Hojo Fan City

 

 

 

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Rated PG-13 - Prose

 

Auteur: Mercury80

Status: Complète

Série: City Hunter

 

Total: 60 chapitres

Publiée: 02-03-20

Mise à jour: 30-04-20

 

Commentaires: 75 reviews

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RomanceDrame

 

Résumé: NC17 - Que seriez-vous prêt(e)s à accepter par amour?

 

Disclaimer: Les personnages de "Pour toi" sont la propriété exclusive de Tsukasa Hojo.

 

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   Fanfiction :: Pour toi

 

Chapitre 39 :: chapitre 39

Publiée: 09-04-20 - Mise à jour: 09-04-20

Commentaires: Bonjour, voici la suite de l'histoire. Dans tout ce chemin de reconstruction, un sujet épineux va revenir régulièrement: que faire de cet enfant à naître? Tout comme la reconstruction de Kaori, la décision sera l'objet d'un long cheminement. POur mémoire, j'ai construit l'histoire en fonction des personnages du manga, pas en fonction d'un point de vue personnel pour deux raisons. La première est de rester fidèle au manga. La deuxième raison, c'est que je n'ai même aucune idée de la manière dont je pourrais réagir à ce type de traumatisme : rien ne peut certifier que l'idée préconçue qu'on a des choses serait la façon dont on réagirait au final. Les épreuves révèlent ou exacerbent souvent des pans de notre personnalité. On peut parfois se surprendre… Bonne lecture et merci pour vos commentaires^^

 


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Chapitre 39  

 

Deux jours étaient passés depuis le dépôt de plainte. L’ordonnance d’éloignement avait été rédigée et transmise au principal intéressé qui s’était manifesté de façon virulente au Cat’s. Ryo avait été soulagé de savoir Kaori encore à la clinique, là où James ne la trouverait pas. Il était le seul à pouvoir l’amener à elle et le peu de fois où il rentrait pour se doucher, se changer et commencer à préparer son retour… leur retour, se corrigea-t-il, il faisait extrêmement attention à ne pas être suivi.  

 

Alors qu’il revenait de l’appartement en début d’après-midi, il trouva le Professeur dans la chambre, seul avec elle et Kei endormi. Il se tenait à une distance respectable et Kaori, bien que visiblement anxieuse, ne semblait pas se laisser submerger par la panique. Il fut fier d’elle car il savait que c’était dur pour elle et qu’elle luttait. Il avait été réveillé régulièrement pendant la nuit par ses cauchemars. La souffrance qu’elle semblait endurer encore malgré l’éloignement lui donnait une idée de son traumatisme. Donc la voir à ce moment-là prendre sur elle pour écouter ce que leur ami avait à lui dire le rendit fier. Elle se battait, il n’en demandait pas plus.  

 

- Bonjour Ryo., le salua le médecin.  

- J’expliquais à Kaori que, dès que tu serais là, si elle souhaitait ta présence puisque Kazue est absente, j’allais l’examiner. Je vais devoir faire un toucher, Kaori. Je dois voir comment est le col. Je m’en passerais si c’était possible mais je ne peux pas., s’excusa-t-il, la voyant pâlir.  

- Tu as déjà eu une écho ?, l’interrogea-t-il.  

- Oui, à six semaines quand j’ai appris que j’étais enceinte., répondit-elle, tendue.  

- Je t’en referai une. J’en ai faite une à ton arrivée qui ne montrait rien à part le décollement mais je veux voir où il en est et revérifier que le bébé n’a rien. Je suppose que tu as envie de sortir d’ici., déclara-t-il.  

 

Kaori le regarda puis Ryo. A vrai dire, elle avait pris ses marques à la clinique. Elle commençait à s’y sentir en sécurité et à se détendre un peu. Elle ne savait pas si elle supporterait de retourner à l’appartement même si elle serait contente de retrouver ce qui avait été sa maison. Quand elle était partie, Ryo et elle étaient en couple et, même s’ils n’avaient pas rompu, même s’ils n’en avaient pas parlé, elle ne se sentait pas l’envie de recommencer. Elle était loin d’être prête et elle ne voulait pas blesser plus son partenaire en refusant de dormir dans le même lit que lui, en souhaitant réintégrer sa chambre pour pouvoir s’y enfermer et se sentir protégée.  

 

- Je… Oui, je suppose., bafouilla-t-elle.  

 

Les deux hommes se regardèrent, conscients de son malaise. Ryo approcha et s’assit à ses côtés sur le lit, lui faisant face. Même s’il avait déjà eu son idée sur la question, il avait pris le temps de l’évoquer avec son vieil ami et savait à quoi s’attendre.  

 

- On parlera de ton retour à la maison après l’examen si tu veux. Ne te mets pas Martel en tête, d’accord ?  

- Oui., répondit-elle.  

- Tu es prête ?, s’inquiéta le Professeur.  

 

Elle aurait aimé lui dire que non, qu’elle ne voulait pas qu’il le fasse, qu’il la touche là mais c’était nécessaire et elle avait retrouvé suffisamment confiance en lui pour le croire.  

 

- Non mais vous pouvez y aller., murmura-t-elle.  

- Je vais faire le plus vite possible., la rassura-t-il.  

- Prends ma main. Je suis là., lui dit Ryo, lui présentant sa paume tendue.  

 

Elle ne se le fit pas dire deux fois et la saisit. Elle se positionna comme le médecin lui demanda et quand il souleva la blouse et fit glisser ses doigts en elle, elle sentit les larmes couler sur son visage. Elle tenta d’oublier ce qui se passait, de s’évader de là et de cette intrusion qui, même si elle ne ressemblait pas à ce qu’elle avait vécu, en restait une. Elle entendait au loin la voix de Ryo qui essayait de la rassurer et s’y raccrocha comme elle pouvait.  

 

- C’est fini., fit le Professeur, cachant son émotion à avoir fait souffrir son amie.  

- Le col est normal. Si tout va bien, je ne referai pas cet examen avant le mois prochain., lui indiqua-t-il avant de sortir chercher l’échographe.  

 

Elle acquiesça, tentant de reprendre le dessus. Elle tenait toujours la main de son compagnon qui la caressait du pouce à un rythme régulier. Elle se focalisa sur ce petit geste et, au bout de quelques minutes, les larmes se tarirent. Ce fut le moment où le médecin revint avec l’appareil.  

 

- Avant de commencer, je vais devoir vérifier la position du bébé et prendre des mesures, ce qui signifie…  

- Que vous allez me toucher le ventre, je sais. Ca va aller., lui assura-t-elle.  

 

C’était quelque chose qu’elle pouvait gérer. Ryo l’avait effleurée à cet endroit à quelques reprises depuis la veille quand il reprenait Kei et, si au départ elle s’était retenue de hurler ou bondir hors de portée, elle s’était détendue. C’était un geste anodin comme le serait l’examen du médecin. Elle prit donc une profonde inspiration avant d’ouvrir sa blouse pour mettre son ventre à nu. Elle déglutit en voyant les marbrures colorées qui affleuraient encore assez vivement par endroits, les contours commençant doucement à s’estomper dans des couleurs jaunes plus ou moins foncées.  

 

- Tu as mal ?, demanda Ryo, désignant sans la toucher la zone.  

- Non. Les anti-douleurs agissent., dit-elle.  

 

Le nettoyeur regarda ce ventre arrondi qui abritait une vie, le même ventre qui avait abrité Kei et qu’il n’avait pu voir évoluer. Il se demandait ce que ça faisait, ce qu’il ressentirait s’il posait la main dessus, s’il pouvait sentir le bébé bouger. Il aurait aimé partager cela avec elle pour Kei. Depuis qu’ils étaient là, il l’avait vu observer son ventre mais jamais le toucher. Est-ce que ça avait été pareil avec Kei ou gardait-elle juste ses distances avec ce bébé qu’elle n’envisageait pas de garder ? C’était une discussion qu’ils n’avaient pas encore eue.  

 

Sans un mot, le Professeur tâta l’abdomen de Kaori, cherchant la position du bébé. Lorsqu’il l’eut trouvée, il le mesura, puis mesura la hauteur de l’abdomen.  

 

- Il est positionné correctement, assez haut dans l’utérus. Pour l’instant, il est en travers de ton ventre mais comme on peut le voir…, dit-il, montrant le ventre déformé par les mouvements du bébé.  

- Il bouge. On passe à l’échographie ?, leur proposa-t-il.  

- Oui.  

- Veux-tu connaître le sexe du bébé ?, l’interrogea-t-il avant de commencer.  

- Non., répondit-elle simplement.  

- Très bien.  

 

Le Professeur étala un peu de gel sur son ventre puis fit glisser la sonde jusqu’à avoir une image nette.  

 

- Première image, ses fesses., les informa le vieil homme.  

 

Tous pensèrent à la même chose au même moment : la propension de Ryo a étalé cette partie de son anatomie à la vue de tous surtout en se sachant épié. Le nettoyeur ne put s’empêcher de sourire, le médecin également mais Kaori sentit les larmes rouler sur ses joues. Cette même nouvelle dans une configuration où Ryo aurait été le père l’aurait certainement amusée après un froncement de sourcils consterné mais, voilà, Ryo n’était pas le père de ce bébé. C’était David et ce bébé n’avait pas de futur avec elle. Elle ne voulait pas associer de souvenirs supplémentaires. Elle aurait déjà le poids de cette grossesse à garder avec elle jusqu’à la fin de sa vie, elle ne voulait rien d’autre.  

 

- Kaori… Kaori, que se passe-t-il ?, s’inquiéta Ryo, la voyant pleurer.  

- Rien. Continuez et faites vite, s’il vous plaît., demanda-t-elle d’une voix étranglée.  

- Tu ne regardes pas., l’interrogea son mari.  

- Non, je ne veux pas., murmura-t-elle, fermant les yeux.  

 

Elle sentit avec soulagement la sonde bouger et le médecin s’attarder à un autre endroit silencieusement.  

 

- Tu devrais regarder, Sugar. C’est un beau bébé., lui conseilla-t-il.  

- Non, je ne veux pas.  

- Tu risques de regretter., insista-t-il.  

- Ce sera moins douloureux., répliqua-t-elle.  

- Moins douloureux pour quoi, Kaori ?, lui demanda Ryo, les sourcils froncés.  

- Tu le sais très bien. Je ne peux pas garder ce bébé., répondit-elle.  

- Je n’ai pas besoin de souvenirs avec lui., ajouta-t-elle.  

- Mais Kaori…  

- La discussion est close, Ryo., lui asséna-t-elle.  

 

Il faillit insister mais se retint lorsque le Professeur lui fit signe d’en rester là. Il se tut donc et continua à regarder les images. Même s’il savait que l’enfant qui apparaissait n’était pas le sien qui dormait tranquillement derrière eux, il avait au moins une idée maintenant de ce que Kei avait été, cette petit chose fragile et pourtant bien énergique qui gigotait dans tous les sens comme pour chasser la sonde qui la poursuivait.  

 

- Kei bougeait autant dans ton ventre ?, lui demanda-t-il.  

- Plus encore. C’était un ver de terre. J’en ai senti des coups, jour et nuit., répondit-elle, se replongeant dans ses souvenirs.  

- Ce bébé-là bouge moins ?  

- Il est plus discret., murmura-t-elle.  

- C’est bientôt fini ?, s’enquit-elle, tendue.  

 

Tout cela commençait à lui peser mais surtout elle ne savait plus quoi penser.  

 

- Presque. Un dernier point à vérifier et ce sera bon., l’informa le Professeur.  

 

Soudain, un battement fort et régulier emplit la pièce. Un bruit assourdissant qui fit battre le cœur de Kaori tout en lui donnant envie de hurler. Les larmes roulèrent de plus belle sur ses joues et elle étouffa les sanglots qui montaient dans sa gorge. Elle serra entre ses doigts le drap de son lit à s’en blanchir les phalanges tant la tension qui l’habitait était extrême.  

 

- Kaori ?, s’inquiéta à nouveau Ryo, se baissant pour avoir le visage à son niveau.  

 

Il était soucieux de la voir à nouveau pleurer, de ne pas savoir quoi faire pour apaiser son angoisse qu’il ne comprenait pas vraiment pour le coup. Il aurait aimé pouvoir la sortir de là et qu’elle lui explique ce qui la perturbait pour pouvoir l’aider et la soutenir. Doucement, il desserra sa prise du drap et glissa ses doigts à la place.  

 

- Serre aussi fort que tu voudras. Je ne broncherai pas., la taquina-t-il, cachant son anxiété.  

 

Elle tenta de sourire pour se montrer forte mais n’y arriva pas. Néanmoins, le contact lui fit du bien et, au bout de quelques instants, les sanglots cessèrent. Le Professeur avait, pendant ce temps, rangé le matériel et jeté ses notes dans le dossier. Quand il eut fini, il se posta au pied de son lit et attendit patiemment.  

 

- Tu es prête à entendre les conclusions de l’examen ?, lui demanda Ryo.  

- Oui., répondit-elle.  

 

Elle essuya ses joues et se recouvrit avant de lever un regard troublé vers leur ami.  

 

- J’ai pris le temps mais je ne voulais rien négliger. Le décollement placentaire s’est un peu résorbé, ce qui est un bon signe. Je pense te garder encore quelques jours ici pour voir si les saignements continuent de diminuer et, après, tu pourras envisager de rentrer en te ménageant., lui apprit-il.  

- Vraiment ? C’est… bien., murmura-t-elle, forçant un léger sourire que trahissait son regard anxieux.  

- Le bébé va bien. Il n’a aucune séquelle apparente, ce qui est un miracle vue la violence des coups que tu as reçus., l’informa-t-il.  

- Il aura tout supporté., marmonna-t-elle.  

 

Ryo regarda sa femme, perplexe. Il ne la suivait pas. Il n’arrivait pas à lire en elle et savoir quelle était sa position. Etait-elle en colère que le bébé aille bien ou, au contraire, soulagée ? Il la sentait sur la tangente et il était inquiet parce qu’elle était si fragile…  

 

- Je vais vous laisser. Si tu as des questions, n’hésite pas., l’invita-t-il.  

- Merci.  

 

Le médecin sortit, les laissant seuls. Ryo se tourna vers elle, le regard sérieux.  

 

- Kaori…  

- J’aimerais que tu emmènes Kei à l’appartement. J’ai besoin de rester seule., le coupa-t-elle.  

- Pourquoi Kaori ?  

- J’ai… J’ai besoin de réfléchir., lui expliqua-t-elle.  

- Je ne sais plus où j’en suis. J’essaie de me battre pour redevenir celle que j’étais, de faire ce qu’il y a de mieux pour Kei, pour toi, pour le bébé mais tout a été si vite… J’ai besoin d’être un peu seule pour prendre du recul.  

 

Ryo la regarda et comprit son besoin mais cela n’enleva pas la douleur de se voir en quelque sorte écarté alors qu’il voulait être là pour elle.  

 

- Je ne veux pas te blesser, Ryo, même si j’ai la sensation que je le fais quand même., s’excusa-t-elle.  

- J’ai juste besoin de respirer, de réfléchir à ce qui sera le mieux pour vous, de prendre les bonnes décisions pour vous trois. Je te suis reconnaissante de ton soutien, de tout ce que tu fais, n’en doute pas. Ta présence me rassure mais j’ai vraiment besoin d’être un peu seule., plaida-t-elle.  

 

Le nettoyeur prit place à ses côtés et posa une main sur la sienne. Ca lui coûtait d’accepter mais, si c’était ce dont elle avait besoin… Il réprima le soupir qu’il avait envie de pousser et esquissa un sourire rassurant.  

 

- Je comprends. Tu es sûre que tu veux que j’emmène Kei ?, lui demanda-t-il.  

- Oui. Il s’est habitué à toi. Ca devrait bien se passer., le rassura-t-elle.  

- Ca ne me plaît pas de te laisser mais je vais le faire., lui avoua-t-il.  

- Merci, Ryo. Regarde, il se réveille., lui dit-elle.  

 

Kei ouvrit les yeux et s’étira en bâillant. Ryo l’attrapa et le donna quelques minutes à sa mère.  

 

- Tu vas aller faire un tour avec papa, Kei. Il va t’emmener à la maison et tu vas être sage, d’accord ? On se reverra demain matin., lui annonça-t-elle.  

- Je t’aime, mon grand., murmura-t-elle, embrassant sa joue.  

 

C’était la première fois qu’elle se séparait de lui pour la nuit et elle sentit son cœur se serrer. Ryo le prit dans les bras et se tourna vers elle ensuite.  

 

- Tu es sûre que c’est ce que tu veux ?, lui redemanda-t-il.  

- Je dois le faire pour vous trois.  

 

Il acquiesça et attrapa le sac à langer. Juste avant de s’éloigner, il lui prit la main et la serra doucement à défaut de pouvoir l’embrasser.  

 

- Tu m’appelles si tu changes d’avis ou que tu en as besoin, d’accord ?, lui dit-il.  

 

Elle acquiesça, le cœur serré, et les regarda partir. Ouvrant la porte, Ryo se tourna vers elle et posa un regard intense sur elle.  

 

- Je reviens demain. Je ne te laisserai pas seule plus longtemps., lui indiqua-t-il avant de refermer la porte derrière lui.  

- Ryo ?, s’inquiéta le Professeur, le voyant sur le départ avec Kei.  

- Kaori veut rester seule pour réfléchir., lui expliqua le nettoyeur, l’air sombre.  

- Elle veut réfléchir à quoi ?  

- Je ne sais pas. Elle dit qu’elle a besoin de prendre du recul, de voir ce qu’il y a de mieux à faire pour nous. Je ne comprends pas en fait., avoua-t-il, reprenant le chemin de la sortie.  

 

Son ami le suivit.  

 

- L’examen a dû la chambouler. Elle a voulu poursuivre sa grossesse mais ça doit être compliqué de gérer toutes les émotions qui y sont rattachées.  

- Je pense vraiment qu’elle vivrait très mal un avortement., objecta Ryo.  

- Je pense comme toi, Ryo, et je pense que l’adoption est une solution raisonnable mais est-ce ce qu’il lui faut ? Est-ce sa décision parce que ça lui convient ou le fait-elle pour une mauvaise raison ? Le jour où elle mettra ce bébé au monde, si elle l’abandonne, elle le fera en connaissance de cause. elle connaît les errances d’une vie sans racine. Elle sait la difficulté et les questions qu’affrontera ce bébé en grandissant. Elle a semble-t-il fait son choix. Reste à savoir si elle est capable de vivre avec toute sa vie et si elle le fait pour les bonnes raisons., raisonna-t-il.  

 

Ryo observa son ami puis le paysage avant de reporter son attention sur Kei.  

 

- Je ne sais pas comment elle a vécu la grossesse de Kei. Je ne sais pas comment l’aider avec cette grossesse-là. C’est compliqué et frustrant., admit-il.  

- Kei était le fruit de votre amour, Ryo. Elle n’avait pas à se demander si elle voulait le garder ou non.  

- C’est vrai. Peut-être que ce moment me sera profitable également. Au revoir, Professeur. Appelle-moi si besoin.  

 

Le vieil homme regarda son ami s’en aller. Ryo ouvrit la portière et installa Kei dans le siège-auto qu’il avait acheté dans la matinée. Il ne s’était pas douté qu’il servirait si vite… Il se demanda quoi faire alors qu’il avait pensé passer l’après-midi et la nuit à la clinique et décida d’aller faire un tour au parc et de passer rapidement au Cat’s pour apporter des nouvelles de Kaori.  

 

Dans la chambre, Kaori était restée allongée et fixait le plafond. Elle entendait comme en résonance les battements de cœur du bébé et son cœur se serrait douloureusement. Elle repensa à la première échographie qu’elle avait passée. Tout comme celle-ci, elle avait refusé de regarder, de voir la vie qui grandissait en elle. Si elle ne la voyait pas, elle n’existait pas et elle pouvait avorter en paix, sans état d’âme. C’était ce qu’elle avait pensé froidement. Elle ne pouvait pas revenir au Japon avec un fruit pourri. Elle ne pouvait pas faire cela à Kei et surtout pas à Ryo. Elle voulait encore pouvoir prétendre que rien ne s’était passé, le préserver de la culpabilité qu’il ressentirait en voyant son ventre arrondi abritant l’enfant d’un autre, l’enfant d’un viol. Elle aurait été jusqu’au bout si elle l’avait pu même si ça l’aurait démolie de tuer un bébé, même un fruit pourri, chose qu’elle occultait sciemment. C’était ce qu’elle pensait, vraiment, mais elle n’avait jamais eu l’occasion de tester cela en réalité.  

 

Depuis qu’elle avait senti le bébé bouger, les choses avaient évolué. Elle ne pouvait plus l’ignorer même si elle s’y ingéniait autant que possible, encore et toujours. Le bébé était discret mais il bougeait et grandissait en elle. Son ventre s’était arrondi, sa poitrine alourdie se préparant à un nouvel allaitement. Elle ne pouvait nier son existence. Elle ne pouvait plus le tuer et, par moments, elle s’en sentait coupable car elle se sentait faible de devoir imposer à Ryo la vue de son échec à se protéger. Elle lui imposait une épreuve qu’il n’aurait pas dû subir car, même lorsque l’enfant serait adopté, ils garderaient en mémoire le souvenir de cette grossesse. Cela resterait un fait marquant de leur couple si couple il pouvait encore y avoir…  

 

Elle sentit le bébé bouger en elle doucement, discrètement, ce qui accentua sa culpabilité. Chaque mouvement, chaque pensée autour de ce petit être donnait lieu à des sentiments contradictoires. Dominaient le rejet, l’ignorance, nier la présence intruse, ne l’accepter que comme temporaire dans sa vie, qui disparaîtrait dès qu’elle apparaîtrait en ce bas monde, donnée en adoption. Donnée… ce mot la fit sourire amèrement. Elle ne la donnait pas, elle s’en débarrassait comme d’un objet trop encombrant, usé, inutile, trop lourd à porter, trop lourd à supporter. Cette simple pensée lui donnait envie de vomir. Elle n’avait jamais considéré un enfant comme inutile ou trop lourd à supporter. Elle aurait même recueilli tous les orphelins de la Terre si elle avait pu pour les aimer et les protéger, mais l’enfant qui grandissait en elle, elle allait le donner, refuser de le connaître, comme s’il n’était pas aimable pour elle comme tout autre enfant.  

 

D’un autre côté, il y avait ce sentiment qu’elle tentait d’étouffer, de minimiser, ce même émerveillement qu’elle avait ressenti lorsque Kei était en elle, ce besoin de protéger ce petit être qu’elle avait pourtant essayé de tuer et qui s’accrochait à la vie. Par moments, elle sentait sa main se lever et approcher de cet arrondi comme animée de sa propre volonté pour le caresser et le choyer comme elle l’avait fait avec Kei. Ca ne durait que quelques secondes le temps de réaliser et reprendre le contrôle, de repousser cette volonté folle d’aimer alors qu’elle n’en avait pas le droit, que ce n’était pas ce qu’on attendait d’elle. Elle ne pouvait pas aimer un bébé né d’un viol. Elle ne pouvait pas. Personne ne comprendrait. C’était comme si elle acceptait ce qui s’était passé, ce qui n’était pas le cas. Elle n’avait pas le droit d’aimer cet enfant qui grandissait en elle. Ce serait comme une deuxième trahison envers sa famille.  

 

Kaori savait que Ryo voudrait des explications concernant ses réactions à l’échographie. Il patienterait certainement, ne la brusquerait pas mais il chercherait à savoir parce que, comme il le lui avait dit, il voulait être là pour elle. Comment lui expliquer tout cela sans le blesser ? Comment lui dire que son cœur et sa raison n’étaient pas d’accord sur ce qu’elle devait ressentir pour cet enfant ? Que la femme bafouée voulait le rejeter mais que celle qu’elle avait été se battait encore pour le plus faible ? Comment lui dire que chaque moment passé avec cet enfant dans son corps était une lutte sans merci et qu’elle faisait juste ce qui était le mieux pour lui, pour Kei, pour ce bébé qui méritait d’être aimé malgré tout ? Comment lui dire qu’elle se sentait coupable de tous ces moments où elle avait voulu le tuer volontairement en songeant à l’avortement ou en taisant sa grossesse malgré les coups, qu’elle avait même songé à se planter un couteau dans le ventre sous les yeux de son géniteur ?  

 

Sans s’en être rendue compte, son corps affichait tous les signaux de sa détresse et les monitorings toujours branchés avaient donné l’alerte. Lorsque le Professeur entra dans sa chambre et la trouva prostrée dans son lit, dans une position qui devait la faire souffrir, les larmes se mêlant aux sanglots, sa tension beaucoup trop haute pour son état, il eut un coup au cœur mais ne tergiversa pas. Il fit mander un tranquillisant qu’il lui injecta et resta avec elle jusqu’à ce qu’elle fut complètement endormie. Régulièrement cette nuit-là, il passa dans la chambre pour veiller le sommeil de sa patiente. Peut-être aurait-il quelques explications le lendemain…  

 

Après une petite heure passée au parc, Ryo emmena Kei au Cat’s. Il retrouva avec plaisir leurs deux couples d’amis qui furent ravis de voir arriver, le bébé blotti contre son père.  

 

- Tu n’es pas avec Kaori ?, l’interrogea Mick.  

- Non, elle voulait rester un peu seule., répondit Ryo.  

- Tu es sûr que c’est raisonnable ?, s’inquiéta Miki.  

 

Il l’observa un moment, régnant sur ses propres inquiétudes, puis haussa les épaules pour ne pas les inquiéter.  

 

- Le Professeur est sur place. Elle avait besoin de respirer un peu. Ca peut se comprendre., lâcha-t-il, tentant de rester désinvolte.  

- Il a examiné le bébé ?, demanda Kazue, soucieuse.  

- Oui.  

- Et alors ?, insista-t-elle face à la réponse laconique de Ryo.  

- Le bébé va bien. Le décollement a diminué. Elle pourra peut-être rentrer d’ici quelques jours., compléta-t-il.  

- C’est une bonne nouvelle !, s’enthousiasma Miki.  

 

Ryo observa Kei qui avait trouvé la lanière de cuir de son holster et passait ses doigts dessus, curieux.  

 

- Oui, sans doute., murmura-t-il.  

- On pourrait peut-être lui organiser une fête ?, proposa-t-elle, masquant son inquiétude derrière sa joie.  

- Ecoute, j’organiserai quelque chose à l’appartement mais laisse-lui le temps de rentrer. Elle a beaucoup de mal à se réadapter, Miki. Cette ordure l’a marquée profondément et je te jure qu’elle se bat mais c’est très compliqué. Je ne sais pas comment elle réagira si tout le monde arrive en masse., lui expliqua-t-il.  

- Ryo a raison, Miki. Je peux à peine la toucher et on doit lui expliquer tout ce qu’on va faire quand on doit pratiquer des examens ou des soins pour qu’elle ne s’enfuit pas ou ne pas la traumatiser. Elle est très… sauvage, c’est une biche aux abois., ajouta Kazue.  

- C’est long. J’aimerais tellement la voir., soupira la barmaid.  

- Je vais aborder le sujet avec elle mais il faudra peut-être encore être patiente ou alors accepter de rester à distance., lui promit Ryo.  

- D’accord., admit-elle.  

- Bon, je vais rentrer avec mon petit père. On se fait une soirée entre hommes., se targua Ryo.  

- Ouais, je vois le genre. Tu m’excuseras mais je l’esquive celle-là., se moqua Mick.  

 

Ils échangèrent un sourire complice puis le nettoyeur s’en alla. L’après-midi se finit alors rapidement avec le bain de Kei suivi du biberon. Au moment du coucher, il emmena son fils dans la chambre de Kaori. Il n’avait pas enlevé son lit à elle, se disant avec un pincement au cœur qu’elle y dormirait très certainement en revenant, mais avait installé un nouveau lit dans un coin.  

 

- C’est ta chambre, mon bonhomme. Maman y dormira peut-être un peu avec toi mais j’espère bien que ça ne durera pas trop longtemps., soupira-t-il, le déposant sur le matelas.  

 

Il l’enferma dans la gigoteuse et s’installa sur le lit de Kaori, regardant son fils gigoter, attrapant ses pieds, tentant de se retourner, babillant. Il repensa aux images qu’il avait vues l’après-midi même, imaginant Kaori enceinte de Kei. Il se rappela de l’émotion qu’il avait ressentie lors de son accouchement alors qu’il était juste au téléphone avec elle. Tout cela lui semblait si frais mais tellement irréel quand il regardait son fils. Il n’avait pas été là pour sa grossesse et voyait évoluer aujourd’hui le résultat bien réel. Dans le même temps, il pouvait voir évoluer sa nouvelle grossesse, avait vu cette petite vie qui grandissait à l’abri, maintenant en sécurité au Japon. Il pourrait même lui tenir la main pour l’aider à la faire naître mais, après, il n’y aurait plus rien. Cela lui fit bizarre.  

 

Toutes ces années plongé dans son monde lui avaient pris beaucoup de choses dont certaines très amères. Il avait surtout appris que, d’une même chose, pouvaient naître tout et son contraire, que le bon grain était indissociable de l’ivraie duquel on le séparait. Il repensa à cet enfant qui n’était pas le sien, un enfant non désiré, imposé dans la violence à la femme qu’il aimait. Voir cet enfant avait éveillé quelque chose en lui qui n’était ni de la colère ni des regrets, ce qu’il aurait jugé rationnel. Même s’il ne savait donner un nom à ce sentiment ambigu, il savait que c’était quelque chose de plutôt positif. Il se sentit à nouveau perplexe face à cela et revit le regard de Kaori. Il comprit alors que ce qu’il vivait à une petite échelle, elle le vivait pleinement et ces mots lui revinrent à l’esprit. Elle cherchait à faire ce qu’il y avait de mieux pour lui, pour Kei, pour le bébé. Il connaissait Kaori mieux que quiconque. Il aurait dû s’en rendre compte.  

 

Lorsqu’il arriva à la clinique le lendemain matin, Ryo fut arrêté par le Professeur qui lui expliqua l’état dans lequel il avait retrouvé sa patiente. Le nettoyeur posa juste une main sur son épaule en lui adressant un regard confiant et se dirigea vers la chambre de sa compagne.  

 

- Bonjour, ma belle., la salua-t-il.  

- Bonjour., dit-elle, esquissant un sourire.  

 

Ryo posa Kei dans les bras de sa mère, qui eut le droit à un gros câlin, avant de s’asseoir à ses côtés.  

 

- Tu as eu le temps de réfléchir ?, lui demanda-t-il.  

- Oui, merci. J’en avais besoin.  

- Kaori, je sais que tu veux ce qu’il y a de mieux pour le bébé, Kei et moi mais, toi, quand penses-tu à toi dans toute cette histoire ?, l’interrogea-t-il. 

 


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