Hojo Fan City

 

 

 

Data File

Rated G - Prose

 

Auteur: Mercury80

Status: Complète

Série: City Hunter

 

Total: 55 chapitres

Publiée: 11-04-21

Mise à jour: 24-08-21

 

Commentaires: 36 reviews

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DrameRomance

 

Résumé: "Je survivrai par n'importe quel moyen pour celle que j'aime." Survivras-tu pour moi ?

 

Disclaimer: Les personnages de "Toi et moi sans toi" sont la propriété exclusive de Tsukasa Hojo.

 

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   Fanfiction :: Toi et moi sans toi

 

Chapitre 10 :: Chapitre 19

Publiée: 04-06-21 - Mise à jour: 04-06-21

Commentaires: Bonjour, voici la suite de l'histoire. Bonne lecture et merci pour vos commentaires^^

 


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Chapitre 10  

 

- Bonjour, Sugar.  

 

Je me sens de bonne humeur ce matin en arrivant à l’hôpital. Non seulement aucun de mes indics ne m’a plus parlé de toi pendant ma tournée matinale, ton départ étant apparemment acté, mais aucun appel ne m’est parvenu cette nuit. Certes, ce n’est pas la première nuit que ça arrive mais cela fait trois jours que tu as été opérée maintenant et qu’aucune complication n’est survenue ni aucun arrêt cardiaque. Pour en avoir discuté la veille au soir avec le Professeur, c’est un très bon signe. Je me sens respirer un peu mieux.  

 

- Tes hématomes commencent à s’estomper., dis-je, caressant doucement ton visage.  

 

Ca aussi, ça aide à être plus léger. J’aimerais ne plus voir le pansement sur ton nez, ce tube qui sort de ta bouche et toutes ces coupures mais commencer à revoir non plus ces couleurs complètement noire, violette ou rouge mais la vraie couleur de tes joues même si elle est trop pâle à mon goût, ça fait du bien. Je passe et repasse mes doigts sur ton front et ta joue, savourant le plaisir de pouvoir te toucher, avant de froncer les sourcils et de poser ma main sur ton front. C’est bien ce qu’il me semblait : tu as chaud, peut-être même trop chaud, et je lève les yeux vers la potence. Il y a une poche en plus par rapport à hier soir et, ça, ce n’est pas un bon signe.  

 

- Qu’est-ce que tu me fais encore, Kaori ? Tu ne sais plus comment attirer le regard des hommes alors tu nous fais la totale en espérant attirer un beau médecin ?, plaisanté-je pour chasser l’anxiété qui monte en moi.  

- Monsieur Saeba, il me semblait bien vous avoir vu passer.  

 

Je me retourne et me retrouve devant l’infirmière Yoshi qui approche de moi et s’arrête à mes côtés, t’observant un instant avant de se tourner de nouveau vers moi.  

 

- Bonjour, Mademoiselle.  

- Appelez-moi Tami, s’il vous plaît., me propose-t-elle avec un petit sourire nerveux.  

 

Je ne sais comment répondre à son invitation. J’ai déjà vu ce regard-là et je sais que la demoiselle n’est apparemment pas insensible à mon charme. Avant, cela m’aurait fait bondir de joie mais, aujourd’hui, je suis mitigé : je suis touché par sa prévenance mais je n’ai aucune attirance pour elle et je ne veux ni la blesser ni l’encourager.  

 

- Ca ne semble pas très réglementaire, Tami Yoshi., finis-je par lui dire, lui souriant en retour poliment.  

 

J’espère qu’elle l’interprétera correctement. On peut oublier les mademoiselles mais il ne se passera rien de plus.  

 

- Ma femme est fiévreuse, non ?, lui demandé-je.  

- Oui. Elle a développé une pneumonie à cause de la ventilation artificielle. Nous la traitons depuis hier soir, depuis que nous avons découvert sa fièvre puis les autres symptômes confirmés lors d’une radio de contrôle. Il faut laisser un peu de temps au traitement pour faire effet mais, pour le moment, son état semble stable., m’explique-t-elle, reprenant un visage neutre.  

- Je suppose que, dans son état, ce n’est pas bon.  

- Non en effet mais on fait le nécessaire et Kaori s’est battue jusque là. Elle continuera., me dit-elle, se faisant rassurante.  

- Oui, elle continuera.  

- Il y a tout de même une bonne nouvelle, Monsieur Saeba. Nous lui avons retiré ses drains thoraciques. Comme le médecin vous l’a peut-être dit hier, ils ne donnaient plus. On a attendu le délai nécessaire et les lui a enlevés hier soir., ajoute-t-elle.  

- Effectivement, c’est une bonne nouvelle. Vous ne lui retirez pas la ventilation si c’est ce qui lui a causé ce souci ?  

 

C’est peut-être une question idiote mais elle m’est malgré tout venue à l’esprit et je dois la poser pour me l’ôter de la tête. Son silence dure quelques secondes et je me tourne vers elle pour la regarder et comprendre ce qui l’empêche de me répondre.  

 

- On ne peut pas à cause de son coma artificiel. Elle a encore besoin du respirateur pour être oxygénée., me répond-elle, embêtée.  

- Je sais que ça peut paraître contradictoire de lui laisser la machine qui l’a rendue malade mais nous n’avons pas le choix. C’est aussi la machine qui la garde en vie., ajoute-t-elle comme pour s’excuser.  

- Je ne vous reproche rien. Je sais qu’on ne fait pas toujours ce qu’on veut dans la vie. On ne serait pas ici sinon., soupiré-je, te regardant.  

- Je… Je vais vous laisser., me dit-elle, s’en allant.  

 

Je rapproche la chaise et m’assieds à tes côtés. Comme les autres jours, je prends ta main et la presse doucement. Tu dois savoir que je suis là, emmagasiner suffisamment de sensations pour tenir jusqu’à ma prochaine visite. Ce n’est pas non plus purement altruiste. C’est à double-sens parce que les mêmes arguments valent pour moi. Me souvenir de ces moments où, même si nous ne nous parlons pas, je peux te toucher, sentir la chaleur de tes doigts, entendre ton cœur battre m’aide quand le manque devient trop difficile à supporter.  

 

- Je dors, Kaori. Je pense que ça te rassurera de le savoir même si m’endormir est loin d’être une sinécure. Tu prends beaucoup de place dans le lit mais j’ai fini par m’y faire alors forcément… ça fait vide sans toi., te dis-je avec un petit sourire en coin.  

 

J’imagine bien la réaction que tu pourrais avoir en m’entendant parler. Tu froncerais les sourcils, poserais les poings sur les hanches et me toiserais ainsi une petite minute avant de me dire :  

 

- C’est toi qui as voulu qu’on dorme ensemble, Ryo Saeba. Alors assume.  

 

Ce faisant, tu aurais approché et ton doigt agirait telle une épée sur mon torse, me piquant à plusieurs reprises. J’adore ton petit air frondeur dans ces moments-là. Ca finit irrémédiablement par moi t’emprisonnant entre mes bras.  

 

- J’assume totalement. Je ne reviendrais pour rien au monde en arrière.  

 

Je ponctue toujours cet échange d’un baiser au cas où mes paroles ne suffiraient pas. Souvent, ça s’arrête là et parfois… mes lèvres s’étirent en un fin sourire. Parfois, ça va plus loin, surtout quand tu te mets à jouer avec mes cheveux.  

 

- Tu aurais cru que ça se passerait ainsi un jour ? Moi, je ne m’y attendais pas. Je ne pensais pas être capable de lâcher prise autant avec qui que ce soit., t’avoué-je.  

- Il aura fallu un général un peu fou… enfin complètement fou pour tout cela. Dire que j’ai le courage d’affronter n’importe quel taré armé d’un flingue mais que je me retrouvais complètement désarmé face à toi… Risible, non ?  

 

Je me replonge dans mes souvenirs alors que mes doigts caressent les tiens doucement. C’était un jour lumineux, ensoleillé. Tout était parfait pour le mariage de Miki et Umi.  

 

- Il n’empêche qu’il ne m’avait même pas invité. Il ne voulait même pas de moi à son mariage., maugréé-je, faussement vexé.  

 

Je sais pourtant que c’est la façon dont notre relation fonctionne entre Falcon et moi, comme chien et chat – je souris à l’image -, et, pourtant, nous savons être là l’un pour l’autre dans les moments les plus cruciaux. Je ne pouvais décemment pas rater son mariage. J’ai joué les idiots comme d’habitude mais j’étais sincèrement heureux pour lui et Miki, peut-être un peu jaloux aussi. J’avais aussi envie de te voir à ce mariage, voir ton visage, ton regard lorsque Miki s’avancerait vers l’autel.  

 

- Je me souviens de ta robe ce jour-là. Tu étais très jolie, très féminine et ça t’allait bien., te dis-je.  

 

Je ne sais plus si je te l’ai dit ou non ce jour-là ou depuis. Je ne t’ai même jamais dit ce que j’avais pensé en te voyant dans la robe de Miki. Je lève les yeux vers toi et esquisse un léger sourire avant de me rappeler.  

 

- Tu devais avoir le bouquet de la mariée. Si ce taré n’avait pas tiré sur Miki, tu l’aurais eu et, à part quelques vacheries supplémentaires, ça n’aurait pas été d’un grand bénéfice pour nous deux., admets-je, me concentrant sur tes doigts.  

- Oublie cette partie-là, Ryo. Ce n’est pas la plus importante.  

 

Je lève de nouveau les yeux vers toi en me rappelant cette phrase que tu m’as dite le week-end dernier. J’ai presque l’impression que tu as parlé. C’est vrai, cette conversation, nous l’avons eue il y a à peine quelques jours tous les deux assis sur la plage face à l’océan qui venait s’abandonner sur le sable. Tu étais entre mes jambes, appuyée contre mon torse, et, moi, je te tenais entre mes bras. Nous n’étions pas City Hunter là-bas, nous n’étions que deux amoureux qui avaient le droit d’avoir enfin quelques moments de tendresse en extérieur, en public.  

 

- Et qu’est-ce qui est le plus important alors ?, t’ai-je répondu.  

- Ce qui s’est passé dans cette clairière. Ces mots que tu as eus, ces mots qui me disaient à quel point tu m’aimais, l’éclat de tes yeux quand tu parlais, ce sérieux dont tu faisais preuve… Avec le recul que j’ai maintenant, je crois que j’ai compris ce jour-là tout ce que j’avais manqué avant., m’as-tu avoué.  

- Et qu’as-tu manqué ?, t’ai-je demandé, posant ma joue contre ton oreille.  

- Tu n’as pas hésité à monter dans un avion pour moi., m’as-tu confié à mi-voix.  

- J’ai failli éluder, Kaori. Ce jour-là sur la plage, malgré l’année qu’on a passée, j’étais à deux doigts de te sortir une énormité parce que j’ai encore du mal à assumer mes sentiments., te dis-je, jouant avec tes doigts.  

- Comment tu as fait ? Je sais à quel point tu es terrifié à l’idée de voler., m’as-tu questionné.  

- Très honnêtement, je n’en sais rien. Je l’ai fait. C’était instinctif, juste instinctif., t’ai-je dit après un moment de silence.  

- C’est comme le jour où je suis revenue vivre à la maison après le Renard d’Argent.  

- Tu déterres les vieilles histoires, Sugar ?, me suis-je moqué.  

 

Cette affaire-là a bousculé pas mal de choses pour moi. C’est certainement la fois où je me suis aperçu à quel point tu comptais pour moi, quelque chose d’inimaginable pour un nettoyeur comme moi. Tu n’étais plus seulement l’objet de la promesse faite à ton frère, la jeune femme que je gardais à mes côtés pour la protéger. Tu étais devenue la femme qui comptait dans ma vie. On ne couchait pas ensemble, on n’avait jamais vraiment parlé de sentiments mais tu avais pris cette place-là dans ma vie.  

 

- Si je n’avais pas eu un peu d’importance à tes yeux, tu ne m’aurais pas laissée revenir, non ? Ce n’est pas simplement le fait que je me suis imposée qui a fait que je suis restée près de toi…, m’as-tu suggéré.  

- Tu avais quand même trouvé un argument massue., t’ai-je rappelé, me souvenant de la massue qui s’était abattue sur ma tête alors que mon mokkori s’était manifesté à la vue de tes fesses.  

 

Il était plus clairvoyant que moi, celui-là à l’époque.  

 

- Tu avais raison, Kaori. Je ne t’ai pas répondu mais tu avais raison. J’avais réussi à te sortir de ma vie. Je pensais même avoir enfoncé le clou par mes paroles blessantes qui te visaient et me visaient également pour faire taire ce qui grandissait en moi mais je n’avais pas prévu que ta fierté prendrait le dessus. Ce soir-là, j’aurais pu continuer à me battre pour que tu ne reviennes pas mais je n’ai même pas essayé. Je t’ai laissée t’imposer, bien content de te voir revenir., fais-je, me levant.  

 

J’ai besoin de bouger. L’immobilité ne m’a jamais vraiment convenu même si, parfois, je sais le faire pendant de très longues périodes. Ca fait mal de te voir ainsi depuis une semaine bientôt. Tu es la vie incarnée, toujours en mouvement ou presque, et là, rien, pas un cil qui bouge en plusieurs jours. Même le mouvement de ta poitrine ne me réconforte pas parce qu’il n’est pas spontané.  

 

- Ces quelques jours-là m’avaient déjà paru longs mais, aujourd’hui, ils me semblent presque dérisoires. A cette époque, j’aurais peut-être réussi à guérir de toi, à oublier ce que tu avais fait naître mais je ne le peux plus maintenant. Je ne peux plus imaginer ma vie sans toi, Kaori. Alors t’as intérêt à te bouger, Makimura. Tu vas me battre cette infection, tu vas remonter la pente et on va rentrer à la maison. Je vais te dorloter et m’occuper de toi. Je serai à ton chevet jour et nuit comme tu l’as été pour moi. On demandera de l’aide à nos amis pour que tu te rétablisses le plus vite possible mais je te jure que tu reviendras parmi nous., te dis-je au pied de ton lit.  

- Je veux te voir relever le menton comme ce jour-là, Kaori., ajouté-je.  

 

Petite chose d’apparence fragile, tu t’es approchée de moi en m’avouant que tu voulais te jeter dans les bras mais que tu hésitais, ne sachant si c’était pour les bonnes raisons. Tu n’as rien de fragile en général sauf en ce qui nous concerne, en ce qui concerne nos sentiments réciproques. On a mis un long moment avant de sortir de l’étreinte qui nous liait.  

 

- Tu m’as dit que tu étais si heureuse que tu pouvais mourir à ce moment-là. Avec tout ce qui est arrivé depuis, j’espère que tu ne le penses plus et que tu te dis qu’il y a encore trop de beaux moments à vivre entre nous pour abandonner maintenant parce que, moi, je sais ce que je t’ai répondu ce jour-là et je te le répète encore : je ne te laisserai pas mourir, Kaori. Je me battrai avec toi, pour toi tant qu’il y aura de l’espoir.  

 

Je te fixe encore un moment avant de me rendre compte que mes doigts sont crispés sur les barreaux du pied du lit. Je suis en colère. J’étais de bonne humeur en arrivant mais, là, je suis de nouveau en colère face à cette nouvelle provocation du destin. C’était le moment où tu pouvais enfin souffler un peu et moi aussi. Je commençais à espérer que les choses allaient s’améliorer et tu es maintenant victime d’une pneumonie provoquée par l’appareil qui doit te maintenir en vie. Je suis à peu près sûr que ça pourrait te tuer et j’en ai marre de tous ces ennemis invisibles qui s’en prennent à toi comme autant de lâches qui n’osent venir nous affronter en face.  

 

Je ferme les yeux un instant et règne sur cette humeur néfaste. Je reviens un peu en arrière et me raccroche à un bon souvenir… pour toi.  

 

- Tu te souviens lorsque nous sommes revenus de là-bas ? On a fait comme si rien n’avait changé.  

- Je ne pensais pas que tu allais enfin me laisser approcher., m’as-tu avoué sur la plage.  

- J’étais sur des charbons ardents à me demander à quelle sauce tu allais une nouvelle fois me manger. Je me doutais que rien ne se passerait tant qu’on serait à l’église alors je me suis juste préoccupée de Miki jusqu’à ce qu’on reprenne la route pour rentrer chez nous., as-tu ajouté, entrelaçant nos doigts.  

- Je sais. Je sentais ta tension monter en même temps que la mienne. C’était le moment mais… je n’étais pas serein., ai-je répondu.  

 

J’étais mort de trouille plutôt. J’allais peut-être enfin m’engager envers quelqu’un pour plus qu’une nuit ou qu’une mission. Certes, nous vivions ensemble depuis sept ans et j’avais toute confiance en toi mais ce n’était pas la même chose que de t’abandonner mon cœur qui était plus qu’innocent en la matière, de m’engager dans une relation stable qui était une nouveauté pour moi et d’admettre que je ressentais un sentiment qu’on m’avait appris à ignorer depuis mon plus jeune âge.  

 

- Je crois n’avoir jamais tremblé devant quelqu’un… mais je n’en menais pas large devant toi ce soir-là… et toi non plus, je le sais., t’ai-je dit.  

- Malgré tout, je n’ai pas su m’en aller comme j’y songeais et, toi, tu m’as fait face.  

 

Je revois ton regard expectatif ce soir-là, j’entends le silence qui nous a entourés un long moment avant qu’on le brise. C’est un peu comme aujourd’hui dans cette chambre… sauf que je sais que tu ne parleras pas aujourd’hui mais, un jour, tu le feras. Un jour, tu me demanderas ce que je fous là à te regarder comme un désespéré ou à attendre le déluge alors que j’ai certainement plein de derrières à botter.  

 

- On fait quoi maintenant, Ryo ? On reprend nos vies comme si je n’avais pas été enlevée ? On oublie tout ce qu’on s’est dits ?, m’as-tu demandée ce soir-là après avoir relevé le menton.  

- Quelle vie penses-tu avoir avec un mec comme moi, Kaori ? Je ne suis pas le prince charmant. Je ne t’emmènerai pas au restaurant pour des dîners en amoureux, on ne se mariera pas. Je ne suis même pas sûr d’être prêt à être fidèle à quelqu’un d’autre que mon arme., ai-je répliqué.  

 

J’aurais pu fuir mais je ne l’ai pas fait. Je faisais face à ma manière, te lançant à la figure tout ce qui pouvait encore nous séparer, te faire comprendre que je n’étais pas celui qu’il te fallait.  

 

- Quelle vie ? Pas grand-chose de terrible en fait, au moins pour le commun des mortels, mais ça peut être mieux que la vie des sept dernières années si tu m’épargnes les vannes débiles., as-tu rétorqué, amusée, retirant ta veste et la jetant sur le divan.  

- Je connais ta vie, Ryo. Je sais aussi qu’il y a plusieurs choses sur lesquelles je peux me baser pour avoir confiance en notre avenir commun., m’as-tu asséné.  

- Lesquelles ?  

- Déjà, on s’est promis de fêter nos anniversaires ensemble. Cela implique quand même un certain engagement, non ? Ensuite, tu m’as déjà sauvée à plusieurs reprises donc je sais que tu ne parlais pas en l’air quand tu m’as dit que tu ne me laisserais pas mourir., m’as-tu dit, approchant de moi.  

- Ai-je tort ?  

 

Le regard empli de confiance que tu as posé sur moi à ce moment-là m’a achevé. Mes dernières velléités de fuite se sont effacées à ce moment-là. J’étais cuit, foutu, fichu, à ta merci.  

 

- Non, je ne t’ai pas menti. Ton frère t’a confiée à moi mais ça fait longtemps que ça a dépassé ce simple cadre. Ca fait longtemps que j’ai besoin de toi pour respirer pleinement., t’ai-je dit.  

- Un jour, tu m’as dit que ta famille ne pouvait être composée que de deux personnes et tu m’as demandé d’être cette deuxième personne. C’est toujours le cas, Ryo ?, as-tu ajouté, un peu anxieuse.  

- Oui, ça n’a pas changé.  

- Et je suppose que, vue la manière dont on s’est embrassés sur le bateau, ça ne voulait pas dire que tu me considérais comme une sœur…, as-tu suggéré, rougissante.  

 

Je me souviens avoir souri de manière ironique puis d’avoir fait un pas vers toi, laissant moins de trente centimètres entre nous deux.  

 

- Je n’ai jamais eu de sœur mais je n’envisagerais pas de l’embrasser ainsi., ai-je murmuré avant de t’attirer à moi et de poser mes lèvres sur les tiennes.  

 

Notre premier vrai baiser… J’ai senti mon cœur fondre en sentant ta douceur. Tu étais surprise et ravie, je pense, un peu intimidée aussi car je me souviens encore d’avoir senti tes bras qui se levaient et baissaient dans l’air, ne sachant quoi faire avant de poser les mains sur mes épaules. Ce baiser-là restera gravé dans ma mémoire toute ma vie. Il était beau et tendre. Ce n’est pas le baiser spectaculaire qu’on citerait en exemple mais c’était notre premier baiser, celui de la reddition, de l’acceptation, de notre engagement.  

 

- Tu es ma famille, Kaori. Pas comme une sœur mais… comme une…, ai-je commencé, incapable de terminer ma phrase en fronçant les sourcils.  

 

Copine ? Trop insipide… Petite amie ? Encore trop faible… Ma partenaire ? C’était déjà le cas… Ma femme ? Je ne voulais pas risquer de te donner de faux espoirs… J’ai soupiré de frustration.  

 

- Ta colocataire améliorée ? Ta compagne ?, m’as-tu proposé d’une voix douce, sans aucun jugement.  

- Ma compagne…, ai-je murmuré, caressant ta joue.  

- Oui, ma compagne, ça me semble correct.  

- Ca me plaît bien à moi aussi., as-tu approuvé avec un léger sourire et le regard pétillant.  

- Je me souviens de la soirée qu’on a passée ensuite. Je ne t’ai pas quittée d’une semelle, même pas lorsque tu as préparé le repas. Ne me demande pas pourquoi, j’avais comme l’impression que, si je te laissais, je serais éjecté de ce moment, que tout cela n’aurait été qu’un rêve et je ne le voulais pas. On a dîné ensemble en ne cessant de s’envoyer des petits regards. J’avais l’impression d’être un de ces acteurs de séries pour adolescents, encore plus lorsqu’on a passé la soirée à se bécoter dans le canapé. Je n’arrivais pas à étancher ma soif de tes lèvres et je souriais certainement comme un idiot alors que tu étais loin d’être la première femme que j’embrassais. J’avais besoin de m’assurer que c’était réel et on sait comment ça a fini., te dis-je, revenant m’asseoir à tes côtés et reprenant ta main.  

 

Je t’observe dormir un moment avant de laisser la suite des souvenirs remonter à la surface. Je te revois à la porte de ta chambre, me dirigeant vers la mienne avant de m’arrêter, un sentiment d’angoisse me prenant.  

 

- Viens dormir avec moi., t’ai-je dit, me retournant pour t’observer.  

- C’est que… Je… Enfin, je ne suis pas… prête pour cela., as-tu bafouillé, les joues rouge vermillon.  

- Dormir, Kaori. Je ne vais pas te sauter dessus., ai-je répliqué, contrarié.  

 

C’était comme si tu me disais que c’était fini, ce qui était idiot et loin d’être le cas mais c’était la sensation que j’avais. Exit du rêve, Ryo. La parenthèse était agréable mais elle était finie désormais, retour à la case départ, ne touche pas le paradis du bout des doigts…  

 

- Tu sais, au Japon, les couples dorment séparés., as-tu balbutié, regardant tes pieds.  

- Tu sais, les proverbes, c’est bien mais c’est galvaudé. Alors je ne dirais pas au Japon, faisons comme les japonais. J’ai grandi dans des pays où les couples dorment ensemble et je peux te jurer que c’est beaucoup plus agréable… sauf si tu ronfles bien entendu…, t’ai-je piquée.  

- Je ne ronfle pas !, t’es-tu offusquée, fronçant les sourcils.  

 

Ton regard a flambé aussi et j’ai adoré. Je devais te gagner à ma cause et j’ai tendu la main.  

 

- Il n’y a donc pas de raison de faire chambre à part. Si tu as assez confiance en moi pour savoir que je ne te forcerais jamais à rien, alors viens dormir avec moi. J’ai le temps pour le sexe mais je ne veux plus rater une seule nuit., t’ai-je dit.  

- D’accord., as-tu soufflé après un moment de réflexion.  

- Je vais mettre mon pyjama et j’arrive.  

 

Je me mets à rire alors que je revois exactement la même image qu’à ce moment-là à l’évocation de ton vêtement de nuit préféré, cet horrible pyjama jaune dix fois trop large. En deux enjambées, j’étais à ton niveau et te soulevais dans mes bras avant de t’enlever pour t’emmener dans mon antre.  

 

- Ryo, lâche-moi !, as-tu crié, surprise.  

- Pas de pyjama dans ma chambre !, t’ai-je ordonné.  

- Mais je ne vais pas dormir nue tout de même ?, as-tu lâché.  

 

Je suis presque sûr que, si je ne te tenais pas encore entre mes bras, tu aurais fui en soulevant un nuage de poussières. Je t’ai regardée en me disant que ça ne me déplairait pas du tout et mon petit sourire a ramené de nouvelles couleurs sur tes pommettes.  

 

- J’adorerais. Tu peux garder ta culotte et je vais te prêter un tee-shirt mais je refuse tes affreux pyjamas., t’ai-je appris, te reposant à terre sans te lâcher.  

- Je ne vais tout de même pas dormir toutes les nuits en tee-shirt et culotte ?, m’as-tu demandé, nouant les bras autour de mon cou.  

- Tu peux dormir nue aussi… ou alors investir dans des vêtements de nuit un peu plus agréables à mes yeux…, t’ai-je proposé, un regard chaud posé sur toi, te tenant enlacée.  

- Tu crois vraiment que ça changerait les choses ? Tu n’as jamais eu un regard pour moi, Ryo. Si ça se trouve, je pourrais être nue dans tes bras et ne provoquais aucune réaction chez toi., as-tu soudain répliqué, ton regard se ternissant puis se baissant.  

 

Ca, ça devait bien arriver un jour sur le tapis. Ce n’était pas volé du tout pour le coup, juste le retour mérité de toutes ces années de maltraitance.  

 

- Kaori, regarde-moi., t’ai-je demandé comme j’aimerais le faire aujourd’hui.  

 

J’ai attendu un long moment avant que tu daignes de nouveau me regarder, la lueur dans tes prunelles me faisant un mal de chien.  

 

- Je n’ai jamais oublié avec qui je vivais. Je sais que tu es une femme, une très belle femme qui plus est, aussi bien extérieurement qu’intérieurement. C’est pour cette raison que je ne pouvais t’approcher. Alors crois-moi, si tu étais nue devant moi, je ne pourrais empêcher mon corps de réagir… et il l’a déjà fait d’ailleurs…, t’ai-je avoué.  

- Et je le ferai encore, Kaori. Peu importent les cicatrices ou les autres traces que tu garderas de l’accident, tu es et resteras une très belle femme que j’aurai toujours autant de plaisir à serrer dans mes bras et à laquelle j’aimerai faire l’amour., te dis-je, regardant ton visage endormi.  

- Remets-toi, Sugar. Je suis là, je t’attends. J’ai besoin de toi, de ma famille, que tu sois la femme qui a pris les choses en main ce jour-là, qui m’a mis devant le dernier choix qu’il me restait à faire : continuer notre vie comme elle était ou démarrer celle qui pouvait être. On vient juste de commencer. Alors prends ma main et continuons tous les deux encore un moment.  

 

En réalité, c’est moi qui tiens ta main mais tu comprends l’idée. Ce jour-là, on a changé nos vies. On s’est confiés nos cœurs, nos corps, nos âmes. Tu as accepté le tee-shirt que je t’ai prêté et c’est sans aucune hésitation que tu es venue te mettre contre moi quand je t’ai ouvert les draps et tendu le bras en invitation. C’était la première fois que j’avais une femme dans mon lit presque nue et que je n’essayais même pas de la déshabiller. J’avais le temps désormais et je le savais, tout comme tu semblais savoir que je ne tenterais rien. La confiance n’a jamais été un réel souci entre nous.  

 

Aujourd’hui, je ne sais pas si j’ai encore du temps avec toi mais je m’appuie sur toi pour garder cet espoir, enfin sur la part de toi qui est en moi, ces souvenirs qu’on a gravés dans du marbre, cette force qui a grandi. Le destin peut s’acharner, Kaori. Il ne nous aura pas si tu y crois autant que moi.  

 

- Tu en es capable, Kaori, et, si un jour tu flanches, compte sur moi pour te porter, t’aider à remonter. Ce chemin, on le finira ensemble, main dans la main.  

 

Je te regarde encore un moment dormir avant de me lever. Il est temps pour moi de te laisser pour aller faire acte de présence. Le soleil brille dehors, les températures sont plutôt clémentes. Je vais aller draguer quelques minettes pour donner le change.  

 

- Il n’y a que toi qui comptes. N’en doute jamais. C’est toi que je veux serrer dans mes bras. Alors aie confiance et fais ce qu’il faut. A tout à l’heure, Sugar., te dis-je.  

 

Mes lèvres effleurent ta tempe, ma joue frôle un instant la tienne alors que mes yeux se ferment, laissant les souvenirs venir compléter les informations manquantes et je m’en vais. C’est toujours aussi dur de te laisser mais je sais que tu seras là cette après-midi. 

 


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