Hojo Fan City

 

 

 

Data File

Rated R - Prose

 

Author: Mercury80

Status: Completed

Series: City Hunter

 

Total: 49 chapters

Published: 02-10-20

Last update: 22-11-20

 

Comments: 32 reviews

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DrameRomance

 

Summary: "Un seul être vous manque et tout est dépeuplé..." Un an après la disparition de la lumière de sa vie, comment Ryo, et la bande, a-t-il repris le cours de sa vie ?

 

Disclaimer: Les personnages de "Message in a bottle" sont la propriété exclusive de Tsukasa Hojo.

 

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   Fanfiction :: Message in a bottle

 

Chapter 17 :: Chapitre 17

Published: 18-10-20 - Last update: 18-10-20

Comments: Bonjour, voici la suite. Bonne lecture et merci pour vos commentaires^^

 


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Chapitre 17  

 

- C’est quoi ça ?, demanda Sam regardant les bouts de tissu regroupés dans un carton.  

- Ne me tue pas sur le champ. Ce sont les maillots de bain que j’ai volés dans une vie antérieure., expliqua Ryo, s’ébouriffant nerveusement les cheveux.  

- Tu volais des maillots de bain dans les magasins ?, s’étonna-t-elle.  

- Euh non… pas dans les magasins. Sur leurs propriétaires en fait., avoua-t-il.  

- C’était dans une vie il y a très très longtemps, se défendit-il, la voyant s’énerver.  

- Quand as-tu arrêté ?, lui demanda-t-elle, tentant de se maîtriser.  

- La dernière fois, c’était l’été il y a deux ans à peu près…, fit-il d’une petite voix.  

 

Elle lui lança un regard noir, visiblement très mécontente de son comportement.  

 

- Je ne veux même pas savoir pourquoi tu faisais cela alors que tu avais quelqu’un dans ta vie. C’est trop… immonde, pervers, tout ce que tu veux., se fâcha-t-elle.  

- Et tu me montres ton butin pour quelles raisons ?, lui demanda-t-elle d’un ton aigre.  

- Comme on va à la plage et que tu n’as pas de maillot de bain…, admit-il.  

- Et les filles à qui tu les as volés, tu leur as fait des choses ?, l’interrogea-t-elle, méfiante… et un peu jalouse.  

- Non, juste piqué leur vêtement. Après, il y en a quelques-uns que j’ai achetés pour offrir., nuança-t-il.  

- Montre-moi ceux-là alors…, pipa-t-elle.  

 

Se demandant pourquoi il n’avait pas choisi l’option prudente de la laisser choisir un maillot au magasin alors qu’ils devaient déjà y aller pour Layla, Ryo fouilla dans le carton et en ressortit quelques pièces toutes plus sexy les unes que les autres.  

 

- Tu ne les avais pas achetés pour elle ?, l’interrogea Sam à voix basse, mal à l’aise.  

- Non. Je lui ai toujours reproché de ne pas être assez femme. Je ne voulais pas me laisser attirer., répondit-il, détournant le regard.  

- Ils sont tous très… sexy., lâcha-t-elle, les observant.  

- J’étais un homme très porté sur les femmes. Je… laisse tomber, je ne sais pas pourquoi j’ai eu cette idée idiote., fit-il sombrement, reprenant le carton.  

- Attends… j’aime bien celui-là en fait., dit-elle, prenant un bikini rouge dans le carton.  

- Tu n’es plus cet homme-là, Ryo. Tu as peut-être été volage avant mais tu ne l’es plus. Tu as changé.  

 

Ryo regarda le bikini et sa première pensée fut que la journée serait longue, très longue. Deux triangles tenus par des lanières, un bas aussi peu vêtu, il avait rêvé de le voir porter par une jeune miss mokkori et il allait être servi. Jamais Kaori n’aurait osé porter un vêtement pareil… heureusement pour lui d’ailleurs. Ses bikinis plus sages avaient déjà été un supplice pour ses sens.  

 

- Pourquoi tu me regardes comme cela ? Tu crois qu’il ne m’ira pas ?, lui demanda-t-elle, un peu étonnée, portant le haut sur sa poitrine, ce qui ne fit qu’accroître le malaise du nettoyeur.  

- Si, si… Je te laisse… te changer., bafouilla-t-il, fonçant dans sa chambre pour se changer également et mettre un short de bain bien plus large que celui qu’il avait prévu.  

 

Peut-être même devrait-il éviter de se déshabiller sur la plage pour ne pas avoir de petits problèmes techniques. Il devait quand même avouer que son mokkori était un peu plus indomptable que son cœur. Il aurait beaucoup plus de difficultés à le museler en cas de tentation, et tentation il risquait d’y avoir…  

 

- On est prêtes, Ryo., lui fit savoir Sam du pied de l’escalier.  

- On va pouvoir aller dans l’eau ?, demanda Layla.  

- On va s’arrêter dans un magasin pour t’acheter un maillot et des bouées et, oui, tu pourras aller dans l’eau, chérie., lui affirma la jeune femme.  

- Ryo ! Ryo ! Je vais pouvoir aller dans l’eau !, s’écria Layla, se jetant dans ses jambes.  

- Tu viendras avec moi, dis.  

- Oui, je viendrai., lui promit-il, oubliant sa bonne résolution de rester habillé.  

 

Fin prêts, ils descendirent et prirent la route pour Kamakura à une heure de Tokyo, un endroit où ils pourraient se détendre un peu plus qu’à Tokyo même s’il continuerait à veiller. Il n’avait aucun souvenir là-bas, ne connaissait même pas la ville ou la plage outre ce qu’il en avait lu sur le journal quelques jours auparavant. Arrivés dans la ville, ils garèrent la voiture le long du sable et se rendirent au centre commercial non loin pour équiper la petite fille.  

 

- Tu crois vraiment que c’était indispensable ?, plaisanta Sam en le voyant revenir.  

- La crème solaire tout à fait., répondit-il avec un sourire ironique.  

- En effet, mais les seaux, les râteaux, pelles, ballon, filet de pêche, raquettes… Une bouée licorne, Ryo ?, fit-elle, un sourcil levé.  

- Ce n’est pas pour moi. C’est pour elle !, se défendit-il, prenant un air un peu niais.  

 

Elle le regarda et se mit à rire. Il était tellement craquant quand il faisait l’enfant que c’était difficile de résister et rester sérieuse.  

 

- Elle a à peine plus de deux ans, Ryo. Et comme tous les enfants et comme toi aussi d’ailleurs, elle n’a que deux mains. Une pelle et un seau auraient été suffisants., lui fit-elle remarquer.  

- Et moi ? Je m’amuse avec quoi ?, lui demanda-t-il.  

 

Il refoula avec difficulté les autres amusements qui auraient pu l’intéresser mais qui impliquaient la maman et des choses beaucoup moins sages. Il se rendit compte qu’il avait franchi un cap dans sa réflexion. Etait-ce la proximité pendant l’hypnose la veille au soir, le fait de savoir que les choses allaient se dénouer sous peu ou la peur de la perdre qui l’avait propulsé un peu plus loin ? Il ne savait pas mais plus il la regardait, plus il sentait ce lien entre eux. Quelque chose en lui s’était libéré et, s’il n’oubliait pas Kaori, il culpabilisait peut-être un peu moins. C’était comme s’il sentait son sourire en lui et il comprenait mieux maintenant comment elle vivrait à travers lui.  

 

Sam n’alla pas plus loin et secoua la tête, désabusée mais amusée. Ils arrivèrent à grande peine à faire attendre Layla jusqu’à être sortis du magasin pour que Ryo gonfle la bouée qu’elle passa autour de sa taille et ils se rendirent ainsi à la plage. La petite, fière de chevaucher selon ses dires une licorne, attrapa une main de chaque adulte, attirant sur eux par moments des regards bienveillants et des sourires attendris.  

 

- On va à l’eau ?, demanda Layla dès qu’ils arrivèrent.  

- Attends un peu, ma puce. On doit s’installer et il fait encore un peu frais., lui opposa Sam.  

- S’il te plaît, maman., l’implora la petite.  

- On va aller tremper les pieds pour le moment. Ca te laisse le temps de sortir les affaires dans le calme., justifia Ryo, enlevant ses chaussures et son pantalon et tendant la main à Layla.  

- D’accord., acquiesça-t-elle.  

 

Elle les regarda partir tous les deux avec un léger sourire aux lèvres. Ils donnaient tous deux l’image d’un père et de sa fille. C’était beau et attendrissant mais, rapidement, le sourire s’effaça face à l’avenir qui se profilait et qui n’incluait pas Ryo. Pour chasser cette morosité qui n’avait pas à ternir cette belle journée de détente, elle se tourna et sortit les serviettes de plage qu’ils avaient préparées et les étala, les bloquant avec les sacs pour ne pas qu’elles s’envolent. Le vent était léger mais, par moments, des bourrasques soufflaient, soulevant sable et tissus. L’endroit prêt, elle retira son pantalon et exposa ses longues jambes au soleil, les protégeant de crème solaire pour ne pas ressortir rouge écrevisse.  

 

- Maman, je veux mettre mon maillot !, s’écria Layla, arrivant en courant avec un grand sourire.  

 

Elle s’arrêta d’un bond devant sa mère qui fondit face à son regard pétillant. Elle sortit le vêtement du sac, retira les étiquettes superflues et déshabilla la petite fille avant de la rhabiller.  

 

- Tu vas arrêter de bouger, l’asticot. Sinon tous les poissons de l’océan vont venir te lécher les pieds., la taquina Ryo alors qu’elle ne tenait pas en place.  

- Maman me chatouille., se plaignit-elle en riant alors que Sam la tartinait de crème à son tour.  

- A l’eau !, fit-elle, faisant pour partir.  

 

Une main puissante la saisit au vol et la souleva dans ses bras.  

 

- Pas sans brassard et pas seule, jeune fille., lui dit-il, provoquant une petite moue boudeuse.  

- Je viens avec toi. On va laisser Ryo se détendre un peu., annonça Sam, se levant.  

- Tu ne quittes pas ton pull ?, s’étonna le nettoyeur.  

- Je… Il fait encore un peu froid., fit-elle, se mordant la lèvre, peu fière de son mensonge.  

 

A vrai dire, si elle avait aimé le bikini, elle avait seulement songé après au peu de tissu qui la couvrirait tout comme elle s’était rendue compte que l’homme qui l’attirait serait également passablement déshabillé et, sans être experte de la chose vue le peu d’expérience qu’elle avait en mémoire, peu tirant plutôt sur l’absence totale, elle appréhendait de s’exposer autant pour les réactions masculines que les siennes propres. Si elle avait confiance en Ryo, elle ne pouvait pas non plus s’attendre à une totale maîtrise des réactions naturelles et craignait un peu l’enchaînement possible des choses provenant soit de lui ou d’elle. S’ils venaient à se rapprocher intimement, elle n’était pas sûre de réussir à s’en tenir à son plan « merci et bonne continuation » qui était déjà en grand péril et n’allait pas tarder à se transformer en plan « je t’aime adieu »… Elle se retourna vers lui à une dizaine de mètres de là et sentit son cœur se serrer. En fait, elle était déjà dans son deuxième plan…  

 

- Regarde les vagues, maman. Allez, saute !, cria Layla, riant à gorge déployée.  

 

La petite s’en donnait à cœur joie, sautant encore et toujours pour passer au dessus des vagues qui arrivaient, l’éclaboussant généreusement, si bien qu’elle se retrouva obligée de retirer son pull et de le jeter un peu plus loin sur le sable avant de se laisser entraîner par Layla à jouer dans l’eau. De loin, Ryo les regardait faire tout en surveillant les alentours. Ils n’avaient pas été suivis en sortant de Shinjuku et il avait été prudent tout le long de la route, vérifiant régulièrement qu’ils n’avaient pas été pris en chasse plus tard, ce qui n’avait pas été le cas. Il se sentait donc relativement confiant à les laisser voguer un peu plus loin, confiant mais pas inconscient.  

 

Quand il vit sa cliente agripper son pull et le retirer, dévoilant sa silhouette fine et élancée n’accusant aucune trace de grossesse apparente, son corps à la peau albâtre sur laquelle tranchait le rouge vif du bikini dont le haut était tendu sur cette poitrine voluptueuse qu’il avait touchée, il se sentit déglutir et son mokkori prit vie. Même s’il avait été avec Kaori à ce moment-là, il sentait encore la douceur de sa peau, entendait ses gémissements contre sa bouche alors qu’il la caressait et s’employait à exciter les zones érogènes. Il se souvenait de la chaleur de sa bouche, de la sensation de sa langue contre la sienne, de la chaleur de son corps contre le sien… Tout cela était encore frais même si ça faisait plusieurs jours et son corps lui fit bien comprendre qu’il s’en rappelait et avait apprécié. Tant qu’il ne les vit pas revenir, il ne s’en inquiéta pas mais, lorsqu’elles se tournèrent vers lui et que Layla se mit à courir, il se demanda pourquoi une vague de culpabilité n’avait pas mis fin à son calvaire. Alors c’était réel : il pouvait à nouveau désirer une femme sans se retrouver mortifié… C’était tellement… rapide.  

 

- Ryo !, entendit-il crier, ce qui le ramena à la réalité.  

 

Il attrapa la serviette à ses côtés et la jeta sur ses cuisses pour cacher l’évidence de son désir et rattrapa la petite fille qui s’élança sur lui en riant.  

 

- Je veux faire un château de sable !, lui annonça-t-elle.  

- Je vais t’aider., lui proposa-t-il, se tournant pour attraper les seaux et pelles alors que Sam arrivait.  

 

Il se leva et fit face à la jeune femme, se retrouvant presque nez-à-nez avec elle, son désir heureusement moins visible. Ils s’observèrent un moment, plongés dans le regard de l’autre, sachant qu’il suffirait d’un geste pour clore la distance entre eux, se rapprocher et céder à la pulsion qui montait.  

 

- Allez, Ryo, viens !, l’appela Layla, le prenant par la main.  

 

Le moment passé, il s’éloigna de quelques pas avec la petite pendant que la jeune femme prit place sur la serviette, protégeant le reste de son corps des rayons solaires. L’heure du repas arrivant, elle les appela et ils déballèrent les sandwichs préparés, mangeant en discutant tranquillement, enfin aussi tranquillement qu’une conversation ponctuée par les cris et questions d’une petite fille le permettait…  

 

- Tu as encore froid ?, lui demanda-t-il, désignant le pull sur ses épaules.  

- Non. Je ne bronze pas, je cuis façon écrevisse et je n’ai pas su me mettre de crème dans le dos, alors je me protège comme je peux., expliqua-t-elle, observant Layla courir dans tous les sens, infatigable.  

- Laisse-moi faire., lui proposa-t-il.  

 

Sans attendre, il se mit à genoux derrière elle et étala de la crème sur ses mains avant de les poser sur ses épaules et de descendre doucement, massant sa peau diaphane. Il appliqua le produit sur toute la surface de son dos, prenant son temps pour profiter du moment et de la sensation plus qu’agréable de sa peau sous ses doigts, la sentant frémir par moments alors que sa respiration s’accélérait. Il retrouvait une certaine sensualité mais plus de celle qu’il cherchait avant, éphémère et toujours différente d’une nuit sur l’autre. Il voulait pouvoir découvrir la sienne, nuit après nuit, mais ce n’était pas possible. Il n’était pas encore sûr d’être prêt à pouvoir accorder à une autre ce qu’il n’avait pas donné à Kaori et elle allait partir.  

 

- Je pense que c’est suffisant, non ?, murmura-t-elle.  

- Oui, tu as raison. J’étais perdu dans mes pensées. Je vais aller piquer une tête., lui apprit-il, se redressant et courant vers l’eau.  

 

Il plongea dans l’océan, tête la première, chassant de son esprit l’image furtive qu’il avait eue de l’émoi de la jeune femme. Quand il émergea de l’eau salée, il resta un long moment à observer l’immensité bleue, sentait l’eau qui le caressait, l’entourait, cette eau qui l’avait privé de l’amour de sa vie. C’était comme si Kaori était là, le touchait, se rappelait à lui, lui parlait de ce froid qui l’avait prise et privée des moments de bonheur qu’elle avait attendus. A quoi jouait-il ? Pour qui se prenait-il pour fricoter avec une autre face au monstre qui avait englouti sa femme ? Pourquoi la narguer justement ici ? Comment avait-il pu oublier si facilement ?  

 

Revenu à la réalité de sa vie de manière glaçante, il se retourna et nagea vers le rivage. Quand il sortit de l’eau, il se tourna de nouveau vers l’immensité bleue, s’éloignant du froid, se laissant bercer par la chaleur du soleil qui caressait son dos. Perdu, il l’était. En moins de dix minutes, il était monté sur les collines du désir, était redescendu dans l’abysse des regrets et, maintenant, il ne savait plus sur quel plan il se situait. Finalement, tout n’était pas résolu. Si des paliers semblaient vite franchis, apparemment il pouvait aussi vite en être éjecté…  

 

- Je ne sais plus où j’en suis., murmura-t-il, sentant la tension monter.  

- Ryo ! Maman a fait des cookies ! Tiens, c’est pour toi !, cria Layla qui arrivait en courant, un gâteau à la main.  

- Merci, ma puce., lui dit-il, forçant un sourire sur son visage.  

- Pourquoi tu es triste, Ryo ?, lui demanda-t-elle, le regardant droit dans les yeux.  

 

Il la dévisagea, surpris par sa question, et chercha à toute vitesse une réponse adéquate qui chasserait l’inquiétude de son regard.  

 

- Je n’ai pas de lait pour aller avec le cookie et un cookie sans lait, ce n’est pas un cookie, non ?, lâcha-t-il d’une voix théâtrale qui la fit rire.  

- T’es trop drôle., lui dit-elle.  

 

Reconnaissant d’avoir ce petit bout de femme à ses côtés qui avait réussi à le toucher plus qu’il ne le pensait, il la souleva dans ses bras et la ramena auprès de sa mère, asseyant la petite entre eux. Sans même se voir dans un miroir, il savait qu’ils donnaient l’image d’une famille, d’un mari, d’une femme et de leur petite fille et c’était aussi émouvant que blessant sachant que, dans quelques jours, l’image volerait en éclats, ne laissant que les souvenirs et les questions en suspens, lui volant la deuxième famille qu’il aurait pu avoir.  

 

Sam sentit Layla s’appuyer contre elle et l’entoura d’un bras. La petite s’endormit ainsi pendant un moment, dans un silence qui ne fut brisé par aucun des deux adultes tout le temps que dura sa sieste. L’américaine avait senti le vent tourner et l’humeur de Ryo s’assombrir et ne savait quoi faire pour l’aider, alors elle se faisait discrète, le laissant dans ses pensées en essayant de maîtriser les siennes. Sa proximité ne la laissait pas indifférente, loin de là, et elle avait du mal à juguler le désir qui montait, un désir qu’elle n’avait jamais ressenti et doutait de ressentir à nouveau avec un autre.  

 

Elle savait qu’il y avait beaucoup plus qu’une attirance physique entre eux. Il y avait des sentiments qui étaient nés, un lien indéfinissable qui semblait les lier, les rapprocher, qui avait maintenu le contact entre eux et les avait poussés au pardon quand les choses s’étaient corsées. La confiance était quasi instinctive, la compréhension allait au-delà de ce que deux personnes se connaissant depuis si peu de temps auraient dû partager. Leur relation avait vraiment quelque chose d’extra-ordinaire. Elle aurait pu être sublime si deux faits ne s’étaient pas glissés dans le jeu, bloquant les rouages d’un engrenage certainement parfaitement ajusté : le fantôme de sa femme et son amnésie. Sans cela, elle ne se serait pas posée la question de savoir si elle devait céder ou non. Elle l’aurait fait sans se sentir dégradée même si c’était rapide. Il était l’homme de sa vie. Elle le savait.  

 

- Si tu veux rentrer, on peut le faire., lui proposa-t-elle quand Layla se réveilla, restant un moment somnolente contre elle.  

 

Il l’observa un instant et vit l’inquiétude dans son regard. Il s’en voulut parce qu’il savait que ce n’était pas lié à l’affaire mais à lui. Or cette journée devait être un moment de détente, un jour pour oublier des semaines de danger et se faire des souvenirs agréables.  

 

- Non, l’après-midi n’est pas encore finie. On pourrait peut-être trouver une échoppe où prendre de quoi dîner et ne rentrer qu’après… à moins que ce soit trop tard pour elle., répondit-il, désignant Layla.  

- Pour une fois, ça ira. Elle dormira certainement dans la voiture., acquiesça Sam.  

- Tu es sûr que ça va ?, insista-t-elle.  

- Je manque d’action., éluda-t-il en plaisantant.  

 

Il sut qu’elle n’avait pas gobé son mensonge mais elle ne poussa pas plus loin et il lui en fut gré. Ils passèrent le reste de l’après-midi à jouer avec Layla, l’accompagner dans l’eau ou juste à la regarder en discutant de tout et de rien, se détendant progressivement. Quand le soleil commença à être bas dans le ciel, ils levèrent le camp et déposèrent les affaires dans la voiture avant d’aller dîner et de reprendre ensuite la voiture, Layla s’endormant au bout de deux minutes à peine. Soudain, Ryo bifurqua et l’emmena vers la côte à un endroit plus désertique.  

 

- Que fais-tu ? Tokyo était indiquée par là., s’étonna Sam.  

- Je t’emmène voir le coucher de soleil., répondit-il simplement.  

 

La jeune femme ne dit rien de plus et se laissa conduire, touchée. Après qu’il se fut garé, ils descendirent de voiture et se tournèrent vers l’horizon où l’astre était positionné très bas, parant le ciel de couleurs allant du rose au rouge orangé. Plongée dans ce silence, loin des bruits de la ville et du tumulte de sa vie, Sam observait le calme apparent des éléments, l’emmenant dans une réflexion existentielle.  

 

- Tu as déjà lancé une bouteille à la mer, Ryo ?, lui demanda-t-elle de but en blanc, remettant une mèche balayée par le vent derrière son oreille.  

- Non et toi ?  

- Une dizaine., admit-elle, l’observant.  

- A quoi ça sert ? Les probabilités que tu obtiennes une réponse sont infimes, non ?, répliqua-t-il, sceptique.  

- Je sais mais, quand tu ne vois pas de solution raisonnable, peut-être que les moyens les plus insensés sont les meilleurs, non ? C’est peut-être ça, l’espoir., répondit-elle, tournant le regard vers l’horizon.  

- C’est tout ce qu’il me reste de toute façon, alors ça ou autre chose…, soupira-t-elle.  

- Pourquoi tu t’accroches si tu n’y crois pas ? C’est peut-être le signe qu’il est temps de tourner la page., déclara-t-il.  

 

Elle l’observa de nouveau, se demandant si ça vaudrait le coup de tourner la page comme il disait, d’oublier le passé et ce qu’il pouvait cacher et de se tourner vers l’avenir, un autre avenir que ce qu’elle aurait dû avoir mais peut-être le seul qu’elle aurait en définitive. Est-ce que cela valait la peine de risquer de souffrir si elle recouvrait la mémoire ? Ca pouvait être le cas si elle arrivait à atteindre le bonheur dans cette nouvelle tranche de sa vie mais pour cela…  

 

- Et toi, Ryo ? Il n’est pas temps de tourner la page pour toi ?, lui demanda-t-elle, l’observant.  

 

Il regarda l’étendue salée devant lui, l’étendue d’eau qui lui avait pris ce qu’il avait de plus cher au monde. La culpabilité était là, bien présente, mais il y avait autre chose également, quelque chose que Kaori avait fait naître en lui : son cœur, pas seulement la pompe mécanique qui faisait circuler le sang mais l’organe dépositaire de ses sentiments. Il aimait Kaori, l’aimerait toujours. Elle avait créé l’homme qu’il était, un homme capable d’aimer et d’espérer. Elle vivait en lui.  

 

Il observa ensuite la jeune femme à ses côtés. Elle n’était pas Kaori mais il était persuadé qu’elles se seraient bien entendues. Elles étaient faites du même bois même si Sam semblait plus dure que Kaori. Il éprouvait quelque chose pour elle. Ce n’était pas aussi fort que ce qu’il éprouvait pour sa rouquine mais ça l’était suffisamment pour qu’envisager son départ après cette affaire lui laisse un goût amer, suffisamment pour qu’il se pose des questions. Il n’était pas encore prêt mais il cheminait. Il avait peut-être besoin d’un peu plus de temps pour consolider ce qu’ils vivaient, voir ce qu’ils pouvaient être à deux, à trois même mais cela présupposait qu’il devait accepter à nouveau de faire entrer quelqu’un qui n’était pas de son monde dans sa vie, de l’exposer au risque, de s’exposer au risque de la perdre. De les perdre même se dit-il, pensant à Layla. Etait-il seulement prêt à prendre ce risque pour Layla ? Se sentait-il capable de les protéger toutes les deux ?  

 

La réponse vint comme une évidence, fortifiée par sept ans d’âpres réflexions et luttes intestines entre lui et lui-même. Il pouvait le faire parce qu’il n’était pas seul. Il avait toute une famille autour de lui qui les entourerait et les protégerait comme il protégerait et entourerait chaque membre de son groupe. Il ne lui restait donc plus pour sa part qu’un barrage à faire sauter, pas des moindres : accepter de laisser partir le fantôme de Kaori, accepter de laisser une autre avoir ce qu’elle n’avait pas eu sans culpabiliser ou tout du moins sans que la culpabilité vint tout gâcher, être sûr que si Sam entrait dans sa vie, ce n’était pas Kaori qu’il chercherait à travers elle.  

 

- J’ai la page entre mes doigts. J’ai peur de la tourner et d’oublier ce qui était écrit et peur de ce qui pourrait s’écrire sur la suivante., avoua-t-il à mi-voix.  

- Comment être sûr de ne pas faire le mauvais choix ?, ajouta-t-il.  

- On ne peut jamais être sûr. C’est pour cela que je lance des bouteilles à la mer. Tu connais la chanson « message in a bottle » ?, lui demanda-t-elle.  

- Qui ne la connaît pas ?, répliqua-t-il, ce qui la fit sourire légèrement.  

- J’étais toute seule, isolée malgré la présence de Layla. Je me suis protégée de tout et tous pour ne pas être séparée d’elle et, finalement, je me suis isolée du monde. J’ai même l’impression d’être isolée de moi-même., plaisanta-t-elle, essuyant une larme.  

- Toi aussi, tu te sens seul malgré les gens qui t’entourent. Toi aussi, tu étais pris dans les sables mouvants de l’oubli mais d’une autre manière, parce que tu t’accroches aux souvenirs par culpabilité., ajouta-t-elle.  

 

Ryo ne répondit pas et fixa l’océan. Ses paroles le touchaient au plus profond de lui-même parce qu’elle disait vrai.  

 

- J’ai cherché à garder l’espoir mais, en fait, je n’y croyais plus. Je survivais pour Layla, mon propre sort m’importait peu… jusqu’à ce que je te rencontre. J’ai découvert ce qu’était aimer. J’ai même réappris à aimer Layla autrement que simplement vouloir lui donner une belle vie. J’ai de l’affection pour tes amis même s’ils sont méfiants. Et toi… toi, je t’aime même si, contradictoirement, je ne veux pas rester. Je veux que tu sois bien, je veux que tu vives vraiment, je veux que tu sois en paix avec toi-même., lui affirma-t-elle.  

- J’ai retrouvé une maison depuis que tu t’es installée chez moi, Sam. Je ne te parle pas des murs et du toit. Je te parle de la chaleur et de l’affection que l’on se porte. J’avais oublié ce que c’était. Je ne voulais plus savoir ce que c’était parce qu’elle n’était plus là., répliqua-t-il doucement.  

- On ne peut pas aimer sans souffrir, Ryo. La douleur est inéluctable pour l’un comme pour l’autre et plus on s’aime, plus c’est dur. Je ne sais pas si j’ai aimé quelqu’un avant mais je peux te dire qu’aujourd’hui, c’est le cas et… putain, j’ai tellement mal de devoir te laisser., gémit-elle, ne pouvant contenir ses larmes.  

 

Il avait le mot « reste » sur le bout de la langue et seule la peur de la blesser plus en le lui demandant alors que son souhait était clair et qu’il ne pouvait rien lui promettre pour le moment le retint de le prononcer. Il l’attira à lui, colla son visage contre son torse et l’enserra dans une étreinte réconfortante, souffrant pour elle autant que pour Kaori. Il ne savait pas comment gérer tout cela mais il avait merdé une fois. Allait-il recommencer ? Que pouvait-il faire pour éviter à une deuxième femme de souffrir par sa faute ? Il ne savait pas. Tout ce qu’il pouvait pour le moment c’était être là pour elle.  

 

Il la laissa pleurer un moment et, quand elle se calma, la garda encore contre lui quelques minutes supplémentaires, pour lui, pour elle, il ne savait même pas. Finalement, elle redressa le visage et ils s’observèrent avant qu’elle acquiesça. Alors seulement il la lâcha et, sans un mot, ils remontèrent en voiture et prirent la direction de Tokyo. Une heure plus tard alors qu’ils avaient roulé en silence, seules leurs mains se serrant de temps à autre en guise de soutien ou pour s’assurer de la présence de l’autre après ces moments intenses, ils arrivèrent à l’appartement et se séparèrent.  

 

Sam emmena Layla dans la chambre, la changea rapidement et la mit au lit avant d’aller se doucher et coucher. Malgré la tension qui l’habitait, le grand air, la journée au soleil et des semaines éprouvantes l’avaient épuisée et elle s’endormit comme une masse sans tarder.  

 

Ryo, de son côté, était redescendu chercher les affaires et, après avoir refermé la porte de l’appartement, se dirigea vers la salle de bains. Il se glissa rapidement sous le jet, se lavant des résidus de sel collés à sa peau fermement comme pour chasser quelque chose de plus profond puis, en caleçon et tee-shirt, grimpa sur le toit. Il observa la nuit étoilée en tentant d’évacuer le stress de ce face-à-face inattendu. Avouant son échec, il décida d’aller se coucher et redescendit. Quand il pénétra dans la pièce dont il venait d’ouvrir la porte, il s’immobilisa, interdit…  

 


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