Hojo Fan City

 

 

 

Data File

Rated PG-13 - Prose

 

Auteur: Mercury80

Status: Complète

Série: City Hunter

 

Total: 60 chapitres

Publiée: 02-03-20

Mise à jour: 30-04-20

 

Commentaires: 75 reviews

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RomanceDrame

 

Résumé: NC17 - Que seriez-vous prêt(e)s à accepter par amour?

 

Disclaimer: Les personnages de "Pour toi" sont la propriété exclusive de Tsukasa Hojo.

 

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   Fanfiction :: Pour toi

 

Chapitre 37 :: Chapitre 37

Publiée: 07-04-20 - Mise à jour: 07-04-20

Commentaires: Bonjour, voici la suite de l'histoire. Comment vont se passer les retrouvailles avortées la veille? Bonne lecture et merci pour vos commentaires^^

 


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Chapitre 37  

 

Lorsqu’elle sortit du sommeil dans lequel elle s’était enfoncée, Kaori se sentit d’abord perdue. Elle se souvenait s’être rendue dans le chalet d’Umibozu où, après avoir désamorcé les pièges de l’entrée, elle était rentrée avec Kei dans les bras et s’était dépêchée de le nourrir car il commençait à sérieusement s’agiter à la fois affamé et fatigué. Elle se rappela l’avoir allongé sur le divan et s’être mise à ses côtés pour lui faire un rempart contre le vide. La douleur de ses côtes, de son ventre, de son visage s’était alors rappelée à elle. Elle s’aperçut qu’elle ne voyait plus que d’un œil, que l’autre était fermé et gonflé. Elle avait ensuite senti la faiblesse la gagner et s’était sentie partir doucement et elle avait été terrifiée parce qu’elle était seule, qu’elle ne voulait pas mourir, que Kei devait être protégé et que, si elle savait que Ryo allait la trouver, elle ne savait pas quand. Il serait peut-être trop tard et les ténèbres s’étaient refermés sur elle…  

 

Elle se rendit d’abord compte du tube dans sa gorge et, même s’il la gênait, elle ne paniqua pas. Elle sentait l’aiguille enfoncée dans sa main et les doigts enroulés autour de son autre main. Elle connaissait cette chaleur, ce toucher et se sentit rassurée. Ryo était là. Elle entendit ensuite les premiers mouvements caractéristiques du réveil de Kei, le bruissement des draps, ses suçotements et petits gémissements. Son cœur bondit de joie. Ils étaient à trois. Elle ouvrit alors son œil valide et observa d’abord le plafond, s’adaptant à la lumière. Elle écouta les bruits et reconnut l’endroit. Elle était à la clinique du Professeur. Elle était vivante, Ryo était là et ils étaient en sécurité. Elle sentit les larmes lui monter aux yeux.  

 

- Ma !, cria Kei en se mettant sur le ventre et se relevant, appuyé sur ses coudes.  

 

Elle n’arrivait pas à tourner la tête pour voir Kei, ce qui l’ennuyait, mais elle vit Ryo se réveiller et son regard se poser sur elle, la surprise et le soulagement s’invitant rapidement.  

 

- Kaori…, lâcha-t-il avec émotion.  

 

Elle avait envie de mettre la main dans ses cheveux pour les dompter mais elle n’en avait pas la force alors elle pressa ses doigts pour lui répondre. Elle sentit les larmes couler hors de ses yeux et Ryo se leva pour essuyer celles qui sortaient de son œil intact.  

 

- Tout va bien, Sugar. Tu es en sécurité maintenant et Kei aussi. Tu as un tube dans la gorge. n’essaie pas de parler. Je vais appeler le Professeur, d’accord ?, la rassura-t-il.  

 

Elle cligna de l’oeil et il attrapa le bouton d’appel. Quand il vit qu’elle cherchait à regarder dans la direction de Kei, il lui lâcha la main et alla chercher leur fils, le ramenant là où elle pouvait le voir.  

 

- Ma !, fit Kei, excité.  

- Maman va bien, Kei. Il va bien, Kaori.  

 

Il assit le bébé à côté de la main qu’il avait tenue, tenant le bébé contre lui pour ne pas qu’il s’élance sur elle brusquement, et elle réussit à poser la main sur sa jambe. Ils s’observèrent silencieusement tous les trois avant que le Professeur arrive.  

 

- Tu es réveillée, Kaori. C’est un plaisir de te revoir., l’accueillit le vieil homme faisant pour poser une main sur son épaule mais se retenant en voyant son geste de recul.  

- Ryo, tu ferais peut-être mieux de sortir avec Kei. Profites-en pour lui donner son biberon., lui conseilla-t-il.  

- Ca va aller, Kaori ?, l’interrogea son mari, soucieux.  

 

Il vit l’incertitude dans son regard mais elle acquiesça bravement. Elle n’avait pas envie de se retrouver seule avec un autre homme que lui en qui elle gardait un peu de confiance mais Kei n’avait pas besoin d’assister au spectacle de son extubation. Elle gardait espoir que tout se passerait bien avec le Professeur, qu’il saurait garder ses penchants libidineux. Elle lui aurait confié sa vie avant, les yeux fermés. Elle devait se souvenir de cela pour lutter contre la panique qui grandissait en elle. Le vieil homme vit les signes cependant et se tourna vers elle tout en gardant une distance respectable.  

 

- Est-ce que tu te sentirais mieux si Kazue m’aidait ?, lui demanda-t-il, compréhensif.  

 

Il lut la culpabilité dans son regard qu’elle baissa et posa une main sur la sienne. Il ne fut pas surpris quand elle retira la sienne aussitôt. Il prenait note de tous ses gestes pour évaluer la profondeur de son traumatisme.  

 

- Je vais l’appeler et Ryo ne s’en ira que lorsqu’elle sera là, d’accord ?  

 

Elle fit un léger mouvement de tête en signe d’acquiescement et le Professeur ressortit et revint deux minutes plus tard accompagné de leur amie.  

 

- On revient juste après., l’informa Ryo, sortant avec Kei.  

- Bonjour Kaori., la salua Kazue d’un ton normal.  

 

Ryo referma la porte derrière lui, le cœur lourd. Il avait du mal à croire qu’elle ait pu perdre confiance en ses amis. Le Professeur avait ses travers, des travers qu’ils avaient longtemps partagés, mais il ne l’aurait jamais agressée et il était persuadé qu’elle le savait. De là, il ne put que se poser une question : quel degré de confiance avait-elle gardé en lui ? Pour la première fois, il se demanda s’ils réussiraient à se retrouver. Il secoua la tête comme pour chasser ses pensées inopportunes de son esprit et resserra sa prise sur Kei comme pour prendre confiance en lui.  

 

- On sera forts. Maman retrouvera le chemin.  

 

Il l’emmena dans la salle de pause où il lui donna le biberon. Une dizaine de minutes plus tard, il était de retour à la porte de la chambre et attendit.  

 

Restée seule dans la chambre avec le Professeur et Kazue, Kaori les regarda tour à tour, tentant de maîtriser son anxiété. Elle ne cessait de se répéter qu’ils étaient ses amis, qu’ils ne lui feraient pas de mal, qu’elle était en sécurité mais c’était dur. Son cœur battait à cent à l’heure sans sembler vouloir se calmer.  

 

- Kaori, on va t’extuber maintenant. Je vais t’expliquer la procédure avant de commencer., dit-il.  

 

Il se lança dans l’explication pas à pas de la procédure, lui détaillant chaque geste, les endroits qu’il toucherait, ce qu’il attendait d’elle. Pendant tout ce temps, il resta à une distance respectable et c’était Kazue qui touchait du bout des doigts les zones ciblées. Au départ, chaque attouchement la faisait sursauter puis elle se détendit progressivement.  

 

- Tu as compris la procédure ?, lui demanda-t-il à la fin.  

 

Elle hocha légèrement la tête.  

 

- Tu es prête ?  

 

Elle aurait aimé déglutir pour chasser l’angoisse qui la prenait mais elle ne pouvait pas alors elle acquiesça courageusement.  

 

- Tout va bien, Kaori., la rassura Kazue, posant une main sur son front pour l’apaiser.  

 

Quand le Professeur approcha d’elle pour commencer la manipulation, les machines reportèrent l’accélération de son rythme cardiaque. Il resta calme, légèrement souriant. Il ne dit pas un mot sauf pour lui donner des consignes quand il avait besoin de son aide. Il ne se laissa pas émouvoir par les larmes qui coulèrent ni la dilatation de sa pupille lorsqu’il dut la toucher. C’était un mal nécessaire et ralentir les gestes ne ferait que l’exposer plus longtemps à cette souffrance. Finalement, il sortit le tube de la gorge de sa patiente dans une quinte de toux. Kazue proposa tout de suite un peu d’eau à son amie qui but doucement.  

 

- Je vais devoir vérifier tes poumons., lui annonça-t-il, passant son stéthoscope.  

- Je peux ?, lui demanda-t-il.  

 

Kaori entendit l’électrocardiogramme s’affoler à l’idée qu’il allait la toucher de nouveau. Elle acquiesça en baissant les yeux.  

 

- Je ferai au plus vite, Kaori.  

- Je suis désolée…, murmura-t-elle, la gorge étranglée.  

- Ne le sois pas. C’est normal après ce qui t’est arrivé. Ca te prendra du temps mais sache que je ne te ferai rien., lui dit-il.  

- Je vais commencer par devant. Défais le lien et baisse juste un peu la blouse jusque là., lui montra-t-il.  

 

Elle s’exécuta et il approcha avec le stéthoscope. Luttant contre son envie de reculer pour qu’il ne la touche pas, Kaori ferma les yeux et tenta de se maîtriser.  

 

- Parfait. Maintenant, je vais écouter en dessous de ta poitrine. Tu as des côtes cassées. Je vais peut-être te faire mal malgré les anti-douleurs. On y va.  

- Prends ma main si tu veux, Kaori., lui proposa Kazue.  

 

La nettoyeuse hésita puis le fit. Elle se concentra sur ce contact pour ne pas penser à la main qui frôlait sa poitrine par moments sans le faire exprès.  

 

- J’ai fini. Un dernier passage dans le dos et j’aurai fini., lui indiqua-t-il.  

- Baisse la blouse et mets la couverture pour te protéger. C’est bien. Je n’ai pas besoin de plus.  

 

Il l’ausculta rapidement et remonta la blouse sur ses épaules.  

 

- Ta respiration est bonne étant données les côtes cassées et ta grossesse. Tu veux que je rappelle Ryo maintenant ?, lui demanda-t-il.  

- Oui, s’il vous plaît. Il attend dans le couloir., répondit-elle.  

 

Kazue et le Professeur se regardèrent étonnés puis il alla à la porte et trouva effectivement son protégé qui attendait.  

 

- Kaori avait raison, tu étais bien là., fit-il, amusé.  

- Elle m’a senti ?, s’étonna Ryo.  

- Soit tu ne t’es pas lavé depuis trop longtemps soit il existe toujours ce petit quelque chose entre vous. Comme l’odeur ne m’importune pas…, laissa échapper le vieil homme.  

 

Ryo esquissa un sourire à la fois amusé et soulagé de savoir que la connexion était encore présente entre eux. Kei s’agita en voyant sa mère et tendit les bras vers sa mère.  

 

- Ma ma ma !, babilla-t-il, excité.  

- Donne-le moi, s’il te plaît., demanda-t-elle à Ryo.  

- Fais attention à toi., lui dit-il, soucieux.  

 

Elle acquiesça et serra son bonhomme contre elle, s’apaisant à son contact.  

 

- Il va bien ?, s’enquit-elle, anxieuse.  

- Il semble, oui. Mais si tu veux en être sûr, je peux l’ausculter. Il a des soucis particuliers ?, l’interrogea le médecin.  

- Non. Rien. La grossesse a été difficile mais, depuis qu’il est né, à part quelques petites choses et ses dents, je n’ai pas eu à me plaindre., répondit-elle, observant son bébé.  

- Alors laissons-le tranquille. Kaori, il faut que je te parle de ton état de santé.  

 

Elle leva un regard anxieux vers le Professeur puis Ryo qui vint à ses côtés sans la toucher.  

 

- Tu as fait une grave hémorragie hier que j’ai pu stopper mais ça a été juste. Tu as trois côtes cassées comme je te l’ai déjà dit, une contusion au niveau de l’oeil qui devrait mettre quelques jours à se résorber et je ne pourrais qu’alors déterminer si tu as des séquelles au niveau de la vue. Vue l’étendue de tes blessures, je ne sais même pas comment tu as pu tenir debout et t’enfuir…  

- Je devais le faire, je n’avais pas le choix., murmura-t-elle en serrant Kei contre elle malgré la douleur.  

 

Elle se souvenait de ce moment où David avait levé la main sur son bébé, où elle avait réalisé que même celui qu’il prenait pour son fils n’était pas à l’abri de sa fureur et des coups. Elle avait trouvé la force de se relever, de le mettre à terre et de trouver les ressources en elle de les mettre à l’abri. Elle avait occulté la douleur et avait avancé, juste avancé sans penser à autre chose que leur sécurité.  

 

- Ce n’est pas tout. Le bébé va bien mais tu as un décollement placentaire et des saignements., lui apprit le médecin.  

 

La jeune femme regarda le Professeur puis baissa les yeux pour observer son ventre arrondi. Elle ne savait que penser de l’inquiétude qu’elle ressentait pour ce bébé. Etait-elle folle de ne pas vouloir qu’il meure ? Etait-ce un signe qu’elle s’était attachée à lui ou à son géniteur ? Non, elle ne s’était pas attachée à David. Elle le savait. Il n’y avait qu’un homme qui comptait pour elle et elle ne savait pas si elle serait capable de le laisser l’aimer alors qu’elle avait été salie et rabaissée. S’était-elle attachée au bébé ? Elle ne savait pas vraiment analyser ce qu’elle ressentait pour lui ou pour elle. Elle avait aimé Kei inconditionnellement dès qu’elle avait su qu’elle était enceinte mais ce bébé-là, elle ne savait pas. Elle ne voulait juste pas qu’il meure.  

 

- Kaori, je crois pouvoir dire que tu as été violée, n’est-ce pas ?, lui demanda-t-il doucement.  

 

Elle ressentit un coup au cœur et une honte incommensurable. Elle n’avait pas su défendre son honneur. Elle s’était doutée qu’elle aurait du mal à toujours résister mais elle n’aurait jamais pensé qu’il l’aurait par la ruse ni qu’elle abdiquerait pour pouvoir garder son fils près d’elle. Elle l’avait laissé faire… Elle fut incapable de répondre et se contenta de hocher la tête, les larmes roulant sur ses joues.  

 

- Kaori, tu n’as pas à te sentir coupable., fit Ryo, posant une main sur son épaule.  

 

Surprise, elle s’écarta vivement, un regard empli de terreur posé sur lui. Elle était momentanément retombée dans ses habitudes où David la tenait parfois ainsi quand il l’emmenait dans la chambre avant de… Quand elle réalisa que c’était Ryo, elle sentit la culpabilité et la honte revenir en force et ne put soutenir son regard.  

 

Le nettoyeur ne sut quoi faire. Comment l’approcher si chaque geste la terrorisait ? Comment la réconforter alors qu’elle semblait au-delà de toute portée ? Il regarda sa main et se souvint de leurs doigts serrés ce même matin.  

 

- Je vais prendre ta main, Kaori. Juste ta main, je suis là pour toi. Je ne veux rien d’autre qu’être là pour toi. Tu veux bien ?, lui demanda-t-il.  

 

Il sentit le regard approbateur de son vieil ami, satisfait de le voir réagir ainsi instinctivement alors qu’ils n’avaient pas encore eu le temps d’évoquer la façon d’approcher la jeune femme après ce sévère traumatisme. Ca le réconforta face à l’étrangeté de devoir demander la permission d’effectuer ce geste qu’ils avaient partagé auparavant.  

 

- Kaori ?, insista-t-il.  

 

Nerveuse, stressée, elle observa sa main et elle repensa à ce qu’elle avait ressenti au réveil. Elle acquiesça et tendit la main.  

 

- Je peux m’asseoir à côté de toi ?, lui demanda-t-il.  

 

Elle se poussa doucement, ayant toujours Kei contre elle. Ryo prit place à ses côtés et le bébé tendit les bras. Il l’accueillit avec plaisir, le tenant d’un bras, et, de l’autre, prit la main de sa femme.  

 

- Quand tu en as assez, dis-le moi.  

- D’accord., murmura-t-elle.  

 

Elle tentait de régner contre la myriade d’émotions qui l’agitait et se concentra sur le Professeur qui attendait. Voyant son attention se tourner vers lui, il se sentit le droit de continuer, rassuré de voir qu’elle acceptait la présence de son partenaire à ses côtés.  

 

- Kaori, comme tu as été violée, je suis en droit de te proposer un avortement même à ce stade de la grossesse. Donc, si tu ne veux pas…  

- Non !, objecta-t-elle, de manière virulente.  

- Je ne veux pas avorter., poursuivit-elle.  

 

Elle retira sa main de celle de Ryo qui la regarda d’un air interrogateur. Il ne comprenait pas sa réaction. Il s’était attendu à sa réponse mais pas à sa violence. Kaori les observa, les yeux écarquillés, tour à tour. Elle sentait la panique la gagner et n’arrivait pas à se raisonner. Elle savait qu’elle n’était plus avec David mais avec ses amis mais elle avait peur qu’ils l’obligent à faire quelque chose qu’elle ne voulait pas. Elle les connaissait pourtant mais cette peur ne cessait de la hanter.  

 

- Je ne veux pas avorter. Je veux mettre ce bébé au monde., reprit-elle, les larmes aux yeux.  

- Ryo, tu dois me détester pour cela mais je ne peux pas. Je le sens bouger en moi. Il est vivant. C’est un enfant sans défense qui n’a rien fait. Son seul tort, c’est d’être l’enfant d’un viol. J’aurais pu avorter il y a deux mois mais je ne peux plus, plus depuis qu’il bouge… Je suis désolée, tellement désolée… Je ne voulais pas te blesser… Je ne peux pas., gémit-elle, lui tournant le dos et s’allongeant sur le côté en pleurant, se cachant de leur regard.  

- Vous pouvez prendre Kei quelques minutes et nous laisser seuls, s’il vous plaît ?, leur demanda Ryo d’une voix éteinte.  

- Bien sûr., fit le Professeur.  

 

Kazue approcha et Kei accepta d’aller avec elle, intéressé par le reflet métallique de son stéthoscope qu’il s’empressa de porter à la bouche. Quand ils furent seuls, Ryo contourna le lit et positionna une chaise face à sa femme. Il ne lui dit rien au départ, lui laissant le temps de reprendre un peu le dessus. Il posa sa main tendue face à elle, lui laissant le choix de si et quand elle la prendrait.  

 

Kaori observa cette main tendue sans arriver à y croire. Elle était persuadée qu’il la détesterait parce qu’elle refusait d’avorter et de se débarrasser de ce fardeau et il était là face à elle, la regardant paisiblement et il lui tendait la main. Elle se sentait complètement dépassée par tout ce qui se passait. Elle avait imaginé que les retrouvailles sans être simples seraient beaucoup moins compliquées, qu’elle aurait réussi à faire la part des choses et enfermer dans une boîte hermétique tout ce qui s’était passé avec David mais elle n’y arrivait pas. Il l’avait tellement manipulée qu’elle n’arrivait pas à sortir du schéma dans lequel il l’avait entraînée. Elle resta plongée un moment dans ce regard apaisant avant d’oser glisser sa main dans celle de Ryo, de sentir sa chaleur entourer ses doigts glacés, de voir ses prunelles s’illuminer d’une douce flamme et ses lèvres esquisser un léger sourire.  

 

- Je ne te déteste pas, Kaori. Si tu veux donner naissance à cet enfant, je serai là à tes côtés tant que tu le voudras, comme tu le voudras. Personne ici ne t’obligera à avorter. On te donne juste le choix, tu comprends ?, lui expliqua-t-il patiemment.  

 

Elle le regarda et acquiesça, légèrement rassurée.  

 

- Aie confiance en nous. Je sais que ce n’est pas facile mais fais-nous confiance. Tu es libre ici. Tu es entourée et aimée. Personne ne te contraindra à quoi que ce soit. Si tu veux mener ta grossesse à terme, tu ne seras pas seule ni jugée.  

- Merci., bredouilla-t-elle.  

- De rien, Sugar. Tu as l’air épuisée. Tu ferais peut-être bien de dormir un peu. Tu veux que je reste ? Sinon je peux te laisser et aller faire un tour avec Kei dehors., lui proposa-t-il.  

 

Il n’avait pas vraiment envie de partir mais elle avait besoin d’espace et de temps. Ils devaient y aller par petites étapes pour réinstaurer la confiance qu’elle avait en elle et en eux, qu’elle retrouve la personne qu’elle était, les relations qu’elle avait.  

 

- Tu veux bien rester un peu ? Jusqu’à ce que je m’endorme ?, murmura-t-elle, incertaine.  

- Oui, je peux faire cela. Je peux encore te tenir la main ?, lui demanda-t-il.  

- Oui, j’aime bien. Ca… ça me rassure., avoua-t-elle.  

 

Ils s’observèrent un moment et la tension baissa progressivement. Il vit la raideur quitter ses épaules et même les monitorings la trahissaient.  

 

- Comment tu trouves Kei ?, l’interrogea-t-elle, ayant du mal à garder son œil ouvert.  

- C’est un petit garçon merveilleux et plein de joie. Tu l’as bien protégé, Kaori., lui répondit-il.  

- C’est le principal., murmura-t-elle avant de fermer l’oeil.  

 

Il la regarda dormir quelques minutes avant de lâcher sa main et de l’installer correctement dans son lit, remontant la couverture sur elle. Il se retint de l’embrasser, craignant qu’elle n’ouvrit les yeux à ce moment-là et perde le peu de confiance qu’elle avait trouvée en lui. C’était dur d’imaginer qu’ils repartaient de zéro, que tout ce temps qu’il avait passé à prendre confiance en eux après le mariage d’Umi et Miki allait peut-être devoir être revécu pour elle, voire peut-être même plus. Pourtant, il le ferait malgré tout parce qu’elle était sa vie. Il accepterait tout venant d’elle, même de la voir poursuivre une grossesse non désirée et de lui tenir la main au moment de l’accouchement si elle le voulait. La seule chose qu’il n’accepterait pas ce serait son refus de porter plainte contre cet enfoiré. Si elle ne le faisait pas, il romprait sa promesse et le tuerait. Il ne méritait pas mieux après ce qu’il avait fait.  

 

Sentant son humeur sombre revenir, il sortit de la pièce et trouva Kazue dans le couloir avec Kei et Mick.  

 

- Ido !, entendit-il Kei crier avant d’éclater de rire, suivi par l’infirmière.  

- Mais non, Kei, Mick, moi c’est Mick !, le rectifia patiemment l’américain.  

- Ido !, répéta le petit garçon, faisant sourire son père.  

- Mick. Allez Kei, sois sympa. Dis Mick, ce n’est pas compliqué. Miiiiick., fit-il faisant traîner en longueur la voyelle.  

- Iiiiiiido !, répliqua Kei.  

- Ryo, fais quelque chose !, l’implora son ami.  

- Kei, viens voir papa., dit-il en tendant les bras.  

 

Le petit garçon fit un large sourire à son père et tendit les bras en retour. Kazue le laissa partir.  

 

- On va faire un tour dehors quelques minutes. Maman dort., proposa Ryo.  

- Couvre-le Ryo. Il y a beaucoup de vent aujourd’hui. Je vais te donner mon manteau. Ne bouge pas., fit Kazue, s’éloignant.  

- T’es pas sympa. Tu ne reprends même pas ton fils., chouina Mick, à moitié sérieux.  

- Tu m’as demandé de faire quelque chose. Je l’ai pris à bras., répliqua Ryo d’un ton pince-sans-rire.  

- Comment elle va ?, demanda abruptement le blondinet.  

 

Ryo serra Kei contre lui, son regard s’assombrissant.  

 

- Pas bien. Il l’a démolie et pas seulement physiquement. Elle n’a plus confiance en personne.  

- Toi ?, s’étonna Mick.  

- Je pense qu’au fond d’elle-même, elle a encore un peu confiance en moi, suffisamment pour me laisser approcher mais elle a peur… non en fait elle est terrifiée.  

- Pour le bébé, que va-t-elle faire ? Kazue m’a dit qu’en cas de viol, elle pouvait encore avorter.  

- Elle peut mais elle ne veut pas. Elle le sent bouger en elle, elle sait qu’il est vivant. Si elle avorte…  

- Elle le tue et elle ne le supportera pas., acheva Mick, connaissant le côté très humain de Kaori.  

- Oui. Tu peux prévenir les autres. Elle n’a pas besoin qu’on remette son choix en cause. Dis-leur que s’ils ne sont pas capables d’accepter sa décision, qu’ils l’évitent. Elle a besoin de soutien, pas d’être jugée.  

- Mais quand elle aura accouché, qu’est-ce qu’elle fera ?, s’inquiéta l’américain.  

 

Ryo regarda Kazue qui revenait, un regard indéfinissable posé sur elle sans la voir.  

 

- Je ne sais pas mais je serai là. Elle ne sera plus jamais seule., affirma-t-il, acceptant d’un signe de tête la veste que la jeune femme lui passa.  

 

Il en entoura Kei puis se dirigea vers la sortie sans plus un mot. Tout avait été dit pour lui. Il n’y avait rien de plus à ajouter pour le moment. Il sortit dans le parc de la clinique et emmena son fils près de l’étang. Ils regardèrent les vagues créées en surface par le vent, écoutèrent les feuilles qui bruissaient, observèrent les oiseaux qui passaient au dessus de leurs têtes. Ils restèrent là un long moment, Ryo répondant aux doigts pointés dans différentes directions, puis caressant simplement les cheveux ébènes posés sur son épaule. Quand il entendit l’estomac de son petit bout gargouiller, il ne se le fit pas répéter et rentra pour donner à manger à Kei, en profitant pour grignoter en même temps. Repu, enivré d’air frais, le petit ne tarda pas à s’endormir quand son père le posa dans son lit.  

 

Peu après, Kaori se réveilla. Le sommeil lui avait fait du bien et elle avait repris un peu de couleur. Ils restèrent un moment à se regarder en silence mais ce moment était important pour eux. Le lien qui les unissait se réaffirmait peu à peu. Ils retrouvaient ce qu’ils étaient et, si ça ne panserait pas les blessures, cela aiderait Kaori à avancer.  

 

- Il faut qu’on parle de quelque chose., lui annonça soudain Ryo, les mains sous son menton.  

 

C’était pour lui un point important de sa reconstruction et, même si elle était fragile, ils ne pouvaient pas attendre beaucoup plus longtemps.  

 

- Je t’écoute., murmura-t-elle, anxieuse.  

 

Elle tendit d’elle-même la main, cherchant ce contact qui l’apaisait. Ryo se leva et vint s’asseoir face à elle sur le bord du lit, entrelaçant leurs doigts.  

 

- Saeko est venue hier et a pris des photos de tes blessures., lui avoua-t-il.  

 

Il sentit sa tension grimper et resserra ses doigts sur les siens.  

 

- Je le lui ai demandé pour toi, pour Kei et le bébé. Ces photos, le rapport du Professeur sur tes blessures seront des éléments pour empêcher ce salaud de revenir vers toi. Kaori, je veux que tu portes plainte contre lui. Je veux que tu fasses une déposition détaillée de tout ce qu’il t’a fait pour que tu puisses demander le divorce et le priver de son autorité parentale. Il ne doit pas pouvoir venir demander la garde de Kei ni du bébé.  

- J’ai… peur, Ryo. Tu dois être déçu. J’ai cru que j’étais forte et que j’avais réussi à me préserver mais la vérité… c’est que je ne sais plus qui je suis. J’ai peur de lui céder à nouveau… parce qu’il aura trouvé une nouvelle faille., avoua-t-elle.  

- Tu n’es plus seule, Kaori, et tu es forte. Tu as juste oublié et, si tu te souviens bien, c’est là où j’interviens. Je devais être ta mémoire, notre mémoire. Ca prendra peut-être du temps mais tu vas revenir. Je le sais. J’ai confiance en toi. Je sais que tu te battras au moins pour Kei et pour ce bébé car je suppose que, si tu veux le mettre au monde, ce n’est pas pour le laisser entre les mains de ce type ?, dit-il, le regard plissé.  

- Bien sûr que non. C’est pour lui trouver une famille qui l’aimera., répondit-elle du plus profond de son cœur.  

- Je le sais. Alors tu veux bien porter plainte ?, lui redemanda-t-il.  

- Oui.  

- Tu devras tout expliquer, tout ce qu’il t’a fait. Tu seras certainement confrontée à lui.  

 

Elle l’observa, une lueur de crainte dans les yeux, puis redressa le menton, telle la Kaori qu’il connaissait.  

 

- Je le ferai pour eux et pour toi.  

- Bon retour dans ton pays, Sugar. Tu m’as manqué., lui murmura-t-il, portant sa main à ses lèvres.  

 

Il sentit la légère raideur mais elle ne retira pas sa main, luttant contre son besoin de se protéger à tout prix. Il lui adressa un sourire chaud. Ils s’en sortiraient…  

 


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