Hojo Fan City

 

 

 

Data File

Rated PG-13 - Prose

 

Auteur: Mercury80

Status: Complète

Série: City Hunter

 

Total: 60 chapitres

Publiée: 02-03-20

Mise à jour: 30-04-20

 

Commentaires: 75 reviews

» Ecrire une review

 

RomanceDrame

 

Résumé: NC17 - Que seriez-vous prêt(e)s à accepter par amour?

 

Disclaimer: Les personnages de "Pour toi" sont la propriété exclusive de Tsukasa Hojo.

 

Astuces & Conseils

Le lien prévu pour les demandes d'accès NC-17 ne marche pas pour moi.

 

Normal. Vous n'avez pas dû configurer Outlook. Dans ce cas, envoyez-moi un email avec en titre "NC17-ID:" + votre ID. Et respectez-le reste des consignes.

 

 

   Fanfiction :: Pour toi

 

Chapitre 23 :: Chapitre 23

Publiée: 24-03-20 - Mise à jour: 24-03-20

Commentaires: Bonjour, voici la suite de l'histoire. Bonne lecture et merci pour vos commentaires^^

 


Chapitre: 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24 25 26 27 28 29 30 31 32 33 34 35 36 37 38 39 40 41 42 43 44 45 46 47 48 49 50 51 52 53 54 55 56 57 58 59 60


 

Chapitre 23  

 

- Ils sont partis.  

 

Sans un mot, Ryo raccrocha le téléphone et fixa le plafond, se sentant vidé. Il passa une main sur son visage tendu, pensant à sa femme. Kaori était partie. Elle volait dans un jet privé avec son mari légal vers les Etats-Unis et, malgré l’espoir de la revoir un jour, ça lui faisait mal. Il sentait la colère non loin, une colère noire et violente prête à l’engloutir, et il savait qu’il lui suffirait de laisser tomber sa garde pour voir apparaître un personnage qu’il n’avait plus été depuis longtemps. Cependant, fort de sa promesse, il refusait de se laisser prendre et employait toute cette force dans un but plus positif.  

 

Passé le moment de tristesse collective qui avait saisi toute la bande la veille lorsque David avait emmené Kaori loin d’eux, ils étaient retournés ensemble au Cat’s où Umi leur avait à tous versé un saké qu’ils avaient bu à la santé de leur amie. Miki avait volontairement fermé le café. Tous étaient sous le choc, ayant du mal à réaliser ce qui venait de se passer et, pendant un très long moment, le silence plana, lourd, pesant. Ryo prit le temps d’observer ses amis. Les couples s’étaient resserrés. Mick abattu tenait une Kazue éplorée dans ses bras. Umi un peu plus sombre que d’habitude se tenait beaucoup plus proche de Miki qui luttait contre les larmes. Le Professeur était un soutien amical pour Eriko qui pleurait, la tête dans les mains, assise à une table. Il avait cherché Saeko et elle avait soudain surgi à ses côtés.  

 

- Ca va, Ryo ?, lui avait-elle demandé.  

- Repose-moi la question dans quelques temps., avait-il répondu sombrement.  

- Qu’est-ce qui s’est passé ?, avait-elle finalement lâché, attirant l’attention de tous les autres.  

 

Il avait senti tous les regards se braquer sur lui et avait su que c’était le moment de vérité. Il leur avait tout expliqué, ce que David avait offert à Kaori, l’argent pour l’orphelinat, le contrat, l’argent pour les naissances, la rente mensuelle… tout sauf la prime pour sa virginité. Cette partie-là était juste trop ignoble et intime.  

 

- Dis-moi que tu as été son premier amant, Ryo., avait soudain soufflé Miki.  

- Je ne peux pas imaginer qu’il lui prenne ce qu’elle souhaitait te donner depuis si longtemps., avait-elle ajouté.  

- On a eu la nuit dernière, Miki. Je voulais attendre qu’on ait du temps pour en profiter et ce moment était enfin arrivé., avait-il avoué.  

- C’est pour cela que, hier matin, tu m’as demandé de t’oublier quelques jours., avait alors compris Saeko, tuant les quelques doutes qui auraient pu rester.  

- Oui. Je voulais lui offrir quelques jours pour profiter pleinement de notre relation, sans obligation à remplir, sans délai, sans impératif… Certainement, les seuls qu’on aurait eus avec notre vie.  

- Pourquoi tu ne l’as pas tué, Ryo ? C’est ce que j’aurais fait pour la protéger. Pas toi, Umi ?, était intervenu Mick, dardant un regard noir sur lui.  

 

Umibozu n’avait pas répondu et avait tourné la tête vers Ryo, évitant de le juger sans avoir tous les éléments en main. Le nettoyeur s’était alors assis sur un tabouret, rattrapé par le poids de sa tristesse.  

 

- Elle ne voulait pas. Elle m’a demandé de ne pas le tuer… pour moi, pour que je n’ai pas ce poids-là sur la conscience. Elle ne voulait pas non plus de ce fantôme entre nous, dans notre relation. Alors, j’ai accepté de ne pas le tuer… pour elle., avait-il résumé.  

- Mais…, avait objecté Mick.  

- C’est Kaori, Mick., l’avait coupé Umibozu.  

- Elle a accepté ce maudit contrat à cause de moi mais pas seulement. Elle l’a fait pour chacun d’entre nous et pour tout Shinjuku., avait déclaré alors Ryo.  

- Comment cela ?, s’était interrogée Eriko, ne comprenant pas.  

- Parce que l’enquête de police aurait certainement été beaucoup plus loin que la seule personne de Ryo et le meurtre en question. La police aurait trouvé le lien avec d’autres affaires dans lesquelles on est tous plus ou moins impliqués. Ryo aurait été passible de la peine de mort, Kaori peut-être aussi et nous aurions tous pu être arrêtés., avait répondu Saeko, comprenant la logique de la sœur de son ex-coéquipier.  

- Sans City Hunter, sans nous, Shinjuku reviendrait à ce qu’il était avant., avait complété Umibozu.  

- C’est tout Kaori, ça. Elle pense d’abord aux autres avant elle-même., s’était exclamé Miki, jetant son torchon sur le comptoir.  

 

Tous avaient compris, à la fois fiers de leur amie et terrifiés pour elle. Ryo les avait alors tous regardés, tour à tour.  

 

- Nous aussi, nous pouvons être là pour elle.  

 

Il avait alors vu tous leurs regards devenir interrogateurs.  

 

- Sans dossier, plus de preuves et Kaori pourra divorcer et rentrer. Elle va chercher le dossier de James mais, nous, nous devons retrouver ce privé et récupérer son dossier, nous assurer du nombre de copies qu’il en a fait., leur avait expliqué Ryo.  

- Tu connais son nom ?, l’avait interrogé Mick.  

- Non. Mais Kaori a planqué un de ses émetteurs sur lui. Il ne me reste qu’à sillonner la ville pour le retrouver.  

 

C’était ce qu’il s’était employé à faire depuis qu’il avait quitté le Cat’s, y passant toute l’après-midi puis la nuit, en vain. Il était rentré vers quatre heures du matin, épuisé à la fois du manque de sommeil la nuit précédente et par le contre-coup de tout ce qu’il venait de vivre en trente-six heures. Malgré tout, il avait eu du mal à s’endormir car, une fois allongé dans son lit, entouré de l’odeur de sa femme et de leurs deux corps mêlés, il n’avait pu s’empêcher de se demander comment elle allait, si David l’avait violée, s’il s’était rendu compte qu’elle n’était plus vierge et comment il avait réagi. Il avait refait défiler une nouvelle fois toutes les informations qu’il avait et s’était demandé ce qu’il aurait pu faire d’autre pour l’empêcher de se retrouver dans cette situation, tout en sachant que le tuer n’était pas une option tout comme fuir Tokyo. Il avait fini par s’endormir sans s’en rendre compte et ce fut l’appel de Saeko qui le tira du sommeil.  

 

- Ils sont partis., lui apprit-elle simplement.  

 

Le coeur lourd, Ryo se leva et alla se doucher. Il se rappela le dernier round de leur nuit d’amour et se sentit nostalgique. A ce moment particulier, ils avaient tous les deux surmonté leurs inhibitions pour profiter de cet instant spécial. Ce n’était pas quelque chose qu’il avait envisagé de faire avec elle, peut-être y seraient-ils venus plus tard, avec plus de confiance encore, mais elle le lui avait demandé malgré sa timidité, malgré ses a priori, dans le seul but de partager une expérience unique avec lui en qui elle avait confiance. Ils avaient su trouver en eux, en l’autre les clefs pour rendre ce moment parfait et en tirer un plaisir intense et surtout partagé. Il voulait d’autres moments comme celui-là, non pas spécialement réitérer cette expérience-là sauf si elle le voulait, mais des moments similaires où ils devraient s’aider, s’écouter pour parvenir à faire quelque chose de beau, d’unique qu’ils ne pouvaient effectuer seul ou avec un autre.  

 

Se secouant mentalement, il sortit de la douche, se sécha et s’habilla rapidement et descendit à la cuisine. Il fit du café et ouvrit les placards qui étaient vides. Avant la mission détective, il devait d’abord aller au magasin remplir les placards… quoique ça pouvait attendre, non ? Non, il devait y aller. Il ne devait pas se laisser aller… pour elle… même si c’était dur et qu’elle lui manquait énormément.  

 

Lorsqu’elle se réveilla au petit matin, Kaori ne reconnut pas tout de suite la chambre puis tout lui revint en mémoire : Ryo, David, le mariage, la veille au soir. Elle poussa un long soupir de soulagement en repensant à leur premier rapport avorté et, soudain, son esprit se mit en branle. Elle était toujours nue dans le lit et elle sentait avec dégoût le sperme qui maculait une partie de sa cuisse et de son ventre. Ce salaud s’était écroulé endormi sur elle au même moment où il avait joui. Elle jeta un regard de son côté et vit qu’il était encore dans un sommeil profond. Elle avait échappé au viol…  

 

Elle se leva discrètement et se réfugia dans la salle de bains pour aller se nettoyer de ces traces écoeurantes quand elle vit le rasoir de David. Elle ne sut pourquoi mais elle revit les traces de sang qui avaient prouvé la fin de son innocence et se coupa le doigt avec la lame. Si Ryo l’avait mise enceinte, elle devait détourner les soupçons de son nouveau mari, quitte à lui faire croire que cet enfant était le sien, même si c’était un crève-coeur. Elle n’avait aucune idée du temps que ça lui prendrait de trouver le dossier de David et devait se protéger, les protéger peut-être, pensa-t-elle posant une main sur son ventre.  

 

Elle retourna rapidement dans le lit, fit goutter le sang sur le drap, s’en macula quelque peu l’intimité puis se tourna vers David. Malgré le dégoût et surtout en espérant ne pas le réveiller, elle mit un peu de son sang sur son sexe puis se recoucha, attendant son réveil patiemment. Une demie-heure plus tard, il émergea et se tourna vers elle, son haleine empestant encore des vapeurs d’alcool. Elle se détourna de lui.  

 

- Tu as trop bu hier soir., lui dit-elle.  

- Bonjour à toi aussi. A défaut d’embrasser mes lèvres, tu veux peut-être embrasser autre chose ?, lui proposa-t-il, mécontent.  

 

Elle saisit parfaitement l’allusion et lui lança un regard noir.  

 

- De un, je n’en ai pas envie. De deux, commence par aller te laver. Je n’ai pas envie de nettoyer les traces de ton forfait., le tança-t-elle.  

 

Il baissa les yeux vers son pénis et, voyant les traces de sang, se mit à sourire, fier de lui, avant de se renfrogner.  

 

- Merde, je n’en ai aucun souvenir. J’aurais aimé me rappeler des traits de ton visage quand j’ai pris possession de ton corps., lâcha-t-il.  

- Je t’ai fait mal ?, lui demanda-t-il.  

 

Kaori se leva du lit et le regarda.  

 

- Tu es abject. C’est un moment unique dans la vie d’une femme et tu en parles comme d’un trophée. On pourrait même penser que plus tu m’aurais fait souffrir, mieux ce serait…, gronda-t-elle.  

- Pour ma part, j’aimerais n’en avoir aucun souvenir. Garde le drap si tu en as besoin., lui affirma-t-elle, se dirigeant vers la salle de bains.  

- Kaori, tu viens de gagner cinq millions de dollars en une heure de temps. Ca s’appelle de la rentabilité, ma chère., la nargua-t-il.  

 

Elle s’arrêta à la porte et se retourna. Pour le coup, elle avait des envies de meurtre. Elle lui décocha un regard noir.  

 

- Pour le coup, tu fais de moi une pute de luxe. Tu me diras si tu veux une commission sur mes gains., lui rétorqua-t-elle avant d’entrer dans la salle de bains et de s’y enfermer à clef.  

 

David regarda la porte, furieux, puis se leva et voulut la rejoindre, se retrouvant coincé derrière le panneau. Il entendit le bruit de la douche et ne chercha pas à frapper. Sans même se rhabiller, il s’assit sur le lit et attendit. Quand il l’entendit déverrouiller la porte, il approcha et la saisit par le poignet, l’entraînant vers le lit.  

 

- Qu’est-ce que tu me veux encore ?, hurla-t-elle.  

- Ca., dit-il, arrachant la serviette enroulée autour d’elle.  

- Non ! Je ne veux pas., lui répondit Kaori, le repoussant.  

- Pour cinq millions de dollars, tu vas m’en donner un peu plus. Je veux me souvenir au moins d’une fois où je t’ai prise au Japon, sur ta terre natale !, lui cracha-t-il.  

- Je t’ai dit non, David !  

 

Il était fort, beaucoup plus fort qu’elle, mais la peur qu’elle ressentait décuplait ses propres forces et elle se débattait comme une lionne pour qu’il ne la touche pas. Elle ne pouvait pas le laisser essaimer en elle et avoir le moindre doute si elle tombait enceinte. Elle voulait être sûre de porter le bébé de Ryo. Luttant, elle lui décocha un coup de genou dans les parties génitales et il se retrouva plié en deux à terre. Réagissant rapidement, elle attrapa le drap et s’en entoura de plusieurs couches. Quand elle eut fini, elle releva le visage et vit son regard noir dardé sur elle. Elle frémit de la peur qu’il lui inspira. Il approcha d’elle lentement, tendu, et elle se demanda ce qui allait se passer. Nul doute qu’il ne serait pas tendre avec elle quand il réussirait à l’envahir. Il lui ferait payer son affront.  

 

Alors qu’il était à un mètre d’elle, on toqua à la porte et ils entendirent une voix à travers la porte.  

 

- Monsieur James, on a un appel pour vous : c’est une urgence.  

- Je rappellerai., cria David, faisant un pas supplémentaire vers elle.  

- Ce n’est pas possible, Monsieur. C’est votre bras droit à Los Angeles.  

 

David poussa un soupir de frustration.  

 

- J’arrive., finit-il par répondre.  

- On n’en a pas fini tous les deux. Tu me paieras ce que tu viens de faire, Kaori. Tu es ma femme, nous aurons des relations sexuelles que tu le veuilles ou non., la prévint-il.  

- Violeur…, souffla-t-elle.  

- Tu vas apprendre à te taire et à ne l’ouvrir que pour des causes utiles., la menaça-t-il, le regard lourd de sens, avant de sortir.  

 

Il alla à la salle de bains chercher un peignoir puis ressortit. Kaori en profita pour s’habiller, enfilant un jean et une blouse.  

 

- Fais tes bagages, on y va., lui apprit-il en revenant dans la chambre, l’air tendu.  

 

Elle récupéra ses affaires de toilettes dans la salle de bains, boucla son sac et s’en alla dans la pièce principale où un petit-déjeuner avait été servi. Elle se força à manger pour garder des forces et, dès que David fut prêt, ils s’en allèrent.  

 

Tout le temps du trajet qui les menait à l’aéroport, Kaori fixa le paysage et tenta de prendre autant de souvenirs qu’elle pouvait. Elle sentait une boule d’angoisse grossir dans sa trachée et, bientôt, ne put contenir plus les larmes qui s’accumulaient dans ses yeux. Elle étouffa un sanglot dans sa main et se retint de hurler tant la douleur était intense. Elle sentait son coeur se serrer de plus en plus et se demanda quand il imploserait.  

 

David regarda sa femme et, malgré la colère qu’il avait ressentie après avoir été frappé, il eut mal au coeur. L’idée de revenir sur sa décision ne l’effleura pas mais il tenta de lui apporter du réconfort en prenant sa main.  

 

- Laisse-moi., murmura-t-elle, la voix étranglée, la retirant.  

- Je veux juste être là pour toi, Kaori., se justifia-t-il.  

- Tu ne comprends pas que je ne veux pas de toi ?, lui cracha-t-elle.  

- Tu t’habitueras. Tu oublieras., finit-il par dire.  

 

Elle ne répondit pas, occultant sa présence pour profiter de ces derniers moments sur sa terre natale.  

 

Lorsqu’ils arrivèrent à l’aéroport, le chauffeur les déposa dans la partie réservée aux voyages privés. Ils se rendirent dans un bureau où leurs papiers furent contrôlés et ils reçurent l’autorisation de décoller. Quand elle se retrouva devant la rampe qui menait à l’avion, Kaori se demanda si elle ressentait la même chose que les condamnés à mort. Peut-être un peu, au moins pour le sentiment de fatalité, de peur de l’après, de fin de vie. Il lui restait au moins l’espoir, l’espoir qu’à plus ou moins longue échéance, elle sortirait de ce piège et s’en sortirait, qu’elle reviendrait à Tokyo et que Ryo et elle vivraient enfin leur vie. Se sentant un peu mieux, elle monta et, arrivée en haut, se tourna une dernière fois vers Tokyo. Au revoir et à bientôt, pensa-t-elle, avant de pénétrer dans la carlingue.  

 

- Mets-toi là, tu seras à l’aise., lui dit-il, lui désignant un siège, à l’écart du sien, ce qui lui alla très bien.  

- Je dois travailler sur ces dossiers pendant le vol. Je ne veux pas t’ennuyer avec cela., s’excusa-t-il.  

- Fais., souffla-t-elle, s’en fichant.  

 

Elle avait besoin d’être seule, besoin d’oublier sa présence, besoin de se souvenir. Elle voulait ne plus penser à l’angoisse qui la prenait en pensant à là-bas, ce qui s’y passerait. Elle voulait juste se rappeler des bons moments et des raisons qui l’avaient poussée à accepter cette situation intolérable.  

 

- Si tu as besoin de quelque chose, dis-le. L’hôtesse est là pour cela., l’informa-t-il.  

- Non merci. Ce que je veux, elle ne peut pas me le donner., murmura-t-elle pour elle-même.  

 

Malgré tout, David l’entendit et serra les poings. Il aimait cette femme comme un fou et avait bien compris qu’il le lui montrait de la pire manière qui soit à ses yeux mais il ne savait comment s’y prendre autrement. Il la voulait, n’avait jamais voulu quelque chose comme il la voulait elle. Il avait passé plusieurs jours loin d’elle et ces quelques jours lui avaient paru interminables et dénués de sens. Ses pensées tournaient du matin au soir autour d’elle. Il n’arrivait plus à se concentrer sur autre chose.  

 

Quand il avait su que l’orphelinat avait été détruit, il y avait vu une opportunité de se rapprocher d’elle. Cette pensée s’était progressivement transformée et il avait su qu’il ne pourrait pas supporter d’être proche sans qu’elle soit à lui, sans qu’elle l’aime. Il fallait donc qu’il trouve le moyen de la faire revenir à la réalité sur l’amour qu’elle ressentait pour cet homme, homme dont il ne connaissait toujours pas l’identité d’ailleurs. Une autre opportunité s’était cependant présentée à lui, accélérant le processus, et il avait sauté dessus sans réfléchir. Avec le recul, il savait qu’il avait fait une erreur stratégique mais, maintenant qu’il l’avait et qu’il l’emmenait loin de ses attaches, il ne reviendrait pas en arrière. Elle ne reposerait désormais que sur lui et, même si ça lui prenait du temps, elle finirait par se laisser atteindre. Il en était persuadé. Il devait juste apprendre à régner sur son impatience, savoir lâcher du lest quand cela était nécessaire, resserrer les boulons le moment venu, en bref, s’adapter. Elle en valait la peine.  

 

- Laisse-nous une chance, Kaori. Je veux juste t’aimer et te rendre heureuse. Ne dis rien., dit-il en la voyant prête à objecter.  

 

Il sourit même face à son impétuosité.  

 

- Je ne t’ai pas montré mon meilleur côté mais je vais essayer de faire mieux. Apprenons à nous connaître à ton rythme. Je t’écouterai., lui promit-il.  

- Je ne veux pas coucher avec toi, David., lui dit-elle, méfiante.  

- Je ne suis pas ravi de l’entendre mais j’attendrai que tu sois prête., concéda-t-il.  

- Je veux bien faire des concessions, Kaori, mais il faudra aussi que tu en fasses.  

- Du genre ?, s’enquit-elle.  

- Joue le jeu devant ma famille, mes amis et en public. Je ne te demande pas de jouer les épouses transies mais sois aimable et souriante et n’étale pas tes griefs. Je n’irai pas plus loin que te tenir la main ou le bras, éventuellement te demander de danser avec moi et on limitera les baisers au strict minimum. Tu peux l’envisager ?, l’interrogea-t-il.  

 

Elle l’observa un moment, réfléchissant à la question, puis acquiesça, plus par souci de se protéger que de lui plaire.  

 

- Merci. Mets ta ceinture. L’avion va décoller., lui dit-il, radouci.  

 

Elle s’exécuta et, quelques minutes plus tard, l’avion prenait son envol. Ils mirent près de dix heures avant d’atterrir à Los Angeles. Il faisait nuit et la ville brillait de mille feux. Il était trois heures heures locales, le matin même où ils étaient partis, comme s’ils étaient revenus en arrière. Vive le décalage horaire de dix-sept heures. Les gratte-ciels étaient illuminés, la colline d’Hollywood affichait fièrement ses lettres…  

 

- C’est beau, n’est-ce pas ?, lui dit David, s’appuyant sur son fauteuil.  

 

Kaori ne leva pas la tête, regardant le paysage sous ses yeux. Elle aurait pu trouver cela beau. La ville ressemblait à Tokyo, lumineuse, tentaculaire, bouillonnante mais elle n’avait qu’un défaut qu’elle ne lui aurait certainement pas trouvé si elle était en voyage d’agrément : ce n’était pas Tokyo.  

 

- C’est une mégalopole comme une autre., lâcha-t-elle, le coeur lourd.  

- Tu apprendras à l’aimer., soupira-t-il.  

 

Elle n’en était pas sûre, vraiment pas sûre, mais elle ne le dit pas. Ca ne servait à rien de compliquer les choses entre eux pour des broutilles. Ils sortirent de l’avion et, après un passage express en douanes, ils furent emmenés dans une voiture de luxe jusqu’à un gratte-ciel fait d’acier et de verre. Elle suivit David dans un ascenseur privatif qui les mena tout en haut de l’immeuble. Ils débouchèrent dans un appartement spacieux, si spacieux suffisait à décrire l’immensité des lieux. L’espace que Ryo et elle avaient à l’immeuble lui avait toujours suffi. Là, c’était trop et froid…  

 

- C’est grand., murmura-t-elle.  

- Oui. C’est ma fierté., se targua-t-il.  

- Je suis fatiguée. Je voudrais aller dormir., lui dit-elle, ignorant sa dernière répartie.  

 

Elle refusait de le conforter dans sa complaisance à posséder des choses, nombreuses et très chères la plupart du temps.  

 

- Tu ne veux pas manger quelque chose ?, l’interrogea-t-il, soucieux.  

- Je n’ai pas faim. Je veux dormir., répéta-t-elle.  

- Comme tu voudras. Viens, je t’emmène à notre chambre., l’invita-t-il.  

 

Elle fut incapable de bouger. Leur chambre… non, elle ne voulait pas dormir avec lui, s’allonger à ses côtés, fermer les yeux au risque qu’il… Non, elle ne pouvait pas.  

 

- Kaori ?, l’appela-t-il quand il s’aperçut qu’elle ne le suivait pas.  

- Je ne veux pas dormir dans le même lit que toi., murmura-t-elle, s’attendant à subir ses foudres.  

- Kaori, nous sommes mariés…, commença-t-il.  

- Je n’arriverai pas à fermer l’oeil si tu dors dans le même lit que moi., se justifia-t-elle, baissant les yeux.  

- Tu n’as donc aucune confiance en moi ?, soupira-t-il.  

- Non., répondit-elle, relevant le menton.  

 

Il passa une main dans ses cheveux, nerveux. Il la regarda puis les portes.  

 

- Ecoute, je n’ai pas fait préparer d’autre chambre. Est-ce que pour cette nuit…  

- Je sais faire un lit, David. Tu devrais essayer aussi. Ca n’a rien de compliqué. Dis-moi, juste où je peux trouver du linge de lit et quelle chambre je peux prendre., lui dit-elle, déterminée.  

- D’accord., concéda-t-il, la conduisant vers une pièce dont il ouvrit la porte et s’effaça pour la laisser passer.  

- Pour le linge de lit, je ne sais pas., avoua-t-il.  

 

Agacée, Kaori ouvrit les armoires et ne trouva pas.  

 

- Je suppose que ce palais a une buanderie. Tu en connais le chemin ?, l’interrogea-t-elle, ironique.  

- Kaori…, s’agaça-t-il.  

- Je ne suis pas un objet ou quelqu’un qui aime se faire servir, David. Il faudra t’y habituer. La buanderie ?  

 

Il lui lança un regard mécontent puis l’emmena jusqu’à la pièce où la jeune femme trouva ce qu’elle cherchait.  

 

- Merci. Je vais me débrouiller à partir de maintenant. Bonne nuit., lui dit-elle, se tournant pour partir.  

 

Sans prévenir, il l’attrapa par le poignet, l’attira vers lui et la plaqua contre le mur. Il colla ses lèvres sur les siennes en un baiser qui n’avait rien de tendre. Il posa les mains sur sa poitrine et la caressa de manière appuyée. Il n’eut que quelques secondes pour profiter de ce moment car, dès qu’elle réussit à passer ses mains entre eux, elle le repoussa.  

 

- Tu crois quoi ? Que m’avoir montré où était la buanderie suffirait à me sentir prête à coucher avec toi ?, se fâcha-t-elle.  

- Je… Non, bien sûr que non ! Mais tu ne comprends pas que je suis fou de toi et que j’ai envie de toi. Je ne comprends pas ce qui t’empêche de m’aimer., répondit-il, désespéré.  

- Tu ne comprends pas ? Tu ne comprends pas ?!, répéta-t-elle, haussant le ton.  

- Tu m’as enlevée, David ! Tu m’as réduite à une pute, une femme que tu achètes pour ton plaisir ! Tu m’as privée de ma vie, ma ville, mes amis, l’homme que j’aime ! Tu m’as attachée à toi, veux me violer, me faire des enfants sans mon accord et tu ne comprends pas ce qui m’empêche de t’aimer ? Tu crois que ton argent te donne tous les droits mais il ne te donne aucun pouvoir sur mon coeur !, lui hurla-t-elle.  

- Tu finiras par l’oublier, tu finiras par voir qui je suis réellement. Tu m’aimeras., répondit-il, obtus.  

- Non, ça n’arrivera jamais et, si tu le crois vraiment, c’est que tu n’as vraiment pas compris qui j’étais., acheva-t-elle.  

 

Elle lui jeta un long regard douloureux et sortit de la buanderie. Elle se rendit dans sa chambre dont elle ferma la porte à clef, la laissant dans la serrure. Elle fit son lit rapidement, se changeant et passant un tee-shirt sur elle, un tee-shirt rouge beaucoup trop grand et large pour elle mais qui portait une odeur qui la rassurait et qui était surtout porteur de souvenirs chers à son coeur. Elle éteignit la lumière mais ne se coucha pas. Elle alla jusqu’à la fenêtre et observa la nuit, au loin, très loin, par delà la ville, par delà l’océan Pacifique. Elle était repartie à Tokyo et se demandait comment allait l’homme de sa vie.  

 

- Je t’aime, Ryo. Tu me manques tellement., murmura-t-elle.  

 

Accoudé au garde-corps, Ryo tira sur sa cigarette. Il regardait la nuit tomber sur Tokyo. Où se planquait ce foutu détective ? Il savait qu’il pouvait passer un certain temps à arpenter la ville avant de le trouver. Il s’en voulut de ne pas avoir pris le temps de mettre un émetteur plus puissant sur Kaori. Ceux qui l’enlevaient habituellement ne se cachaient pas dans trente-six milles lieux… Il tenta d’atténuer son agacement : ça faisait trente six heures qu’il cherchait. Ce n’était a priori pas tant que cela mais, de son point de vue, c’était déjà trop pour la femme exilée à l’autre bout du monde.  

 

Soudain, il sentit une sensation de chaleur l’envahir et un léger sourire étira ses lèvres. Ses yeux s’humidifièrent et il cligna des paupières pour chasser cette sensation inhabituelle.  

 

- Je vais le retrouver, Sugar. On se retrouvera., promit-il à la nuit maintenant tombée. 

 


Chapitre: 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24 25 26 27 28 29 30 31 32 33 34 35 36 37 38 39 40 41 42 43 44 45 46 47 48 49 50 51 52 53 54 55 56 57 58 59 60


 

 

 

 

 

   Angelus City © 2001/2005

 

Angelus City || City Hunter || City Hunter Media City || Cat's Eye || Family Compo || Komorebi no moto de