Hojo Fan City

 

 

 

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Rated PG-13 - Prose

 

Auteur: Mercury80

Status: Complète

Série: City Hunter

 

Total: 60 chapitres

Publiée: 02-03-20

Mise à jour: 30-04-20

 

Commentaires: 75 reviews

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RomanceDrame

 

Résumé: NC17 - Que seriez-vous prêt(e)s à accepter par amour?

 

Disclaimer: Les personnages de "Pour toi" sont la propriété exclusive de Tsukasa Hojo.

 

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   Fanfiction :: Pour toi

 

Chapitre 24 :: Chapitre 24

Publiée: 25-03-20 - Mise à jour: 25-03-20

Commentaires: Bonjour, voici la suite de l'histoire. Chapitre tout public. Bonne lecture et merci pour vos commentaires^^

 


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Chapitre 24  

 

- Je dois partir en Europe. J’ai un gros problème à régler et je ne vais pas t’infliger des déplacements fréquents. Tu vas rester ici. Ca te laissera le temps de t’habituer aux lieux. Ca sera peut-être plus facile sans moi et dépassionnera notre relation.  

 

Ce fut la nouvelle que David lui apprit le jour même de leur arrivée. Il partait, la laissant seule aux Etats-Unis. Elle n’avait rien dit, ni même esquissé un sourire de soulagement à l’idée de ne pas devoir le supporter pendant un certain temps, peut-être même long, espérait-elle.  

 

- Jack, ton garde du corps, sera là pour te conduire si tu as besoin de sortir.  

- Mon garde du corps ?, s’étonna-t-elle.  

- Oui. Kaori, je suis riche. Ma famille peut représenter un attrait pour des kidnappeurs. Je n’ai pas envie que tu sois enlevée., lui dit-il.  

 

Elle le regarda et se retint de rire, autant de l’ironie de la situation que par nervosité : non seulement elle risquait le même sort qu’à Tokyo alors qu’elle menait une vie normale loin de Ryo et elle allait avoir un garde du corps, elle qui avait contribué à protéger d’autres vies auparavant…  

 

- Il a ta carte bancaire., ajouta-t-il, ne se rendant pas compte de sa réaction.  

- Ma carte bancaire ?, répéta-t-elle, stupéfaite.  

- Oui, j’ai fait préparer une carte pour toi, pour tes dépenses courantes., lui apprit-il.  

- Je n’ai pas l’intention d’aller faire les magasins., lui répondit-elle.  

 

David se leva et la regarda sévèrement.  

 

- J’ai vu ta valise et son contenu. Tu as besoin d’autres vêtements, Kaori, des vêtements dignes de ton nouveau standing. Tu auras aussi besoin de robes de soirée et de tailleurs, robes ou jupes, pas de pantalons. Je te conseille également de commencer à regarder pour une robe de mariée parce que nous célébrerons notre mariage ici en grandes pompes., lui dit-il.  

- Je ne veux pas d’un grand mariage., répliqua-t-elle.  

- Tu n’as pas le choix. Un homme de ma position ne peut se permettre de faire cela en catimini. Donc ce sera église, vin d’honneur et réception. Famille, amis et relations d’affaires., résuma-t-il.  

- Je peux donc inviter mes amis ?, dit-elle, un sourcil levé.  

- Tu sais très bien quelle est ma position. C’est moi ta famille maintenant.  

 

Ils se battirent du regard un long moment avant qu’il ne cède. Il vint s’asseoir à ses côtés, gardant cependant une distance respectueuse.  

 

- Je vais être parti au moins quatre semaines sans pouvoir rentrer. Réfléchis à ce que tu veux, Kaori, à ce que tu veux que ta vie ici soit, je veux dire. On peut continuer à s’affronter, se faire vivre l’enfer mais ne serait-ce pas mieux d’essayer de faire un pas vers l’autre ?, lui demanda-t-il.  

- Quel pas vas-tu faire vers moi, David ? Tu m’enfermes dans une prison dorée, m’étales ta richesse sous le nez alors que je m’en fous, me demandes de me soumettre à tes exigences… Mais moi, j’y gagne quoi ? Ce que je veux, tu ne peux même pas me le donner, même en partie. Alors, je te le demande : si je fais un pas vers toi, quel pas vas-tu faire pour moi ?, l’interrogea-t-elle, la voix brisée.  

- Je… Je vais y réfléchir., admit-il.  

- Essaie de prendre tes marques. Je n’ai pas le temps de te faire visiter mais il y a des installations ici que tu pourrais apprécier. Je vais demander à Jack de faire le tour avec toi. Il faut que j’y aille.  

 

Il hésita puis se pencha vers elle et posa un baiser sur sa tempe. Prise dans ses réflexions, Kaori ne réagit pas et il partit sans plus un mot.  

 

Jack était un homme réservé et pragmatique. La visite des lieux se borna donc à lui indiquer où était telle ou telle pièce, à lui montrer comment accéder à la salle de gym que David avait fait installer, la piscine privative, les jacuzzi et sauna. Lorsqu’elle lui demanda où elle pourrait aller faire les courses pour se préparer à manger, il leva un sourcil étonné et lui dit qu’il n’était pas dans ses attributions d’épouse d’aller au magasin alimentaire. Elle se retint de lui infliger une réponse cinglante sur ses attributions d’épouse et se retira dans sa chambre.  

 

Finalement sur l’heure du midi, elle se dirigea vers la cuisine, désirant se cuisiner un repas simple et s’occuper l’esprit mais quand elle y arriva, une femme d’une cinquantaine d’années était déjà derrière les fourneaux et mettait la dernière touche au repas.  

 

- Voilà, Madame James, votre repas., lui dit-elle.  

 

La gorge serrée, Kaori regarda le morceau de bœuf cuisiné en sauce, la purée de pommes de terre et la poêlée de légumes cuits puis la dame sortir une bouteille de vin rouge et lui en verser un verre sans rien lui demander et, malgré toute l’impolitesse de sa réaction, elle tourna les talons et s’en alla sans un mot, l’estomac noué. Elle n’était pas dans son pays, pas dans sa famille et encore moins chez elle. Elle n’était qu’une intruse et tout lui renvoyait à l’endroit où elle n’était pas : à sa place. S’allongeant sur son lit en larmes, elle repensa aux repas qu’elle préparait pour Ryo et elle, la façon dont il avait longtemps dénigré sa cuisine tout en avalant tout d’une traite. Elle revivait ces moments où cuisiner lui avait permis de décompresser, de relativiser les choses. Elle n’avait rien ici, rien de tout cela et cela renforçait son sentiment d’être prisonnière.  

 

Elle sentit la colère gronder en elle et décida d’aller l’évacuer de manière efficace. Elle passa une tenue de sport et descendit à la salle de gym. Ryo avait commencé son entraînement. Elle le continuerait ici. Elle rentrerait aussi affûtée qu’en étant partie. Ajustant les écouteurs de son casque sur ses oreilles, elle mit en marche le tapis de course et se laissa emporter par le roulement. Elle courut ainsi une demie heure puis enchaîna avec du rameur et des exercices de musculation. Elle passa ainsi la moitié de l’après-midi dans la salle de gym et, pour la première fois depuis son arrivée cette nuit, elle se sentit quelque peu détendue. Profitant de ce moment, elle se fit couler un bain et s’y glissa en même temps qu’elle replongeait dans ses souvenirs. Elle aurait presque senti les larges mains de son vrai mari sur son corps.  

 

A Tokyo, Ryo tournait en rond. Cela faisait maintenant trois jours que Kaori était partie et il n’avait pas avancé d’un pouce. Le privé qu’il cherchait était tout simplement introuvable. Comment ce James l’avait-il trouvé ? Il avait fait tous les noms qu’il avait pu trouver dans l’annuaire et sur le net et rien. Bien décidé malgré tout à trouver ce type, il prit sur lui et alla trouver Reika. Elle était dans le métier bien plus officiellement que lui et aurait peut-être de ce fait des informations supplémentaires.  

 

Frappant à la porte de la détective, Ryo pria pour qu’elle ne lui saute pas dessus comme à son habitude. Il n’avait pas envie de subir les avances d’une femme alors que la sienne lui manquait.  

 

- Bonjour Ryo., fit-elle, l’invitant à entrer.  

- Bonjour Reika. Tu as quelques minutes à m’accorder ? J’ai besoin d’un service.  

- Je t’écoute., lui dit-elle, lui faisant signe de s’asseoir.  

- Saeko t’a expliqué ce qui se passe avec Kaori ?, lui demanda-t-il, gêné.  

- Oui, hier. Je suis désolée, sincèrement. En quoi je peux t’aider ?  

- Kaori a été suivie par un détective privé. Elle a eu la bonne idée de lui coller un émetteur mais je n’arrive pas à le repérer. J’ai cherché parmi tous les détectives connus de la ville mais il n’en fait pas partie. Je voulais savoir si tu n’aurais pas eu vent d’un nouveau venu.  

- Non. En revanche, j’en connais deux ou trois qui sont plutôt du genre discret dont un qui vendrait père et mère.  

- Tu sais où on peut les trouver ?  

 

Reika se leva et se posta près de la fenêtre, pensive.  

 

- Il n’y aura jamais de place pour une autre qu’elle, n’est-ce pas, Ryo ?, lui demanda-t-elle à brûle-pourpoint.  

 

Il eut la délicatesse de paraître gêné et observa ses mains. Même sans alliance, même sans elle, il se sentait marié et n’avait pas envie d’aller voir ailleurs, même pour une jolie femme comme Reika.  

 

- Non, Reika. Je suis désolé., répondit-il, d’une voix sincère.  

 

Elle le regarda comme si elle le voyait pour la première fois.  

 

- Je m’en doutais mais merci d’avoir été honnête avec moi.  

- De rien.  

- Je n’ai pas d’adresse, Ryo. En revanche, je peux essayer de te trouver le lien et le lien se trouve au Hilton au moins pour l’un d’entre eux.  

 

Ryo releva la tête brusquement. C’était le bon. Il en avait l’intuition. Ce ne pouvait être une simple coïncidence.  

 

- Laisse-moi faire. Je vais essayer de le débusquer. Si tu y vas, il ne viendra pas., lui offrit la détective.  

- Tu es sûre ? Je ne veux pas te mettre dans une position inconfortable…  

- Oui, j’en suis sûre. J’apprécie Kaori même si on a été rivales.  

- Merci, Reika.  

- De rien. Je te préviendrai quand j’aurai des informations alors ne viens pas frapper à ma porte toutes les cinq secondes, d’accord ? Il faudra être patient.  

- D’accord. Je te laisse gérer. Je continue les recherches de mon côté. Je te préviens si j’en sais plus., lui dit-il avant de la quitter, le coeur un peu plus léger.  

 

Une semaine était passée depuis le départ de David. Kaori avait repéré les habitudes de chacun et, après deux jours où elle avait refusé de manger, elle avait réussi à parler avec Andrea qui lui avait laissé la place en cuisine pour les fois où elle serait seule. Kaori avait accepté le compromis. C’était déjà un moindre mal. Elle préparait donc son repas du soir, seule et dans le calme, plongée dans ses souvenirs, quand Jack entra dans la cuisine.  

 

- Madame, Madame James est là., l’informa-t-il, poliment.  

 

Kaori le regarda bêtement, ne comprenant pas où il voulait en venir. Soudain, elle réalisa.  

 

- Madame James ? La mère de David ?, le questionna-t-elle.  

- Oui, Madame., répondit-il, imperturbable.  

 

La jeune femme éteignit le brûleur et s’essuya les mains, suivant Jack vers le séjour où une dame aux cheveux gris, au visage avenant, l’attendait.  

 

- Bonsoir, Madame., la salua Kaori poliment.  

- Bonsoir. Kaori, c’est cela ?, lui demanda-t-elle avec un léger sourire.  

- Oui, Madame.  

- Pas de Madame avec moi. Appelez-moi maman, ma chérie. David m’a tellement parlé de vous que je ne pouvais plus attendre son retour pour vous rencontrer., lui expliqua-t-elle.  

- Oh… vraiment ?, fut tout ce que trouva à répondre la jeune femme.  

- Oui. Cela fait bien un mois qu’il me parle de vous, de votre engagement, de votre bonté et générosité. Vous avez vraiment séduit mon fils…, lui dit-elle d’une voix chaude.  

- Je suis tellement heureuse que vous ayez dit oui à sa deuxième proposition. Il était tellement malheureux quand il est revenu. Vous verrez, vous serez bien ici., lui assura-t-elle.  

- Certainement., murmura Kaori, se rappelant qu’elle avait accepté de donner le change.  

 

Elle n’avait pas vraiment envie de toute manière d’exposer ses différends à une autre personne que David. Cette histoire ne les concernait qu’eux.  

 

- Kaori, je voulais vous rencontrer car nous allons devoir préparer votre mariage. Avez-vous déjà fixé une date avec David ?, l’interrogea-t-elle.  

 

Jamais, fut la réponse spontanée qu’elle retint.  

 

- Non, pas encore. Nous n’avons pas eu le temps d’en parler avant son départ.  

- Ce n’est pas grave. Tenez, j’ai préparé ce petit dossier pour vous aider., lui apprit-elle, lui tendant un dossier de dix centimètres d’épaisseur.  

- Ce sont tous les noms et adresses des membres de nos familles que vous devrez inviter. Les noces auront lieu à la cathédrale Sainte Vibiane. Vous verrez, c’est tout simplement enchanteur. C’est magnifique, luxueux, grandiose.  

- Mais… mais je suis bouddhiste., pipa Kaori.  

- On s’en accommodera, Kaori. Vous êtes à Los Angeles maintenant, ma chérie., lui rappela gentiment la mère de David.  

- Madame James, il faut que David et moi en parlions d’abord. Nous devons nous accorder sur le mariage que nous voulons.  

- Appelez-moi maman, Kaori.  

- Je ne peux pas, Madame James. Ce n’est pas contre vous. C’est juste un mot qu’il m’est impossible de prononcer car je n’ai jamais connu la mienne., lui avoua-t-elle, le coeur serré.  

 

La mère de David jeta un regard navré sur elle et lui prit les mains.  

 

- Je comprends mieux votre engagement auprès de ces enfants. Je ne vous forcerai pas mais, s’il vous plaît, essayez au moins de m’appeler Atty. Cela me ferait vraiment plaisir., lui dit-elle.  

- D’accord., concéda Kaori.  

- Nous avons une soirée de charité dans cinq semaines où toute la famille doit être présente. David m’a parlé de vos origines… modestes. Voulez-vous que nous allions vous chercher une robe de soirée cette semaine ? Nous pourrions peut-être commencer à regarder pour une robe de mariée, non ?  

 

Kaori détourna le regard, gênée. Elle espérait bien être partie d’ici là mais elle ne pouvait le formuler à voix haute et devait sauver les apparences.  

 

- Oui… pourquoi pas ?, accepta-t-elle.  

- Je viendrais vous chercher mercredi matin. Prévoyez toute la journée. Nous en profiterons pour vous faire découvrir la ville., s’enthousiasma sa belle-mère.  

 

La jeune femme lui répondit d’un sourire et, peu après, sa visiteuse la quitta.  

 

- Je l’ai trouvé, Ryo., lui apprit Reika, dix jours après leur rencontre.  

- Où il est ?, lui demanda le nettoyeur, pressé d’en découdre.  

 

Cela faisait deux semaines maintenant que Kaori avait quitté le Japon et il n’avait pas avancé d’un pouce dans ses recherches malgré des kilomètres effectués à pied ou en voiture.  

 

- Je ne sais pas où il crèche mais je dois le retrouver cette après-midi au Hilton à quinze heures. Ne te pointe pas dans l’hôtel. Je vais lui faire croire que je vais lui donner une affaire et tu n’auras plus qu’à le suivre ensuite., lui conseilla-t-elle.  

 

Pour tout avouer, il aurait aimé lui secouer les puces vite fait, bien fait mais Reika n’avait sans doute pas tort. S’il le suivait, il pourrait trouver sa planque et certainement plus facilement le dossier. Il pourrait réunir les conditions pour l’interroger efficacement. Il ne devait pas confondre vitesse et précipitation.  

 

- Très bien. On fera à ta manière., admit-il.  

 

Il se posta donc non loin du Hilton peu avant l’heure du rendez-vous et eut le plaisir de voir arriver le détective qu’il recherchait. Même s’il ne l’avait vu qu’une fois et encore de loin, il était sûr que c’était lui et le bip de l’émetteur de Kaori le lui confirma. Son coeur se serra en pensant à elle. Il aurait préféré, pour une fois, revenir à une situation plus familière où elle s’était faite enlever et il venait la sauver. Elle lui manquait et la sensation s’accentuait depuis qu’il s’était aperçu qu’il perdait des petites choses qui la ramenaient à elle. Son odeur sur les draps par exemple qui s’était d’abord estompée puis qu’il avait dû lui même effacer en les mettant au lavage, sa présence dans sa chambre qu’il aérait régulièrement et dont il avait aussi fini par défaire les draps. Par moments, il sortait des vêtements de sa penderie, les touchait, les humait mais cela n’avait rien de comparable avec la tenir elle dans ses bras. Il poussa un long soupir et se recentra sur son objectif.  

 

Lorsqu’il le vit sortir, il le suivit de loin. Ce cafard filait le long des murs. Il voyait ses coups d’oeil fuyants et malsains sur ce qui l’entourait. Son aura était quelconque, il n’y avait aucune tension malveillante dans son attitude et Ryo comprit pourquoi il ne l’avait pas senti… à son plus grand regret. Il le suivit ainsi pendant deux jours, notant ses habitudes, ses faits et gestes, ses rencontres.  

 

Le jour suivant, il le prit pour lui, pour se préparer et dresser sa stratégie. Il n’avait pas le droit à l’erreur. Il avait aussi eu besoin de ce temps pour régner sur ses sentiments car la première question qui lui était passée par la tête ce matin-là en se réveillant était : savait-elle ? Cela faisait deux semaines et demie qu’elle lui avait donné ce qu’elle avait de plus précieux. Avait-il été capable de lui donner quelque chose de précieux en retour ? Etait-elle enceinte ? La question l’avait perturbé, ravivant non seulement le manque mais également l’angoisse de la ou les savoir loin de lui sans personne pour la ou les protéger. Il avait ressenti l’urgence de mener cette affaire à son terme pour la voir rentrer plus vite et, à l’impatience, se mêlait des envies de meurtre parce que la colère s’était réveillée également. Il sentait le point de bascule non loin. Passant une main sur son visage, il se raccrocha à la promesse qu’il lui avait faite : l’ange de la mort ne devait plus être. Il pouvait cogner le type mais pas le tuer et, ce jour-là, il n’aurait su dire s’il aurait été capable de maîtriser sa violence. Alors il s’abstint de toute action… pour elle.  

 

Le même jour de l’autre côté de l’océan Pacifique, Kaori se leva tendue. Elle devait avec sa belle-mère aller faire les boutiques pour trouver une robe de soirée et jeter un œil aux robes de mariée. Elle n’en avait pas envie mais elle devait jouer le jeu tout comme elle jouait le jeu de prendre connaissance des lieux où elle vivait, s’enfermant par moments dans la chambre de David. Jack l’y retrouvait allongée sur le lit ou postée à la fenêtre, admirant apparemment la vue mais ce dont il ne se doutait pas, c’était que l’instant d’avant, elle fouillait les moindres recoins de la pièce pour trouver le dossier. Kaori avait cerné la sensation qui accompagnait l’approche de son garde du corps et était ainsi capable de ne pas se mettre en position inconfortable. Elle connaissait d’ailleurs toutes les auras des personnes qui vivaient dans l’appartement. Ca lui avait pris deux semaines mais le temps perdu lui permettait d’agir maintenant plus sereinement.  

 

Saisissant son gilet qu’elle enfila au dessus de son pyjama, elle se dirigea vers la salle de bains. Après quelques minutes de silence, l’eau de la douche se mit à couler. Kaori laissa glisser les rivières d’eau douce qui se mêlaient aux gouttes salées sur son corps secoué par les sanglots. Elle était enceinte, le bâtonnet posé à côté du lavabo venait de le lui confirmer. Ils avaient réussi, ils avaient conçu cette petite vie qui resterait avec elle, ce petit morceau du Japon qui l’avait suivie clandestinement et qu’elle devrait faire passer pour un autre pour un temps encore indéterminé. Elle portait en elle le fruit de leur amour fusionnel, cette fois-ci au sens propre du terme. Elle aurait aimé en avertir Ryo, lui donner cette joie-là, sentir ses bras autour d’elle et son coeur battre contre le sien. Elle aurait aimé tout cela et plus encore, par dessus tout se retrouver enfermée dans une bulle de bonheur et de sérénité comme eux seuls arrivaient à en créer, une bulle où elle se sentait libre et confiante en l’avenir.  

 

Quand les larmes se tarirent enfin, elle sortit de la douche et se sécha rapidement. Elle cacha le test tout au fond de sa valise, dans la doublure. C’était un secret qu’elle ne voulait partager avec personne de son entourage actuel. Elle s’habillait quand elle sentit Jack arriver et il frappa à la porte.  

 

- Entrez !  

- Madame James, Madame James est là., lui apprit-il.  

- J’arrive dans deux minutes., lui dit-elle.  

 

Il acquiesça et se retira. Elle se tourna vers le miroir de son armoire et regarda sa silhouette. Elle avait passé une robe d’été rose pâle qui lui donnait une allure douce. Elle se tourna de côté et posa une main sur son ventre encore plat. Son profil n’accusait encore aucune trace de grossesse mis à part sa poitrine qu’elle sentait gonflée mais qui restait bien cachée par le décolleté sage du vêtement. Prenant son courage à deux mains, elle sortit de sa chambre et retrouva Atty dans le séjour.  

 

- Vous êtes ravissante, Kaori. Ah où est la jeunesse de mes vingt ans…, soupira-t-elle.  

- Merci Atty. Ne rougissez pas. Vous êtes de toute beauté également., répondit Kaori aimablement.  

 

Elle ne voulait pas considérer systématiquement tous les membres de l’entourage de David comme des ennemis d’une part parce que ce n’était pas juste pour eux, que David était seul responsable de la situation, d’autre part parce qu’elle se sentirait vite en enfer si elle ne pouvait discuter avec personne et se retrouvait complètement isolée. Les deux femmes, accompagnées de Jack qui leur servirait de chauffeur, partirent donc ensemble pour la journée, une journée en demie teinte pour Kaori qui se coucha le soir, dégoûtée par cet étalage de richesse à laquelle on la poussait et heureuse de porter une petite vie si chère à son coeur. Il était des bonheurs qui ne coûtaient rien et celui-là était le plus précieux. Il aurait été encore plus apprécié en compagnie de la bonne personne. Comme tous les soirs au moment de s’endormir, son coeur s’envola au pays du soleil levant.  

 

Alors que Kaori s’endormait, Ryo attendait patiemment, assis dans un siège de l’agence du détective qui les avait piégés. Il avait pénétré par effraction, vaguement fouillé les tiroirs et ce qui se trouvait aux alentours du bureau pour ne pas être pris par surprise puis avait pris place, attendant l’arrivée de son interlocuteur. Il fronça le nez, écoeuré par l’odeur de tabac froid qui régnait dans la pièce, et comprit mieux pourquoi Kaori avait refusé de le voir fumer à l’intérieur de l’appartement depuis qu’elle y avait emménagé. Sentant le détective arriver, il sortit une cigarette et l’alluma, la portant nonchalamment à ses lèvres. Du coin plongé dans l’obscurité où il était, il vit le vieux briscard retirer son imper, s’allumer une cigarette à son tour et venir s’asseoir à son bureau. Pas très malin, celui-là, pensa Ryo. Soudain, l’homme releva la tête et l’observa, surpris.  

 

- Mais… mais que faites-vous ici ?, dit-il, stupéfait.  

 

Ryo se redressa et lui permit de voir son visage. Il vit celui de son interlocuteur pâlir en réalisant à qui il avait à faire.  

 

- Je pense que vous en avez une petite idée, non ?, répondit Ryo, croisant une jambe sur l’autre, détendu.  

- Si vous voulez me tuer pour ce que j’ai vu, sachez que…  

- Je ne suis pas venu pour cela. J’ai promis à ma partenaire de ne pas le faire…, lui précisa-t-il.  

 

L’homme se détendit et eut un sourire moqueur.  

 

- Vous laissez une femme décider pour vous. Cela montre bien le genre d’homme que vous êtes., ricana le détective.  

- Je lui ai promis de ne pas vous tuer mais pas de ne pas vous amocher. Peut-être que la mort vous semblera plus douce quand nous aurons commencé…, lâcha le nettoyeur, laissant échapper un nuage de fumée de ses lèvres en le regardant monter dans l’air et se dissiper.  

 

Il baissa juste après de nouveau le regard vers lui, un regard noir et froid qui donna la chair de poule à son interlocuteur.  

 

- Que voulez-vous ? Nous pouvons peut-être nous entendre…, proposa-t-il.  

- Je veux le film et les photos que vous avez faites de moi, ainsi que toutes les copies et, pour celles que vous auriez données, à qui et en combien d’exemplaires., répliqua Ryo posément.  

- Bien sûr. Disons que pour cent mille dollars, on peut trouver un terrain d’entente., fit l’autre homme sournoisement.  

- Non. Ce sera gratuit pour moi., fit Ryo.  

 

Le détective se prit d’un rire franc. Le nettoyeur le regarda impassible et attendit juste qu’il se calme.  

 

- Vous avez de l’humour, mon p’tit monsieur. Rien n’est gratuit dans ce monde., répliqua la détective reprenant son souffle.  

- Non, tu as raison. Mon prix, ce sera de t’épargner des souffrances intolérables jusqu’à la fin de ta misérable vie.  

- Ouh lala… et je devrais trembler parce que…, fit-il, feignant d’être terrifié.  

- Tu ne sais pas qui je suis, n’est-ce pas ?, lui demanda Ryo, fouillant dans sa poche.  

- Non et je m’en carre., répondit l’autre dédaigneux.  

- City Hunter, ça te dit quelque chose ?, l’interrogea le nettoyeur, sortant un couteau de sa poche dont il fit surgir la lame et testa le tranchant.  

 

Il releva les yeux vers son homologue et le vit agripper le bord de son bureau à s’en blanchir les phalanges. Il voyait dans son regard la terreur s’inscrire et commença à jouer avec le couteau comme s’il s’agissait d’un stylo.  

 

- Non, ce n’est pas possible…, murmura l’autre.  

- Tu connais sa réputation ? Tu connais son habileté au tir et surtout tu sais que son partenaire est une femme et qu’il ne faut pas lui faire de mal ? Tu sais ce qu’il en coûte dans le cas contraire ? Tu n’as pas l’air très malin ni au courant mais tu dois au moins avoir entendu cela une fois dans ta misérable vie ?, fit Ryo d’un ton calme mais où la menace se faisait sous-jacente.  

- La femme que tu as suivie est ma partenaire. Avec tes magouilles à la noix, elle a dû partir et est retenue en otage. Tu lui as donc fait du mal et je n’apprécie pas., lui apprit Ryo en se levant.  

- Je te laisse donc une dernière chance de sauver le reste de ta vie, de ne pas la passer à souffrir inlassablement au point de préférer la mort. Donne-moi le dossier original et dis-moi le nombre de copies que tu en as faites.  

 

Pour marquer son propos, il lança le couteau qui se planta dans le bois entre les doigts du détective qui fixa l’arme, terrorisé.  

 

- D’a… d’accord., bégaya-t-il.  

- Le dossier est dans mon coffre derrière. Je vais me lever et le prendre. Restez calme.  

- Un geste inconsidéré et tu chieras dans une poche pour le reste de tes jours., le prévint Ryo.  

 

Il vit l’homme serrer les fesses instinctivement et ouvrir le coffre. Il sortit une grosse enveloppe marron.  

 

- Tout est là. Je n’ai fait qu’une copie donnée à mon client et aucune copie ne peut être faite sans ce dossier., lui dit-il, lui donnant le tout.  

- Très bien. Assieds-toi là., lui ordonna Ryo, lui indiquant un fauteuil plus loin.  

 

Le détective s’exécuta et Ryo approcha de l’ordinateur.  

 

- C’est ton seul PC ?, lui demanda-t-il.  

 

L’autre acquiesça et le vit appliquer un boîtier contre. L’écran allumé vira soudain au noir et Ryo fit la même manipulation sur l’appareil photo numérique et la caméra posées non loin.  

 

- Mais… Mais qu’avez-vous fait ?, s’indigna-t-il.  

- J’ai effacé toutes les données en démagnétisant tes appareils. De toute façon, tu n’en auras plus besoin car tu vas changer de ville et de métier. Si je vois encore ta sale face de rat dans le coin, je viendrai te marquer à vie, pigé ?, le prévint Ryo.  

- Mais…  

- Pigé ?, le coupa-t-il, reprenant son couteau et dardant un regard noir sur lui.  

 

L’homme se tassa dans son fauteuil et acquiesça.  

 

- Je t’ai à l’oeil. Tu as deux jours pour te tirer.  

 

Sur ce, Ryo sortit du bureau, enveloppe sous le bras. Il retourna chez lui et, avant même de monter, il brûla les preuves qui l’incriminaient. Arrivé à l’appartement, il se servit un whisky.  

 

- J’ai fait mon job, Kaori, en respectant ma promesse. Je n’ai pas versé une goutte de sang. Je vais maintenant trouver un moyen de te prévenir et on sera bientôt réunis., murmura-t-il, regardant par la fenêtre. 

 


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