Hojo Fan City

 

 

 

Data File

Rated PG-13 - Prose

 

Auteur: Mercury80

Status: Complète

Série: City Hunter

 

Total: 60 chapitres

Publiée: 02-03-20

Mise à jour: 30-04-20

 

Commentaires: 75 reviews

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RomanceDrame

 

Résumé: NC17 - Que seriez-vous prêt(e)s à accepter par amour?

 

Disclaimer: Les personnages de "Pour toi" sont la propriété exclusive de Tsukasa Hojo.

 

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   Fanfiction :: Pour toi

 

Chapitre 20 :: chapitre 20

Publiée: 21-03-20 - Mise à jour: 21-03-20

Commentaires: Bonjour, voici la suite de l'histoire. Comment va réagir Ryo à l'annonce de sa partenaire? Va-t-il l'écouter, la laisser faire? Nota : J'essaie de rester fidèle aux personnages tels qu'ils existent dans le manga et comme on les voit évoluer. Certaines décisions pourront mettre mal à l'aise mais chaque chose a été mûrement réfléchie et, pour moi, cadre avec ce que pourraient faire les personnages. Bien entendu, ce n'est pas forcément ce que nous ferions. Bonne lecture et merci pour vos commentaires^^

 


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Chapitre 20  

 

Un tremblement de terre, un tsunami même n’auraient pas fait mieux. Ryo se sentit dévasté. Il se sentit vaciller sur ses jambes et plongea dans le regard de sa compagne, cherchant à comprendre. Il sentit la colère monter en lui mais, quand il vit la détresse au fond de ses yeux, le calme se fit. Ce mariage n’était pas voulu et il devait l’écouter pour comprendre ce qui se passait. Doucement, il la prit dans ses bras et la souleva, l’emmenant dans le séjour, refermant la porte du pied. Il prit place sur le divan, la gardant sur ses genoux, et la regarda.  

 

- Tu m’expliques ?, lui demanda-t-il.  

 

Kaori l’observa, inquiète, l’esprit embrouillé. Elle ne savait par où commencer. Devait-elle lui mentir, lui dire la vérité ? Elle voulait juste oublier et rester dans ses bras, en sécurité.  

 

- Commence par le début., lui conseilla-t-il, caressant son bras du pouce.  

 

Le mouvement régulier de son doigt sur sa peau, son calme malgré la sensation que la colère n’était pas loin, l’aidèrent à reprendre le dessus et, prenant une inspiration tremblante, elle se lança.  

 

- David m’attendait devant le magasin ce matin. Il m’a poussée à le suivre parce qu’il voulait me parler.  

- Pourquoi tu n’as pas refusé ?, l’interrogea-t-il.  

- Je ne sais pas. Quelque chose dans sa voix, dans son regard. Je ressentais une menace sous-jacente. Je devais m’en assurer. Il m’a emmenée à son bureau et, là, ça a viré à l’horreur., avoua-t-elle, réprimant un frisson.  

 

Ryo resserra son étreinte autour d’elle. Il serra les dents et régna sur son envie de ne pas en savoir plus et juste d’aller dire ses quatre vérités à ce David.  

 

- Il m’a proposé un million de dollars pour l’orphelinat et, en échange, j’acceptais de l’épouser. J’ai refusé, Ryo., le rassura-t-elle.  

- Je me doute., murmura-t-il d’une voix sombre.  

- Il a ajouté qu’il donnerait un million en plus à la naissance de chaque enfant. J’ai encore refusé. Je lui ai dit ses quatre vérités, que je n’étais pas à vendre., finit-elle.  

- C’est un idiot s’il pensait y arriver ainsi., affirma le nettoyeur.  

 

Kaori se renfonça dans ses bras. Elle ne voulait pas lui dire la suite car elle savait ce qu’il se passerait. Il se sentirait coupable, se fâcherait, chercherait à la préserver et elle ne pouvait pas le laisser faire. C’était tout simplement impossible.  

 

- Alors quelle carte a-t-il sorti pour te pousser à accepter ?, l’interrogea Ryo, gardant un ton posé pour elle.  

 

Il sentait le tumulte de ses pensées et essayait d’être un roc pour elle, pour dépassionner la chose et penser calmement.  

 

- Tu te souviens de la sensation étrange que j’ai eue sur le port ?  

 

Ryo acquiesça et un mauvais pressentiment le prit, teinté de culpabilité. Il ne pouvait pas croire que ça allait arriver.  

 

- David m’a fait suivre. Il voulait savoir qui était l’homme de ma vie.  

- Il a découvert pour nous deux ?, s’enquit Ryo.  

- Non, cet idiot pense toujours que nous sommes simples partenaires. D’ailleurs, son détective me suit toujours. Il est en bas de l’immeuble., murmura-t-elle comme pour elle-même.  

- Alors…  

- Son détective a filmé toute la scène où tu tues Marchand., lui apprit-elle.  

- Je suppose que, si tu acceptes de l’épouser, il garde cela pour lui, sinon il donne tout aux flics, c’est cela ?, résuma sombrement Ryo.  

- Oui.  

 

Kaori leva les yeux vers lui et vit son visage s’assombrir et son regard devenir noir. Elle sentait son aura devenir froide et meurtrière et elle était effrayée d’avoir réveillé cette partie-là de lui. Elle se tenait dans les bras de l’Ange de la mort. Elle n’avait pas peur pour elle mais elle pensait ne plus jamais revoir ce personnage-là, surtout elle n’aurait jamais pensé être la cause de sa renaissance.  

 

- Je vais régler cela. Tu n’auras pas à l’épouser., lui dit-il d’une voix froide.  

 

Il la déposa doucement sur le divan et se leva, se dirigeant vers la penderie. Hypnotisée, elle le vit enfiler son holster, y ranger son arme et enfiler sa veste. Tout cela lui semblait irréel. Ryo ne pouvait pas être en train de s’habiller pour aller tuer un homme pour elle… Non, ce n’était pas possible.  

 

- Je serai de retour dans une heure., dit-il comme s’il parlait d’aller acheter des cigarettes.  

 

Il déposa un baiser sur ses lèvres et se retourna pour partir mais elle attrapa son poignet.  

 

- Non., murmura-t-elle.  

 

Il se tourna de nouveau vers elle, le regard dur.  

 

- Kaori…  

- Non, je ne veux pas que tu le tues. Pas pour lui, s’il pouvait mourir, ça m’arrangerait. Pour toi, Ryo. Je sais ce que ça te fait et je ne veux pas de cela entre nous. Je ne veux pas que tu le tues pour moi, ni au nom de notre amour. Ca salirait ce que nous sommes., plaida-t-elle.  

 

Il la regarda incertain. Oui, ça lui coûterait de tuer cet homme parce que, depuis qu’il la connaissait, sa vision des choses avait évolué, qu’il savait que, derrière chaque vie enlevée, il y avait une famille qui restait, qui souffrait et que, maintenant, ça comptait. Il savait le fardeau qu’il porterait en ayant un peu plus de sang sur les mains mais est-ce que ce fardeau serait moins lourd, moins douloureux que d’être séparé d’elle ?  

 

- Non, Ryo. Je ne veux pas. Je t’en prie. Je ne veux pas que ça se termine dans un bain de sang. Laisse-moi espérer que tout peut se finir autrement., insista-t-elle, les larmes coulant de ses yeux suppliants.  

- Je ne veux pas te perdre, Kaori., murmura-t-il.  

- Moi non plus. Mais si tu le tues pour que je reste, je ne suis pas certaine de pouvoir vivre avec. Peut-être… Peut-être qu’avec le temps, il reviendra à la raison et me laissera partir. Peut-être qu’il tombera amoureux d’une autre et voudra l’épouser. Peut-être qu’il se fera renverser par une voiture ou que son jet s’écrasera… Peut-être… Peut-être…  

 

Sa voix se brisa et elle ne put retenir les sanglots qui la secouèrent. Ryo la regarda pleurer, se sentant coupable de sa détresse. Il aurait dû être plus vigilant. Il aurait dû l’écouter et veiller. Il avait le sentiment de l’avoir trahie. Il s’approcha d’elle et l’enlaça, luttant contre le désespoir qui montait en lui. A force d’avoir patienté, il la perdait. Il avait toujours envie d’aller buter ce salaud qui lui prenait sa femme mais les arguments de Kaori l’avaient marqué.  

 

- Tu ne veux vraiment pas que je le tue ? Je le ferai pour toi, Kaori. Peu importe ce que ça me coûterait, je le ferais., lui assura-t-il.  

 

Elle s’écarta légèrement de lui et le regarda droit dans les yeux. Elle posa une main sur sa joue et posa un regard empreint de douceur sur lui.  

 

- Je sais que tu le ferais, Ryo. Je n’en ai aucun doute mais je ne veux pas. Je t’aime trop pour te revoir tourmenté par ce geste., murmura-t-elle.  

- Moi, je t’aime trop pour te laisser partir., répondit-il.  

 

Ils s’observèrent un long moment puis elle reposa la tête sur son épaule, le serrant contre elle.  

 

- On n’a pas le choix, Ryo. Si je ne me marie pas avec lui, il déposera le dossier. Tu sais comme moi ce qui se passera. Tu seras immédiatement arrêté, enfermé dans une cellule de quatre mètres par trois, dans le meilleur des cas en quartier de haute sécurité. Tu devras côtoyer des hommes que tu as contribué à mettre en prison ou dont tu as éliminé un frère, un ami, un chef de famille. Tu seras attaqué. Tu pourrais même mourir.  

- Je n’ai pas peur de tout cela., lui dit-il, déterminé à se montrer fort.  

- Mais moi, j’ai peur. J’ai peur de te perdre, d’imaginer ta souffrance en étant proche de toi et ne pouvant rien faire. J’ai peur de la folie qui te guetterait en restant enfermé toute la journée. Il y a beaucoup plus, Ryo., fit-elle, s’écartant de lui et s’entourant de ses bras pour garder la chaleur.  

 

Elle se mit à faire les cent pas dans la pièce.  

 

- Quand ils t’auront arrêté, ils vont enquêter sur ce meurtre. Ils trouveront ton arme et, par elle, ils te relieront à d’autres morts ici et peut-être même aux Etats-Unis. Ryo, je n’ai jamais été naïve. Je ne sais pas combien tu as tué d’hommes exactement et je m’en fiche mais je sais qu’il y en a eu beaucoup. Tu sais très bien quelle peine ils t’infligeront. Ce sera la peine de mort. Je ne peux pas te laisser finir ta vie pendu au bout d’une corde. Tu ne mérites pas cela.  

- Tu ne mérites pas de t’offrir en pâture à un homme qui veut se servir de toi., objecta le nettoyeur.  

- Si je le fais, c’est parce que ça me laisse encore de l’espoir. Tant que tu es vivant, on peut se retrouver.  

- Je ne peux pas te laisser te sacrifier, Kaori. C’est… Je ne peux pas imaginer cet homme te touchant et abusant de toi par ma faute., lui dit-il, s’approchant d’elle et la prenant par les épaules.  

- Je ne peux pas le laisser tuer celle que tu es. Il va te détruire, Kaori.  

- Il peut me salir mais pas me détruire. Il ne pourra pas tuer la femme que je suis, parce que celle que je suis reste ici avec toi. Mon coeur sera toujours à toi, mon bonheur à toi, tant que tu seras là. Tu peux protéger cela pour moi, Ryo ?, lui demanda-t-elle, luttant pour réfréner les larmes qui lui montaient de nouveau aux yeux.  

 

Il la fixa un moment du regard, ne sachant quoi répondre. Il la voyait lui échapper, il la voyait partir à l’abattoir et elle lui demandait de la laisser faire… pour lui, pour elle, pour eux… Comment pouvait-il laisser l’amour de sa vie partir au loin ? Comment pouvait-il imaginer la laisser entre les mains d’un fou ?  

 

- Je… Je ne peux pas, Kaori. Je ne peux pas te laisser partir et te sacrifier. Je n’ai pas ta force., murmura-t-il, baissant les bras.  

 

Elle l’observa et ne se fâcha pas. Elle sentit son coeur se gonfler un peu plus d’amour car elle voyait la douleur que lui causait la situation. C’était la force de son amour qui l’empêchait de la laisser partir tout comme la sienne la poussait à le faire.  

 

- Je comprends, Ryo. Alors laisse-moi te donner un dernier élément à réfléchir. Ma préoccupation première, c’est toi et toi seul et cela en soi m’a suffi à prendre ma décision. Mais tu imagines ce qui va se passer quand tu vas être arrêté ? Je pourrais aller en prison pour complicité mais ça, je m’en fiche. Si tu es en prison, je peux y aller aussi. Ils vont enquêter sur toi, sur nous, notre entourage., commença-t-elle.  

- Je n’ai pas trop de doutes sur le fait que les affaires remonteront les unes après les autres avec l’aide de tes ennemis. Si tu n’es plus en position de force, ils se précipiteront pour achever ta chute. La police enquêtera sur mon frère, sur Mick, sur Umi et Miki, sur le professeur peut-être aussi et, surtout, ils feront le lien en interne et Saeko prendra cher. Ils ne méritent pas cela. Aucun d’entre nous ne le mérite. Nous avons tous oeuvré pour faire le bien., déclara-t-elle, remettant nerveusement une mèche derrière son oreille.  

 

Elle releva les yeux et le regarda. Elle vit son regard incertain, pensif et sut qu’elle avait fait mouche mais pas encore tout à fait gagné la partie… même si cette victoire aurait un goût amer.  

 

- Ils connaissent les risques…, interjeta Ryo, sans réelle conviction.  

- Alors pense aux autres, encore plus globalement. Que va-t-il se passer si tu n’es plus là ? Que va devenir Shinjuku ? Tokyo ? Le Japon même ? Parce que tu as su déjouer nombre de tentatives d’implantations tout de même…, lança-t-elle.  

 

Elle l’observa et attendit sa réponse. Elle n’avait pas envie de l’achever mais il devait comprendre, sans aucun doute possible, pourquoi elle devait le faire, pourquoi il devait la laisser faire même si la seule raison de le faire pour lui n’était pas suffisante à ses yeux.  

 

Ryo dévisagea un long moment sa compagne, refusant de lui répondre. Il ne voulait pas, ne pouvait pas admettre ses arguments. Elle avait frappé fort et juste et, s’il n’avait pu accepter son sacrifice par amour pour lui parce qu’il l’aimait trop pour cela également, il ne pouvait nier l’évidence. Dégoûté, il passa une main sur son visage, défait.  

 

- Ca va être la guerre, le règne de la terreur comme c’était avant mon arrivée. On retrouvera des cadavres à tous les coins de rue. Il y aura des fusillades en plein jour. Les filles se feront maltraitées, les clochards molestés. Les gens éviteront le quartier pour son insécurité et les commerçants fermeront boutique., répondit-il sombrement.  

- Tu ne veux toujours pas que je le tue ? Parce que, franchement, je ne peux pas imaginer te laisser partir avec lui alors que, moi, je reste ici., lui redemanda-t-il.  

 

Elle revint près de lui et prit ses mains dans les siennes, plongeant un regard empli d’amour et de confiance dans le sien.  

 

- Non, je ne veux pas de ce fantôme entre nous. Mais tu peux faire quelque chose pour moi, Ryo, pour le jour où je reviendrai parce que je suis persuadée que ce n’est pas fini entre nous., lui dit-elle, la voix pleine d’espoir.  

- Je ne sais pas où tu trouves la force d’espérer…, murmura-t-il.  

- Là et ici., répondit-elle, prenant sa main et la posant sur son coeur puis posant la sienne sur son coeur à lui.  

 

Il sentit une larme couler le long de sa joue par la force des sentiments qu’elle lui inspirait.  

 

- Je t’écoute. Dis-moi ce que je peux faire pour toi, Sugar., lui murmura-t-il, d’une voix douloureuse.  

- Garde…, commença-t-elle, mais elle s’arrêta pour prendre une grande inspiration et calmer les tremblements de sa voix.  

- Garde mon quartier, ce quartier que j’aime tant, que mon frère a aimé, tel qu’il est. Protège-le en notre nom. Fais que Tokyo reste cette belle ville où je voudrais voir s’épanouir notre amour., dit-elle, la gorge serrée.  

- Va voir les orphelins de temps à autre et dis leur que je les aime et que je pense à eux très fort., continua-t-elle, sa voix se brisant.  

- Soutiens nos amis et garde-les autour de toi, souriants et heureux. Je ne veux pas qu’ils pleurent pour moi., hoqueta-t-elle, ayant de plus en plus de mal à lutter contre les sanglots qui la prenaient.  

 

Elle lâcha ses mains et en encadra son visage, plongeant son regard brillant où se mélangeaient la douleur, la tristesse et surtout l’amour qu’elle lui portait dans le sien.  

 

- Et toi, Ryo, l’homme de ma vie, celui qui a fait battre mon coeur au premier regard malgré ses défauts, toi, ne change pas. Tu es un homme bien, Ryo Saeba. Ne laisse pas l’ange de la mort revenir. N’oublie pas celui que tu es réellement, celui qui a su aimer, protéger et chérir. N’oublie surtout pas que je t’aime, toi et toi seul, qu’il n’y aura jamais que toi, que tout ce que je fais, je le fais pour toi, pour nous et qu’il n’y a qu’entre tes bras que je voudrais vibrer, m’endormir et me réveiller, qu’il n’y a qu’entre tes bras que je me sens en sécurité et aimée. Promets-moi de ne pas te laisser mourir, de vivre, rire et célébrer la vie comme si j’étais là., lui dit-elle.  

- Promets-moi que tout ce que j’aurai fait ne sera pas vain parce que si tu meurs avant qu’on se retrouve, tout cela aura été inutile et je préfère que tu me tues aujourd’hui., lui demanda-t-elle, la voix sourde.  

 

Il resta silencieux un moment, bouleversé. Il ne savait pas quoi lui répondre tellement c’était dur d’admettre qu’ils n’avaient pas le choix, qu’il devait la laisser partir pour les bras d’un autre.  

 

- Justement si on maquillait ta mort et qu’on partait ?, proposa-t-il, voyant enfin une solution.  

- Je ne veux pas avoir à me cacher pour t’aimer. Je veux pouvoir t’aimer ici même si ça doit prendre du temps pour être possible. Promets-moi, Ryo. Je dois déjà te perdre physiquement, je ne veux pas te perdre totalement., insista-t-elle.  

- Ce que tu me demandes, Kaori, c’est surhumain. Comment peux-tu imaginer que je vais pouvoir continuer à vivre sans toi ? Tu es mon soleil, mon oxygène, ma lumière.  

- Je te demande d’espérer, Ryo. Je serai là d’une certaine manière et, si un jour tu rencontres quelqu’un avec qui tu souhaites faire ta vie, alors fais-le., dit-elle, malgré la douleur d’avoir à prononcer ces paroles.  

- Idiote… Je ne pourrai jamais en aimer une autre., riposta-t-il, la serrant contre lui.  

 

Nerveux, déstabilisé pour l’une des rares fois de sa vie, il se remémora tout ce qu’ils avaient vécu ensemble, y puisant la force d’accéder à sa demande. Il n’arrivait pas à imaginer tous ces moments arriver dans le futur sans elle pour faire partie du tableau. Il repensait à tout ce qu’ils avaient partagé, les épreuves traversées. Kaori avait cette grandeur d’âme et cette force nommée espoir qui pouvait briser toutes les chaînes et tous les obstacles.  

 

- C’est d’accord, Sugar. Je te promets de faire tout ce que tu m’as demandé., concéda-t-il.  

- Merci, Ryo. Merci., murmura-t-elle, posant les lèvres sur les siennes, le goût sucré de ses lèvres se mélangeant au goût salé de ses larmes.  

 

Leur baiser s’approfondit très rapidement et ils s’accrochèrent l’un à l’autre comme pour se fondre, se confondre. Au bout de longues minutes, ils finirent par s’écarter, le souffle court.  

 

- Ca va me manquer., murmura-t-il.  

- Profites-en. Je ne me marie que demain à onze heures. Mon futur mari me veut vierge mais je crois bien que c’est quelque chose dont je ne lui ferai pas le plaisir., répondit-elle déterminée.  

- Comment sait-il ?  

- Il a surpris une conversation entre Miki et moi il y a une dizaine de jours. Dans sa grande bonté, il m’offre cinq millions de dollars pour me déflorer., répondit-elle, amère.  

 

Elle sentit le corps de Ryo se tendre et sentit sa colère flamber. Posant une main sur son visage, elle l’obligea à la regarder et à reprendre le dessus sur cette fureur.  

 

- Oublie-le. Je ne veux que penser à toi et à moi et prendre une heure pour faire ma valise., lui dit-elle.  

- Ryo, j’aimerais que tu sois toutes mes premières fois mais je sais que certaines seront impossibles. Tu es le premier homme dont je suis tombée amoureuse, à m’avoir embrassée, caressée et fait découvrir les plaisirs des préliminaires jusqu’à l’orgasme. Tu es le premier homme que j’ai vu nu, que j’ai caressé… et plus encore… J’en veux plus. Je veux que tu sois le premier… pour tout. Je ne veux pas découvrir certaines choses en étant violée. Je veux les faire sans appréhension avec quelqu’un que j’aime et en qui j’ai confiance. Je veux que tu sois celui qui fasse de moi une femme. J’aimerais même que tu fasses de moi une mère parce qu’il n’y a que tes enfants que j’ai envie de porter., lui confia-t-elle.  

- Ce serait possible ?, lui demanda-t-il.  

 

Il ne se posait même pas la question de savoir s’il avait envie d’être père ou ce que ce serait de vivre loin de son enfant. Elle allait perdre tellement de choses pour lui qu’il était prêt à le faire pour elle sans réellement le considérer comme un sacrifice.  

 

- Oui. Avec beaucoup de chance, ce serait possible., lui apprit-elle.  

- Mais… il ne s’attend pas à te voir ce soir ?, lui demanda Ryo, craignant les répercussions pour elle si David apprenait ce qu’ils avaient fait.  

- Non, je lui ai dit que je voulais te dire au revoir et qu’il n’y avait aucune raison pour qu’un homme avec qui j’avais vécu platoniquement pendant sept ans me saute dessus spécialement ce soir.  

- Tu lui as menti ? Un mensonge sortir de ta bouche, je n’y aurais jamais cru., plaisanta-t-il.  

- Je suis prête à beaucoup de choses pour toi., lui affirma-t-elle.  

- Je sais, Sugar. Je t’avoue que j’aurais préféré l’ignorer., avoua-t-il.  

 

Il la serra contre lui pendant un moment puis lentement, s’écarta d’elle.  

 

- Je te donne tout ce que tu voudras ce soir mais on va essayer de minimiser les conséquences pour toi. Je vais m’en aller. Je vais sortir avec la mini, faire un tour, la garer plus loin et je reviendrai discrètement. C’est le temps que tu auras pour faire ta valise. A quelle heure tu dois le rejoindre demain et où ?  

- Onze heures à la mairie.  

- Tu veux aller voir les amis au Cat’s ?, lui demanda-t-il.  

 

Elle baissa les yeux, un peu honteuse et coupable de ce qu’elle s’apprêtait à dire.  

 

- J’aimerais bien mais je veux profiter du temps qu’on a ensemble., lui apprit-elle.  

- Ils comprendront, Kaori. Ils comprendront., la rassura-t-il.  

- Va faire tes bagages et ne pense pas à demain. Si tu as fini avant que je sois de retour, va prendre un bain et te détendre. Les heures à venir nous appartiennent jusque dix heures et demie demain matin et on profitera de toutes.  

 

Elle acquiesça, le coeur serré, et le vit mettre sa veste avant de prendre ses clefs.  

 

- Tu… Tu m’en veux ?, lui demanda-t-elle soudain.  

 

Il se tourna vers elle et caressa sa joue tendrement.  

 

- Tu m’aimes, Kaori. Ca fait mal de te laisser partir mais, non, je ne t’en veux pas. C’est lui que je hais profondément. Un homme comme lui ne mérite pas de vivre et de salir une femme comme toi., répondit-il, le regard dur.  

- Ryo… Pas de bêtises. Je ne veux pas de son fantôme entre nous., lui rappela-t-elle.  

- Je n’irai pas lui faire la peau, ni même le tabasser même si l’envie me démange. Je t’ai entendue, Kaori., la rassura-t-il.  

 

Il l’attrapa derrière la nuque et l’embrassa passionnément avant de la laisser. Quand il fut sorti, Kaori resta un moment immobile fixant la porte puis monta dans sa chambre faire ses valises. Elle n’avait même pas eu le temps de déménager dans la chambre de Ryo et c’était peut-être mieux ainsi, se dit-elle… Quand elle eut fini, elle se rendit à la salle de bains et fit couler un bain, s’y plongeant et évacuant les pensées négatives. Elle voulait se consacrer à lui et uniquement à lui pendant les heures à venir…  

 

Lorsque Ryo quitta le garage au volant de la mini, l’air impassible, il ne mit pas un quart de seconde à repérer le détective privé qui faisait le pied de grue au coin de la rue. Il l’ignora et fonça vers les quartiers chauds de la ville. Tournant et retournant, il finit par garer la voiture dans l’allée derrière le Cat’s et resta au volant un moment, pensif. Même s’ils avaient prévu de devenir intimes ce soir-là, les circonstances n’étaient pas du tout celles qu’il avait envisagées. Il pensait qu’ils auraient du temps et que cette nuit ne serait que la première d’une longue, très longue série.  

 

Hélas, le destin leur jouait encore un de ses mauvais tours et ils n’auraient qu’une nuit avant de peut-être se retrouver dans un laps de temps indéterminé. Sentant la rage le prendre, il frappa un grand coup sur le volant puis se décida à sortir de la mini et se dirigea vers le café. Il prit à peine le temps de saluer Miki et Umi qu’il attrapa le téléphone.  

 

- Nogami, j’écoute., entendit-il.  

- C’est moi. Pour le petit service que je t’avais demandé, tu avais demandé tous les aéroports ou que Tokyo ?, lui demanda-t-il, se contenant de l’incendier de suite.  

- Tous. Pourquoi ?  

- Rappelle la notion de tous à la personne concernée parce qu’il est ici., lui apprit-il.  

- Ryo…  

- Trop tard, Saeko. Rendez-vous demain matin au Cat’s à dix heures quarante-cinq tapantes., dit-il avant de raccrocher.  

- Ryo ?, l’appela Miki, inquiète.  

 

Il se tourna vers elle, régnant avec difficulté sur ses traits contrariés.  

 

- Je n’ai pas le temps, Miki., répondit-il d’une voix éteinte.  

- Vous pouvez prévenir Mick et Kazue, Eriko et le Professeur d’être là demain à dix heures quarante-cinq exactement ? Pas de retard, c’est impératif., leur demanda-t-il.  

- Mais… mais pourquoi ?, s’exclama Miki.  

- Ce sera fait, Ryo., répondit Umi, posant une main sur l’épaule de sa femme.  

- Merci., dit-il repartant.  

 

Il regagna l’immeuble de Reika par la porte arrière et passa par les sous-sols. Sans allumer la lumière, il arriva dans le hall au pied de l’escalier et verrouilla la porte. Prenant un instant, il observa les marches, sans se douter que Kaori avait fait le même peu auparavant. C’était la dernière fois qu’il le montait pour rejoindre celle qu’il aimait, la dernière fois avant longtemps, compléta-t-il pour lutter contre la détresse qui le prit à cette idée. Il regarda sa montra et les aiguilles phosphorescentes indiquaient dix-huit heures quinze. Cela faisait deux heures que son monde avait volé en éclats. Il lui restait à peine plus de dix-huit heures à vivre et donner à sa compagne tout ce qu’elle lui avait demandé. C’était la vie qu’il voulait pour elle, avant, mais, depuis, il avait compris et accepté ce qu’ils étaient l’un pour l’autre et leur vie indubitablement devait se faire ensemble. Pourquoi tout devait-il toujours être si compliqué pour eux ?  

 

Chassant ses idées noires, il monta les escaliers dans l’obscurité et pénétra dans l’appartement. Il en ferma à clef également la porte. Sans un bruit, il fit un tour par la cuisine, dévalisant les placards, et monta le tout dans sa chambre. Sa tâche accomplie, il se dirigea vers la salle de bains et, après s’être déshabillé, y pénétra et se glissa dans l’eau face à une Kaori, surprise et rougissante.  

 

- Notre premier bain ensemble., dit-il simplement, un sourire chaud éclairant son visage.  

 

Elle acquiesça, une larme roulant sur sa joue, et vint se lover dans ses bras. 

 


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