Hojo Fan City

 

 

 

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Rated PG-13 - Prose

 

Auteur: Mercury80

Status: Complète

Série: City Hunter

 

Total: 60 chapitres

Publiée: 02-03-20

Mise à jour: 30-04-20

 

Commentaires: 75 reviews

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RomanceDrame

 

Résumé: NC17 - Que seriez-vous prêt(e)s à accepter par amour?

 

Disclaimer: Les personnages de "Pour toi" sont la propriété exclusive de Tsukasa Hojo.

 

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   Fanfiction :: Pour toi

 

Chapitre 50 :: chapitre 50

Publiée: 20-04-20 - Mise à jour: 20-04-20

Commentaires: Bonjour, voici la suite de l'histoire. C'est parti pour l'arrivée du bébé. Bonne lecture et merci pour vos commentaires^^

 


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Chapitre 50  

 

Après un rapide passage au Cat’s où Ryo déposa Kei avec un simple « bébé arrive » à Miki, il fonça jusqu’à la clinique du Professeur. Arrivés sur place, ils descendirent de voiture et, un bras autour de sa taille, Ryo accompagna sa femme jusqu’à l’intérieur. Kaori sentait les contractions devenir vraiment très douloureuses, longues et surtout rapprochées. Par dessus tout, elle sentait le bébé très bas. Elle allait accoucher d’ici peu.  

 

- Je ne suis pas prête, Ryo., murmura-t-elle soudain.  

- Quoi ?, s’inquiéta-t-il, se tournant vers elle dans le couloir de la clinique.  

- Je ne suis pas prête à avoir ce bébé. C’est trop tôt., dit-elle d’une voix tremblante.  

 

Il l’enlaça, le cœur serré. Il avait senti la tension monter progressivement pendant le trajet.  

 

- Je sais que j’ai dit que je voulais le garder, le protéger mais j’ai besoin de plus de temps. Je ne suis pas prête. C’est trop tôt. Je vais tout foutre en l’air., se mit-elle à pleurer.  

- Kaori, regarde-moi., lui demanda-t-il, encadrant son visage de ses mains.  

 

Il vit du coin de l’oeil le Professeur arriver et s’arrêter en sentant l’ambiance du moment, leur laissant un peu d’intimité. Il plongea dans le regard de sa compagne et tenta de lui insuffler sa force et son courage. Il ne la comprenait que trop bien. Il y a deux semaines elle voulait donner ce bébé à l’adoption et s’y était préparée. La semaine précédente, elle était poussée à le garder malgré ses peurs et ses réserves. Aujourd’hui, on avait tenté de les tuer et elle allait accoucher. Tout allait si vite et elle était fatiguée et terrifiée à l’idée de ne pas savoir aimer ce bébé. Qui était-il pour la blâmer ? Quand il croisa son regard humide, il caressa ses joues.  

 

- Ce bébé va naître aujourd’hui. On ne peut rien y faire. C’est son moment. Ta mission pour le moment, c’est de te concentrer sur cela. Oublie le reste. Contrôle ta douleur, tes contractions. Pousse quand on te le demande et met ce bébé au monde. Une chose à la fois, Kaori., l’encouragea-t-il.  

 

Voyant son regard se voiler de douleur et sentant qu’elle luttait pour ne pas se plier en deux, il l’attrapa et l’emmena vers la salle que lui indiqua le Professeur. Rapidement installée sur la table, le médecin la brancha sur monitoring.  

 

- Ryo, tu peux aller appeler Kazue et te préparer, s’il te plaît ?, lui demanda son ami.  

- D’accord. Je reviens vite, Kaori. Concentre-toi sur le moment présent., lui rappela-t-il.  

 

Elle acquiesça, contrôlant sa respiration pour lutter contre la douleur d’une nouvelle contraction.  

 

- Je vais devoir voir où en est ce bébé, Kaori., lui annonça le médecin.  

- Tu veux que j’attende Ryo ?, lui demanda-t-il.  

 

La jeune femme le regarda, se mordit la lèvre puis secoua la tête.  

 

- Ca va aller. Vous pouvez y aller., lui dit-elle.  

- Tu m’arrêtes si c’est trop insupportable., l’invita-t-il.  

 

Elle ferma les yeux et se détendit. Elle grimaça en sentant qu’il faisait des manipulations mais, passée la gêne, se sentit soulagée quand il la sonda, vidant sa vessie. Le second effet ne tarda pas. A la contraction suivante, le bébé descendit.  

 

- Ca va aller très vite. Tu devais déjà être en travail depuis un moment. Je suis désolé, Kaori, mais ce sera sans péridurale. La fenêtre est passée., s’excusa-t-il.  

- Quoi ?! C’est une blague, j’esp…  

 

Elle serra les dents à la contraction qui arriva beaucoup plus douloureuse. Elle sentit une main prendre la sienne et leva les yeux vers le nouvel arrivant. Elle entendit à peine le médecin briefer Ryo, de retour, sur la situation.  

 

- Tu peux le faire, Kaori. Même sans péridurale, même avec la douleur, tu peux le faire., lui dit-il.  

 

Il n’osait pas lui dire de le faire pour rencontrer leur enfant, qu’ils allaient bientôt voir ce nouveau bébé qui allait agrandir leur famille. Il avait le sentiment que ça ne l’aiderait pas. Alors, il se concentra sur le moment présent, gérer la douleur, la fatigue, l’encourager, lui éponger le front, tout ce qui pouvait, il espérait, lui faire du bien.  

 

- Je vois ses cheveux., les informa le Professeur soudain.  

 

Il ne l’aurait pas dit à haute voix mais il était soulagé et espérait que la chance resterait de leur côté.  

 

- Les mêmes que maman., leur annonça-t-il.  

- Allez, le plus dur arrive mais ce sera bientôt fini. Il faut sortir la tête, Kaori, et tu arrêtes de pousser quand je te le dis., lui ordonna-t-il.  

 

Quand la contraction suivante arriva, elle n’avait pas besoin d’être guidée pour savoir où pousser. Elle sentait le bébé et tous ses mouvements en elle. L’accouchement se passait bien mais la douleur était insupportable. Ce n’était pas les contractions ni les tensions induites par le passage du nouveau-né. C’était plus profond et beaucoup plus perturbant, ça faisait mal comme jamais et plus elle essayait de contrôler, plus c’était douloureux.  

 

- Ne pousse plus., entendit-elle.  

 

Elle relâcha ses muscles, inconsciente des larmes qui inondaient son visage.  

 

- Kaori, ça va ?, lui demanda Ryo, essuyant son visage.  

 

Elle secoua la tête négativement, se mordant la lèvre pour réprimer les sanglots qui montaient.  

 

- Tu as mal ? Tu ne te sens pas bien ?, s’inquiéta-t-il.  

 

Elle plongea les yeux dans son regard et ne lui cacha rien, bien incapable de le faire. Elle vit ses prunelles s’assombrir et son visage se fermer. La contraction suivante la détourna de lui.  

 

- Allez, c’est la dernière. On sort l’épaule et ce petit bout sera là., l’encouragea le praticien.  

 

Moins d’une minute plus tard, un cri strident emplit la pièce et le bébé fut posé sur sa mère qui pleurait, les yeux fermés. Instinctivement, elle referma les bras sur le nourrisson, l’empêchant de glisser et lui créant un cocon sécurisant.  

 

- C’est une fille., annonça le Professeur, calmement.  

 

Il avait eu beau être absorbé par la naissance, il n’avait rien manqué de l’humeur de la maman. L’heure n’était pas aux effusions de joie ni de tendresse. Cette naissance revêtait tellement plus pour elle, pour elles deux. Ce n’était pas une simple rencontre mère-fille. Il y avait beaucoup plus en jeu, tellement de choses qui avaient été tues ou occultées inconsciemment que l’arrivée de cette enfant révélait. Il aurait trouvé douteux qu’elle la prenne et l’aime au premier regard, même pour Kaori. Elle devait d’abord gérer toutes ces émotions contradictoires qui devaient l’agiter, ce qui était d’autant plus difficile avec la fatigue des derniers jours et de l’accouchement.  

 

Comme le bébé avait cessé de pleurer et se reposer calmement sous le regard attendri de Ryo, le Professeur approcha.  

 

- Je vais la prendre pour que Kazue l’examine et s’occupe d’elle. Elle est prématurée de cinq semaines donc je vais la placer quelques heures en couveuse le temps de m’assurer qu’elle va bien., les informa-t-il.  

 

Kaori ouvrit les yeux et le regarda brièvement avant de détourner le regard, honteuse. Elle leva les mains pour le laisser prendre la petite et les reposa sur elle quand elle fut partie.  

 

- Tu ferais peut-être mieux d’aller avec elle., murmura-t-elle à Ryo sans même le regarder.  

- Je reste avec toi., lui opposa-t-il.  

- Je ne veux pas. Je veux être seule. Va retrouver Kei sinon., lui dit-elle, la voix étranglée.  

- Comment allez-vous l’appeler ?, demanda le Professeur, revenant dans la pièce.  

- Elle n’a pas de prénom., répondit Kaori.  

- On n’y a pas encore réfléchi. Ca peut attendre un peu ?, demanda Ryo, contrarié.  

- Oui. Tu vas la nourrir ? Ce serait bon pour elle., s’enquit le médecin.  

- Non. Je ne peux pas., répliqua-t-elle d’une voix blanche.  

 

Les deux hommes se regardèrent, soucieux.  

 

- Je voudrais rester seule, s’il vous plaît., leur demanda-t-elle, leur tournant le dos.  

- Kaori…, l’interpela nerveusement Ryo, alors que le Professeur sortait.  

- S’il te plaît, Ryo., l’implora-t-elle.  

- D’accord…, murmura-t-il.  

- Je suis un monstre…, l’entendit-il murmurer juste avant de sortir.  

 

Il referma la porte derrière lui et s’y appuya, tendu. Il sentit à ses côtés la présence de son ami.  

 

- Tu crois qu’on a fait une erreur en voulant la garder ? J’étais persuadé qu’elle ne supporterait pas de l’abandonner mais j’ai l’impression qu’elle est en train de sombrer. Elle n’a même pas regardé le bébé., lui demanda-t-il sombrement.  

- L’accouchement a certainement réveillé des démons. Laisse-lui un peu de temps pour réfléchir. Elle ne l’a peut-être pas regardée mais elle ne l’a pas rejetée. Elle l’a même touchée. Ryo, cette enfant est la preuve vivante de ce qui lui est arrivé. Elle vient de la rencontrer et elle doit faire face. Kaori a un cœur immense mais elle est humaine avant tout. Ne lui demande pas l’impossible.  

- Je pensais qu’elle avait dépassé tout cela., soupira Ryo.  

- Je l’ai surestimée ou j’ai sous-estimé le traumatisme. J’aurais dû être plus vigilant., s’en voulut-il.  

 

Le Professeur se tourna vers son protégé et posa une main sur son épaule.  

 

- Tu es trop dur avec toi, Babyface. Tu l’as aidée à avancer et elle n’aurait jamais progressé si vite avec quelqu’un d’autre qui l’aurait réconfortée, écoutée une heure par ci par là. Tu as été là tout le temps pour elle, tu as su lui laisser l’espace dont elle avait besoin aux bons moments. Aujourd’hui, c’est ce dont elle a besoin. Laisse-la passer la nuit., lui suggéra le Professeur.  

- D’accord. Fais en sorte que personne ne s’occupe plus que nécessaire de la petite. Elle doit s’attacher à sa mère., lui demanda Ryo.  

- Je m’en occuperai moi-même. Peut-être auras-tu l’honneur de devenir mon beau-père dans quelques années…, plaisanta le vieil homme avec un sourire goguenard.  

- Ah ah, très drôle, l’ancêtre. Il n’est pas né celui qui me prendra ma fille., gronda Ryo, faussement menaçant.  

- Alors tu es vraiment prêt à assumer le rôle de père de cette enfant ?, s’étonna la vieil homme.  

 

Ryo le dévisagea, les sourcils froncés.  

 

- Je n’ai pas pour habitude de faire des promesses que je ne pourrais pas tenir. Je sais d’où elle vient mais je suis capable de passer outre. Kaori connaît mon passé et elle m’aime pour ce que je suis, pas ce que j’ai été. Cette petite mérite d’être aimée comme n’importe quel enfant. Kaori a décidé de la garder, d’en faire sa fille. Je lui ai dit que je serai là. Ce sera notre fille. Je n’ai ni doute ni regret., lui affirma le nettoyeur.  

- Tu as bien changé, Babyface. L’homme qui est arrivé au Japon ne se serait jamais encombré d’une famille.  

- Ils m’ont fait grandir, le frère d’abord, la sœur ensuite. Je suis prêt à tout pour elle comme elle l’a été pour moi.  

- Pour le moment, elle a besoin que tu la laisses seule. Pendant les quelques heures qui viennent, elle va devoir mener une bataille qu’elle seule peut mener et décider du sens qu’elle veut donner à sa vie, à votre vie. Tu l’as assurée de tes sentiments, donné les clefs pour s’en sortir, permis de retrouver le chemin de qui elle était… C’est à elle de décider maintenant., lui affirma le Professeur.  

- Et moi, je fais quoi ?, s’enquit Ryo, un peu perdu.  

- Déjà, tu rentres chez toi et nous ramènes leurs affaires. Ensuite, tu t’occupes de votre fils. Demain matin, tu pourras venir. Je t’appellerai s’il y a un problème. Dis bien aux autres qu’il n’y aura pas de visite avant que je ne les autorise. Elle ne doit pas se sentir contrainte.  

- D’accord., admit le nettoyeur à contre-coeur.  

- Courage, Babyface. Il est déjà cinq heures. Dépêche-toi. Kei sera certainement ravi et rassuré de voir son père pour dîner et le coucher ce soir.  

 

Ryo acquiesça et, après un temps d’hésitation où il regarda la porte derrière laquelle sa femme était, fit demi-tour et s’en alla.  

 

Dans la salle d’accouchement, Kaori s’était recroquevillée dès qu’elle avait entendu la porte se refermer et avait pleuré jusqu’à ce que l’épuisement ait raison d’elle. Elle se réveilla groggy une petite heure plus tard alors que le Professeur ouvrait la porte.  

 

- Comment tu te sens ?, lui demanda-t-il avec sollicitude.  

- Epuisée et vide., répondit-elle à voix basse.  

- C’est normal. On va t’emmener dans une chambre. Ryo est parti pour s’occuper de Kei mais il a ramené des affaires pour toi., l’informa-t-il.  

- Pour le bébé aussi ?, demanda-t-elle.  

 

Le Professeur se retint de sourire. Sa question parlait pour elle. Il lui fallait juste un peu de temps.  

 

- Oui. Tu pourras prendre une douche et te reposer. La petite va rester sous couveuse encore un moment.  

- C’est un gros problème que je ne la nourrisse pas ?, lui demanda-t-elle, culpabilisant.  

- Non. Ce serait bien car elle bénéficierait de tes immunités mais le biberon ne lui nuira pas. Ce serait pire pour elle que tu te forces à le faire., la rassura-t-il.  

 

Elle le regarda et ne dit plus un mot. Elle se laissa guider jusqu’à sa chambre, se glissa sous l’eau chaude et sentit de nouveau les larmes revenir. Elle hurla de rage en frappant le mur de la salle de bains.  

 

- Non, Kazue !, la stoppa le Professeur alors qu’elle s’apprêtait à rentrer dans la chambre, inquiète.  

- Mais on ne peut pas la laisser…  

- Elle a besoin de le faire seule. Tu n’interviendras pas ni auprès du bébé. Elle ne peut connaître qu’une femme en première.  

 

L’infirmière le regarda, luttant contre l’incompréhension, puis abdiqua.  

 

- Très bien., soupira-t-elle.  

- C’est pour leur bien, Kazue. Elles doivent se trouver.  

- C’est dur de la voir ainsi, Professeur. Elle semblait aller si bien., déclara la jeune femme.  

- Oui. C’est du Kaori tout craché. Elle fait face, elle ne veut ennuyer personne et peut-être même qu’elle a réussi à se berner elle-même. Allez, allons nous occuper de nos autres patients.  

 

Retournée dans son lit, Kaori sombra de nouveau dans le sommeil pendant deux heures. Quand elle se réveilla, elle regarda le plateau-repas mais n’y toucha pas. Elle n’avait aucune envie de manger tant son estomac était noué. Le bébé était né. L’enfant que David lui avait imposé était là et elle ne savait quoi en penser. Elle ne s’était pas dit que le lien serait là du premier coup, qu’elle arriverait à aimer cet enfant rien qu’en le voyant. Cela aurait été illusoire après avoir voulu s’en débarrasser.  

 

Parce qu’elle avait appelé cela donner à l’adoption mais le résultat était le même : elle avait voulu s’en débarrasser. Elle n’avait jamais vraiment envisagé jusqu’à la semaine précédente de le garder, d’en faire son enfant, leur enfant. Jamais elle ne s’était dit «  quand il sera né, nous... ». Non, elle ne l’avait pas pensé, elle n’y était jamais parvenue. Les mots se bloquaient. Après tout, dès le départ, elle n’en avait pas voulu. Elle avait voulu avorter, faire une fausse couche, espéré que les coups de David fassent partir ce fruit pourri et, quand elle n’avait plus pu avorter, elle n’avait pas envisagé de le garder. Elle s’était donnée le temps de la réflexion, avait pesé le pour et le contre mais le pour s’était toujours résumé à ne pas mettre au monde un enfant sans racine, rien d’autre. Toutes les feuilles qui lui avaient servi ne retraçaient que cela. Il n’y avait pas de deuxième enfant à aimer, d’un frère ou une sœur pour Kei, d’une assiette en plus à table ou un quatrième rire dans la maison. C’était juste ne pas laisser un enfant sans racine.  

 

Alors pourquoi avait-elle ressenti cette chaleur en elle quand elle avait été posée sur elle ? Pourquoi ce besoin instinctif de la protéger et de la serrer contre elle ? Pourquoi ce sentiment qu’au fond, tout ce qui s’était passé était comme effacé ou peut-être pas effacé mais perdait en intensité ? Elle ne pouvait pas aimer cette enfant aussi facilement. Elle avait le sentiment de trahir sa vraie famille, Ryo et Kei, des personnes qu’elle aimait de tout son cœur. Elle ne pouvait pas aimer ce bébé comme elle les aimait. Le pouvait-elle ? Et si elle le pouvait, pourquoi avait-elle aussi été en colère ?  

 

Kaori entendit quelqu’un approcher et la poignée de la porte être baissée. Elle n’avait pas envie de parler et ferma les yeux, feignant le sommeil. Elle reconnut le pas de Kazue et ne bougea pas quand elle l’appela. Elle entendit le léger soupir puis les pas s’éloignèrent et la porte fut refermée. Elle rouvrit alors les yeux et constata que la plateau avait été repris. Elle allait maintenant être tranquille pour un bon moment. Elle se leva et se posta à la fenêtre, observant les étoiles après avoir tiré légèrement les rideaux.  

 

Pourquoi la colère ?, se demanda-t-elle. Elle n’était pas en colère contre le bébé. Elle en était sûre, même pas pour avoir réussi à susciter un peu plus qu’un besoin de protection chez elle. Elle était un peu en colère contre Ryo qui avait l’air de si facilement accepter le bébé d’un autre dans sa vie, colère… ou jalousie peut-être… D’eux deux, c’était lui qui aurait dû être le plus négatif mais il ne l’avait jamais été. Il n’avait été que soutien positif, prêt à tout pour elle… comme elle l’avait été pour lui. Sentant les larmes revenir, elle attrapa un mouchoir en papier dans la boîte sur la chevet et tamponna ses yeux. Il avait fait preuve d’un amour inconditionnel pour elle, d’une patience insoupçonnée et il avait ouvert son cœur à cet enfant qui n’était pas le sien car elle ne pouvait nier les sensations qu’elle avait ressenties lorsque le bébé était né. Il ne lui avait pas menti : pour lui, ce serait leur bébé. Il fallait juste qu’elle l’accepte comme sa fille.  

 

Elle se rendit compte que sa colère était à nouveau dirigée contre David, qui avait rendu les choses si compliquées, contre la situation qu’il lui avait à nouveau imposée, contre cette tentative pour les tuer tous les trois et reprendre le bébé sauvagement, contre ce temps qui lui avait manqué pour accepter la situation et mieux accueillir ce bébé, contre elle-même qui n’avait pas su gérer ses émotions. Elle savait cependant que tout cela était vain. La colère ne la mènerait à rien sauf à la destruction et elle ne voulait plus. Elle voulait mieux. Elle allait devoir gérer l’après… Fatiguée, elle se posa dans son lit et somnola un long moment.  

 

Ce fut les pleurs d’un bébé qui la réveillèrent. Elle sut instinctivement que c’était sa fille. Son cœur se serra. Elle avait été en dessous de tout. Elle ne savait comment elle ferait face à Ryo le lendemain, s’il serait capable de comprendre et de lui pardonner. Elle se demandait quelle opinion d’elle auraient ses amis qui avaient assisté à son accouchement et à son refus apparent d’être mère. Par dessus tout, elle ne savait comment faire face à ce bébé qu’elle n’avait su accepter dans sa vie. Devait-elle faire marche arrière, dire au Professeur de contacter l’orphelinat pour la faire adopter ? Son estomac se contracta et elle eut à peine le temps d’arriver aux toilettes pour vomir. S’aspergeant d’eau fraîche, elle vit des traces sur sa robe de nuit et décida de se changer. Attrapant un nouveau pyjama, elle vit la photo de son frère. Elle la posa sur le lit tout en changeant de vêtement, ne pouvant détacher ses yeux de son visage. Elle sentit une larme rouler sur sa joue en se rappelant sa bienveillance et son amour, lui qui avait élevé une sœur qui lui était tombée dessus sans prévenir… comme ce bébé.  

 

Sans même réfléchir, Kaori sortit de la chambre et se dirigea aux pleurs du nourrisson. Sans se demander si elle en avait le droit, elle entra dans la pièce et vit le bébé s’agiter et pleurer. Elle sentit son cœur se serrer. Elle approcha de la couveuse et posa les deux mains dessus, cherchant un appui pour avoir la force de rester debout. Ses jambes tremblaient tellement… Elle observa ce bébé hurlant quelques instants avant de poser une main sur son ventre et de sentir les battements précipités de son cœur sous ses doigts. La petite fille se calma progressivement et Kaori la regarda encore.  

 

- Je ne sais pas si je pourrais t’aimer. Je ne sais pas si je suis assez forte pour cela. Tu mérites mieux qu’une mère comme moi., lui déclara-t-elle.  

 

Machinalement, Kaori posa le doigt sur une mèche qui tombait sur le front de la fillette et la repoussa sous le bonnet. Elle entendit un léger vagissement et baissa les yeux vers le petit visage. Elle croisa le regard noisette de la petite et fut incapable d’en échapper. Elle avait cette sensation étrange qu’elle lisait au plus profond d’elle-même et sentit son cœur se mettre à battre de manière effrénée. Quelque chose se libéra en elle, quelque chose qui l’apaisa et mit fin à ses hésitations, ses doutes et ses peurs.  

 

- Sauras-tu me pardonner de t’avoir laissée toutes ces heures ?, murmura-t-elle, émue.  

- Sauras-tu me pardonner d’avoir douté ?  

 

Elle entendit le ventre du bébé grouiller et vit le pli que fit sa bouche.  

 

- Viens, allons voir si tu as le même appétit que ton frère., lui dit-elle, prenant le bébé contre elle.  

 

Elle attrapa une couverture pour la garder au chaud et l’emmena dans sa chambre. Confortablement installée dans son lit, elle positionna le bébé qui se mit à téter plus ou moins efficacement, s’endormant rapidement contre elle. Elles passèrent ainsi la nuit l’une contre l’autre.  

 

Ce fut Ryo qui les trouva au petit matin. Inquiet de l’absence de sa mère, Kei avait peu dormi et donc lui aussi. Soucieux de l’état de sa femme et plutôt que de continuer à tourner en rond dans l’appartement avec un petit garçon qui réclamait sa mère, il décida donc de partir de très bonne heure à la clinique. Lorsqu’il entra dans la chambre, il était prêt à soutenir une Kaori au bord du gouffre. Il ne s’attendait pas à la trouver sereine, le bébé langé et niché contre son sein.  

 

- Maman !, cria Kei, rassuré.  

 

Ryo le monta sur le lit et le petit garçon se lova contre sa mère, regardant avec curiosité la petite chose qui tétait bruyamment.  

 

- Comment ça va ?, demanda le nettoyeur prudemment.  

- Mieux qu’hier, beaucoup mieux., répondit-elle.  

- Désolée de ne pas avoir bien réagi mais sa naissance a fait resurgir certaines choses. Je n’étais pas prête., admit-elle.  

- Et aujourd’hui ?  

- On s’est découvertes. Je suis sa mère, elle est ma fille… notre fille., lui dit-elle, un léger sourire aux lèvres.  

 

Ryo posa une main sur sa joue et la caressa, apaisé. Elle lui sourit et tous deux baissèrent les yeux pour observer le bébé endormi.  

 

- Dort bébé !, déclara Kei.  

- Oui, elle dort, Kei. C’est ta petite sœur., lui présenta Kaori.  

- Il faudrait lui trouver un prénom, non ?, suggéra Ryo.  

- J’ai… J’ai pensé à Mai., proposa-t-elle.  

- Je suppose que cela a une signification particulière…  

- Oui, celle qui découvre l’âme des gens et des choses. Elle m’a fait renaître totalement. Tu avais fait le plus gros du travail mais l’affronter a balayé les derniers doutes et peurs que j’avais. Je suis moi, Ryo. Il y aura encore des choses à améliorer mais je suis à nouveau là et c’est grâce à elle, à Kei et surtout à toi.  

- Mai…, souffla Ryo.  

 

Il observa les trois membres de sa famille et un sourire étira ses lèvres.  

 

- Ca me plaît. Je pense qu’elle nous a poussés tous les deux à faire beaucoup plus que ce dont on se pensait capables. Et Kaori, tout cela à l’origine, c’est grâce à toi, ta force, ton courage, ton abnégation et ton cœur hors normes., lui rappela-t-il, ému.  

 

Il se rapprocha un peu plus d’elle, prenant garde à leurs deux bébés, et posa les lèvres sur les siennes.  

 

- On est une famille, Kaori. Quand nous avons commencé notre histoire, je n’aurais jamais pensé que ça arriverait. Je n’aurais pas pensé être capable de vaincre mes peurs pour tout cela. Je t’aime., lui avoua-t-il.  

- Moi aussi, Ryo., murmura-t-elle contre ses lèvres. 

 


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