Hojo Fan City

 

 

 

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Rated G - Prosa

 

Autore: Mercury80

Status: Completa

Serie: City Hunter

 

Total: 54 capitoli

Pubblicato: 27-08-21

Ultimo aggiornamento: 15-11-21

 

Commenti: 5 reviews

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RomanceDrame

 

Riassunto: NC-17 Ils étaient de nouveau seuls, chacun de leur côté, gérant chacun à leur façon. Une seconde chance leur est offerte. A quoi est-on prêts pour toucher à nouveau le paradis dans une vie ?

 

Disclaimer: Les personnages de "Vivre ou se laisser mourir" sont la propriété exclusive de Tsukasa Hojo.

 

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   Fanfiction :: Vivre ou se laisser mourir

 

Capitolo 8 :: Chapitre 8

Pubblicato: 06-09-21 - Ultimo aggiornamento: 06-09-21

Commenti: Bonjour, voici la suite de l'histoire. Bonne journée, bonne lecture et merci pour vos commentaires^^

 


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Chapitre 8  

 

- Kaori… Kaori, réveille-toi… Allez, réveille-toi., continua de l’appeler Ryo.  

 

Allongée dans ses bras depuis quelques instants, la jeune femme gémit et ses paupières papillonnèrent avant de s’ouvrir, cherchant un peu avant de trouver le regard onyx qui l’apaisait. Elle s’accrocha aux perles noires pour retrouver le chemin de la réalité. Les images remontèrent à la surface et elle sentit ses yeux s’emplir de larmes.  

 

- Qu’est-ce que j’ai fait ? Qu’est-ce que j’ai fait, Ryo ?, gémit-elle.  

 

Inquiet de sa réaction, il la redressa et la serra contre lui. Il sentait les tremblements de son corps contre le sien et ça l’inquiéta. Il tenta de s’écarter pour l’examiner mais elle agrippa sa veste et l’empêcha de s’éloigner.  

 

- Je suis là., la rassura-t-il, la serrant un peu plus fort contre lui.  

- Je les ai abandonnés., murmura-t-elle, se calmant progressivement.  

- Qui ?, la questionna-t-il.  

- Mes amis… Je les ai abandonnés. Ils vont s’inquiéter pour moi. Ils le font toujours., expliqua-t-elle, les doigts toujours serrés sur sa veste.  

- Comme le font tous les amis., lui fit Saeko d’une voix douce.  

 

Kaori la regarda un moment et finit par acquiescer. Elle aussi s’inquiétait pour eux mais elle le faisait très mal depuis deux ans alors qu’elle cherchait des missions toujours plus dangereuses sans se soucier de l’inquiétude qu’elle leur causait.  

 

- Si on se levait ?, proposa Ryo.  

 

Il baissa les yeux sur elle et croisa son regard noisette bouleversé. Il lut son émotion mais il vit aussi sa volonté de remonter la pente. Elle s’accrochait à lui mentalement alors que ses doigts desserraient leur emprise sur sa veste. Elle finit par acquiescer et elle trouva une main tendue pour l’aider à se relever en plus des deux bras qui la soutenaient.  

 

- Merci Saeko., remercia-t-elle la commissaire quand elle lâcha sa main.  

- De rien., éluda cette dernière.  

- Alors que s’est-il passé ? Tu veux aller voir un médecin ?, suggéra Ryo, soucieux.  

- Pas de médecin. J’ai… J’ai eu… une vision., leur apprit-elle, leur adressant un regard anxieux.  

- Tu te souviens de ce qui se passait ?, l’interrogea-t-il.  

- Je crois… Je crois que j’ai eu une vision de ce qui se passe dans mon monde. Mick, un de mes amis est venu chez moi et il a découvert l’artefact par terre et… ma disparition., expliqua-t-elle.  

- Autre chose ?, l’interrogea-t-il, restant calme.  

- Non.  

 

Elle prit place sur un tabouret, sentant ses jambes encore faibles, et avala machinalement une gorgée de café sans faire attention à la tasse qu’elle avait prise. Elle grimaça au goût amer, ce qui fit sourire Ryo.  

 

- Si tu veux connaître mes pensées, il suffit de demander., la taquina-t-il, reprenant sa tasse et lui tendant la sienne.  

 

Encore un peu tendue, elle lui sourit malgré tout légèrement.  

 

- Ca t’arrive souvent, ces visions ?, l’interrogea Saeko, s’asseyant face à eux.  

- J’en ai déjà eu concernant l’artefact qui m’a amenée ici mais, de mon monde, c’est la première. Il avait l’air si inquiet…, culpabilisa la rouquine.  

- Tu n’as pas cherché ce qui t’est arrivé, Kaori. Tu leur expliqueras quand tu rentreras., tenta-t-il de l’apaiser même si l’idée ne lui plaisait pas.  

 

Elle leva les yeux vers lui et il lut son incertitude. Egoïstement, il se sentit moins mal de savoir qu’elle n’était pas si pressée de rentrer chez elle.  

 

- Oui… je ferai ça., murmura-t-elle, partagée entre l’envie de soulager ses amis et celle de rester là avec lui.  

 

En deux jours, il lui avait fait redécouvrir ce que vivre signifiait et elle avait oublié à quel point c’était bon même si parfois c’était dur à cause de la culpabilité.  

 

- Si on rentrait ? Tu as l’air épuisée., suggéra Ryo.  

 

Kaori acquiesça et ils s’en allèrent, laissant Saeko et Umibozu seuls.  

 

- Tu en penses quoi ?, lui demanda-t-elle.  

- Je ne sais pas. Ca faisait longtemps que je ne l’avais pas senti ainsi mais la chute risque d’être rude. Je n’imagine pas non plus ce que ça donnera dans quelques jours…, lui répondit-il, soucieux.  

- Le retour de Xiang Ying et donc de Kaori. Je n’ai aucune idée de la manière dont elle va réagir. Je ne sais moi-même pas quoi en penser., avoua-t-elle.  

- Pareil. Tu imagines ce que ça doit être pour elle. Elle n’a personne de confiance vers qui se tourner si ça se passe mal., lui fit-il remarquer.  

- Elle a Ryo., lui opposa Saeko qui avait bien vu l’attachement de son ami pour la jeune femme.  

- Mais s’il doit choisir entre les deux Kaori ?, objecta-t-il.  

- Je ne sais pas laquelle gagnera. Il aime sincèrement Kaori mais elle est là sans être là et celle-là, je crois… je crois qu’il s’attache., soupira la commissaire.  

- Je ne pense pas qu’il y aura de gagnant. Je crois qu’ils pourraient être perdants tous les trois., conclut-il.  

 

Saeko l’observa un instant, méditant ses paroles, puis acquiesça, terminant son café en silence. La dernière chose étrange qui était arrivée avait apporté quelque chose de bon dans leurs vies mais celle-ci n’avait pas l’air de se profiler de la même manière.  

 

Rentrés à l’appartement, Ryo et Kaori déjeunèrent rapidement d’un repas pris chez le vieux Chen. Il n’avait pas eu l’envie de répondre à plus de questions et avait demandé à sa compagne d’attendre à l’extérieur, ce qu’elle avait fait sans rechigner, s’appuyant contre le mur et se laissant baigner par la chaleur tiède du soleil.  

 

- Je vais aller laver les vêtements pour qu’ils soient prêts demain., lui dit-elle alors qu’ils venaient d’achever la vaisselle.  

 

Il l’aida à amener les sacs dans la buanderie et s’éclipsa, se demandant comment elle allait réagir quand elle verrait ce qu’ils contenaient. Il fut un peu surpris quand il la vit revenir sans avoir été appelé vertement à venir s’expliquer.  

 

- Pourquoi, Ryo ? Pourquoi tu as pris des vêtements en plus de ceux que j’avais essayés ?, lui demanda-t-elle, restant debout alors qu’il était allongé dans le divan.  

- Parce que tu as besoin de plus que ce que tu avais pris., répondit-il sans faillir.  

- J’avais ce dont j’ai besoin., lui opposa-t-elle.  

- Non et tu le sais. De toute façon, c’est fait et je ne compte pas retourner au magasin pour rendre les affaires. Je n’ai pas de temps à perdre., conclut-il le sujet.  

- Si on allait dans la chambre plutôt ?, suggéra-t-il.  

- Je n’apprécie pas que tu veuilles me faire taire en me proposant une partie de jambes en l’air !, lui fit-elle savoir sèchement.  

- Ce n’est pas parce que tu as une belle gueule que je vais tout te passer !  

 

Sur ces paroles, elle tourna les talons et alla s’enfermer dans la chambre. Elle s’allongea sur le lit en rage et maugréa pendant un moment avant de se taire et de fixer les nuages par la fenêtre. La matinée avait été riche en émotions et elle se demandait si tous les jours seraient pareils. Comment rester calme dans ces circonstances ? Comment profiter au mieux de ces moments sans se laisser submerger ? Comment gérer la relation qui naissait avec cet homme qu’elle connaissait et ne connaissait pas à la fois, avec ses amis ?  

 

Ryo ouvrit doucement la porte, se demandant si elle s’était endormie. Il l’observa un moment avant d’avancer dans la chambre. Elle avait le dos tourné et était parfaitement immobile. Il aurait pu s’emporter tout à l’heure, vexé qu’elle ait tout de suite sauté à la conclusion qu’il voulait lui faire l’amour alors qu’il n’aspirait qu’à s’allonger avec elle et se reposer un peu. Elle en avait besoin et lui aussi. Il avait été surpris de sa colère mais quelque chose l’avait retenu de laisser sortir la sienne. C’étaient peut-être ses mots ou son regard douloureux, il ne savait pas mais il l’avait simplement laissée partir sans un mot. Silencieusement, il approcha du lit et vint s’allonger derrière elle. Il se contenta de cela sans la toucher malgré l’envie qu’il avait de le faire.  

 

- Tu as le droit d’être fâché contre moi…, murmura-t-elle.  

- Je voulais seulement te proposer de te reposer, Kaori… enfin, qu’on se repose ensemble. On n’a pas beaucoup dormi cette nuit., lui expliqua-t-il.  

- Oh… Dis-le., souffla-t-elle d’une voix contrite.  

- Te dire quoi ?, lui retourna-t-il.  

- Que je suis une idiote impulsive et irascible., expliqua-t-elle avec amertume.  

- Non, je ne le dirai pas… sauf pour l’impulsive peut-être…, ironisa-t-il.  

- Je suis désolée d’avoir sauté à la conclusion que tu voulais… Je suis désolée., dit-elle.  

- Ne le sois pas. Tu as dit que j’avais une belle gueule. Ca me flatte., plaisanta-t-il.  

 

Il l’entendit rire et sourit en réponse. C’était la manière dont il aimait la voir, souriante, pétillante, légère.  

 

- Si tu me parlais un peu de tes amis ?, suggéra-t-il.  

- Que veux-tu savoir ?, demanda-t-elle d’une voix où perçait l’épuisement.  

- Umibozu est comme ici, cafetier, mais il est marié à Miki. Qui est-elle ?, précisa-t-il.  

- C’est une jeune femme qu’il a rencontrée sur les champs de guerre quand elle était encore enfant. Il l’a gardée près de lui jusqu’à ce qu’il s’aperçoive qu’elle était tombée amoureuse de lui. Il l’a quittée mais elle est revenue le trouver quelques années plus tard et elle a pu rester avec lui après un duel entre Ryo et lui., expliqua-t-elle, un sourire nostalgique étirant ses lèvres.  

 

Elle se souvenait de la jalousie qui l’avait poussée à aider Miki, jalousie alimentée par les paroles du géant qui lui avait affirmé ne pas avoir la force de Ryo pour garder la femme qu’il aimait près de lui. Elle n’avait pas compris qu’il parlait d’elle, ne l’avait su que bien plus tard. Elle frissonna et sentit une main se poser sur sa hanche. Comme une invite, elle se recula jusqu’à le toucher et la main glissa sur son ventre.  

 

- Comment tu as connu Umibozu ?, l’interrogea-t-il.  

- C’était un rival de Ryo.  

- Un rival avec lequel il était ami ?, s’étonna-t-il.  

- Un peu comme chien et chat… pour quelqu’un qui a une trouille bleue des chats…, pipa Kaori, ironique.  

- Ryo avait peur des chats ?, lâcha-t-il, dubitatif.  

- Non, pas Ryo, Umi… les chatons pour être précis. Quand je l’ai rencontré, Umi était un concurrent de Ryo. Ils faisaient le même boulot, rivalisaient sur certaines enquêtes, se faisaient des coups bas et se chamaillaient mais il y avait néanmoins une certaine forme de respect entre eux. Ce que je n’ai su que bien plus tard, c’est qu’ils étaient dans des camps opposés quand ils étaient plus jeunes., expliqua-t-elle d’une voix plus terne.  

 

Il posa les lèvres sur sa nuque pour lui signifier qu’il était là. Elle se détendit un peu.  

 

- Comment se sont-ils retrouvés dans des camps opposés ?, l’interrogea-t-il.  

- Guérilla en Amérique Centrale. Umi était dans les forces gouvernementales et Ryo dans le camp opposé.  

- Comment s’est-il retrouvé là ?, s’étonna Ryo.  

- Par hasard. L’avion dans lequel il voyageait s’est écrasé dans la forêt tropicale. Il n’avait que trois ans et il a survécu et trouvé un village., lui apprit-elle.  

- Un village de guérilleros, je suppose ?, suggéra-t-il.  

- Oui.  

- Il se souvenait de son nom en étant si petit ?, lui demanda-t-il, intrigué.  

- Non. C’est celui qui lui a servi de père qui le lui a donné., répondit-elle.  

 

Il compara son histoire à celle de son compagnon, se demandant comment il était possible que dans deux mondes parallèles, ils se soient retrouvés à porter le même faux nom dans des circonstances aussi différentes. Il fallait quand même une sacrée dose de hasard pour que tout cela arrive dans leurs deux mondes.  

 

- Je suppose que ce n’est pas ce qui t’est arrivé., pipa-t-elle, jugeant à son comportement.  

- Non, en effet. J’ai grandi en orphelinat jusqu’au jour où il y a eu un incendie. J’ai profité de la panique pour m’enfuir, persuadé que je pourrais me débrouiller seul…  

- Et retrouver ta famille ?, suggéra-t-elle.  

- Non, pas vraiment. J’avais passé l’âge de croire qu’ils étaient encore vivants ou intéressés pour me connaître. De fil en aiguille, je suis devenu un mauvais garçon comme on dit puis mercenaire un peu par hasard. C’est là que j’ai rencontré Umi. Tout ça a duré un temps avant que je revienne œuvrer ici comme nettoyeur, l’un des meilleurs même…, se vanta-t-il avec une légère pointe d’amertume qu’elle entendit et comprit.  

- Jusqu’au jour où tu l’as rencontrée, n’est-ce pas ?, fit-elle, posant une main sur la sienne.  

- Je suis resté l’un des meilleurs mais pour de meilleures causes., approuva-t-il.  

- Pourquoi Ryo Saeba ? Enfin, je suppose que ce n’était pas ton nom à la base., fit-elle, intriguée.  

 

Il garda le silence un moment, se souvenant du jour où la vie avait décidé de son identité définitive, de celui qu’il serait et d’avec qui il voulait l’être. Son cœur battit douloureusement et il se concentra sur le pouce qui caressait sa main pour calmer le mal.  

 

- C’est Kaori qui a choisi. J’avais tout un panel d’identités, fausses bien évidemment, et elle a décidé que je m’appellerai Ryo Saeba., expliqua-t-il d’une voix nostalgique.  

- Ca… Ca a dû être symbolique pour toi., murmura-t-elle, se rappelant de ce que ça avait signifié à ses yeux et à ceux de Ryo le jour où elle lui avait donné une date d’anniversaire.  

- Oui., admit-il d’une voix un peu sourde.  

- Et si tu me parlais de Mick ? En voilà un que je ne connais pas., lui fit-il savoir, changeant pour un sujet moins sensible.  

- Il serait vexé., s’amusa-t-elle.  

- En fait, Ryo et lui étaient partenaires quand Ryo était aux Etats-Unis. C’était après la guérilla mais je ne sais pas trop quand en fait. Je ne sais pas non plus combien de temps ça a duré., avoua-t-elle.  

- Pourquoi j’ai l’impression que tu ne sais pas grand-chose de lui ?, fit-il remarquer.  

 

Même s’il était derrière elle, elle baissa les yeux, honteuse. Elle avait l’impression de partager beaucoup plus de choses avec cet homme rencontré deux jours auparavant avec qui elle avait en plus couché dès le premier soir qu’avec l’homme qu’elle avait aimé tant d’années.  

 

- Parce que c’est le cas. Il refusait de me parler de son passé. Ce que je sais, c’est par hasard que je l’ai appris et pas toujours de sa bouche., répondit-elle à voix basse.  

- Pourtant, il devait te faire confiance, non ? Il ne te prenait pas pour une idiote quand même ?, lui demanda-t-il, ne pouvant empêcher une pointe de colère de percer dans sa voix.  

 

Elle se redressa brusquement et lui fit face, le visage dur.  

 

- Non ! Ne dis pas ça. Il… Il voulait juste me protéger. Ce qu’il avait vu, ce qu’il avait fait était si laid qu’il ne voulait plus en parler. C’est tout. Tout ce temps, il n’a jamais voulu que me protéger de son monde., acheva-t-elle, les larmes lui montant aux yeux.  

- Excuse-moi, Kaori. Excuse-moi. Je ne voulais pas…, s’excusa-t-il, se redressant à son tour et la prenant dans ses bras.  

- Je ne comprends pas votre relation. Elle semble si absolue et en même temps si bancale. C’est comme si tu lui avais tout donné et lui pas grand-chose. Je veux dire, j’ai mis du temps avec Kaori pour accepter de concrétiser notre relation en engagement mais on partageait des choses. Toi, j’ai l’impression que tu t’en aies pris plein la tronche pendant des années avant qu’il accepte. J’espère me tromper en disant cela., lui confia-t-il.  

 

Face à son silence, il ferma les yeux, comprenant qu’il avait visé juste. Il ne comprenait pas comment on pouvait en arriver à blesser la personne qu’on prétendait aimer. D’un autre côté, si elle l’avait aimé aussi intensément, il devait bien avoir de bons côtés, quelque chose qui avait attiré son attention, éveillé ses sentiments.  

 

- Tu ne te trompes pas., murmura-t-elle, restant serrée contre lui pour ne pas affronter son regard.  

- Mais j’ai accepté tout cela parce qu’il y avait plus en lui que ce qu’il me montrait, que j’ai compris que, pour lui, aimer n’était pas inné. Il m’a fallu longtemps pour comprendre que cet homme avait grandi en apprenant qu’aimer quelqu’un était une faiblesse. Il était bon, Ryo. Il était droit, courageux et généreux mais d’une manière particulière. Il m’a acceptée dans sa vie, m’y a fait une place alors qu’il n’avait aucune obligation de le faire. Il s’est ouvert à moi et j’étais la seule avec qui il l’a fait. On se comprenait au-delà des mots., expliqua-t-elle.  

 

Il la tint contre lui et caressa sa nuque. Il comprenait un peu mieux leur relation et la complexité du personnage à qui elle avait donné son cœur. Il appréhendait mieux le poids des regrets à ne pas avoir eu plus de temps avec lui pour profiter des bons moments.  

 

- Il m’aimait vraiment., conclut-elle, la gorge nouée.  

- Je te crois, Kaori., fit-il, la poussant doucement à se rallonger.  

 

Ils restèrent un long moment enlacés sans rien dire, réfléchissant simplement à ce qu’ils s’étaient dits, repensant à leurs propres parcours, à ce qui avait été et aurait pu être, aux implications que ça pouvait avoir pour le moment présent…  

 

- Tu me demandais qui est Mick…, finit-elle par embrayer.  

- Oui. Ca doit être quelqu’un de proche pour qu’il vienne ainsi te voir et s’inquiète de ta disparition., suggéra-t-il.  

- Un ami très proche. Il veille sur moi, d’autant plus qu’il habite juste en face de chez moi., lui apprit-elle.  

- Il ne serait pas un peu amoureux de toi, par hasard ?, l’interrogea-t-il innocemment.  

 

Intérieurement, il priait pour qu’elle lui dise non, pour être sûr qu’il avait un peu plus de chance avec elle, qu’il ne cherchait pas à gagner un cœur qui avait un autre prétendant en plus d’un propriétaire défunt.  

 

- Mick ? Non, c’est fini depuis longtemps. Il a une femme dans sa vie avec qui il est très heureux., lui apprit-elle, un sourire aux lèvres.  

- Donc il y a eu quelque chose entre vous ?, fit-il, soupçonneux.  

- Il a été attiré mais il n’a pas persévéré en s’apercevant qu’il n’aurait pas gain de cause, que mon cœur était déjà pris., lui répondit-elle.  

- Depuis, ça s’est mué en profonde amitié. Pas de quoi être jaloux, tu vois., le taquina-t-elle.  

- Jaloux ? Qui est jaloux ?, répliqua-t-il, jouant les innocents.  

 

Elle leva les yeux vers lui, lui adressant un regard malicieux. Il esquissa un sourire amusé et captura ses lèvres brièvement avant de déposer un baiser sur son front.  

 

- Assez pour les confessions. Essaie de dormir un peu. Tu as l’air d’en avoir besoin., lui enjoignit-il.  

 

Elle ferma les yeux et se laissa bercer par le mouvement de ses doigts dans ses cheveux.  

 

- Je suis désolé, Kaori.  

- Umi ?  

- Ryo ne reviendra pas.  

- Je… Non… Il… Il m’a dit de l’attendre. J’ai mis une belle robe.  

- Il a été pris en traître. Il a tué son adversaire mais ils étaient trois au total. Il en a tué un deuxième mais le troisième… le troisième lui a mis une balle dans le dos.  

- Non… Ryo…  

 

Soudain, ses yeux s’ouvrirent et il la regarda, droit dans les yeux d’un air sombre.  

 

- Que fais-tu avec lui, Kaori ?, lui demanda-t-il.  

 

Le cœur battant à tout allure, elle bondit dans le lit avant d’en sauter et de sortir de la chambre pour s’enfermer dans la salle de bains. Elle s’observa dans le miroir, les joues maculées de larmes, ses pupilles dilatées et son teint blême. Le premier sanglot fut douloureux et elle ne put réprimer les suivants.  

 

- Kaori ? Kaori, ouvre-moi, s’il te plaît., l’appela Ryo.  

 

Il avait été surpris par la vitesse à laquelle les choses avaient évolué. Ils dormaient tous les deux l’un contre l’autre et, l’instant d’après, elle n’était plus là et avait mis une porte entre eux.  

 

Elle l’entendit mais se refusa à ouvrir la porte. Elle avait fauté. Elle avait trahi ce qu’ils avaient été. Elle avait cédé à la facilité, à ses pulsions sexuelles, à son besoin d’être protégée, d’être aimée, de ne plus être seule. Elle avait attendu son Ryo des années et elle avait laissé celui-là l’approcher en seulement quelques minutes. Elle lui avait peut-être même sauté dessus ou laissé faire sans protester. Elle l’avait juste utilisé pour incarner son amour perdu. C’était ça. Elle était devenue basiquement égoïste, manipulatrice.  

 

- Kaori, ouvre-moi. Ne reste pas seule, s’il te plaît., l’interpela-t-il à nouveau.  

 

Elle finit par ouvrir, essuyant ses larmes du revers de la main. Elle allait lui dire que tout était fini, s’excuser de ses actes odieux et qu’elle allait aller vivre ailleurs. C’était le mieux à faire. Elle releva le menton, croisa son regard inquiet et sa résolution flancha mais elle se résolut à suivre sa nouvelle ligne de conduite.  

 

- Je suis désolée, Ryo. Je ne voulais pas te blesser., commença-t-elle.  

- Que s’est-il passé ?, l’interrogea-t-il, soucieux face à son regard entre douleur et culpabilité.  

- Je t’ai utilisé pour le retrouver sans le vouloir. Je suis désolée. Il vaut mieux en rester là., lui apprit-elle d’une voix douloureuse.  

 

Il accusa difficilement le coup. Il l’observa un long moment, repensant à ce qu’ils avaient vécu depuis deux jours. C’était tout frais, certes, mais il doutait de ses mots, de ses intentions.  

 

- Comment t’en es-tu rendue compte ?, lui demanda-t-il.  

- Ca n’a pas d’importance. Je vais m’en aller.  

- Si, c’est important pour moi. Je ne te laisserai de toute façon aller nulle part sans être sûr que tu sois en sécurité., lui affirma-t-il.  

- Alors tu vas m’expliquer ce qui t’a fait réaliser cela et, après, on discutera du reste.  

 

Elle le fixa du regard et su qu’elle n’aurait pas gain de cause. Elle passa une main nerveuse dans ses cheveux, se sentant sur le point d’exploser, et jeta un œil vers l’extérieur.  

 

- On peut… On peut aller dans un endroit tranquille de préférence dehors ? J’ai besoin d’air., lui expliqua-t-elle.  

- Où veux-tu aller ?, l’interrogea-t-il, contenant mal son humeur.  

- Je ne sais pas. Au cimetière ? J’ai l’habitude d’y aller lorsque j’ai besoin de réfléchir., proposa-t-elle.  

 

Il acquiesça d’un air sombre et ils descendirent. Le trajet se fit dans un silence lourd. Arrivés là-bas, ils restèrent devant la grille, Kaori ne sachant où aller et Ryo attendant qu’elle se décide à bouger.  

 

- J’avais l’habitude de parler à mon frère quand ça n’allait pas mais c’est ridicule de venir ici pour le trouver., balbutia-t-elle.  

- Hide avait l’écoute facile. Je suppose qu’il ne verrait pas d’inconvénient à t’entendre… et moi non plus., lui répondit-il d’une voix neutre.  

 

Il avait eu le temps de se calmer pendant le trajet et de décider de prendre les choses sans s’emporter. Quand elle acquiesça, il la guida à travers les allées jusqu’à la tombe d’Hideyuki et de Kaori, une stèle tout en hauteur qui différait de la pierre basse de celle de son frère, sans éraflure de balles non plus.  

 

- Alors tu vas me dire pourquoi tu m’as balancé ça tout à l’heure ?, lui demanda-t-il, se mettant à ses côtés.  

- J’ai… J’ai rêvé de Ryo le jour de sa mort. Je le revois allongé sur un lit, les yeux fermés, et je pleure. Soudain, il ouvre les yeux et me regarde d’un air… Je ne veux pas voir ce regard-là. Son regard est si intense. J’ai l’impression qu’il m’en veut parce que j’ai laissé la situation s’emballer entre nous., bafouilla-t-elle, luttant contre une nouvelle boule dans sa trachée.  

- Tu t’es réveillée soudainement ou ton rêve était fini ?, l’interrogea-t-il.  

- Soudainement.  

- Tu culpabilises, Kaori. Je peux le comprendre parce que je le vis aussi. Mais on ne fait rien de mal. Peut-être que tu interprètes mal ce qu’il veut te dire. Peut-être que tu ne veux pas aller au bout de ta pensée parce que tu as peur de t’être trompée sur tes sentiments. Tu l’aimais, Kaori. Tu l’aimais sincèrement. Ce n’est pas parce que notre relation va vite que tes sentiments pour lui n’étaient pas profonds. La situation est différente. On sait que notre temps est compté., lui opposa Ryo.  

- Ne me rejette pas à cause d’un rêve. Puise en nous la force dont tu as besoin pour aller au bout de ton rêve la prochaine fois et écoute ce qu’il a à te dire. Tu le connaissais au-delà des mots, Kaori. S’il était tel que tu me l’as décrit, tu seras certainement surprise., conclut-il.  

- Tu crois qu’elle comprendra ?, lui retourna-t-elle.  

 

Ryo la fixa puis regarda la stèle portant le nom de celle qu’il avait aimée.  

 

- Si je la connais aussi bien que je le pense, oui. Ca ne m’empêche pas de me poser plein de questions malgré tout. Néanmoins, la seule que je ne me pose pas, c’est de savoir si on fait une erreur à vouloir profiter de ce que la vie nous offre aujourd’hui. Ce n’est pas une erreur. C’est une chance., lui affirma-t-il, posant la main sur son épaule.  

- Tu veux quelques minutes seule pour réfléchir ?, lui proposa-t-il.  

 

Elle leva un regard humide vers lui et acquiesça, reconnaissante de son attention. Il pressa son épaule une dernière fois avant de s’éloigner, restant à une distance respectable. Kaori fit face à la pierre tombale et laissa les mots de Ryo infuser. Elle ne savait plus quoi penser. Elle était perdue entre le souvenir de sa relation avec son Ryo, sa profondeur, la réalité de leurs sentiments, de leur vécu et la folie des débuts avec ce Ryo, la passion, l’ouverture, l’irréalité qui l’entourait. Elle sentit une certaine tension la prendre, un malaise qui s’insinuait en elle, ses muscles qui fourmillaient, annonciateurs de tremblements et elle fixa le prénom féminin inscrit dans le granit.  

 

- Je ne veux pas lui faire de mal, juste nous protéger., murmura-t-elle.  

- Je ne sais pas ce qui nous lie mais je ne veux pas prendre ta place., ajouta-t-elle, sentant ses yeux se brouiller.  

 

Les larmes commencèrent à rouler sur ses joues et, prise d’un vertige, elle s’appuya d’une main sur la stèle, baissant la tête. Elle serra le poing sur son cœur pour comprimer la douleur qui montait à l’intérieur jusqu’à sentir les tremblements arriver. Surprise, elle tendit les doigts sous ses yeux. Ils tremblaient et elle pleurait tellement qu’elle aurait juré les voir disparaître par moments… Elle en aurait presque ri si elle n’avait pas eu le sentiment de suffoquer en même temps.  

 

- Viens, on rentre., entendit-elle derrière elle alors que deux mains se posaient sur ses épaules.  

 

Elle ne s’y opposa même pas et se laissa guider jusqu’à la voiture. Il lui fallut tout le trajet pour que la douleur et les tremblements s’en aillent, la laissant groggy pour le reste de l’après-midi.  

 

Quand elle finit par s’endormir sur le canapé avant même le dîner, Ryo la transporta dans sa chambre et la coucha, la rejoignant quelques temps plus tard. Il ne voulait rien d’autre qu’être là et s’assurer qu’elle allait bien. Si elle se réveillait et lui demandait de s’en aller, il le ferait. En attendant, il veilla son sommeil qui se révéla agité. Elle ne se réveilla pas mais, en pleine nuit, se retourna et vint se lover contre lui, trouvant enfin le repos pendant son sommeil. Ce ne fut qu’à ce moment-là qu’il ferma l’oeil à son tour… seulement à moitié rassuré. 

 


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