Hojo Fan City

 

 

 

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Rated PG-13 - Prose

 

Auteur: Mercury80

Status: Complète

Série: City Hunter

 

Total: 60 chapitres

Publiée: 02-03-20

Mise à jour: 30-04-20

 

Commentaires: 75 reviews

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RomanceDrame

 

Résumé: NC17 - Que seriez-vous prêt(e)s à accepter par amour?

 

Disclaimer: Les personnages de "Pour toi" sont la propriété exclusive de Tsukasa Hojo.

 

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   Fanfiction :: Pour toi

 

Chapitre 40 :: Chapitre 40

Publiée: 10-04-20 - Mise à jour: 10-04-20

Commentaires: Bonjour, voici un nouveau chapitre. Bonne lecture et merci pour vos commentaires^^

 


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Chapitre 40  

 

Tenant Kei contre elle, Kaori regarda son partenaire sans comprendre. Ryo soutenait son regard sans faillir.  

 

- Je… Qu’est-ce que tu veux dire, Ryo ?, balbutia-t-elle.  

- Tu veux que je garde le bébé ?, lui demanda-t-elle, le coeur lourd.  

- Non, Kaori. Cette décision n’appartient qu’à toi et je la respecterai et serai avec toi quoique tu décides., lui assura-t-il.  

- Ce que je veux dire, c’est que ton choix ne doit pas être fait qu’en fonction de nous. Tu es la principale concernée, Kaori. Cet enfant, tu le portes en toi, tu le sens vivre. Il représente tant de choses pour toi que tu dois avoir du mal à savoir quoi faire et quoi penser. Il te rappelle ce qui t’est arrivé mais c’est aussi une de ces vies que tu chéris. J’ai du mal à croire que tu arrives à rester indifférente à sa présence. Je pense que tu luttes contre toi-même pour ne pas t’attacher à lui ou ressentir quelque chose à son égard., lui expliqua-t-il.  

 

Il sut qu’il avait visé juste quand elle baissa les yeux et serra Kei contre elle. Il réprima le réflexe de poser les doigts sous son menton pour la forcer à le regarder.  

 

- C’est vrai., admit-elle à mi-voix.  

- Ne culpabilise pas, Kaori. Tu as besoin de temps pour prendre ta décision et tu as le droit d’avoir des gestes tendres envers ce bébé si tu le souhaites, même si tu veux le confier à l’adoption. Personne ne te jugera pour cela., lui dit-il d’une voix tendre, posant une main sur la sienne.  

- Je ne peux pas, Ryo. Ce ne serait pas juste vis-à-vis de toi ou Kei., objecta-t-elle.  

- Et vis-à-vis de tes sentiments ou de ce bébé qui va grandir dans une autre famille ?, la contra-t-il.  

 

Elle releva la tête et l’observa, indécise, perturbée dans ses convictions. Elle ne savait encore une fois plus quoi penser. Ryo exposait à haute voix ses propres doutes, ceux qu’elle avait expérimentés la veille.  

 

- Je vais être franc avec toi, Sugar. Je suis en colère quand je vois ton ventre mais je ne suis pas en colère contre toi ou le bébé. Je suis en colère contre James et ce qu’il t’a fait. Mais, quand je vois ton ventre, j’ai aussi envie de le toucher parce que je me demande ce que ça fait, parce que je n’ai pas pu avoir ce moment quand tu étais enceinte de Kei. J’ai envie de protéger ce bébé comme je veux vous protéger tous les deux., admit-il, caressant la tête de Kei.  

- J’imagine que, si je ressens ces sentiments confus, tu dois les ressentir aussi à une plus grande échelle parce que je sais qui tu es, que la Kaori que j’aime et qui s’est battue pour rester en vie aime les enfants et ne peut rester insensible à la vie qui grandit en elle même si actuellement tu es très en colère et déstabilisée.  

 

Chassant les larmes qui lui montaient aux yeux, Kaori secoua la tête.  

 

- Qu’est-ce que tu veux me dire, Ryo ? Tu veux que je garde ce bébé ou que je l’abandonne ? Je ne te suis pas. Tout cela, c’est… c’est trop pour moi. Sois plus clair., lui demanda-t-elle, visiblement bouleversée.  

- Tout ce que je veux te dire, c’est qu’il est trop tôt pour que tu prennes une décision à son sujet et que ta décision ne doit pas être basée sur ce que tu penses qu’on attend de toi mais sur ce que tu veux pour toi et pour lui. Je te suivrai quoiqu’il arrive et Kei est trop petit pour bien se rendre compte de tout cela. Il sera toujours temps de lui expliquer quand il sera plus grand. En attendant, tu peux montrer de l’affection à ce bébé si tu en ressens le besoin. Je ne veux pas que tu regrettes plus tard., conclut-il.  

 

Elle le regarda, les larmes aux yeux, touchée par son discours. Elle n’avait jamais imaginé qu’il saurait se montrer présent et aussi compréhensif ni les sacrifices qu’il serait prêt à faire pour elle.  

 

- Si je gardais le bébé, tu resterais ?, l’interrogea-t-elle, émue.  

- Oui., lui répondit-il posément.  

- Mais ce ne serait pas ton enfant…  

- C’est le tien, Kaori. Si tu le veux, ce sera le nôtre. Cet enfant n’a peut-être pas le bon géniteur mais il peut avoir le bon père, non ? Que ce soit moi ou celui qui l’adoptera, tu ne crois pas ?, répliqua-t-il.  

- Et si je l’abandonne, tu ne me trouveras pas mauvaise ?, l’interrogea-t-elle.  

- Non, jamais.  

 

C’était beaucoup d’informations à digérer en peu de temps, un peu trop peut-être pour un esprit fatigué et déjà assez malmené.  

 

- Mais pourquoi tu ferais ça ?, lui demanda-t-elle, perdue.  

- Pourquoi tu as accepté ce maudit contrat ?, lui retourna-t-il la question.  

- Parce que je t’aime…, lâcha-t-elle.  

- C’est la même chose pour moi. Je veux que tu te sentes bien et en paix avec ta conscience. Si le garder est la solution, je serai là. Si le faire adopter l’est, je serai là aussi. Tu n’auras ni jugement ni reproche de ma part, que mon soutien et mon amour., lui assura-t-il.  

 

Malgré son appréhension, en larmes, Kaori tendit un bras vers lui. Elle avait besoin de sa présence, de son réconfort, de sa chaleur. Elle espérait bien ne pas bondir hors de portée dès qu’il la toucherait mais elle voulait quand même essayer. Ryo la regarda incertain et s’approcha d’elle.  

 

- Tu es sûre ?  

- J’ai besoin de toi., murmura-t-elle.  

 

Il l’enlaça doucement, l’entourant de ses bras sans la serrer, lui laissant toujours la possibilité de sortir quand elle le voulait. Kei était entre eux et se mit à rire quand il fut enfermé dans cette tente humaine, attrapant les hauts de ses parents. Cela détendit Kaori qui s’était raidie dans les bras de son homme.  

 

- Tu sors quand tu veux., lui murmura-t-il à l’oreille.  

- Encore un peu., répondit-elle, prenant sur elle pour ne pas fuir.  

 

Tiraillée entre l’envie de s’écarter et la sensation rassurante qu’elle ressentait, envahie par un flot d’émotions parfois contradictoires, elle resta jusqu’à ce que ce fut un peu trop fort. Elle se dégagea doucement de l’étau et lui fit un léger sourire.  

 

- Merci.  

- De rien.  

- Je suis perdue, Ryo. Je ne sais plus quoi penser pour le bébé., admit-elle.  

- Tu as encore du temps. Si on parlait de quelque chose de plus imminent ?, suggéra-t-il.  

- Mon retour à la maison ?, répondit-elle.  

 

Il hocha la tête et l’observa. L’anxiété se lisait sur son visage et il aurait aimé effacer cela de ses jolis traits.  

 

- Tu as envie de rentrer ?, lui demanda-t-il.  

- Oui… Enfin, je crois. Je commençais à prendre mes marques ici., avoua-t-elle.  

- On ira en douceur. J’ai mis le lit de Kei dans ta chambre mais ton lit y est encore. J’aimerais dormir à nouveau avec toi mais je doute que tu sois prête pour cela, n’est-ce pas ?  

- Non, c’est vrai. Ryo… Je ne sais pas si ça arrivera de nouveau., le prévint-elle.  

- Peu importe. Je ne suis pas avec toi que pour le côté physique même si on s’entendait très bien sur ce plan-là., la taquina-t-il.  

 

Il vit avec plaisir sa femme virer au rouge carmin. Il aurait aimé voir un flash de désir dans ses yeux mais il était encore beaucoup trop tôt pour cela.  

 

- Je vais préparer ton lit. Ne te préoccupe de rien. Votre mission, si vous l’acceptez, Mademoiselle Makimura, sera de vous ménager et de vous laisser chouchouter., plaisanta-t-il.  

- Je veux faire ma part., objecta-t-elle.  

- Tu as fait ta part, Kaori. Maintenant, c’est le moment de prendre soin de toi. Réapprends ta vie ici. Ne cherche pas à reproduire ta vie d’avant à tout prix. Trouve les ajustements qui te conviendront et surtout parle-moi si quelque chose ne va pas. Tu n’es plus toute seule, Kaori.  

- Je sais. Je suis rentrée à la maison et tu es là., répondit-elle.  

 

Elle le fixa un moment prenant confiance et force en lui. Kei se jeta soudain sur son père et changea le cours de la conversation.  

 

Quelques jours plus tard, ils reçurent le visa de sortie de la jeune femme. Nerveuse, elle se laissa conduire hors de la clinique, s’immobilisant sur le perron.  

 

- Et si David vient ?, s’inquiéta-t-elle.  

- Il a une injonction et, s’il la brave, je serai là., la rassura-t-il.  

- Mais tu dois toujours sortir le soir et faire le tour de tes indics…, objecta-t-elle.  

- Je m’arrangerai. Je demanderai à Mick de surveiller l’immeuble.  

- Et s’il ne peut pas ? Et si on croise David dans la rue ? Et si…, s’affola-t-elle.  

- Chut… Calme-toi, Kaori., lui dit-il, prenant sa main de la sienne libre puisqu’il tenait Kei à bras.  

- Tu n’as plus à le craindre. Tu peux même le frapper si tu le souhaites. Ca te défoulerait certainement., plaisanta-t-il avant de redevenir sérieux.  

- Tu ne seras pas seule. Je ne laisserai plus rien ni personne se mettre entre nous ni te faire de mal., lui promit-il.  

 

Kaori le regarda et se détendit. Elle sentit également toute la culpabilité que ressentait Ryo face à ce qui s’était passé.  

 

- J’ai fait un choix en connaissance de cause et je le referai, Ryo… même en connaissant les conséquences parce qu’aujourd’hui, nous sommes à deux. Tout n’est pas parfait. Ca fait mal la plupart du temps mais on est à deux de nouveau. Je ne sais pas si je réussirai à redevenir une femme capable de se laisser aimer mais j’ai encore l’espoir, ce que je n’aurais plus si tu étais en prison ou mort. Alors, je t’en prie, cesse de culpabiliser sur ce qui s’est passé., lui dit-elle.  

- Tu ne culpabilises plus sur ce qui t’est arrivé ?, lui demanda-t-il.  

 

Elle baissa les yeux. Elle ne pouvait répondre par l’affirmative. Elle se sentait toujours responsable de ce qu’elle avait subi, coupable de ne pas s’être assez défendue, d’avoir cédé.  

 

- Je suppose que nous avons tous les deux un long chemin à faire pour trouver la paix., soupira-t-il.  

- En parlant de chemin, si nous rentrions ?, lui proposa-t-il, changeant de sujet.  

 

Elle acquiesça et le suivit jusqu’à la mini. Doucement, elle posa la main sur la carrosserie qu’elle caressa.  

 

- Elle tient toujours ?  

- Forte et flamboyante… comme une personne que je connais., répondit-il d’un ton chaud.  

 

Elle croisa son regard et comprit l’allusion. Gênée, elle baissa les yeux, son cœur battant un peu plus vite, avant de monter en voiture. Ca lui faisait bizarre de se retrouver sur le siège avant alors qu’elle avait été cantonnée au siège arrière pendant des mois. Elle en profita pour regarder avidement le paysage, revoir sa ville qui lui avait tant manqué.  

 

- Si tu veux, on peut passer par le cimetière avant de rentrer., lui proposa Ryo.  

 

Kaori regarda l’heure puis Kei. Ils avaient le temps en effet mais elle avait envie de revoir son appartement.  

 

- Rentrons. Si tu veux bien, on ira cette après-midi ou demain. Je veux revoir la maison.  

- D’accord. Kaori, nos amis voudraient te voir. Tu leur as manqué., lui apprit-il.  

- Ils m’ont manqué également., admit-elle.  

 

Ryo vit sa femme plongée dans ses pensées, se triturant les doigts, nerveusement. Il la laissa réfléchir et faire son chemin.  

 

- Ils pourraient peut-être passer ce soir ou demain ?, proposa-t-elle, après avoir longuement évalué sa capacité à affronter la situation, leurs regards, leur pitié ou mécontentement.  

- Je leur proposerai., répondit Ryo, satisfait de la voir avancer malgré ses peurs.  

- Au fait, Mick a pu contacter Jack ? La plainte aux Etats-Unis a été déposée ?, lui demanda-t-elle.  

- Oui, c’est fait. Ca a fait quelques remous mais David étant encore ici pour le moment, ils n’ont pas été très loin. Il faudra que tu vois si tu veux publier le contrat ou non.  

- Je préférerai d’abord rencontrer l’avocat qui s’occupera de mon divorce et de lui supprimer son autorité parentale sur Kei et le bébé. J’aviserai après pour le contrat. Je ne suis pas sûre de pouvoir assumer les retours de bâton.  

- De quoi tu parles ?  

- Tu le sais bien, Ryo. Il y a forcément des gens qui penseront que je l’ai épousé pour son fric, que j’ai bien monnayé mon corps et que je n’ai eu que ce que je méritais., dit-elle d’une voix se tendant progressivement.  

 

Kaori sentit la main de Ryo prendre la sienne et se calma doucement. Elle ne se sentait pas assez forte ni confiante pour affronter tout cela. Cela lui rappelait trop ce que David lui avait dit par moments sur sa « rentabilité », tous ces moments où elle avait dû se taire pour protéger Kei ou se protéger. Le nettoyeur soupira en garant la voiture dans le garage et se tourna vers sa femme.  

 

- Oui, il y a des gens qui penseront ainsi. On ne peut pas empêcher les médisances. Toi, tu sais ce qu’il en est, moi aussi, ceux qui comptent pour nous aussi. Tu n’as pas fait cela pour l’argent, tu as fait cela par amour. L’argent qu’il t’a promis ne lui donne pas le droit de te brutaliser. Ceux qui ne savent pas faire la différence sont tous simplement des idiots., asséna-t-il durement.  

 

Il détourna le regard. Il n’avait pas voulu s’énerver mais penser que d’autres taxeraient sa femme de cupide et intéressée le mettait hors de lui. Kaori n’était pas comme cela et il la défendrait jusqu’au bout. Il sentit sa main pressée et se tourna de nouveau vers elle.  

 

- Si on montait ? J’aimerais voir dans quel état tu as laissé ma maison., le taquina-t-elle, prenant sur elle pour alléger la tension.  

- Tu pourrais être surprise…, répondit-il, taquin.  

 

Ils descendirent de voiture et Ryo récupéra sur le siège arrière Kei qui se réveillait. Ils montèrent tous trois et le nettoyeur laissa entrer sa partenaire après avoir déverrouillé la porte.  

 

- Tu la fermes à clef maintenant ?, s’étonna Kaori.  

- Oui. Je veux que tu te sentes protégée. Tiens, c’est ta clef. Tous nos amis en ont une mais ne l’utiliseront qu’en cas d’urgence ou si nous ne sommes pas là…, l’informa-t-il, avisant la valise et les cartons en provenance des Etats-Unis.  

 

Il jeta un regard inquiet à Kaori attendant sa réaction. Elle ne les avait pas encore vus et redécouvrait les lieux. Comme perdue dans son monde, elle approcha de la fenêtre, jeta un œil dehors pour se rappeler la vue puis se tourna vers la bibliothèque.  

 

- On dirait que je suis partie hier si ce n’est…, dit-elle, attrapant le cadre avec une photo de Kei et d’elle.  

- Un petit montage pour garder votre présence dans l’appartement., admit Ryo.  

- Ca fait du bien de te voir de retour. Ca fait du bien d’accueillir Kei ici., dit-il, sortant le bébé de son cosy.  

- Il faudra d’ailleurs que tu me dises ce qu’il manque pour lui.  

- On regardera après., murmura-t-elle, approchant de la valise et des cartons.  

- C’est ma valise.  

- Oui. Jack a profité d’un moment où il n’y avait personne chez vous pour emballer vos affaires et les renvoyer.  

 

Elle ouvrit sa valise et observa ses vêtements. Jack n’avait mis que les vêtements qu’elle avait emmenés de Tokyo. Curieuse, elle écarta la doublure de la valise et sourit en trouvant le test de grossesse qu’elle avait caché là des mois plus tôt.  

 

- Qu’est-ce que c’est ?, l’interrogea Ryo, curieux.  

- Ca, c’est la petite chose qui a révélé la présence d’une autre petite chose quelques semaines après mon départ., lui expliqua-t-elle, passant une main attendrie dans les cheveux de Kei.  

- Ma !, fit le bébé, tendant les bras vers sa mère.  

 

Elle l’attrapa avec plaisir et le câlina.  

 

- C’était comment ? Je veux dire quand tu attendais Kei ?, lui demanda-t-il.  

- Exaltant et terrifiant., avoua-t-elle.  

- J’étais si heureuse de savoir qu’on avait réussi à faire ce bébé. Je me sentais proche de toi. C’était comme si tu étais avec moi, comme si on avait réussi à vaincre David. Je me suis sentie forte et prête à tout. Puis il y a eu les complications. J’étais morte de trouille à l’idée de le perdre. J’avais tellement peur pour lui que chaque fois qu’il bougeait, c’était à la fois une joie et une douleur intenses. Chaque matin, quand je me réveillais, j’attendais anxieusement de le sentir bouger pour me rassurer. Je craignais de sentir l’humidité sur moi ou mes draps, signe que j’aurais perdu les eaux ou débuter une hémorragie. Je ne te dis même pas le nombre de fois où je me suis réveillée en panique persuadée que je trouverais son petit corps hors de moi., lui expliqua-t-elle, serrant Kei contre elle.  

- J’aurais aimé être là, Kaori. Quand Sayuri m’a appelé après l’interview, je suis parti en vrille et j’allais me livrer à la police., lui avoua-t-il.  

 

Elle leva un regard incrédule sur lui. Son cœur sombra à l’idée qu’il n’avait pas pu garder les idées froides. Au même moment, Kei gigota dans ses bras et elle le posa à terre, le regardant observer les cartons curieusement. Elle lui en ouvrit un où il y avait ses jouets et il s’absorba dans cette nouvelle activité.  

 

- Je ne voulais pas que tu vives cela toute seule au loin. J’étais prêt à affronter mes erreurs pour te sortir de cette situation et te permettre d’être entourée de personnes qui t’aimaient.  

- Qui je dois remercier pour t’avoir fait changer d’avis ?, souffla-t-elle.  

 

Ryo sourit, amusé et surtout soulagé qu’elle ne lui en voulut pas d’avoir failli à sa promesse ou de ne pas être venu.  

 

- Nos amis. Ils m’ont fait comprendre que ce n’était pas la solution, qu’on devrait passer notre vie à fuir ou vivre séparés et que ça te ferait encore plus souffrir. Ils ont même dû intervenir plus d’une fois., admit-il.  

- Je n’ai pas imaginé que tu pourrais autant souffrir., s’excusa-t-elle.  

- Ce n’est rien par rapport à ce que tu as vécu., minimisa-t-il.  

- Ne dis pas ça., dit-elle en approchant de lui.  

 

Prenant son courage à deux mains, elle passa les bras autour de la taille de Ryo et posa la tête contre son épaule. Elle s’était presque collée à lui comme avant, ne laissant qu’une très faible distance entre elle et lui. Ryo, surpris, baissa le regard et se demanda s’il avait le droit de refermer ses bras autour d’elle, s’il ne risquait pas de l’effrayer. Kaori sentit son hésitation et se détendit contre lui, fermant la distance.  

 

- Tu peux m’enlacer. J’en ai envie autant que besoin., murmura-t-elle.  

 

Il s’exécuta instantanément, prenant garde à ne pas trop la serrer pour ne pas l’oppresser.  

 

- C’est quelque chose que je peux faire sans te demander dorénavant ?, l’interrogea-t-il.  

- Oui, tant que tu ne veux rien d’autre et que tu ne me surprends pas., répondit-elle.  

- Je note. C’est bon de te retrouver.  

- Oui, pour moi aussi.  

 

Elle se laissa aller contre lui, retrouvant ces sensations de sécurité et de chaleur qui lui avaient tant manqué. Ils restèrent ainsi un long moment profitant l’un de l’autre avant de se séparer.  

 

- Je vais aller préparer à manger., dit-elle.  

- Je vais le faire si tu veux., proposa-t-il.  

- Non, j’en ai envie. Ca fait très longtemps que je n’ai plus cuisiné. Ca me manque.  

- Je vais monter les cartons.  

- Je vais rester avec Kei, le temps que tu aies fini. Il faudra songer à lui acheter un parc ou un lit pliant pour l’y laisser en sécurité quand on doit vaquer quelque peu.  

- On fera une liste du plus urgent et on ira au magasin cette après-midi.  

- Allez, au boulot. Montre-moi que tu as encore tes muscles d’acier., le taquina-t-elle.  

- Du pur, du vrai, du 100 % naturel, Madame., surjoua Ryo, gonflant ses biceps.  

 

Cette petite taquinerie lui fit du bien. Il retrouvait tout doucement sa Kaori enjouée. Il observa son visage encore pâle et marqué mais souriant. Il avait le plaisir de revoir ses deux prunelles noisette depuis quatre jours et ça avait été un réel soulagement de savoir qu’elle n’aurait pas de séquelles de ce côté-là. Il savait néanmoins que, derrière ce sourire, la douleur était toujours présente. Physiquement, ses côtes la faisaient souffrir à chaque mouvement mais elle n’en disait pas un mot sauf face au Professeur. Moralement, les souvenirs, les cauchemars et l’angoisse restaient présents. Un rien, un mot ou un geste déplacé, pouvait encore la faire basculer.  

 

Gardant le sourire pour ne pas trahir ses pensées, Ryo attrapa deux cartons et les monta. Il fit deux allers-retours supplémentaires pour la valise et deux autres cartons, laissant uniquement celui avec lequel Kei jouait parce qu’à vrai dire, son jeu consistait plus à vider le carton de son contenu qu’à jouer précisément avec ledit contenu. Quand il redescendit après avoir fini, Kei observait un jouet que Ryo l’avait déjà vu sortir bien avant et jeta aussi loin qu’il put. Il vit Kaori le ramasser et le remettre discrètement dans le carton, un petit sourire en coin, puis son fils le reprendre, le réexaminer avant de le jeter à nouveau.  

 

- Tu tracasses mon fils, vilaine femme ?, la gronda gentiment Ryo.  

- J’aiguise son sens de l’observation et je peux t’assurer que c’est quelque chose qu’il tire de toi., répliqua-t-elle fièrement.  

- Il paraît qu’il n’y a pas que cela qu’il tire de moi., répondit-il fièrement à son tour.  

- Je… euh… oui, c’est vrai., bafouilla-t-elle, mal à l’aise.  

- Je vais faire à manger., dit-elle précipitamment.  

 

Pourquoi se sentait-elle soudain mal à l’aise ? C’était idiot, se morigéna-t-elle. Il avait déjà fait une allusion à leur vie sexuelle quand ils étaient à la clinique et, si ça l’avait gênée, ça ne l’avait pas terrifiée. Là, elle était au bord de la panique, elle le sentait à son cœur qui battait à cent à l’heure sans vouloir se calmer, à son envie de prendre ses jambes à son cou et s’en aller. Tentant d’oublier en se concentrant sur la préparation du repas, elle sentit les larmes lui monter aux yeux. Elle n’aurait pas dû avoir si peur. Elle avait confiance en Ryo. Elle savait qu’il ne la forcerait à rien. Elle le savait et, pourtant, sur ce plan-là, elle ne se sentait pas en sécurité dans l’appartement. Elle n’avait pas envie de se retrouver dans son lit avec lui à… elle ne voulait pas. Elle ne voulait plus. Ils avaient pourtant vécu une merveilleuse nuit mais, dans sa tête, ces images-là ne refaisaient pas surface. Elle ne voyait que la laideur et la violence subies après et elle ne voulait plus de cela, plus jamais.  

 

- Je suis désolé., entendit-elle soudain derrière elle.  

 

Elle fit un bond, lâchant le couteau qu’elle tenait à la main, et se réfugia derrière la table instinctivement.  

 

- Merde…, maugréa Ryo, s’en voulant de l’avoir surprise et effrayée.  

 

Kaori l’observait fixement et mit quelques instants avant de sortir de son affolement. Sentant la faiblesse gagner ses jambes, elle tira une chaise et se laissa choir, livide.  

 

- Je peux approcher ?, lui demanda-t-il.  

 

Elle acquiesça et il vint s’agenouiller devant elle, posant doucement une main sur la sienne.  

 

- Je suis désolé, Kaori. J’ai été maladroit. Pour moi, c’était une plaisanterie comme on en avait déjà eue mais j’ai oublié que les choses avaient changé. Je ne voulais pas te mettre mal à l’aise ni te faire peur., s’excusa-t-il.  

- J’ai confiance en toi, Ryo, sauf sur ce point-là. Tu es un homme, tu as un passé chargé et des besoins que je peux comprendre. Je sais qu’on a passé une merveilleuse nuit ensemble mais depuis… Je ne me sens pas prête à repartir sur ce plan-là et je ne sais pas si j’y reviendrai un jour. J’ai peur qu’un jour, tu en aies assez et que tu essaies de me convaincre. Tu y arriverais certainement mais je ne sais pas si je suis encore capable de revivre ce que nous avons vécu. J’ai l’impression que mon corps ne m’appartient plus., lui expliqua-t-elle.  

- Je m’en fous, Kaori. Si on ne doit plus avoir de vie sexuelle, je m’en fous. Ce n’est pas la priorité. Je veux que l’on soit heureux et mon bonheur est avec toi, la partie de toi qui est prête à être avec moi. Je sais que cette partie grandira dans la confiance et le respect. Je n’essaierai pas de te convaincre de faire l’amour avec moi. On le fera si tu en as envie. Si je t’y force, même en douceur, alors je ne vaudrai pas mieux que lui. Ce n’est pas la manière dont je t’aime. Ca ne l’a jamais été., la rassura-t-il.  

- Tu comprends ?  

- Oui., souffla-t-elle, les larmes aux yeux.  

- J’ai envie de te faire l’amour, Kaori. Mais il y a bien d’autres choses dont j’ai encore plus envie. Te voir détendue et souriante, sans masque, pouvoir te toucher le visage, remettre une mèche de cheveux en place ou te toucher sans devoir te prévenir, entendre ton rire éclater, t’entendre chanter même s’il est beaucoup trop tôt à mon goût, pouvoir dormir avec toi… Toutes ces petites choses qu’on avait avant. Je sais qu’on ne retrouvera pas l’insouciance d’avant mais j’aimerais y tendre, retrouver un peu de légèreté… pour toi, pour Kei, pour nous.  

 

Elle sentit une larme rouler sur sa joue et vit la main de Ryo se lever légèrement avant de se reposer sur la sienne. Elle comprenait ce qu’il voulait lui dire.  

 

- J’essaie, Ryo. Je te jure que j’essaie., se défendit-elle, coupable.  

- Je le sais et on avance. Regarde aujourd’hui, tu es venue m’enlacer, sans rempart, sans Kei entre nous. Tu m’as demandé de t’entourer. Alors ne t’excuse pas et prends ton temps, Kaori. On a tout notre temps maintenant que tu es rentrée., la rassura-t-il. 

 


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