’effondrer sous le coup du long vertige qui la prit. Le premier choc passé, elle ne put que reculer comme si elle ressentait une présence se matérialiser devant elle, lui barrant le chemin jusqu’à l’homme qu’elle aimait. Elle esquissa un premier pas en arrière et trébucha sur une pantoufle. Surpris par le bruit, Ryo se retourna et vit son regard paniqué. D’un coup sec, comme pris en faute, il rabattit le cadre et esquissa un pas vers Sam mais elle lui opposa une main.  

 

- Laisse-moi…, murmura-t-elle avant de tourner les talons et de sortir de la chambre au pas de course.  

 

Immobile, culpabilisant, Ryo la regarda s’en aller. Il aurait dû ranger cette photo, la cacher quand Layla était rentrée dans sa chambre. Il venait de lui montrer que la place n’était pas tout à fait libre, peut-être même pas libre du tout parce qu’il savait qu’elle l’avait vu rêveur devant la photo de Kaori. C’était difficile de chasser des années d’une vie en un claquement de doigts… Il avait choisi son chemin mais le croisement était non loin et les possibilités de l’autre voie étaient encore fraîches en mémoire.  

 

Posant Layla par terre, Sam fouilla dans son sac et en sortit son portefeuille et un mouchoir. S’essuyant les yeux, elle prit les quelques photos qu’elle possédait de Layla, parfois elle, prises ces derniers mois et les observa, tentant de reprendre le dessus et de décider de ce qu’elle devait faire. Elle sentait son cœur battre à cent à l’heure et, quand elle observa enfin la dernière photo, la gardant un peu plus longtemps entre ses doigts, elle sentit le calme se faire. Tout était clair maintenant, limpide. Il n’y avait plus à tergiverser, elle savait ce qu’elle devait faire et vérifia combien elle avait d’argent et si sa carte bleue était bien dans son portefeuille.  

 

- Sam, on doit y aller., l’appela Ryo, nerveux.  

 

Anxieux, il l’était. Il ne savait pas comment elle réagirait, si elle accepterait de prendre le risque malgré ce qu’elle venait de voir ou si elle l’enverrait tout simplement paître. Il fut soulagé de voir la porte s’ouvrir et la jeune femme apparaître paraissant calme. C’était même étonnant.  

 

- Ca va ?, osa-t-il.  

- Oui. J’ai un service à assurer. Je ne peux pas leur faire défaut., répondit-elle simplement.  

- J’aurai besoin de quelques courses. On peut s’arrêter dans un magasin rapidement., lui demanda-t-elle.  

- Oui. A la fin de ton service, je te déposerai au Cat’s. Tu y resteras avec Layla, Miki et Umibozu. Je dois aller faire le tour de mes indics. Ils auront peut-être des informations sur le Lotus noir., lui apprit-il.  

 

Ils déposèrent rapidement Layla au café puis repartirent.  

 

- Tu n’as pas besoin de venir. C’est pour des trucs de fille. J’en ai pour deux minutes., lui fit Sam, sortant de la voiture devant la supérette du coin.  

 

En effet, à peine deux minutes plus tard, elle était revenue, tenant son paquet bien serré contre elle.  

 

- Tu es tombée à court ? Hier, ça n’a pas semblé être un problème…, pipa Ryo, plus surpris que curieux.  

- Tu tiens vraiment à parler de mes menstruations, Ryo ?, lui demanda-t-elle, se tournant vers lui, un sourcil levé.  

- Euh non, pas vraiment en fait…, marmonna-t-il, gêné.  

 

Sam souffla intérieurement. Pour une fois, la meilleure défense avait été l’attaque, quelque chose auquel elle n’était pas habituée.  

 

Le service au Hilton se déroula sans anicroche pour la jeune femme. Sentant une présence indésirable, Ryo quitta brièvement la cuisine et trouva, planqué dans un coin, un homme du Lotus noir. Lui plantant son revolver dans le dos, il l’emmena un peu plus loin encore, gardant cependant la porte bien en vue juste au cas où.  

 

- Dis à ton chef de lui lâcher la grappe. S’il lui arrive le moindre problème, ce ne seront pas seulement les sbires qui paieront le prix. Ma colère remontera jusqu’au sommet., le prévint-il.  

- Tu ne feras jamais cela. Tu as trop à perdre., ricana l’homme.  

- Je n’ai plus rien à perdre., mentit Ryo.  

- Tu le sais, non ? Je n’ai plus rien à perdre., répéta-t-il pour appuyer son propos d’une voix glaciale.  

 

L’homme tressaillit et il le relâcha avant de le regarder s’enfuir. Il espérait que ça suffirait pour ce jour-là même s’il se doutait que les actions deviendraient plus virulentes les jours qui viendraient. Impassible, il retourna à la cuisine et reprit place à son poste de surveillance, Sam ne paraissant pas avoir noté son absence momentanée, chose qui fut démentie dans la voiture sur le chemin du retour.  

 

- Le Lotus noir était là ?, l’interrogea-t-elle.  

- De quoi tu parles ?, lui retourna-t-il, tentant de noyer le poisson pour la ménager.  

- Tu t’es absenté quelques minutes. Tu avais repéré une présence hostile ?, lui demanda-t-elle.  

- Qui te dit que je n’étais pas parti faire…, commença-t-il.  

- Ne le dis même pas…, gronda-t-elle.  

- Je ne sais pas ce qu’elle acceptait de ta part mais, avec moi, les blagues scato même pas en rêves., le prévint-elle, le regard noir.  

 

Ryo lui adressa un sourire penaud puis se fit sérieux. Elle le connaissait décidément bien presque comme Ka… Non, il devait cesser cela aussi. Il devait arrêter de les comparer pour tout et n’importe quoi.  

 

- Pour ce matin, je suis désolé de t’avoir mise mal à l’aise. Si tu as l’impression que mon engagement envers toi ne serait pas sincère ou serait un pis-aller pour moi, ce n’est pas le cas mais elle a beaucoup compté pour moi., lui expliqua-t-il.  

- Je ne veux pas que tu l’oublies. C’est important pour toi. Je… non, je ne veux pas que tu oublies., soupira-t-elle, les larmes au bord des yeux.  

- Sam…, lâcha-t-il alors qu’il se garait devant le Cat’s.  

 

Il se tourna vers elle et la prit dans ses bras. Il ne comprenait pas tout ce qui se passait dans sa tête pour la mettre dans un tel état. Il s’était attendu à la jalousie, à la possessivité, ou dans l’autre sens, à l’éloignement mais pas à cette détresse apparente.  

 

- Tu comptes. Je te jure que tu comptes., lui assura-t-il pour la rassurer.  

 

Elle s’écarta sans un mot et acquiesça, ne sachant plus très bien où elle en était. Elle avait besoin d’être un peu seule, de réfléchir au calme ou peut-être même simplement de dormir. Pour le moment, elle profiterait de la petite fille qui éclairait ses jours et ce serait déjà bien.  

 

Ryo l’accompagna dans le café et ne s’attarda pas, repartant presque aussitôt, contrarié par la réaction de la jeune femme.  

 

- Layla dort, Miki aussi., apprit Umi à la jeune femme qui se sentit le cœur lourd.  

- Viens avec moi., lui proposa-t-il.  

- Sac de boxe, tapis de course, douche. Miki laisse des affaires dans le vestiaire là-bas. Fais-toi plaisir., lui dit-il avant de la laisser, bouche bée.  

- Merci !, cria-t-elle, quelques secondes après quand elle réagit enfin.  

 

Voilà ce qu’il lui fallait : de quoi ne plus réfléchir pendant un moment. Elle se changea rapidement, trouva une radio qu’elle alluma sur une musique entraînante et s’installa sur le tapis de course, le démarrant à un rythme de marche pendant quelques minutes avant d’accélérer. Elle tenta d’évacuer toutes les questions qui lui polluaient l’esprit mais certaines résistèrent. Elle regretta presque de ne pas avoir accepté l’offre de Mick mais se refusait à demander à Miki ou Umibozu de le remplacer : c’était à Ryo de lui parler d’elle, personne d’autre. C’était à lui de lui dire comment elle était, ce qui lui plaisait, l’irritait, ses petits travers, ses qualités, ce qu’ils avaient été ou pas été, son prénom… C’était à lui de le faire et personne d’autre.  

 

Sans s’en rendre compte, elle courut pendant près d’une heure, trempant ses vêtements de sueur mais se vidant la tête complètement. Quand elle descendit du tapis, elle trouva des bandes en tissu et s’en entoura les poings. Malgré les conséquences de cette fin de journée, elle devait rester prudente. Elle ne savait que trop ce qu’était la vie avec un enfant en étant blessée, les gestes anodins qui se révélaient douloureux, les nuits sans dormir car la souffrance était trop intense, la peur de ne pas se réveiller, de laisser Layla seule à coté d’un cadavre. Toutes ces peurs remontèrent avec la colère liée au sentiment d’injustice et elle se mit à frapper dans le sac, une fois, deux fois, dix fois… Elle finit par perdre le compte au fur et à mesure que le rythme s’accélérait. Elle avait l’impression de ne presque plus voir le sac tant le mouvement le faisait balancer vite, un peu comme dans les films. La seule chose qui l’empêcha de rire à cette pensée était sa concentration : taper, taper et encore taper. Pour le reste, c’en était risible : sa vie aurait pu être l’objet d’un film de cinéma, un bon vieux film d’actions avec plein de rebondissements et même des coups de feu et explosion, le tout saupoudré d’une bonne couche de romance impossible entre deux âmes torturées.  

 

- Je devrais peut-être me mettre à écrire., murmura-t-elle, donnant un dernier coup dans le sac avant de reculer.  

- Regarde, elle est là., entendit-elle.  

 

Elle se retourna et vit Miki et Layla à la porte.  

 

- Umi nous a dit que tu étais ici., expliqua la barmaid.  

- C’est lui qui m’y a amenée. Je t’ai emprunté des affaires. Je te les nettoierai., s’excusa-t-elle, anxieuse.  

- Pas de ça entre amies., éluda Miki.  

 

Sam la regarda en sentant les larmes lui monter aux yeux à nouveau.  

 

- Ca n’a pas l’air d’aller fort. Ca t’a fait un peu de bien quand même ?, s’inquiéta la japonaise.  

- Oui. Beaucoup même. C’est… c’est juste la fatigue., éluda-t-elle à son tour.  

- D’accord. Va prendre une douche. Prends ton temps. On va remonter te préparer une bonne tasse de chocolat chaud avec une part de gâteau avec plein de chantilly. Après la séance de sport que tu viens de faire, il faut au moins cela…, plaisanta la brune.  

- Merci, Miki., répondit-elle d’une voix émue.  

 

L’américaine se dépêcha de retirer les bandes, puis de prendre sa douche. Par habitude, elle ne traîna pas malgré les conseils et remonta rejoindre le couple et sa fille.  

 

- Merci, Umibozu. Ca m’a fait du bien., affirma-t-elle quand elle revit le géant derrière son bar.  

- Moi aussi, j’ai envie de me défouler quand je le vois parfois… peut-être même toujours., lâcha-t-il, gardant son air impassible.  

 

Sam le regarda, un instant sidérée, ayant bien compris qu’il parlait de Ryo, puis soudain se mit à rire. Elle avait déjà remarqué la relation un peu chien et chat des deux hommes, l’avait trouvée un peu étrange mais venait de comprendre qu’encore une fois, elle avait été un moment dupée. Ces deux nigauds avaient une bien étrange manière de le faire mais ils se respectaient et s’appréciaient.  

 

- C’est vrai qu’il a un petit côté tête à claque parfois., admit-elle, se calmant.  

 

Après avoir avalé le morceau de gâteau sans un mot, tellement elle avait faim après les exercices qu’elle avait faits et le peu qu’elle avait avalé depuis le matin même, Miki et elle se mirent à parler de tout et de rien tout en s’occupant de Layla. Cet intermède fit beaucoup de bien à Sam, lui évitant de penser à ce qui allait arriver avant la fin de la soirée. C’était inévitable. Elle ne pouvait plus reculer.  

 

- Je vais devoir aller faire le tour des cabarets ce soir., lui apprit Ryo quand il vint les rechercher en fin d’après-midi.  

- C’est indispensable ?, s’inquiéta Sam, anxieuse.  

- Oui. Il paraît que des personnes intéressantes ont circulé dans le monde de la nuit. L’appartement est sécurisé mais si tu préfères…, commença-t-il.  

- Non, ça ira. Je sais que tu ne nous laisserais pas seules s’il y avait le moindre danger., répondit-elle.  

 

Ils rentrèrent, dînèrent à trois et Ryo se prépara à sortir alors que Sam jouait avec la petite dans le salon.  

 

- Ne m’attends pas. Tu as besoin de dormir., lui conseilla-t-il, se souvenant de la dernière fois.  

 

Il n’attendit pas sa réponse et sortit de l’appartement, préférant éviter de l’effaroucher. Sam le regarda sortir et tendit la main à Layla.  

 

- Tu viens, ma chérie. On va jouer à un jeu toutes les deux., lui proposa-t-elle.  

 

La petite fille glissa la main dans la sienne et elles montèrent à l’étage.  

 

- Tu fuis la vie conjugale, Mick ?, plaisanta Ryo quand il tomba sur son ami dans le premier cabaret où il pénétra.  

- Quitter les charmes de ma belle pour des plaisirs éphémères, fini pour moi., rétorqua l’américain.  

- Et toi ? Tu viens t’encanailler pour résister aux charmes de ta cliente ?, lui retourna-t-il.  

 

Ryo lui adressa un long regard sérieux avant de secouer la tête.  

 

- Non, pêche aux infos., résuma-t-il.  

- Pareil., acquiesça Mick.  

 

Tous deux prirent place dans un canapé et attendirent l’arrivée des jolies demoiselles dévêtues qui leur avaient autrefois tourné la tête. Pendant plusieurs heures, ils flattèrent les jeunes femmes, les firent rire, leur posant de manière anodine quelques questions pour les moins aguerries, de manière très franches pour les habituées. Ils confirmèrent ainsi l’identité et la présence de certains intervenants dans l’affaire du Lotus noir. Satisfaits, ils reprirent la route du retour, marchant côte à côte en silence.  

 

Arrivés au pied de l’immeuble, Mick et Ryo levèrent les yeux vers le cinquième étage et virent qu’une lumière était encore allumée et qu’une silhouette se tenait devant la fenêtre.  

 

- Une nouvelle femme qui t’attend quand tu rentres tard…, pipa l’américain avec un air nostalgique.  

- Oui… Je lui ai pourtant dit que ça ne servait à rien., répondit Ryo, un pincement au cœur.  

- Elle n’écoutait pas non plus., lui fit remarquer son ami.  

- Je sais. Moi, j’en profitais, multipliant les sorties juste pour me rassurer., lâcha le nettoyeur, amer.  

- Te rassurer sur quoi ?  

- Qu’elle était là, qu’elle serait toujours là, qu’elle ne m’échapperait pas., murmura Ryo.  

- Tu ne feras peut-être pas deux fois la même erreur…, suggéra Mick.  

 

Il n’ajouta pas un mot de plus et s’en alla, lui faisant un petit signe de la main. Ryo le regarda partir puis leva de nouveau les yeux vers le haut de l’immeuble. Il aurait pu tourner les talons et repartir, juste pour être sûr qu’elle dormirait et ne pas risquer d’ajouter à son malaise mais il ne le fit pas et rentra. C’était un sentiment à la fois doux et amer d’avoir à nouveau quelqu’un qui l’attendait. Ce n’était pas Kaori et il devait s’habituer, oublier ce fol espoir qui l’avait un moment habité mais, enfin, il ne rentrait plus dans un logement vide et froid. Quelqu’un l’attendait, quelqu’un qui tenait à lui.  

 

Il ouvrit la porte de l’appartement et, malgré l’obscurité, il vit la silhouette de la jeune femme se dessiner dans le faible clair de lune.  

 

- Tu n’aurais pas dû veiller., lui reprocha-t-il doucement.  

- Je devais te parler… au plus vite., lui répondit-elle, la voix tremblante.  

 

Il retira sa veste et ses chaussures qu’il rangea et se tourna, contrarié par la tension qu’il ressentait de sa part.  

 

- De quoi veux-tu parler qui ne puisse attendre demain ?, lui demanda-t-il en avançant vers elle.  

 

Il contourna le canapé et s’arrêta net, son cœur cessant de battre. Devant ses yeux, sur la table basse du salon, éclairée par une lumière tamisée, il vit une photo. 

 


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