Hojo Fan City

 

 

 

Data File

Rated G - Prose

 

Auteur: Mercury80

Status: Complète

Série: City Hunter

 

Total: 55 chapitres

Publiée: 11-04-21

Mise à jour: 24-08-21

 

Commentaires: 36 reviews

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DrameRomance

 

Résumé: "Je survivrai par n'importe quel moyen pour celle que j'aime." Survivras-tu pour moi ?

 

Disclaimer: Les personnages de "Toi et moi sans toi" sont la propriété exclusive de Tsukasa Hojo.

 

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   Fanfiction :: Toi et moi sans toi

 

Chapitre 14 :: Chapitre 14

Publiée: 08-06-21 - Mise à jour: 08-06-21

Commentaires: Bonjour, voici la suite de l'histoire. Bonne lecture et merci pour vos commentaires^^

 


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Chapitre 14  

 

- Où tu étais ?  

 

Je vois ton regard flambant me fixer et je sens la culpabilité monter.  

 

- Où tu étais, Ryo ?, répètes-tu, la colère teintant ta voix.  

 

Tu m’observes d’un regard perçant, tes traits sont figés et je sais que j’ai merdé. Tes yeux descendent le long de mon corps et, inconsciemment, je porte les mains à mes poches, me souvenant de ce qui s’y trouve. Je n’arrive pas à soutenir ton regard et je regarde ailleurs. J’imagine bien ce qui te passe par la tête.  

 

- Qu’est-ce que tu as dans tes poches ?  

- Kaori…  

- Qu’est-ce que tu as dans tes poches ?, répètes-tu.  

 

Ca ne sert à rien de lutter contre toi, je le sais. Je sors les sous-vêtements que j’ai piqués à des filles dans le parc et aux cabarets et ton regard flambe encore plus. J’ai oublié de les laisser quelque part en route. Ca fait des mois que je ne les ramène plus à la maison mais, aujourd’hui, j’ai oublié.  

 

- Tu étais où, Ryo ?, me répètes-tu, ta voix se brisant.  

- Je t’ai attendu. J’étais inquiète et j’avais besoin de toi. Tu étais où ? A quoi ça sert que je t’attende en fait ?, me dis-tu enfin.  

- On ferait peut-être mieux de tout arrêter.  

 

Je sens mon cœur me serrer en entendant ces paroles. Tu es sérieuse, je le sais.  

 

- Kaori, non, je peux…  

- Non, je ne veux plus attendre ainsi. C’est trop dur., me dis-tu.  

 

Je me réveille en sursaut et je sens mon cœur qui bat à tout rompre dans ma poitrine. Je regarde partout dans la pièce et tu n’es pas là… Bien sûr que tu n’es pas là. Tu es allongée sur un lit à l’hôpital. Je m’attendais à quoi ? Je me tourne vers mon radio-réveil. Il est une heure du matin. Je me rallonge, repensant à ce rêve que je viens de faire. Je me souviens de ce moment de notre relation.  

 

C’était un soir de pluie, comme celui-ci, me dis-je, entendant les gouttes frapper la fenêtre, et j’étais absent depuis la veille au soir. J’étais parti pour faire le tour des cabarets et me suis retrouvé pris dans une fusillade. Plusieurs personnes ont été tuées devant mes yeux. J’étais personnellement visé et n’ai pas eu d’autre choix que de remettre à l’heure les pendules avec le commanditaire, remontant toute la piste, homme après homme. Ca a été éprouvant et, quand j’ai eu fini tout ça, je ne pouvais pas rentrer. Je me sentais sale et j’avais l’impression de ne pas mériter de pouvoir te toucher ni même te voir. J’ai eu besoin de décompresser, d’oublier, et je me suis plus que lâché. J’ai dragué les filles dans le parc puis j’ai passé de nouveau la soirée dans les cabarets et, quand je me suis enfin décidé à t’affronter, n’arrivant pas à aller au bout de mes projets initiaux, je suis rentré.  

 

Pourquoi je pense à ça maintenant ? Pourquoi… Je me lève d’un bond et m’habille rapidement. C’est toi. Tu as été opérée aujourd’hui et je n’étais pas là. Si ça se trouve, tu ne trouves plus les forces en toi pour continuer le combat. As-tu l’impression que je t’ai abandonnée ? Je n’aurais peut-être pas dû prendre de mission en attendant. Toutes les raisons du monde n’ont aucune valeur quand ça mène à abandonner celle qu’on aime. Je me suis évertué à croire que tu comprendrais mais je me suis peut-être trompé. Tu as besoin de moi comme j’ai besoin de toi. Après tout, je ne cesse de penser à toi. Tout ce que je vis, j’approche me fait penser à toi. Je ne cesse de te parler, encore maintenant. Alors toi, même si tu es endormie, tu as besoin de moi aussi. Tu aurais dû être ma seule, ma première et ma dernière mission jusqu’à ton réveil.  

 

J’ai la main sur le téléphone, prêt à appeler Mick pour qu’il vienne veiller Himiko, lorsque je m’arrête. Il est une heure du matin. Ils dorment profondément. S’il se passait quelque chose, l’hôpital m’aurait appelé, me raisonné-je. Je ne peux pas me laisser emporter comme je le fais. Je me mets à la fenêtre et observe les traînées sur la vitre. Je peux voir au coin de la ruelle face à l’immeuble le rougeoiement d’une cigarette. Ca, ce n’est que la partie visible. Non loin, il y a deux voitures prêtes à nous suivre. Je les ai vues comme j’ai vu les trois autres hommes qui quadrillent le secteur. Sagasaki a dû apprendre que je suis en chasse et qu’il est ma proie…. Après tout, lui aussi a des oreilles dans la rue et je ne me suis pas caché de mon but, loin de là.  

 

- Tu ne penses pas que c’est risqué ?, m’a fait Mick lorsque je lui ai annoncé mon plan la semaine dernière lorsqu’on rentrait de notre observation.  

- Si, ça l’est mais il faut faire bouger les choses sinon on va y passer des mois. Je n’ai pas tout ce temps devant moi., ai-je répondu, pensant à toi.  

- Donc tu vas clairement lui faire savoir que tu es derrière lui ? Comment tu comptes t’y prendre ?, m’a-t-il demandé.  

 

Je me suis allongé sur le sol du toit et ai cherché un moment.  

 

- Ici, j’ai un bon angle. Un petit tir d’avertissement et un petit mot dans la presse populaire et ce sera bon., lui ai-je appris, un petit sourire ironique aux lèvres.  

- Tu n’y vas pas un peu fort en terme de provocation ?  

- Moi ? Jamais… J’ai bien pesé le pour et le contre, Mick. C’est la meilleure chose à faire., lui ai-je affirmé.  

 

Est-ce que je me suis trompé ? Est-ce que j’aurais dû faire profil bas, enquêter dans l’ombre ? Est-ce qu’en éclatant un objet d’art probablement sans prix dans le bureau de Sagasaki, j’ai fait une monumentale erreur ? Apparemment, ça n’a pas plu au propriétaire qui m’a voué aux gémonies. Il m’a promis par le biais de la rue, sa presse populaire à lui aussi visiblement, les pires sévices. A se demander s’il est plus vexé que j’ai cassé son vase multicentenaire ou que je protège son ex-compagne… Je pousse un long soupir et pose ma main sur la vitre battue par la pluie.  

 

Le froid s’insinue dans mon corps et un long frisson me parcourt.  

 

- Non, je ne veux plus attendre ainsi. C’est trop dur.  

 

La phrase me revient en mémoire. Elle a provoqué la même réaction en moi : un frisson d’appréhension. Mon monde tremblait après quatre mois de bonheur sans nuage par ma faute. J’ai merdé sur ce coup-là, je le sais. J’ai baissé les bras à la première difficulté venue. C’est facile de t’aimer quand il s’agit de t’embrasser et de te faire l’amour… et quand je fais des trucs bien. C’est beaucoup plus compliqué quand je me sens comme je me sentais ce jour-là, un tueur, un assassin et que je devais affronter ton regard. Pourquoi cet homme-là aurait eu le droit de te toucher ?  

 

Je l’ai su quand tu m’as regardé, tes prunelles luisant de tristesse, d’angoisse et de désillusion. Je t’ai déçue, Kaori. Je ne suis plus cet homme-là. Je ne le suis plus depuis longtemps. Ce que j’avais fait, c’était pour pouvoir être avec toi, vivre plus longtemps cette relation qui me fait enfin toucher du doigt mon rêve le plus fou : me sentir heureux. J’ai longtemps été satisfait de ma vie mais, en faisant de toi et moi un nous, je suis heureux même si la vie n’est toujours pas facile pour nous.  

 

- Je sais. J’ai… J’ai eu peur, Kaori., t’ai-je avoué.  

- Des personnes sont mortes à cause de moi la nuit dernière. J’ai dû faire le ménage. Ca a été… moche, très moche. Je n’ai pas eu la force de revenir quand j’ai eu fini. Je n’ai pas eu la force d’affronter ton regard, de te décevoir, de t’entendre me dire que tu ne supportais pas ce que j’avais fait., ai-je ajouté.  

 

J’ai gardé la distance entre nous deux. Je ne voulais pas t’oppresser ni te forcer à me prendre dans tes bras comme j’en rêvais. Tu devais pouvoir choisir toi-même ce que tu voulais faire de moi.  

 

- Où étais-tu après ?, m’as-tu interrogé, ne m’approchant pas plus.  

- J’ai fait ce que je sais faire quand les choses deviennent trop sérieuses. J’ai été au parc courser les filles puis aux cabarets boire pour oublier, fricoter avec les bunnies.  

- Tu… Tu as couché avec une autre femme ?  

 

Je ferme les yeux. Tu parles à voix basse, l’anxiété transpire de ton corps. Je sais ce que je cache encore dans mes poches, je sais ce que j’ai acheté en passant, je sais ce que je voulais faire. Je mets les mains dans mes poches et j’en sors les étuis argentés que j’ai répartis discrètement, paré pour passer à l’action. Je les jette sur la table basse, ne te montrant aucune once de la culpabilité que je ressens pourtant. J’avoue et je vois tes yeux s’agrandir un instant avant de voir les larmes couler sur tes joues.  

 

- J’ai acheté une boîte complète., te dis-je, ajoutant le ticket sur la table.  

- Je voulais oublier, tout oublier. J’ai volé des sous-vêtements, j’ai tripoté, dragué et embrassé d’autres femmes en cherchant celle avec qui je finirai la nuit…  

- Tais-toi., m’enjoins-tu, les bras serrés autour de toi.  

 

Je ne peux pas me taire. Je sais que je te fais mal mais j’ai besoin de te parler, de t’expliquer, que tu comprennes. J’ai trop longtemps pratiqué la politique de l’autruche avec toi. Ce n’est plus pareil aujourd’hui. On est un couple et je sais que, si je ne te parle pas, je te perdrai à coup sûr. Malgré ce que je voulais faire cette nuit, je sais maintenant que je ne veux pas que ça se finisse.  

 

- Je me sentais sale, Kaori, sale et indigne de toi. Alors quitte à l’être, autant me vautrer complètement dans la fange, retourner à ce que j’étais avant toi, avant nous. Je voulais oublier., insisté-je.  

 

Je te regarde encaisser les coups que je te donne. Je suis un salaud. Je cherche à sauver notre couple en te frappant alors que tu es presque à terre. Je ne lève pas la main sur une femme mais, toi, comme d’habitude, je ne t’épargne pas. Pourquoi je ne peux pas te laisser tranquille pour une fois ? Est-ce que c’est pour nous deux, parce que nous serions trop malheureux loin de l’autre ? Est-ce uniquement pour moi, parce que je ne peux plus vivre sans toi ?  

 

- Seulement, je me suis trompé sur ce que je voulais vraiment oublier. Ce n’était pas ce que j’avais fait mais ce que je risquais de perdre. Retrouver mes anciens travers, c’était oublier ce que j’étais devenu… avec toi.  

 

Tu m’observes en silence. Tes larmes se sont enfin arrêtées mais ton regard est toujours chargé de cette douleur incommensurable. J’ai mal avec toi. J’ai mal pour toi.  

 

- Pourquoi ? C’est si difficile d’être… toi ? Je ne comprends pas, Ryo. Je ne comprends pas pourquoi tu es entrain de gâcher tout ce qu’on a mis autant de temps à construire. Je sais qui tu es. Je sais que tu n’es pas qu’un tueur. Je sais aussi que tu n’es pas un ange. Alors pourquoi ?, me demandes-tu.  

- Parce que je ne te mérite pas. Parce que je ne mérite pas cette vie-là. Je suis le connard qui tue des mecs et oublie en se bourrant la gueule et tirant des filles…  

- Ne parle pas comme ça ! Tu n’es plus cet homme-là, Ryo ! Tu as changé !  

 

Tu m’approches enfin. Tu te plantes devant moi et me toises, le regard furibond. Je baisse les yeux et je vois tes poings se serrer et desserrer. Je crois ne jamais t’avoir vue aussi en colère, aussi déterminée.  

 

- Et ça ? Comment tu appelles ça, Kaori ?, te dis-je, faisant un signe de tête vers la table basse où les étuis de préservatifs reflètent la lumière insolemment.  

- Tu n’en as utilisé aucun., affirmes-tu, ce qui me désarçonne un instant.  

- Comment tu peux le savoir ? Tu ne sais même pas combien il y en avait dans la boîte., te fais-je remarquer, narquois.  

 

Tu m’assènes une gifle amplement méritée et je sens la douleur cuisante irradier sur ma joue. Le temps semble se suspendre un moment alors que nos regards se croisent, la surprise bien présente des deux côtés. Ca ne dure pas longtemps jusqu’à ce qu’une deuxième arrive puis une troisième et ainsi de suite. Je n’ai aucune idée du nombre de gifles que tu me donnes mais je les reçois sans bouger, sans broncher. C’est peu par rapport à ce que je viens de te faire subir, à ce que tu éprouves.  

 

Quand enfin tu t’arrêtes, tu es essoufflée et, réalisant ce que tu viens de faire, tu regardes tes paumes qui sont rouges. Elles doivent cuire de douleur et je les prendrais bien dans mes mains mais tu ne m’en laisses pas le temps. Tu te laisses tomber contre moi, vidée de toutes tes forces. Ce contact me fait un bien fou même si je ne sais pas ce qu’il va se passer après. J’hésite malgré tout un instant avant de refermer les bras sur toi. Je te serre contre moi et nous restons ainsi enlacés l’un contre l’autre en silence.  

 

Cette conversation n’est pas finie, je le sais, mais je prends cet intermède. Je m’apaise. Je réfléchis à ce que je veux. Tel que je suis parti, je me, et à toi aussi certainement, donne l’impression de vouloir m’enfuir, sortir de cette relation mais ce n’est pas le cas. Je fais comme je fais souvent : je me rebelle en attendant que tu me remettes dans le droit chemin. Je ne fais que te tendre des perches pour me ramener à toi. J’aurais peut-être juste pu éviter que tu te les prennes en pleine gueule. Il est temps que j’arrête cela et prenne mon courage à deux mains.  

 

- Je suis désolé, Kaori.  

 

Ma voix n’est qu’un murmure. Ma main glisse sur ta nuque et je la caresse doucement.  

 

- Pourquoi tu veux que je te prenne pour un connard ?, me demandes-tu, ta voix sonnant douloureusement.  

- Parce que je ne me vois pas tel que tu me vois., admets-je.  

- Parce qu’une femme comme toi qui aime un homme comme moi, ça ne devrait pas être possible.  

- Je ne sais plus quoi faire, Ryo. Je te frappe, je t’aime, je te câline et tu ne veux toujours pas y croire. Que dois-je faire pour que tu comprennes que je t’aime et qu’on a le droit de vivre notre vie ? Que dois-je te dire pour que tu admettes qu’il y a une énorme part de bien en toi ?, me dis-tu, relevant le visage vers moi.  

 

Je plonge dans ton regard et vois ce que je refuse d’admettre. Je vois l’homme que tu vois. Je le vois… Je ne sais pas si j’y crois mais je le vois…  

 

- Je ne sais pas mais je n’ai pas envie de te perdre. J’ai besoin de toi, Kaori. J’ai merdé mais…  

 

Je n’y arrive pas. Ai-je le droit de te demander cela ? Ai-je le droit de risquer de te faire un deuxième coup de ce genre ? Ma raison me dit de te laisser partir, de ne pas te faire souffrir plus mais mon cœur me dit toute autre chose. Il me dit que je te ferai souffrir à coup sûr, que je vais nous faire rater de merveilleux moments à deux…  

 

- Mais ?, me demandes-tu d’une voix patiente.  

 

C’est le moment ou jamais de décider de ce que je veux pour nous.  

 

- Donne-moi une deuxième chance, Kaori… s’il te plaît, une deuxième chance pour te prouver que…  

 

Tu poses tes doigts sur mes lèvres, me poussant à me taire. Je ne comprends pas pourquoi mais je ferme la bouche et j’attends que tu parles, que tu prononces ta sentence.  

 

- Tu n’as rien à me prouver. Je veux que tu aies confiance en nous, en moi, dans mes sentiments pour toi., me dis-tu.  

- D’accord. Kaori, j’ai dragué et embrassé des femmes mais je n’ai pas couché avec une autre.  

- Je sais., m’affirmes-tu calmement.  

- Mais… comment ?  

- J’ai confiance en toi. Tu as peut-être des travers mais j’ai suffisamment confiance en toi pour savoir que tu ne me planteras pas un couteau dans le dos. Ce n’est pas ton genre. Ai-je tort ?  

- Non.  

 

Je ne mens pas. Cette journée vient de le prouver. Je n’ai pas su aller au bout de mes intentions premières. Pourtant, j’avais plusieurs jeunes femmes qui n’auraient pas dit non mais, quand les choses se sont précisées, je n’ai pas pu. J’ai pris mon visage de pervers et je me suis mis à baver sur celle qui était sur mes genoux. Ca les a toutes éloignées et j’ai fini par partir en gardant la face face aux autres.  

 

- C’est dur d’avoir confiance en nous, Kaori.  

- Alors commence par avoir confiance en moi. C’est un bon début, non ?, me suggères-tu, ton regard plongeant dans le mien.  

- Oui, c’est un bon début.  

- Alors dis-le.  

- J’ai confiance en toi, Kaori., fais-je d’une voix déterminée.  

- J’ai confiance en toi., répété-je, me retrouvant non plus face à toi mais à la vitre.  

 

Je réalise que mes souvenirs se sont de nouveau confondus avec la réalité. Je soupire et lève les yeux vers le ciel qui se dégage quelque peu, laissant apparaître les étoiles. Je reste là un moment à le contempler avant d’aller m’asseoir sur le canapé. C’est là que nous avons aussi poursuivi la soirée. Il était certainement aussi tard qu’aujourd’hui et pourtant nous ne sommes pas montés nous coucher dans notre chambre. Nous sommes restés là assis sur le divan encore un moment. Tu n’avais pas fermé l’œil depuis quarante-huit heures et, pourtant, tu luttais pour rester là.  

 

- On devrait aller se coucher., ai-je suggéré.  

 

Je m’allonge sur le divan en repensant à ce moment, une main sous ma tête.  

 

- Je ne sais pas si j’ai envie de partager un lit avec toi…, m’as-tu dit dans un murmure.  

- Va dans la chambre. Je dormirai ici., t’ai-je proposé.  

 

Je n’en avais pas envie mais, après ce que je venais de te faire, je ne m’attendais pas à être excusé si facilement.  

 

- Je n’ai pas envie de dormir seule non plus., as-tu répondu, posant la tête sur mon épaule.  

- J’ai eu peur pour toi, Ryo. J’ai su pour la fusillade hier soir et je ne savais pas où tu étais, si tu étais blessé… J’ai confiance en toi mais, malgré tout, j’étais terrifiée à l’idée que tu ne rentres pas., m’as-tu avoué.  

 

J’ai passé mon bras autour de toi et je t’ai serrée contre moi. Je pourrais être fâché que tu aies eu peur pour moi mais qui suis-je pour penser cela ? J’ai peur pour toi malgré tout ce que j’ai mis en place, malgré l’entraînement donné, malgré tant de choses qui devraient me donner confiance et je suis persuadé que, même si j’étais sûr à cent pour cent que tout était maîtrisé, j’aurais encore peur parce que je t’aime tout simplement, que je ne veux pas te voir disparaître de ma vie.  

 

- J’essaierai de te prévenir la prochaine fois. Si on dormait ici ?, t’ai-je suggéré.  

- C’est une bonne idée., as-tu approuvé, te calant contre moi, un bras autour de mon ventre.  

 

Je ferme les yeux et me laisse emporter par le sommeil même si, comme cette nuit-là, il met du temps à arriver. Je me souviens de la chaleur qui a gagné mon corps, du poids réconfortant que je ressentais là où tu étais appuyée et du soulagement à pouvoir encore avoir tout cela pour le futur. J’aurais dû avoir confiance en toi dès le départ, revenir quand j’en ai eu fini comme, aujourd’hui, je dois te faire confiance pour continuer à te battre parce que tu sais ce que nous avons encore à vivre, tu sais, encore plus que moi peut-être, à quel point je t’aime et tu comptes pour moi.  

 

De nouveau, mon cœur se discipline. Mon inquiétude revient sous contrôle. Tu me manques toujours autant mais je laisse l’empreinte rémanente que tu as posée sur moi depuis si longtemps, cette douceur, cette chaleur et toutes ces sensations m’envelopper et me réchauffer. Je dois cesser de douter. Je ricane un instant : ça n’est pas près d’arriver. Je pense que, tant que je ne croiserai pas de nouveau ton regard chaud et aimant, tant que je ne retrouverai pas cette sensation d’être enfermé dans une bulle protectrice qui me protège de certaines agressions extérieures et parfois de moi-même, je douterai des choix que j’ai faits.  

 

Lorsque le matin arrive, les rayons du soleil me réveillent. Je me suis allongé en dormant, mon visage tourné vers la vitre. Je sens la chaleur qui irradie sur ma peau et je garde un moment les yeux fermés pour en profiter : ça me fait un peu penser à ta main poser sur ma joue. Je finis par me lever et m’étire, entendant Himiko sortir de sa chambre.  

 

- Bonjour Ryo, tu as dormi sur le divan ? Quelle drôle d’idée…, me dit-elle, s’accoudant au garde-corps.  

- Là ou ailleurs, quelle importance ?, fais-je, me dirigeant vers la cuisine pour échapper à son regard.  

 

Je suis habillé d’un pantalon de pyjama mais je ne porte pas de haut. Je ne suis pas mal à l’aise mais le seul regard dont j’ai envie, c’est le tien.  

 

- Tu aurais pu venir me rejoindre dans ma chambre…, suggère-t-elle.  

 

Je me retourne un peu surpris de la trouver à la porte de la cuisine. Je ne l’ai pas entendue descendre. Elle avance et vient se coller à moi, sa nuisette ne cachant pas grand-chose.  

 

- J’espère que tes rêves ont été agréables., minaude-t-elle.  

- Très., mens-je, m’écartant d’elle.  

- J’y étais ?, me demande-t-elle.  

- Le shooting de la semaine dernière et les essayages d’hier pour le défilé ont dû te donner quelques idées…, suggère-t-elle, féline.  

- Croyez-moi ou non, il ne faut pas qu’un joli p’tit cul pour me faire bander.  

 

Ma voix est sèche et claque comme un fouet dans l’air, la faisant reculer avec un froncement de sourcils.  

 

- Parfois, il faut savoir se contenter de peu., me dit-elle, vexée.  

- Parfois, il faut savoir ne pas se contenter de peu et vouloir mieux. Les plaisirs les plus simples ne sont pas forcément les meilleurs., réponds-je, pensant à toi.  

 

On en aura bavé pour en arriver là où on en est. Même une fois ensemble, on aura dû traverser d’autres tourments mais ce qui compte, c’est de ne pas oublier le plus important : forts de la confiance que l’on a en nous, on peut tout affronter. 

 


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