Hojo Fan City

 

 

 

Data File

Rated G - Prose

 

Auteur: Mercury80

Status: Complète

Série: City Hunter

 

Total: 55 chapitres

Publiée: 11-04-21

Mise à jour: 24-08-21

 

Commentaires: 36 reviews

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DrameRomance

 

Résumé: "Je survivrai par n'importe quel moyen pour celle que j'aime." Survivras-tu pour moi ?

 

Disclaimer: Les personnages de "Toi et moi sans toi" sont la propriété exclusive de Tsukasa Hojo.

 

Astuces & Conseils

Quel est le nombre minimal de mots pour qu'un chapitre soit accepté?

 

Pour les fanfictions normales, les chapitres doivent comporter plus de 600 mots. Pour les poésies, le quota est de 80 mots et pour les sonf fics, il est de 200 mots. Ces restrictions ont été établies pour empêcher les gens de poster des chapitres trop courts ou des commentaires, coups de gueule, mises au point, règlements de compte. La moyenne est de 1500 mots par chap ...

Pour en lire plus ...

 

 

   Fanfiction :: Toi et moi sans toi

 

Chapitre 15 :: Chapitre 15

Publiée: 11-06-21 - Mise à jour: 11-06-21

Commentaires: Bonjour, voici la suite de l'histoire. Bonne lecture et merci pour vos commentaires^^

 


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Chapitre 15  

 

Je regarde le monde autour de moi et je soupire.  

 

- Voyons Ryo, souris. C’est sympa ici ! Profite, bois un verre, viens danser !, me dit-elle d’une voix enjouée en m’entraînant vers un groupe de mannequins, verre à la main.  

- Vous vous rendez compte que cet endroit est très exposé et que vous mettez votre vie en jeu ?  

- Mais j’ai bien le droit de m’amuser tout de même… au moins le temps que mon rendez-vous arrive. Et puis avec un garde du corps comme toi, je ne crains rien, non ? Tu es le meilleur, Ryo., minaude-t-elle, se collant à moi.  

 

Elle m’agace. Elle est loin la jeune femme apeurée que j’ai rencontrée il y a trois semaines. Soudain, elle crie et s’élance vers une de ses amies avant de l’étreindre comme une petite folle. Mes poings se serrent. J’ai envie de la prendre par le bras et de l’emmener de force à la maison, là où elle ne se mettra pas en danger ou les autres, là où je risquerai moins aussi. J’ai envie de te revoir. Trois semaines sans toi, ça commence à vraiment devenir long. Un sourire ironique étire mes lèvres. En fait, ça m’a paru long dès le moment où j’ai mis le pied hors de l’hôpital, la dernière fois qu’on s’est vus alors trois semaines plus tard…  

 

Je soupire et observe les alentours, tout en m’approchant d’Himiko qui caquette à tort et à travers. J’imagine ton regard sévère se poser sur moi à la méchanceté de mes propos. Ok, ce n’est pas très sympa de ma part mais si tu savais ce que j’en ai à ba…. faire du dernier photographe à la mode, de la styliste hyper hype, si au moins je comprenais ce que ça veut dire, ou de la perte de poids spectaculaire de Brandy… La seule brandy que je voudrais, ce serait dans un verre et en ta compagnie et encore, j’apprécierais plus ta compagnie que l’alcool…  

 

- Où sont les gens que vous devez rencontrer ?, demandé-je à Himiko, cherchant des mecs bien sapés.  

- Ils… Ils ne sont pas encore arrivés a priori., me répond-elle, observant la salle.  

- On va danser., m’informe-t-elle, m’entraînant.  

 

Je peux bien la laisser faire même si ça ne me plaît pas. Après tout, je dois la suivre, impossible de la surveiller à distance dans cette foule. Me voilà donc à ses côtés alors qu’elle se trémousse sensuellement sur la musique à la mode.  

 

- Fais un effort, Ryo., me tance-t-elle alors que je reste raide comme un piquet sur la piste, alors qu’elle enchaîne sur un autre verre que lui tend une de ses amies.  

- Je ne suis pas là pour m’amuser mais pour m’assurer que tu rentreras en vie. Alors dès que tu auras rencontré ces hommes, on s’en ira., lui dis-je.  

- Franchement, t’es pas drôle… mais ça peut être un sacré défi de te dérider, n’est-ce pas, les filles ?, lâche-t-elle, adressant un clin d’œil à ses copines.  

- Je trouve toujours les gardes du corps canons mais alors celui-là, il est au top du top., affirme l’une d’elles, se pressant contre moi, tâtant sans aucune honte mes muscles.  

 

Je serre les dents et lance un regard noir à la demoiselle qui glousse un instant en pensant que je joue avant de déglutir et de s’éloigner. Voilà qui est plus à mon goût. Tu l’aurais cru un jour celle-là, Kaori ? Je me mets à chasser les filles qui me tournent autour. C’est le monde à l’envers, non ? C’est cette part de toi en moi qui agit ? Il ne manquerait plus que je me mette à sortir une massue par-dessus le marché… Ah bah non, en fait, c’est déjà fait : j’ai frappé Mick avec une il y a deux semaines… A croire que je t’ai définitivement dans la peau, Sugar.  

 

- Oui, tu as raison. Et sans les vêtements, il est encore mieux., glousse Himiko.  

- Tu as couché avec lui ?, l’interroge une autre de ses amies, me jetant un regard d’envie.  

 

Himiko ne répond pas. Elle esquisse un sourire satisfait et hausse les sourcils, ce qui m’agace au plus au point. Elle cumule aujourd’hui. Ses copines gloussent en s’imaginant ce qui a pu se passer entre nous et j’ai bien envie de les faire revenir à la réalité. D’un autre côté… ça m’arrange aussi alors je laisse couler mais on remettra les choses au point à l’appartement.  

 

- Waouh… et… il est comment ?, la questionne une autre.  

- A côté de vous, alors vous allez arrêter de parler de lui comme s’il n’était pas là., interviens-je d’un ton sévère.  

- Ouch… il est dur., grimace une fausse blonde.  

- Oh oui, dur, très dur… et endurant aussi., renchérit Himiko, un petit sourire arrogant aux lèvres.  

 

Si seulement tu savais ma belle, tu rirais peut-être moins, me dis-je. Je pourrais la sauter comme un bon nombre de femmes et elle passerait certainement une nuit mémorable. Je ne suis néanmoins pas certain que ce serait pour les bonnes raisons, qu’elle apprécierait toutes mes attentions. Nos étreintes, parce qu’une seule ne serait pas digne de moi, n’auraient rien de tendres. Elles seraient basiques, physiques et purement sexuelles.  

 

Elle glisse une main le long de mon torse en me lançant un regard aguicheur. Ses copines la regardent faire avec envie en rigolant et ça l’incite à aller plus loin. Elle descend encore plus en me griffant l’abdomen des ongles. Je reste de marbre mais je l’arrête lorsqu’elle joue avec ma ceinture. Je serre son poignet un peu plus fort que nécessaire jusqu’à ce qu’elle grimace.  

 

- On verra ça plus tard quand on sera rentrés., lui dis-je avec un sourire complice.  

 

Je m’applaudis pour mes talents d’acteur parce qu’elle y croit. Son regard s’illumine, son sourire se fait charmeur et elle sautille presque sur place à l’idée qu’elle aura enfin ce qu’elle voulait depuis quelques temps.  

 

- Il serait temps que ceux que tu dois rencontrer arrivent, Himiko., lui dis-je d’une voix suave.  

- Pour qu’on puisse rentrer à l’appartement.  

- Oui…, lâche-t-elle dans un petit rire nerveux.  

- En fait… Je t’ai menti, mon chou., m’avoue-t-elle.  

 

Je ne sais pas ce qui m’énerve le plus, qu’elle m’ait menti ou qu’elle m’attribue un petit nom tout à fait déplacé. Ma voix se fait doucereuse mais elle n’entend pas la menace sous-jacente.  

 

- Menti ? En quoi, Himiko ?  

- En fait, les filles m’avaient proposé de sortir et je me suis dit que tu n’accepterais jamais de venir ici pour te distraire. Alors…, fait-elle, baissant les yeux avant de les relever juste assez pour que je puisse les voir à travers ses paupières papillonnantes.  

- Alors tu as inventé cette histoire de rencontre professionnelle… C’était futé, très futé…, approuvé-je, apparemment amusé.  

- Tu trouves ? J’avais peur que tu le prennes mal., minaude-t-elle, jouant avec les bords de ma veste.  

- Que je le prenne mal alors qu’on est rentrés en quatrième vitesse pour que tu enfiles cette robe minimaliste et qu’on vienne dans un endroit hyperbondé, fréquenté par de nombreuses jolies jeunes femmes qui ne t’arrivent pas à la cheville ? Non… Mais on va rentrer s’amuser maintenant, non ?  

- Oh oui ! On vous laisse les filles ! Bonne soirée !, s’exclame-t-elle, plus que ravie.  

 

Je la regarde faire des simagrées entre elles avant qu’Himiko se pende à mon bras. Apparemment, elle n’est pas plus surprise que ça de mon revirement d’attitude. Une habitude du métier ? Elle a peut-être appris à composer avec les humeurs changeantes de chacun mais elle ne me connaît pas.  

 

- Allons-y, bébé., me fait-elle, victorieuse.  

 

Impassible, je l’entraîne vers le vestiaire où elle a posé sa veste quand soudain l’ambiance devient noire. J’ai à peine le temps de la projeter derrière un muret que les coups de feu éclatent dans la salle, nous visant. J’entends les cris de la foule et riposte vers les tireurs. Ils sont trois, armés d’une mitraillette. J’en désarme un avant de bouger en emmenant Himiko avec moi. Je dois la traîner parce qu’elle est prostrée et tremble comme une feuille. Voilà exactement le genre de choses que je ne voulais pas voir arriver. Nous avançons difficilement et je tire de nouveau, faisant mouche. Le deuxième tireur désarmé se tourne vers moi et je lui plante une seconde balle dans l’épaule. Il finit par s’en aller en courant.  

 

- Je veux sortir ! Je veux sortir !, hurle Himiko à mes côtés.  

 

Elle bondit devant moi pour s’enfuir et j’ai juste le temps de la rattraper et de la remettre à l’abri que le troisième tireur nous vise et nous arrose copieusement. Je sens les éclats de bois de la table au dessus de nous qui me tombent dessus et, malgré tout, je me relève et le vise, neutralisant son arme. Il s’enfuit en courant et je le vois grimper dans une berline noire. Malgré l’affolement général, les gens qui courent dans tous les sens, je trouve un intervalle de temps suffisant pour viser le pneu de la voiture qui éclate. J’entends le bruit caractéristique de la jante sur le macadam puis celui du fracas de la tôle sur un pylône.  

 

- Vous restez là !, ordonné-je à Himiko.  

 

Je cours à l’extérieur de la boîte de nuit et me dirige, arme sous la veste, vers la voiture. J’ouvre la portière et tire le chauffeur sonné en arrière. Sa tête se pose sur l’appui-tête. Entendant déjà les sirènes de la police approcher, je passe, sans attendre, mon doigt sous le col de sa chemise et l’écarte pour pouvoir voir sa clavicule. Comme je m’y attendais, je vois l’emblème de l’organisation de Sagasaki. Je n’en ai pas besoin de plus. Je regagne sans attendre le club et attrape Himiko pour l’emmener loin de là.  

 

- On n’attend pas la police ?, me demande-t-elle en tremblotant, à peine assise dans la voiture.  

- Non, on n’attend pas la police. On rentre., lui dis-je.  

- Mais…  

- A partir de maintenant, vous allez vous taire. On parlera à l’appartement.  

 

J’aimerais que tu sois là, Kaori. Je me maîtrise mais c’est vraiment difficile. Je vais devoir gérer toute cette colère quand on sera seuls. Quand tu es là, un mot, un geste de ta part m’apaise. On aurait pu y rester tous les deux. Des personnes ont été blessées par les tirs. Je crois même qu’il y a eu un mort. La route se passe dans le plus grand silence et, quelques minutes plus tard, je gare la voiture dans le garage et fais sortir Himiko du véhicule sans ménagement, l’emmenant de force vers le cinquième.  

 

- Assise et tu ne bouges pas., lui dis-je, pointant du doigt vers le canapé.  

 

Je vais en cuisine et j’en ramène deux verres d’eau, histoire de lui donner un peu de temps pour se reprendre.  

 

- Buvez !  

- Je n’ai pas soif, Ryo.  

- Buvez ! Vous êtes ivre. On doit parler. Buvez !  

 

Elle attrape le verre et le boit en me regardant droit dans les yeux, visiblement fâchée.  

 

- Voilà, c’est fait. Et maintenant, on va s’amuser ?, me propose-t-elle avec un petit sourire.  

 

Je la regarde un instant sans y croire. Tu y comprendrais peut-être quelque chose mais moi pas. Elle a failli mourir. Elle tremblait comme une feuille dans la voiture et maintenant…  

 

- Vous avez bien réalisé que vous avez failli mourir ?  

- Je ne risquais rien. Tu me protégeais. Tu m’as promis…  

- Vous avez eu de la chance de vous en sortir sans une égratignure. D’autres en ont eu beaucoup moins. Il y a même eu un mort !, lui dis-je sans ménagement.  

- Je n’y suis pour rien !, m’oppose-t-elle.  

- Ces hommes étaient là pour vous tuer ! Trois hommes avec des mitraillettes ! Non seulement tu n’as pas deux sous de jugeote en me mentant pour aller t’amuser mais maintenant tu me dis que ça ne te fait rien que d’autres soient mort ou blessés par ta faute ?  

 

Je suis passé sans le vouloir au tutoiement. Mon regard est noir, mes paroles sont dures mais ce n’est que la partie émergée de l’iceberg. Ma colère est bien plus grande que cela parce que cette idiote ne semble pas prendre la mesure du danger qui nous entoure et qu’elle a fait courir à d’autres et ça me met hors de moi.  

 

- Ta vie vaut mieux que celle des autres ?, lui demandé-je.  

- Peut-être bien !, me répond-elle, se levant et me fixant avec dédain.  

 

Je pourrais exploser à ces mots qui transpirent de mépris pour autrui. Tu m’as trop imprégné de ta bonté pour que je puisse accepter un tel comportement. Cependant, quelque chose me fait la fixer. Je ressens soudain une fêlure en elle et je sens que je dois l’exploiter pour voir ce qui se cache en dessous.  

 

- Es-tu à ce point égoïste pour ne pas penser à la sécurité des autres avant ton propre bien-être ? Tu lynches d’abord ta meilleure amie, tu te comportes comme une allumeuse avec moi et maintenant tu es prête à faire mourir d’autres personnes pour quelques heures de plaisir… Tu ne vaux pas la peine que je risque ma vie pour toi.  

- Pas la peine ? Pourtant, j’ai bien vu ton regard par moments posé sur moi. Ce regard-là était chargé de désir. Est-ce ton éthique qui te pousse à ne pas vouloir mélanger personnel et professionnel ? Parce que, moi, je suis prête à allier l’utile à l’agréable. On peut compléter le salaire par une compensation en nature., me propose-t-elle, faisant tomber sa robe à terre.  

 

Elle reste là devant moi en string noir très échancré. Lentement, elle fait un tour sur elle-même pour que je me rende bien compte de tous ses attributs avant de me faire face de nouveau et de m’approcher.  

 

- Tu me désires, Ryo. Tu es comme tous les autres hommes. Tu as envie de coucher avec moi, de faire de moi ton mannequin personnel. Tu as envie que mes petites lèvres œuvrent sur ta queue, tu as envie de me pénétrer et de voir si je suis aussi salope qu’on peut le penser d’une mannequin pour lingerie. Tu as peut-être aussi envie de savoir ce que Tatsuo ressentait au pieu., me dit-elle d’une voix sensuelle.  

 

Ses mains se posent sur mon torse et glissent jusqu’à mon cou. Tout son corps est pressé contre le mien et elle vient chercher mes lèvres, m’embrassant sensuellement. Je ne vais pas mentir et dire que ça ne me fait rien. Ca fait un mois que je n’ai pas pu te tenir contre moi, plonger au fond de ton corps, baigner dans ta chaleur et ta douceur. Je ne suis qu’un homme et celui que j’étais avant n’est pas mort. Si j’ai réussi à lutter quand elle me travaillait à distance, je ne sais pas si je résisterai longtemps à ce traitement-là. Je sens le désir monter en moi, pur, bestial. Je le sens qui court dans mes veines et j’en ai honte.  

 

Brusquement, je pose les mains sur ses reins, l’entendant murmurer un « enfin » contre mes lèvres. Mes doigts remontent le long de son dos, sa peau veloutée et chaude étant plutôt agréable à toucher. Mes lèvres ne bougent pas. Je n’ai pas encore rendu les armes. Je la sens presser, mordiller, lécher ma bouche pour m’amadouer et je joue avec elle un moment. J’attrape ses cheveux mi-longs et la force à pencher la tête en arrière, lui tirant une légère plainte de douleur. Je l’observe ainsi un moment et elle ne sait quoi penser de mon attitude tellement je suis impassible.  

 

Pourtant, intérieurement, c’est le chaos le plus total. Je veux lutter pour te rester fidèle et, en même temps, je voudrais oublier le manque de ton absence. Une part de moi me dit qu’il n’y a pas de mal à se faire du bien, que ce n’est pas bien grave puisque ce n’est que sexuel mais une autre me dit de ne pas faire cette bêtise, que je nous trahirai tous les deux. La bataille est âpre en moi.  

 

- Tu aimes dominer, Ryo ? Fais de moi ce que tu veux mais fais-moi hurler de plaisir., me dit-elle d’une voix langoureuse.  

 

Je plonge dans son regard et c’est le tien que je vois, empli de ta confiance et ton amour. Je vois la lueur de passion quand on s’engage sur ce terrain-là, le respect que tu me portes et que tu sais pouvoir attendre de moi, celui que tu te portes à toi-même même lorsque tu repousses tes limites pour t’engager sur des chemins encore inexplorés. Je sais ce que je vais trouver sur ce chemin et surtout à son arrivée : non pas la satisfaction de mes seules pulsions mais l’accomplissement de ce que nous sommes. Je serai repu physiquement et psychiquement.  

 

Mais, dans le regard dans lequel je suis plongé, je ne vois pas ça. Je ne vois qu’une femme asservie au seul plaisir physique, le sien ou le mien peu m’importe. Je peux me plonger en elle et y trouver quelque chose mais ça ne vaudra jamais un centième de ce qu’on vit tous les deux. Ca ne vaudra surtout jamais la culpabilité que je ressentirai à t’avoir trahie. Je vaux mieux que ce que j’étais avant. Je commence à le comprendre. Je relâche Himiko sans aucun préavis, la contourne et ramasse sa robe que je lui jette à la figure.  

 

- Rhabillez-vous. Vous ne devriez jamais accepter de vous rabaisser ainsi., lui dis-je.  

- Quoi ?, me fait-elle, incrédule, serrant la robe contre elle.  

- Vous n’êtes pas une salope. Vous n’êtes pas qu’un objet de plaisir. Vous êtes une personne respectable mais il faudrait commencer par vous respecter vous-même. Rhabillez-vous.  

 

Je la vois maladroitement se rhabiller avant de serrer les bras autour d’elle. Elle me fait un peu pitié en fait à la voir ainsi.  

 

- Je ne comprends pas. Je ne vous attire pas ? Pourtant, votre regard lors des shootings et défilé…, murmure-t-elle, la voix étranglée.  

- Il ne vous était pas destiné. J’ai tout un tas de femmes qui me font rêver., lui dis-je, m’asseyant dans le divan.  

- Vraiment ? Mais où sont-elles ?, me questionne-t-elle.  

- Là.  

 

Je baisse l’un des coussins, dévoilant ma série de revues érotiques toujours placées. Elles ont quelque peu pris la poussière depuis le temps que je ne les ai pas ouvertes. J’ai mieux à faire ou plutôt à examiner depuis un an mais ça, je ne peux pas lui dire.  

 

- Des filles de revues porno ? Mais vous ne préférez pas les modèles vivants ?, s’étonne-t-elle.  

- Très sérieusement, ça ne vous regarde pas. En tous cas, ce qui est sûr, c’est que je ne mélange pas travail et plaisir., lui réponds-je.  

- Pourtant, vous avez fait de drôles de tentatives au début., me fait-elle remarquer.  

- C’était… pour vous détendre. Je ne pensais pas que ça marcherait si bien, pas au point de prendre ces risques insensés aujourd’hui., lui dis-je, un sourcil levé.  

 

Elle me regarde et baisse les yeux, culpabilisant visiblement. Au bout d’un moment, elle pousse un soupir et vient s’asseoir à mes côtés.  

 

- Je… Je suis terrifiée en fait et aussi très en colère. J’ai… je culpabilise pour la mort de Terumi. Je pensais que je lui en voulais mais savoir qu’on ne pourra jamais se réconcilier, qu’on s’est quittées sur des mots très durs, je n’arrive pas à encaisser., admet-elle.  

- Sortir ce soir, c’était surtout pour oublier un moment tout ce qui se passait, la peur, la douleur, retrouver un peu une vie normale.  

 

Je la contemple et constate sa sincérité. Elle ne prétend plus devant moi. Je revois la jeune femme que j’avais rencontrée, la jalousie en moins. J’ai envie de me battre pour cette femme-là. Calmé, je me redresse dans le divan et, d’un doigt sous le menton, la pousse à me regarder.  

 

- On va faire en sorte que tout cela cesse rapidement, Himiko. Vous pourrez ainsi retrouver votre vie sans plus aucun risque., lui promets-je.  

- Pas trop vite quand même. Je voudrais vous prouver qu’une vraie femme, c’est mieux qu’une image., me répond-elle avec un sourire aguicheur.  

- Cessez de chercher à me séduire. Ca ne marchera pas. Vous devriez avoir plus d’estime pour vous, Himiko. Vous avez un joli corps mais ça ne fait pas de vous une belle femme.  

 

Elle me regarde, décontenancée. Elle ne comprend visiblement pas mon point de vue.  

 

- La beauté n’est pas qu’une affaire d’esthétique. Elle vient aussi de l’intérieur, de ce que vous êtes.  

 

Je sais de quoi je parle, Kaori. Si on s’en tient aux canons de beauté esthétique tel qu’on les entend, Himiko se place au-dessus de toi et tu ne te sentirais certainement pas à la hauteur. Mais tu dégages autre chose, cette aura, cette lumière qui vient de l’intérieur et qui te rend plus que belle, sublime à mes yeux.  

 

- Cessez de penser que vous obtiendrez tout avec votre corps. Faites marcher votre cerveau et votre cœur. Vous valez certainement beaucoup plus que ce que vous pensez. Maintenant, il est temps d’aller vous coucher., lui dis-je.  

 

Elle me regarde, ouvre la bouche avant de la refermer puis s’en va. Voulait-elle une dernière fois me proposer de passer la nuit avec elle ? L’ai-je surprise par mes paroles ? Je ne sais pas. Je me contente de la regarder monter à l’étage avant de monter sur le toit. J’ai besoin d’un moment seul au calme pour réfléchir. Il faut que je trouve le moyen d’arrêter Sagasaki.  

 

Cela fait maintenant deux semaines qu’il nous menace d’une manière ou d’une autre, que j’ai paré plusieurs attaques sans en avertir Himiko pour ne pas la paniquer ni la jeter dans mes bras sous le coup de la peur. Deux semaines, je n’aurais peut-être pas attendu aussi longtemps avant mais, là, je me suis montré prudent. Je voulais essayer de trouver quelque chose pour envoyer la police à ses trousses mais je n’y suis pas parvenu. Il est temps de passer à la vitesse supérieure.  

 

Soudain, je vois une Porsche rouge se garer en bas de l’immeuble et Saeko en sortir. Elle me fait un léger signe de la main avant de rentrer dans l’immeuble. A peine quelques minutes plus tard, elle est accoudée à mes côtés.  

 

- C’est moi qui couvre l’enquête du night-club., m’informe-t-elle.  

- Tu trouveras mes douilles sur place. Je n’ai pas eu le temps de faire le ménage.  

- J’ai géré., me dit-elle.  

- Merci. C’était des hommes à Sagasaki.  

- Oui… mais ils n’ont pas fait long feu. La voiture qui les ramenait au commissariat a été attaquée. Ils ont été tués., m’apprend-elle, remettant en place sa mèche.  

- Il ne se perd pas en conjecture, celui-là. Ce ne sera plus un problème d’ici une semaine.  

 

Ma voix est neutre et déterminée. Elle ne bronche même pas, ne tente pas de me dissuader.  

 

- Fais attention, Ryo., me conseille-t-elle simplement.  

- Je serai très prudent.  

- Tu tiens le coup ? Je veux dire sans la voir., me demande-t-elle.  

 

Je regarde la nuit, la ville parée de ses lumières artificielles. J’aimerais que tu sois là, entre mes bras, ne pas sentir le froid contre mon torse mais ta chaleur et aussi ressentir le léger chatouillis de tes cheveux sur mon cou ou ma joue. Un léger soupir m’échappe.  

 

- Elle me manque. C’est pour cela que ça ne peut plus durer., réponds-je.  

- Et avec ta cliente ? C’est le genre de fille sur lequel tu te jetterais d’habitude. Tu n’as pas déconné, Ryo ?, s’inquiète-t-elle.  

 

Ca me touche qu’elle le fasse. Ca me touche vraiment. Ca montre que notre relation n’est pas une absurdité à ses yeux, que tu comptes pour elle aussi.  

 

- Il y a moins d’une heure j’avais ma cliente nue dans les bras, Saeko.  

 

Elle se tourne vers moi, surprise, avant de froncer les sourcils.  

 

- Mais Miki a dit qu’elle t’avait…  

- Oui, elle m’a enseigné des techniques d’hypnose que je mettrai certainement en œuvre à un moment ou à un autre. Mais, pendant un moment ce soir, j’ai tenu Himiko dans mes bras, complètement offerte et j’ai contemplé l’idée de coucher avec elle.  

 

Je contemple le ciel, refusant de la regarder parce que j’ai honte d’y avoir pensé même furtivement.  

 

- Je me disais que je saurais lutter mais, quand elle a été là entre mes bras, j’ai hésité. Je voulais oublier juste un moment ce qui se passait et qu’elle me manquait., continué-je.  

- Mais tu ne l’as pas fait, n’est-ce pas, Ryo ?, me demande-t-elle, posant une main sur mon avant-bras.  

 

Je me tourne enfin vers elle et croise son regard inquiet.  

 

- Non et je sais aujourd’hui que je ne le ferai jamais parce que je ne trouverai jamais ce dont j’ai besoin ailleurs., lui dis-je d’une voix calme.  

 

Elle m’observe, esquisse un sourire et acquiesce, satisfaite. Nous restons un moment dans le silence à contempler un peu plus notre ville jusqu’à ce qu’elle se mette à rire.  

 

- Tu es complètement ferré, Ryo., se moque-t-elle.  

- Quoi ?! Mais dis pas n’importe quoi !, dis-je avant de m’arrêter et sourire.  

 

A quoi bon prétendre ? Chaque jour qui passe et me tient loin de toi me montre à quel point on est proches l’un de l’autre. C’est comme si la vie nous imposait cette épreuve pour me faire comprendre ce que je n’aurais peut-être pas pu admettre avant un bon moment sans cela. J’ai changé. Je ne suis plus un loup solitaire, j’ai intégré une meute et… je me sens bien.  

 

- Tu as raison… complètement ferré et il faut que je la retrouve., finis-je par dire.  

- Si tu as besoin de mon intervention pour Sagasaki, dis-le moi., me fait-elle savoir.  

- Et autre chose : Miki est allée à l’hôpital aujourd’hui. Kaori s’est bien remise de sa pneumonie et regarde., m’invite-t-elle, me tendant son téléphone.  

 

Je vois ton visage apparaître. Tu as encore un pansement sur le nez et un tube dans la bouche, tes yeux sont toujours fermés mais les ecchymoses ont disparu, les coupures se sont estompées.  

 

- Elle n’a plus de bandage à la tête., murmuré-je, touchant l’écran.  

- Non, c’est fini aussi. Elle se bat, Ryo. Tu vois, elle continue à se battre pour toi, pour vous., m’assure-t-elle.  

 

Je fixe l’écran et souris chaudement en sentant mon cœur battre posément.  

 

- Je le sais. Je lui fais confiance., dis-je simplement.  

- Elle est toujours aussi belle.  

 

Ces derniers mots sortent dans un murmure et je sens la main de Saeko presser mon épaule en soutien. Nous restons encore quelques minutes ensemble avant de nous séparer, fermant le chapitre de cette journée. 

 


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