Hojo Fan City

 

 

 

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Rated PG-13 - Prose

 

Auteur: Mercury80

Status: Complète

Série: City Hunter

 

Total: 60 chapitres

Publiée: 02-03-20

Mise à jour: 30-04-20

 

Commentaires: 75 reviews

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RomanceDrame

 

Résumé: NC17 - Que seriez-vous prêt(e)s à accepter par amour?

 

Disclaimer: Les personnages de "Pour toi" sont la propriété exclusive de Tsukasa Hojo.

 

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   Fanfiction :: Pour toi

 

Chapitre 19 :: chapitre 19

Publiée: 20-03-20 - Mise à jour: 20-03-20

Commentaires: Bonjour, voici la suite de l'histoire. Alors qui est dans cette voiture et que va-t-il se passer? Bonne lecture et merci pour vos commentaires^^ J'espère que vous allez tous bien.

 


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Chapitre 19  

 

Kaori observa la portière et, surtout, par delà, l’occupant du véhicule. David… David était là. Des dizaines de questions lui venaient à l’esprit dont la principale était : que faisait-il ici ? Pas seulement ici au Japon, mais ici devant la supérette où elle se rendait à Shinjuku. Depuis quand était-il là ? Simple coïncidence ? Elle écarta cette hypothèse de suite. Ce ne pouvait être une coïncidence. Ca l’aurait été s’il venait de s’arrêter mais, visiblement, il l’avait attendue. Donc, il était là pour elle. Que lui voulait-il ?  

 

- Monte !, lui ordonna-t-il.  

 

Sa voix autoritaire la tira de sa réflexion et elle posa un regard acéré sur lui.  

 

- Non, je n’ai rien à te dire., lui répondit-elle, redressant le menton avec fierté.  

- Je suis venue faire mes courses avant de rentrer chez moi., ajouta-t-elle d’un air dédaigneux, l’air de dire « je ne suis pas à tes ordres ».  

 

Elle tourna les talons.  

 

- Si tu veux vraiment me montrer ta reconnaissance pour tout ce que j’ai fait pour toi, tu vas monter dans cette voiture et écouter ce que j’ai à te dire., dit-il.  

 

Ce ne furent pas tant les mots que l’intonation menaçante de sa voix qui la figea. Elle lui fit de nouveau face et l’observa plus attentivement. Il y avait quelque chose de sombre en lui qu’elle n’avait jamais ressenti auparavant et elle en frémit.  

 

- Dépêche-toi de grimper dans cette foutue bagnole, Kaori !, lui ordonna-t-il une nouvelle fois.  

 

En proie à un profond dilemme, la jeune femme regarda aux alentours, cherchant la solution. Elle vit Kazue s’éloignant mais son amie était trop loin et ne lui serait d’aucune aide si ce n’était d’alerter leurs amis ou Ryo. Elle reposa les yeux sur la voiture et, poussant un soupir, monta à l’intérieur. Ce n’était que David après tout, un David qu’elle avait blessé, ce qui pouvait expliquer ce côté sombre…  

 

- Sage décision., apprécia-t-il avec un sourire suffisant alors que la voiture démarrait.  

- Où allons-nous ?, s’inquiéta-t-elle.  

- A mon bureau., répondit-il simplement.  

 

Elle préférait cela que son hôtel. Voyant son air fermé, elle n’ajouta plus un mot et attendit leur arrivée. Le chauffeur les conduisit directement dans le parking souterrain d’un grand building situé au centre de Shinjuku à deux pas du Hilton. Suivant David, elle s’engouffra dans une cabine d’ascenseur et il se plaça à ses côtés.  

 

- Ca fait longtemps que tu es revenu au Japon ? Si tu en es parti bien sûr., lui demanda-t-elle.  

- Je suis bien parti dimanche., lui apprit-il.  

- Je suis revenu hier pour traiter une affaire à Osaka et certains évènements m’ont poussé à venir jusque Tokyo et te recontacter dès ce matin.  

- Comment savais-tu que je serai à la supérette ?, s’enquit-elle.  

- Je ne savais pas. Megumi m’a parlé de ce magasin et, comme je l’ai compris d’après nos conversations, tu as une certaine routine. J’ai attendu et je l’aurais fait encore une semaine s’il avait fallu mais il faut croire que la chance était de mon côté., expliqua-t-il, apparemment très satisfait de ce fait.  

 

Arrivé en haut du building, il guida la jeune femme à travers les couloirs jusqu’à un immense bureau. Kaori l’observa, pas le moins impressionnée du monde. Elle prit place dans le fauteuil qu’il lui indiqua et attendit.  

 

- Tu veux un café ? Un thé peut-être ?, lui proposa-t-il, serviable.  

- Non, je veux que tu en viennes aux faits, David. Je n’ai pas toute la journée devant moi., lui asséna-t-elle, ne réprimant pas sa colère grandissante.  

- Toujours aussi directe. J’apprécie., pipa-t-il, amusé.  

 

Kaori remarqua cependant que son amusement ne remontait pas jusqu’à ses yeux qui gardaient cette lueur dure.  

 

- Tu m’as fait mal, Kaori. Quand tu as refusé ma demande en mariage et que tu t’es enfuie, tu m’as fait très mal. Tu es bien la première femme à m’avoir fait souffrir., lui apprit-il.  

- J’en suis navrée, David, sincèrement. Mais tu ne pourras pas dire que je ne t’avais pas prévenu. Tu savais que j’ai quelqu’un dans ma vie et je suis fidèle. Si ce sont des excuses que tu veux, alors je suis désolée de t’avoir blessé., lui dit-elle, très sincèrement.  

 

Il l’observa un long moment en silence, la jaugeant, sembla hésiter puis se détendit quelque peu.  

 

- Je te crois., répondit-il.  

- Je pense que tu le penses réellement et je ne sais pas si je dois t’en remercier mais je te crois., ajouta-t-il.  

 

Kaori attendit un moment de voir s’il la libérait enfin, quelque peu soulagée mais toujours méfiante.  

 

- J’ai appris pour l’orphelinat. Je suis heureux qu’il n’y ait pas eu de blessé et navré que le bâtiment soit détruit. Vous avez trouvé les fonds pour reconstruire ?, s’enquit-il nonchalamment.  

- Nous avons des fonds mais pas encore assez pour lancer les travaux., répondit-elle.  

- Les assurances vont bientôt venir évaluer, la municipalité nous aidera aussi un peu mais il y aura encore beaucoup de démarches à faire.  

- C’est long et fastidieux, n’est-ce pas ?, fit-il remarquer.  

- Oui.  

 

David fit le tour de son bureau et prit place dans son fauteuil. La jeune femme eut la désagréable sensation d’être autour d’une table des négociations.  

 

- Je voudrais contribuer., lui apprit-il, jetant un regard perçant sur elle.  

- Pardon ?, s’exclama-t-elle surprise.  

- Je voudrais contribuer., répéta-t-il calmement.  

- Je vous fais don d’un million de dollars.  

 

La nouvelle la laissa sans voix et elle resta à le regarder un long moment. Comment un homme blessé dans son amour propre comme il disait l’avoir été pouvait revenir vers elle et offrir une somme si conséquente ? C’était impensable… sauf si…  

 

- Qu’attends-tu en échange ?, lui demanda-t-elle, tentant de maîtriser l’agitation croissante qui la prenait.  

 

Un sourire fin et dur vint étirer les lèvres du businessman.  

 

- Tu es fine, Kaori. On ne te mène pas facilement en bateau, n’est-ce pas ?, répondit-il.  

- Que veux-tu en échange, David ?, répéta-t-elle, très patiemment.  

- Toi. Que tu acceptes de m’épouser., répondit-il.  

- Tu offres un million de dollars aux orphelins pour que je me marie avec toi. Va voir un psy, David. Tu es complètement fou., lui asséna-t-elle violemment.  

- Peut-être. Moi, j’appelle cela un contrat. Une prestation contre rémunération., répliqua-t-il calmement.  

- Chez moi, ce genre de prestation contre rémunération, on appelle cela de la prostitution. Je ne suis pas à vendre.  

 

Kaori se leva et se dirigea vers la sortie, furieuse.  

 

- Tu n’as pas encore eu l’occasion de voir toutes les lignes du contrat, Kaori., la rappela-t-il.  

 

Son refus ne le surprenait même pas. Il ne s’était pas vraiment attendu à ce qu’elle accepte cette partie-là de la proposition.  

 

- J’en ai assez entendu, David. Ton argent ne te donne pas tous les droits ni pouvoirs. Je tiens à l’orphelinat et aux enfants mais pas à ce prix-là. Je me battrai, je ferai du porte à porte le temps qu’il faudra mais je ne me prostituerai pas pour un million ni plus d’ailleurs. Mon corps m’appartient, ma dignité également.  

- Je donnerai un million en plus à la naissance de chacun de nos enfants., ajouta-t-il.  

 

La nettoyeuse le regarda, les poings serrés. Dire que sa massue la démangeait était un bien faible mot.  

 

- Tu m’écoutes quand je te parle. Mon corps n’est pas à vendre !, lui cracha-t-elle.  

- Si tu veux payer pour avoir des enfants, prends une mère porteuse !  

- Je ne veux qu’une seule femme pour mère de mes enfants et c’est toi., répondit-il calmement.  

- Je ne suis pas à vendre !, scanda-t-elle.  

 

Elle tourna alors les talons et se dirigea vers la porte. Elle avait la main sur la poignée quand il la rattrapa et la stoppa.  

 

- Très bien. Puisque la méthode douce ne marche pas, on va utiliser l’autre méthode., murmura-t-il d’une voix malveillante.  

 

Kaori sentit un grand froid l’envahir. Que pouvait-il signifier par là ? Qu’avait-il qui pourrait lui faire du mal et l’obliger à accepter cet ignoble marché ? Elle se tourna vers lui, le coeur battant, et le fixa du regard.  

 

- Qu’est-ce que tu veux dire, David ?, lui demanda-t-elle, d’une voix qu’elle aurait voulue plus assurée.  

- Viens t’asseoir, tu en auras besoin.  

 

Elle ne sut pourquoi mais elle lui obéit et reprit place dans le fauteuil.  

 

- Je t’ai fait suivre, Kaori. Tu as été dure à trouver puisque tu m’avais trompée sur ton adresse mais, par chance, hier soir, j’ai enfin eu un point de départ., lui apprit-il.  

 

Kaori réfléchit à toute allure et, comprenant, releva les yeux sur lui.  

 

- L’orphelinat… J’avais la sensation d’être épiée.  

- Oui tout à fait. J’ai eu Megumi au téléphone hier soir juste après son retour de l’orphelinat. Il m’a suffi d’y envoyer le détective que j’avais engagé pour savoir de qui tu t’étais… amourachée. Il a ainsi pu te suivre. Il a assisté à ton enlèvement et je suis ravi que tu n’aies rien d’ailleurs.  

 

Elle lui lança un regard noir en guise de réponse car elle pressentait la chute arriver.  

 

- Tu vas m’épouser, Kaori. Si ce n’est pour l’argent, ce sera pour lui sauver les miches., lui affirma-t-il, tendant des photos.  

 

Elle les attrapa et vit sur plusieurs clichés Ryo faisant face au sniper, arme à la main, puis le sniper mort.  

 

- Ca… Ca ne prouve rien., bafouilla-t-elle.  

- J’ai le film de toute la scène. D’ailleurs, j’admire la façon dont tu t’es débattue. Tu as été admirable., approuva-t-il.  

- Qu’est-ce que tu veux en faire ?, lui demanda-t-elle d’une voix blanche, jetant les clichés sur le bureau.  

 

Il la jaugea un moment puis fit le tour du meuble et vint s’y appuyer, lui faisant face, les bras croisés, un sourire suffisant.  

 

- Tout dépend de toi., répondit-il.  

- Si tu acceptes de m’épouser et de venir avec moi aux Etats-Unis, rien. Je range le dossier précieusement, honore tous mes engagements précédents ainsi que ceux prévus dans ce contrat., lui expliqua-t-il, tapotant des doigts un dossier.  

- Si tu refuses encore, je transmets tout ce que j’ai à la police, à mes contacts les plus hauts placés, et il part en prison pour le restant de ces jours. D’ailleurs toi aussi, je pense, pour complicité.  

 

Kaori le regarda, les doigts serrant avec force les accoudoirs de son siège. Elle se sentait oppressée et elle avait la sensation que tout tournait autour d’elle. Ryo ne pouvait pas aller en prison. Avec son passif et tous les ennemis qu’il y avait mis, il se ferait tuer à coup sûr. Sans compter… Sans compter qu’il n’avait pas d’existence légale. Que se passerait-il pour lui ? Prison normale ou, son cas étant trop gênant, il bénéficierait d’un traitement particulier. Elle sentit la bile lui brûler la trachée. Elle ne pouvait qu’imaginer l’effet que l’enfermement aurait sur lui, lui qui avait bien du mal à rester inactif malgré les apparences… Il deviendrait fou… Et que dire des autres conséquences ? Shinjuku, Tokyo, leurs amis, elle…  

 

Elle sentit le froid l’envahir. Elle ne pouvait imaginer sa vie sans lui mais elle n’avait plus le choix. D’une manière ou d’une autre, ils seraient séparés. Ils s’étaient enfin trouvés et ils allaient de nouveau être séparés. Elle sentit les larmes lui monter aux yeux et les réprima difficilement. Quelle était la meilleure solution ?  

 

- Qui peut me certifier que tu ne balanceras pas le dossier même si je t’épouse ?, lui demanda-t-elle d’une voix blanche.  

- C’est dans le contrat. Si les preuves sont remises à la police, le divorce te sera accordé avec compensation… même si ce n’est pas de mon fait. Sache que j’ai bien payé le détective et le paierait toute ma vie pour pouvoir te garder.  

- Tu es un monstre., souffla-t-elle.  

- C’est certainement ton sentiment aujourd’hui mais tu finiras par m’aimer. Quand tu seras loin de celui que tu aimes, tu t’apercevras que tes sentiments étaient factices. C’est lui que j’aurais aimé discréditer à tes yeux, mais, apparemment, ton partenaire compte énormément, suffisamment en tous cas, pour que tu cèdes.  

- Il me respecte, lui. Il m’a soutenue et aidée quand j’en avais besoin., répondit-elle, la trachée serrée.  

- Ce sera à mon tour maintenant.  

- Ton respect ? Il ne vaut rien., cracha-t-elle.  

- Tu reviendras à des sentiments meilleurs dans quelques temps, Kaori., éluda-t-il.  

- Tiens, c’est le contrat que je te propose. Lis-le et signe., lui enjoignit-il.  

 

Elle prit le document et fit aller les pages entre ses doigts.  

 

- J’ai besoin d’un peu de temps. Donne-moi quelques jours., plaida-t-elle.  

- Non. Tu signes avant de partir ou le dossier part., lui asséna-t-il durement.  

- David…  

- C’est le marché, Kaori. Je rentre dimanche aux Etats-Unis. Soit tu es dans l’avion avec moi comme ma femme, soit il dort en prison ce soir., lui dit-il, pointant Ryo du doigt sur la photo.  

- Lis le contrat maintenant. Je suis ouvert à la négociation dans une certaine mesure mais tu seras ma femme dans tout ce que cela comporte d’obligations, mondaines, professionnelles et personnelles. Et le personnel couvre les relations intimes. Tiens, bois cela. Tu es livide., lui dit-il, lui versant et tendant un verre d’eau.  

 

Elle prit le verre d’eau, l’observa un moment et le lui jeta à la figure. Elle vit un éclair de fureur passer dans ses yeux puis il se calma et, prenant un mouchoir, il s’essuya.  

 

- Je n’en attendais pas moins de toi. Lis le contrat. Je reviens dans dix minutes., l’informa-il d’une voix autoritaire, sortant de son bureau.  

 

Elle fut tentée de fuir de là, de balancer le contrat et de juste partir mais des images de Ryo derrière des barreaux et même mort, baignant dans son sang dans les douches collectives d’une prison, la ramenèrent à la raison. Elle n’avait pas le choix. Elle devait le faire pour lui et espérer qu’un jour, ils auraient de nouveau la possibilité de se retrouver.  

 

Les larmes aux yeux, elle commença à lire les différentes clauses du contrat, que le mariage aurait lieu le lendemain, qu’elle consentait à aller vivre aux Etats-Unis, qu’il pourvoirait à tous ses besoins, lui allouant une rente mensuelle de vingt mille dollars dont elle ne pourrait bénéficier en toute liberté qu’après dix ans de mariage, qu’il offrait un million de dollars à l’orphelinat pour leur mariage et un million à la naissance de chacun de leurs enfants, chose sur laquelle elle tira un trait. Lisant l’une des dernières clauses, elle ressentit pour l’une des rares fois de sa vie un profond sentiment de haine : il lui offrait cinq millions pour sa virginité. Elle réprima la nausée qui la prit, posant une main sur sa bouche pour contenir les sanglots.  

 

A l’heure dite, David revint et alla s’installer de l’autre côté de son bureau.  

 

- Alors ?, lui demanda-t-il.  

- Je te hais., lâcha-t-elle froidement.  

- Et mis à part les assassins de mon frère, je n’ai jamais haï personne de toute ma vie., précisa-t-elle.  

- De la haine à l’amour, il n’y a qu’un pas, Kaori. Je m’accommoderai de la situation., répliqua-t-il, magnanime.  

- Tu vas signer ?  

- Je n’ai pas vraiment le choix, non ? Après, tu me laisses rentrer chez moi.  

- Non !, cria-t-il.  

 

Elle le dévisagea durement.  

 

- Tu me laisses rentrer chez moi, David. Je veux aller me recueillir sur la tombe de mon frère, faire mes bagages et dire au revoir à Ryo.  

- Je t’accompagnerais demain au cimetière et tu appelleras ton partenaire. Je t’achèterai une nouvelle garde-robe, tu n’as pas besoin de tes vêtements., répliqua-t-il.  

- Je ne veux pas de ton fric ! De quoi tu as peur ? Que je ne vienne pas demain ? Je signe ton contrat, je serai là !  

- Je veux m’assurer que tu resteras intacte jusqu’à demain., lui dit-il.  

- Et tu crois quoi ? Que l’homme avec qui j’ai vécu pendant sept ans va me sauter dessus du jour au lendemain ?, mentit-elle.  

 

Il la regarda attentivement puis soupira.  

 

- Bon d’accord mais tu signes d’abord et demain, je te donne rendez-vous à onze heures à la mairie. Si tu ne viens pas…, la menaça-t-il.  

- J’y serai., lui affirma-t-elle.  

 

Elle prit un des stylos, signa les deux exemplaires du contrat et en reprit un signé de sa main. Sans plus un mot, elle se leva et se dirigea vers la sortie.  

 

- J’obtiens toujours ce que je veux, Kaori., lui fit-il remarquer.  

- Non. Tu voulais mon amour, tu n’auras que ma haine. Tu posséderas mon corps mais jamais tu n’auras mon coeur., lui répondit-elle avant de sortir.  

 

Lorsqu’elle émergea du bâtiment, elle se précipita vers la première poubelle et vomit ses tripes, écoeurée par ce qu’elle venait d’accepter. Réprimant les derniers soubresauts de son estomac, elle sentit une boule d’angoisse lui obstruer la trachée et se dirigea rapidement vers le cimetière. Elle avait besoin d’un peu de temps avant d’affronter Ryo et de lui dire qu’elle venait de foutre en l’air leur vie à deux pour le sauver.  

 

Lorsqu’elle arriva devant la tombe de son frère, ses jambes cédèrent. Elle enlaça la pierre tombale et laissa les larmes couler le long de ses joues. Soudain, un long cri de douleur explosa et fit se retourner les quelques visiteurs mais elle n’en avait que faire. La douleur était trop forte, trop intense et elle n’arrivait plus à la contenir.  

 

Un très long moment passa avant qu’elle ne réussit à se calmer et elle resta léthargique, appuyée sur la pierre, l’esprit vide, le corps lourd comme du granit.  

 

- Qu’est-ce que je vais faire, Hide ? Je suis si malheureuse. On était enfin arrivé à quelque chose avec Ryo., bégaya-t-elle.  

- Pourquoi doit-on encore souffrir ? T’es notre ange-gardien, Hide. Qu’est-ce que tu fous ? Qu’est-ce que…  

 

Sa voix se brisa et elle se remit à pleurer.  

 

- Je ne veux pas partir. Je veux rester ici avec toi, avec lui, avec nos amis. Fais quelque chose, Hide., gémit-elle.  

 

Sans s’en apercevoir, elle resta deux heures au cimetière avant de s’en retourner le coeur lourd vers Shinjuku. Elle passa par le parc et observa les enfants jouer, les étangs qui d’habitude l’apaisaient mais, là, l’effet ne prenait pas. Elle passa devant le Cat’s mais n’eut pas le coeur de rentrer même si c’était probablement sa dernière occasion. Non, elle ne pouvait tout simplement pas.  

 

Elle avança en direction de l’immeuble, s’arrêtant à chaque coin de rue pour mémoriser sa ville, se rappeler les souvenirs qu’elle y avait. Elle regarda l’étal du fleuriste et ses belles fleurs, le poissonnier avec qui elle avait essayé de marchander, l’escalier qu’elle avait dévalé et qui avait provoqué son amnésie. Elle tourna la tête et vit au loin l’arche du Kabuki Cho. Est-ce que Ryo irait s’y perdre quand elle ne serait plus là ? Est-ce qu’il redeviendrait l’être sombre qu’il avait été ? Elle secoua la tête pour chasser ses idées noires et reprit la route.  

 

Arrivée au coin de sa rue, elle s’arrêta une nouvelle fois et contempla l’immeuble de briques rouges qui avait abrité ses nuits pendant sept ans, qui avait entendu ses larmes, ses cris, qui avait vu leurs chamailleries, leurs disputes, leurs moments de tendresse et enfin leur amour éclore. Trop tard, juste quelques semaines trop tard…  

 

Elle aurait pu en vouloir à Ryo d’avoir tant attendu mais elle n’y arrivait pas. Elle avait accepté parce qu’elle l’aimait, le respectait et en avait apprécié chaque moment. L’attente en aurait valu la chandelle. Elle leva les yeux vers le cinquième étage et une conviction naquit en elle. Elle en assumerait les conséquences, elle s’en fichait de toute manière. Elle avait fait un choix par amour, pour lui, pour l’homme qu’elle aimait, et elle voulait en voir la concrétisation, ne serait-ce que cette nuit, que le temps qu’il leur restait.  

 

Elle se redressa et sécha ses larmes, chassa les idées noires qui la taraudait. Elle devait être forte pour Ryo, pour le convaincre que c’était la meilleure chose à faire… la seule même. Soudain, elle sentit une présence non loin d’elle. Se remettant en marche lentement, elle capta le reflet d’un homme dans une vitre et sut qu’elle avait été suivie. Elle avait été en dessous de tout sur ce coup-là. Elle aurait pu se faire enlever et Ryo aurait dû venir la sauver. Peut-être que ça aurait arrangé ses affaires d’ailleurs… Elle se reprit et continua son chemin. Elle n’essaya même pas de le semer. Elle n’en avait plus le courage.  

 

Sortant ses clefs de son sac à main d’une main tremblante, elle tenta de les introduire dans la serrure. N’y arrivant pas, elle s’énerva, tapa sur le battant rageusement et posa la tête sur la porte, réprimant ses larmes. Elle devait se calmer et reprendre le dessus. Elle devait le faire pour Ryo. Elle avait l’impression d’être une cocotte-minute sous pression. Un seul geste et tout pouvait partir de travers. Elle exploserait.  

 

Inspirant profondément, elle se rendit compte de sa bêtise et tourna la poignée de la porte qui s’ouvrit et, malgré elle, elle partit dans un fou-rire nerveux qui se termina en crise de larmes. Peinant à avancer, elle s’assit sur la première marche de l’escalier et laissa la tempête passer. Elle ne voulait pas monter, elle ne voulait pas lui annoncer sa trahison, elle ne voulait pas le voir souffrir. Elle voulait que le temps reparte en arrière, à ce matin. Elle voulait qu’il rate son rendez-vous parce qu’il se serait perdu en elle, qu’ils auraient enfin trouvé l’accomplissement de leur amour dans une union des plus sensuelles et, surtout, sans peur du lendemain…  

 

Ses larmes s’arrêtant enfin, elle essuya ses joues et tenta de reprendre sa respiration. Prenant son courage à deux mains, elle se leva et, malgré ses jambes qui tremblaient, elle monta lentement les escaliers. Combien de fois l’avait-elle fait ? Combien de fois en courant ? Combien de fois à ses côtés ? Combien de fois en pleurant parce qu’il l’avait fait souffrir ? Combien de fois avec le coeur battant à l’idée de le revoir ? Tout cela s’effaçait et se brouillait. Elle avait le sentiment de se noyer, d’étouffer…  

 

Lorsqu’elle arriva enfin en haut, elle sentit sa présence dans l’appartement, sa présence rassurante mais pas tout à fait sereine. Incapable d’affronter son regard, son jugement, sa douleur, elle s’adossa au mur et se laissa glisser, entourant ses genoux de ses bras et posant la tête dessus. Comment lui dire l’indicible ? Comment lui annoncer que, par amour pour lui, elle en épousait un autre ? Comment lui dire qu’elle allait partir loin de lui pour vivre avec un autre ? Comment lui dire qu’ils ne se réveilleraient plus l’un à côté de l’autre, qu’ils ne s’endormiraient plus dans les bras l’un de l’autre ? Finies les douches coquines, les caresses-découvertes, les baisers tendres ou enflammées… Ils n’auraient plus que les souvenirs…  

 

Elle entendit soudain la porte s’ouvrir et sentit la présence familière et rassurante de Ryo. Elle sentit ses bras l’entourer, incapable de bouger.  

 

- Bon sang, Kaori, t’étais où ? J’étais mort d’inquiétude., lui murmura-t-il, la voix sourde.  

- Réponds-moi, Kaori. T’as vu l’heure qu’il est ?  

- Quelle heure est-il ?, murmura-t-elle, par pur réflexe.  

- Il est plus de quatre heures de l’après-midi, Kaori., lui répondit-il plus doucement.  

 

Il s’écarta légèrement d’elle et passa doucement une main sous son visage, l’obligeant à le relever. Elle le laissa faire et croisa son regard soucieux.  

 

- David est de retour, Ryo. Je vais me marier avec lui., dit-elle d’une voix éteinte. 

 


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