Hojo Fan City

 

 

 

Data File

Rated G - Prosa

 

Autore: Mercury80

Status: Completa

Serie: City Hunter

 

Total: 54 capitoli

Pubblicato: 27-08-21

Ultimo aggiornamento: 15-11-21

 

Commenti: 5 reviews

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RomanceDrame

 

Riassunto: NC-17 Ils étaient de nouveau seuls, chacun de leur côté, gérant chacun à leur façon. Une seconde chance leur est offerte. A quoi est-on prêts pour toucher à nouveau le paradis dans une vie ?

 

Disclaimer: Les personnages de "Vivre ou se laisser mourir" sont la propriété exclusive de Tsukasa Hojo.

 

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   Fanfiction :: Vivre ou se laisser mourir

 

Capitolo 3 :: Chapitre 3

Pubblicato: 30-08-21 - Ultimo aggiornamento: 30-08-21

Commenti: Bonjour, voici la suite de l'histoire. Bonne lecture et merci pour vos commentaires^^

 


Capitolo: 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24 25 26 27 28 29 30 31 32 33 34 35 36 37 38 39 40 41 42 43 44 45 46 47 48 49 50 51 52 53 54


 

Chapitre 3  

 

Sortant difficilement d’un lourd sommeil, Ryo garda les yeux fermés un instant avant de les ouvrir brusquement et de fixer la touffe de cheveux roux sur son épaule et le corps féminin dénudé collé contre le sien mais qui lui tournait le dos. Le fond de mal de crâne et sa bouche pâteuse lui rappelèrent qu’il avait un peu trop abusé de l’alcool la veille. Il ne se souvenait même pas avoir ramené une fille avec lui à l’appartement. Il avait vraiment dû être désespéré pour céder à ses instincts les plus primaires mais, ce jour-là, se dit-il, tout était possible.  

 

Il frotta son visage de la main et fixa le plafond, les souvenirs remontant doucement à la surface. Kaori… Il aurait juré avoir Kaori dans ses bras. Il avait dû trouver une fille qui lui ressemblait suffisamment pour tromper sa raison déjà malmenée par son cœur brisé. Cette journée-là restait marquée dans son esprit. Longtemps, il avait culpabilisé en se disant que, s’il ne lui avait pas cédé, rien de tout cela ne serait arrivé. Doucement, le sentiment s’était estompé et il s’était rattaché aux souvenirs heureux, son sourire radieux, son regard lumineux, un peu incrédule quand il avait accepté. Il avait vraiment eu l’impression de retrouver cela hier soir… sauf qu’il s’était pensé dans un rêve… Ca, il s’en souvenait comme lui revint soudain en mémoire le fait qu’il ne l’avait pas ramenée de l’extérieur : elle l’attendait chez lui.  

 

Il regarda le dos dénudé, se rendant compte alors qu’il n’avait pas rêvé, qu’il avait tenu la femme qu’il aimait entre ses bras ou tout du moins son sosie exact, un sosie qui avait semble-t-il trouvé en lui le sosie de l’homme qu’elle aimait… ou elle simulait très bien… Il regarda le dos dénudé, sentit la main posée sur son bras comme sa Kaori le faisait et revint sur son dernier avis : elle ne simulait pas. D’où pouvait-elle venir pour qu’elle format un couple identique à celui qu’il formait avec sa Kaori ? Pourquoi était-elle arrivée ici ? Quel était son parcours ?  

 

Il leva la main pour la poser sur son épaule, prêt à la réveiller pour avoir une discussion plus que nécessaire. Il devait savoir. Ils avaient fait l’amour une bonne partie de la nuit, désespérés et émerveillés de cette nouvelle chance. Ils avaient fait l’amour, ils n’avaient pas couché ensemble. Ca avait été beaucoup plus qu’une simple partie de jambes en l’air. Il avait ressenti l’amour qu’elle avait exprimé, son besoin de lui, sa tendresse et il n’avait pas été en reste. Il l’avait aimée comme il avait aimée sa Kaori. Il regarda l’épaule offerte et sentit quelque chose monter en lui : une envie de se voiler la face pendant encore un moment, de la réveiller et de lui faire de nouveau l’amour, de ressentir à nouveau son cœur battre comme si…  

 

Il soupira et baissa la main avant de se lever, retirant doucement son bras sous le corps féminin endormi. Il referma doucement la couverture, observa un instant Kaori dormir, son cœur ne sachant s’il devait battre la chamade ou se serrer à cette vision, puis s’en alla dans la salle de bains se doucher. Il laissa un long moment l’eau couler sur sa tête, cherchant à reprendre le dessus sur les sentiments qui agitaient son cœur, de retrouver le chemin de la raison et d’enfin accepter ce qui ne pouvait qu’être la réalité : il s’était laissé piéger. Il s’était laissé avoir comme un bleu par le sosie de son amour perdu.  

 

Il serra les poings, tentant de lutter contre son cœur qui lui soufflait de croire en elle comme il avait cru en elle, qu’il ne pouvait s’être trompé en lisant dans son regard, dans ses gestes, dans ses baisers… Il lutta un bon moment, se persuada qu’il avait repris le contrôle et sortit de la douche, se séchant, prêt à confronter celle qui se faisait passer pour elle. Il s’habilla, la mâchoire serrée, et regagna la chambre.  

 

- Ka…, commença-t-il, s’arrêtant immédiatement.  

 

Elle s’était retournée et nichée dans son oreiller, la tête fourrée dedans. Il l’entendait marmonner dans son sommeil, les sourcils froncés. Il ne comprenait pas ce qu’elle disait mais sa voix était à la limite de la plainte et toute sa résolution tomba. Elle n’était pas une ennemie. Elle n’était pas sa Kaori mais elle n’était pas une taupe. Il voyait en elle celui qu’il avait été dans les premiers mois de la disparition de l’amour de sa vie, quelqu’un de désespéré, quelqu’un que le destin avait frappé et mis à terre. Sans un bruit, il prit dans son armoire un tee-shirt qu’il posa sur le bout du lit pour qu’elle puisse porter un vêtement propre en se réveillant et sortit de la chambre. Ayant besoin de s’occuper, il alla en cuisine préparer un repas pour deux en attendant qu’elle se réveille.  

 

- Je suis désolé, Kaori.  

- Umi ?  

- Ryo ne reviendra pas.  

- Je… Non… Il… Il m’a dit de l’attendre. J’ai mis une belle robe.  

- Il a été pris en traître. Il a tué son adversaire mais ils étaient trois au total. Il en a tué un deuxième mais le troisième… le troisième lui a mis une balle dans le dos.  

- Non… Ryo…  

 

Kaori lâcha un long gémissement d’agonie dans son sommeil et se retrouva à la clinique face au corps inerte de son amant. Ce n’était qu’un mauvais rêve. Il se réveillerait et tout irait pour le mieux sauf qu’elle savait, que sa poitrine ne se soulevait pas et son cœur ne battait pas quand elle posa la main sur son torse.  

 

- Ryo…  

 

Soudain, ses yeux s’ouvrirent et il la regarda, droit dans les yeux d’un air sombre. L’effroi la saisit et elle se réveilla en sursaut, la respiration saccadée, le corps en sueur, le cœur battant à toute allure. Elle resta un long moment immobile, le regard perdu dans le vide, cherchant à comprendre les raisons de son regard. La blâmait-il ? De quoi ? C’était la première fois qu’elle faisait ce cauchemar avec cette fin. D’habitude, elle revivait la scène comme elle avait été en réalité et ça lui déchirait déjà le cœur mais là… Elle sentit sa gorge se nouer et agrippa le drap qu’elle remonta jusqu’à son nez comme pour se protéger.  

 

Elle resta ainsi un moment, son esprit tournant dans le vide, se calmant progressivement, jusqu’au moment où elle sentit l’odeur qui l’entourait, une odeur à peine légèrement différente de celle à laquelle elle s’était habituée. Impossible, se dit-elle alors qu’un long frisson parcourait son corps encore nu. Elle comprit alors qu’elle n’avait pas rêvé la nuit dernière. Ce qui lui avait semblé réel l’avait été réellement. Elle avait fait l’amour avec un homme, le sosie de Ryo, et c’était certainement ce qu’il lui reprochait. Elle s’était donnée à un autre comme elle s’était donnée à lui, accordant à un inconnu l’accès total à son cœur et à son corps comme à lui.  

 

Elle sentit les larmes perler à ses yeux et réprima les sanglots qui voulaient sortir. Elle avait commis une horrible erreur juste parce qu’il lui manquait plus que tout. Comment avait-elle pu se laisser berner par la situation ? Elle aurait dû être plus vigilante, plus professionnelle, plus… fidèle. Comment ? Pourquoi ?, se demanda-t-elle, se levant, le drap contre elle pour cacher sa nudité. Elle chercha dans cette chambre inconnue ses vêtements et trouva sa culotte et son soutien-gorge qu’elle enfila rapidement, cherchant dans la pièce quelque chose qui lui permettrait de se défendre contre cet imposteur. Ses yeux se posèrent alors sur un vêtement posé sur le lit, un vêtement plié proprement, visiblement tout juste sorti d’une armoire, un vêtement qu’elle connaissait tellement bien.  

 

La gorge nouée, elle approcha et caressa le tee-shirt rouge du bout des doigts avant de le saisir. Des images remontant parfois à bien longtemps lui revinrent en mémoire, lui rappelant son visage, son regard, ce qu’il lui faisait ressentir. Elle avait retrouvé cela chez lui, la même attention, la même tendresse, la passion mêlée de respect… Cet homme-là ne l’avait pas trompée, elle en était persuadée… mais ça n’expliquait pas comment elle s’était retrouvée ici face à lui ni où ce ici se situait. Parce que, là, elle ne pouvait plus se cacher la vérité, se répéta-t-elle : il n’y avait pas eu de rêve, tout ce qui s’était passé était bien réel. En attestaient un peu plus l’odeur qu’elle sentait arriver dans la pièce et le bruit de cuisine qui provenait de l’autre côté de la porte. Il était temps d’affronter la réalité et de chercher des réponses, se dit-elle, passant le tee-shirt rapidement avant de sortir.  

 

Elle s’arrêta au seuil de la chambre, trouvant Ryo en train de cuisiner. Prise d’un vertige en s’apercevant que l’homme face à elle était bien l’exacte réplique de son homme, elle s’agrippa au bâti. Pendant encore un moment, elle s’était persuadée qu’il lui ressemblerait mais que quelque chose serait différent mais non, c’était lui, exactement lui, bien réel et préparant un repas.  

 

- Ca fait beaucoup à assimiler, n’est-ce pas ?, lui demanda-t-il soudain, levant enfin les yeux vers elle.  

 

Elle n’y lut que douceur et tendresse, aucun signe de méfiance ou de doute, ce qui l’aida à reprendre le dessus.  

 

- Oui., souffla-t-elle, lâchant sa prise et avançant vers le coin cuisine.  

 

Elle était incapable de détourner le regard de son visage comme un besoin vital de garder ce lien, comme si, si elle ne le quittait ne serait-ce qu’une seconde, tout cela disparaîtrait par magie et elle ne savait si elle le voulait ou ne le voulait pas.  

 

- Assieds-toi, j’ai presque fini., l’invita-t-il, désignant un siège devant lui.  

 

Il avait un mal de chien à ne pas tout lâcher pour aller la prendre dans ses bras et la serrer à l’étouffer. Bien que face à lui, portant son tee-shirt, tout cela avait encore ce petit côté irréel. Il savait néanmoins que, s’il le faisait, il ne pourrait certainement pas lutter contre l’envie de plus, de retrouver ce qu’il avait ressenti de nouveau cette nuit mais ils avaient un besoin urgent de parler.  

 

- Merci., fit Kaori, s’asseyant face à lui et acceptant les deux assiettes qu’il lui tendit quelques secondes après, en posant une à ses côtés.  

- On a beaucoup de choses à voir mais je te propose de déjeuner d’abord., suggéra-t-il, venant s’asseoir sur le siège voisin.  

- Je… d’accord., souffla-t-elle, reconnaissante d’avoir un moment pour régner sur ses sens affolés par sa proximité.  

 

Ils déjeunèrent en silence, s’adressant par moments des coups d’œil nerveux. Tous deux se demandaient comment aborder la conversation qui suivrait ou ce qu’il en résulterait. Puisqu’elle était chez lui, Kaori savait qu’elle serait celle qui devrait fournir la majorité des réponses mais, s’aperçut-elle en grimaçant, le fait était qu’elle ne comprenait pas grand-chose à la situation…  

 

Repoussant son assiette après avoir fini, Ryo observa la jeune femme à ses côtés et nota sa nervosité. Il retrouva cette sensation étrange d’avoir la même personne face à lui avec néanmoins quelques différences. Sa Kaori avait plus d’assurance que celle qui lui faisait face, visiblement plus timide. Il avait aussi noté sur son corps quelques cicatrices supplémentaires. Pour le reste, les sensations étaient intactes et notamment celles de son mokkori qui appréciait la vue dégagée sur ses cuisses.  

 

- Tu as cuisiné. Je vais faire la vaisselle., proposa Kaori pour briser le silence.  

- Tu… Tu devrais peut-être aller prendre une douche. Ca te ferait du bien avant qu’on parle tous les deux., lui proposa-t-il.  

- Oui… peut-être. Je vais chercher mes vêtements., lui dit-elle, se laissant guider vers la salle de bains, voisine de la chambre.  

- Prends ton temps.  

 

Kaori se déshabilla et se glissa sous l’eau rapidement. Un peu étonnée, elle trouva un gel-douche plus féminin à côté du flacon aux senteurs plus masculines, un peu ébranlée aussi de ne pas trouver le même produit qu’utilisait Ryo.  

 

- Ce n’est pas ton Ryo, Kaori… Reprends-toi., s’enjoignit-elle.  

 

Un peu déstabilisée par toutes ces similitudes et différences, elle se dépêcha et sortit rapidement de la douche, enfila son bas mais garda le tee-shirt rouge, plus agréable que le col roulé noir qu’elle avait en arrivant. Elle se coiffa rapidement en passant les mains dans ses cheveux, se brossa les dents d’un doigt puis ressortit de là après avoir pris une profonde inspiration. Ryo était assis au bar de la cuisine, visiblement perdu dans ses pensées, et elle hésita à approcher.  

 

- Tu… Tu as besoin d’un peu de temps avant qu’on discute ?, lui proposa-t-elle.  

 

Il leva les yeux vers elle et l’observa attentivement avant de secouer négativement la tête. Il lui était gré d’avoir passé un pantalon, même s’il lui collait à la silhouette et ne cachait rien de ses longues jambes galbées, et d’avoir passé de nouveau son tee-shirt qui, contrairement au col roulé de la veille, ne lui collait pas au corps et laissait sa libido un peu au repos.  

 

- Non. Viens., lui dit-il, lui désignant le canapé derrière lui.  

 

Ils se placèrent chacun à une extrémité, gardant une certaine distance alors que leur envie les poussait à se toucher.  

 

- Alors ?, lui demanda-t-il.  

- A vrai dire, je ne sais pas bien par où commencer., avoua Kaori, baissant les yeux, gênée.  

- On a tous les deux compris qu’on était la réplique de notre conjoint., exposa-t-il calmement.  

- C’est vrai mais ça vaut peut-être malgré tout le coup de se présenter, non ?, proposa-t-elle timidement, trouvant là un début plutôt sauf.  

- Ryo Saeba, tu es ici chez moi et toi, tu es donc Kaori…, répondit-il, sans aucune trace de moquerie dans la voix.  

- Merci…, souffla-t-elle, reconnaissante de ne pas chercher à l’ébranler plus qu’elle ne l’était déjà.  

- Oui, je m’appelle Kaori, Kaori Makimura., lui apprit-elle.  

 

A l’évocation de ce nom, Ryo écarquilla les yeux, comprenant un peu mieux sa réaction quand il s’était présenté la veille, cette espèce d’incrédulité qui avait dû leurrer son cœur comme l’était le sien. Quelles étaient les chances que, sur cette Terre, vivent deux personnes qui se ressemblaient exactement et portaient le même prénom et le même nom ? Infinitésimales certainement, à la limite du nul.  

 

- Elle… elle s’appelle comme cela également ?, balbutia Kaori, voyant son air hagard.  

- Oui., souffla-t-il.  

- Enfin…, s’appelait., corrigea-t-il, ne parvenant à quitter son visage des yeux, ses nom et prénom tournant en boucle dans son cerveau.  

- Elle… Elle est morte ?, demanda la jeune femme, la gorge serrée.  

- Oui, il y a un peu moins de deux ans, le douze mai., lui apprit-il, détournant le regard.  

- Le douze mai ? C’est une plaisanterie ?, demanda-t-elle, nerveuse.  

 

Elle ne put s’empêcher de se lever et de commencer à faire les cent pas devant lui. Son esprit cogitait à une vitesse vertigineuse, ne sachant quoi penser de toutes ces informations qui lui tombaient dessus. Soudain, deux mains se posèrent sur ses épaules, l’empêchant de continuer et elle leva les yeux pour croiser le regard sombre de Ryo.  

 

- En quoi serait-ce une plaisanterie ? Ma femme est morte le douze mai il y a deux ans., répéta-t-il d’une voix dure.  

- Mon Ryo est mort le douze mai également il y a deux ans., lui apprit-elle, une larme échappant de ses prunelles.  

 

Il comprit alors son désarroi et l’attira contre lui, l’enlaçant comme pour la protéger de toute cette douleur qu’il ressentait et qui devait également la faire souffrir. Quel était ce nouveau tour pendable du destin qui leur faisait perdre le même jour leur moitié respective et les faisait se retrouver d’une autre manière sans comprendre comment ni pourquoi ?  

 

- Toi non plus, tu n’arrives pas à surmonter son décès ?, murmura Kaori, s’agrippant à lui.  

- Ca a été dur mais j’ai retrouvé un certain sens à la vie., admit-il, caressant sa nuque doucement.  

- Tu as de nouveau quelqu’un dans ta vie ? J’ai vu le gel-douche dans la salle de bains., lui apprit-elle, se sentant étrangement blessée.  

 

Ryo aurait-il été pareil ? Aurait-il su surmonter son décès mieux qu’elle n’avait surmonté le sien ? Aurait-il pu oublier ce qu’ils avaient été ou vivre avec cette perte ? Elle ferma les yeux, luttant contre le chagrin.  

 

- J’ai une fille, notre fille. Elle est partie pour quelques jours., lui répondit-il.  

- Tu… Tu as plus de chance que moi apparemment., bredouilla-t-elle tout en s’écartant, le regret la prenant.  

- Il… Vous… Ca faisait longtemps ?, lui demanda-t-il, curieux.  

- Tout dépend de quoi tu parles., répliqua-t-elle cyniquement.  

- Nous avons travaillé et vécu ensemble huit ans mais, comme couple, ça ne faisait qu’un mois… Et vous ?  

- Douze ans. On se connaissait depuis douze ans et on était ensemble depuis onze ans environ., lui apprit-il.  

 

Sciée par la nouvelle, Kaori se laissa tomber sur le canapé devant lequel elle s’était arrêtée, la tête entre les mains. Pareil et pourtant si différent…, se dit-elle, le cœur serré. Les choses auraient-elles pu tourner différemment si elle avait avoué à Hide qu’elle avait rencontré son partenaire ce jour-là ? Est-ce qu’en côtoyant Ryo plus tôt, leur relation aurait été différente et qu’ils auraient pu avoir tout ce temps que le Ryo devant elle avait eu avec sa Kaori ?  

 

- Kaori… Kaori, parle-moi…, lui demanda-t-il, s’agenouillant devant elle, les mains sur ses genoux.  

- J’ai rencontré Ryo lorsque j’avais seize ans aussi mais ça n’a duré que quelques heures et après on ne s’est revus que quatre ans plus tard…, lui expliqua-t-elle.  

- Toutes ces similitudes, c’est… troublant., pipa-t-il, comprenant son désarroi.  

- Oui., fit-elle, hochant la tête.  

- J’aurais aimé avoir un enfant de lui. Je savais que ce n’était pas possible mais j’aurais aimé., lui confia-t-elle, se triturant les doigts.  

- Moi aussi avec le recul…, admit-il.  

- Mais tu as dit…, souffla-t-elle, ne comprenant pas.  

- Je considère Xiang Ying comme notre fille parce qu’elle porte le cœur de Kaori en elle mais ce n’est pas notre fille biologique., lui expliqua-t-il.  

 

La rouquine le regarda et vit cette douceur dans son regard, la tendresse d’un père pour son enfant mêlée à l’amour d’un mari pour sa femme.  

 

- Tu la vois encore en elle. Elle porte son cœur donc c’est comme si elle vivait toujours, n’est-ce pas ?, murmura-t-elle.  

- Pourquoi dis-tu cela ?, lui retourna-t-il, détournant le regard, gêné.  

- Je ne sais pas. Peut-être à cause de ton regard. Il y a de la tristesse mais aussi une espèce de sérénité. Tu sais qu’elle n’est plus là mais en même temps tu as l’impression qu’elle l’est toujours., ajouta-t-elle, émue.  

 

Il ne répondit pas mais la fixa de nouveau, un peu surpris par cette empathie qu’il retrouvait comme chez sa Kaori.  

 

- Je t’envie. Je n’ai pas ça. Ryo est parti. Je n’ai plus rien à quoi me raccrocher à part l’espoir de le revoir dans l’au-delà, tôt ou tard… plutôt tôt d’ailleurs mais je n’ai pas le courage de faire ce qu’il faut…, murmura-t-elle, sentant de nouveau les larmes lui monter aux yeux.  

 

Toute cette histoire était bien trop dure à gérer pour elle. C’était comme si on lui mettait devant le nez tout ce qu’elle aurait pu avoir et n’avait pas eu. Ca faisait remonter la colère, la douleur, les doutes, les regrets.  

 

- Tu ne devrais pas dire cela, Kaori. Je suis sûr que ton Ryo voudrait que tu vives, que tu sois heureuse., lui opposa-t-il d’une voix douce.  

- Sans lui ? Impossible. Il était mon tout, ma famille. Plus rien n’a de sens. Tout est devenu si noir depuis…, répliqua-t-elle, serrant les poings de colère.  

- Mais tu as bien du monde autour de toi ?, lui retourna-t-il, soucieux.  

- Des amis. Je n’ai plus de famille proche à part une sœur qui vit aux Etats-Unis mais que je n’ai connue qu’il y a quelques années., répondit-elle d’une voix qui l’émut profondément.  

 

Il regarda cette jeune femme dont il pouvait ressentir le poids de la solitude qui pesait sur ses épaules. Il la sentait seule au monde… comme il s’était senti jusqu’à l’apparition de Xiang Ying dans sa vie. Plus rien ne la raccrochait à la vie.  

 

- Quand tu dis que tu n’as plus de famille proche, ça veut dire que tu es orpheline et que tu as été séparée de ta sœur à l’orphelinat ?, l’interrogea-t-il d’un ton neutre.  

- Mon père biologique m’a enlevée, a assassiné un homme et a été tué par le policier qui le poursuivait., lui expliqua-t-elle.  

- Makimura…, murmura-t-il.  

 

Elle leva les yeux, surprise par sa réaction, par le fait qu’il ne semblait pas plus étonné que cela de cette histoire.  

 

- Tu connais cette histoire ? Ta Kaori a eu le même parcours ?, lui demanda-t-elle.  

- A vrai dire, je ne sais pas si c’est exactement pareil. Mais ma Kaori a aussi été adoptée par Makimura père un peu dans les mêmes circonstances., admit-il.  

 

Elle le dévisagea un moment en silence, son cerveau tournant à vive allure. La question lui brûlait les lèvres mais elle n’osait la poser comme si elle risquait de réveiller d’autres fantômes. Malgré tout, elle avait besoin de savoir et elle trouva le courage dans le regard de l’homme face à elle.  

 

- Est-ce… est-ce qu’elle avait un frère ?, murmura-t-elle, ne sachant si elle espérait ou redoutait la réponse.  

- Oui. Il s’appelait…, répondit-il, une brève lueur flashant dans son regard qu’elle ne sut déchiffrer.  

- Hideyuki., le coupa-t-elle.  

 

Soufflé par cette nouvelle similitude, Ryo ne put qu’acquiescer et se releva pour s’asseoir à ses côtés.  

 

- Alors toi aussi… Waouh, c’est vraiment… stupéfiant., murmura-t-il, prenant sa main.  

 

La mort de son ami laissait encore un grand vide dans son cœur et, s’il avait bien compris tout ce qui venait de se dire, il ne pouvait qu’en déduire que son Hideyuki était aussi mort.  

 

- Tu en parles au passé. Il est donc également mort., conclut-elle à voix basse.  

- Oui., admit-il.  

 

Elle ferma les yeux un bref instant pour lutter contre la douleur qui remontait, douleur qui lui semblait double aujourd’hui en pensant au frère de son sosie. Toutes ces similitudes étaient troublantes. Elles auraient dû la faire pencher pour une mise en scène pour… pour quoi ? La piéger ? Mais à quel dessein ? La tuer ? Elle aurait déjà dû être morte cette nuit. Lui faire avouer quelque chose ? Tout ça ne collait pas. Non, ça n’allait pas sinon pourquoi s’amuser à créer également toutes ces différences ? Pourquoi ne pas lui faire croire complètement qu’elle avait retrouvé son Ryo, que la femme qu’il avait aimée n’était autre qu’elle ?  

 

- J’ai l’impression d’être dans un mauvais film., lâcha-t-elle soudain.  

 

Elle se leva et alla s’adosser au bar, lui faisant face, les bras croisés comme pour se réchauffer. Comme s’il sentait son agitation, son besoin de se protéger, Ryo ne la rejoignit pas. A vrai dire, il avait le même sentiment, les mêmes questions et toujours la même impression : elle n’était pas une ennemie.  

 

- Et si tu me disais comment tu es arrivée ici ? On y verrait peut-être un peu plus clair., lui suggéra-t-il, se laissant nonchalamment aller dans le divan, les bras écartés bien en évidence.  

 

Peut-être que ça la rassurerait de voir ses mains, qu’elle se sentirait plus en sécurité, se dit-il. Kaori le regarda un instant avant de fixer les yeux sur le ciel bleu qu’elle pouvait voir par la fenêtre. Fronçant les sourcils, elle tenta de remettre ses souvenirs dans l’ordre. La voyant cogiter, Ryo garda le silence, attendant qu’elle prenne la parole. S’il n’était pas vraiment frais la nuit précédente, il se remémorait malgré tout son air perdu.  

 

- Je… Je ne sais pas très bien ce qui s’est passé en fait. C’est assez flou., commença-t-elle, fixant toujours l’extérieur.  

- Dis-moi ce dont tu te rappelles., suggéra-t-il posément.  

 

Kaori tourna la tête et plongea dans son regard. Elle y resta un moment avant de venir s’asseoir à ses côtés.  

 

- J’étais… chez nous. Je manipulais un objet ancien que j’avais récupéré pour un client., lui apprit-elle.  

- Quel genre d’objet ? Du genre à contenir des gaz spécifiques, des toxines ou poisons ? Tu sais, du genre hallucinogènes…, suggéra-t-il.  

- Rien de tout cela. C’était un objet en forme de tétraèdre avec des symboles divers et variés et une pierre au sommet., objecta-t-elle, voyant l’artefact dans ses mains, la manière dont elle l’avait manipulé.  

 

Elle plissa le nez et se massa les tempes, sentant un mal de crâne poindre. Une main se posa sur sa nuque et la massa doucement. Elle se laissa aller sous la caresse, se demandant s’ils en seraient arrivés là avec Ryo. Leur relation était encore fraîche. Tout n’était pas naturel entre eux, comme les petites gestes de ce genre… Elle se doutait que ce Ryo-là avait eu ce geste-là avec sa Kaori et que c’était certainement un réflexe de sa part pour soulager la femme qui ressemblait tant à la sienne.  

 

- Palingénésium… C’est le nom de cet objet. Le client disait que c’était un objet précieux car il montrait l’interaction entre trois cultures. Il m’a précisé qu’on lui prêtait la réputation d’avoir un certain pouvoir., se remémora-t-elle, se tournant vers Ryo, les yeux légèrement écarquillés.  

- Tu crois…, souffla-t-elle.  

- Non, c’est idiot…, s’opposa-t-elle, secouant la tête pour chasser cette idée idiote.  

- Je crois quoi ? Vas-y, dis-le., l’encouragea-t-il.  

- Non, c’est idiot, je te dis. Ce n’est pas possible., assura-t-elle, baissant les yeux.  

 

Ryo la regarda, imaginant très bien le cours de ses pensées. Elle semblait tout aussi rationnelle que l’avait été sa Kaori.  

 

- Il y a bien eu cette lumière étrange et je me suis évanouie… mais ce n’est pas possible…, répéta-t-elle à voix basse pour elle-même.  

- Kaori, parle-moi., l’incita-t-il.  

- Non, ce n’est pas possible., s’entêta-t-elle, gardant les yeux baissés sur ses doigts qu’elle triturait.  

 

Comment lui faire comprendre ? Comment l’inciter à vocaliser ce qui la taraudait, ce qu’il avait besoin d’entendre également, la seule raison peut-être qui pouvait expliquer sa présence ici, toutes ces coïncidences qui ne se justifiaient pas ou peut-être que d’une seule manière ? Il posa les mains sur les siennes, les séparant en les maintenant enserrées, les caressant doucement pour l’apaiser. D’une, il la fit légèrement pivoter vers lui alors que l’autre remontait son bras puis son épaule. Il la sentit frémir à la caresse, se rappelant également ces mêmes gestes effectués la nuit dernière. Il s’arrêta sur sa nuque, laissant son pouce caresser la zone jusqu’à son oreille avant de l’attirer à lui et de l’embrasser. Il explora ses lèvres avec douceur et tendresse. Il savait que ce n’était pas sa Kaori en face de lui mais cette femme éveillait quelque chose en lui qu’il n’avait plus ressenti depuis elle.  

 

Kaori tenta de résister un moment, de ne pas se laisser submerger par le même désir que la nuit précédente. Elle ne voulait pas avoir l’impression d’utiliser l’homme face à elle comme un substitut de son amour défunt mais les sensations qui montaient étaient enivrantes et elle finit par répondre à son baiser, glissant les mains derrière sa nuque, s’abandonnant à ses lèvres. Quand elle s’entendit gémir cependant, elle ressentit une profonde culpabilité et s’écarta brusquement.  

 

- Je… Je ne peux pas., murmura-t-elle.  

- Tu culpabilises ?, l’interrogea-t-il, l’empêchant de se lever.  

 

Elle détourna le regard mais finit par acquiescer.  

 

- Kaori, s’il t’aimait comme je l’aimais, il voudrait juste que tu sois heureuse., lui dit-il.  

 

Elle ne répondit pas et il ne dit rien, comprenant très bien ses sentiments. Si ça avait été une autre femme qu’elle, il n’aurait probablement pas été capable de tout cela mais, là, il avait juste la sensation d’avoir une seconde chance pour lui dire, lui montrer tout ce qu’il n’avait pas pu faire avant et, surtout, il détestait la voir aussi dépourvue. Il voulait la voir sourire. Ses raisons valaient pour l’une, l’autre ou les deux. Même s’il les savait différentes, c’était tout de même un peu la confusion dans son esprit.  

 

- Quoiqu’il en soit, ça t’a semblé réel ?, changea-t-il de sujet.  

- Le baiser ? Oui, bien sûr que oui., répondit-elle après l’avoir vu acquiescer.  

- Tu pensais que ce serait encore possible un jour ?, insista-t-il.  

- Non… Quelles étaient les chances que…, commença-t-elle avant de s’arrêter.  

 

Cette discussion était surréaliste, toute cette situation était surréaliste et pourtant…  

 

- Exactement : quelles étaient les chances qu’on se rencontre. Donc tu manipules un objet ancien, peut-être doté d’un pouvoir, une lumière s’allume et…, l’interroge-t-il, l’invitant à continuer.  

- Je me suis évanouie chez moi et je me suis réveillée ici, chez toi., acheva-t-elle, tapotant le divan où elle avait repris connaissance.  

- Il s’est passé autre chose ?, la questionna-t-il.  

 

Elle leva les yeux et le regarda, se souvenant de ses pensées au moment où l’artefact s’était illuminé.  

 

- Je pensais à mon Ryo., lui apprit-elle.  

- A son corps de rêve et ses blagues vaseuses ?, l’interrogea-t-il, malicieux.  

 

La remarque eut le don de la faire rire de bon cœur, ce qui le fit sourire, repensant nostalgiquement à sa Kaori.  

 

- C’est la première fois que tu souris depuis ce matin. Tu as un beau sourire., lui apprit-il, caressant sa joue tendrement.  

- Je… merci., balbutia-t-elle, ses joues se teintant.  

- Donc tu pensais à quoi ?, se reprit-il, repensant à leur conversation.  

- A le retrouver. Je pleurais et je voulais retrouver Ryo. La lumière s’est allumée, m’a englobée et je suis arrivée ici., résuma-t-elle.  

 

Elle le regarda, cherchant la réponse à ses questions mais ne la trouva pas. Il n’y avait pas de réponse rationnelle, rien de logique à ce qui s’était passé… Frustrée, elle poussa un long soupir.  

 

- On serait dans une série télévisée, je dirais que je suis arrivée dans un monde parallèle., souffla-t-elle. 

 


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