Hojo Fan City

 

 

 

Data File

Rated R - Prose

 

Author: Mercury80

Status: Completed

Series: City Hunter

 

Total: 49 chapters

Published: 02-10-20

Last update: 22-11-20

 

Comments: 32 reviews

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DrameRomance

 

Summary: "Un seul être vous manque et tout est dépeuplé..." Un an après la disparition de la lumière de sa vie, comment Ryo, et la bande, a-t-il repris le cours de sa vie ?

 

Disclaimer: Les personnages de "Message in a bottle" sont la propriété exclusive de Tsukasa Hojo.

 

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   Fanfiction :: Message in a bottle

 

Chapter 15 :: Chapitre 15

Published: 16-10-20 - Last update: 16-10-20

Comments: Bonjour, voici la suite de l'histoire. Bonne lecture et merci pour vos commentaires^^

 


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Chapitre 15  

 

Accoudée au garde-corps sur le toit-terrasse, une tasse de café à la main, Sam observait le jour pointer le bout de son nez. Depuis qu’elle avait eu cette conversation avec Mick, trois jours auparavant, elle dormait mal. Il avait ouvert une porte qu’elle avait volontairement voulu laisser fermée pour ne pas souffrir plus que nécessaire et elle n’avait pas pu s’empêcher d’approcher du seuil. Elle enchaînait rêve sur cauchemar, ne sachant plus vraiment ce qui tenait de la réminiscence ou de la prémonition, alors, quand elle s’était réveillée ce matin avec la sensation d’étouffer, elle était montée sur le toit par la porte qu’elle avait vu Ryo emprunter la veille quand il avait eu besoin de s’isoler.  

 

Sentant le vent caresser son visage, entourée par la fraîcheur matinale, elle ne pouvait que comprendre ce qu’il pouvait trouver ici : un point de vue différent, une certaine hauteur qui gagnait l’esprit, l’apaisait, lui faisait prendre du recul. Elle se sentait plus calme, comme seule au monde, loin des problèmes et du tumulte de sa vie.  

 

- Il est un peu tôt, non ?, entendit-elle Ryo derrière elle alors qu’il glissait un pull sur ses épaules.  

 

Elle frissonna en sentant la caresse de ses doigts sur la peau nue de ses bras tout en appréciant la chaleur du vêtement.  

 

- Merci. Je n’arrivais plus à dormir., répondit-elle, restant concentrée sur l’horizon rosissant.  

- Cauchemars ?, l’interrogea-t-il, s’appuyant à ses côtés.  

 

Elle se tut, peu désireuse de lui confier le trouble qui habitait son cœur et qui le concernait. Elle voulait s’en tenir à sa décision première, celle où elle partait sans un regard en arrière, satisfaite d’avoir redonné le sourire à cet homme, occultant la douleur de son cœur.  

 

- Je t’entends gémir par moments., lui apprit-il, refusant d’ajouter que c’étaient les fois où il poussait la porte de sa chambre alors qu’elle était profondément endormie, fois qui s’étaient multipliées depuis trois jours.  

- Ca te réveille ? Je suis désolée. Je ne contrôle pas., s’excusa-t-elle, honteuse.  

- Tu veux en parler ?, lui proposa-t-il.  

- Je… ça ne sert à rien. Je n’ai aucune idée de ce à quoi ça se réfère…, admit-elle.  

- Dis-moi ce que tu vois., l’incita-t-il.  

- Des images floues, que des images floues et c’est plus l’impression qui en ressort que les images en elles-mêmes qui me font peur. Je… Je m’y sens tellement seule., murmura-t-elle.  

 

Il fut touché par la tristesse dans sa voix, cette solitude qu’il connaissait, qui ne l’avait que peu dérangé pendant des années entières et qui, depuis un an, lui pesait chaque jour un peu plus… jusqu’à ce que Sam et Layla arrivent dans sa vie. Il posa une main sur son épaule, ce qui attira son attention.  

 

- Tu n’es pas seule. Tu as Layla… et moi aussi, je suis là., lui affirma-t-il.  

- Jusqu’à la fin de la mission…, lui opposa-t-elle doucement, l’observant un instant avant de se tourner de nouveau vers l’horizon.  

- Une partie de la mission se terminera ce soir. Pour l’autre, je dois encore comprendre ce qui se trame… mais là n’est pas le problème. Même si la mission se finit ce soir, tu peux rester ici autant que tu le veux., lui offrit-il.  

- Je… Ryo, non. Tu sais ce que j’ai décidé et je m’y tiendrai., objecta-t-elle, contrariée.  

- Je sais, Sam… mais on est amis, non ? Tu as ta chambre, j’ai la mienne. Je ne te demande pas d’aller plus loin. Je ne veux pas aller plus loin., soupira-t-il.  

 

Il en était encore là à lutter contre la culpabilité de ne pas avoir pu donner à Kaori ce qu’elle aurait mérité d’avoir après avoir attendu tout ce temps même si la lutte faiblissait progressivement. Il avait entendu Sam, il avait entendu Mick mais il avait surtout commencé à intégrer les mots de sa partenaire, à se souvenir de ce qu’elle était outre la femme qu’il aimait : une femme généreuse, emplie d’espoir et de joie de vivre qui aimait voir les autres sourire et être heureux. Tout cela faisait doucement son chemin en lui.  

 

- Je ne veux pas m’imposer. Quand le concours sera fini, nos chemins se sépareront., répondit-elle.  

- Tu seras à Kyoto. Ce n’est qu’à trois heures en shinkansen d’ici. Tu ne seras pas seule. C’est toujours bien de pouvoir compter sur un ami, non ?, tenta-t-il de lui vendre.  

- Merci., souffla-t-elle, touchée.  

 

Elle se tourna vers lui et approcha d’un pas, souhaitant l’enlacer pour partager cette chaleur amicale mais ne voulant pas s’imposer. Il comprit son intention et sa retenue et ouvrit les bras, la laissant venir à lui et passer les siens autour de sa taille.  

 

- Tu es drôlement optimiste quand même pour penser que je vais gagner ce concours., finit-elle par dire au bout d’un moment.  

 

Elle n’avait pas quitté l’étau de ses bras, se sentant protégée et apaisée par sa présence. Ses craintes de voir l’étreinte se transformer s’étaient évaporées rapidement et elle profitait juste du moment.  

 

- Tu cuisines avec ton cœur. Ca se voit et ça se sent. Ce ne serait que justice., répondit-il, profitant lui aussi du moment.  

 

Après leur dernière étreinte où il avait totalement perdu les pédales, Ryo avait craint un moment de se laisser de nouveau aller. Il constatait cependant qu’il arrivait à la tenir sans penser à plus, ce qui le rassurait sur sa capacité à gérer ses émotions et les pulsions de son corps et de son cœur. Ils pouvaient être amis. Ca ne contrevenait à aucun des principes qui régissaient son existence pour le moment. Il pouvait la laisser entrer dans sa vie par cette porte-là. Ca n’appelait rien de plus et ça lui permettait de rester en accord avec lui-même, de ne pas laisser une personne qu’il appréciait isolée tout en ne prenant pas la place restée vacante, ce qu’il n’était pas prêt à faire.  

 

- Je ne suis pas sûre de pouvoir te garder dans ma vie, Ryo., murmura-t-elle, le cœur lourd.  

- Pourquoi tu ne pourrais pas ? On ne fait rien de mal. Si tu retrouves la mémoire avec ton mari et tes dix enfants, tu n’auras rien à te reprocher. Tu auras seulement un ami à leur présenter., lui opposa-t-il sur le ton humoristique, un peu déstabilisé.  

- Toi, tu as encore quelqu’un à qui te raccrocher, des souvenirs, une image… Tu as des armes pour te battre contre ce qui se passe. Moi, je n’ai rien qu’une vague appréhension de ce qui pourrait exister dans le néant de mon avant-vie et le sentiment que tu es celui que j’attendais. Je ne veux pas être ton amie, Ryo. Je voudrais être ta maîtresse, ton amante, celle que tu aimes et qui te fait sourire mais, là, c’est mon cœur qui parle et je ne peux pas le laisser faire… parce que je t’aime et que je refuse que tu souffres à nouveau., lui avoua-t-elle.  

 

Le nettoyeur la serra un peu plus contre lui. Il ne se sentait pas de la contredire. Il ne pouvait pas lui faire miroiter quelque chose qu’il n’était pas prêt à accorder juste pour la faire changer d’avis. Il devait tenir compte de ses sentiments et la ménager comme elle le faisait pour lui. C’était ce qu’il aurait dû faire avec Kaori plutôt que de s’enferrer dans ses principes sans faire attention à elle. Il l’aurait beaucoup moins blessée. Ils auraient peut-être pu avoir cette amitié franche et constructive pour les amener à autre chose plus rapidement et sereinement.  

 

- D’accord., admit-il.  

- Il faut aussi que je pense à Layla, à la préserver, à l’aider à grandir sereinement. Je sais qu’elle t’aime beaucoup, qu’elle s’est attachée à toi. Je ne sais pas ce qui est le mieux pour elle mais je pense que maintenir une relation occasionnelle n’est pas forcément ce qu’il lui faut. Je… C’est tellement compliqué…, soupira-t-elle.  

- On fera ce qu’il y a de mieux. Tu prendras les décisions que tu estimes s’imposer et je les respecterai., lui promit-il même si ce serait difficile.  

 

Il baissa les yeux vers elle et contempla son visage lové contre son torse. Il avait l’air si torturé, si fatigué que ça lui faisait mal au cœur.  

 

- Je t’avais promis une journée à la plage. Si tu le veux toujours, nous irons demain. La météo a prévu une belle journée et, après le prime de ce soir, ça nous fera un bon moment de détente., lui proposa-t-il.  

- Tu es sûr ? Tu n’es pas obligé…, intervint-elle.  

- Oui, sûr et certain. Tu devrais essayer d’aller te reposer un peu avant de partir. Je m’occuperai de Layla si elle se réveille. Tu as une mine affreuse., se moqua-t-il gentiment.  

 

Elle lui lança un regard noir mais l’atténua d’un sourire.  

 

- Il est noir comme tu l’aimes., lui dit-elle, lui tendant sa tasse encore chaude.  

- Tu n’y a pas touché ?, fit-il, surpris.  

 

Elle avait passé un long moment sur le toit et la tasse était encore pleine aux trois-quarts.  

 

- A peine. J’étais perdue dans mes pensées., lui apprit-elle, s’éloignant de lui et regagnant l’appartement.  

 

Il resta là encore un moment, sirotant le café, se laissant absorbé par le spectacle du soleil se levant. Il repensa avec un léger sourire à tous les moments qu’il avait passés là avec Kaori, ceux où elle l’avait enguirlandé, où ils avaient eu des conversations relativement sérieuses, ce moment si particulier et juste inoubliable où elle lui avait donné sa date d’anniversaire… Il se souvint de sa stupéfaction alors qu’il l’embrassait sur le front. Elle n’avait d’égale que l’émotion qui l’avait étreint en se retrouvant affublé d’une marque d’identité, une date de naissance et pas n’importe quelle date, celle de leur première et deuxième rencontres. Ce toit avait vu beaucoup de choses et il en verrait encore d’autres.  

 

Soupirant, il redescendit alors que le soleil s’élevait dans le ciel et cueillit au passage Layla, réveillée, notant que Sam s’était rendormie. Il s’occupa de la fillette avec plaisir et beaucoup plus d’aisance qu’à ses débuts jusqu’au lever de sa cliente. La journée fila ensuite à une vitesse phénoménale. Le service du midi fila et celui du soir sembla arriver avant même qu’ils ne s’en furent rendus compte.  

 

- Et merde !, cria Sam en lâchant une bordée d’injures en anglais, faisant se retourner les deux autres hommes dans la pièce.  

- Qu’est-ce que tu as ?, lui demanda Ryo, surpris.  

- Je… Ca ne veut pas prendre. Rien ne va. Je fais tout de travers., s’énerva-t-elle, lançant son plat sur le plan de travail, l’envoyant se fracasser sur la crédence.  

 

Les sourcils froncés, il approcha et la saisit par le bras pour l’emmener à l’écart des caméras.  

 

- Tu dois te calmer, Sam. Il te reste une heure pour préparer ton menu et épater le jury et les clients. Une heure. Réagis., lui enjoignit-il.  

- A quoi bon, Ryo ? Pourquoi je fais tout cela ? A part me prendre la tête et souffrir, pourquoi je fais cela ?, murmura-t-elle, ses yeux s’emplissant de larmes.  

 

Il posa une main sur sa joue et la força à relever le visage pour le regarder. Elle était visiblement fatiguée physiquement et émotionnellement. Il avait bien noté tous les signes de stress apparent qui s’étaient manifestés durant la journée de manière croissante mais n’avait pas réussi à la sortir du cercle vicieux.  

 

- Tu le fais pour toi et pour Layla, rappelle-toi, pour que vous ayez une meilleure vie. Je peux assurer ta sécurité mais, pour le reste, je ne peux rien faire à part être là. Tu es une battante, Sam. Allez, reprends-toi. Tu as fait le plus gros, il faut continuer. Tu ne peux pas lâcher maintenant., l’encouragea-t-il.  

- Pense à Layla, à la belle vie que tu veux lui donner., insista-t-il.  

- C’est bas… Utiliser Layla… mais tu as raison. Elle vaut la peine que je me batte pour elle., dit-elle, s’écartant de lui et repartant à son poste.  

 

Elle jeta sa préparation et recommença.  

 

- Ca va aller ?, lui demanda-t-il, voyant la lueur déterminée dans son regard.  

- Oui. Une heure, c’est peu mais c’est beaucoup aussi., répondit-elle, concentrée.  

- Bien. Alors je reviens. Concentre-toi à ta tâche. Je m’occupe de la mienne., l’informa-t-il, sortant de la pièce.  

 

Elle observa un instant la porte avant de reprendre la préparation, se concentrant sur ce qu’elle faisait et occultant tout le reste, la menace, les sentiments confus qui agitaient son cœur, les doutes qui habitaient son esprit…  

 

De son côté, Ryo s’en alla jusqu’à l’autre cuisine où Hiro Todama était enfermé seul depuis le début du service. Son commis avait été légèrement intoxiqué par un produit lui donnant les symptômes d’une gastro-entérite et n’avait pu venir travailler. Etonnament, personne ne s’était présenté pour secourir le chef qui pourtant était en panique dans sa cuisine, bloqué derrière son plan de travail qui s’était transformé en toile d’araignée. Le nettoyeur observa sa petite mise en scène assez fièrement et pénétra dans la cuisine, refermant soigneusement la porte derrière lui.  

 

- Alors Hiro, pris au piège ? Ca fait quoi d’être la mouche et non l’araignée ? Tu te sens comment ?, se moqua Ryo, narquois.  

- Sors-moi de là, Saeba, ou je vais en parler à mon père et c’en sera fini de toi !, le menaça Todama.  

- Vas-y, j’ai son aval dans la mesure où je lui ai promis de ne pas te tuer et où tu avais juré concourir à la loyale, ce que tu ne fais pas. Ton père et moi partageons le même principe de la promesse., lui apprit-il.  

- Alors le principe est simple. Une clef attachée à un fil pour pouvoir ouvrir la porte. Tu vas devoir suivre le fil pour pouvoir arriver jusqu’à ton objectif. Bien sûr, dans mon extrême générosité, j’ai pimenté le parcours des mêmes pièges dont tu as usés. A toi de découvrir où et quand… J’espère juste que tu as bien appris tes leçons en t’occupant de tes concurrents., ironisa le nettoyeur.  

- Si tu veux éviter le danger, il te suffit d’avouer tes petites manigances et tout sera fini. Bon concours., lui lança-t-il avant de ressortir et de verrouiller la porte.  

 

Il se posta au hublot et observa Todama trépigner et regarder anxieusement autour de lui. Il vit son regard s’illuminer en prenant un ciseau pour couper le fil devant la clef.  

 

- Tu me prends pour un idiot ?, murmura Ryo, amusé, voyant le jeune homme faire un bond en arrière en tenant sa main électrocutée.  

 

Il avait utilisé un fil électrique gainé pour ressembler à un fil banal, le tout relié au courant. Il pouvait toujours essayer de couper, le résultat serait le même à chaque fois. Son insecte se remit à l’ouvrage, furieux, anxieux, et affronta les premiers pièges, la casserole enduite d’un produit explosif à l’eau, la mygale dans une boîte, le gaz mal réglé… Il le voyait suer à grosses gouttes. Lorsque les premiers serveurs arrivèrent pour emmener les plats pour le jury, il les arrêta.  

 

- Monsieur est malade. Il n’a pu assumer son service., leur annonça Ryo.  

 

Il regarda les serveurs sortir de l’autre cuisine et emmener les plats vers la salle dédiée. Ils avaient à peine disparu qu’une explosion se fit entendre suivi d’un hurlement de rage. Il toqua à la porte et lança un regard interrogateur à Todama.  

 

- Laisse-moi sortir de là, Saeba !, hurla-t-il.  

- Tu sais ce que tu as à faire., répondit-il, nonchalamment.  

- Jamais !  

 

Ryo se tourna et s’appuya sur le panneau de la porte. Il se fit tout petit pour laisser passer les serveurs vers la salle du restaurant. Il détournait le regard lorsqu’un détail attira son attention : Nobuto Tanaka était là. Cette donnée ne l’enchanta guère et ternit son plaisir de tenir ce moucheron de Todama. Sentant un mouvement de l’autre côté, il tourna la tête et vit Sam sortir avec ses deux acolytes. Leurs regards se connectèrent un moment avant qu’elle avança vers la salle du concours.  

 

- C’est l’heure des résultats, Hiro. Tu vas louper ton élimination…, ironisa Ryo.  

- Espèce de salaud ! Tu vas me faire louper la chance de ma vie ! C’était pour moi l’occasion de montrer à mon père ce que je valais !, cria Hiro.  

- Tu aurais pu lui montrer en étant fair-play., répliqua-t-il.  

- Je me suis assuré du résultat. J’ai fait ce qu’on fait quand on veut quelque chose : se donner les moyens par n’importe quel moyen. Cette petite conne d’américaine qui se croit tout permis parce qu’elle vient de là-bas… T’as tout fait foirer. Elle aurait juste été blessée par l’explosion ou légèrement brûlée mais tu as dû intervenir…, vociféra-t-il, sans remarquer que les caméras s’étaient réellement mises en route cette fois.  

 

Dans la salle du jury, les images apparurent soudain à l’écran sous l’oeil étonné des juges et candidats. Hiro Todama, absent à leurs côtés, avoua tout ce qu’il avait fait en hurlant avec force de grands gestes. L’écran s’éteignit soudain et le présentateur eut bien du mal à enchaîner. Le jury se retira, laissant les candidats seuls, se posant des questions. Lorsqu’ils revinrent, sans grande surprise, ce fut Hiro Todama qui fut éliminé du concours et délivré par le nettoyeur qui le confia aux hommes de son père.  

 

Lorsque Sam retourna dans la cuisine, elle soupira de soulagement en retrouvant Ryo.  

 

- Tu as réussi à l’écarter du concours., supposa-t-elle.  

- Oui. Son père va le surveiller pour qu’il n’y ait pas de représailles. Tu peux être sûre qu’il ne t’arrivera plus rien de sa part., lui assura-t-il.  

- Son père est le chef d’un clan, non ? Il ne va pas le soutenir ?, s’étonna-t-elle.  

- Non. Il a des principes et son fils les a bafoués. Il va le tenir pour que tu sois tranquille. La moitié de tes soucis envolés., lui dit-il, se voulant rassurant.  

- Une petite moitié…, pipa-t-elle, se souvenant de ce qu’elle avait su du Lotus Noir.  

- Une chose à la fois. Pour le moment, tu as un service à finir., lui rappela-t-il.  

 

Elle acquiesça et se remit en marche. Le service se termina sans heurts dans un climat un peu plus détendu. Au dernier moment, alors qu’ils allaient partir, Sam fut appelée en salle. Ryo suivit et attendit à la porte. Une sensation familière monta en lui alors qu’il regardait Tanaka saluer Sam, lui serrer la main, lui faire des sourires mielleux. Il n’était pas tranquille, quelque chose clochait malgré les apparences calmes de la scène. Soudain, une explosion retentit dans la pièce provoquant une épaisse fumée. Il entendit Sam crier et chercha à pénétrer dans la salle mais n’y parvint pas, les portes étant bloquées. Pas encore, pensa-t-il. Il ne pouvait pas perdre la deuxième femme qu’il… Il repoussa la pensée au loin et laissa le froid de l’absence de sentiment prendre place en lui pour ne plus penser qu’en professionnel.  

 

Dans la salle, Sam regarda ce vieil oyabun lui faire des mondanités dont il ne pensait pas un mot. Elle comprenait à peine certains de ses mots mais elle n’aimait pas son regard froid et malveillant, la façon dont les hommes qui l’accompagnaient semblaient peu à peu l’entourer… Elle chercha à regarder vers la porte derrière laquelle Ryo était mais fut projetée en avant par le souffle de l’explosion qui suivit. Elle n’eut pas le temps de comprendre qu’elle se sentit agrippée par le poignet et entraînée vers la sortie, toussant sous l’effet de la poussière. Elle entendit frapper sur la porte et sut que Ryo s’était aperçu des évènements.  

 

Quand elle eut enfin le temps de regarder où elle était, elle se trouvait dans une cabine d’ascenseur entourée de dix hommes dont l’oyabun. Elle se demandait ce qu’ils allaient lui faire, s’ils allaient la tuer ou la questionner plus ou moins violemment. Elle pensa à Layla et se demanda ce qu’il adviendrait d’elle. Personne ne saurait, personne ne pourrait l’aider et elle s’en voulut d’avoir lamentablement échoué. Elle resserra les bras autour d’elle pour circonscrire le froid qui l’habitait, tentant de se rappeler de la chaleur qu’elle avait ressentie le matin même dans les bras de Ryo. Il s’en voudrait certainement de ce qui se passerait mais il avait fait le maximum.  

 

- Que me voulez-vous ?, demanda-t-elle à Tanaka en se tournant vers lui, les yeux luisant de colère pour tout le mal qu’il allait faire.  

- Je sais que vous parlez anglais alors dites-moi pourquoi vous vous en prenez à moi !, l’attaqua-t-elle, soutenue par sa colère grandissante.  

 

Il la regarda, lui sourit dédaigneusement puis détourna la tête. Lorsqu’elle approcha d’un pas menaçant vers lui, deux hommes s’interposèrent, armes pointées sur elle, et elle le défia d’un regard méprisant.  

 

- Deux hommes armés contre une femme sans défense et vous n’êtes même pas foutu de me répondre… Vous êtes donc un homme si faible ?, cracha-t-elle.  

 

Pour toute réponse, elle reçut un revers de la main en pleine figure, si puissant qu’elle vola dans les bras des hommes derrière elle, projetés en dehors de la cabine dont les portes venaient de s’ouvrir sur l’un des parkings souterrains.  

 

Coincé derrière les portes qui menaient à la salle, Ryo courut jusqu’aux ascenseurs de service. Il eut beau appuyer sur les boutons, rien ne bougea. Les ascenseurs avaient été mis hors service, conclut-il et il s’en voulut d’avoir été trop absorbé par Todama pour s’être aperçu de ce qui se tramait en arrière-plan. Il courut jusqu’aux escaliers et se mit à les dévaler. Même s’il ne pensait pas les rattraper dans le parking, il devait perdre le moins de temps possible. Sam avait toujours un émetteur sur elle et il pourrait la suivre et les rattraper. La sauver, il devait la sauver pour Layla et pour lui aussi et ça n’était pas uniquement le professionnel qui parlait.  

 

Quand il arriva enfin au niveau des souterrains, il arrêta sa course effrénée pour prendre le temps de jauger la situation. Tanaka se garait toujours au même endroit et il n’avait certainement pas dérogé à ses habitudes aujourd’hui. Ryo sortit donc au niveau correspondant et avança prudemment, soulagé de sentir la présence de Sam encore dans les lieux. Il avisa soudain la troupe d’hommes coincée entre les cages d’ascenseur et les voitures, Sam au centre servant de bouclier à Tanaka, et trois personnes bien connues, les tenant en respect.  

 

- Tu t’es trouvé de nouvelles bunnies, Mick ?, ironisa Ryo.  

- Content de te voir aussi. On a appris qu’une petite fête devait avoir lieu ici ce soir à l’improviste. Comme tu as oublié de nous envoyer un carton d’invitation, on s’est pointés., répliqua-t-il, le regard pétillant.  

- Plus on est de fous, plus on rit., pipa le nettoyeur faisant grogner Umibozu et agaçant Saeko.  

- Bon Tanaka, je sais que nous ne sommes que quatre mais bon, un mec avec un bazooka ça vaut bien six hommes, non ?, lança-t-il.  

- Laisse-nous passer, Saeba, ou je la tue., menaça Tanaka, posant une arme sur la tempe de l’américaine.  

 

Ryo la vit pâlir, néanmoins elle ne s’affola pas et se contenta de le regarder avec les yeux écarquillés.  

 

- Tu n’iras nul part avec elle. C’est ma cliente. Alors je te laisse le choix de partir tranquillement ou de te faire botter les fesses., lui offrit-il.  

- Tu es irrespectueux !, gronda le chef de clan.  

- Ouaip ! Bienvenue au club. T’en prendre à une femme sans défense qui n’est pas du milieu, qui ne sait même pas pourquoi tu la poursuis, ça aussi c’est irrespectueux., répliqua Ryo.  

- La curiosité peut jouer de vilains tours., ricana Tanaka.  

- Encore faut-il comprendre ce qu’on entend., rétorqua le nettoyeur, certain que cette affaire était liée à la conversation qu’elle avait surprise.  

- Elle comprend. Tu demanderas à son chef. Il m’a confirmé lui-même qu’elle parlait japonais., affirma l’oyabun.  

 

Sam fronça les sourcils. Pourquoi Hajime avait-il affirmé cela ? Elle ne parlait que quelques mots très courants et ce n’étaient pas bonjour et au revoir qui allaient lui permettre de comprendre une conversation entière…  

 

- Dans ces conditions, je ne peux pas…, dit-il appuyant le canon du revolver un peu plus et enlevant le cran d’arrêt.  

 

Instinctivement, Sam projeta son coude en arrière, le plantant dans l’abdomen de son ravisseur, lui coupant momentanément le souffle et la parole. Dans le même temps, le coup de feu partit et elle s’effondra par terre. Les quatre amis ouvrirent le feu à leur tour, faisant fuir les hommes du clan comme des lapins. Plus personne n’étant en vue, ils rangèrent leurs armes et Ryo se précipita vers Sam, s’arrêtant un instant avant de se baisser, le cœur serré. Elle était immobile et il ne voulait pas affronter une réalité sordide. Il ne pouvait pas l’avoir perdue elle aussi. La perte de Kaori était encore trop présente. Il ne pouvait en supporter une de plus.  

 

- Ryo ?, s’inquiéta Saeko.  

- Je ne peux pas…, murmura-t-il, livide.  

 

Elle se baissa et retourna la jeune femme doucement, découvrant son visage intact. Elle l’examina attentivement sans trouver d’impact de balle puis chercha son pouls et le trouva.  

 

- Elle est évanouie, Ryo, juste évanouie., le rassura-t-elle, un peu ébranlée par la réaction de son ami.  

 

Soulagé, il approcha enfin un peu plus et prit Sam contre lui, la serrant dans ses bras. Sans un mot, il la souleva et se tourna vers ses amis.  

 

- Je sais que vous vous posez des questions sur ce qu’a dit Tanaka mais mon opinion n’a pas changé. Où est Layla ?, demanda Ryo.  

- Au Cat’s. Je l’y ai déposée avec Kazue et Sam., lui apprit Mick.  

- On va réessayer la séance d’hypnose pour savoir ce qu’elle a appris pendant cette conversation. Saeko, trouve-moi Hajime… je ne sais pas son nom en fait. C’est le patron de son restaurant. On doit savoir ce qu’il a dit à Tanaka pour lui faire penser qu’elle parle japonais., lui dit-il.  

- Comment peux-tu être si sûr qu’elle ne le parle pas ?, l’interrogea-t-elle.  

- Ca fait quelques semaines qu’on passe ensemble et on parle japonais de temps à autre. Elle apprend vite mais elle ne parlait et ne comprenait pas la langue en arrivant, outre quelques mots d’usage courant. Donc je veux comprendre., lui expliqua-t-il.  

- D’accord. On se retrouve au Cat’s., lui affirma-t-elle, se fiant à son jugement.  

- Merci à tous d’être venus., lâcha-t-il enfin, heureux d’avoir reçu l’aide de sa famille pour sauver Sam.  

 

Ils acquiescèrent avant de se séparer et, pour les trois hommes, de prendre le chemin du restaurant. 

 


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