Hojo Fan City

 

 

 

Data File

Rated G - Prose

 

Auteur: Mercury80

Status: Complète

Série: City Hunter

 

Total: 55 chapitres

Publiée: 11-04-21

Mise à jour: 24-08-21

 

Commentaires: 36 reviews

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DrameRomance

 

Résumé: "Je survivrai par n'importe quel moyen pour celle que j'aime." Survivras-tu pour moi ?

 

Disclaimer: Les personnages de "Toi et moi sans toi" sont la propriété exclusive de Tsukasa Hojo.

 

Astuces & Conseils

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Comme il est impossible de vérifier qui lit ces fics comme pour la version php, les fics NC-17 ne sont disponibles que dans la version dynamique du site.

 

 

   Fanfiction :: Toi et moi sans toi

 

Chapitre 20 :: Chapitre 20

Publiée: 17-06-21 - Mise à jour: 17-06-21

Commentaires: Bonjour, voici la suite de l'histoire. L'une des scènes m'a été inspirée par une scène de l'Arme Fatale 2, j'avoue. Ce n'est pas non plus du copié-collé ;). Bonne lecture et merci pour vos commentaires^^

 


Chapitre: 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24 25 26 27 28 29 30 31 32 33 34 35 36 37 38 39 40 41 42 43 44 45 46 47 48 49 50 51 52 53 54 55


 

Chapitre 20  

 

Pendant un moment, je n’arriverais à dire s’il s’agit de quelques secondes ou de quelques minutes, je reste figé, mon esprit tournant dans le vide. J’ai négligé ta sécurité. Je suis passé à côté de quelque chose. Tu as disparu et, pour moi, il n’y a pas trente-six explications si j’additionne tout ce que je sais : on t’a enlevée. Le « frère » de Sagasaki t’a enlevée et peut-être tuée rien qu’en le faisant. Qui sait quelles précautions il a prises ou non ? Rien que de savoir le mal qu’il t’a peut-être fait rien qu’en t’enlevant, la colère monte en moi et me submerge. Je sens mes sens se glacer et je deviens froid comme la glace.  

 

Mon corps retrouve dès lors la capacité de se mouvoir et mes pas me portent vers le cabaret où j’étais la veille au soir. Les portes sont ouvertes. La femme de ménage procède au nettoyage des lieux. Cet endroit empeste des mêmes effluves capiteuses de la veille mais elles sont maintenant froides et désagréables. Ca ne m’empêche pas de pénétrer dans les lieux et de monter directement dans le bureau du directeur. Je ne prends même pas la peine de frapper et je le vois bondir de son siège.  

 

- Bordel, Saeba ! Ca t’arrive de frapper ?, me demande-t-il, furieux.  

- Je n’ai pas de temps à perdre. Je veux les vidéos d’il y a deux nuits, plus précisément celle où Miaki apparaît., lui dis-je d’un ton autoritaire.  

- Des vidéos ? Quelles vidéos ?, nie-t-il, riant jaune.  

 

Je ne suis vraiment pas d’humeur à patienter ni négocier alors je glisse la main dans ma veste et sors mon python avant de le pointer sur lui.  

 

- Ca te rafraîchit la mémoire ?  

 

Je vois les gouttes de sueur perler à son front alors qu’il lève les mains.  

 

- Voyons, ne t’énerve pas., bredouille-t-il, déglutissant péniblement.  

- Je te l’ai dit, je n’ai pas de temps à perdre. Je veux ces vidéos et je les veux maintenant.  

 

Il me regarde puis mon arme de nouveau et acquiesce enfin, me faisant signe de le suivre. Satisfait, je range mon arme et lui emboîte le pas vers une salle adjacente. Le mur est couvert de dix écrans de télévision numérotés, sans nul doute correspondant aux dix pièces dédiées au plaisir. Il s’installe à la console et pianote sur le clavier d’ordinateur, faisant apparaître plusieurs enregistrements pour les derniers jours.  

 

- Consciencieux, dis donc. Tu les classes par le petit nom des filles que tu filmes., raillé-je.  

- Il faut bien pouvoir les retrouver si les filles veulent les faire effacer…, s’explique-t-il maladroitement.  

- Comme si tu leurs accordais ce droit…  

- Tiens, c’est la vidéo qui t’intéresse., bafouille-t-il.  

- Mets-la en route.  

 

Il s’exécute et je vois Miaki rentrer avec un homme dans la pièce, aussi peu farouche qu’elle l’a été avec moi. Elle ne plaisantait pas lorsqu’elle disait qu’il n’avait pas été tendre avec elle et j’entends l’homme lui dire ce qu’elle m’a confié hier soir. C’était tout ce qu’il envisageait de te faire. Il l’insulte, lui tire les cheveux en arrière pour affirmer sa possession, la pénètre sans ménagement et sans s’arrêter une minute et, lorsqu’elle lui demande de calmer le jeu, il l’attrape par la gorge, lui faisant tourner le visage vers lui à la limite de lui rompre le cou et lui affirme qu’elle n’est rien que l’objet de son plaisir et n’a qu’à fermer sa gueule sauf pour le sucer ou hurler son plaisir.  

 

J’analyse froidement la scène et je me dis que ta chance réside peut-être dans le fait que tu es encore inconsciente et qu’il ne retirerait aucun plaisir à te posséder ainsi. Ce mec aime visiblement humilier ses victimes. La seule raison pour laquelle il te ferait du mal alors que tu n’es pas alerte, ce serait parce que je serais là.  

 

- Tu le connais ?, demandé-je au directeur.  

- Non, il est nouveau dans le coin. Arrivé il y a dix jours environ de Russie. Pour le peu que je lui ai parlé quand il est venu, il connaissait Sagasaki. Enfin, je présume parce qu’il n’a pas dit son nom, juste parlé de son ami, presque un frère, tué sauvagement il y a deux semaines. C’est le seul type qui correspond à la description donnée. C’est toi qui l’as tué, non ?, me dit-il.  

- Il s’est tué tout seul avec sa grenade, cet idiot. Tu peux me donner une impression de son visage, là.  

 

Je désigne un plan où il lève la tête vers la caméra. Le directeur ne discute même pas et me sort ce que je lui demande.  

 

- Il t’a donné un nom ? Il a payé par carte bancaire ?  

- Non et que du liquide, beaucoup de liquide., me répond-il, ce qui ne m’étonne pas vu le genre de personne à laquelle on a certainement à faire.  

- Ok. Merci pour ta coopération mais j’espère pour toi que les filles qui vont dans ces pièces sont vraiment volontaires. Si jamais j’apprends un jour le contraire, je pourrais me fâcher., le préviens-je avant de m’en aller.  

 

Je retrouve la voiture et me dirige vers l’hôpital. Ma main est crispée sur le volant. J’aimerais pouvoir m’appuyer sur mes outils habituels pour te retrouver mais je ne peux pas. Tu n’as aucun émetteur sur toi. Je vais devoir trouver l’information par les vieilles méthodes : marche à pieds, petits bavardages et secouage de puces si nécessaires. Mais pour commencer, je dois m’assurer que je suis sur la bonne piste. Je me gare et je rejoins rapidement l’hôpital. Par chance, je tombe sur Saeko dès l’entrée.  

 

- Des nouvelles ?  

 

Je ne peux m’empêcher de poser la question même si je me doute que la réponse sera négative.  

 

- Non. On a fouillé tout le bâtiment. J’ai visionné les vidéos et on la suit jusqu’en salle de scanner. Ils ont forcé l’infirmière qui l’accompagnait à lui retirer sa perfusion, ses sondes et le tube dans sa gorge avant de l’assommer., m’apprend-elle, nous emmenant à l’extérieur loin des hommes en uniforme.  

- Elle respirait ?  

 

Elle m’adresse un regard douloureux et mon anxiété déjà bien ancrée augmente d’un cran en plus. En ce court instant, c’est le compagnon qui parle et il est inquiet comme jamais.  

 

- Elle leur a dit d’utiliser le ballon pour l’oxygéner., souffle-t-elle.  

 

Je garde le silence un instant, tentant de ne pas sombrer, et je laisse le nettoyeur reprendre les commandes. C’est plus difficile qu’avant de laisser de côté tout ce que je ressens mais il le faut et j’y parviens.  

 

- Ca, c’est peut-être le portrait de celui qui voudrait remplacer Sagasaki. Ce serait un bon candidat pour l’enlèvement de Kaori., lui dis-je, lui tendant la photo obtenue au cabaret.  

- Où est-ce que tu as eu ça ?, me demande-t-elle.  

- Ca n’a pas d’importance. J’ai besoin que tu montres cela aux témoins pour savoir si on est sur une bonne piste. Je t’attends ici.  

 

Elle fronce les sourcils, visiblement pas très satisfaite de la façon dont je lui parle mais s’en va malgré tout.  

 

- Cigarette ?  

 

Je me tourne vers Mick qui vient d’apparaître à mes côtés, me tendant son paquet. Je contemple un moment l’idée d’en prendre une avant de secouer négativement la tête. Ce serait trop facile d’abdiquer maintenant.  

 

- Non merci. Qu’est-ce que tu fous ici ?  

- Moi aussi, je suis content de te voir. Saeko nous a prévenus, Umi et moi. Lui est déjà en ville et, moi, je suis venu ici quand j’ai su que tu y étais pour connaître tes intentions., m’apprend-il.  

- Retrouver Kaori et la ramener à la clinique.  

 

Je fixe l’horizon d’un regard dur, me demandant où tu es et comment tu vas. J’espère qu’ils prennent soin de toi au moins pour te tenir en vie jusqu’à ce qu’ils me convoquent ou que je les retrouve…  

 

- La clinique ? Tu ne la ramènes pas ici ?, s’étonne-t-il.  

- Visiblement, elle n’est pas en sécurité ici. Je ne sais pas encore où ça a foiré et je compte bien éclaircir ce point mais je ne prendrai plus de risques.  

- Une idée de la personne derrière tout cela ?, me demande-t-il.  

- Probablement un ami de Sagasaki. J’attends confirmation de Saeko. Dis à Umi qu’on se retrouve dans une heure au Cat’s. Le temps est compté pour Kaori. J’ai besoin de vous pour la retrouver mais il nous faut un plan de bataille efficace.  

- D’accord, on t’attendra là-bas. Je ne devrai pas avoir trop de mal à retrouver l’animal en ville., plaisante-t-il.  

 

Je lui jette un rapide coup d’œil. Je sais qu’il n’y a aucune légèreté dans ses paroles et le bleu acier de ses yeux ne me détrompe pas. Je pense que celui qui te détient passerait aussi un sale quart d’heure entre ses mains. Je n’imagine même pas ce qu’Umi ferait de lui, lui qui est un peu, beaucoup, protecteur avec toi depuis un moment sans en avoir l’air. Quant à moi… Je ne sais pas si les chaînes que tu as enroulées autour de mes ailes seront suffisamment fortes cette fois.  

 

- Oui, fais ça. Au fait, n’essaie pas de m’appeler sur mon téléphone. Il a eu un petit accident., le préviens-je.  

- Je t’arrange ça pour dans une heure., m’informe-t-il, s’éloignant.  

- N’en fais pas une habitude en revanche !, me lance-t-il.  

 

Je ne réponds pas et le regarde partir, réfléchissant déjà à toutes les planques où tu pourrais te trouver si l’ami de Sagasaki est bien responsable. N’ayant pas de repaire ici, il doit sûrement utiliser celles du défunt, au moins celles qui n’ont pas été annexées par d’autres clans ou organisations. Malheureusement pour moi, ça en fait encore pas mal à visiter pour te retrouver… en espérant au moins que je suis sur la bonne piste. Avec soulagement, j’entends enfin des claquements familiers de talons et Saeko réapparaît à mes côtés.  

 

- C’est lui. Il était là avec trois hommes. Ils sont passés par une porte à l’arrière du bâtiment., m’explique-t-elle.  

- Je la connais. Je l’ai déjà utilisée.  

- Je me demandais si tu avais cédé. Bon, j’ai un nom pour toi : Vladimir Rostov. Il connaissait Sagasaki parce qu’ils ont grandi ensemble en Russie., m’informe-t-elle.  

- C’est vrai que sa mère était russe., me souviens-je.  

- J’ai lancé un avis de recherche. Je t’appelle dès que j’ai du nouveau., me dit-elle, se tournant pour aller vers ses hommes qui approchent.  

 

Je comprends le message subliminal et m’éloigne pour regagner la voiture. Il me reste une demi-heure avant le rendez-vous et je repasse en vitesse par l’immeuble. J’entasse dans un grand sac munitions, grenades, lance-roquettes et accessoires, mitraillettes, détecteur de chaleur, menottes, et couteaux. Mon regard se fait glacial en voyant ces derniers et j’en sélectionne un supplémentaire dans l’armoire, un que je n’ai plus utilisé depuis très longtemps mais qui est toujours en excellent état puisque je l’entretiens comme les autres même si j’avais juré de ne plus jamais l’utiliser.  

 

Résonnent de nouveau en moi les cris de douleur de celui qui était de l’autre côté alors que je transperçais sa peau méthodiquement. Je ne voulais plus de cela, je ne voulais plus être cet homme-là mais je sais qu’il est non loin, qu’il ne faudrait pas grand-chose pour le faire apparaître. Je m’apprête à reposer le couteau là où il était quand ma main s’immobilise. Si tu meurs aujourd’hui, je n’ai plus de raison de le retenir. Celui qui t’aura tuée devra payer le prix de ta douleur, de la mienne et ma colère. Il devra payer pour notre avenir avorté et pour avoir réduit à néant tous les efforts que tu as faits pour survivre après cet accident. Il devra payer pour m’avoir tué aussi parce que, sans toi, je ne suis pas sûr de vouloir rester l’homme que je suis et qui souffrira comme jamais. Je crois que j’ai enfin trouvé une épreuve pire que la poussière d’ange, me dis-je cyniquement, rangeant le couteau dans la ceinture de mon jean, sous ma veste, avant de fermer le sac.  

 

Peu après, je suis accoudé au comptoir du Cat’s et je débriefe avec mes deux comparses. Je sens leur tension émaner. Ils savent ce qui risque de se passer, ils connaissent l’ombre qui me suit et menace de m’engloutir à tout moment et qu’ils ne pourront empêcher d’agir. Une seule personne a réussi à la contenir jusque là, toi. Je ne sais pas comment tu as fait exactement, toi non plus, je pense, mais tu l’as fait. Froidement, nous passons en revue les diverses planques, en éliminant quelques-unes de plus soit parce qu’elles sont tombées dans d’autres mains, soit parce qu’elles sont trop exposées. Ca nous en laisse encore une dizaine et, dans ma tête, je vois l’horloge tourner et tes chances de survie diminuer en conséquence.  

 

- Il est treize heures. Ca fait plus de trois heures qu’elle est entre leurs mains. On doit accélérer le mouvement et la retrouver. En ce qui me concerne, aucun quartier., leur fais-je savoir d’une voix dure.  

- Ca marche pour moi., affirme Mick.  

- Enfin un peu d’action., approuve Falcon.  

 

Du coin de l’oeil, je vois Miki contourner le bar et aller à la porte, retournant la pancarte pour fermer le café.  

 

- On la ramènera., lui dis-je avec assurance.  

- Je sais mais ne comptez pas sur moi pour rester en arrière., nous dit-elle, sortant son arme de sous le comptoir.  

- Ok…, réponds-je simplement, ne tentant même pas d’argumenter.  

 

Je laisse ce rôle à Umi comme je sais que ni lui ni Mick n’interviendrait dans une de nos disputes professionnelles sur le même sujet. Il ne dit rien et se tourne vers moi.  

 

- Je vous laisse à deux. Entre guignols, vous devriez vous entendre., lâche-t-il simplement.  

 

La vanne ne prend pas. Je suis déjà quelque part loin avec toi. Sans un mot, je m’en vais et Mick me suit. Je sens le regard du couple sur moi et je me doute un peu du train de leurs pensées. Ils s’inquiètent pour toi et ils s’inquiètent pour moi aussi parce qu’ils savent depuis très longtemps ce qu’on représente l’un pour l’autre même si on passait notre temps à nier.  

 

- Tu es prêt à aller jusque où, Ryo ?, me demande Mick.  

 

Je sens la tension dans sa voix… et je la comprends.  

 

- Jusqu’où il faudra… Je ne te demande pas de venir au devant du feu. Si tu peux poser les charges explosives si nécessaire et me couvrir, ça m’aiderait énormément., lui dis-je.  

 

D’habitude, je ne prendrais pas cette peine. Je laisserais venir les ennemis mais, là, je n’ai pas ce luxe. Tu seras certainement en pleine zone d’action, nullement à l’abri des tirs croisés.  

 

- Je ne crains nullement d’aller au combat, Ryo. Mais tu as raison, ce sera certainement plus efficace ainsi. Tiens, c’est pour toi. Evite de le casser cette fois-ci., me répond-il, moqueur, me tendant un nouveau téléphone portable.  

- Merci. J’ai… J’ai eu un moment d’égarement.  

- Avec tout ce que tu viens de vivre, c’est un peu normal., réplique-t-il, sans ironie aucune.  

- On va la retrouver et la ramener. Elle est forte., m’assure-t-il.  

- Je sais. Le souci, ce sont les médicaments qu’elle a encore dans son sang et qui l’empêchent de respirer par elle-même. S’ils ne la ventilent pas…  

 

Je ne peux pas achever ma phrase. C’est trop difficile de penser que tu pourrais ne plus être. J’ai gardé espoir toutes ces semaines alors que c’était dur, surtout au début. Je n’arrive toujours pas à croire que ça pourrait être la fin. Je me secoue et chasse cette idée, me raccrochant au fait qu’un appât mort n’a aucun intérêt.  

 

- Ils ont besoin d’elle vivante pour t’appâter. Ils feront ce qu’il faut., me rassure-t-il, me confortant dans ma position.  

 

J’acquiesce et engage la panda vers notre premier lieu de « visite ».  

 

- Dans le sac, il y a des lunettes à vision thermique, du C4 et des détonateurs et autres petites choses. Fais-toi plaisir., lui dis-je.  

- Dis donc, tu n’y as pas été de main morte., siffle-t-il.  

 

Et ça continuera, pensé-je intérieurement. La première planque ne présente pas grand intérêt. Elle est vide de présence humaine et de toute marchandise, juste quatre murs et un toit. On reprend la route pour trouver à peu près le même topo dans la deuxième, ne trouvant qu’un sans-domicile auquel je secoue les puces mais dont rien ne sort à part des relents pestilentiels d’alcool.  

 

- Je viens d’avoir Umi. Ils ont fait deux planques et ils n’ont rien., m’apprend Mick alors qu’on regagne la voiture.  

- On continue., dis-je d’un air sombre.  

 

Lorsqu’on se gare devant la troisième planque, on sent tout de suite que les choses sont différentes. Il y a du mouvement dans le bâtiment. Mick et moi nous concentrons un moment sur ce que nous ressentons pour évaluer les choses.  

 

- Une vingtaine de gars., lui dis-je, ce qu’il me confirme une minute plus tard avec les lunettes.  

- Je veux les mêmes., me dit-il.  

- Cadeau. Kaori ne m’en voudra pas, je pense., réponds-je, tentant de rester calme alors que tu es peut-être là.  

 

Je ne te sens pas et c’est une chose à laquelle je ne m’habitue pas. Depuis que tu es dans le coma, je ne te sens plus ou que très faiblement quand je suis à côté de toi. Ca me désarçonne. En silence, nous approchons du bâtiment et, pendant que Mick en fait le tour pour évaluer le meilleur endroit où poser les explosifs si nécessaire, je pénètre à l’intérieur.  

 

Je fixe le silencieux sur le canon de mon magnum sans même regarder et avance, profitant des piliers en métal pour me cacher lorsque quelqu’un arrive. Les premiers hommes sont désarmés dans le calme. Ils n’ont même pas le temps de réagir que leur arme vole dans les airs et que je les assomme. J’en compte dix à terre avant d’arriver dans la partie la plus à découvert. Je jette un coup d’oeil circulaire, m’attendant à te voir, mais il n’y a rien à part des caisses et des caisses entassées.  

 

- Bonjour la compagnie !  

 

Tous les hommes sont alertés et se regroupent, me facilitant le travail. Dans mon plus pur style, je les désarme, rechargeant mon barillet entre temps. On n’entend que des « bang » et « clang », les pistolets tombant au sol. Les plus durs d’entre eux se jettent ensuite sur moi et j’en profite pour me défouler un peu. Je finis par celui que j’ai repéré comme étant le chef du groupe. Il s’élance sur moi, le poing levé en criant, et je n’ai qu’à me décaler d’un pas pour qu’il atterrisse le poing le premier dans la caisse en bois derrière moi, le bras bloqué.  

 

- Où est-elle ?, lui demandé-je d’une voix calme mais déterminée.  

- Où est qui ?, répète-t-il, se demandant de quoi je parle.  

- Ma partenaire, crétin. Tu caches une fille ici ?, poursuis-je, sortant mon magnum et le glissant sous son nez.  

- N… Non, Monsieur. Juste des armes., bafouille-t-il.  

- Où est ton chef ?  

- Mort. Je comptais profiter de la marchandise., m’avoue-t-il, mort de trouille.  

 

J’observe les lieux et je le crois. Lui infligeant un coup sur la tête qui l’envoie dans les vapes, je vais malgré tout jeter un œil dans les pièces du fond avant de prendre le chemin de la sortie, tout en envoyant un petit message à ma chère inspectrice, des fois que la prise l’intéresserait.  

 

- On continue, Mick., lui dis-je.  

- Petite promenade de santé ?, me répond-il.  

- Rien d’intéressant ici.  

 

Rien d’intéressant mais ça m’a quand même pris une heure de m’occuper de tout ce petit monde. Cela fait maintenant bientôt six heures que tu es entre leurs mains. La prochaine planque est plus éloignée et je dois reprendre la rocade pour m’y rendre mais on n’a pas fait un kilomètre qu’on se retrouve à l’arrêt dans un bouchon sans aucun moyen de s’extraire de là et bifurquer.  

 

- Putain de bordel de merde !  

 

Mick ne dit rien et se contente d’observer les conducteurs autour de nous. Il me connaît bien. Rien n’allégera mon humeur tant qu’on ne t’aura pas retrouvée. Il doit sentir la tension qui monte en moi à chaque minute qui passe. Je sais que j’ai tort mais je me sens impuissant à te venir en aide. J’ai l’impression que tout se ligue contre nous pour que je n’y arrive pas. Tu n’as pas d’émetteur, tu ne peux pas te défendre, même pas hurler, tu ne pourras rien faire pour m’aider comme tu le fais d’habitude et je ne peux pas te rejoindre.  

 

- Je t’ai abandonnée…  

 

Ma voix n’est qu’un murmure mais Mick l’entend malgré tout.  

 

- Arrête de déconner. Tu ne l’as jamais laissée tomber, Ryo., objecte-t-il.  

- Je n’aurais jamais dû la laisser seule à l’hôpital. Elle était trop vulnérable. J’ai merdé., lui dis-je.  

- Tu n’avais pas le choix. Si tu l’avais mise ailleurs, elle serait morte. Même à la clinique, Kazue te l’a dit. Tu as fait le bon choix alors cesse de te lamenter et crois en elle., me sermonne-t-il.  

 

Je ne dis rien, je sais qu’il a raison. Au bout d’un quart d’heure, la circulation reprend et nous pouvons au ralenti gagner le quatrième repaire. Entre temps, Miki nous recontacte pour nous dire qu’ils ont fait chou blanc de leur côté sur les cinq planques. La tension monte encore d’un cran. Il faut que tu sois dans l’une des deux dernières sinon tu resteras encore entre leurs mains et ça, je ne peux pas l’admettre.  

 

Une demi-heure plus tard, on est arrivés à destination. Je passe discrètement devant l’entrepôt, sentant les auras hostiles qui y sont enfermées, et m’arrête quelques centaines de mètres plus loin.  

 

- C’est là.  

 

J’en suis sûr. Je ne suis pas juste en train d’essayer de me persuader que tu y seras. Je sais que tu y es sans savoir pourquoi. Peut-être l’instinct ou l’habitude.  

 

- Tu peux placer les explosifs. Il ne doit rester que de la poussière., dis-je à Mick avant de sortir de la voiture.  

- Ryo ?  

- Prépare-toi à tout faire sauter dès que je sors.  

 

Ma voix est sans appel. Ils ont osé s’en prendre à toi alors que tu étais vulnérable, incapable de te défendre. Ils s’en sont pris à toi pour m’avoir moi sans même avoir le courage de venir me trouver. Ils vont payer. Je ne sais si je ne ferai que les blesser puis les laisser sortir ou si tous y passeront mais ils vont payer.  

 

Les portes de l’entrepôt sont entrouvertes. Contrairement à eux, je ne suis pas un rat et c’est par l’entrée principale que je fais mon entrée, auréolé du soleil dans mon dos.  

 

- Rostov ! Montre-toi si t’es un homme !  

 

J’entends toutes les armes se tourner vers moi mais je reste d’un calme olympien.  

 

- Ryo Saeba… Je t’attendais un peu plus tôt., raille un grand blond avec un fort accent, avançant au milieu de ses hommes.  

- Si tu avais eu le courage de m’envoyer un carton d’invitation, on se serait vus entre hommes bien avant.  

- Faudrait-il encore que tu en sois un, sale rat !, crache-t-il.  

- Je ne suis pas celui qui enlève une comateuse dans un hôpital., lui réponds-je calmement.  

- Ca, c’est digne d’un cafard dans ton genre !, me permets-je d’ajouter avec un léger sourire ironique.  

- Tu as tué mon frère de sang. Je vais venger sa mort !, hurle-t-il, levant sa main où je perçois la cicatrice d’une entaille visiblement ancienne.  

 

Les petits joueurs pressent sur la détente de leurs mitraillettes mais je ne m’en laisse pas conter. Tu n’es pas actuellement présente sur le champ de tir alors je peux agir à loisir et dégomme une bonne partie des tireurs, ne m’arrêtant que lorsque Rostov leur ordonne de cesser le feu.  

 

- On m’avait dit que tu étais très fort. Je vois qu’il n’y avait pas mensonge. Alors corsons le jeu. Regarde là-haut. Sur cette petite planche de bois, est allongée ta chère partenaire, tu sais, celle qu’on disait partie parce que tu lui avais fait vivre l’enfer. Tatsuo l’avait déjà faite rechercher un peu partout dans le monde. C’est facile avec un réseau comme le sien allié à d’autres réseaux encore plus puissants., m’apprend-il.  

- Moi, je n’ai pas été si loin. J’ai épluché les journaux et remonté jusqu’aux derniers jours avant sa disparition. Il y avait cet accident et cette voiture bien caractéristique malgré son très triste état. Alors je me suis intéressé aux hôpitaux. Ca m’a pris quelques jours mais je l’ai trouvée. Dans ma grande bonté, on a continué à la ventiler. Tu peux arrêter maintenant, Takeshi. Elle ne nous est plus d’aucune utilité. Je te laisse le choix, Saeba. Tu te rends et je recommence à lui donner de l’air ou tu sauves ta vie et elle finira dans ce petit bassin d’eau froide, juste là-bas., m’indique-t-il.  

 

Je vois la planche commencer à descendre. Je ne doute pas de la présence dudit bassin ni du fait qu’il ne te laissera pas vivre si je me rends. Nous mourrons tous les deux. Il ne me reste qu’un choix : faire comme d’habitude, nous sauver tous les deux en tentant le tout pour le tout et vite, très vite.  

 

Je sors de mes poches deux grenades que je dégoupille simultanément derrière mon dos. J’avance vers lui en prenant un air défait, tout en évaluant l’endroit où je dois lancer mes projectiles sans risquer de te blesser.  

 

- C’est bon, tu as gagné…  

 

Disant cela, je lève les mains où apparaissent les deux objets ovoïdes et les lance vers le groupe, me jetant sur le côté à l’abri des éclats que les explosions projettent. Me redressant, je descends le mec qui est à côté de toi, refusant de lui laisser une chance de te faire du mal. Sans un cri, son corps tombe dans le bassin que j’aperçois maintenant, teintant l’eau de rouge. La planche continue de descendre et je peux voir le bout de tes pieds. Sans m’attarder, je me retourne contre le groupe que j’ai délaissé et qui s’est dispersé. Les coups de feu pleuvent en tous sens mais, habitué, je ne m’émeus pas des impacts non loin, des éclats de bois qui pleuvent sur moi ni du fait qu’ils sont peut-être encore vingt fois plus nombreux que moi. Je reste concentré sur ce que j’ai à faire et le temps qui passe.  

 

Je change de position, m’exposant l’espace d’un instant, le temps de tirer les six balles de mon magnum, de trouer ma veste et de voir six hommes s’effondrer. Lorsque je m’arrête, mon barillet claque fermé, déjà rechargé. Je bouge de nouveau abattant de nouveau six hommes. Peu ont le temps de hurler. Une balle dans la tête fait cet effet-là. Adossé à une caisse, j’entends le moteur du palan continuer à tourner et je te vois juste deux mètres au-dessus de l’eau. Tu ne toucheras pas un millilitre de cette eau souillée par la mort. Je refuse que tu côtoies cet homme avec un trou dans le front qui me regarde les yeux grand ouverts.  

 

Une salve de mitraillette plus proche me rappelle à l’autre partie du monde qui nous entoure. Je ne m’amuse plus à changer de cachette. Ca les mènerait trop près de toi. Je me relève simplement, pointe et tire, abattant de nouveau six hommes. Il n’en reste que trois qui n’en mènent pas large et Rostov, un sourire cynique aux lèvres.  

 

- Tu n’as plus de balle, Saeba., me fait-il savoir, pointant son arme sur moi.  

- Tu crois vraiment ?, lui dis-je, sûr de moi.  

 

Sans attendre, je bondis sur la caisse et passe sur une autre. Une cible mouvante est plus difficile à viser et, moi, ça me laisse le temps de recharger mon magnum, d’abattre les trois hommes et de transpercer la main de Rostov dont l’arme vole au loin. Sautant de la dernière caisse, je me permets de tirer une balle dans le palan qui te descend et qui s’immobilise à cinquante centimètres du bassin avant d’atterrir à ses pieds.  

 

- Tu ne me tues pas, Saeba ?, ricane-t-il.  

 

Sans un mot, le regard noir, je range mon magnum. J’ai mis trop de temps, je le sais. A ce stade, tu auras des séquelles au cerveau. Avec tout ce que tu as déjà subi, te laisser partir est certainement la meilleure option même si elle me tue. Tu t’es battue avec courage, Kaori. Je suis fier de toi mais c’est à mon tour d’être courageux et d’accepter qu’une vie végétative ne serait pas digne de toi. Il t’a tuée.  

 

Je sens le froid m’envahir, ma seule armure qui m’empêche de m’effondrer totalement. Mon cœur se glace, mon esprit se drape de son voile noir et je sens mes ailes se déployer derrière moi. Sans aucun état d’âme, je vois les pupilles de mon adversaire se dilater à ressentir cette aura si particulière annonciatrice des pires sévices, d’une mort cruelle. Je ne ressens aucune pitié pour lui et je sors mon couteau. Il semble figé par la terreur et tombe par terre.  

 

- Pitié…, m’implore-t-il.  

- Tu n’en as eu aucune pour elle.  

 

Ma voix n’est qu’un murmure glacial alors que je tourne autour de lui, ma lame courant sur son corps.  

 

- Tu préfères quoi ? Une petite coupe de cheveux ou une chirurgie esthétique ?  

 

Je frôle son front, la lame traçant un léger sillon rouge qui le fait gémir, puis son oreille, l’entaillant. Je vois le sang couler mais n’en ressens aucun plaisir. Je veux juste le voir souffrir pour ce qu’il t’a fait. Ma lame glisse de nouveau contre son front, prête à le scalper brusquement, lorsque ma main se tétanise. Incapable de bouger, je sens l’homme à mes pieds trembler comme une feuille mais c’est secondaire. Mon regard se lève vers toi, ton corps allongé, ton visage serein et les chaînes se remettent en place.  

 

- Tu as de la chance. C’est mon jour de bonté., lui dis-je à l’oreille, étant derrière lui.  

 

Je lui plante le couteau dans le cœur. Je ne pouvais pas le laisser vivre. Sans reprendre cette arme qui ne me sera plus jamais d’aucune utilité, je le délaisse et te rejoins. Avec douceur, je t’observe un instant avant de te prendre dans mes bras. Le tien, celui qui n’est pas coincé contre moi, tombe mollement sur le côté. Ta tête se renverse en arrière. Mes sens sont anesthésiés. Je ne ressens rien, ni le chaud, ni le froid, ni la douceur de ta peau. Mes oreilles se mettent à bourdonner et ma vision se brouille. Tout en moi n’est que peine et douleur, la réalité n’est plus, la vie n’est plus.  

 

Je ne sais même pas comment j’atterris dehors en plein soleil. Mes pieds me portent alors que je te tiens toujours dans mes bras comme une poupée désarticulée jusqu’à ce que je tombe à genoux, incapable de faire un pas de plus. Je sens la douleur monter ainsi qu’un long cri d’agonie.  

 

- Kaori ! 

 


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