Hojo Fan City

 

 

 

Data File

Rated G - Prose

 

Auteur: Mercury80

Status: Complète

Série: City Hunter

 

Total: 55 chapitres

Publiée: 11-04-21

Mise à jour: 24-08-21

 

Commentaires: 36 reviews

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DrameRomance

 

Résumé: "Je survivrai par n'importe quel moyen pour celle que j'aime." Survivras-tu pour moi ?

 

Disclaimer: Les personnages de "Toi et moi sans toi" sont la propriété exclusive de Tsukasa Hojo.

 

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   Fanfiction :: Toi et moi sans toi

 

Chapitre 42 :: Chapitre 42

Publiée: 03-08-21 - Mise à jour: 03-08-21

Commentaires: Bonjour, voici la suite de l'histoire. Bonne lecture et merci pour vos commentaires^^

 


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Chapitre 42  

 

- Elle peut sortir d’ici…  

 

Je relève les yeux, hagard, et dévisage le Professeur qui se tient devant moi, me demandant comment il est possible que tu puisses sortir aussi vite. Ca fait une semaine que tu as accouché. Aurais-tu recouvré l’usage de la marche en si peu de temps ? C’est impossible, non ?  

 

- Kimi, Babyface. Kimi peut sortir d’ici., précise-t-il.  

- Tu as dormi dernièrement ?, me demande-t-il, les sourcils froncés.  

- Oui… Non., admets-je, passant une main sur mon visage pour en chasser la fatigue.  

 

Je voudrais mais je n’y arrive pas. Je n’ai fait que grappiller quelques heures par ci par là et ce n’est pas vraiment la faute de Kimi qui ne se réveille que deux fois pour son biberon. Notre fille est un bébé calme. Elle est si discrète que parfois je m’inquiète de savoir si elle respire encore. Même quand elle est réveillée, on l’entend à peine. Elle observe de ses grands yeux et c’est moi qui lui parle pour lui faire savoir qu’elle n’est pas seule.  

 

Je voudrais continuer ce que j’ai fait pendant ta grossesse, lui parler avec ta voix, mais je n’y arrive plus. Je ne sais même pas si je dois, si ça servira à quelque chose, si ça ne revient pas à lui donner de faux espoirs. Surtout, je n’ai toujours pas digéré tes dernières paroles, rendues encore plus indigestes par le fait que tu refuses de me voir depuis ce jour-là.  

 

- Tu dois dormir, Ryo. C’est important que tu sois en forme pour Kimi et pour toi. Si tu préfères rester ici pour ne pas être seul, alors reste mais je pense que ce serait bien que tu rentres chez toi et changes d’air., me conseille-t-il.  

- Je crois aussi. Sayuri sera là pour m’aider. Elle m’a dit qu’elle prendrait quelques jours de congés pour l’arrivée de sa nièce.  

- C’est bien. Si tu as le siège-auto, tu peux partir quand tu le souhaites., me fait-il savoir.  

 

Je regarde Kimi qui lève une main dans son berceau. Je prends la bonne décision pour elle. Rentrer à la maison, lui donner un cadre de vie normale, c’est la meilleure chose à faire que de rester ici à attendre… on ne sait quoi. Malgré tout, c’est dur de prendre la décision de la mettre dans son cosy et de sortir de cette chambre puis de la clinique parce qu’il y a toi. Je ne t’ai pas abandonnée, Kaori. Je continue d’espérer que les choses s’amélioreront, que tu nous reviendras.  

 

- Je peux vous demander de garder Kimi une dernière fois avant qu’on s’en aille. Je dois lui parler., lui dis-je.  

 

Il n’essaie même pas de s’opposer à ma décision. Il est tout aussi démuni par ton comportement que moi. Seul Tatsuya trouve à peu près grâce à tes yeux si on excepte tes demandes systématiquement refusées d’accélérer le rythme de la rééducation qui te fâchent. Tu refuses de voir désormais nos amis, Sayuri y compris, et de parler avec la psychologue. Elle doit avoir une patience d’ange pour accepter de rester une heure face à ton silence buté et, pour être butée, tu peux être butée.  

 

- Je ne veux pas chercher à la faire changer d’avis ni lui dire que je l’abandonne. Au contraire…, lui apprends-je.  

- Je me doute. Je suis fier que tu ne te laisses pas éloigner par son attitude., m’affirme-t-il.  

- Je ne sais pas combien de temps je tiendrai mais je ferai le maximum pour que Kimi ait ses deux parents. Il faut casser le cercle vicieux qui nous a frappés tous les deux.  

 

Il hoche la tête, comprenant ma position. Je suis soulagé de ne pas être seul dans ce combat, d’être bien entouré par notre grande famille certainement atypique pour beaucoup de personnes normales.  

 

- Amène-moi Kimi quand tu seras prêt., me dit-il avant de s’en aller.  

- On va rentrer à la maison, ma grande. Tu vas découvrir l’endroit où tu vas grandir, ta chambre. J’espère que ça te plaira. Tu verras, j’ai tout prévu pour les petits doigts trop curieux.  

 

Je caresse la joue de mon bébé avant de la laisser et de préparer nos bagages. Je n’avais pas dans l’idée de rentrer à la maison sans l’une de vous. Trois semaines avaient réussi à me rassurer sur le fait que tout irait bien pour notre famille, qu’on resterait ensemble pour t’aider à supporter ta rééducation. En vingt-quatre heures, tout a été balayé et la chute a été rude et ça fait une semaine que je vis en mode demie teinte, partagé entre le bonheur de la naissance de Kimi et l’angoisse de l’éventuelle perte de notre couple.  

 

Angoisse… Avant, j’aurais pu rire à l’idée d’utiliser ce mot me concernant mais je ne ris plus. Je suis vraiment angoissé de te perdre. Tu es la première personne à laquelle je me suis ouvert sentimentalement, sur laquelle j’ai accepté de me reposer, celle qui m’a poussé sur des terrains inconnus et que j’ai laissée faire en toute confiance même si ce n’était pas toujours évident. J’ai encore besoin de toi pour pérenniser tout cela et pour vivre tout simplement. J’ai envie de te rendre toutes ces années d’abnégation et d’attente, de pieds de nez et blagues vaseuses au centuple. On était sur la bonne voie, Kaori. J’aimerais qu’on la retrouve voire une plus belle encore.  

 

Le dernier sac bouclé, je sors de la chambre et vais confier Kimi à son grand-père de cœur. Rien n’a été dit entre mon vieil ami et moi mais c’est ainsi que je le considère pour elle. Retardant le moment d’aller te voir, je vais mettre les sacs dans la voiture et installe le siège-auto sur le siège passager. Profitant d’un moment de solitude, je fixe mon reflet dans le rétroviseur, m’encourageant mentalement pour l’affrontement qui va suivre parce que je ne m’attends pas du tout à être bien reçu. Prêt, je ressors de la voiture et me dirige vers ta chambre. Je toque mais n’attends pas ta réponse pour rentrer.  

 

- Bonjour Kaori., dis-je d’une voix posée.  

 

Tu es assise sur le bord de ton lit et soulèves tes jambes difficilement. Tes bras tremblent alors qu’ils te soutiennent pour que tu ne tombes pas en arrière.  

 

- Bonjour et au revoir, Ryo., me réponds-tu après un instant de stupéfaction.  

 

C’est très bref mais je vois la tristesse flasher dans ton regard avant que tu ne redresses le menton fièrement.  

 

- Je ne partirai pas avant de t’avoir dit ce que j’ai à te dire., te préviens-je.  

- Je n’ai pas envie de t’écouter alors sors d’ici., me fais-tu savoir.  

- Non, Kaori. Je t’ai laissé l’espace dont tu avais besoin, du temps mais, maintenant, c’est à toi d’être à l’écoute.  

- Je n’en ai pas envie alors va-t’en !, m’ordonnes-tu, me montrant la porte du doigt.  

 

Je te vois manquer de basculer en arrière et reposer précipitamment ta main pour te rattraper. Je dois me retenir pour ne pas intervenir. Je vais jouer bas, je le sais et ça ne me fait pas plaisir mais c’est ce que tu sembles vouloir.  

 

- Tu veux que je m’en aille alors viens me foutre à la porte.  

 

Tu me regardes stupéfaite puis serres les dents avant de détourner le regard.  

 

- Tu sais très bien que je ne peux pas marcher., grondes-tu.  

- Je ne sais rien puisque tu ne veux plus me parler. Tu crois que ça me fait quoi de me retrouver à l’écart de ta vie ? Ca fait neuf mois que je suis là jour après jour, ne m’absentant qu’en cas d’extrême nécessité. Je t’ai lavée, changée, massée. Je t’ai parlé, parlé à ton ventre, fait faire de la rééducation. Pendant trois semaines, on s’est battus tous les deux, on a rêvé à deux et, aujourd’hui, plus rien, tu m’as exclu de ta chambre en attendant de m’exclure de ta vie.  

 

Tu ne réponds pas et me regarde, maintenant cet air brave et fier comme si ce que je disais ne te touchait pas… C’est ce que je pourrais croire si je ne te connaissais pas si bien, si je ne voyais pas cette lueur dans ton regard qui vacille brièvement.  

 

- Parce que c’est cela que tu envisages, n’est-ce pas, Kaori ? T’en aller dès que tu le pourras, abandonner le couple qu’on forme et notre petite fille ? Tu n’attends que cela, non ?, fais-je, me blindant contre toute réponse que tu pourrais faire.  

- Oui., souffles-tu.  

- Je veux recouvrer ma liberté., débites-tu.  

 

Je ricane amèrement un court instant avant de t’observer avec un peu de mépris, le mépris que je ressens pour la femme que tu affiches devant moi.  

 

- Ta liberté ? N’es-tu pas plutôt entrain de t’enfermer dans la prison que tu te construis ?, te dis-je.  

- Comment oses-tu ? Je suis prisonnière de mon propre corps ! Tu ne crois pas que c’est suffisant ?, cries-tu.  

- J’ai au moins le droit de choisir ce que je veux faire de ma vie ! C’est toi qui m’as fait garder ce bébé, Ryo ! Tu l’as voulu, tu l’as eu mais laisse-moi vivre ma vie maintenant !, ajoutes-tu.  

- Quelle vie, Kaori ? Une vie de fuite ? Une vie où tu te seras enfermée par ton propre choix, exclue de ta ville, de ta famille volontairement ?  

 

Tu me lances un regard noir mais me laisses affronter ton silence obstiné.  

 

- Tu ne veux toujours pas me parler, me dire ce qui ne va pas ?  

- Mes jambes ne fonctionnent pas comme elles le devraient. Voilà ce qui ne va pas. Ah et mes mains non plus. Je dois faire pipi dans une bassine et…, commences-tu, hargneuse.  

- C’est bon, j’ai compris… mais je ne te parlais pas du physique, Kaori. Tu es une battante et quelqu’un qui a toujours été porteuse d’espoir. Tu débordes d’amour et de joie de vivre normalement. Qu’est-ce qui a changé ?  

- Un semi-remorque et deux voitures…, réponds-tu laconiquement.  

- Et tu as survécu. Je sais que tu n’as pas encore tous tes souvenirs de la période où on était ensemble et que tu ne dois te baser que sur ceux que tu as d’avant, ceux qui ne sont pas forcément les plus éloquents me concernant par rapport à toi. Tu dois quand même te souvenir de ce qui existait entre nous et qui s’est concrétisé par la suite même si ce n’était pas flagrant.  

 

Je me tais un instant, te laissant le temps de réfléchir à ce que je t’ai dit et d’éventuellement me répondre. Comme je m’y attendais, tu ne dis rien et t’enfermes dans le silence. Ce qui te ronge est profond. J’aurais aimé que tu me parles mais, pour te cacher une partie de mon histoire encore maintenant, je sens que ce que tu me tais, tu ne le fais pas par manque de confiance.  

 

- Je suis venu te dire que je rentrai chez nous aujourd’hui avec Kimi. J’aurais aimé que tu sois là, ou au moins que tu aurais voulu être là. J’aurais surtout voulu que tu sois là pour décider de ce que tu voulais faire de ce bébé. Je me suis torturé l’esprit des semaines pour savoir ce qui était le mieux pour toi, pas pour moi ni pour nous mais pour toi. Je pensais que la femme que j’aimais avait le droit d’avoir ce bébé qu’elle n’espérait pas. Tu avais au moins le droit de choisir. Ta sœur était même prête à l’adopter si ça n’avait pas été le cas.  

- Elle n’a qu’à le faire. Tu seras débarrassé., me dis-tu d’une voix dure.  

- Je ne veux pas être débarrassé. J’aime notre fille. J’ai envie de la voir grandir et j’aimerais la voir grandir avec toi à nos côtés.  

- Ne te fais pas d’illusion. Si je remets les pieds à l’appartement, ce sera uniquement pour prendre mes affaires. J’en ai fini avec cette vie., me dis-tu.  

- Alors, c’est ta décision ? Tu baisses les bras et t’en vas ? Tu vas tourner le dos à tout ce qu’on a construit et laisser une petite fille dans la même errance que tu as traversée ?  

 

Tu as au moins la décence de détourner le regard à ces mots. C’est bas mais je m’adapte à la situation.  

 

- Il vaut peut-être mieux qu’elle n’ait pas de mère plutôt qu’une qui ne veut pas d’elle…, murmures-tu.  

 

Mon sang ne fait qu’un tour parce que je n’arrive pas à croire que tu puisses dire cela. J’avais prévu de rester à distance mais c’est plus fort que moi et j’approche à grandes enjambées, t’attrapant par les épaules.  

 

- Alors c’est ça ? C’est la seule réponse que tu es capable de me donner ? Je n’y crois pas, Kaori. Je suis sûr qu’au fond de toi, tu as envie d’être là mais, pour une raison obscure, tu nous tiens éloignés.  

- Pense ce que tu veux, Ryo., me réponds-tu, essayant en vain de soutenir mon regard.  

- Tu as raison, je vais penser comme je le sens. Si toi tu baisses les bras, moi pas. Je rentre à la maison avec Kimi parce que sa place n’est pas ici. Elle le serait si tu avais envie de passer du temps avec elle. Mais je ne baisse pas les bras. Tu continueras à me voir. Je ne te dirai pas quand mais tu me verras. Je resterai présent que tu le veuilles ou non jusqu’à ce que je sois sûr de ta position., t’apprends-je d’une voix ferme.  

- Je suis sûre de ma position., m’opposes-tu, relevant le menton.  

- Ca, c’est ce que tu veux croire ou me faire croire mais je ne te crois pas. Je ne sais pas ce qui te passe par la tête, Kaori. Tu ne veux pas m’en parler, soit, mais parles-en à la psychologue. Elle t’écoutera sans te juger. Parle-lui librement. Dis-lui tout ce que tu as le cœur, ce qui te ronge, te panique ou te met en colère. Je suis persuadé que ça t’aidera bien plus que tu le crois.  

 

Tu te mets à rire amèrement avant de dégager mes mains de tes épaules brutalement.  

 

- Tu as de la chance que je ne peux pas lever la jambe de plus de trente degrés pour le moment…, me fais-tu savoir avec une grimace de frustration.  

- Tu crois qu’elle va me remettre les idées en place et que je retrouverai soudain des sentiments meilleurs à ton égard et… pour elle., lâches-tu.  

- J’espère juste qu’elle t’aidera à y voir clair dans ce que tu ressens vraiment. Je n’ai pas encore baissé les bras, Kaori., te dis-je.  

- Pourquoi Ryo ? Pourquoi tu ne veux pas me laisser partir ? Pour que je joue les mères modèles ?, me demandes-tu avec dédain.  

- Parce que je t’aime, Kaori. Uniquement parce que je t’aime et que j’aimais ce qu’on était devenus. Je veux retrouver ça.  

 

Je te donne quelques secondes pour répondre si tu en as envie mais, même si ta lèvre inférieure tremble imperceptiblement, tu t’enferres dans le silence.  

 

- Je t’aime, Kaori, et je continuerai à me battre pour toi… jusqu’à ce que tu sois capable de me dire que tu veux partir sans trembler, sans hurler et en me regardant droit dans les yeux. C’est seulement à ce moment-là que je te croirai., te préviens-je.  

- Repose-toi, Sugar. Tu as l’air épuisée.  

 

Je ne veux pas t’effaroucher mais j’ai besoin de te toucher un instant alors je pose les lèvres sur ton front avant de murmurer :  

 

- A bientôt, Kaori.  

 

Tu ne réponds pas et je sors de ta chambre, refermant calmement la porte, loin, bien loin de l’agitation que je ressens à te laisser seule. Je voudrais rester là et te prendre dans mes bras jusqu’à ce que tu me parles, que tu me dises que ce n’était qu’un mauvais rêve. Je dois faire un effort colossal pour amorcer le premier pas vers le bureau du Professeur où je le retrouve, veillant Kimi endormie.  

 

- Distrait, Professeur ?, fais-je, taquin.  

- Elle est vraiment très belle., me dit-il, remontant ses lunettes sur son nez.  

- Oui et je dois m’admettre très chanceux qu’elle soit aussi sage. Si elle pleurait tout le temps, je ne sais pas si je serais capable de gérer.  

- Tu gérerais, Ryo. Ce serait fatigant mais tu gérerais, je n’en doute pas., m’assure-t-il.  

- Allez, ramène-la à la maison. Elle a déjà passé trop de temps en hôpital., m’enjoint-il, sortant Kimi de son berceau.  

- Continue à être sage avec ton père, ma grande. Tu es une belle petite fille., lui dit-il d’une voix douce avant de me la tendre.  

- Oui, elle est magnifique. Allez, on y va, Kimi.  

 

Je la serre contre moi, m’assurant qu’elle est bien couverte avant de me tourner vers mon ami en lui tendant la main.  

 

- Merci Professeur. Appelez-moi s’il y a du nouveau.  

- Ce sera fait, Ryo., me promet-il, la serrant.  

 

Je sors du bureau et nous passons devant la porte de ta chambre. Je m’arrête un instant juste devant et, même si le bruit est feint, je t’entends pleurer et rager en même temps. C’est bien la première fois que ça me fait plaisir de t’entendre pleurer. Ca signifie quelque chose pour moi, que tu n’es pas si loin. Kimi geint un instant et le silence se fait dans ta chambre. Je soupire. Tu l’as entendue et tu te caches de nous.  

 

Ca ne sert à rien de rester ici pour le moment. Tu n’es pas encore prête à t’ouvrir à nous et un changement aussi subit m’aurait certainement paru suspect. J’ai espoir que tu nous reviendras mais ça risque d’être long… pas trop long, j’espère, attachant Kimi dans son siège-auto.  

 

Je ne me doutais pas que je serai si anxieux en sortant avec ma fille. Les doigts crispés sur le volant, je ne cesse de regarder dans le rétroviseur pour voir si je suis suivi, ce qui n’est pas le cas. A mes côtés, Kimi s’est endormie au bout de cinq minutes. Je ne souffle qu’une fois que je suis rentré dans le garage et croise le regard de ma fille. J’ai presque l’impression qu’elle se moque de moi, de ma tension, mais ce n’est qu’une illusion, je le sais. Son regard brillant n’est certainement que le signe de son bien-être.  

 

- On est arrivés à la maison, Kimi. J’aurais préféré que maman soit avec nous mais ce n’était pas possible.  

 

Je délaisse les sacs dans le coffre et monte avec ma fille dans les bras. Sayuri est au journal à cette heure. Ca me va. Cette première visite, je la veux entre nous. Je n’ai pas envie de devoir me maîtriser devant une tierce personne. C’est dur d’ouvrir la porte de chez nous avec notre fille mais sans toi.  

 

- Bienvenue à la maison, Kimi., lui dis-je après avoir refermé.  

 

Je me déchausse lentement en me demandant pourquoi le terme maison me semble si déplacé aujourd’hui. C’est notre maison après tout mais, sans toi, l’appartement me semble moins… chaud, lumineux, accueillant. Pourtant, tout est comme tu l’as laissé. C’est propre, rangé et la poussière n’est même pas cachée sous les meubles. J’ai changé les prises de courant désuètes en prévision de la curiosité infantile, sinon tout est vraiment comme avant… sans ton odeur, tes rires et tes chantonnements…  

 

Je chasse ces pensées sombres et me concentre sur la petite fille dans mes bras. Je dois essayer de me préparer à ce que la situation reste ainsi indéfiniment. Je ne veux pas y croire, j’espère toujours que tu nous reviendras mais je ne veux pas me réveiller un matin en devant affronter cela sans être un peu préparé. Kimi a besoin de moi pour être solide et stable. Elle aura besoin de moi pour croire que la vie peut-être belle même si tu ne nous rejoins jamais. Je n’ai aucune idée de ce que je lui dirais ce jour-là te concernant. « Maman ne voulait pas de toi. » me semble si dur à entendre même si ce serait la vérité et un simple « Maman est partie. » la laisserait avec tant de questions.  

 

- Faites que ça n’arrive jamais.  

 

Je n’ai pas l’habitude d’invoquer des puissances invisibles mais, sur ce coup-là, je suis prêt à invoquer tous ceux qui pourront m’aider à te retrouver.  

 

- Si on allait voir ta chambre, Kimi…  

 

Je regrette la clinique d’un certain côté. C’est tellement silencieux ici. Là-bas, il y avait toujours du bruit, quelque chose qui donnait de la vie. Je suis aussi un peu anxieux de passer à côté de quelque chose avec ma fille. Ce sera à moi de veiller sur elle, de m’assurer qu’elle va bien, qu’elle n’est pas malade, qu’elle a tout ce qu’il lui faut… Elle ne se lèvera pas pour me dire qu’elle est malade ou qu’elle est triste… Je sens l’inquiétude monter en moi. Serai-je à la hauteur de cette tâche ? Personne ne m’a jamais dit comment il fallait faire. Soudain, Kimi commence à chouiner dans mes bras et je sens sous ma main qui tient ses fesses la chaleur accompagnée de l’odeur qui monte.  

 

- J’ai compris. Tu sauras me dire ce que tu veux. Il suffit d’écouter… et de laisser ses sens œuvrer., dis-je en rigolant un peu.  

- Ca tombe bien, on est arrivés dans ta chambre.  

 

Voilà le seul endroit de la maison qui semble gagner avec notre arrivée. Cette pièce va enfin pouvoir accomplir sa fonction. Je pose le bébé sur la table à langer et le change rapidement. Ses pleurs se calment un peu mais pas totalement.  

 

- Tu as faim peut-être, mon ogresse ?, dis-je en voyant l’heure.  

 

Un oui serait un peu trop demandé mais les pleurs s’accentuent et on redescend rapidement. Dans les semaines précédentes, j’ai appris par cœur la notice de préparation, fait chauffer plusieurs biberons pour trouver le bon timing et la bonne température. Je suis donc prêt… enfin c’est ce que je pensais alors que je renverse une cuillère à côté, perturbé par les pleurs de ma fille. J’aurais dû demander une cargaison de biberons de la clinique pour tenir jusqu’à ses dix ans au moins. Je vide tout et prends une profonde inspiration pour me calmer.  

 

- Kimi, ça va arriver mais il faut que tu patientes.  

 

J’occulte temporairement les pleurs de ma fille et achève son biberon avant de m’installer avec elle. Elle s’agite encore plus en le voyant arriver et se jette dessus comme une morte de faim. Je la vois téter furieusement pendant un moment avant d’enfin se calmer et de boire plus doucement.  

 

Lorsqu’elle quitte son biberon pour lever les yeux sur moi, je plonge dans son regard et progressivement m’apaise. Ce n’est pas seulement mes craintes vis-à-vis d’elle qui s’en vont mais aussi celles qui te concernent comme si elle savait des choses que je ne sais pas, comme si elle portait en elle l’espoir qui nous fait peut-être défaut à tous les deux actuellement… ou peut-être que je ne suis qu’un autre de ces pères gagas qui voient en leur enfant beaucoup plus qu’il n’y a en réalité. Peut-être que je me demande comment on peut résister à ce regard-là et ne pas en tomber amoureux… comment tu pourrais ne pas en être tombée amoureuse dès que tu l’a vu.  

 

Le Professeur a raison : je dois dormir… Les choses seront certainement plus rationnelles ensuite. 

 


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