Hojo Fan City

 

 

 

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Rated PG-13 - Prose

 

Auteur: Mercury80

Status: Complète

Série: City Hunter

 

Total: 60 chapitres

Publiée: 02-03-20

Mise à jour: 30-04-20

 

Commentaires: 75 reviews

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RomanceDrame

 

Résumé: NC17 - Que seriez-vous prêt(e)s à accepter par amour?

 

Disclaimer: Les personnages de "Pour toi" sont la propriété exclusive de Tsukasa Hojo.

 

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   Fanfiction :: Pour toi

 

Chapitre 10 :: chapitre 10

Publiée: 11-03-20 - Mise à jour: 11-03-20

Commentaires: Bonjour, voici la suite de l'histoire. Bonne lecture et merci pour vos commentaires^^

 


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Chapitre 10  

 

Assis sur le canapé, Ryo regarda sa compagne descendre les escaliers dans une petite robe noire qui lui convenait parfaitement : ni trop longue, ni trop courte, peu décolletée, ajustée sans lui coller au corps. Elle avait fait un effort pour ne pas paraître négligée mais ça s’arrêtait là.  

 

- Tu es ravissante., approuva-t-il.  

- Tu vas me laisser sortir sans inquiétude alors ?, le taquina-t-elle.  

 

Le nettoyeur se leva et s’approcha d’elle, l’enlaçant tendrement. Il plongea son regard couleur nuit dans celui noisette, où dansait une douce flamme, de Kaori.  

 

- Je te l’ai dit : je te fais confiance mais pas à lui. Ne me demande pas l’impossible non plus. Je te promets que je ne squatterai pas en face du restaurant que tu as choisi., lui affirma-t-il.  

- Ca me va. Ca me fait du bien que tu crois en moi, Ryo., lui avoua-t-elle.  

- Tu le mérites. Je vais dans la même direction que toi. Est-ce inopportun de ma part de te proposer de faire un bout de route ensemble ?, lui demanda-t-il.  

- Au contraire. J’en serai ravie., lui dit-elle avec un sourire resplendissant.  

 

Galamment, Ryo lui tendit un gilet qu’elle enfila et prit sa veste avant de sortir à sa suite. Proches l’un de l’autre, ils marchèrent en discutant tranquillement. Après le tumulte des derniers jours, ils avaient passé la journée à deux à l’appartement, vaquant chacun à leurs occupations, se retrouvant fréquemment pour des broutilles sans vouloir vraiment imposer à l’autre leur présence plus longuement. Il y avait bien eu quelques moments de tendresse, quelques baisers plus ou moins sages mais rien de plus, comme s’ils se réapprivoisaient après le coup de froid de la veille. Arrivés devant l’entrée du Hilton, Ryo fit face à Kaori, l’observant sérieusement.  

 

- Profite de ta soirée., lui dit-il.  

 

Elle esquissa un léger sourire sceptique.  

 

- Tu n’en penses pas un mot., dit-elle, amusée.  

- C’est vrai., admit-il.  

- Merci d’essayer, Ryo., souffla-t-elle.  

- On se revoit d’ici peu, d’accord ?, le rassura-t-elle.  

- J’y compte bien., répondit-il, s’en allant à regrets.  

- Attends !, cria-t-elle.  

 

Elle courut vers lui et se hissa à son cou, l’embrassant passionnément. Lorsqu’ils se séparèrent essoufflés, Ryo sourit et effaça les traces de rouge à lèvres qui avait débordé.  

 

- Bonne soirée., souffla-t-il, posant un regard chaud sur elle.  

- A toi aussi., dit-elle, se tournant pour entrer dans le palace.  

 

Elle se retourna et lui adressa un clin d’oeil malicieux avant d’entrer dans le hall. Ryo la regarda disparaître derrière la porte-tambour avant de tourner les talons et continuer sa route vers le Kabuki Cho où il devait retrouver Mick. Il tentait de rester confiant en se disant que tout irait bien, qu’il retrouverait sa compagne comme il l’avait laissée, toujours aussi amoureuse de lui. Malgré tout, il sentait le doute le tarauder non loin, comme une petite voix diabolique attendant de le voir défaillir. Il se promit de ne pas le faire. Il avait dit à Kaori qu’il lui faisait confiance et il savait qu’il le pouvait alors autant chasser cette petite voix au plus profond de lui et passer une soirée si possible productive en compagnie de Mick.  

 

- Te voilà enfin., le salua son ami.  

- Je commençais à m’impatienter.  

- Je n’ai que cinq minutes de retard., se défendit le japonais.  

 

Mick plissa les yeux et approcha de son ami, fixant son visage.  

 

- Quoi ? J’ai un troisième œil qui pousse ?, s’énerva Ryo.  

- Non, mais tu as intérêt à effacer les traces de rouge à lèvres avant que Kaori les voit., pipa l’américain sombrement.  

- Tu en es encore à draguer dans la rue ? Je croyais que tu voulais avancer avec elle ?, l’interrogea-t-il.  

- On avance et, pour celle que j’ai embrassée, crois-moi : si tu la voyais, tu approuverais., répondit Ryo, malicieux.  

- Tu me le présenteras ? J’aimerais bien tester moi aussi., fit Mick, très intéressé.  

 

Le japonais s’en voulut d’avoir lancé le sujet et dut trouver un moyen de s’en sortir sans trop en dire.  

 

- Je ne crois pas non. Connaissant Kazue, elle le remarquerait à coup sûr et je n’ai pas envie de me prendre une massue à ta place., répondit Ryo, sortant une cigarette et en tendant une à son ami.  

- Dis plutôt que tu ne veux pas partager…, pipa Mick, lui lançant un regard en coin.  

 

Ryo ne releva pas et le fit entrer dans un cabaret, se dirigeant vers le fond de la salle. Ils furent aussitôt entourés de jeunes demoiselles aguicheuses qui prirent leurs commandes.  

 

- On verra plus tard pour le reste, les filles., les renvoya gentiment Ryo.  

 

Il attendit que les filles se furent éloignées et se tourna vers son ami, le regard sérieux.  

 

- Tu as les infos que je t’ai demandées ?  

- Je me suis renseigné. Ils sont clean, Ryo, tous les deux. Charles Barclay est un jeune homme dont le père a monté sa boite à force de sueur. C’est le deuxième d’une fratrie de cinq enfants qui ont tous faits de grandes études. Lui est plutôt un geek, spécialisé dans le développement de logiciels. Il était fiancé avec une certaine Melody Carsons, elle aussi héritière. Il a rompu les fiançailles il y a deux mois et demie, ça a même fait la une d’une certaine presse spécialisée.  

- Donc Yoko est bien en sécurité ?, l’interrogea Ryo.  

- Oui. J’ai même téléphoné à un de mes contacts qui m’a bien confirmé que le mariage était en cours d’homologation aux Etats-Unis. Ce devrait être effectif d’ici fin du mois.  

- Tant mieux. Et pour l’autre ?, demanda le nettoyeur sombrement.  

- Son seul défaut est de tourner autour de notre Kaori., répondit Mick, qui semblait s’amuser mais dont le regard était très sérieux.  

 

Ryo sortit une nouvelle cigarette et prit le temps de l’allumer pour contrôler l’accès de jalousie qui montait.  

 

- Donc tu n’as rien. Il ne donne pas dans l’illicite, il ne côtoie pas les mauvaises personnes et sa fortune est on ne peut plus légale., résuma-t-il.  

- Oui. Il mène son monde à la baguette, gagne des milliards à l’heure et redistribue des millions régulièrement à diverses œuvres de charité. Ses parents sont encore vivants et vivent une retraite paisible en Californie, dans un ranch à l’écart de Los Angeles. Il est fils unique, il a beaucoup flirté mais n’a pas de petite amie attitrée, pas d’enfant caché non plus. Ca te suffit ?, s’enquit Mick.  

- Qu’est-ce qu’il t’a fait ce type pour que tu me demandes de me renseigner sur lui ?  

- Il tourne autour de ma partenaire. Je prends les devants., mentit-il.  

- Rassuré ?  

 

Ryo serra les dents. Il aurait préféré apprendre que ce David James était une horrible crapule, un homme sans scrupule qui trafiquait. Il aurait ainsi pu se débrouiller pour le mettre sur le carreau et ainsi l’éloigner de Kaori plutôt que de le laisser continuer à lui tourner autour. Mais il se trouvait que cet homme était irréprochable. Il devait donc admettre que seule sa jalousie parlait et lui faisait voir le mal qui n’existait pas. C’était peut-être aussi pour cela qu’il s’était planté sur la recherche de Yoko, qu’il s’était concentré sur les pistes liées au milieu, refusant d’aller chercher ailleurs inconsciemment.  

 

- Oui., lâcha-t-il, amèrement.  

- Ben dis donc. On jurerait presque que tu préférerais savoir ta partenaire entre les mains d’un dangereux criminel., plaisanta Mick, sans se douter qu’il tapait dans le mille.  

- Dis pas de connerie, Angel., le rabroua le nettoyeur alors qu’une serveuse arrivait et leur servit leurs boissons, serveuse que Mick s’empressa de draguer, oubliant son ami.  

- Au moins, les criminels, je sais comment les gérer., murmura Ryo, portant son verre à ses lèvres, l’air sombre.  

 

Il ne se rendit pas compte du regard perçant que posa Mick sur lui à ce moment-là. Il était à quelques minutes de là, dans le restaurant où il savait Kaori être en compagnie de cet américain. Il se demandait comment il se comportait avec elle, s’il était correct, s’il lui contait fleurette, s’il lui vantait les mérites de sa vie de luxe et d’opulence. Il imaginait la réaction de sa compagne aux compliments du bellâtre, ses rougissements, ses bafouillages, ces petites choses qui dévoilaient sa fragilité mais la rendaient également extrêmement séduisante à ses yeux et certainement aux siens aussi, pensa-t-il amèrement.  

 

Avait-il cerné la personnalité de Kaori ? Savait-il que toute sa richesse ne l’intéressait pas le moins du monde, que le pouvoir et l’argent ne l’attiraient pas, que sa plus grande richesse était le bonheur qu’elle créait autour d’elle sans même s’en apercevoir ? Savait-il que, pour elle, le plus beau des spectacles consistait à regarder la nature s’épanouir autour d’elle, voir voler les fleurs de cerisiers au printemps, entendre un enfant rire ? Avait-il compris que la plus belle parure dont on pouvait la revêtir c’était d’amour ? S’il savait déjà tout cela, alors il était plus malin que lui parce qu’il ne lui avait fallu peut-être que quelques jours pour se rendre compte de sa simplicité mais des années pour admettre qu’elle n’en demandait pas plus.  

 

- Tu veux qu’on aille ailleurs, mon pote ? Tu n’as pas l’air dans tes baskets ici., lui proposa Mick, une main sur son épaule.  

- Non… Non, ça va., lui dit-il, chassant de son esprit l’idée d’aller faire un tour là-bas, juste pour voir.  

- On changera d’endroit un peu plus tard., ajouta-t-il, esquissant un sourire détendu et invitant une jeune femme sur ses genoux, juste pour donner le change.  

 

A quelques encablures de là, David ouvrit galamment la porte du restaurant à Kaori, l’invitant à passer en première. Suivant le serveur, ils furent installés à une table qui donnait sur la terrasse du restaurant bordée par un étang. L’américain regarda d’un œil suspicieux la table basse et observa sa cavalière s’installer, se mettant à genoux sur les coussins.  

 

- Tu peux t’asseoir en tailleur si tu préfères. Je me suis dit que cet endroit te changerait de décor., lui dit-elle.  

- Effectivement. Je n’ai pas vraiment l’impression d’être à Tokyo., admit-il.  

- Oui, c’est calme. J’apprécie cet endroit., murmura-t-elle, jetant un regard paisible sur le jardin extérieur plongé dans la nuit.  

 

Elle était consciente du regard de David posé sur elle mais tant que ça en restait là, ça lui allait. Il avait été très prudent depuis qu’il l’avait rejointe dans le hall de l’hôtel. Il lui avait galamment fait un baise-main, ce qui l’avait amusée, et l’avait complimentée sur sa tenue mais ça s’était arrêté là. Il n’avait pas fait un geste déplacé ni eu une parole pour tenter de la séduire.  

 

- Mademoiselle Kaori, c’est un plaisir de vous voir ici, ce soir. Vous n’êtes pas avec Monsieur Ryo ?, lui demanda un homme d’un certain âge au visage souriant.  

- Pas ce soir, non. Je suis venue faire découvrir cet endroit à un ami. Monsieur Ren, je vous présente David. David, Monsieur Ren qui est le propriétaire de ce restaurant.  

- Monsieur Ren., le salua poliment l’américain.  

- Monsieur David, c’est un honneur que vous nous faites. Considérez-vous ici comme chez vous., l’invita le restaurateur.  

- Je vous remercie., répondit David, mal à l’aise.  

- Monsieur Ren, je voudrais faire découvrir à mon ami les délices de notre pays., lui expliqua Kaori.  

- Alors, je sais ce qu’il vous faut. Ne vous préoccupez de rien., dit-il avant de s’en aller.  

 

David le regarda partir, interloqué, puis se tourna vers Kaori qui avait le regard rieur.  

 

- Tu t’amuses bien, on dirait ? A mes dépens qui plus est., la réprimanda-t-il gentiment.  

- Tu verrais ta tête. Détends-toi. Il ne va pas t’empoisonner. Il va nous préparer un assortiment de plats. Ainsi tu pourras goûter à beaucoup de choses., lui expliqua-t-elle.  

- J’ai compris. Tu as décidé de me rendre obèse pour ne plus être attirée par moi. Très bien pensé, mais ça ne marchera pas en une soirée. Il te faudra des mois pour y arriver…, répliqua-t-il.  

- Moi, ça me va., ajouta-t-il, posant un regard caressant sur elle.  

- David…, le prévint-elle.  

- Ne t’engage pas sur ce terrain. J’ai invité ici un ami, pas un amant potentiel., lui rappela-t-elle.  

- Je voulais te sortir de ton monde habituel pour te faire découvrir autre chose. C’est ma manière de te remercier, que tu découvres ce qui fait la beauté et le charme de ce pays., lui apprit-elle, patiemment.  

 

Il posa sur elle un regard serein et chaud.  

 

- Je sais déjà tout cela depuis trois semaines, depuis qu’une certaine demoiselle m’a ouvertement remis à ma place. Kaori, je ne comprends pas : tu es honnête avec moi mais tu ne me laisses pas l’être avec toi. Tu me demandes de réfréner mes ardeurs, mes attentions alors que j’ai juste envie de t’aimer, d’apprendre à te connaître et de te laisser voir qui je suis., lui dit-il, d’une voix où perçait une certaine tension.  

- En quoi est-ce mal de te dire que je t’aime, que je te trouve belle et que j’ai envie de toi ? En quoi est-ce mal de t’affirmer que je veux t’épouser et que tu portes nos enfants ?  

 

Il l’observa un moment et la vit baisser les yeux, le regard attristé.  

 

- Tu ne veux pas avoir d’enfants ?, lui demanda-t-il.  

- Non, bien au contraire., murmura-t-elle, ne voulant pas mentir.  

- Tu ne peux pas en avoir ? Si c’est le cas, ce n’est pas grave. Nous pourrons utiliser les techniques médicales ou adopter. On pourrait même adopter des enfants de l’orphelinat où tu es bénévole comme Hime par exemple. C’est une adorable petite fille après tout., lui proposa-t-il.  

 

Elle leva un regard surpris sur lui. Elle ne comprenait que trop bien son besoin de la gagner à sa cause. Elle aussi avait été prête à tout pour que Ryo la voit et l’aime en retour. Elle poussa un long soupir.  

 

- Je ne vois pas ce qui m’empêcherait de porter un enfant et le mettre au monde, David. C’est très généreux de ta part de me proposer d’adopter un enfant de l’orphelinat mais je ne me vois pas arriver là-bas et choisir qui aura le droit d’avoir une famille ou non. Ce serait terriblement injuste pour ceux qui restent., lui répondit-elle, l’air fermé.  

- Kaori…  

- Comme je te l’ai déjà dit, j’ai quelqu’un dans ma vie et je n’envisage pas de le quitter. Je vais te laisser quelques minutes. Profites-en pour te reprendre, sinon cette soirée sera vite terminée., le prévint-elle, se levant.  

 

Elle s’éloigna et disparut derrière la porte des sanitaires. Une fois seule, Kaori s’adossa au mur. Elle s’était attendue à ce que la situation dérape et qu’il revienne à la charge. Elle n’était donc pas surprise outre mesure. Ce qui la laissait pantoise, c’était la force apparente de ses sentiments pour elle. Elle n’arrivait pas à croire qu’après le peu de fois où ils s’étaient vus, il était prêt à aller aussi loin. C’était tellement rapide. Elle connaissait Ryo depuis sept ans et pourtant ils n’avaient parlé ni mariage ni enfants même si elle se doutait par avance de sa réponse. Très honnêtement, elle rêvait d’une belle cérémonie et de pouvoir donner la vie mais, encore plus honnêtement, elle savait que ces deux évènements n’auraient aucun charme si Ryo n’était pas l’homme qu’elle épouserait et qui lui ferait un enfant. Sans lui, tout cela n’aurait aucun sens. Pour lui, elle était prête à faire une croix sur ces deux rêves-là. Son amour lui suffisait.  

 

Fronçant les sourcils, elle sentit l’aura de son partenaire non loin. Il n’aurait tout de même pas eu le culot de venir la surveiller ? Se concentrant, elle ne la sentit pas s’immobiliser mais s’approcher puis s’éloigner : il ne faisait que passer dans le coin. Elle lui en fut reconnaissante même si elle ressentit dans le même temps un pincement au coeur : il lui manquait. Se lavant les mains, elle se prit à imaginer ses traits dans le miroir et il lui sembla même sentir ses lèvres sur les siennes alors qu’elle portait le tube de rouge à lèvres à sa bouche. Finalement, elle n’en remit pas, préférant de loin le souvenir de la sensation de leur baiser. Replaçant une mèche derrière son oreille, elle ressortit des toilettes et retourna auprès de David. Leur repas avait été servi et l’air embaumait des fumets alléchants.  

 

- Tu vas te régaler., dit-elle, enthousiaste.  

 

David la regarda d’un air sombre et tenta de laisser un sourire s’imprimer en vain sur son visage.  

 

- J’ai une dernière question, Kaori. Après je ne t’embêterai plus avec cela., lui dit-il.  

- Vas-y., répondit-elle, posant calmement les baguettes qu’elle avait saisies.  

- L’homme que tu aimes, c’est ton partenaire ?, lui demanda-t-il, les yeux fixés sur elle comme pour la sonder.  

 

Non loin Mick et Ryo se rendaient dans un bar plus ou moins bien fréquenté. Ils prirent place au comptoir et commandèrent tous deux un whisky qu’ils burent en discutant tranquillement, laissant leurs oreilles traîner sans en avoir l’air. Soudain, le barman approcha de Ryo et, jetant un regard méfiant sur les personnes qui l’entouraient, se pencha vers lui.  

 

- Ryo, j’ai entendu dire qu’un nouveau gang cherche à s’imposer dans la ville. Ce sont des hommes qui ont été rejetés d’autres clans pour leur manque de discipline et ils sont apparemment prêts à mettre la ville à feu et à sang. Ils se vanteraient même d’avoir le meilleur tireur de toute la Terre., le prévint-il.  

- Tu crois à ces conneries ?, répondit Ryo, nonchalamment.  

- Ils ont déjà fait parler d’eux dans les quartiers nord. Je sais que tu es le meilleur, mais fais gaffe.  

- Tiens, je t’offre un verre, l’ami., fit le nettoyeur, glissant un billet vers lui avec un léger signe de tête en guise de remerciement.  

 

Le barman repartit et Mick et lui allèrent s’asseoir à une table un peu à l’écart.  

 

- Info ou intox ?, demanda l’américain, sérieux.  

- Info. J’en ai déjà eu vent. Le tireur viendrait d’Europe, ancien tireur d’élite, Légion Etrangère, renvoyé de l’armée pour manquement à la discipline.  

- Renvoyé de la Légion Etrangère ? C’est possible, ça ?, s’étonna Mick.  

- Il faut croire., pipa Ryo, sombrement.  

- Tu crois qu’il va te défier ?  

- C’est ce qu’ils font tous. En général, ils commencent même par là. Je suis prêt… comme toujours.  

- Et Kaori ?, demanda Mick.  

- Quoi Kaori ?, s’énerva le nettoyeur qui s’inquiétait pour sa compagne.  

 

L’américain lui lança un regard qui en disait long. Ryo se calma, perdre son sang froid risquait de le desservir.  

 

- Je m’en occupe. Ne t’inquiète pas., le rassura-t-il.  

- Je préfère ça., acquiesça Mick.  

 

Ils trinquèrent et restèrent une heure de plus dans le bar, heure pendant laquelle Ryo pensa régulièrement à sa belle, s’inquiétant de ce que David lui faisait, de ce que ce nouveau gang pourrait lui faire… Il fut soulagé quand Mick lui proposa de rentrer et se laissa guider par son ami qui ne voulait pas prendre le chemin le plus direct.  

 

- Alors, dis-moi., la poussa David, un regard déterminé posé sur elle.  

- Ca ne te regarde pas ! Mon coeur est pris. Que ce soit par un homme ou une femme, mon partenaire ou un autre, ça ne te concerne pas !, lui répondit-elle vertement.  

- Je ne vois pas ce qu’il y a de confidentiel., pipa-t-il, les sourcils froncés.  

- Ca ne te regarde pas, David ! Un point, c’est tout !  

- J’ai bien vu que vous étiez proches, Kaori. Alors pourquoi ne me le dis-tu pas simplement ?  

- Ca fait sept ans qu’on bosse ensemble, alors bien sûr qu’on est proches. Mais de là à te dire si on est ensemble ou non, je te le répète : ça ne te concerne pas.  

- Je voudrais juste savoir quel est l’imbécile qui fait battre ton coeur depuis si longtemps et qui n’est pas capable de te rendre heureuse, de te faire sienne., lui expliqua-t-il, agacé.  

 

Kaori attrapa sa veste et se leva.  

 

- Je m’en vais. J’aurais aimé pouvoir apprécier ce délicieux repas mais tu m’as coupé l’appétit. Je ne te permets pas de juger mon ami ni notre relation. Ma vie me plaît comme elle est, mon homme me plaît comme il est et je n’ai pas besoin que tu viennes me donner ton avis d’enfant gâté pourri par la vie pour savoir ce qu’il me faut. Lui au moins me respecte., lui dit-elle d’une voix sourde avant de contourner la table.  

- Non, Kaori, attends !, cria-t-il, faisant se tourner toute l’assistance.  

 

Il l’avait retenue par le poignet et, même si elle s’arrêta, elle ne se tourna pas vers lui.  

 

- Je suis désolé. Reste, s’il te plaît. Reste. Je ne poserai plus de questions privées. Reste. Tu… Tu dois me guider à travers tous ces plats parce que je ne mange pas ce que je ne connais pas., inventa-t-il.  

- Je te promets : plus de questions personnelles. Reste…, l’implora-t-il encore.  

- Encore une question ou une allusion et je m’en vais., le prévint-elle, tournant le visage vers lui.  

 

Il put admirer sa colère et acquiesça. Elle fit alors demi-tour et revint s’asseoir. Après un moment pris pour se calmer, elle désigna et lui décrivit les différents plats, l’invitant à piocher au fur et à mesure. Progressivement, l’atmosphère se détendit et David, évitant tout sujet qui la concernait, lui parla de ses années de lycée et d’université avec Charles, des quatre cent coups qu’ils avaient faits à deux, de leur tentative de battre le record de conquêtes de l’autre, des voyages qu’ils avaient fait à deux. Il lui expliqua que c’était cependant par hasard qu’ils s’étaient retrouvés au Japon en même temps après plusieurs mois sans se voir.  

 

- Tu as dû être déçu de le voir partir aujourd’hui, alors ?, compatit Kaori.  

- Un peu. Je les ai accompagnés à l’aéroport ce matin et on s’est promis de se voir dès que possible quand je serai de retour à Los Angeles., lui apprit-il.  

- Tant mieux. C’est important les amis.  

- C’est vrai. J’apprends des choses depuis que je t’ai rencontrée., murmura-t-il.  

 

Kaori préféra ne pas relever et ils finirent leur repas en silence. Au moment de partir, David aida sa cavalière à mettre son gilet puis alla payer malgré ses protestations.  

 

- Dans mon pays, c’est le devoir d’un homme de payer le premier dîner. Dans le tien aussi non ?, lui dit-il pour la faire taire.  

- Dans mon pays, une telle considération est considérée comme machiste. Dans le tien aussi non ?, répondit-elle.  

- Exact. Il faut vraiment que tu aies toujours le dernier mot ?, lui demanda-t-il faussement sévère.  

- Toujours quand j’ai raison., fit-elle malicieuse.  

 

Il lui sourit franchement, amusé, puis l’invita à sortir. Ils n’avaient pas fait dix mètres dans la rue que Kaori s’arrêta et se retourna, le sourcils froncés.  

 

- Que se passe-t-il ?, s’inquiéta David.  

- On a de la compagnie., répondit-elle d’une voix tendue.  

- Ma Kaori chérie, quelle chance de te trouver ici !, fit Mick, l’enlaçant chaleureusement.  

- Une chance… Vraiment ?, lança-t-elle, jetant un regard vers Ryo.  

- Je l’ai laissé nous guider pour rentrer et il s’est encore une fois paumé…, se défendit ce dernier.  

- Kaori ?, intervint David, curieux.  

- Oui, pardon, David, je te présente Mick, un ami. Mick, voici David, un ami., les présenta-t-elle.  

- Alors il paraît que vous venez de Los Angeles !, commença Mick, faisant avancer l’homme.  

- Ca tombe bien. Moi aussi. Alors quoi de neuf au pays ?, lui demanda-t-il, enthousiaste.  

 

David jeta un regard désespéré vers Kaori qui leva les bras en signe d’impuissance, lui offrant un sourire encourageant. Il poussa ostensiblement un soupir de frustration puis se tourna poliment vers son interlocuteur, laissant les deux nettoyeurs quelques pas derrière. Ils n’échangèrent pas un mot jusqu’à l’hôtel mais l’espace entre eux se réduisit progressivement jusqu’à ce que leurs bras s’effleurent, leur pas se synchronisant. Cette proximité leur suffisait et leur apportait un certain bien-être. Devant l’hôtel, Ryo emmena un Mick récalcitrant un peu plus loin.  

 

- Tu ne devrais pas la laisser toute seule avec lui., maugréa-t-il.  

- Fais-lui confiance., lui lança-t-il.  

 

Mick lui lança un regard peu convaincu puis se tourna vers le couple qui se faisait face.  

 

- Je ne te propose pas un dernier verre ?, tenta-t-il tout de même.  

- Non merci. Je ne bois pas., refusa-t-elle poliment.  

- Merci pour cette soirée, Kaori. On aura peut-être une autre occasion ?  

- David, j’ai passé une excellente soirée également mais ne pousse pas. Tu souffres et je n’aime pas cela., soupira-t-elle.  

- Alors dis…  

 

Mais sa phrase mourut sur la main que la jeune femme avait posée sur sa bouche.  

 

- Au revoir., lui dit-elle avant de s’en aller.  

 

Il la regarda rejoindre ses deux amis et partir alors qu’ils l’entouraient comme pour la protéger. Il sentait que, pour chacun des deux hommes, elle était importante mais de quelle manière, se demanda-t-il.  

 

Inconscients des questions que se posait David, les trois nettoyeurs regagnèrent leurs appartements, se séparant au pied de l’immeuble en briques rouges. Arrivés chez eux, Ryo referma la porte et regarda sa compagne qui se déchaussait, se tenant au mur. Discrètement, il s’approcha et l’entoura de ses deux bras, la faisant sursauter.  

 

- J’ai tenu ma promesse., lui susurra-t-il à l’oreille.  

 

Son souffle chaud caressa la peau délicate de sa nuque et la fit tressaillir.  

 

- C’est vrai., répondit-elle, sentant des papillons s’envoler dans son estomac.  

- J’ai le droit à une récompense ?  

 

Elle se retourna dans ses bras et acquiesça. Elle laissa ses mains doucement glisser sur son torse jusque dans son cou, le sentant frémir sous ses doigts, puis se serra contre lui. Elle embrassa doucement la ligne de sa mâchoire, ressentant la légère griffure de sa barbe naissante, puis redescendit vers sa bouche. Flottant un moment au-dessus, elle plongea dans son regard, admirant le désir qui gagnait ses pupilles. Elle souffla doucement sur la pulpe de ses lèvres, y frotta le bout de son nez jusqu’à ce que, ne tenant plus, Ryo glissa une main dans ses cheveux, fit basculer sa tête en arrière pour lui donner un baiser sauvage. Ils s’étreignirent ainsi un moment, en complète apnée, leurs mains voyageant sur le corps de l’autre sans retenue jusqu’à ce que le nettoyeur s’écarta d’elle, tous deux essoufflés.  

 

- C’est bon de te retrouver., murmura-t-il.  

- Je trouve aussi., acquiesça-t-elle.  

- Je n’ai pas envie de te laisser. Kaori, dors avec moi cette nuit., lui proposa-t-il.  

- Juste dormir. Le reste viendra bientôt, je te promets., lui dit-il.  

 

Elle l’observa un moment pendant qu’un léger sourire venait éclairer ses traits.  

 

- D’accord., murmura-t-elle. 

 


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