Hojo Fan City

 

 

 

Data File

Rated G - Prose

 

Auteur: Mercury80

Status: Complète

Série: City Hunter

 

Total: 55 chapitres

Publiée: 11-04-21

Mise à jour: 24-08-21

 

Commentaires: 36 reviews

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DrameRomance

 

Résumé: "Je survivrai par n'importe quel moyen pour celle que j'aime." Survivras-tu pour moi ?

 

Disclaimer: Les personnages de "Toi et moi sans toi" sont la propriété exclusive de Tsukasa Hojo.

 

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   Fanfiction :: Toi et moi sans toi

 

Chapitre 39 :: Chapitre 39

Publiée: 31-07-21 - Mise à jour: 31-07-21

Commentaires: Bonjour, voici la suite de l'histoire. Bonne lecture et merci pour vos commentaires^^

 


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Chapitre 39  

 

- On arrête là, Kaori. Tu as bien progressé., fait Tatsuya alors que tu viens d’attraper sa main levée assez haut dans un geste presque fluide.  

- Tu m’avais… dit qu’on ess… essaierait la mot… motr… motricité fine., lui opposes-tu, fronçant les sourcils.  

- Pas aujourd’hui. Tu es fatiguée. Ca ne donnerait rien et tu en serais certainement plus frustrée qu’autre chose. On remet ça à demain., objecte-t-il patiemment.  

 

Adossé au mur non loin, j’observe la scène sans intervenir. Il a compris depuis longtemps comment tu fonctionnes et, depuis quelques jours, nous avons tous les deux ressenti ton impatience à voir des progrès plus significatifs comme si tu ne te rendais pas compte de ce que tu as déjà accompli. Il y a deux semaines tu touchais à peine sa main à une hauteur de trente centimètres et encore de manière très saccadée.  

 

- Je veux qu’on com… mence la mot… motri… motricité fine, Tat… suya, et je veux me lev… lever., insistes-tu.  

- Non, Kaori., finis-je par dire d’un ton ferme et définitif.  

- Tatsuya sait ce qu’il fait. Si tu te levais maintenant, tu n’aurais pas la force de tenir sur tes jambes et tu pourrais tomber et te blesser.  

 

Tu me lances un regard noir. Tu t’attendais peut-être à ce que je te soutienne dans toutes tes entreprises mais, non, pas sur ce coup-là. Je sais que tu n’en es pas encore capable pour t’avoir soutenue encore plusieurs fois pour que tu puisses te voir dans le miroir. Tes jambes ne tiennent que quelques secondes de plus chaque jour. C’est déjà bien mais ce n’est pas encore assez. Tu as déjà assez souffert et tu portes une autre vie en toi qui pourrait pâtir de ton impatience. Je ne veux pas avoir recours à cet argument-là contre toi. Je ne veux pas te faire culpabiliser alors que tu veux seulement progresser plus vite.  

 

- Je pou… pourrais ne pas t… tomber., me fais-tu, relevant le menton.  

 

Ca me fait sourire de te voir ainsi me tenir tête et, plutôt que de revenir à un air sérieux qui pourrait te braquer un peu plus, je garde cet air détendu tout en approchant de toi.  

 

- Je connais peu de femmes qui préféreraient souffrir plutôt que de profiter d’un bon massage…, te dis-je sur le ton de la plaisanterie.  

- Je ne suis p… pas là pour le p… pl… plaisir…, me lances-tu d’un ton aigre.  

- Je sais mais je te demande de faire confiance aux professionnels pour juger des moments où tu dois cesser de repousser tes limites… s’il te plaît, Kaori.  

 

Ton regard me laisse entrevoir ta frustration. Tu m’affrontes ainsi quelques secondes avant de pousser un long soupir.  

 

- D’accord., concèdes-tu, te laissant retomber contre l’oreiller.  

- Je te promets que, demain, nous commencerons. Allez, on passe au massage. Tu l’as bien mérité., t’offre Tatsuya, oubliant sans attendre ton accès de mécontentement.  

 

Tu mets quelques minutes à te détendre et effacer les plis soucieux sur ton front. Je te vois grimacer lorsqu’il touche certaines zones travaillées mais tu te reprends dès que tu croises mon regard. Tu m’exaspères autant que m’amuses lorsque tu joues les braves. Ca m’inquiète un peu aussi quelque part parce que tu montes en pression depuis quelques jours. Tu t’impatientes pour un rien, t’énerves quand tu bafouilles sur les mots et fais le maximum pour progresser vite, toujours plus vite.  

 

Quand Tatsuya s’en va, je viens m’asseoir à tes côtés, prêt à avoir une petite conversation pour crever l’abcès que je sens gonfler mais tu poses un regard fatigué sur moi.  

 

- Tu… Tu n’avais pas dit… que tu devais a… aller faire le tour de tes indics ?, me demandes-tu.  

- Si.  

- Vas-y m… mainte… nant. Je suis fatiguée., m’offres-tu.  

 

J’hésite mais finis par acquiescer. La fatigue doit être le fruit de ta mauvaise humeur. Je me suis bien rendu compte que tu te réveillais souvent la nuit, que tu ne savais plus comment te mettre. Ton ventre a pris de l’ampleur, ce qui doit expliquer ton mal-être.  

 

- D’accord. Dors un peu avant l’arrivée de Mick. Je reviendrai vers midi.  

 

Tu hoches la tête et je t’embrasse avant de partir. Je n’ai pas encore fermé la porte de la chambre que tu dors déjà. Je t’observe un court instant avant de fermer. Au moins, tu te détends quand tu dors. C’est le meilleur moment pour te laisser même si je n’en ai pas envie.  

 

Quand je reviens deux heures plus tard, je vois que la voiture de Mick est encore là et je décide de vous laisser encore du temps à deux. Je fais le tour du bâtiment et j’entends soudain ta voix briser le silence du parc. La fenêtre étant ouverte, je m’approche, juste pour le plaisir de t’entendre.  

 

- Tu as assez lu pour aujourd’hui, Kaori. Allez, donne-moi ça, c’est mon tour., te dit Mick.  

- Non, je continue., lui opposes-tu.  

- On avait dit deux pages. Tu en es déjà à trois et ça devient de plus en plus difficile pour toi., te fait-il remarquer.  

- Ca ne sert à rien de me faire ce regard-là. Tu n’auras pas gain de cause cette fois.  

- Si c’est com… comme ça, tu peux t’en aller., lui lances-tu, fâchée.  

- Ne me traite pas comme un ennemi, Kaori. C’est pour toi. Tu m’as déjà fait le tour hier et, aujourd’hui, tu sembles plus fatiguée encore. Tu dois faire attention à toi., se justifie-t-il.  

- Q… Quand allez-vous tous cesser d… d… de déc… cider p… p… pour moi !, cries-tu.  

- V… va-t’en., lui ordonnes-tu.  

- Kaori…  

- Va-t’en., lui imposes-tu.  

 

Je reprends le chemin du retour et arrive à l’entrée lorsque Mick sort, visiblement contrarié. Il tente malgré tout de prendre un air détendu.  

 

- C’est pas la peine. J’étais à la fenêtre, j’ai tout entendu., lui dis-je.  

- Tu nous espionnais ?, me lance-t-il, saisissant l’occasion d’alléger la tension.  

- Non. Je vous laissais un peu de temps à deux mais je l’ai entendue et j’étais curieux… Ca fait longtemps qu’elle lit ?  

- Elle ne t’en a pas parlé ? Ca fait cinq jours. Au début, ce n’était que quelques mots puis lignes. Maintenant, c’est deux pages mais elle veut toujours en faire plus. Elle n’accepte pas non comme une réponse., m’explique-t-il.  

- Elle fait le même pour tout… si ça peut te rassurer.  

 

Ma tentative de le soulager ne lui tire qu’un bref sourire. Il descend les deux marches du perron et sort une cigarette.  

 

- Je n’ai pas su arrêter., s’excuse-t-il.  

- J’y arriverai peut-être quand elle sera complètement sortie d’affaires.  

- Rien ne t’y oblige, Mick.  

- Moi aussi, j’ai quelqu’un dans ma vie à qui je tiens., m’oppose-t-il, un peu sur la défensive.  

- Je sais. Je ne te juge pas.  

- Je sais, excuse-moi. C’est juste… en fait, je suis tes consignes, tu sais, ne pas la pousser et tout ça mais c’est dur de se demander qui de nous ou d’elle connaît la juste limite. C’est dur de lui dire non., m’avoue-t-il.  

- Je comprends mais tu as bien vu par toi-même qu’elle fatigue. Tu sais comment elle est. Je reste persuadé que c’est nous qui avons raison., lui affirmé-je.  

- Je crois aussi. Je voudrais juste comprendre ce qui la motive., me confie Mick.  

- Je voulais lui en parler mais elle était fatiguée. Je réessaierai jusqu’à avoir le fin mot de cette histoire., fais-je.  

 

J’ai bien une petite idée sur la chose mais est-ce cela ou juste ton foutu caractère qui refait surface, ta volonté d’être forte et ne pas être un poids pour moi, pour nous ? Je passe une main nerveuse dans mes cheveux et jette un œil vers la clinique comme si tu allais apparaître.  

 

- Bon courage. Elle a peut-être oublié des choses mais pas sa détermination., me fait remarquer Mick.  

- Si tu crois que je ne le sais pas… Tu reviens quand même demain ?  

- Tu crois que je vais baisser les bras face à une rouquine en furie ? Même pas en rêves, ça me rappelle trop la période bénie où je la courtisais…, me taquine-t-il.  

- Nostalgie quand tu nous tiens… Tu es un peu taré, non ?, fais-je, taquin.  

- C’est la poussière d’ange… Ca laisse des traces. Tu sais de quoi je parle, non ? Après tout, tu es en couple avec elle…, me lance-t-il.  

 

Je ris de bon cœur. Il y a peut-être un peu de folie dans notre relation mais cette folie m’a rapproché du monde normal, de mon humanité. Alors peut-être que pour une fois, je dois remercier ma petite expérience… si on veut penser que ça a dérange notre raison.  

 

- Oui, en couple et je vais faire ce que toute personne en couple doit faire quand l’autre ne va pas bien., lui fais-je savoir.  

- Lui faire l’amour pour lui faire oublier ses problèmes ? Pense à mettre une capote si tu ne veux pas déclencher l’accouchement…, plaisante-t-il.  

- De quoi… Putain, je vais lui parler, Mick. Tout ne s’arrange pas par le sexe., lui dis-je, exaspéré.  

 

Je pourrais presque rire à son air surpris avant de devenir goguenard. Ouais, il est loin l’Etalon de Shinjuku, celui qui évitait les discussions et préférait les percussions.  

 

- T’es sûr que tu nous fais pas un burn-out ? Il est où mon pote ?, plaisante mon américain d’ami.  

- Ne t’inquiète pas de mes capacités sexuelles. Elles sont intactes. Seulement ce n’est pas la réponse à tous les problèmes., lui dis-je.  

- C’est bon de te l’entendre dire en tous cas., affirme-t-il, me tapant sur l’épaule.  

- J’ai encore besoin de te prouver que je suis sérieux avec elle, que ce n’est pas une passade ?  

 

Je lui lance un regard scrutateur. Je pensais que cette partie-là était derrière nous mais ai-je été trop vite en déduction ?  

 

- Non, tu n’as rien à me prouver. C’est déjà fait depuis des mois. Je vais cesser de dire des âneries et te laisser aller discuter avec ta moitié., lâche-t-il, m’adressant un signe de main.  

 

Je le regarde s’en aller avant de te rejoindre dans ta chambre. Tu dors, une main sur ton ventre, à moitié sur le côté. Le livre que vous deviez lire est posé juste à côté de toi encore ouvert. Je le prends et le referme avant de le poser sur ta chevet. Je m’allonge dans ton dos et t’enlace. J’aimerais pouvoir prendre ta place et subir tout cela pour toi. Je sais que les efforts ne se cantonnent pas à quelques heures par jour entre le kiné et l’orthophoniste. Ce sont tous tes moments éveillés qui te demandent un investissement constant qui te fatiguent en plus de ta grossesse.  

 

- Ca ira. Sois patiente., te dis-je dans un murmure, déposant un baiser sur tes cheveux.  

- Comment tu te sens ?, te demandé-je quand tu te réveilles une heure plus tard.  

- Ca va. Je me souv… souviens de certaines choses., m’apprends-tu.  

- De nous ?  

- Non…, soupires-tu.  

- De la pé… période où j’ai vécu chez Mick., m’apprends-tu.  

- Tu te souviens de tout ?  

- Je pense. Même de la f… femme., me dis-tu.  

 

Je sens au ton de ta voix que tu te poses des questions, surtout que tu restes dans le flou de notre relation et que je veux te donner une chance de t’en rappeler par toi-même.  

 

- Je sais que tu ne dois pas te souvenir de la meilleure partie de notre relation mais c’est fini tout ça, Kaori. Il n’y a que toi désormais. Je ne ressens plus le besoin de draguer d’autres femmes. Notre relation me satisfait pleinement.  

- Tu… Tu es sûr ?, me demandes-tu, anxieuse.  

- Oui.  

- Alors pourq… pourquoi Miki m’a dit que p… personne n’était au courant pour nous ?, m’interroges-tu.  

 

Je ferme les yeux un instant, tendu. Tu n’as pas toutes les clefs en main pour comprendre et j’espère que ma parole te suffira pour que tu continues à avoir confiance en moi, en nous.  

 

- Parce que c’était la vérité. On a gardé notre relation secrète pendant un an… à cause de moi. On devait tout dévoiler à nos amis le soir où on a eu notre accident de voiture.  

- Pourq… argh…, râles-tu alors que tu butes sur le mot.  

- Pour… quoi on ne l’a pas fait avant ?, me questionnes-tu.  

- J’avais besoin de temps pour assumer, pour m’assurer que tout se passerait bien entre nous, que je ne foirerai pas notre relation. Si tu te souviens bien, tu sais que je n’étais pas fait pour être en couple. C’est un apprentissage pour moi et je ne voulais pas de pression supplémentaire.  

 

Tu gardes le silence un moment et j’aimerais te faire face pour savoir ce que tu penses, si tu me crois ou non, si tes craintes sont apaisées sur le sujet. Je caresse ton ventre inconsciemment, me raccrochant à la vie qu’on a créée qui devrait te prouver ce que nous étions… même si ce n’était pas prévu. Si j’ai fait le choix de la garder, c’est aussi et surtout pour ce que nous étions devenus et la confiance que j’avais en notre capacité à être et rester longtemps ensemble.  

 

- Tu n’es pas tombée enceinte suite à une erreur d’un soir, Kaori. Ce n’était ni une soirée de beuverie ni une passion soudaine et éphémère. Nous deux, ça durait depuis un an. Ca n’a pas toujours été tout rose mais on s’est battus pour durer. On a fait les efforts nécessaires. Il y avait beaucoup de passion entre nous mais beaucoup de sagesse aussi. Et si tu fouilles ta mémoire, tu devrais te souvenir qu’il y avait déjà quelque chose de fort entre nous avant.  

- C’est vrai., finis-tu par acquiescer.  

- Je v… vou… drais que tu m’en p… parles., m’avoues-tu.  

- J’aurais préféré que tu t’en souviennes par toi-même pour ne pas te pousser dans un sens ou dans l’autre mais je comprends que tu aies besoin de savoir.  

 

Tu te tournes brusquement vers moi, surprise que j’accède enfin à ta demande de te parler de nous.  

 

- C’est v… vrai ?, souffles-tu.  

- Oui, je vais répondre à tes questions. Que veux-tu savoir ?  

- Je…, commences-tu.  

 

Tu es cependant interrompue par l’arrivée de Kazue qui amène ton repas. Je vois la déception dans ton regard quand tu comprends que tu vas devoir de nouveau attendre.  

 

- Je t’expliquerai plus tard. Promis., te dis-je.  

- D’accord. Va manger., m’offres-tu.  

 

Je regarde le plateau que notre amie t’apporte et grimace légèrement. Ca commence à ressembler à quelque chose mais ce n’est pas encore très appétissant, tout au plus une bouillie avec des morceaux.  

 

- Bon appétit., fais-je, forçant un sourire encourageant sur mes lèvres.  

- R… rigole…, grommelles-tu.  

- On y va ?, suggère Kazue d’un air avenant.  

 

Je sors de la chambre et pars réchauffer le plat que Sayuri m’a ramené hier. Je déjeune rapidement avant de me prendre un café bien noir comme je l’aime. Revenant vers ta chambre, je croise Kazue qui ressort d’une autre chambre.  

 

- Tu as déjà fini ?, fais-je, étonnée.  

- Non, j’ai dû m’interrompre pour une urgence., m’apprend-elle.  

 

On arrive en même temps à la porte de ta chambre et entend un fracas de porcelaine et de plastique en même temps que ton cri de rage. On voit la trace de la bouillie sur le mur, le bol et le verre éclatés, les couverts et le plateau épars sur le sol et, quand je reviens sur toi, je ne peux que constater que ton tee-shirt est maculé de traces de la bouillie comme si elle s’était renversée sur toi. Je comprends alors que tu as essayé de manger par toi-même en l’absence de notre amie et que ça n’a pas été comme tu voulais.  

 

- Dehors ! Laissez-moi t… t… tr… fichez-moi la paix !, nous ordonnes-tu avant de t’allonger et nous tourner le dos.  

- Laisse-nous, je vais nettoyer., dis-je à Kazue.  

 

Elle acquiesce, ne comprenant visiblement pas ton attitude. Sans un mot, je vais ramasser les débris du plateau avant d’aller chercher de quoi nettoyer. Cela fait, je contourne le lit pour venir te faire face.  

 

- Redresse-toi, te dis-je sans ménagement.  

- Fiche-moi la paix !, m’opposes-tu.  

- Hors de question. Tu es sale. Tu dois te changer. Cesse de discuter !  

 

Tu me lances un regard noir mais finis par t’exécuter. Je t’aide à retirer ton tee-shirt et t’aide à enfiler le nouveau, voyant tes yeux se charger de larmes.  

 

- Laisse-moi, s’il te p… plaît., murmures-tu, te rallongeant.  

- Kaori…  

- Laisse-moi.  

 

Je pousse un long soupir de frustration mais te quitte, espérant que ça te laissera le temps de redescendre en pression. Je repars jusqu’à l’appartement, bricole un peu avant de me poser sur le divan, les mains sous le menton, les coudes sur les genoux. Je ne sais pas comment apaiser la tension qui monte en toi. On va en parler et après ? Que dire ? Que faire ? Il faut que je trouve. Je suis celui qui te connaît le mieux, le plus à même de t’aider mais j’avoue que je ne sais pas. La situation est inédite. Je ne me suis jamais retrouvé à gérer une femme enceinte et convalescente. D’habitude, c’est toi qui donnerais le la.  

 

Lorsque je retourne à la clinique, je croise Miki qui sort de la clinique, le sourire aux lèvres.  

 

- Ca a l’air d’aller, Miki…, lui dis-je, soulagé de savoir qu’au moins une personne a eu grâce à tes yeux aujourd’hui.  

- Oui, on a passé une heure entre filles. Je lui ai ramené des perles comme elle me l’avait demandé hier., m’apprend-elle, ravie.  

- Des perles ? Pour quoi faire ?, fais-je, fronçant les sourcils.  

- Des colliers. Elle a dit que ça l’occuperait., me répond-elle.  

- Elle ne saura pas les manipuler. Elle ne sait même pas manipuler une cuillère pour le moment…, lui apprends-je.  

- Mais…, souffle Miki.  

 

Je ne prends pas le temps d’écouter ce qu’elle a à dire. Je fonce vers ta chambre, sentant la catastrophe arriver. Tout un tas de scénarios me passe par l’esprit. Si tu ne m’en as pas parlé, c’est que tu ne voudras pas que je sache. Or les chances sont grandes que tu fasses tout tomber et je ne veux pas imaginer que tu puisses tenter de te lever pour les ramasser.  

 

Je t’entends souffler fortement quand j’ouvre la porte et me fige un instant d’effroi en te voyant te mettre debout en t’appuyant sur ton lit. Tes bras tremblent, tes jambes aussi. Tu me regardes, figée par la culpabilité, sachant très bien ce que je vais penser de tes actes. Je n’ai pas le temps de me mettre en colère. Tu fais un pas en arrière et glisses sur les perles répandues au sol. Je te rattrape in extremis avant que tu ne heurtes le béton lourdement.  

 

- Tu veux me faire avoir une crise cardiaque ?, te dis-je, le cœur battant à cent à l’heure.  

- Je…, souffles-tu avant de te mettre à pleurer.  

 

Je me relève et te dépose sur le lit. Je te garde contre moi un moment, te laissant le temps de te calmer. L’heure est venue d’avoir cette conversation, de comprendre ce qui te pousse actuellement à aller toujours plus loin et défier les limites au-delà du raisonnable. Quand tes larmes cessent enfin, je t’empêche de t’écarter et te serre plus fort contre moi.  

 

- C’est l’heure de parler, Kaori. Je sais que c’était à moi de te parler de nous mais je pense que ce que tu as à me dire est plus important. Alors qu’est-ce qui trotte dans ta petite tête depuis quelques jours ?  

- Je… Je v… veux m’oc… cuper de not… notre fille., bafouilles-tu.  

- Je p… peux ac… coucher chaque jour qui p… passe et je n’avance p… pas., gémis-tu.  

- Tu n’avances pas ? Tu plaisantes, Kaori ? Tu parles beaucoup mieux qu’avant. Tu sais bouger tes bras à peu près comme tu le veux… Ca ne fait que quinze jours, Kaori.  

- Je v… voud… drais lui p… parler mais je n’y arrive p… pas.  

- Elle connaît ta voix. Ca fait des semaines que je lui parle pour toi, que je lui dis à quel point sa maman l’aime et l’attend avec impatience.  

 

Tu lèves un regard humide et surpris vers moi et je peux y lire ta reconnaissance, une reconnaissance infinie qui me touche énormément et me gêne un peu aussi.  

 

- On verra si je suis toujours aussi doué pour imiter les voix., plaisanté-je.  

- J’en suis sûre., murmures-tu.  

- Mais ça ne change p… pas le reste. Je ne p… pourrais p… pas m’en occuper., soupires-tu.  

- Tu ne pourras pas tout faire tout de suite mais tu seras là. C’est déjà inespéré, Kaori. J’ai bien cru un moment que tu serais toujours inconsciente lorsqu’elle naîtrait. Tu seras là, tu pourras la toucher et je t’aiderai à faire des choses avec elle jusqu’à ce que tu puisses le faire seule. Je sais que tu y arriveras.  

- Je ne me souv… viens p… pas de nous., objectes-tu, visiblement peinée.  

- Ca viendra. Tu as fait des progrès prodigieux mais tu veux toujours en faire plus et ça te fatigue. Laisse-toi guider. Fais-nous confiance pour t’apporter les meilleurs soins, te pousser plus loin mais pas trop loin. Si tu te blesses, ça retardera ta guérison. Prends ton temps, Kaori.  

- J’ai l’imp… press… ion de ne p… pas en avoir., me confies-tu.  

 

Je pose la main sur ta joue et plonge mon regard confiant dans le tien en quête de soutien.  

 

- Tu n’en as jamais eu autant, Kaori. Tu aurais dû mourir ce jour-là mais tu as survécu et notre bébé a tenu. C’est comme une double naissance. Tout ira bien, tu verras. Donne-toi le temps. Tu parleras de nouveau comme avant, tu pourras remarcher et la tenir dans tes bras comme toutes les mamans le font. On sera une famille normale… enfin presque., fais-je avec un petit sourire amusé.  

 

Tu m’observes un instant avant de sourire à ton tour.  

 

- Merci, Ryo., me dis-tu avant de poser la tête contre mon épaule.  

- De rien, je suis là pour elle et toi.  

- Je sais. J’ai confiance en toi., m’affirmes-tu.  

 

Je pose les lèvres dans tes cheveux et te laisse te détendre contre moi. Parler a ses vertus, me dis-je. Il n’est jamais trop tard pour apprendre. 

 


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