Hojo Fan City

 

 

 

Data File

Rated R - Prose

 

Author: Mercury80

Status: Completed

Series: City Hunter

 

Total: 49 chapters

Published: 02-10-20

Last update: 22-11-20

 

Comments: 32 reviews

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DrameRomance

 

Summary: "Un seul être vous manque et tout est dépeuplé..." Un an après la disparition de la lumière de sa vie, comment Ryo, et la bande, a-t-il repris le cours de sa vie ?

 

Disclaimer: Les personnages de "Message in a bottle" sont la propriété exclusive de Tsukasa Hojo.

 

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   Fanfiction :: Message in a bottle

 

Chapter 4 :: Chapitre 4

Published: 05-10-20 - Last update: 05-10-20

Comments: Bonjour, voici la suite de l'histoire. Je sais que cette histoire va poser beaucoup de questions tout au long de ses 48 chapitres. C'est une exploration sur le deuil et la façon dont réagissent ceux qui restent mais il y aura aussi bien d'autres choses. Alors pour ceux et celles qui le veulent bien, merci de votre patience et ouverture d'esprit. Bonne lecture et merci pour vos commentaires^^

 


Chapter: 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24 25 26 27 28 29 30 31 32 33 34 35 36 37 38 39 40 41 42 43 44 45 46 47 48


 

Chapitre 4  

 

Voyant le canon pointé sur eux, Ryo dégaina son magnum et se tourna vers Sam. A sa grande surprise, il la vit se jeter à terre, entourant Layla de son corps, sa veste couvrant le haut du corps de sa fille. Soulagé de ne pas avoir à gérer sa panique, il se concentra sur l’ennemi qui se mit à tirer sur la mini et sur la devanture du magasin qui explosa en mille morceaux. Les passants hurlaient et couraient dans tous les sens. Les alarmes des voitures touchées se mirent à sonner de manière assourdissante. Ce qui déchira le plus Ryo, c’étaient les cris et pleurs de Layla, terrifiée, malgré les murmures rassurants de sa mère. Dès que la voiture passa dans son angle de tir, il riposta et entendit le léger cri de douleur provenant de la voiture. Une balle avait suffi à neutraliser le tireur et le véhicule accéléra pour prendre la fuite.  

 

- Vous allez bien ?, demanda-t-il à Sam, s’agenouillant à ses côtés.  

- Oui, oui. Plus de peur que de mal., répondit-elle, s’adossant à la voiture et hissant Layla sur ses genoux pour la tenir contre elle.  

 

Elle vérifia ses jambes et fut rassurée de voir qu’elle n’avait pas été touchée par un éclat de verre au seul endroit qu’elle n’avait pu protéger. Ryo examina la jeune femme du regard puis tira sa veste sur la petite fille.  

 

- Ferme les yeux. Tu as des éclats de verre dans les cheveux., lui dit-il avant de les balayer doucement.  

- Tu as de sacrés réflexes…, lâcha-t-il.  

 

Il avait été étonné de son sang-froid et de sa réaction. Il ne s’attendait pas à cela de sa part mais, à bien y réfléchir, elle n’avait pas non plus paniqué la veille lorsque la casserole avait explosé. Elle s’était simplement précipitée vers sa fille, s’inquiétant pour elle. Peut-être l’instinct maternel, se dit-il.  

 

- A se demander pourquoi tu te payes mes services., plaisanta-t-il.  

- Je n’ai pas toujours vécu dans un quartier calme de Los Angeles, répondit-elle, croisant son regard.  

- Ce n’est pas Mick ni moi qui te dirons le contraire., répondit-il avec un léger sourire.  

- Comme je te l’ai dit, là-bas, je me serais débrouillée. Ici, ce n’est pas ma ville et je comprends trop peu le japonais pour pouvoir m’en sortir., expliqua-t-elle, lui donnant Layla pour pouvoir se relever.  

- Alors comme ça, tu as vécu à Los Angeles ?, lui demanda-t-elle.  

- Oui, quelques temps avant de revenir ici., admit-il.  

- Tu as été parti longtemps du Japon ?, l’interrogea-t-elle.  

- Oui, on peut dire ça., murmura-t-il sombrement.  

 

Sam l’observa un moment puis soupira.  

 

- Encore une de tes limites ?, le questionna-t-elle.  

- Je n’aime pas parler de moi., répondit-il.  

- Ok, j’ai compris. Parlons de ta voiture alors. Ils ne l’ont pas loupée…, fit-elle, voyant les vitres éclatées et les trous dans les sièges.  

- Elle sera quitte pour un nouveau lifting… et nous pour une nouvelle rencontre avec la police. Inspectrice de mon cœur, quel plaisir de te voir ! Tu es en beauté aujourd’hui !, fit Ryo avec un grand sourire.  

 

Il ne lui sautait plus dessus mais avait repris les petites taquineries pour garder la face, pour ne pas inquiéter.  

 

- Ryo, pourquoi ne suis-je même pas étonnée de te voir ici ?, pipa Saeko, saluant Sam.  

- Parce que c’est le magasin où je fais mes courses, pardi !, s’exclama-t-il.  

- Et pile au moment où tu viens faire tes courses, des coups de feu sont tirés., répliqua-t-elle, les sourcils froncés.  

- Bah tu sais, je suis populaire dans le coin., rétorqua-t-il, s’ébouriffant les cheveux.  

- La prochaine fois, sois populaire dans un quartier désert., lâcha l’inspectrice, jetant un regard sur les nombreux passants choqués ou légèrement blessés.  

- Une chance qu’il n’y ait pas eu de mort., souffla-t-elle.  

- Oui.  

- Ryo, tu peux me donner les clefs de la voiture, s’il te plaît. Je dois changer Layla., intervint Sam.  

 

Il tendit les clefs à la jeune femme et observa la petite fille dont le pantalon était mouillé. Il fit un signe de tête à son amie pour s’éloigner un peu de la mini, voyant dans son regard qu’elle avait encore des questions en suspens.  

 

- Tu es sûr que c’était toi qui était visé ?, lui demanda-t-elle.  

- Non, je ne pense pas. C’est possible mais peu probable. Je pense que c’est Sam., lui répondit-il, observant les environs juste au cas où.  

- Elle participe à un concours culinaire et a déjà eu plusieurs incidents, encore hier d’ailleurs. Tu devrais peut-être contacter le chef de la sécurité du Hilton., lui expliqua-t-il.  

- Je le ferai mais tout ça pour un concours ?, fit Saeko, sceptique.  

- Tu sais, il y a des fous partout mais moi aussi, je pense qu’il y a autre chose derrière tout cela., admit Ryo, jetant un regard vers la jeune femme qui se penchait pour attraper la nouvelle peluche de Layla.  

 

Il entendit le cri puis les pleurs de la petite fille et approcha. La peluche avait souffert de l’attaque. Plusieurs balles l’avaient percée. Ryo fronça les sourcils.  

 

- Pas de chance pour le chat porte-bonheur…, murmura-t-il sombrement.  

- Elle était sur la plage arrière., fit Sam, tenant Layla contre elle.  

- J’irai t’en rechercher une autre., lui promit-il, caressant ses cheveux.  

- Tu veux bien arrêter de pleurer, Layla ?, lui demanda-t-il d’une voix douce.  

- Ryo, tu n’as pas à…, fit l’américaine, alors que la petite fille acquiesçait et cessait de pleurer, reniflant bruyamment.  

- C’est mon cadeau. Je fais ce que je veux., lui opposa-t-il.  

 

Elle acquiesça et céda en souriant légèrement.  

 

- Tu as encore des questions, Saeko ?, lui demanda-t-il.  

- Non. Je vais faire mes recherches. On se retrouvera peut-être au Cat’s un soir., répondit-elle, alors qu’un officier passait non loin.  

 

Ryo hocha la tête et se tourna vers sa cliente.  

 

- Je pense que c’est râpé pour les courses. On verra ça cette après-midi., l’informa-t-il.  

- Oui. Alors on rentre ?, demanda Sam, jetant un regard anxieux vers la voiture.  

- Oui.  

- Tu… n’as pas peur qu’elle explose ?, osa-t-elle l’interroger, désignant la mini.  

- Non, elle est solide. Elle a déjà vu pire que ça., s’exclama-t-il, donnant un coup sur le toit.  

 

Comme pour le narguer, la porte passager tomba à terre.  

 

- Du solide… Je vais m’asseoir à l’arrière avec Layla., pipa Sam.  

- Il serait peut-être temps de la changer, non ?, fit-elle remarquer, avisant les nombreuses traces de réparation dans l’habitacle.  

- Pourquoi ? Elle roule encore., objecta Ryo.  

- Oui, je vois mais, si elle a subi tant que cela, tu n’as pas peur d’une défaillance soudaine ?, l’interrogea-t-elle.  

- Non. Et puis, elle et moi, c’est une grande et belle histoire d’amour., mimiqua-t-il.  

- Je vois cela… mais toutes les bonnes choses ont une fin. Il faut parfois savoir se faire une raison., répliqua-t-elle.  

 

Elle sentit soudain la tension envahir l’habitacle et releva le regard pour croiser celui dur de son garde du corps dans le rétroviseur. Ryo ne pouvait pas lutter contre la colère qui l’avait envahi. Cette voiture, c’était beaucoup plus qu’un véhicule. Il avait des souvenirs qui y étaient reliés avec Maki, avec la plupart de ses amis mais surtout avec Kaori. Combien de discussions avaient-ils eu sur le siège avant ? Combien de moments précédant un combat ? Combien de silences partagés ? Combien d’heures de surveillance ? Il se souvenait encore du jour où il avait rendu sa couleur éclatante à la voiture. Il aurait voulu le faire avec elle et il avait été soulagé que personne n’était passé le voir car il s’en serait certainement pris au premier venu et de préférence un grand costaud pour couvrir la douleur psychologique par une douleur physique. Ca, il pouvait gérer. Cette voiture, c’était l’un des liens qui l’unissaient toujours à elle et il était inenvisageable pour lui de s’en séparer.  

 

- Apparemment, j’ai dit quelque chose qu’il ne fallait pas…, pipa Sam, mal à l’aise.  

- Toutes les bonnes choses n’ont pas besoin d’avoir une fin ! Elles ne devraient jamais avoir de fin ! Cette voiture est comme elle est mais je ne m’en séparerai pas ! Jamais, tu m’entends !, gronda-t-il, tentant de se contenir malgré sa fureur.  

- J’ai compris… excuse-moi., murmura-t-elle, nerveuse.  

- De quel droit tu entres dans ma vie et viens me dire ce que j’ai à faire ? De quel droit tu viens tout chambouler et t’incruster ? Tu n’es rien ! Rien, tu comprends ?, hurla-t-il.  

- Je sais ! Arrête de hurler !, cria-t-elle à son tour, les larmes aux yeux.  

 

S’imaginait-il à quel point ses paroles trouvaient une résonance particulière en elle ? Savait-il à quel point il frappait juste et fort en lui jetant ça à la figure ? Elle ne comprenait pas son déferlement de colère. Elle ne comprenait pas comment tout pouvait basculer si vite.  

 

- Je hurle si je veux ! Tu es dans ma voiture ! Tu la fermes et tu t’exécutes. C’est tout !, répliqua-t-il durement, lui lançant un regard si noir qu’elle en frémit de peur.  

 

Elle ne réfléchit pas plus longtemps et bondit hors de la voiture, Layla dans les bras, alors qu’ils étaient arrêtés à un feu rouge. Atterré, il la vit traverser la route sans attendre le signal alors que des voitures arrivaient dans les deux sens. Ce fut alors qu’il réalisa qu’il avait perdu tout contrôle et que, ce faisant, il avait montré un aspect très noir de lui, un homme que Kaori n’aurait pas aimé voir. Entendant les klaxons derrière lui, il démarra la voiture et la gara à peine le carrefour passé. Il bondit hors de la mini et partit à la poursuite de Sam. Arrivé au carrefour suivant, il ne put que constater qu’elle était déjà loin et il rebroussa chemin pour retrouver sa fidèle compagne et arpenter les rues de la ville en quête de sa cliente.  

 

- Maman, pourquoi tu pleures ?, demanda Layla quand elle s’arrêtèrent enfin de courir.  

- Je… Pour rien, ma puce., murmura Sam, la serrant contre elle.  

- Il est où, Ryo ?, continua la petite fille, inquiète.  

 

L’américaine se rendit alors compte que la fillette s’était très vite attachée à lui et qu’elle devrait la protéger de toute déception vis-à-vis de lui aussi. Ainsi prit-elle une profonde inspiration pour se maîtriser avant de lui répondre.  

 

- Il avait une course à faire et j’avais besoin de faire un tour. On va se balader un peu seules, Layla. Tu veux bien ?, lui demanda-t-elle, la reposant à terre.  

- D’accord. Maman, j’ai faim !, s’exclama la petite, son ventre poussant un grognement bruyant.  

- Je… On va trouver un endroit où manger, ma puce., fit Sam, soulagée de trouver sa carte bleue dans sa poche arrière de jean, là où elle l’avait mise machinalement alors qu’elle avait les mains occupées au magasin de jouets.  

 

Elle tendit la main à Layla et elles cherchèrent un restaurant ou café où prendre un repas.  

 

Se maudissant d’avoir perdu son sang-froid, Ryo arpenta toutes les rues où elles auraient pu passer pendant plus de deux heures avant de décider de demander de l’aide. Il ne comprenait pas comment il avait pu autant perdre la raison. Elle ne pouvait pas savoir et il n’aurait jamais dû se fâcher comme il l’avait fait. Il avait l’impression de lutter contre vents et marées, encore que l’expression lui semblait bien faible. Des trombes d’eau, des ouragans ou un tsunami seraient peut-être plus adéquats pour qualifier la violence des sentiments qui l’agitaient.  

 

Arrivé non loin du Cat’s, il se gara dans une ruelle et resta un moment immobile. La culpabilité et la peur le rongeaient de l’intérieur. Sam avait éveillé quelque chose en lui. Elle n’avait rien fait et lui non plus. Ils avaient échangé quelques paroles et le courant était passé. C’était tout, le courant passait et il n’y aurait probablement pas eu de chats à fouetter si ce n’était pas la première fois depuis la disparition de Kaori, si ça avait été un homme, si elle ne réveillait pas tous ces souvenirs en même temps. Ca n’aurait probablement été rien si elle n’avait pas ravivé un peu de chaleur au fond de lui. Ca aurait peut-être été plus facile si Kaori lui avait demandé de lui rester fidèle jusqu’au bout du bout, de ne pas aimer.  

 

Il avait peur de l’oublier en laissant la vie suivre son cours avec la possibilité de rencontrer une autre femme qui saurait faire battre son cœur. Pourtant, il savait que c’était ce qu’elle voudrait parce qu’elle n’aurait pas aimé le voir seul et triste. Kaori était la vie et l’espoir, elle était amour et tendresse, elle était la générosité et la gentillesse. Alors il savait… mais il avait ce terrible sentiment d’injustice pour elle, cet horrible sentiment que c’était trop tôt, beaucoup trop tôt, qu’il la trahissait…  

 

Tout cela, ce n’était pas gérable. Il venait juste d’apprendre à ouvrir son cœur et ne plus avoir peur de l’aimer. Elle ne lui avait pas appris à vivre l’après, la séparation, le deuil, le renouveau. Il était là comme un con avec ses espoirs et désirs déçus et aujourd’hui, c’était comme si on entrouvrait la porte et on lui disait « et si... ». Mais non ! Il ne voulait pas franchir cette porte, s’exposer de nouveau et risquer de souffrir. Il ne voulait pas franchir cette porte et la refermer avec la possibilité d’oublier la femme qui l’avait fait grandir, qui l’avait aimé dans l’ombre malgré tout ce qu’il lui avait infligé.  

 

Quand il retira ses mains crispées du volant, il les vit trembler et serra les poings, prenant une profonde inspiration. Il fit le vide dans son esprit. Il avait suffisamment perdu les pédales pour aujourd’hui et devait se concentrer. City Hunter avait une mission et une réputation à tenir. Ce n’était pas aujourd’hui qu’il devait flancher, pas alors que Sam et Layla étaient seules et qu’un ou plusieurs dangers rôdaient autour d’elles. Calmé, il sortit de la voiture et se dirigea vers le café.  

 

- Salut Miki, Umi est là ?, demanda-t-il, alors que la porte se refermait, faisant tinter la clochette.  

- Ding ! Ding ! Ryo !, cria une petite voix aiguë derrière lui.  

 

Il se retourna et, soulagé, vit Sam et Layla assises à une table. En trois enjambées, il fut à la table et attrapa la petite fille qui lui tendait les bras.  

 

- Je vous ai cherchées partout pendant deux heures., reprocha-t-il à sa cliente.  

- Tire-toi, Ryo. Tire-toi et fous-moi la paix. Rends-moi mes affaires, dis-moi combien je te dois et tire-toi., lui asséna-t-elle, les larmes aux yeux.  

- Sam…, plaida-t-il, désarçonné.  

- Fous-moi la paix. J’ai autre chose à faire que de supporter tes sautes d’humeur et tes accès de fureur. J’en ai assez sur mon compte pour ne pas avoir à gérer cela en plus !, cria-t-elle, ne pouvant retenir ses larmes plus longtemps.  

- Ryo ?, intervint Miki d’une voix méfiante.  

- C’est… c’est ma cliente, Miki., bredouilla-t-il.  

- Ex-cliente ! Je ne veux plus avoir à faire à toi. Rends-moi mes affaires et tire-toi ! Je me débrouillerai seule., redit Sam.  

- Tu ferais mieux d’aller faire un tour. Mademoiselle va rester avec nous. Vous voulez bien ?, fit Umibozu.  

 

Sam acquiesça, ne sachant de toute manière pas quoi faire d’autre pour le moment. Elle avait besoin de réfléchir et mettre de l’ordre dans ses idées et elle n’y arrivait pas en sa présence.  

 

- Reviens ce soir. On verra si les choses se sont calmées., ajouta le géant.  

- Je… D’accord… Je vais aller chercher les jouets de Layla., proposa Ryo, défait.  

- Je vais venir avec toi., fit Umi, enlevant son tablier et le suivant dans la rue.  

- Ne les laisse pas partir seules. Elles sont vraiment en danger mais je ne sais pas encore de quelle nature., lui expliqua le nettoyeur d’une voix sourde.  

- Que se passe-t-il, Ryo ?, l’interrogea son ami.  

- Je… Kaori me manque., admit-il avant de presser le pas.  

 

Voyant cela, l’ex-mercenaire ne chercha pas à en savoir plus. Il connaissait la douleur de son ami même s’il n’en parlait que rarement. Il était après tout le plus vieux témoin de leur relation. Il avait même été le confident des deux par moments. La mort de Kaori lui avait fait beaucoup de mal mais ce n’était rien comparé à Ryo qui avait dû gérer cela tout en évitant de sombrer dans ses vieux travers… pour elle.  

 

- T’as encore une fois trouvé le moyen de la transformer en passoire ?, plaisanta-t-il en arrivant à la mini.  

- Question d’habitude., répondit simplement le nettoyeur, entassant plusieurs boîtes dans un sac avant de le lui tendre.  

- Je reviendrai vers dix-huit heures. Essaie de ne pas les perdre., répliqua-t-il, cherchant à détourner l’attention de son ami qu’il sentait tournée vers lui.  

- Ce n’est pas moi qui déconne et laisse ma cliente s’enfuir, Ryo. Reprends-toi. Va évacuer ce qui ne va pas et reviens en espérant qu’elle te laissera continuer, sinon tu essuieras ton premier échec. Remarque, il faut une première fois à tout., ironisa le géant.  

- Il y a des premières fois que j’aurais aimé avoir et d’autres dont je me serais passées., lâcha Ryo, amer.  

- On a tous perdu quelqu’un qu’on aimait ce jour-là, Ryo. Cesse de vouloir jouer les durs. Elle ne serait pas fâchée de te voir vivre… pas seulement survivre. En revanche, elle n’aimerait pas te voir prétendre à nouveau., murmura Umibozu.  

 

Sans un mot, le nettoyeur lui tendit le sac et remonta dans la mini avant de disparaître. Il rentra d’abord réparer sa voiture, ce qui l’absorba un long moment, lui permettant de prendre de la distance avec les évènements. Quand il eut fini, il se releva et alla ranger ses outils. Revenant de l’atelier, il s’arrêta devant la voiture recouverte d’un drap garée dans un coin sombre et reculé. Sans réfléchir, il retira le tissu, libérant la panda de son camouflage, et approcha de la portière passager en caressant le toit. Il s’installa dedans, surpris par l’absence d’odeur. Malgré le temps, il s’attendait encore à y trouver son parfum. C’était un peu pour cela qu’il l’avait enfermée et recouverte et la déception fut grande.  

 

Il passa les doigts dans le vide-poche et trouva des tickets de parking datant de presque deux ans. Ouvrant la boîte à gants devant lui, il se mit à rire et sortit les trois grenades lacrymogènes, le coup de poing américain et la boîte de munitions pour son arme ainsi que le tube de baume à lèvres qu’elle utilisait. C’était tout elle… Fouillant un peu plus, heureux de retrouver un peu le jardin de sa partenaire, de la sentir non loin, il trouva des petits bouts de papier et les déplia. Il se posa des questions face aux « tu m’énerves », « je te hais », « je voudrais que tu me prennes dans tes bras », « je vais brûler tes magazines », « tu me manques », « j’ai mal pour toi » qu’il trouva marqués et comprit un peu plus en trouvant une mini-poupée Ryo avec un papier glissé dans la ceinture. Il avait eu connaissance de la grande poupée qui lui servait d’exutoire mais pas de celle-là.  

 

Il regarda le petit bout de papier encore plié et se sentit soudain gêné. C’était la dernière pensée que Kaori avait inscrite dessus, certes pas la dernière qu’elle avait eue mais c’était quand même privé et il ne savait s’il avait le droit de le lire. Il hésita un long moment avant de finalement le saisir et encore un autre moment avant de le déplier, son cœur battant la chamade.  

 

- Je t’aime., murmura-t-il l’annotation écrite.  

- Moi aussi, Sugar. J’aurais dû te le dire plus souvent., lui répondit-il, repliant le papier et le glissant de nouveau dans la ceinture de la mini-poupée qu’il mit au fond de sa poche intérieure, près de son cœur.  

- En fait, le seul coupable dans cette histoire, c’est moi. C’est à moi que je dois m’en prendre pour avoir tout raté avec toi. Je te vois secouer la tête où tu es. Tu as envie de me frapper avec une massue pour mon auto-flagellation, n’est-ce pas ? Tu es fâchée parce que je ne fais pas ce que tu m’as demandé. J’ai besoin de temps, Kaori. Ton absence… est insupportable, aujourd’hui plus que jamais. Je ne veux pas t’oublier. J’ai peur de t’oublier., admit-il à voix basse.  

- Je suppose que, si je laisse les choses pourrir ainsi, c’est comme si je t’oubliais malgré tout. Tu ne trouves pas ça ironique ? Me battre pour te garder, c’est un peu te perdre aussi… Je fais comment, moi ? Ce n’est pas mon truc tout ça, les sentiments, les émotions… J’ai besoin de toi, Kaori., murmura-t-il, se laissant aller contre le dossier du siège, la tête en arrière.  

 

Il resta un long moment à fixer le plafond avant de sortir de la voiture. Il se sentait plus calme et surtout résolu à convaincre Sam de le garder. City Hunter n’avait jamais failli : il devait au moins cela à sa partenaire. Il avait aussi promis à Layla d’aller lui chercher une autre peluche et c’était une promesse qu’il tiendrait. Il remit le drap sur la panda et monta dans la mini pour se rendre au centre commercial. A l’heure dite, il était au Cat’s, observant par la devanture Miki et Sam jouant avec la petite fille.  

 

Après le départ de Ryo et le retour d’Umibozu, Miki proposa son aide à Sam pour déballer les jeux. Elle accepta et elles regardèrent Layla s’emparer des différentes pièces pour s’amuser, le regard pétillant.  

 

- Vous voulez en parler ?, lui proposa au bout d’un moment la barmaid, voyant la jeune femme se détendre enfin.  

- De quoi ?, répliqua Sam.  

- Votre dispute avec Ryo.  

 

Sam leva les yeux vers la jeune femme brune face à elle. Elle n’avait pas l’habitude de se confier à des inconnus. En fait, elle n’avait pas l’habitude de se confier tout court.  

 

- C’est entre lui et moi. Ca ne concerne personne d’autre. En fait, ça ne me concerne même plus. J’attends qu’il revienne pour lui payer ce que je lui dois puis ce sera fini. Je m’en lave les mains de ses humeurs changeantes., gronda-t-elle.  

- C’est un peu dur pour lui depuis un moment., plaida Miki.  

- Mais c’est un vrai professionnel, le meilleur de la ville. Il vous protégera de n’importe quel danger., ajouta-t-elle.  

- Un vrai professionnel qui m’engueule comme du poisson pourri pour une histoire sur sa voiture ? Laissez-moi rire. De qui devons-nous être protégées ? De celui qui me fait des mauvaises farces ou de l’homme instable qui se fait passer pour un garde du corps ?, lui retourna l’américaine.  

- Ryo n’est pas instable !, s’insurgea Miki.  

- Pas instable ? Il faut être aveugle pour voir qu’il ne va pas bien. Tout sourire à un moment, furieux la seconde qui suit. Il est incapable de faire face à ses problèmes !, se fâcha Sam.  

 

Miki se leva brusquement de son siège et s’appuya des deux mains sur la table, l’air furieuse.  

 

- De quel droit vous permettez-vous de juger quelqu’un que vous connaissez à peine ? Ca fait des années que nous le connaissons et vous quoi ? Vingt-quatre, quarante-huit heures ? De quel droit vous emportez-vous ainsi sans le connaître ?, gronda-t-elle, se retenant d’élever la voix pour la petite fille qui cessa de jouer en la regardant d’un air interrogateur.  

- De quel droit ? Aucun, juste du devoir de protéger ma fille. Nous avons déjà assez à affronter toutes les deux pour ne pas avoir à subir tout cela en plus. Je n’ai pas le droit de me laisser rabaisser ou miner par un homme. Je suis seule pour elle et ça ne changera pas après. Je serai toujours toute seule…, murmura Sam, posant les lèvres sur le crâne de Layla.  

- Alors, vous m’excuserez mais je n’ai pas le temps ni la force de supporter les sautes d’humeur de mon garde du corps. Je lui ai donné l’occasion de m’expliquer ses limites et il ne veut pas le faire. A partir de là, je ne peux pas y faire grand-chose., ajouta-t-elle.  

- Et puis, après tout, ce ne sont pas mes affaires. Il a une femme qui peut gérer tout cela. Il n’aura qu’à voir cela avec elle à son retour., conclut-elle, regardant nerveusement sa montre.  

 

Il était bientôt dix-huit heures. Cette histoire allait bientôt prendre fin et, si c’était ce qu’elle souhaitait, elle avouait aussi qu’elle était nerveuse à l’idée de se retrouver seule face à un danger non identifié dans un pays qu’elle ne connaissait pas et un peu bizarre à l’idée de ne plus le voir… même s’il n’était pas libre. Elle ferait face comme depuis toujours, la pensée la faisant sourire amèrement.  

 

Miki était restée bouche bée suite à la dernière réplique de la jeune femme. Elle la regardait avec des yeux ronds, le cœur serré. Ryo, une femme ? Il ne voulait quand même pas parler de Kaori… Elle avait pensé qu’il avait fait face, que, passés les premiers mois, il avait repris le dessus et avait mis en application ce que Kaori lui avait demandé dans sa lettre : continuer à vivre. C’était le peu qu’il avait accepté de lui dire à ce sujet. Ainsi, ils s’étaient tous trompés en pensant qu’il allait plutôt bien… Elle eut mal au cœur de s’être ainsi faite avoir. Elle avait la sensation de l’avoir abandonné, d’avoir abandonné sa meilleure amie.  

 

- Sam, Ryo n’a pas de femme., murmura Miki.  

- Si, il me l’a dit. Il m’a dit qu’elle était partie et qu’on ne se croiserait pas, qu’elle avait confiance en lui., répondit Sam.  

 

La barmaid détourna le regard, les larmes aux yeux.  

 

- Non, il… il a menti. La femme qui partageait sa vie… C’était ma meilleure amie., lui apprit-elle, la voix tremblante.  

- Elle… Elle est morte l’année dernière., acheva-t-elle, les larmes roulant sur ses joues tant la douleur restait présente.  

 

Sam la regarda, incrédule, et baissa les yeux, réfléchissant à tout ce qui s’était passé depuis la veille. Elle comprenait mieux maintenant et son cœur se serra.  

 

- Je suis désolée… Si seulement il m’avait simplement dit cela…, murmura l’américaine.  

- Ryo n’est pas bavard. Il est assez réservé mais c’est un homme bien, je vous le jure. Essayez juste d’en parler avec lui ou de lui donner une autre chance., lui demanda Miki.  

- D’accord., concéda Sam après un instant de réflexion.  

- Miki !, cria Layla, lui tendant un cube.  

 

La barmaid revint s’asseoir et accepta le cube que lui tendait la petite fille et, en quelques minutes, la tension était oubliée, chassée par la joie de Layla.  

 

- Ryo !, s’écria la fillette quand la clochette tinta et qu’il pénétra dans la salle.  

 

Elle se dégagea des genoux de sa mère et courut jusque lui. Avec un grand sourire, il la prit à bras et la souleva, la calant contre lui.  

 

- Tiens, c’est pour toi., lui dit-il, lui tendant la peluche.  

- Kieko., s’écria Layla.  

- Mais ne la montre pas au monsieur derrière. Il a peur des minous., plaisanta-t-il.  

- C’est vrai ?, demanda-t-elle à Umibozu avec ses grands yeux écarquillés.  

- Humpf… Non, je suis allergique., répondit l’ex-mercenaire d’un ton bourru.  

- Layla, tu n’as rien oublié ?, lui demanda Sam.  

- Merci Ryo., susurra la petite, claquant un baiser sonore sur sa joue.  

- Tu veux bien aller avec Miki un peu ? Je dois parler à ta maman., lui demanda-t-il.  

 

Elle acquiesça et partit avec la barmaid qui la hissa sur un tabouret à son plus grand plaisir.  

 

- Je peux ?, demanda-t-il à sa cliente, désignant la chaise face à elle.  

- Vas-y., murmura-t-elle, nerveuse.  

 

Il prit place et posa les coudes sur la table, appuyant ses lèvres sur ses mains, mal à l’aise.  

 

- Il faut qu’on parle., se lança-t-il.  

- Pourquoi tu ne m’as pas simplement dit que tu étais veuf ?, lui demanda-t-elle, plongeant dans son regard. 

 


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