Hojo Fan City

 

 

 

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Rated PG-13 - Prose

 

Auteur: Mercury80

Status: Complète

Série: City Hunter

 

Total: 60 chapitres

Publiée: 02-03-20

Mise à jour: 30-04-20

 

Commentaires: 75 reviews

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RomanceDrame

 

Résumé: NC17 - Que seriez-vous prêt(e)s à accepter par amour?

 

Disclaimer: Les personnages de "Pour toi" sont la propriété exclusive de Tsukasa Hojo.

 

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   Fanfiction :: Pour toi

 

Chapitre 48 :: chapitre 48

Publiée: 18-04-20 - Mise à jour: 18-04-20

Commentaires: Bonjour, voici la suite de l'histoire. Bonne lecture et merci pour vos commentaires^^

 


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Chapitre 48  

 

L’humeur sombre, Ryo reposa le téléphone sur son socle avant de s’appuyer sur le mur, luttant contre le mauvais pressentiment qui l’assaillait. Avant même d’avoir pensé à en parler, il décrocha le combiné, composa un nouveau numéro de téléphone et fixa un rendez-vous urgent à son interlocuteur. Cela fait, il replaça l’appareil et se tourna vers l’escalier. Poussant un long soupir de frustration, il monta et rejoignit Kaori dans la salle de bains. Quand il entra, il trouva sa femme quelque peu humide, Kei s’en donnant apparemment à cœur joie pour transformer la salle de bains en piscine. Elle arborait une mine mécontente en faisant la leçon à leur enfant mais le pétillement de ses yeux démentait sa mauvaise humeur. Le papa se laissa quelque peu contaminer par cette ambiance avant de se reprendre.  

 

- Il va falloir abréger le bain, Kaori., lui dit-il.  

- Vraiment ? Pourtant, on n’a rien de prévu., fit-elle remarquer.  

- Avait. Je viens d’avoir un appel de l’orphelinat. Il faut qu’on y aille de suite., lui apprit-il.  

 

Il la vit pâlir et se raccrocher au plan de travail derrière elle. Soucieux, il approcha et posa une main sur sa joue.  

 

- Ne t’emballe pas. Madame Tomoka m’a dit que c’était sérieux mais on ne sait pas de quoi il s’agit., tenta-t-il de la rassurer.  

- Tu as un mauvais pressentiment, n’est-ce pas ?, lui demanda-t-elle après avoir observé son regard.  

 

Ryo s’en voulut de ne pas avoir su mieux se cacher d’elle mais acquiesça.  

 

- Je vais finir avec Kei. Prépare ses affaires. On va le déposer au Cat’s., lui ordonna-t-il.  

 

Luttant contre l’angoisse qui montait, Kaori sortit de la pièce et partit à la chambre. Elle revérifia les habits préparés pour Kei d’une main tremblante, sortit le sac à langer et compléta avec ce qui manquait puis descendit à la cuisine préparer ses petits pots, biberons et doses de lait pour la journée, juste par prudence parce qu’elle espérait bien être rentrée rapidement. Dix minutes plus tard, Ryo la rejoignait et, sans un mot, ils s’en allèrent.  

 

Miki fut surprise de les avoir arriver si tôt et encore plus quand ils lui demandèrent de garder Kei. Généralement, ils prévenaient largement en avance et elle ne voyait qu’une chose qui pourrait les faire arriver à l’improviste.  

 

- Tu as des contractions ? Tu vas accoucher ?, s’inquiéta-t-elle, la naissance n’étant prévue que six semaines et demie plus tard.  

- Non. On doit aller à l’orphelinat et ce n’était pas prévu., répondit Kaori, d’une voix incertaine.  

- Mais que…  

- On ne sait pas, Miki. Il faut qu’on y aille., la coupa Ryo, un peu brusquement.  

 

Il s’excusa d’un pauvre sourire et, prenant sa femme par la main, ils sortirent. Le trajet jusqu’à l’orphelinat se fit dans un silence pesant. Tous deux se demandaient ce qu’ils allaient apprendre et ils n’étaient pas tranquilles. Lorsqu’ils se garèrent, Kaori fut surprise de voir son avocat arriver.  

 

- Que fait-il là ?, se demanda-t-elle, la panique la gagnant.  

- Je l’ai appelé. Je ne sais pas pourquoi mais je sens qu’il ne sera pas de trop., répondit Ryo.  

 

Après avoir salué Maître Yoshi, tous trois se dirigèrent vers l’orphelinat. Ils entendaient le brouhaha provenir des salles de jeux et sourirent à l’insouciance qui y régnait, allégeant quelque peu leur inquiétude. Quand ils arrivèrent au bureau de la directrice, la porte était ouverte et ils la virent penchée sur un dossier, l’air soucieux. Kaori toqua fébrilement, attirant son attention, puis pénétra à son invitation suivie des deux hommes.  

 

- Madame Tomoka, je vous présente Maître Yoshi, mon avocat. C’est Ryo qui l’a appelé., les présenta Kaori.  

- Madame Tomoka est la directrice de l’orphelinat.  

- C’est un plaisir, Madame.  

- Moi de même. Asseyez-vous, je vous en prie., les invita la vieille dame.  

 

Elle reprit place derrière son bureau et redressa les lunettes sur son nez, se donnant un instant avant de leur expliquer la raison de cette convocation.  

 

- Avant tout, je voulais vous dire que ce que je fais va à l’encontre de l’éthique. C’est la première fois que je la romps mais les circonstances qui entourent l’adoption de votre bébé sont suffisamment compliquées et exceptionnelles que je m’y suis sentie obligée., expliqua-t-elle, se tournant vers Kaori.  

- J’ai ouvert ce matin deux dossiers de candidats à l’adoption pour votre bébé.  

 

Kaori sentit son cœur se serrer. Elle espérait une famille pour son enfant mais ne pensait pas que tout irait si vite, pas alors qu’elle n’avait pas encore totalement accepté la situation.  

 

- C’est… C’est bien., se força-t-elle à articuler.  

- Les dossiers proviennent d’un couple et d’une jeune femme, tous trois américains. Il s’agit de Monsieur et Madame James et d’une Elisa James.  

 

La jeune femme sentit tout le sang quitter son visage et la tête commencer à lui tourner.  

 

- Mes ex-beaux-parents et mon ex-belle-sœur…, murmura-t-elle.  

- Non, je ne veux pas… Je ne veux pas que mon enfant leur soit confié. Ca revient à le mettre entre les mains de David. Ce n’est pas possible., objecta-t-elle, les larmes aux yeux.  

- Malheureusement Kaori, la famille a la priorité dans ces cas-là. Même s’il n’a plus d’autorité parentale, David sera toujours reconnu comme le père…  

- Le géniteur !, le coupa-t-elle sèchement.  

- Comme le géniteur de cet enfant. Sa famille aura la priorité pour l’adoption., intervint maître Yoshi.  

- Que peut-on faire ?, demanda-t-elle, le cœur lourd.  

 

L’avocat réfléchit un court instant cherchant une solution légale puis leva les yeux vers elle.  

 

- Rien. S’ils obtiennent l’agrément…  

- Ils l’ont eu. Le dossier a déjà été accepté par l’administration., précisa la directrice.  

- Quand l’enfant sera né, ils pourront l’adopter., conclut-il.  

 

Kaori jeta un regard perdu sur les trois autres personnes présentes puis, sans un mot, bondit de sa chaise et sortit de la pièce en courant. Ryo, bien qu’apparemment impassible, était sous le choc. Ces pourris réussissaient encore à leur gâcher l’existence et à la faire souffrir même au loin. Comment pourrait-elle vivre en sachant son enfant entre leurs mains ? Elle n’y arriverait jamais. Plus calmement, il se leva et partit retrouver sa femme. Restés seuls, l’avocat et la directrice se regardèrent gênés et attendirent.  

 

Arrivé sur le pas de la porte d’entrée, Ryo scruta les environs et aperçut Kaori accoudée au garde-corps près de la falaise. Lentement, il s’approcha d’elle, voyant son corps agité par les soubresauts de ses larmes, et l’attira à lui. Elle se laissa faire et s’agrippa à son tee-shirt, désespérée. Il la serra contre lui et caressa son dos lentement pour l’apaiser.  

 

- Calme-toi, Kaori. On va trouver une solution., tenta-t-il de la rassurer.  

 

Il sut qu’elle l’avait entendu parce qu’elle resserra sa prise sur le tissu qui se tendit mais elle ne répondit pas. Elle continuait de pleurer, évacuant le stress de la situation. Soudain, ce fut le calme plat. Ryo ne sentit plus ni tremblements ni tension sur son tee-shirt. L’air saturé de désespoir avait fait place à la résignation et à autre chose et Kaori s’écarta de lui, levant un regard déterminé.  

 

- Je ne peux pas leur laisser le bébé, Ryo., murmura-t-elle, anxieuse.  

 

Elle avait décidé de ne pas garder ce bébé pour des raisons plus que raisonnables et rationnelles mais, aujourd’hui, les choses avaient changé et, si ses raisons avaient été valables, il y avait bien une chose encore dont elle était absolument certaine : elle devait protéger ce bébé de l’influence de son géniteur. Quand elle s’était rappelée cela, tout le reste n’avait plus d’importance. Il n’y avait plus de tristesse ni de colère, juste une détermination froide et farouche : elle protégeait et protégerait toujours les plus faibles. C’était son essence.  

 

- Je sais., répondit-il, caressant sa joue.  

- Je vais prévenir la directrice si tu veux., lui proposa-t-il.  

 

Elle acquiesça et le regarda partir avant de se tourner vers l’horizon et de contempler la mer et ses vagues immuables. Elle se sentait vide et épuisée. Etait-ce juste le choc de cet énième retournement de situation ou avait-elle franchi les limites de la sanité ? Elle ne savait plus et se prit à rire.  

 

- Alors Hide, encore une fois parti je-ne-sais-où ou c’est ta manière de corriger ce que tu considérais comme une erreur de ma part ?, demanda-t-elle à haute voix.  

 

Elle n’était pas soulagée de sa décision qui soulevait en elle beaucoup de questions et d’inquiétudes mais elle ne pouvait nier que la culpabilité de mettre au monde un enfant sans racine s’était évanouie. Cet enfant aurait une mère, un père puisque Ryo lui avait affirmé la suivre quelle que soit sa décision et un frère. Elle ne savait pas si elle arriverait à tisser une relation avec lui mais, désormais, il était sa responsabilité comme l’était Kei et elle donnerait le meilleur d’elle-même pour l’élever. Forte de sa résolution, elle retourna vers l’orphelinat.  

 

Lorsque le nettoyeur pénétra de nouveau dans le bureau de la directrice, les deux personnes levèrent un regard soucieux vers lui puis derrière lui.  

 

- Kaori est restée dehors. Elle a besoin d’être un peu seule., leur apprit Ryo.  

- J’aimerais avoir une solution pour l’aider., affirma la directrice, se sentant coupable.  

- Moi aussi., compléta son avocat.  

- Nous allons garder le bébé. Annulez la procédure d’adoption., les informa-t-il.  

- Vous pensez que c’est raisonnable ?, s’inquiéta l’avocat qui avait bien eu l’occasion de voir à quel point la situation avait affecté sa cliente.  

- Je ne sais pas mais c’est la seule chose à faire. Kaori ne supportera jamais de savoir cet enfant entre les mains de son ex-mari… et moi non plus., avoua-t-il.  

- Nous pouvons encore annuler la procédure, n’est-ce pas ?, s’enquit-il, se tournant vers la directrice.  

 

Madame Tomoka prit le dossier d’adoption sur lequel était noté « Bébé Makimura » et l’ouvrit, en sortant une feuille.  

 

- Oui. Il faudra juste que Kaori remplisse l’encadré ici et signe et ce sera fini., le renseigna-t-elle.  

 

Ryo prit le papier et lut l’encadré en question, souhaitant confirmer tout cela. Il en avait plus qu’assez de tout ce qui leur tombait sur la tête dernièrement, plus qu’assez d’être un pantin entre les mains du destin, d’avoir la sensation d’être complètement impuissant à protéger celle qu’il aimait plus que tout au monde.  

 

- D’accord. Je vais lui apporter et vous le ramène de suite., dit-il, se dirigeant vers la sortie.  

 

Il s’arrêta à la porte et se recula pour laisser passer Kaori. Sans un mot, il lui tendit la feuille, pointa du doigt l’endroit et, après quelques secondes plongée dans son regard pour être sûre de son choix à lui, la prit et, sans même s’asseoir, remplit les quelques lignes et signa.  

 

- Ce bébé n’est plus adoptable., dit-elle en rendant la feuille à la directrice.  

- Kaori, cette décision…, intervint la vieille dame.  

- C’est ce qu’il y a de mieux à faire. Ces gens n’auront pas une nouvelle vie à détruire., affirma la nettoyeuse.  

- Le sujet est clos. J’aimerais juste comprendre comment ils ont su., lâcha Kaori, amère.  

- J’allais transmettre les informations aux autorités demain. Rien n’est sorti d’ici sinon., répliqua la directrice.  

- Je ne savais pas que vous aviez pris votre décision., contra l’avocat.  

- Excusez-moi, je ne vous attaque pas., lâcha la future maman, fatiguée.  

- Megumi…, souffla Ryo, relevant les yeux vers elle.  

 

Kaori le regarda sans comprendre.  

 

- Quand nous sommes venus faire le dossier, nous l’avons croisée en sortant. Tu lui as dit., lui rappela Ryo.  

- Mais pourquoi ?, murmura-t-elle, dépitée.  

- Je ne sais pas mais on va lui demander. Je n’aime pas que l’on joue double-jeu avec nous., répondit le nettoyeur, l’air fermé.  

- Nous allons vous laisser. Merci de nous avoir prévenus, Madame Tomoka. Maître, merci d’être venu malgré vos obligations., les remercia-t-il.  

- C’est normal., répondirent-ils en même temps.  

- Tu viens, Kaori. Nous allons rendre visite à Megumi et, après, nous rentrerons.  

 

Elle accepta la main qu’il lui tendait et le suivit, réchauffée par ce contact. Elle réalisait lentement les implications de sa décision et s’assit dans la voiture, l’air sombre.  

 

- Qu’est-ce qu’on va faire, Ryo ?, lâcha-t-elle.  

- Voir Megumi et comprendre., répondit-il d’un ton neutre qui masquait la colère qui sourdait en lui.  

- Non, je ne parlais pas de cela. Comment on va faire pour le bébé ?, lui demanda-t-elle, anxieuse.  

 

Il se tourna vers elle et vit son inquiétude. Kaori était forte mais c’était un nouveau coup du sort et elle en avait déjà subi tellement qu’il n’aurait pas été étonné si elle craquait complètement. Il l’observa un moment, admiratif de sa résilience. Elle avait pleuré certes mais c’était peu par rapport à la nouvelle. Forte de ses convictions, elle avait relevé la tête, rapidement, et avait montré les crocs comme elle savait le faire pour défendre les plus faibles. C’était sa Kaori, la femme forte et courageuse dont il était tombé amoureux. Le « belle et sexy » n’avait été qu’un complément, non négligeable, mais c’était sa force et son courage qui l’avaient alpagué définitivement.  

 

- Un jour à la fois, Sugar., dit-il, caressant sa joue.  

- Mais je ne serai peut-être jamais capable de l’aimer., fit-elle remarquer.  

- Je n’en suis pas si sûr. Tu es encore en reconstruction, Kaori. Tu es forte de corps et d’esprit. Je sais ce dont tu es capable et je suis sûr que tu te surprendras toi-même. Je ne dis pas que ça sera toujours facile, que tout sera tout beau et tout rose mais je pense que ça ira., la rassura-t-il.  

- Comment peux-tu en être si sûr ?, répondit-elle, sceptique.  

- Ce bébé nous a lancé un XYZ. Je l’ai senti là., répliqua-t-il, pointant vers son cœur.  

- Je sais d’où il vient et comment mais je m’en fiche, ce n’est pas de sa faute. Le coupable a payé. Je suis prêt à l’aimer tout comme tu m’as aimé tout en connaissant ma vie et mes mauvaises actions. Tu as vu qui j’étais au fond de moi. Je suis persuadé que toi aussi, tu sauras l’aimer le moment venu, quand tu n’auras plus peur. En attendant, je serai là pour toi et pour lui.  

 

Elle plongea dans son regard, le cœur battant douloureusement. Imaginait-il à quel point ses paroles l’émouvaient une nouvelle fois ? Comment pouvait-il taper aussi juste ?  

 

- De quoi aurais-je encore peur, Ryo ? David est sous les barreaux, aux Etats-Unis. Nous sommes à deux et Kei grandit bien. A part de ne pas savoir l’aimer, de quoi aurais-je encore peur ?, l’interrogea-t-elle.  

- Tu dois le découvrir par toi-même, Kaori. Ca fait partie de ton chemin vers la lumière. Sache juste que je suis là pour t’aider, je ne te quitterai jamais.  

 

Elle le contempla encore un moment puis posa une main sur sa joue avant d’acquiescer. L’attrapant doucement, Ryo porta sa paume à ses lèvres et l’embrassa avant de la lâcher et de démarrer. La route jusqu’à la résidence des Yamamoto se passa dans le silence mais un silence pensif beaucoup moins pesant qu’en se rendant à l’orphelinat. Les dés étaient jetés, il n’y avait plus qu’à comprendre et à avancer. Les deux nettoyeurs n’étaient pas du genre à tergiverser une fois la décision prise, plus maintenant, se dit Kaori, repensant aux jours difficiles qui avaient suivi la mise en œuvre de sa précédente décision. Elle n’avait plus de doute aujourd’hui. Elle s’inquiétait des conséquences mais la décision était la bonne, c’était même la seule possible.  

 

- Sacrée baraque…, laissa échapper Ryo en entrant dans l’allée qui menait à la bâtisse des Yamamoto.  

- Oui, c’est une maison transmise de génération en génération d’après ce que j’ai compris. Elle ne présume pas du caractère de ses habitants., les défendit Kaori.  

- Je sais. J’ai croisé Megumi à plusieurs reprises en ton absence lors de visites à l’orphelinat. J’arrivais parfois à avoir de tes nouvelles. J’ai même appris à l’apprécier. C’est pourquoi je veux comprendre., lâcha-t-il.  

 

La jeune femme le regarda un moment, les larmes aux yeux.  

 

- Tu es vraiment allé à l’orphelinat sans moi ?, lui demanda-t-elle.  

- Oui. Je te l’avais promis, non ?  

- Je sais mais, par moments, tu traînais tellement des pieds que je ne savais pas si tu le faisais pour éviter que je t’enguirlande, me faire plaisir ou pour les enfants., avoua-t-elle.  

- Un peu des trois en fait., admit-il, un sourire en coin.  

- J’adore te voir en colère puis voir ton sourire et, au final, ces petits monstres ne sont pas si agaçants que ça. Ils pourraient même être attachants., plaisanta-t-il.  

- On y va ?, lui demanda-t-il, redevenant sérieux.  

 

Kaori acquiesça et sortit de la voiture. Ils sonnèrent à la porte et attendirent une petite minute que le majordome vint leur ouvrir. Nerveuse, elle saisit la main de son mari et ce fut ainsi qu’ils entrèrent dans la maison. Megumi vint rapidement les accueillir, surprise de les voir arriver chez elle sans s’être annoncés auparavant, mais ne leur en tint pas rigueur.  

 

- Que me vaut le plaisir de votre visite ?, leur demanda-t-elle.  

- C’est un peu délicat., avoua Kaori, triturant nerveusement la lanière de son sac à main.  

- Pouvons-nous nous asseoir quelque part pour discuter ?, demanda Ryo.  

- Bien évidemment, je manque à mes obligations., s’exclama-t-elle.  

 

Elle les conduisit vers un salon chauffé par une cheminée où la flambée propageait une chaleur réconfortante. Kaori observa quelques instants les flammes avant de se tourner vers leur hôtesse.  

 

- La famille de David a fait une demande pour adopter le bébé que je porte., lui apprit Kaori.  

- La demande n’était pas encore transmise aux services appropriés. Je n’avais pas encore pris ma décision lors de notre dernière confrontation et nos amis ne lui en auraient pas parlé. Vous êtes la seule personne à qui nous en avons parlé., expliqua-t-elle, mal à l’aise.  

 

Elle voyait Megumi se décomposer au fil de ses paroles et culpabilisait de ce qu’elle lui infligeait.  

 

- Lui en avez-vous parlé ?, lui demanda Kaori.  

 

La dame se leva, se triturant les mains, le teint livide. Elle se posta face à l’âtre et l’observa un moment avant de se tourner vers elle.  

 

- Oui., admit-elle.  

- J’étais tellement en colère contre lui et ce qu’il vous avait amenée à faire que je lui ai envoyé un mail où je lui disais ma façon de penser et je lui ai dit que vous étiez obligée de faire adopter ce bébé et que ça vous faisait souffrir. Je regrette, Kaori.  

- Ce qui est fait est fait, Megumi. Nous voulions juste comprendre ce qui s’était passé.  

- Qu’allez-vous faire ? Ce bébé va vraiment partir aux Etats-Unis dans cette famille ?, s’inquiéta-t-elle.  

 

Les deux nettoyeurs se regardèrent un instant.  

 

- Non, nous allons garder le bébé., répondit Ryo, d’une voix posée.  

 

Megumi posa une main sur sa bouche, horrifiée. Ils virent ses yeux se brouiller et Kaori s’approcha d’elle.  

 

- Ne culpabilisez pas. Vous ne pensiez pas à mal. C’est une conséquence imprévue comme il y en a eu tant dans toute cette histoire., essaya-t-elle de la déculpabiliser.  

 

Ryo fut ravie de voir la Kaori consolatrice refaire son apparition malgré la situation. Cela le conforta dans son idée qu’il reverrait un jour la Kaori qu’il avait connue complètement réapparaître.  

 

- Je m’en veux, Kaori. Je m’en veux tellement. Si je n’avais rien dit, vous n’auriez pas à subir cette épreuve supplémentaire., s’en voulut-elle.  

- Je ne subis plus, Megumi. C’est fini. J’ai repris ma vie en main. J’ai choisi de protéger ce bébé depuis le départ. Cette décision n’en est que la continuité. Ce sera certainement dur mais je sais qu’il y a beaucoup de choses et beaucoup de personnes sur qui je peux compter., lui affirma-t-elle, regardant Ryo droit dans les yeux.  

 

Megumi l’observa un long moment.  

 

- Je suis admirative de votre force et de votre courage. Je l’avais déjà noté dès notre première rencontre. Je craignais que cette épreuve vous ait abattue mais je revois la personne que j’ai connue et qui m’a impressionnée. Je ressens de nouveau en vous cet espoir que je pensais perdu il y a dix jours, ce qui m’avait profondément mise en colère et fait faire cet acte irréfléchi. Je connais beaucoup de personnes qui seraient en colère contre ce coup du sort mais vous ne l’êtes pas ou vous le contrôlez bien.  

- Je ne vais pas mentir et vous dire que c’est le calme plat mais j’en ai assez de cette colère qui m’a rongée et fait oublier qui j’étais. Oui, c’est un coup du sort, une épreuve supplémentaire à affronter mais je me dis que ce n’est pas pour rien que ça arrive. Je ne peux pas croire que mon ange-gardien m’ait lâchée. Je me sens assez forte et entourée pour pouvoir le supporter. Je ne sais pas si j’arriverai à aimer cet enfant mais j’ai la force de le protéger. C’est peut-être masochiste ou incompréhensible, peut-être irrationnel même, mais je peux le faire. Pour le reste, il faut juste espérer., plaida-t-elle.  

- Je ne sais pas quoi vous répondre mais, si je peux faire quelque chose pour vous aider, dites-le moi., lui assura-t-elle.  

- Dites-lui que le bébé n’est plus adoptable., lui demanda Kaori.  

- Avec plaisir. S’il y a autre chose, n’hésitez pas.  

 

Tous trois se saluèrent et le couple repartit.  

 

- On peut passer par le cimetière ?, s’enquit la nettoyeuse.  

- Tu vas passer un savon à ton frère ?, ironisa Ryo.  

- Je pourrais. Je ne sais pas ce qu’il fout mais il le mériterait., rétorqua-t-elle, malicieuse.  

- Non, j’ai juste besoin de sa force et de sa sérénité en plus de la tienne., ajouta-t-elle, plus sérieuse.  

- Cette épreuve peut nous rapprocher comme nous détruire. C’est certainement l’une de ces peurs auxquelles tu faisais allusion tout à l’heure., admit-elle.  

- En effet. Personnellement, je n’ai pas beaucoup de doutes. Ce sont les barrières que tu te mettras qui te feront peut-être chuter. Si tu te souviens de toi, tu te relèveras.  

 

Arrivés au cimetière, il l’enlaça et l’accompagna jusqu’à la stèle. Il resta avec elle quelques minutes puis lui laissa un peu d’intimité. Restée seule, Kaori observa la pierre un long moment. Elle ne savait pas comment aborder les jours et mois à venir. Elle ne savait comment elle accueillerait cette nouvelle vie dont elle avait commencé à accepter d’être séparée. Elle posa les mains sur son ventre et sentit le bébé.  

 

- C’est mon enfant, Hide. Je saurai le protéger des autres mais comment le protéger de moi ? Est-ce que je saurai ou apprendrai à l’aimer ?, murmura-t-elle.  

- Est-ce qu’on pensera que j’ai voulu ce qui m’est arrivé ? Je ne pense pas être en colère contre lui mais est-ce que je me trompe ? Est-ce que Ryo arrivera à l’accepter comme il le dit ? Est-ce que Kei comprendra ? J’ai tant de questions et si peu de réponses. Aide-moi à trouver la force de me battre chaque jour, aide-moi à trouver la force d’espérer, aide-moi à trouver une certaine forme de sérénité. Je n’en demande pas plus.  

 

Elle vit Ryo un peu plus loin adossé à un arbre, le regard posé sur elle, et lui sourit pour le rassurer.  

 

- J’aurais aimé avoir un peu plus de temps pour guérir, pour nous retrouver et me rassurer sur notre couple mais je suppose que, là aussi, ce sera un jour à la fois. Tu peux être fier de ton meilleur ami, aniki. Je pense qu’il a plus que tenu sa promesse. Je n’aurais pu trouver meilleur soutien pour avancer ni meilleur père pour mes enfants. Je t’aime, Hideyuki. Tu me manques. A bientôt. Je vais aller dire bonjour à papa.  

 

Elle caressa la stèle du bout des doigts avec un léger sourire puis se dirigea vers Ryo.  

 

- Tu viens, on va rendre visite à beau-papa., le taquina-t-elle.  

- Tu crois que je vais me prendre un savon ?, répondit-il sur le même ton.  

- Ce serait plutôt moi, non ? C’est moi la fille de flic qui s’est amourachée d’un tueur professionnel obsédé., rétorqua-t-elle, gardant le ton léger.  

- C’est ma belle gueule ou mon sens de l’humour., expliqua-t-il.  

- Ou ton mokkori…, pipa-t-elle en rougissant.  

 

C’était sorti tout seul. Elle n’était pas à l’aise en évoquant le sujet mais elle soutint son regard tout de même. Ryo s’arrêta, la retenant par la main. Ca lui faisait chaud au cœur de l’entendre plaisanter sur le sujet. Il l’attira dans ses bras malgré son ventre arrondi.  

 

- Ne le dis pas à ton père., souffla-t-il sur le ton de la confidence.  

- Je lui parlerai de l’homme un peu taciturne quand on ne le connaît pas qui a un cœur en or, de l’homme prêt à défendre bec et ongles ceux qu’il aime et ceux qui en ont besoin, de l’homme qui a su se dépasser pour me rendre heureuse et alléger mes souffrances, de l’homme patient et compréhensif qui me soutient malgré les difficultés. Je lui parlerai de l’homme que j’aime., lui confia Kaori, émue.  

 

Ryo fut touché par sa confidence et ne sut quoi répondre, la gorge serrée.  

 

- N’oublie pas de lui dire que je fais la cuisine et change les couches., fut tout ce qu’il trouva.  

 

Kaori rigola doucement contre lui et, peu après, l’entraîna vers la stèle de son père et de sa femme. Elle la contempla un moment avant de la toucher.  

 

- J’espère ne pas te faire honte, papa. J’agis selon mes convictions. J’espère que tu comprends.  

- Ton père comprend, Kaori, comme ton frère. J’en suis persuadé., tenta de la rassurer son mari.  

 

Elle se retourna vers lui et le regarda.  

 

- Et toi, tu comprends ?, lui demanda-t-elle.  

 

Il posa une main sur sa joue et plongea son regard dans le sien.  

 

- Très honnêtement, je ne pense pas que tu aurais supporté d’abandonner ce bébé même si j’aurais respecté ton choix., lui assura-t-il.  

 

Elle le contempla en retour, puisant en lui la force et l’assurance dont elle avait besoin.  

 

- Peut-être… Tu sais mieux que moi ce dont je suis capable actuellement., admit-elle.  

- Si on allait récupérer Kei et on rentrait chez nous ?, lui proposa-t-elle.  

 

Les doigts entrelacés, ils prirent le chemin du retour. 

 


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